Star Trek Voyager
La saison 8 virtuelle

8.01 Hiatus
Dernière mise à jour :02 juillet 2001
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8.01 HIATUS
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.. Episode 8.01 - Hiatus
Par: Jemima (feedback@jemimap.cjb.net)

Note: Star Trek: Voyager, personnages et autres produits dérivés sont des marques déposées de Paramount Pictures. Aucune infraction aux droits d'auteurs de Paramount voulue. La Saison 8 virtuelle de Voyager (Voyager Virtual Season 8, VS8) est une entreprise à but non lucrative. L'histoire est propriété de son auteur. Pas de reproduction sans sa permission.

15H03.
Les membres d'équipage survivants du plus infortuné vaisseau de l'histoire de la Fédération contemplaient extasiés les visuels à longue portée la planète Terre aux couleurs bleu-vert. Après sept longues années, ils étaient enfin de retour à chez eux. Ou plus exactement la plupart d'entre. Une petite année-lumière restait entre le Voyager et tout ce qu'ils avaient abandonné lorsque le Pourvoyeur les avait transportés à l'autre bout de la galaxie.
Sur ordre du capitaine, Chakotay prit les commandes, ayant comme un mauvais présentiment.
"Calculez une trajectoire pour ... la Terre", dit une dernière fois le capitaine Janeway.
Chakotay entra la trajectoire et le Voyager s'élança vers la Terre en vitesse d'impulsion un. Maintenant, l'écran principal montrait la flotte approchant la Terre de beaucoup plus près.
"Très joli, monsieur Kim, mais un peu prématuré", dit Janeway. L'impatient enseigne avait superposé la vue rapprochée de la flotte sur la vue à longue distance de la Terre.
"C'est une technique standard pour des visuels tactiques", dit Harry pour se défendre.
"Ce n'est pas une retraite Chin'Toa, enseigne", répondit Janeway. "Les Borgs ont été assez gentils pour nous laisser à une année-lumière de chez nous, mais il y a une limitation de vitesse ici dans le quadrant alpha."
Le capitaine se retourna vers Chakotay aux commandes et ajouta : "gardez ça à l'esprit, commandeur."
Harry re-afficha une vue normale des étoiles sur l'écran, le soleil brillait au centre mais encore tout petit. Les étoiles environnantes ne se déplaçaient cependant plus comme en vitesse de distorsion.
Le Voyager avait pris une bonne raclée aussi bien dans les tunnels de trans-distorsion que dans l'explosion de la sphère Borg, aussi ne fut ce pas une surprise lorsque Chakotay annonça : "Puissance de distorsion hors circuit."
"Passerelle à ingénierie", réclama impatiemment Janeway.
"Ingénierie", répondit Nicoletti sur son communicateur. On pouvait entendre derrière lui des bruits d'acclamation et de la musique moderne bajoranne.
"Au rapport, lieutenant."
La musique se tut d'un coup, et on n'entendit plus que des murmures en plus du rapport de Sue. "Désolé, capitaine. L'explosion de la sphère Borg a déconnecté le couplage entre les systèmes d'énergie primaire et secondaire. Il va falloir réaligner les cristaux de dilithium avant de pouvoir repasser en vitesse de distorsion."
L'équipage sur la passerelle pouvait voir le sourire de Janeway, mais le personnel de l'ingénierie entendit juste sa voie terriblement grave lorsqu'elle demanda : " Combien de temps faut-il à votre équipe pour arrêter de danser et réparer les moteurs ?"
"Trente heures, madame", répondit nerveusement Nicoletti. "Ingénierie terminé."
Seven et Harry offrirent immédiatement leurs services pour descendre à l'ingénierie afin d'aider aux réparations.
"Gardez vos forces, Harry", répondit Janeway. Le jeune enseigne était prêt à sortir pour pousser le vaisseau, si cela pouvait les faire arriver sur Terre cinq minutes plus tôt. "J'ai besoin de vous pour réouvrir le canal de communication avec le quartier général de Starfleet."
Harry établit la connexion, et l'amiral Paris réapparut souriant à l'écran aux côtés de Reginald Barclay et pressé par une foule de plus en plus importante.
Janeway lui expliqua leur situation : "J'ai bien peur que nous n'ayons de petits problèmes pour finir notre voyage, amiral. Nous n'avons plus de vitesse de distorsion et les réparations prendront un jour ou deux. Est ce que vous pouvez envoyer un transport pour mon équipage ?"
Owen Paris avait déjà beaucoup de travail avec tous les problèmes de logistique que posait le retour du Voyager. Les comptes-rendus, réunions et promotions et en même temps les courts martiales et charges d'accusation, sans compter la liberté sur parole de son fils, réclamaient déjà toute son attention. Si l'équipage pouvait rester un jour de plus isolé à bord du Voyager, cela lui laisserait autant de temps pour démêler les cas de ces jeunes gens.
L'amiral répondit donc naturellement : "Ce ne sera pas nécessaire, capitaine." Il ajouta à l'intention de Barclay : "En fait, Reg voulait organiser quelque chose pour votre arriver."
"Capitaine Janeway, je pensais que vous pourriez faire atterrir le Voyager dans la cour d'honneur de l'Académie de Starfleet", expliqua Reg d'une voix émue. "J'étais justement en train de m'occuper de dégager votre espace aérien et de préparer le feu d'artifice."
Janeway sourit, encourageant Reg à poursuivre. "Ce sera la fête du siècle !" "Ca semble parfait, lieutenant", répondit Janeway.
"Voulez-vous une équipe pour vous aider à réparer ?", demanda l'amiral, bien qu'il n'ait pas envie de propager encore plus de rumeurs, du moins avant que le capitaine Janeway ne puisse faire son rapport sur le retour mystérieux du Voyager.
Janeway partageait les appréhensions de l'amiral. Elle avait toute confiance dans son équipage, mais il y avait beaucoup trop de technologies inconnues du quadrant alpha à bord. Moins il y aurait de monde au courant avant que Starfleet ne décide quoi en faire, mieux ce serait. De plus, B'Elanna n'apprécierait pas du tout qu'on touche à ses moteurs.
"Ce ne sera pas nécessaire", répliqua Janeway. "Je pense que nous pourrons réparer quelques circuits de couplage énergétique sans avoir à appeler la cavalerie à l'aide."
"Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à le demander et nous vous l'enverrons", insista l'amiral Paris. "Pathfinder terminé."

16H00.
Miral Paris, le plus jeune membre d'équipage du Voyager, dormait profondément dans les bras de son père. B'Elanna aurait dû en faire autant, mais elle était trop exaspérée après la visite de Seven et Harry. Ses amis s'étaient arrêtés à l'infirmerie en chemin vers l'ingénierie pour voir le bambin des Paris. Malheureusement, la conversation avait dérapé sur l'état des moteurs plus qu'il n'aurait été souhaitable selon l'avis du médecin. Une heure plus tard, Tom essayait encore de calmer son épouse tout juste accouchée. "B'Elanna, Chakotay n'écrasera pas le vaisseau tant qu'il n'y aura pas de vitesse de distorsion."
"Tu ne le connais pas comme je le connais, Tom", ragea t'elle, s'appuyant sur un coude et balayant l'air de son autre bras pour accompagner sa fureur. "Et que faisait Sue à donner une fête dans mon ingénierie ?"
"Recouche toi, B'Elanna, chérie. Tu sais bien que le lieutenant Nicoletti a su s'occuper de l'ingénierie pendant la rotation gamma alors que tout le monde dor;ait plus ou moins. Elle ne peut simplement pas tenir le Maquis comme tu le fais."
Le docteur avait dit que les médicaments provoqueraient une certaine désorientation, mais qu'il valait cependant mieux éviter les sédatifs. Puis l'hologramme s'était lâchement désactivé, laissant Paris jouer les médecins et essayer de convaincre la klingonne hyperactive de prendre enfin un peu de sommeil.
"Je la rétrograderai au simple grade d'homme d'équipage et je lui ferai nettoyer les injecteurs de plasma avec une brosse à dents", grommela B'Elanna.
"Bien sûr que tu le feras, chérie, mais après avoir pris un peu de repos." Pour Tom, ce dernier accès de violence était un bon signe - la dernière fois, elle avait voulu que Nicoletti lèche les injecteurs pour les nettoyer, et la fois d'avant ça avait été le douloureux et bruyant stage spatial de Sue. A cet instant, les paupières de B'Elanna s'étaient fermées pour de bon, la fatigue ayant pris le dessus sur l'adrénaline.
Elle se coucha sur le dos sur le lit médical en soupirant. "OK, pilote, je vais dormir, mais seulement si tu me promets de ne pas laisser Chakotay conduire."
Et elle s'endormit avant même que Tom ne puisse lui répondre.
"Ordinateur, réduis la luminosité à 30 pourcents", dit-il, en reportant son attention vers le bas. "Maintenant, Miral, mon coeur", murmura Tom au bambin dans ses bras, "voici enfin un moment privilégié entre père et fille. D'abord, papa tient à te remercier pour lui avoir fait gagné le concours de bébé. Ce n'est pas la peine de le nier, je n'en parlerai pas à maman. Tu savais que papa avait parié sur 15H00, n'est ce pas ? On va partager les gains ensemble : 60/40, ça te vas ?"
Tom se tut pour écouter la respiration de l'enfant endormi. "Que dis-tu, Miral ? 30/70 ? Tu as fait tout le travail ? Non, non, je crois que c'est maman qui a fait tout le travail. De toute manière, que pourrais bien tu faire de rations de réplicateurs ?" Il écouta à nouveau. "Tu as raison, je ne vais plus en avoir tellement besoin, désormais, mais c'est pour le principe. Nous allons partager 50/50, c'est d'accord ? Bien. La petite fille de papa apprend vite."
Tom chantonna une berceuse dans la pénombre de l'infirmerie.

19H00.
L'homme d'équipage Chell étudiait le mess fièrement. Tables, chaises, cuisine et baies d'observations étaient entièrement à lui. La veille, Chakotay avait approuvé la requête du Bolien pour s'occuper à plein temps du mess. Son tour comme cuisinier à bord ne durerait qu'un seul jour de plus, mais c'était le meilleur moment de sa carrière. Auparavant, à l'ingénierie, Chell passait la plupart de son temps dans des équipes de réparation, parcourant tous les couloirs du Voyager, ressoudant des brèches mineures et réparant des conduites énergétiques non vitales. En dépit du terme 'équipe', il se retrouvait généralement à travailler tout seul, les autres pseudo ingénieurs étaient tous maussades et ne voulaient jamais discuter avec lui pendant le travail. Ses collègues de réparation structurelle réussissaient toujours à disperser l'équipe et se retrouvaient hors de portée de discussion. Le personnel de Starfleet était si asocial, avait pensé Chell.
Ici dans le mess, cependant, tout le monde était disposé à discuter avec le cuisinier. Neelix les avait très bien entraînés, et maintenant Chell avait remplacé le talaxien dans le rôle de source principale de rumeurs à bord. Qu'allait-il arriver aux maquisards quand ils atteindraient la Terre ? Aux membres de l'Equinox ? A l'ex-borg ? Qu'avait dit l'amiral Paris quand il avait contacté le Voyager ? Tous ces curieux venaient aux renseignements auprès du chef Chell pour connaître les dernières rumeurs.
Le Bolien vivait vraiment les meilleurs moments de sa vie. Il bricolait dans la cuisine, jetant les restes d'un plat typique de Proxima du centaure. La foule au dîner avait épuisé les dernières réserves de frites maison, de tripes à la Rotini et de légumes façon vulcaine. Il restait quelques feuilles vertes dans le grand saladier; Chell les finit, une par une, en les mastiquant longuement pour mieux les apprécier. La sauce était parfaite. Quel dommage que sa jeune carrière de cuisinier s'arrête déjà après seulement quelques jours.
Quelques tables étaient encore occupées par des membres d'équipage en train de discuter. Chell ramassa leurs assiettes vides, jeta les derniers restes et s'assit en compagnie de quelques uns de ses anciens amis de l'ingénierie.
"C'est drôle comme une seule année-lumière peut-être si grande quand il n'y a plus de puissance de distorsion", rumina le membre d'équipage Harren. "Il nous faudrait plus d'une année pour rentrer s'il n'y avait pas eu ce vieux Zefram Cochrane." La puissance d'impulsion était appropriée tant qu'on restait en orbite, mais les distances interstellaires étaient incomparablement plus longues et insurmontables à des vitesses sub-luminiques.
"Nous n'aurions jamais été transportés dans le quadrant delta si vous autres de Starfleet ne nous aviez pourchassé", blagua Jarvin. "Et maintenant nous sommes exactement là où vous vouliez vous amener." L'ancien maquisard offrit ses poignets à Harren comme s'il avait des menottes.
Jarvin n'était pas le seul maquisard à devenir amer et sarcastique à la vue de la Terre. Dans le quadrant delta, ils formaient tous un seul équipage, mais ici dans l'espace de la Fédération, les charges d'accusation pour crime spatial n'étaient pas si facilement oubliées. Et ce n'était pas la seule différence entre les deux anciens équipages; hier encore, à trente mille années-lumière de là, le Maquis et Starfleet étaient égaux devant l'isolement, tous loin de leurs amis, de leurs familles et de leurs foyers. Maintenant, si proches, les maquisards ne pouvaient plus ignorer que la plupart de leurs amis et membres de leurs familles étaient morts et que leurs maisons étaient encore en ruines.
Harren était concentré sur les dispositions légales. "Qu'as-tu fait, Jarvin ? Et toi, Chell ?", demanda t'il en repoussant les mains de Jarvin. "Janeway et Chakotay sont ceux qui ont du souci à se faire, pas nous pauvres membres d'équipage. Les juges en auront après lui, et Starfleet va la casser."
La tâche la plus difficile pour Chell en tant que cuisinier était de remonter le courage aux membres d'équipages mécontents, une autre tradition héritée de Neelix. Bien qu'ancien membre du Maquis, il se sentit obligé de dire, "Je suis sûr que Starfleet ne va pas nous blâmer. Ils ne vont pas dépenser autant d'argent dans cette grande fête pour notre retour pour juste après en prison la moitié de ses héros."
"Alors c'est vrai, cette fête ?", demanda Harren. Il se laissait facilement distraire.
"Je le tiens de la plus haute autorité qui soit", répliqua Chell. "Le Voyager atterrira dans la cour d'honneur de l'académie de Starfleet, et tous les amis et familles qui pourront s'y rendre à temps seront là pour souhaiter la bienvenue à la maison."
"Imagine la sécurité", dit Jarvin, essayant de ne pas penser à sa famille ou à son monde natal détruit.
"Je ne suis pas au courant de cet aspect là, mais j'ai entendu quelques rumeurs à propos du menu", dit Chell de sa voie monotone rappelant à ses amis quelle joie c'était d'avoir transféré le bolien de l'ingénierie au mess. Au moins, la distraction était plaisante maintenant.

21H00.
"L'amiral Paris n'est pas disponible pour le moment", répéta Reg pour la centième fois. Dès que Reg Barclay coupa la connexion, un autre appel apparut sur l'écran de son bureau.
"Ah, madame Sharr, c'est tellement agréable de vous avoir à nouveau. Cela faisait presque deux heures depuis votre dernier appel." Il l'écouta à moitié tout en parcourant le menu de la réception des officiers sur une autre console.
"Ecoutez, madame Sharr, si le gentil garçon aux opérations vous dit que votre fille est en train de dormir, c'est très certainement le cas. Personne n'a été assimilé." Pas récemment, ajouta-t'il tristement pour lui-même. Pourquoi cette femme ennuyeuse insistait-elle pour mettre la charrue avant les boeufs ?
"Il n'y a aucune raison pour parler de la sorte du capitaine Janeway. Elle a réussi à ramener l'équipage du Voyager chez lui, n'est ce pas ?" Reg baissa le son au moment où la mère de l'enseigne Renlay Sharr émit une série de protestations.
"Je sais qu'ils ne sont pas encore sur Terre, madame, mais il en sont si proches qu'il n'y a virtuellement plus de différence. Je suis certain que Renlay vous rappellera dès qu'elle se réveillera ce soir pour la rotation gamma."
L'attention de Reg se détournait déjà alors que madame Sharr le remerciait pour son aide. Il ajouta une demande de hors-d'oeuvre holographiques au menu, afin que le hologramme médical d'urgence ne se sente pas en reste à la réception des officiers.
Madame Sharr attendait une réponse. Qu'avait-elle encore demandé ? "A quelle heure ? Oh, je crois que la rotation gamma commence à 23H00. Cela fait deux heures de l'après-midi pour vous. N'hésitez pas à rappeler si vous avez d'autres questions, madame Sharr."
Reg coupa la ligne et se renversa sur sa chaise, se demandant comment il s'était retrouvé à ce poste d'agent de liaison civil avec le Voyager. Paris avait une floppée d'aides, l'un d'antre eux aurait pu être chargé de ce travail non gratifiant. L'amiral Paris s'était précipité vers les chantiers de construction d'Utopia Planita avec l'un de ses aides, afin d'emprunter une navette expérimentale. Reg était resté ici pour notifier aux familles que le Voyager était (presque) rentré sur Terre. Bien sûr, Barclay était le plus compétent, puisqu'il connaissait toutes les familles depuis le temps où il avait délivré leur courrier pendant le projet Pathfinder puis arrangé des liaisons directes de communications lorsque cela était enfin devenu possible. Il aurait juste aimé avoir son propre aide pour s'occuper de ces dizaines de 'madame Sharr'.
Qu'allait-il bien pouvoir faire une fois la célébration du de retour finie ? Le projet Pathfinder allait sans aucun doute être clos, désormais. Barclay n'avait pas de prochain but évident dans sa carrière, qui consistait en une série de quêtes impossibles, de projets de recherches douteux, d'opportunités dans des affaires louches et d'affectations complètement inappropriées comme sa période à bord de l'Entreprise. En parlant de l'Entreprise...
Reg cherchait l'un de ses anciens camarades dans la base de données du personnel de Starfleet lorsque la console sonna. "Ah, Glinn Doten, quel plaisir de vous voir. J'ai ben peur que l'amiral ne soit encore sorti." L'attaché diplomatique cardassien était la dernière personne avec qui l'amiral voulait s'entretenir, de toute manière.
"'Le gouvernement cardassien espère que justice sera faite', oui, soyez sûr que je lui transmettrai le message, Glinn. Barclay terminé."
Reg renvoya tous les appels vers le standard du Pathfinder et prit une pause pour remplir un formulaire de demande de personnel. Puis il le signa du nom de l'amiral.

07H00.
Le lieutenant Paris était rentré dans le hangar à navettes quelque peu préparé aux amabilités de rigueur. Il siffla dans un sifflet de timonier et annonça d'une voix assez forte pour être entendue des deux membres d'équipage installés au loin prè d'une baie d'observation, "amiral sur le pont !" tandis que l'amiral Paris et son aide débarquaient de leur navette.
"Repos", dit Owen Paris.
"C'est un bien petit navire que tu as là, papa", dit Tom en serrant la main de son père.
"C'est un prototype ultra secret, mon fils. Tu ne l'as jamais vu."
"Mes lèvres sont scellées", répondit tout bas le lieutenant Paris. "Je suis désolé, je n'ai pas pu rassembler une plus grande garde d'honneur", s'excusa-t'il, assez fort pour que l'aide puisse entendre ses paroles.
En vérité, personne à bord ne se souvenait plus trop quoi faire pour l'accueil d'un amiral à bord. Cela faisait si longtemps, et la section correspondante dans la base de données de Starfleet avait subie quelques dommages pendant leur aventure, peut-être même avant leur départ. Tom avait eu peur de demander les protocoles exacts à Janeway ou Tuvok. Harry ne se souvenait pas. Seven disait que ces rituels désuets hérités du temps où la navigation se limitait aux océans de la Terre étaient hors de propos, ce qui signifiait qu'elle ne savait pas plus quoi faire. Quant aux maquisards auxquels Tom s'était adressé, ils lui avaient simplement rit au nez ou encore fait quelques suggestions paillardes.
Alors l'homme d'équipage avait improvisé. "Tout le monde est occupé aux réparations", avait-il préparé. Plates excuses, en fait. Cent quarante membres d'équipages affairés à régler les injecteurs à plasma du réacteur de distorsion autour de Nicoletti et Vorik comme autant d'infirmières, cela tenait difficilement la route !
"Pas ta femme, à ce que je sache."
Tom sourit. "B'Elanna et Miral dorment, mais nous pouvons allez leur rendre une petite visite en chemin."
"Quel chemin ?" demanda l'amiral.
"Le capitaine Janeway t'attend dans son bureau. Ton ami veut peut-être prendre un petit-déjeuner au mess en t'attendant", suggéra Tom en regardant l'aide. L'amiral acquiesca.
A l'extérieur de la baie des navette, la grande partie de la flotte s'était déjà dispersée. Sept vaisseaux restaient en arrière afin d'escorter le Voyager pour sa dernière année-lumière.

07H30.
L'amiral Paris trouva le capitaine Janeway derrière son bureau, sirotant une tasse de café tout en lisant une pile de tablettes numériques. Ainsi c'était dans cette pièce, se dit-il, que tant de plans avaient été mis au point, tant d'ordres donnés. Aujourd'hui, cela ne ressemblait plus qu'au bureau classique de n'importe quel vaisseau de classe Intrépide, peut-être un peu moins bien décoré.
Si l'on se referait aux journaux des officiers supérieurs, ou plutôt ce qu'on pouvait lire entre les lignes, Janeway n'était pas quelqu'un avec qui il était facile de travailler. Dans le quadrant alpha, si elle avait ignoré les conseils de ces officiers aussi souvent, elle aurait été considérée comme une renégate. Mais aujourd'hui, c'était une héroine.
Apparemment, elle ne l'avait pas entendu entrer. "Pas de répit pour les fatigués", dit-il.
"Owen !" Janeway se leva pour embrasser son vieil ami. "Vous ne pouvez pas imaginer quelle joie c'est de vous revoir."
Il essaya un instant d'imaginer comment il se sentirait à sa place, et se sentit bouleversé.
Voyant sa gêne, Janeway changea de sujet. "Alors dîtes moi. Quel effet cela fait-il d'être le grand père du premier bébé né en vitesse de trans- distorsion ?" Elle se demanda si les textes sacrés mentionnaient que le messie nouveau-néSAT0000.TXTA^XTEXTdosaAT0000 TXT DesktopPrinters DBdtpldcdc@e2e2DESKTO~1 g`}'G px\TEXTdosa OpenFolderListDF_FOLDMACS@e2e2OPENFO~1 britannia.zipFEDEXZIP1ZIP ZIP aK^KLRITAN~1ZIP1failure IBMBIO COMIBMDOS COMUojet..." La voix de Owen s'éteignit.
"Je suppose que notre retour n'était pas prévu", consentit Janeway. Elle lui proposa de partager un café puis se rassit derrière son bureau. "Il y a beaucoup de questions auxquelles vous ne m'avez pas répondu franchement par le réseau."
"Je suis certain que vous aurez bientôt toutes vos réponses", répondit-il à mi-voix. Il aurait à utiliser de plus forts alliés dans cette bataille que ceux de Barclay. Janeway, par exemple, serait très utile pour gérer les relations publiques, à condition qu'elle ne finisse pas elle-même au banc des accusés.
Comme sa réponse n'était pas assez claire pour elle, elle rattaqua de plus belle. "Vous seriez surpris de savoir combien de personnes à bord sont susceptibles d'être accusé de terrorisme, violation de la première directive et de la première directive temporelle, génocide..."
L'amiral l'interrompit : "Seven of Nine ne sera pas tenu responsable de ses actes commis en tant que drone Borg."
"Je voulais parler des 'Cinq de l'Equinox', comme les nomme le service d'informations de Starfleet."
Janeway tendit à son invité une tablette avec les dernières infos. Elle avait passé la moitié de la nuit à essayer de trouver une solution à la situation de son équipage ici dans le quadrant alpha. Pour ceux de l'Equinox cependant, la situation était plutôt désespérée.
L'amiral fronça les sourcils. A son avis aussi, l'équipage de l'Equinox posait le plus grand problème légal du retour, excepté le retour lui-même. Ces cinq-là devaient être déférés en court martiale. Il aurait de la chance s'il pouvait obtenir un abandon des charges pour deux ou trois d'entre eux. Mais au moins, il pouvait contrôler quelque chose dans cette affaire. Starfleet en tant qu'organisation ne pouvait en aucune façon interférer avec les affaires judiciaires civiles qui touchaient le reste de l'équipage du Voyager.
"Et puis bien sûr, il y a le Maquis", continua Janeway. Je ne pense pas qu'il y ait prescription dans leur cas."
"Naturellement, Starfleet fera tout ce qu'il peut pour plaider la cause du Maquis", répondit Paris, "mais la commission judiciaire de la Fédération n'a pas encore déterminé si les membres d'équipage de Chakotay avaient ou non commis un quelconque crime sur notre territoire."
Janeway remuait son café songeusement. Les cercles prenaient l'allure d'une galaxie, notait elle. "C'est vrai. Ce n'était plus notre territoire, une fois donné à Cardassia."
"Personne ne veut remuer les disputes d'avant-guerre", dit l'amiral, "excepté l'attaché diplomatique cardassien, et sa revendication fait plus de bien que de mal au Maquis."
"Les politiciens font de drôles d'association", rétorqua Janeway, jouant avec sa tasse vide. Son esprit était visiblement ailleurs.
"J'espérais pouvoir promettre plus pour votre équipage."
"Nous savons bien que nous ne sommes pas au-dessus des lois."
L'amiral Paris avait la très nette impression qu'elle était en train de parler de tout autre chose. Mais de quoi ?
"Bien ! Dîtes-moi donc comment vous êtes revenu ici. La flotte rapporte que vous êtes sortis de l'intérieur d'une sphère Borg. Vous avez toujours eu du style, Catherine."
Elle lui raconta. Quand elle eu fini, il régnait un silence inconfortable dans la pièce. Mais l'air recyclé était lourd.
"Allez vous me dire ce que vous pensez de mes actions ?", demanda Janeway.
"Et vous, qu'en pensez vous ?" lui rétorqua l'amiral.
Elle répondit lentement, "Je ne suis pas sûre de ce que j'aurais pu faire d'autre. Elle s'était piégée à notre époque en détruisant sa propre ligne de temps. Elle l'a fait intentionnellement, bien sûr. Qu'importent mes actions à ce moment-là, sa version future n'existait plus."
Marquant une pause, Janeway posa la tasse au centre de son bureau. Puis elle désigna la place entre eux deux, avec une absence d'émotion appropriée à une audience inanimée.
"Vous pensez probablement que j'aurais dû la mettre aux arrêts et détruire son vaisseau, mais ça n'aurait pas ramené sa ligne de temps. C'est elle qui a altéré son passé, pas moi. Je devais m'occuper de mon présent dans l'état et faire ce qu'il y avait de mieux pour mes hommes, pas pour sa ligne de temps disparue. Je ne joue pas à la police temporelle.
Elle se mit sur la défensive en regardant l'amiral et lui demanda: "alors j'ai utilisé sa technologie contre les Borgs. Qu'y avait-il de mal à ça ? Les Borgs ne se sont jamais préoccupés de la première directive temporelle lorsqu'il s'agissait de récupérer des nouvelles technologies ! Et ils savaient que nous étions proches d'eux. Pour ce que j'en sais, ils avaient déjà détecté et scanné les systèmes futuristes de sa navette.
"Vous pourrez dire à Starfleet que j'avais à gérer une situation particulièrement stressante. Elle savait exactement comment me convaincre; quand passer au travers de mes défenses, quand me laisser faire ou me laisser mijoter, et comment me donner des maux de tête fous en m'expliquant tous les paradoxes qu'elle avait causés. C'était comme de discuter avec la reine Borg après avoir été assimilé. Avec le recul, je sais que je n'avais aucune chance." Elle se massa les tempes inconsciemment.
"J'avais dans l'idée de faire d'une pierre deux coups: utiliser les tunnels de trans-distorsion pour revenir sur Terre en les détruisant par la même occasion. Les effets de l'apport de technologie de la Fédération du futur dans le quadrant alpha étaient ma dernière priorité à ce moment là. Mais maintenant que les borgs, s'il en reste, savent cela, Owen, vous ne pouvez pas laisser Starfleet simplement jeter tout ça à la poubelle.
"Je sais bien que pour Starfleet, je suis juste un capitaine solitaire qui a dû se débrouiller tout seul trop longtemps. Mais vous, ils vous écouteront. Nous pourrons invoquer la première directive temporelle, nous leur raconterons que cette technologie vient du quadrant delta, rien de plus." Elle attendit sa réponse.
Au lieu de ça, Paris posa une question. "Vous auriez pu me raconter cette histoire vous-même, pourquoi me dire la vérité ?"
"Parce que je ne suis pas ce capitaine solitaire. J'ai fait ce qu'il y avait de mieux pour mon équipage, mais ce n'est pas à moi de décider ce qu'il y a de mieux pour la Fédération. Ca, c'est votre travail, Owen."
"Il y a des moments où je voudrais bien que ce ne le soit pas", dit-il.

09H00.
Dans le laboratoire d'astrométrie, Seven of Nine, plus efficace que jamais, méditait sur les émotions ranimées par la vue de la planète bleue emplissant l'écran. S'ajuster à ce déferlement émotionnel était plus difficile qu'elle ne si attendait. Le docteur ne l'avait pas préparé suffisamment. Cela n'avait rien d'étonnant quand on pensait que les émotions du HMU étaient contraintes comme les siennes l'avaient été un jour, bien que ce fut par des sous-programmes préenregistrés plutôt que par des atténuateurs Borgs.
L'ancien drone Borg attendait un message de la Terre avant de rejoindre l'ingénierie pour aider aux réparations. Quand Irène Hansen apparut à l'écran à exactement 09H00, la partie Borg de Seven se réjouit de l'efficacité de sa tante, tandis que le côté humain redoutait son appel.
"Madame Hansen", lança Seven à la réception du signal.
"S'il te plait, Annika, appelle-moi Irène."
"Irène, que puis-je faire pour vous ?" Seven avait révisé toutes les leçons sociales que le docteur lui avait enseignées afin de la préparer à son arrivée sur Terre. Les autres terriens ne tolèreraient pas ses habitudes Borgs comme l'avait fait l'équipage du Voyager. Il faudrait qu'elle s'adapte.
"J'ai hâte de te voir à la réception de San Fransisco. J'aimerais que tu t'installes chez moi ensuite. Tu peux rester aussi longtemps qu'il te plaira. Je pourrai te faire visiter les environs, te faire rencontrer des gens sympathiques... tu feras connaissance avec tous tes cousins. Ils ont déjà prévu une petite fête en ton honneur."
"Je ne sais pas..." hésita Seven. Toutes ses leçons sociales ne lui étaient pas d'un grand secours dans ce cas. Comment faisait-on pour décliner une invitation ?
"Je ne voudrais pas que tu t'enfermes dans un laboratoire quelconque de Starfleet avant d'avoir pu découvrir le monde extérieur, Annika. Dis-moi, tu n'avais pas encore fait d'autres plans, n'est ce pas ? demanda subitement sa tante, craignant que ses camarades ne surcharge de travail la pauvre jeune drone.
"Non", répondit lentement Seven, "je n'ai rien prévu d'autre. Je viendrai avec plaisir, Irene."
"Alors c'est réglé. Je te verrai à San Fransisco." Irène Hansen fit un large sourire à sa nièce retrouvée et coupa la connexion.
Seven of Nine reconsidéra ce qu'elle venait de faire. Chakotay et elle n'avaient pas eu de temps pour prévoir un plan, mais elle suspectait - non, elle savait - qu'il espérait qu'elle l'inclut dans ses objectifs futurs. La complexité de sa relation avec Chakotay avait crû de manière exponentielle depuis leur troisième rendez vous, et les réparations de son noeud cortical n'avait fait que compliquer les choses.
Seven avait espéré que les opérations chirurgicales amplifient largement les émotions plaisantes et divertissantes qu'elle avait expérimentées avec Chakotay. A sa grande surprise, elle avait aussi découvert l'une des plus puissantes émotions: le doute de soi. C'était une sensation totalement inconnue du collectif Borg.
Le commandeur avait été le meilleur candidat dans ses expériences sociales commencées dans le holodeck. Son dossier personnel était intrigant, son apparence satisfaisante et ses performances professionnelles exemplaires. Et puis il n'y avait pas eu tant de candidats possibles. Désormais, elle avait le choix parmi tous les hommes du quadrant alpha. Elle n'était plus obligée de vivre les trente prochaines années dans le même petit vaisseau que Chakotay si les choses ne se passaient pas bien entre eux, comme cela arrivait souvent avec ces irrationnels humains.
Seven avait choisi de ne pas risquer l'amitié du Docteur ou de Harry Kim avec une relation romantique. Si sa relation avec Chakotay ne fonctionnait pas, et même s'il devenait aigri et méchant à propos de cette affaire, rien ne serait perdu. En fait, rien ne changerait, puisqu'il s'était montré suspicieux et froid envers elle pendant plusieurs années auparavant. Autrement dit, elle s'était déjà préparée à leur séparation longtemps avant même qu'ils ne fréquentent.
Ce qu'elle n'avait pas prévu était le succès. Elle avait été flattée et surprise de voir comment le Chakotay réel s'était montré aussi intéressé que sa contrepartie holographique. Mais même depuis que l'amiral Janeway l'avait mise en garde à propos de son futur mariage avec le commandeur, Seven se demandait si elle n'avait pas réduit les possibilités un peu vite.
Quand Chakotay était présent, tous ses doutes s'envolaient. Mais quand elle était seule, comme ce matin dans le labo d'astrométrie, sa personnalité Borg calculatrice revenait en force. Il y avait tout un monde dehors auquel elle devait s'adapter.
"Seven", demanda une petite voix, l'interrompant dans ses pensées.
Elle se retourna. "Naomi Wildman", répondit-elle. Seven of Nine, troisième élément de l'unimatrice Zéro Une, appréciait ces derniers moments pendant lesquels elle pouvait encore être complètement Borg, avant de définitivement s'adapter aux manières de la Terre. "Faites votre demande", ordonna t'elle à l'enfant.
"Salut, Seven. Est ce qu'on arrive vraiment sur Terre ?"
"Vous êtes tout à fait au courant de notre destination. La puissance de distorsion sera rétablie dans approximativement douze heures. Il faut que j'aille aider les équipes de réparations."
"Dois tu y aller tout de suite ?", demanda calmement Naomi.
"Peut-être pas." Seven sourit à sa jeune camarade en replaçant la vue de la Terre sur l'écran central du labo. "Je pense aller vivre chez ma tante sur Terre", annonça l'ancien drone à sa petite protégée. "Le Voyager est la seule famille que je connaisse. Ce sera difficile de s'adapter à une nouvelle famille."
"Tu t'adapteras", répondit Naomi, qui adoptait toujours le parlé Borg quand elle était angoissée.
"Tu t'adapteras aussi. Neelix te manquera moins une fois que tu auras retrouvé ton père." Greskrendtregk faisait route depuis la station Deep Space Cinq, même si malheureusement, il ne pourrait pas arriver à temps sur Terre pour assister aux célébrations de leur arrivée.
"Neelix me manquera toujours", rétorqua Naomi boudeuse. J'aurais voulu rester dans le quadrant delta avec lui."
"La Terre est un nouveau monde pour toi, Naomi Wildman. Un jour, tu aimeras ton père Greskrendtregk autant que tu aimes Neelix en ce moment. Ne laisse pas la nostalgie du passé te détourner de la voie d'un futur parfait."
La patience de Naomi, même face aux conseils Borgs, avait ses limites. "Pouvons-nous faire une partie de kadis-kot ?", demanda t'elle.
"Les verts", répondit Seven abruptement.
Naomi répliqua un jeu de kadis-kot, et donna les pièces vertes à Seven. Le rationnement des réplicateurs n'était plus qu'un mauvais souvenir désormais.

11H00.
"Bonjour, lieutenant", dit le docteur tandis que B'Elanna Torres s'éveillait au son des pleurs de Miral, une nouvelle fois.
"Vous m'avez déjà dit la même chose à deux heures du matin et à quatre heures.", répondit la mère, les yeux encore pleins de sommeil. "Ce matin ne finira donc jamais ?"
Ignorant sa remarque, le docteur termina une dernière série de tests sur ses deux patientes. Les indications de la console du lit diagnostic étaient tout à fait normales.
"Miral et vous êtes libres de retourner dans vos quartiers quand vous voulez", dit-il. J'ai noté les heures des repas et ajouté les visites régulières des trois prochains mois dans votre agenda personnel." Le docteur vérifia le moniteur néonatal de Miral, puis repartit dans son labo l'air satisfait, pour laisser un peu d'intimité à la mère et sa fille.
Une fois Miral endormie dans ses bras, B'Elanna se leva et alla dire au revoir au docteur. Le hologramme était absorbé par sa console.
"Que faites vous ? Vous écrivez un autre roman holographique ?", lui demanda t'elle.
"Pas cette fois", répondit le docteur avec son enthousiasme habituel. "J'ai d'abord quarante-sept articles à publier dans des journaux médicaux. Celui ci", dit-il en lui tendant une tablette, "est une description des concepts médicaux vidiens et de l'organisation de leurs système hospitalier et de recherche. J'espérais que vous pourriez le relire avant que je le présente à la conférence médicale anthropologique de Riga le mois prochain."
"Il s'en est passé, des choses en sept ans", dit la klingonne en se remémorant l'épisode de sa propre séparation cellulaire klingonne. "Nous avons certainement eu notre dose d'aventures, n'est ce pas ?"
Le docteur acquiesca et lui prit Miral des bras. Il avait vraiment l'air humain avec un bébé dans les bras. Il la berça doucement.
"Mettre au monde votre enfant a été le sommet de ma carrière à bord du Voyager."
"La mienne aussi", confessa B'Elanna. Elle éplucha le document jusqu'à tomber sur une référence à Tom, ce qui l'amena à demander, "Ou se trouve mon mari ?" "Il est passé plus tôt avec votre beau-père. Ils ne devraient plus tarder à revenir." Un bruissement leur parvint de la pièce voisine. "Ce doit être eux."
Le docteur suivit ses patientes dans l'infirmerie et se retrouva cerné par les Paris. Owen Paris se renseigna de la santé de B'Elanna. Elle ne savait comment réagir devant son beau-père, aussi lui répondit-elle poliment avec une certaine hésitation. Le docteur interrompit à cette situation inconfortable en dressant un diagnostic plus détaillé, puis tendit l'enfant à son grand-père complètement gâteux.
Tom observa attentivement sa famille, d'étrange composition en fait. Un traître, un terroriste, un amiral et un enfant. Une fois assuré que ni l'amiral ni la klingonne ne se disputeraient, Tom leur suggéra de passer au mess pour déjeuner. Il invita aussi le docteur, mais ce dernier refusa, prétexant ses articles à peaufiner.

12H00.
Chakotay entra précipitamment dans le bureau de Janeway, une pile de tablettes à la main et un grand sourire aux lèvres. En dépit de leurs difficultés à protéger leur équipage ainsi qu'eux-mêmes de la publicité et des poursuites judiciaires, le capitaine et le premier officier du Voyager étaient sur la même longueur d'onde cette fois. Ils avaient finalement réussi à accomplir leur incroyable voyage de soixante-dix milles années-lumière. Après cela, n'importe quel défi semblait mineur et facile comme cette dernière petite année-lumière qui les séparait de la Terre.
Chakotay s'avança jusqu'au bureau avec ses documents menaçants. "Comment cela s'est-il passé ?", demanda t'il.
"La balle est dans le camp de l'amiral, maintenant", répondit Janeway, en faisant un peu de place sur le bureau pour les rapports de Chakotay sur le personnel. "J'espère ne plus jamais avoir à faire avec la première directive temporelle."
"Pourtant, nous en savons plus sur le futur que nous ne le devrions. Starfleet pourrait s'y intéresser", suggéra le commandeur en déposant ses documents avant de s'asseoir devant le bureau.
"Ce futur-là n'existe plus", dit-elle. Sa remarque avait quelque chose d'irrévocable ou de déterminé, mais Chakotay n'aurait pu choisir entre ces deux possibilités.
Il changea rapidement de sujet pour en venir à la principale raison de sa visite. "J'ai terminé les rapports du personnel du Maquis. Bien sûr, Starfleet pourrait douter de mon objectivité, alors si vous voulez les écrire à nouveau..."
"J'aurais juste voulu ajouter une note pour chaque dossier." Janeway soupira. "Je pensais avoir des mois devant moi pour régler ces affaires, mais désormais, la durée de notre voyage vers la Terre se compte en heures."
"Ne vous inquiétez pas trop pour ça, Catherine. Nous sommes rentrés et c'est le plus important. Quelques vacances en Nouvelle-Zélande ne gâcheront le bonheur de personne d'être revenu dans le quadrant alpha." Chakotay sourit pour la rassurer, mais six mois dans une colonie pénale de Starfleet, le maximum qu'il pensait encourir pour lui et son équipage du Liberty, causerait des dommages dans sa nouvelle relation avec Seven of Nine. Mais de toute manière, cela n'allait pas très fort entre eux deux. Depuis que la Terre était apparue sur leurs écrans, Seven était devenue distante et renfermée. Anormalement renfermée, en fait. Elle déclarait être trop occupée avec les réparations, peut-être avait-elle seulement besoin de temps pour s'adapter. Peut-être bien. Il avait décidé de ne pas brusquer les choses, il l'avait déjà bien assez poussée ces derniers temps.
"Cela me gâcherait le mien", était en train de dire Janeway.
"Ils ne vous mettront pas sous les verrous", répliqua t'il, faisant exprès de ne pas comprendre ce qu'elle voulait dire.
"Nous verrons bien. Est ce que le dossier de Tom est ici ? Il va en avoir besoin pour son audition de liberté sur parole."
Chakotay lui tendit la tablette correspondante. "J'ai aussi ceux des cinq de l'Equinox."
"Donc vous avez aussi vu les infos. L'opinion publique est contre eux." C'est triste, mais c'était inévitable, pensait Janeway. Même aujourd'hui, l'ancien équipage de l'Equinox n'était pas accepté par tous les membres du Voyager, et d'autres les toléraient à peine. Quant au public de la Fédération, il lui semblait avoir des opinions plus tranchés que par le passé. La guerre avait changé beaucoup de choses dans le quadrant alpha.
"Les membres du Maquis semblent être des héros populaires maintenant, au moins", le taquina t'elle. "Quel effet cela fait-il d'être sur un pied d'estale ?"
"Dites-le-moi donc", répondit-il pour lui renvoyer la pareille.
Janeway rejeta son sarcasme d'un regard furieux. "Enfin, il y a quelques bonnes nouvelles, tout de même", reprit-elle, souriant à nouveau. "Icheb a été accepté à l'académie de Starfleet. En fait, il pourra intégrer la première année en cours, puisque ses connaissances dans les matières principales sont..."
."..parfaites, à n'en pas douter", termina Chakotay en riant.
Janeway reposa la tablette qu'elle avait en main. "Je crois que vous me devez un repas, commandeur. Nous finirons ce travail après."
"Le menu de ce midi est un 'spécial pitas' avec salade de fruits d'été. Mon homme d'équipage au mess fait une cuisine terrifiante."
"C'est une chance d'être rentré à la maison. Je n'aurns travaillait depuis trois rotations sans interruption. Personne ne le lui avait demandé, mais il aurait vraiment voulu rentrer à la maison hier. Demain n'était pas assez tôt au goût de l'enseigne Kim.
Il y avait foule au mess. On se serait cru en fin de période de rations des réplicateurs, bien que le rationnement était désormais du passé. Comme l'était leur voyage. Harry n'était pas très réveillé quand Chell lui apporta son assiette de Pita accompagnée d'une grande tasse de café, mais une fois bien installé à une table dans un coin avec un tas de tablettes sur l'état des dernières réparations, il se ranima un peu.
Ses pensées n'étaient pourtant plus tournées vers les conduits énergétiques. A deux tables de lui, les soeurs Delaney riaient avec Ken Kalby d'une de leurs blagues privées. Janeway et Chakotay étaient plongés dans une de leurs grandes discussions de l'autre côté de la pièce, bien qu'il aurait pu parier malgré la distance qu'elle était en train de sourire. Tom, B'Elanna et l'amiral Paris essayaient, à tour de rôle, de calmer une Miral impatiente.
Pourquoi étaient-ils tous bien plus souriants que lui ? Harry était l'un de ceux qui désirait le plus rentrer à la maison, et maintenant qu'ils étaient enfin arrivés à destination, il était le plus heureux de tous. Etait-ce seulement vrai ? Au moins pourrait-il revoir ses parents et goûter à nouveau aux petits plats de sa mère. Il pourrait enfin avoir sa promotion; ils seraient si fier de lui. L'enseigne Kim, bientôt Lieutenant Kim, était heureux.
Mais l'enseigne Kim ne riait pas comme Jenny Delanney. L'enseigne Kim n'était pas enclin à rire comme l'était Tom Paris. Il n'avait pas non plus les sourires espiègles du capitaine Janeway. Harry essayait de se rappeler pourquoi il avait tant désiré revenir dans le quadrant alpha, et ce qui le rendait tellement heureux.
Si seulement il y avait eu un conseiller à bord du Voyager, ou si Neelix était encore là ! Le talaxien aurait pu lui expliquer que parfois, lorsque l'on désirait quelque chose depuis trop longtemps, on n'avait plus de goût à rien. On n'arrivait plus à se trouver de nouveau but.
Mais Harry savait exactement ce qu'il voulait faire. Il voulait rester dans Starfleet, bien sûr, et être assigné à un autre vaisseau comme les autres membres d'équipage. Le Voyager serait mis en cale sèche pour une révision complète, s'il n'était pas retiré du service.
Tout ce qu'il avait toujours voulu... Harry était réellement content, mais simplement, cela ne le rendait pas plus souriant pour autant.
Oubliant ses tablettes et son assiette de pita, il ferma les yeux et replongea sept ans en arrière, sur DS9. Se souvenait-il exactement de l'excitation du jeune enseigne qui débutait sa carrière dans Starfleet ? Presque, mais pas tout à fait. Cela faisait trop longtemps. Ses pensées dérivèrent vers le mariage de B'Elanna et Tom, son amitié avec Seven of Nine, la construction du Delta Flyer, le laboratoire d'astrométrie et aussi les réparations sans fin du vaisseau.
C'était tout cela, ses sourires: des souvenirs chaleureux et présents dans sa mémoire, toutes les rotations de nuit et les petits moments qui faisaient sa vie quotidienne dans le quadrant delta. Il ne se souvenait plus du tout de ses ambitions de carrière, excepté dans ses conversations avec Tom. Il ne se souvenait pas non plus ses moments de nostalgie envers son foyer, bien qu'ils aient été nombreux.
"C'était mon foyer", dit-il à voix haute.
"Tu étais donc réveillé." Harry rouvrit les yeux. Tom était penché sur sa table. "J'avait parié trois changement de couches avec B'Elanna que tu étais en train de somnoler ici. Tu m'as fait perdre, Harry."
"Désolé, Tom. J'avais plus ou moins la tête à nouveau dans les tubes de Jefferey."
"Bien. Si tu n'es pas trop occupé à ramener le Voyager tout seul à la maison, j'aimerais te présenter à mon père." Comme Harry ne répondait pas assez vite à son goût, Paris ajouta "Il a du piston."
Harry éclata de rire. "D'accord, Tom, j'arrive."

14H00.
L'amiral Paris était demandé au quartier général de Starfleet. Il raccompagna B'Elanna et Tom jusqu'à leurs quartiers sur le chemin de la baie aux navettes.
"Enfin chez soi", soupira sa belle-fille en s'écroulant sur le lit. "Amène le landau jusqu'ici, Tom, ce sera parfait."
Le foyer de l'amiral Paris avait toujours été une maison sur la Terre, pas une cabine à bord d'un vaisseau. "Vous pouvez rester à la maison à San Fransisco aussi longtemps que vous le voulez", dit-il, poursuivant la conversation commencée au déjeuner. "Tout sera prêt pour votre arrivée avant la fête de bienvenue."
"Je serai ravie de venir", répondit B'Elanna, les yeux mi-clos. Elle se demandait combien de temps ils pourraient rester chez son beau-père.
Elle avait adopté Owen Paris beaucoup plus vite que Tom ne l'avait espéré. Lui-même s'entendait excessivement bien avec son père depuis leur retour. Tom se demandait cependant combien de temps cette paix fragile durerait avant que le tempérament de la klingonne ou celui de son père ne ressurgisse. Pour le moment, le vieil homme était sous son charme de Miral. Elle menait toute la famille à la baguette.
Tom jeta un oeil à l'horloge sur le bureau. "Papa, ton aide doit nous attendre. Tu dois rentrer pour les préparatifs de la fête."
"J'ai aussi d'autres obligations, Tom."
"Naturellement, papa. Dis au revoir à ma femme. Ah, trop tard, elle dort déjà." Ils se penchèrent sur B'Elanna et le bébé, qui étaient allongés confortablement sur le lit pour le moment, puis se retirèrent sur la pointe des pieds.
"Bien, je te dis à bientôt, mon fils", dit l'amiral Paris tandis qu'ils rejoignaient l'ascenseur au bout du couloir. "Je te verrai demain, à condition qu'il n'y ait pas d'autre retard."
"Harry veillera à ce que rien ne puisse nous retarder pour la fête, monsieur."
"C'est un jeune officier très compétent."
"Oh, tu aurais dû le voir lorsque ce n'était qu'un bleu. Il était du genre à servir de pigeon aux ferengis. Mais nous avons tous parcouru un très long chemin depuis cette époque."
Ils entrèrent dans le hangar à navettes en silence. L'aide de l'amiral avait déjà embarqué et lancé la séquence de lancement. Les deux Paris attendaient à l'extérieur.
"Alors, que vas-tu faire concernant les comptes-rendus ?", demanda Tom à son père.
"C'est classé top secret."
"Je suis sûr que la moitié des choses que nous avons faites dans le quadrant delta est classée top secret, ou devrait l'être. Tu n'as encore rien décidé, n'est-ce pas ?", insista Tom.
"Non, pas encore. Catherine Janeway a un talent unique pour se mettre dans des situations impossibles."
"Et pour s'en sortir", ajouta Tom. D'ailleurs, je te conseillerai de conserver l'armure de coque mais de te débarrasser des torpilles transphasiques."
L'amiral Paris considéra le conseil de son fils. "Tu as de l'avenir dans le commandement de Starfleet, Tom."
"Je te verrai sur Terre, papa."
Tom souffla une nouvelle fois dans son sifflet de timonier alors que son père montait à bord de la navette.
Le vieux Paris se retourna pour lancer un dernier adieu à son fils avant la fermeture de la navette. "Je suis fier de toi, mon fils. Tu seras un meilleur père que je ne l'ai été."
Le lieutenant Paris salua l'amiral Paris en silence.

16H00.
L'enseigne Kim avait repris son poste aux opérations pour la rotation beta. Les choses étaient relativement tranquilles depuis le départ de la navette de l'amiral Paris. Deux vaisseaux de Starfleet avaient donné la chasse à un opportuniste vaisseau commercial ferengi qui voulait vendre des produits du quadrant alpha aux membres du Voyager privés de tout cela depuis leur départ. Quel dommage, pensait Harry. Tom aurait bien apprécié une bouteille de bière romulanaise.
Un transport civil traversa la flotte environnante sans être inquiété, transmettant les codes corrects pour s'approcher du Voyager.
"Commandeur Tuvok, le Safe Haven nous appelle", annonça Harry.
"A l'écran, enseigne."
"Ici le capitaine McAdams du vaisseau de transport Safe Haven de la Fédération, nous avons une livraison pour vous." Le capitaine leur sourit, profitant de son quart d'heure de gloire dans l'histoire du Voyager qui passionnait la Fédération depuis si longtemps.
Tuvok fit signe à Harry de couper le canal audio et appela le capitaine Janeway, qui sortit immédiatement de son bureau. Le vulcain lui céda son poste.
Toujours animée par son insatiable bonne humeur, elle sourit au capitaine Adams. "Merci de vous être détourné autant de votre chemin, capitaine."
"Ce n'est rien, capitaine. Dois-je téléporter votre passager à bord du Voyager ?"
"Envoyez simplement les coordonnées à l'enseigne Kim, capitaine."
MacAdams accusa réception. "Safe Haven terminé."
Janeway se retourna vers Tuvok, qui avait repris sa place à la console tactique. "Tuvok. Voudriez-vous réceptionner notre passager ?"
"Dois-je demander à une équipe de sécurité de me rejoindre en salle de téléportation ?", demanda t'il.
"Je suis certaine que votre présence suffira amplement. Cependant, il se pourrait que vous soyez retenu quelques temps. Je me chargerai de votre poste en attendant." lui lanca t'elle, pour lui signifier qu'aucune discussion n'était permise.
"Oui, madame", répondit Tuvok. C'était apparemment un sujet classé top secret, ce qui expliquait les propos étrangement évasifs du capitaine. Il ne s'inquiétait pas de l'identité de leur visiteur tandis qu'il avançait vers l'ascenseur. Il y avait trop de possibilités et trop peu d'informations sur lesquelles extrapoler.
Quand le Vulcain arriva dans la salle de téléportation, l'opérateur lui transmis les commandes de la console, expliquant que l'enseigne Kim l'avait assigné à une équipe de réparation.
Une affaire très secrete, corrigea Tuvok. Les coordonnées étaient déjà chargées. Une fois l'opérateur parti, il lança lui-même la téléportation.
Une fois la téléportation effectuée, il leva les yeux. Elle descendait déjà des plots. Il était totalement illogique de rester sans voix, il aurait dû surmonter son manque de contrôle. Tuvok fit le tour de la console de commande du téléporteur et s'approcha d'elle.
"T'Pel"
"Tuvok"
"Vous ne devriez pas vous trouver ici", dit-il, lui offrant deux doigts.
"Votre arrivée était aussi imprévue", répondit-elle, prenant ses doigts dans les siens.
"Il est illogique que ma femme soit autorisée à monter à bord du Voyager", expliqua Tuvok. "Les membres d'équipage ne verront pas leur famille avant d'avoir atterri sur Terre."
"Je revenais vers Vulcain d'une conférence sur Véga quand on m'a informé de votre retour", répondit T'Pel. "Puisque vous êtes souffrant et devrez subir le fal-tor-voh, Starfleet a demandé au capitaine McAdams de faire un détour pour rencontrer le Voyager."
"Mon état n'est pas pour l'instant préoccupant", protesta Tuvok.
"C'est à votre docteur de déterminer cela. Pouvons-nous lui rendre visite maintenant ?"
Tuvok acquiesca et escorta sa femme jusqu'à l'infirmerie.

20H00.
"Deanna !" s'exclama Reg. Il écarta un enseigne qui essayait de lui faire signer des formulaires de réquisition. "Cela faisait si longtemps !"
"Reg, je suis contente de vous revoir. Mais vous avez l'air occupé, je reviendrai plus tard", proposa Deanna, espérant échapper à la cohue d'enseignes et autres parasites qui remplissaient les bureaux du Pathfinder.
"Oh non, non, j'étais juste en train de remplir quelques papiers. Le Voyager devrait passer en distorsion dans environ une heure, et nous serons tous devant nos écrans pour y assister. N'est-ce pas ?" cria Reg aux occupants de la pièce. Les cadets applaudirent. Un lieutenant secoua la tête et sortit dégoûté.
"Mais Reg, le Voyager n'est pas sensé arriver avant demain en fin de matinée", objecta Deanna.
"J'ai commandé une grande quantité de canapés." Comme pour prouver les dires de Barclay, un cadet apparut avec un bol de bretzels.
"Je suis heureuse de voir que vous savez prendre soin de vos collaborateurs, Reg", dit Deanna en prenant poliment un biscuit.
"Oh, ce sont pour la plupart des cadets de l'académie qui se sont offert de m'aider pour la célébration." Reg saisit une poignée de bretzels et les mastiqua tout en discutant. "L'amiral Paris et une grande partie de son équipe sont occupés au bâtiment judiciaire à régler les cas des maquisards. Restez avec moi pour assister à la retransmission, les premiers arrivés seront les mieux placés."
"C'est gentil de penser à moi, Reg, mais je suis ici pour les affaires, pas pour le plaisir."
Le visage de Barclay s'assombrit. Il savait pourquoi elle était là, bien sûr, mais il avait espéré qu'elle pourrait se joindre à eux pour leur fête privée avant la fête officielle du lendemain.
Deanna commença bien inutilement à lui expliquer le but de sa visite. "L'amiral Paris a requis mes services en tant que conseiller. Une grande partie de l'équipage du Voyager aura besoin d'aide psychologique une fois revenu sur Terre."
"Et bien, comme vous le disiez, ils ne seront pas là avant demain", dit Reg avec espoir.
"Je crois savoir que vous avez des copies des dossiers du personnel ici." Regardant la jeune foule massée dans la pièce, Troi ajouta: "Y a-t'il un endroit où je pourrais m'isoler pour travailler ?"
"Bien sûr", répondit Reg, réalisant que la garder dans une pièce voisine était ce qu'il pourrait obtenir de mieux, du moins pour le moment. Il lui montra un petit bureau occupé par un lieutenant morose qui lui lança un regard furieux en quittant les lieux.

20H30.
"Le lieutenant Torres serait fier de vous tous", dit Nicoletti à son équipe d'ingénieurs fatigués et surmenés. "Nous avons terminé les réparations avec une demi-heure d'avance sur l'horaire prévu. Lançons les derniers diagnostics de fonctionnement et ramenons ce vaisseau à la maison !"
Cette satanée musique de danse bajoranne se mit à hurler à nouveau des hauts parleurs. Sue essuya la sueur de son visage avec la manche de sa chemise et soupira. Ils n'auraient jamais osé se conduire de cette manière avec Torres ou le pauvre Joe Carey. Tabor était devant elle, l'air innocent, mais elle savait très bien reconnaître un agitateur quand elle en voyait un.
Vorik fronça subrepticement un sourcil tout en lançant le diagnostic du réacteur de distorsion. S'il y avait encore plus illogique que les humains, c'étaient bien les bajorans. Cependant, ses camarades illogiques de l'ingénierie lui manqueraient. Peut-être, pensait-il, allait-il faire une demande d'affectation aux chantiers d'Utopia Planita. Il avait dû reconstruire ces moteurs si souvent qu'il s'ennuierait s'il devait embarquer pour une mission normale de Starfleet, où les grandes réparations et les remplacements de matériels étaient laissés aux révisions de cales sèches. Il avait aussi apprécié l'aspect expérimental de son travail dans l'ingénierie du Voyager, incorporant des technologies extra-terrestres au vaisseau pour voir jusqu'où cela pourrait les conduire. Rechercher l'excitation était cependant illogique. Il devrait peut-être plutôt repartir sur Vulcain pour y suivre l'enseignement de la discipline Kolinhar.
Quand les résultats des tests, parfaitement dans les normes, s'affichèrent, Nicoletti rejoignit Tabor sur la piste de danse devant le coeur du réacteur de distorsion. Vorik soupira. Même Utopia Planita lui semblerait morne après le Voyager.

20H50.
Troi commençait à peine à se concentrer à fond sur son travail lorsque Reg passa la tête à la porte du bureau. "Deanna, venez donc voir ça ! Le Voyager est sur le point de passer en vitesse de distorsion."
"Reg, vous savez combien de milliers de vaisseaux nous avons vu passer en distorsion ?" lui demanda Deanna.
"L'amiral Paris est aussi de retour", ajouta Barclay pour se défendre.
Elle pouvait au moins saluer son chef actuel, pensa t'elle. "J'arrive, Reg, laissez-moi juste finir cette page."
Reg sourit et rejoignit la foule de ses cadets en adoration. Il leur avait déjà raconté cinq fois l'histoire du projet Pathfinder, laissant échapper de ci de là quelques bribes d'informations classées top secret.

21H00.
Ayala était à la console tactique, Tom aux commandes et Janeway et Chakotay à leur place habituelle. Aux opérations, Harry attendait la confirmation que les sept autres vaisseaux étaient aussi prêts et impatients de rentrer que le Voyager.
Chakotay, déchargé de ses obligations administratives pour le moment, saisit cette opportunité pour envisager les conséquences du retour soudain du Voyager sur Terre. Au fond de lui, il n'avait jamais osé penser vivre ce jour. Il préférait vivre le jour présent plutôt que de rêver à un futur improbable. C'étaient finalement ceux qui avaient choisi de vivre uniquement pour ce futur, comme Catherine et Harry, qui avaient eu raison, après tout.
Aurait-il débuté sa relation avec Seven of Nine s'il avait cru que le Voyager rentrerait un jour à la maison, bouleversant par la même occasion l'équilibre émotionnel fragile de l'ancien drone ? Il se demandait s'il avait réussi à la convaincre que ce type de relations justifiait vraiment les risques encourus. Une fois le vaisseau posé sur Terre, peut-être essayerait-elle à nouveau de changer les paramètres de leur relation. Il ne pouvait qu'attendre pour voir.
"Notre escorte est prête à passer en vitesse de distorsion", annonça l'enseigne Kim depuis sa console.
Janeway lança l'ordre: "En avant."
"Oui, madame!" dit Tom, manipulant la console de commande lisse et élégante avec laquelle les boutons et les leviers du Delta Flyer ne pouvaient rivaliser.
Les étoiles commencèrent à filer de chaque côté de l'écran, puis disparurent rapidement dans un éclair lumineux.
"Qu'est ce..."
L'onde de choc interrompit Janeway au milieu de sa question. Tandis que le Voyager se mettait à trembler, une brume verdâtre emplit l'écran principal. L'alerte rouge retentit dans le vaisseau.
"Nous avons heurté une sorte de mine subspatiale", annonça Ayala.
"Nous sommes en train d'entrer dedans, capitaine", ajouta Harry.
"Entrer dans quoi ?"
"On dirait le même tunnel de trans-distorsion que nous avons utilisé pour rentrer", dit Chakotay.
"C'est impossible", dit Janeway. "Le réseau de tunnels a été détruit."
"Nous y sommes pourtant revenu" annonça Harry, d'accord avec le commandeur. "C'est un écho de chronotons du tunnel de trans-distorsion, apparemment créé ou bien alimenté de nouveau par la mine. Et il est hautement instable."
"Déployez l'armure", ordonna Chakotay. Ayala engagea l'armure de coque isolante.
"Deux des vaisseaux d'escorte ont été entraînés avec nous", annonça Harry. "Le Pleiades et L'Himalaya. Leurs boucliers ne seront jamais assez forts pour résister à la pression."
Une explosion sur l'écran interrompit les prédictions de Harry, qui vérifia. "L'Himalaya vient d'être détruit, corps et âmes", dit-il solennellement.
"Il faut sortir de là", gronda Janeway.
"Le tunnel est en train de se dissoudre autour de nous", annonça Kim. "Je détecte une ouverture droit devant. Aucun moyen de savoir où elle débouche."
"Nous nous en contenterons. Contactez le Pleiades, dites leur ce que nous faisons et assurez vous qu'ils restent dans notre sillage", ordonna Janeway.
Sur l'écran, une déchirure noire apparut sur le fond vert.
"Nous approchons des coordonnées de l'ouverture", annonça Tom. "Nous sortons..."

21H04.
Troi et Reg se frayèrent un chemin dans la pièce bondée jusqu'aux côtés de l'amiral sous l'écran principal, qui ne montrait plus que des étoiles maintenant que les vaisseaux étaient passés en vitesse de distorsion. Une fois l'excitation des cadets quelque peu retombée, Deanna dit à son officier supérieur: "Amiral Paris, cela fait plaisir de vous revoir."
"Deanna !" s'exclama Paris en se retournant vers elle. "Quelle agréable surprise. Je ne savais pas que vous étiez rentrée sur Terre."
Deanna jeta un regard sur le côté. Reg semblait fâché.
"Quelque chose ne va pas", annonça un cadet Vulcain. Reg avait affecté T'Lin au scanner subspatial. Elle devait rendre compte de la progression du Voyager vers la Terre en temps réel. "Les senseurs ne montrent que cinq vaisseaux, et ils font demi-tour."
L'amiral et son équipe se précipitèrent autour de T'Lin. Paris grommela quelque chose à propos de capitaines solitaires. Deanna commença à faire sortir les cadets de la pièce.
"Le Pawnee nous appelle, amiral", annonça son aide.
"Passez le sur l'écran. Et virez-moi ces gens de la pièce!" vociféra Paris.
Les cadets s'enfuyèrent rapidement, chapardant des bretzels au passage.
"Que c'est-il passé, Fred ?" demanda l'amiral au capitaine désemparé du Pawnee.
"Il y a eu une explosion, monsieur. Une mine subspatiale. Elle avait une signature énergétique Borg. Le Voyager, le Pleiades et l'Himalaya sont manquants."
Paris s'affaissa contre la console voisine. "Manquant ?" demanda t'il.
"Nous n'avons détecté aucun débris, seulement une concentration anormalement élevée de gravitons et de chronotons."
"Le tunnel de trans-distorsion..." murmura Paris.
"Dieu seul sait où ils se trouvent maintenant, monsieur."
L'équipage de la passerelle du Pawnee et l'équipe du Pathfinder se dévisageaient mutuellement sans voix.
"Au moins sont ils avec des amis, Fred", finit par dire Paris. "Pathfinder terminé."
Troi posa une main réconfortante sur le bras de l'amiral tandis qu'il coupait la communication.
"Conseiller Deanna. Je vais avoir une ville entière de familles anxieuses à rassurer. Voudriez-vous m'aider ?"
"Bien sûr, Owen."
"Reg", ajouta l'amiral, "annulez la fête et rouvrez le projet Pathfinder. Il se pourrait qu'ils soient revenus à leur point de départ." Paris secoua la tête, préférant penser qu'il existait réellement quelque part une police du temps."
"Madame Sharr va me tuer", murmura Reg.

21H09.
"Nous sommes sortis du tunnel", confirma Harry.
"Quel est l'état du Pleiades ?" demanda Chakotay.
"Scan des débris en cours pour d'éventuels survivants", dit Harry, affichant l'image de mort sur l'écran. Le Pleiades était un vaisseau de classe Défiant. Désormais, ce n'était plus qu'une nacelle rattachée à des morceaux de coque sans aucune trace de signaux vitaux.
Ayala annonça: "Notre armure de coque a subit de gros dommages. Intégrité à trois pourcents."
"Nous avons de la chance de nous en être sortis vivants", dit Chakotay.
"Onze survivants téléportés à l'infirmerie", les informa Harry. Ils avaient été quarante sept de plus à bord du Pleiades.
Janeway semblait ne pas avoir entendu les paroles de Harry. Elle était occupée à étudier l'étrange disposition des étoiles sur l'écran principal.
Tom brisa ce pénible silence. "Par quoi avons-nous été heurté ?"
Ayala parcourut les relevés des senseurs et conclut: "La mine subspatiale avait une signature énergétique Borg."
"La reine Borg..." murmura Janeway. La sphère n'avait pas eu le temps de détruire le Voyager sur le moment, mais le collectif avait pris soin de laisser des pièges mortels derrière lui. Et elle les avait précipités droit dedans.
Il régnait toujours un silence pesant sur la passerelle. L'équipage n'osait pas interrompre la femme abattue dans son grand fauteuil. Seul Chakotay se risqua à souffler à mi-voix: "capitaine ?"
Elle se tourna vers la console des opérations. "Harry, dites-moi que nous ne sommes pas revenus dans le quadrant delta."
"La recherche par référence stellaire est toujours en cours sans résultat, capitaine", répondit l'enseigne Kim.
Tom regardait plus attentivement l'écran principal. Une recherche dans les bases de données de navigation ne pouvait pas durer plus d'une seconde ou deux. Depuis combien de temps l'ordinateur principal tentait-il de déterminer leur position ? Deux minutes ? Trois ?
"Harry ?" insista Tom, après qu'une nouvelle minute se soit écoulée.
La voix de Harry trembla comme celle d'un jeune enseigne tandis qu'il annonçait: "Selon la base de données de navigation, les étoiles qui nous entourent n'appartiennent pas à notre galaxie. En fait, la distribution de matière extra-galactique ne correspond pas à celle de notre univers."
"Etes vous en train de dire que nous sommes dans un autre univers ?" demanda Janeway.
"Je ne sais pas où nous sommes, madame."
Alors voilà ce qu'il en était de vouloir tromper le destin...

(Nouveau départ)
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Ecrit par: Jemina
Editeur: Dakota
Version allemande: Lorenz Ulrich & Trekzone team
Version francaise: Laurent Denis, stvoyager online
Producteurs: Thinkey, Anne Rose et Coral.

Merci aux différents correcteurs: Jade (version originale), Cress (v. allemande) et LyekkaQ (v. française).

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