Star Trek Voyager
La saison 8 virtuelle
8.05 La Pie
Dernière mise à jour :14 septembre 2001
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8.05 LA PIE
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.. Episode 8.05 - La pie
Par: Abby (Abismith@btinternet.com)
Version française: Laurent (stvoyager@free.fr)

Note: Star Trek: Voyager, personnages et autres produits dérivés sont des marques déposées de Paramount Pictures. Aucune infraction aux droits d'auteurs de Paramount voulue. La Saison 8 virtuelle de Voyager (Voyager Virtual Season 8, VS8) est une entreprise à but non lucrative. L'histoire est propriété de son auteur. Pas de reproduction sans sa permission.


La Pie
"Quelqu'un sur Voyager pose des problèmes"
 
Naomi Wildman s'ennuyait vraiment.
Une partie de son esprit était vaguement consciente qu'Icheb essayait de lui dire quelque chose à propos d'un certain Schroedinger, qui apparemment avait un rapport avec une certaine équation très importante pour quelque chose appelée mécanique ondulatoire. Cependant, elle était pour le moment plus intéressée à nourrir Ratty de racines de Leola. Assis sur ses genoux, il était en train de grignoter le petit bout qu'il tenait entre ses pattes avant.
La présentation de Ratty auprès de l'équipage, ou du moins ses membres importants, avait été quelque peu éprouvante.
Maman avait été, disons, comme toutes les mères face à cela. Elle avait été un peu inquiétée, et avait dit que si le Commandeur Chakotay ne voyait pas de problème pour le garder, alors cela devrait aller. Alors elle l'avait avertie qu'il faudrait le garder dans une cage qu'elle devrait nettoyer toutes les semaines, ne pas l'en laisser sortir, faire attention à ce qu'il ait assez de nourriture et d'eau, et que cela voulait dire demander à Chell avant de prendre des aliments dans la cuisine... Et ensuite, elle l'avait embrassée sur la tête, avait soupiré puis lui avait promis une ration supplémentaire de réplicateur par semaine, si elle s'occupait correctement de Ratty.
Le Docteur avait grogné à la vue de la petite créature à fourrure et grommelé quelque chose à propos d'être un médecin et pas un vétérinaire. Mais le Docteur était tout le temps en train de grommeler sur quelque chose, alors elle n'y avait pas fait trop attention. Finalement, il avait déclaré Ratty exempt de toute maladie et apte à rejoindre l'équipage.
Il avait ensuite fallu qu'elle écrive son rapport pour Tuvok comme le Commandeur Chakotay le lui avait demandé. Elle y avait fait très attention. Naomi avait secrètement peur de Tuvok, parce qu'il ne riait jamais, même pas aux blagues les plus drôles de Neelix, et elle voulait que son rapport soit parfait. Elle avait passé des heures dessus, pour être sûre qu'elle utilisait les bons mots et qu'ils étaient correctement écrits. Comme il ne lui avait fait aucune remarque, elle avait supposé que cela lui convenait.
Seven, l'ex-borg, avait juste souri et levé un sourcil. Naomi s'était en partie attendue à l'entendre dire que les animaux n'étaient d'aucune utilité, mais elle avait juste dit que Ratty pourrait l'assister dans ses études sur les comportements animaliers.
Naomi jeta tristement un oeil à l'alcôve de régénération vide du hangar cargo. Elle n'avait quasiment pas entendu parler de Seven depuis qu'ils étaient arrivés dans cette région, où qu'ils soient. Neelix lui manquait, et Seven était son autre meilleure amie. Mais Seven était occupée au laboratoire d'astrométrie, et à chaque fois que Naomi l'avait croisée, et bien, elle semblait penser à autre chose. Naomi avait eu une fois le courage de lui demander pourquoi elle ne faisait pas attention à elle, mais Seven lui avait simplement répondu qu'elle ne pouvait pas comprendre. Elle avait pensé que cela devait avoir un rapport avec la Terre. Ayant vécu toute sa vie sur le Voyager, elle ne comprenait pas vraiment pourquoi l'équipage voulait tant retrouver la Terre, mais elle savait que cela rendait sa maman triste, alors elle avait laissé Seven tranquille.
Seul le Capitaine n'avait pas encore rencontré Ratty. Elle avait entendu sa mère dire que personne n'avait beaucoup vu le Capitaine dernièrement. Naomi pensait qu'elle était probablement très occupée à quelque chose d'important, et elle se demandait si elle pourrait aller voir le Capitaine pour lui montrer Ratty. Le Capitaine aimait toujours rencontrer les nouveaux membres d'équipage.
Un mouvement attira son attention. Ratty avait fini sa racine de Leola et s'élançait dans sa nouvelle cage posée sur le sol devant elle, ouverte. Il fourra son museau dans le bol d'eau et commença à boire.
Naomi était contente de la cage. Avec tout l'équipage occupé soit à l'ingénierie soit en astrométrie, personne n'avait pu lui donner de conseils et elle avait fait de son mieux en se débrouillant avec la banque de données du vaisseau. En fin de compte, elle avait choisi un ancien style, avec un loquet mécanique, parce que cela lui avait plu. Elle était spacieuse, comme l'avait demandé le Commandeur Chakotay. Et elle était certainement assez sécurisée. Elle-même avait parfois du mal à ouvrir le loquet, alors elle n'imaginait pas que Ratty puisse sortir tout seul.
Ratty avait fini de boire et était assis sur ses pattes arrière, se nettoyant les moustaches. Ses petits yeux ronds et noirs étaient fixés droit sur Naomi. Elle fit alors un petit cliquetis avec sa langue, et à sa grande joie observa Ratty se dresser une nouvelle fois sur ses genoux. Elle lui donna un nouveau morceau de Leola en récompense.
"Naomi Wildman. Vous n'êtes pas attentive à vos études." La voix d'Icheb venait de la sortir de sa rêve rie.
Naomi n'avait pas de frère aîné, mais si cela avait été le cas, elle savait qu'il aurait été exactement comme Icheb. Sa voix était mêlée d'exaspération et de supériorité qu'utilisaient tous les frères aînés de toutes les espèces depuis la nuit des temps. C'était certainement une de ces constantes universelles comme il aimait tant en utiliser, comme la vitesse de la lumière. En plus de son travail en Astrométrie, Icheb avait été chargé d'encadrer les études de Naomi, et il prenait son devoir au sérieux. Très au sérieux.
"J'écoute, Icheb, honnêtement. Mais regarde, Ratty répond quand on l'appelle."
"Entraîner des rongeurs est sans utilité", répondit Icheb sur le ton de la réprimande. "Si tu as fait attention à ce que j'ai dit, tu dois être capable de me ré-expliquer la leçon."
Naomi fouilla dans sa tête à la recherche de quelques brides de ce qu'avait dit Icheb. Qu'était-ce... Schroedinger... ondulatoire ?
L'arrivée de Seven dans le hangar cargo lui évita d'être obligée de répondre immédiatement. La femme blonde les regarda tous les deux, et son regard se porta brièvement sur Ratty. Ses sourcils se levèrent, mais elle ne fit aucune remarque. S'adressant à Icheb, elle en vint directement au point important.
"Ta présence en Astrométrie est nécessaire. Les détecteurs ont relevé ce qui semble être un champ de débris planétaires, ou bien un nuage de petits astéroïdes. Il faut que tu en effectues une analyse détaillée pour le Capitaine."
Icheb semblait être sur le point de protester. D'une voix légèrement maussade, il répondit "Il serait plus efficace de finir la leçon avant d'aller au laboratoire d'Astrométrie."
"Ce sera un exercice très utile pour toi, vu que ton entrée à l'Académie de Starfleet semble être retardée."
L'expression d'Icheb rappela à Naomi celle qu'elle affichait toujours elle-même lorsque sa mère lui demandait d'aller ranger sa chambre. C'était bizarre de le voir autoritaire une minute puis boudeur l'instant d'après. C'était peut-être une phase, comme sa mère le répétait toujours à propos d'elle. Personnellement, elle était très reconnaissante envers Seven de l'avoir sauvée de Schroedinger pour le moment.
Ou peut-être pas. Avec un léger retard, Naomi réalisa ce que venait d'ajouter Seven.
"Naomi Wildman peut très bien t'accompagner en Astrométrie pour continuer son cours là-bas. Elle pourrait ainsi profiter d'applications pratiques à ses leçons."
"Mais Seven..." C'était maintenant au tour de Naomi de protester.
"J'aurais bientôt besoin de me régénérer", affirma fermement l'ex-drone. "Et j'ai besoin de silence pour cela. Vous ne pourrez de toute manière pas rester ici. Je te suggère de remettre ton... animal de compagnie dans sa cage et de continuer ton étude au labo d'Astrométrie."
Naomi n'osa plus protester. Elle ramassa rapidement Ratty et le déposa dans sa cage, où il s'empressa de se creuser une litière pour s'y nicher. Elle suivit alors Icheb avec obéissance hors du hangar.
Seven soupira, puis se positionna dans son alcôve. Elle ferma les yeux et laissa le cycle de régénération commencer.
Un nez apparu alors de dessous la litière, suivi par une paire de moustaches et finalement une tête entière. Ratty regarda aux alentours et renifla l'air. Il fixa ses yeux scintillants sur Seven. Comme elle n'avait pas bougé depuis longtemps, cela lui sembla assez sûr pour sortir. Il se glissa jusqu'à la porte de sa cage pour l'étudier. Dans sa hâte, Naomi ne l'avait fermée qu'à moitié. Ratty la renifla longuement et la toucha avec le museau. Un peu surpris, il l'explora de ses pattes avant avec une surprenante dextérité, puis la poussa avec sa tête. Après un long travail de patience, la petite créature parvint à en désengager le verrou. La porte s'ouvrit d'un coup. Ratty se glissa hors de sa cage et disparut derrière un conteneur de rangement.
 
***
 
Catherine Janeway ajusta à nouveau le col de son vêtement. Ce n'était pas qu'il fût plié ou froissé, ni même inconfortable. C'était juste un rituel de plus, une action supplémentaire pour retarder son entrée sur la passerelle. Elle se regarda dans le miroir. Elle se dit qu'elle avait l'air fatiguée. Fatiguée, usée et vieille. Elle passa sa main dans les cheveux, les décoiffant. Maintenant, ils avaient besoin d'être recoiffés. Encore un délai. Cinq minutes de plus avant d'avoir à faire sa marche quotidienne jusqu'à l'ascenseur, de monter jusqu'au pont Un, de traverser la passerelle en congratulant l'équipage comme si elle savait ce qu'elle faisait.
Au moins avait-elle surmonté son envie de s'enfuir et de se cacher. Elle jeta un oeil autour d'elle dans ses quartiers. Les tasses de café vides avaient été recyclées et les piles de vêtements sales rangées ailleurs. Elle avait aussi fini de lire toutes les tablettes de rapports, qui étaient maintenant empilées proprement sur le côté de son bureau, attendant de l'accompagner jusqu'à la passerelle. Ses quartiers ressemblaient à nouveau à ceux qu'occuperait un être humain bien organisé, quelqu'un qui aurait un certain contrôle sur sa vie. Ou au moins sur son ménage, pensa-t-elle tristement, finissant de se recoiffer.
Comment l'équipage allait-il vraiment réagir face à sa dernière bévue, se demandait-elle en se peignant. Pour le moment, ils étaient tous occupés à des tâches importantes, réparations des systèmes du vaisseau, localisation de la position du Voyager, ou encore analyse de la nature de cette région de l'Espace. Mais une fois que tout cela serait fini ? Qu'est ce qui se passerait ?
Ce n'était plus le même équipage qui avait été formé dans le quadrant delta il y a sept ans. Ils étaient plus mûrs, plus avisés et plus rudes. A cette époque, ils avaient entâmé leur aventure avec enthousiasme et optimisme. Ils savaient où ils se trouvaient, et vers où ils devaient se diriger, même si cela devrait leur prendre soixante-dix ans pour s'y rendre. Ils avaient eu une foi inébranlable que quelque chose se produirait, quelque chose qui les ramènerait à la maison.
Qu'allait-il se passer s'il s'avérait qu'ils se trouvaient à nouveau à une vie de distance de leurs amis et familles ?
Seraient-ils capable de surmonter tout cela une seconde fois ? L'était-elle seulement elle-même ?
Et qu'allait devenir l'équipe de commandement dans toute cette histoire ? 'D'une manière ou d'une autre, nous devrons mettre nos problèmes personnels et nos doutes envers l'autre de côté pour pouvoir retravailler ensemble de façon efficace. J'essayerai. J'espère seulement que j'y parviendrai'.
C'étaient ses mots. Et, en tant que Capitaine, c'était sa responsabilité.
Traites les problèmes dans l'ordre, Catherine, se dit-elle. Faire en sorte que cela fonctionne. Une chose à la fois. Elle posa la brosse. Finalement, il y avait une limite au temps qu'une personne pouvait passer à s'occuper de ses cheveux ou à lisser son uniforme. Le jour n'allait pas passer plus facilement si elle n'essayait pas de faire face. Sans mentionner qu'une autre... discussion avec Chakotay ne recollerait en rien ce qui avait disparu dans leur relation. Elle essaya de sourire à cette pensée, mais n'y parvint pas vraiment.
Remettant son masque de Capitaine en place, elle quitta ses quartiers pour faire face à sa ration quotidienne d'inconnu.
 
***
 
La Docteur regarda son tricordeur, le secoua délicatement, puis regarda à nouveau les données affichées.
Le Lieutenant B'Elanna Torres le regarda d'un air incrédule.
"Pourquoi avez-vous fait cela ?"
"Quoi ?"
"Secouer le tricordeur. Cela ne change rien aux données."
"J'ai recherché dans toute l'Histoire médicale, et par le passé, il était courant que les médecins secouent leurs instruments ainsi que leurs résultats."
"C'était au temps des thermomètres à Mercure. Vous pourriez jeter le tricordeur jusque dans le couloir que cela ne changerait en rien ces résultats."
"J'ai étudié la psychologie dans les relations patients-médecins et j'expérimente des manières d'améliorer la confiance de l'équipage dans le matériel médical."
B'Elanna ferma les yeux. Le Docteur avait été occupé à plein temps, d'abord pour traiter les membres rescapés du Pléiades, puis avec les séquelles de la bataille contre les Sernaix. Mais maintenant que la situation s'était arrangée et que les blessés avaient été renvoyés en convalescence, il était désoeuvré. Les pensées du Docteur, lorsqu'il était inactif, tendaient à se concentrer sur toutes les possibilités de s'améliorer. Et cela menait inévitablement à des problèmes.
Pour l'instant, cependant, il ne faisait que montrer de la suffisance. Irritant, mais sans danger.
"Lieutenant, je suis heureux de vous informer que vous êtes en parfaite santé."
"Bien. Est-ce que cela signifie que je peux sortir d'ici, maintenant ?"
B'Elanna était déjà descendue du lit diagnostic et se trouvait à mi-chemin de la porte de l'infirmerie.
"Pas si vite."
B'Elanna s'arrêta et se retourna pour faire face au docteur.
"Quoi d'autre ?"
Le docteur n'avait pas l'air à l'aise.
"Je pense que mon émetteur holographique portable à besoin d'un diagnostic."
"Pourquoi ? Il était en parfait état la dernière fois que je l'ai examiné, et c'était juste avant que nous retournions dans le quadrant alpha."
Le docteur se dandina, l'air toujours mal à l'aise.
"Je le sais. Mais depuis lors, j'ai des problèmes avec mon Cavaradossi."
"Votre quoi ?"
"Oui, je sais. En plein milieu de mon E lucevan le stelle s'est produit le plus horrible des couac dans mon tessatura. Vous voyez mon problème !"
B'Elanna dévisagea le docteur.
"Non, je ne vois pas du tout. Est ce que c'est censé signifier quelque chose ?"
C'était au tour du docteur de la dévisager à présent.
"Je croyais être tout à fait clair."
"Non, vous ne l'êtes pas. Qu'est ce qu'un Carava... truc ?"
Le docteur était outragé.
"Vous n'avez jamais entendu parler de Cavaradossi ? Naturellement, je suppose que je devrais m'y attendre de la part d'une espèce qui considère les hurlements comme une forme d'art."
Il marqua une pause.
"Cavaradossi est un peintre pauvre qui tombe amoureux de la belle Tosca..."
B'Elanna l'interrompit.
"Epargnez-moi toute l'histoire, docteur. Ce serait une perte de temps de la raconter à quelqu'un qui considère les hurlements comme une forme d'art. Je ne peux que supposer que cela a un rapport avec votre art lyrique."
"C'est ce que j'étais en train de vous dire. Je fais des fausses notes dans ma tessatura."
B'Elanna se contenta de le regarder. Le docteur soupirait de manière théâtrale.
"La tessatura est le point de la voix où un chanteur passe de la gamme médiane à la gamme haute. C'est la partie la plus difficile de la voix à développer pour avoir un ton juste et clair. Mon tessatura est habituellement parfait."
B'Elanna grogna quelque chose. Le docteur l'ignora et continua son exposé.
"J'étais en plein milieu d'un des morceaux les plus exquis de Puccini lorsque j'ai fait un couac."
B'Elanna digéra l'information. Elle finit par répondre.
"Vous voulez dire que vous avez un chat dans la gorge ?"
Le docteur semblait vouloir protester.
"Si vous tenez à l'exprimer ainsi."
"On dirait qu'il y a un problème avec l'un de vos sous-programmes vocaux."
"Etes-vous certaine qu'il ne s'agit pas de mon émetteur ?"
B'Elanna soupira. A ce moment, elle avait à s'occuper d'un nouveau-né et d'un coeur de distorsion malade. Elle n'avait pas besoin en plus d'un hologramme faisant un accès de tempérament artistique. Elle s'avança jusqu'au docteur.
"Faites-moi voir."
Elle s'approcha et examina l'émetteur, tandis que le docteur la regardait avec anxiété.
"Vous voyez quelque chose, Lieutenant ?"
En vérité, la réponse était non. Pas immédiatement, du moins. Certains contrôles étaient peut-être durs, mais elle ne croyait pas que ce soit la source du problème. Cependant, l'expérience lui avait appris que si le docteur ne montrait pas un minimum d'humour, il pesterait contre elle pour le restant de la journée. Et elle ne se sentait pas du tout d'humeur à rester assise à l'infirmerie à bricoler un défaut mineur dans le programme du docteur.
"Hum, et bien", improvisa-t-elle, "je pense que quelque chose a dû se détériorer dans le panneau de contrôle, mais je n'arrive pas à voir exactement quoi."
"Je le savais", dit le docteur victorieusement. "Alors vous pouvez le réparer ?"
"Bien sûr, que je le peux. Mais je dois vérifier les autres réparations et ensuite retourner voir Miral. Je ne vais pas pouvoir faire un diagnostic complet de vos programmes tout de suite."
Le docteur reprenait déjà son air inquiet.
"Ecoutez, docteur, si vous croyez pouvoir vous satisfaire des émetteurs de l'infirmerie, je prendrai l'émetteur portable avec moi et je le vérifierai en m'occupant de Miral. C'est ce que je peux faire de mieux pour le moment. J'ai peur que les réparations des systèmes primaires aient la priorité sur votre carrière de chanteur."
Pendant un instant, B'Elanna pensait que le docteur allait refuser, et qu'elle serait tranquille. Mais il finit par lui répondre.
"Et bien, je suppose que je vais devoir souffrir pour mon art. Ordinateur, transfert le programme de l'hologramme médical d'urgence aux émetteurs de l'infirmerie."
Il disparut brièvement et réapparut aussitôt. B'Elanna prit l'émetteur portable.
"Je vous le rapporte aussitôt que possible."
Comme elle partait, le docteur murmura dans son dos.
"Certaines personnes devraient penser à l'hologramme médical d'urgence comme à un système primaire."
Si B'Elanna avait entendu cela, elle n'en montra rien.
 
***
 
L'assistante du Capitaine savait qu'elle aurait probablement des problèmes. L'équipage était encore trop occupé pour faire attention à elle, ce qui lui avait permis de réussir à se défiler en se faufilant un peu partout dans le vaisseau durant toute la matinée, mais elle n'avait obtenu aucun résultat. Il fallait qu'elle agisse.
Ratty avait disparu.
Quand elle était retournée dans le hangar cargo numéro deux après avoir observé Icheb faire un balayage du nuage d'astéroïdes par les détecteurs et écouté ses interminables explications sur les spectres et les fréquences, la cage était ouverte et Ratty était parti.
Naomi avait cherché frénétiquement dans tout le hangar. Elle avait regardé dans tous les endroits auxquels elle avait pu penser, ou du moins ceux qu'elle pouvait atteindre facilement, et commençait à se demander comment elle pourrait escalader les plus hautes piles de caisses, quand Seven l'avait interrompu.
"Naomi Wildman, que fais-tu ici ?"
Naomi n'avait pas l'intention de raconter la disparition de Ratty, même à Seven. Après tout, sa mère et le Commandeur Chakotay lui avait dit tous deux de bien faire attention à ne pas le laisser s'échapper.
"Euh, je joue à cache-cache."
"Cache-cache." Seven leva un sourcil. "Je ne vois personne d'autre."
"Je joue avec... euh... Sally."
"Sally ?"
"Euh... c'est une amie imaginaire", répliqua Naomi tristement. Elle ne s'attendait pas à ce que Seven croie un traître mot de ce qu'elle racontait.
Seven réfléchit à cette réponse tandis que Naomi la regardait anxieusement. Elle avait entendu dire qu'il était courant que les enfants s'inventent des amis pour palier le manque d'un proche. Neelix manquait sans aucun doute à Naomi Wildman. C'était une bonne explication.
"Tu es supposée être en train d'étudier avec Icheb, n'est ce pas ?" dit-elle brutalement.
Naomi acquiesça, osant à peine croire à sa chance.
"Alors je te suggère d'aller le rejoindre."
Naomi s'enfuit du hangar cargo.
Au lieu de rechercher Icheb, elle fit tout de suite route vers le mess. Quand elle l'atteignit, Chell était en train de discuter avec quelques membres d'équipage que Naomi avait du mal à distinguer. Elle se demandait si Ratty avait réussi à trouver le chemin du sellier et s'il était en train de se gorger de racines de Leola. Tandis que Chell était distrait par sa conversation, Naomi y jeta un coup d'oeil furtif. Mais elle ne voyait absolument pas trace de son passage, ni traînée de racines de Leola, ni mystérieux petits trous de rongeurs dans les sacs.
"Bonjour, Naomi ! Que peut-on faire pour toi, aujourd'hui ?" résonna derrière elle la voix mielleuse de Chell, la faisant sursauter de culpabilité.
"Euh..."
"Un sandwich, peut-être ? Des pop-corn à la Prixin ? Ou encore un bagel à la bajorane ?"
"Non, euh..."
Chell lui lança un clin d'oeil complice et lui tapota l'épaule.
"Je sais ce que tu veux."
"Tu le sais ?" Naomi était nerveuse.
"Oh oui, je le sais. Ta mère me l'a dit ce matin et je l'ai ici."
Chell se pencha sous le comptoir de la cuisine et en tira un conteneur scellé.
"Des racines de Leola pour ton petit compagnon. On peut en dépenser autant qu'on veut, maintenant que nous avons réussi à refaire le plein de nos réserves de nourriture. Tu n'as qu'à garder ceci pour lui donner à grignoter. Il faut que nous nous débarrassions de ces racines."
Bégayant des remerciements, Naomi quitta le mess.
 
***
 
Désormais elle arpentait tristement les couloirs en direction de ses quartiers, reniflant et essayant de cacher ses larmes. L'assistante du Capitaine ne devait pas pleurer devant les membres d'équipage, se répétait-elle sévèrement tout en se mordant la lèvre inférieure. L'assistante du Capitaine était une professionnelle, tout le temps.
Elle ne trouvait trace de Ratty nulle part, et elle ne savait plus où chercher.
Il n'y avait personne dans ses quartiers quand elle y rentra. A ce moment de la journée, sa mère devait être au travail, et elle-même était sensée se trouver en compagnie d'Icheb. Mais Naomi ne se souciait pas de cela. Elle désirait juste que Ratty revienne.
Elle se coucha sur son lit, serra sa peluche préférée contre elle et commença à pleurer.
 
***
 
Pour tous, le premier quart ressemblait de l'extérieur à n'importe quelles autres des sept années précédentes. Catherine Janeway était à son poste dans le fauteuil du Capitaine, Chakotay dans celui du Premier Officier, tous les autres à leurs consoles. Aujourd'hui, cependant, il y avait un indéfinissable changement dans l'air. Ce n'était pas les confrontations ouvertes qui avaient entouré l'incident de l'Equinox, mais il y avait... quelque chose.
Pas tellement le spectre de quelque chose, d'ailleurs. Plutôt un manque. Des regards qui s'évitaient, des attitudes hésitantes. Ce genre de moment où l'équipage de la passerelle était parfaitement conscient qu'un membre de l'équipe savait exactement ce qu'un autre avait en tête, même si aucun d'eux n'en avait soufflé mot.
Cela s'était ressenti dès que Catherine Janeway avait pénétré sur la passerelle. Elle les avait gratifiés d'un 'bonjour' d'une voix plutôt monotone, et puis avait disparu dans son bureau les bras chargés de tablettes. Cela ne surprenait plus personne, et c'était devenu une habitude quotidienne, ces derniers jours. Ce qui les avait surpris, c'était sa réapparition, sans les tablettes, pour aller prendre position dans le fauteuil de Capitaine.
"Merci, Commandeur", avait-elle dit calmement, quand Chakotay s'était levé pour reprendre son fauteuil normal. Pour faire en sorte que cela fonctionne.
Il n'avait pas répondu, mais avait incliné la tête brièvement dans sa direction.
Depuis, le quart s'était déroulé sans incident, les données d'Astrométrie succédant tour à tour aux rapports en provenance de l'ingénierie sur l'état des réparations.
C'est un rapport du laboratoire d'Astrométrie qui fit qu'Harry Kim cassa le silence pesant de la passerelle.
"Capitaine, nous avons maintenant les résultats du scan du nuage d'astéroïdes par le labo d'Astrométrie. Il semble y avoir des concentrations élevées d'un certain nombre de minéraux, particulièrement des polyferranides."
Catherine réalisa qu'elle avait laissé son esprit partir à la dérive, et se força à prêter attention à ce qu'il venait de dire.
"Des signes de vie ?"
"Négatif. Le balayage des senseurs indique que cette région est inhabitée. Aucun signe de vie, de vaisseau ou de qui que ce soit pouvant réclamer le droit de propriété sur cet espace."
Cela pouvait être le bon moment pour faire la paix, pensa-t-elle. Ou au moins présenter le drapeau blanc. Une étape à la fois.
"Votre opinion, Commandeur ?"
Chakotay réfléchit.
"Depuis que nous avons laissé les Sernaix derrière nous, il n'y a eu aucun signe de qui que ce soit dans les parages, hostile ou non. Je pense que ce serait une bonne idée d'aller y regarder de plus près. Nous pourrions demander les avis de B'Elanna et de Seven pour savoir si cela vaut la peine de lancer une expédition de ravitaillement."
Il n'y avait aucune inflexion discernable dans sa voix lorsqu'il mentionna le nom de Seven. Catherine se demandait distraitement pourquoi elle avait cherché à en discerner une.
"Je suis d'accord, Commandeur." Elle appuya sur son communicateur. "Passerelle à Seven of Nine."
"Ici Seven of Nine", eut-elle en réponse.
"Seven, pouvez-vous venir jusqu'ici avec les rapports sur le nuage d'astéroïdes, s'il vous plait. Et j'aimerais avoir votre opinion sur l'utilité ou non d'essayer de récolter quelques minéraux."
"J'arrive." La communication se coupa.
"Bien. Tout ce qui nous reste à faire maintenant est d'arracher le Lieutenant Torres à sa fille, pour regarder ces rapports." Catherine tenta un petit sourire. Ce n'était pas vraiment une bonne blague, mais c'était ce qu'elle pouvait faire de mieux pour le moment.
 
***
 
Assise à son bureau dans ses quartiers, B'Elanna Torres reposa l'instrument diagnostiqueur qu'elle utilisait, et observa l'émetteur portable du docteur, comme si c'était la cause de tous ses problèmes.
"Je me chargerai bien de lui casser sa tessatura", murmura-t-elle pour elle-même.
Comme elle l'avait suspecté, il n'y avait aucun problème dans son émetteur. Le problème détecté dans sa précieuse voix était très certainement un défaut dans l'un de ses sous-programmes vocaux. Vu les dommages qu'avait subit le vaisseau, tout d'abord dans les tunnels de trans-distorsion, puis à cause de la mine subspatiale et enfin contre les Sernaix, il pouvait se considérer comme ayant de la chance que ce qui lui soit arrivé de pire était juste d'avoir un couac dans la voix.
Elle prêta attention aux sons qui provenaient des mouvements de son bébé, mais elle n'entendait rien d'anormal. Elle se demandait si elle pourrait emmener Miral jusqu'à l'infirmerie pour y rapporter l'émetteur, et se débarrasser du docteur pour l'instant. Elle pourrait peut-être aussi faire un saut à l'ingénierie tant qu'elle dormait. Vorik n'arrêtait pas de la rassurer que tout y progressait correctement, mais elle aurait bien aimé voir cela par elle-même.
Le communicateur émit un signal d'appel. "Passerelle au Lieutenant Torres."
La voix du Capitaine. B'Elanna était un peu surprise. Elle avait eu l'habitude de ne parler qu'à Chakotay pour la progression des réparations, récemment.
"Ici Torres", répondit-elle.
"Lieutenant, nous avons détecté un nuage d'astéroïdes qui ne semble appartenir à personne et pourrait contenir des dépôts de minéraux utiles."
Une lumière clignotante près de B'Elanna indiquait que les données du labo d'Astrométrie étaient en cours de téléchargement vers son terminal personnel. Elle posa l'émetteur portable sur le bord de son bureau et étudia les informations.
"Euh", dit-elle pensivement. "Des polyferranides. Cela nous aiderait à réparer le coeur du réacteur de distorsion. Et rien n'empêche que beaucoup d'autres minéraux ne nous soient très utiles aussi."
"Pouvons-nous nous permettre d'utiliser nos ressources actuelles pour aller les chercher ?" Et bien, elle espérait surtout que cela ne lui retirerait pas de personnel. Il y avait encore tant à réparer. D'un autre côté, sept années dans le quadrant delta lui avaient appris certaines choses...
"Je ne vous mentirai pas, Capitaine, ce genre d'expédition nous coûterait beaucoup en ce moment. Mais honnêtement, si nous ne savons pas où nous sommes ou combien de temps nous allons probablement y rester, je dirais que le bon sens nous demanderait de stocker tout ce que nous pouvons quand nous le pouvons. Et des polyferranides nous seront définitivement utiles."
"Quelque part, je pensais que vous diriez cela, Lieutenant. Merci pour vos informations. Passerelle terminé."
Alors que la communication prenait fin, B'Elanna entendit un faible son provenant de la pièce voisine. Le genre de son qui signifiait que Miral était réveillée, et qu'elle réclamerait très bientôt toute l'attention de sa mère.
"Oh, chérie", soupira B'Elanna pour elle-même, "n'aurais-tu pas pu patienter juste un peu plus longtemps ?"
En réponse, elle eut droit à des pleurs à pleins poumons.
"Je n'en ai pas l'impression."
B'Elanna se leva pour aller voir sa fille. Ce faisant, elle effleura le bord du bureau, faisant glisser l'émetteur portable du docteur. Quel que soit le bruit qu'il fît en tombant, ce fut noyé dans les gémissements insistants de Miral.
Quand elle revint dans la pièce principale, ayant nourri, changé, bercé et calmé Miral, il n'y avait plus trace de l'émetteur nulle part.
 
***
 
Sam Wildman retourna dans ses quartiers à la fin de son service, avec quelques questions à poser à sa fille, par exemple pourquoi Naomi avait apparemment séché les cours. Elle la trouva recroquevillée sur son lit, reniflant encore dans un Flotter tout humide.
"Naomi, chérie, qu'est ce qui ne va pas ? Tu ne te sens pas bien ?"
Naomi renifla de plus bel. Sam s'assit à côté d'elle et commença à lui masser les épaules.
"Est-ce que tu es malade, chérie ? Tu veux que j'appelle le docteur ?"
Naomi se contenta de secouer la tête, son visage toujours enfoui dans Flotter.
"Alors, qu'est ce qu'il y a ? Icheb m'a dit que tu ne l'avais pas rejoint pour la classe aujourd'hui. C'est lui qui te pose problème ? Tu ne t'entends plus bien avec Icheb ?"
La petite fille ne regardait toujours pas sa mère.
"Chérie, je veux t'aider, mais je ne peux rien faire si tu ne me dis pas ce qui ne va pas."
Naomi recommença à pleurer sur Flotter.
"J'ai une idée. Pourquoi ne te donnerais-je pas un milk-shake au chocolat, peut-être que cela t'aidera."
Il n'y eut pas de réponse. Sam lui donna une petite tape et partit dans la pièce principale pour aller répliquer la boisson. Elle passa sa commande à l'ordinateur et retira sa veste d'uniforme. Elle alla la jeter sur son lit, et comme elle était sur le point de ressortir de sa chambre, elle remarqua que des choses sur sa coiffeuse avaient été éparpillées un peu partout.
Toujours pas de réponse. Sam soupira et commença à tout ranger.
"Mon coeur, tu sais que je n'aime pas que tu touches à mes affaires", poursuivit-elle, tout en ramassant ses épingles à cheveux pour les rattacher ensemble. Elle s'arrêta tout d'un coup. Sam gardait sur sa coiffeuse un coquillage coloré et brillant, ressemblant plutôt à un grand ormeau. Naomi l'avait trouvé environ deux ans plus tôt, sur un rivage désert d'une des rares planètes du quadrant delta où les indigènes n'avaient pas essayer de les tuer.
Neelix s'était proposé de nommer Naomi "ratisseuse de plage". Sam souriait à ce souvenir. Elle aurait vraiment dû faire attention ce jour-là. Les plages de cette planète étaient recouvertes de ces coquillages, et Naomi avait voulu en rapporter des sacs entiers. Ils avaient fini par aboutir les négociations à seulement un exemplaire. Sam l'avait sur sa coiffeuse, et l'utilisait pour contenir les quelques bijoux qu'elle possédait.
L'une de ces pièces était un médaillon d'argent. Il n'était quasiment pas décoré, mais montrait une photo de Naomi bébé, une photo de Greskrendtregk, le père de Naomi, ainsi qu'une petite mèche de cheveux de Naomi bébé. C'était un objet de style ancien, et Greskrendtregk l'avait taquinée lorsqu'il le lui avait acheté, mais les médaillons étaient une tradition dans la famille de Sam depuis aussi longtemps qu'elle pouvait se souvenir. Elle lui avait répliqué qu'elle y mettrait une photo de leur premier enfant. Bien sûr, elle pensait à l'époque qu'il serait là pour assister à l'événement.
Mais maintenant, l'objet n'était plus là.
"Naomi, chérie, as-tu joué avec mon médaillon d'argent ? Celui avec la photo de papa dedans ?"
"Non."
"Tu es sûre, mon coeur, car ce n'est plus dans le coquillage où j'avais l'habitude de le garder."
"Non."
"Ecoute, chérie, je ne vais pas me mettre en colère contre toi, mais il faut que je sache où il est. Est ce que tu es restée jouer ici, aujourd'hui ?"
"Non."
"Alors qu'as tu fait, aujourd'hui, si tu n'as ni passé de temps avec Icheb ni joué dans ma chambre ?" Sam commençait à sentir la colère monter en elle.
Naomi leva la tête pour la regarder.
"Je suis allée au hangar cargo deux, j'y ai vu Seven et je suis allée au mess où j'ai vu Chell, et ensuite je suis rentrée ici."
"Et pour quelle raison n'es-tu pas allée voir Icheb ?"
Naomi réfléchissait.
"Parce que j'avais mal au ventre."
"Bien, alors nous allons aller voir de docteur."
"Mais ça va mieux maintenant."
Sam lui adressa un regard suspicieux.
"Alors, tu n'es pas venue dans ma chambre ?" Naomi secoua la tête. "Bien, dans ce cas, je crois qu'il vaut mieux que j'appelle le Commandeur Tuvok pour lui rapporter qu'il y a eu un vol ici."
 
***
 
Quinze minutes plus tard, le sombre Vulcain était assis dans les quartiers des Wildman. Il ne montra aucune réaction lorsque Sam lui parla du médaillon manquant.
"Je regrette d'avoir à vous annoncer que ce n'est pas le premier incident de ce genre porté à mon attention récemment. Un certain nombre de membres d'équipage ont rapporté des vols similaires."
"Je ne comprends vraiment pas pourquoi quelqu'un l'aurait pris, Commandeur. Ca n'a aucune valeur, je veux dire pour quelqu'un d'autre que moi, bien sûr, c'est seulement sentimental. Le père de Naomi me l'avait donné. Ca a été le dernier cadeau qu'il m'ait fait avant que le Voyager ne quitte DS9."
"Je suis incapable de répondre à votre question, Enseigne. Cependant, j'aimerais poser quelques questions à votre fille Naomi."
"Naomi ? Pourquoi ? Elle n'a rien à voir avec cela."
"Peut-être pas, mais il y a quand même quelques points que j'aimerais éclaircir."
Sam se sentait vraiment mal à l'aise, mais ne voyait pas comment elle pourrait refuser la requête de Tuvok.
"Et bien, d'accord. Naomi, chérie, peux-tu venir, s'il te plait ?"
Naomi avait écouté la conversation derrière la porte de sa chambre. Quand elle fut appelée, elle entra furtivement et alla se blottir contre sa mère. Elle regarda Tuvok l'air inquiet. Il était encore plus effrayant de près. Il lui retourna son regard l'air impassible.
"Naomi Wildman, où vous trouviez-vous aujourd'hui ?"
Sam la serra dans ses bras pour la rassurer.
"C'est bon, chérie. Tu peux le lui dire."
Naomi expliqua à Tuvok avec hésitation où elle était allée. Elle s'arrêta et baissa la tête lorsqu'il lui demanda pourquoi elle recherchait quelque chose dans le hangar cargo deux.
"Mademoiselle Wildman, êtes-vous consciente qu'un certain nombre d'objets ont disparu des quartiers de membres d'équipage ?"
Sam l'interrompit l'air indigné.
"Attendez une minute. Qu'est ce que vous êtes en train de suggérer ? Ma fille n'est ni une menteuse ni une voleuse ! Monsieur," ajouta-t-elle tardivement.
Tuvok ne réagit pas. Il continua doucement. "Des choses ont disparu, et Mademoiselle Wildman a été vue en des endroits où elle n'était pas sensée se trouver. Je recherche simplement une explication."
Naomi avait recommencé à pleurer. Sam la tenait plus fort contre elle.
"C'est Ratty", renifla-t-elle brusquement.
"Ratty ?" demanda Sam.
"Il s'est enfui. Je revenais du laboratoire d'Astrométrie vers le hangar cargo deux, et sa cage était ouverte, et il n'était plus là, et j'ai essayé de le retrouver, et je n'ai rien pris du tout, honnêtement, Commandeur, sauf des racines de Leola et c'est Chell qui me les a données."
Sam tentait de calmer Naomi, et en même temps de ne pas fustiger du regard un officier supérieur.
Tuvok, cependant, ne semblait pas avoir remarqué quoi que ce soit. Il se leva pour partir.
"Merci pour votre coopération, mademoiselle Wildman. Ce sera tout." Il se dirigea vers la porte, puis s'arrêta pour ajouter.
"Cependant, je vous suggère d'essayer de re-capturer... Ratty... dès que possible."
 
***
 
L'équipe de commande s'était une fois de plus rassemblée dans la salle de réunion, à l'exception de B'Elanna, qui s'occupait de Miral tant qu'il n'y avait pas de crise.
Tom Paris était présent, malgré son droit à un congé de paternité. Il adorait sa petite fille, et pensait qu'elle était la plus belle chose qu'il ait jamais vue. Cependant, il n'avait pas anticipé le fait qu'une grande partie de l'équipage voudrait également s'agiter et roucouler sur son berceau. Il commençait à trouver un peu effrayant le fait que d'autres personnes intelligentes parlent à Miral avec des inepties sans aucun sens. Finalement, B'Elanna l'avait sommairement expédié dehors dans le calme relatif de la passerelle, en lui disant que cela lui ferait du bien d'aller 'jouer les pilotes' pour quelques temps.
Catherine était assise à la tête de table. L'observant à la dérobée, Chakotay nota qu'elle n'avait pas arpenté la pièce avec son énergie habituelle, mais au moins prenait-elle part à la réunion. Un air de prudence imprégnait cependant encore la pièce. Même Tom semblait avoir abandonné ses habituels apartés.
Seven terminait son exposé sur les données des senseurs d'astrométrie concernant le nuage d'astéroïdes. L'exposé complet s'était révélé aussi prometteur que le bref résumé d'Harry avait laissé paraître. Il y avait de grandes quantités de minéraux utiles, et pas de raisons apparentes de penser qu'ils seraient difficiles à extraire.
Chakotay n'avait pas recherché le regard de Seven durant son rapport, pas plus qu'elle-même. Il fixait son regard sur un point juste au-delà de son épaule, tandis qu'elle concluait par quelques recommandations.
"Je suis d'accord avec l'évaluation du Lieutenant Torres. Vu notre présente incertitude sur notre position, une expédition minière semble représenter une utilisation efficace des ressources du vaisseau."
"Bien, alors cela semble être décidé. Nous allons à nouveau extraire des minéraux." Catherine regarda l'ex-drone. "Je pense qu'une équipe de deux personnes devrait être suffisante. Seven, cette fois, j'aimerais que vous y alliez, et emmenez avec vous..."
Seven l'interrompit avant qu'elle ait eu le temps de nommer un autre membre pour l'équipe d'exploration.
"Capitaine, puis-je faire une suggestion ?"
Chakotay jeta un coup d'oeil involontaire à Catherine, se souvenant comment elle avait recueilli sa dernière tentative pour faire une suggestion. Ils eurent un bref regard l'un envers l'autre, lui montrant qu'elle avait noté sa réaction. Il se maudit intérieurement, et reporta rapidement son attention sur autre chose.
Cependant, elle répondit simplement "Poursuivez, Seven."
"L'analyse du nuage d'astéroïdes a été principalement effectuée par Icheb. Ce sera une mission extrêmement simple. Je suggèrerai qu'il fasse partie de l'équipe d'exploration. Il serait beaucoup plus profitable que je poursuive mon travail au laboratoire d'astrométrie, et cette mission serait une expérience très profitable pour Icheb."
"Une mission extrêmement simple ?" demanda Catherine.
"Depuis quand avons-nous des missions comme cela en option ? murmura Tom dans sa barbe.
La première remarque amusante de Tom. Chakotay se demandait si c'était bon signe.
"En effet", répliqua Seven, ignorant le pilote. "L'extraction des minéraux pourra être faite par technique de pulvérisation avec téléportation sélective en fonction de la signature spectrale de chaque type de minéral. La navette n'aura même pas besoin de se poser."
Catherine réfléchit à la proposition, puis se retourna vers Chakotay.
"Dans ce cas, Commandeur, je suggère que vous preniez le Delta Flyer avec Icheb. J'ai pris connaissance des profils de l'équipage du Pléiades. Prenez le pilote et un ingénieur avec vous, et laissez-les se familiariser avec les systèmes du Flyer. Ce sera une bonne mission d'entraînement."
"Oui, Capitaine", répondit Chakotay d'un ton neutre. Il n'était pas complètement sûr de savoir comment prendre cette affectation. Cela signifiait-il qu'elle lui faisait assez confiance pour l'envoyer en mission avec une équipe de novices, ou bien qu'elle avait juste assez confiance pour lui confier les tâches les plus simples.
"Avez-vous des suggestions sur quels membres du Pléiades prendre ?" demanda-t-il prudemment.
"Non, du moment qu'ils sont compétents, je vous laisse le choix, Commandeur."
Il acquiesça, notant au passage que Tom était resté absolument silencieux à la remarque de Seven sur le fait que la navette n'aurait même pas à atterrir. En temps normal, il n'aurait jamais laissé passé une telle occasion de se moquer gentiment des capacités de pilote de Chakotay. Il se rendait compte qu'il en était à un point où l'absence de blagues de Tom à ses dépens l'inquiétait.
Catherine, pendant ce temps, poursuivait.
"Et bien si nous savons tous ce que nous avons à faire, mettons-nous au travail."
Il y eut alors un mouvement général des officiers vers les portes de la salle de réunion. Alors que Chakotay sortait, il sentit une main toucher son bras. Il se tourna et vit Tuvok derrière lui.
"Commandeur", commença le Vulcain, "pourrais-je vous parler d'une affaire personnelle ?"
"Bien sûr."
Les deux hommes quittèrent la salle de réunion ensemble, et traversèrent en silence la passerelle en direction de l'ascenseur.
Une fois à l'intérieur, Chakotay fut le premier à prendre la parole.
"Que puis-je faire pour vous, Tuvok ?"
"Une affaire de sécurité a été portée à mon attention. Du genre qui mérite que vous soyez informé."
"Continuez."
Tuvok raconta toute l'affaire des vols à Chakotay. Ce dernier se passa la main dans les cheveux.
"Des petits larcins. Cela n'avait jamais été un problème à bord de ce vaisseau, durant ces sept dernières années."
"Précisément. Il ne semble y avoir aucun point commun ni motivation entre ces infractions. Aucun des objets volés n'a de valeur intrinsèque, ce sont des bijoux de fantaisie, des cuillères à thé, un peigne à cheveux métallique. Certains ont une valeur sentimentale, d'autres non. Certains ont été volés chez d'anciens maquisards, d'autres chez des officiers de Starfleet. La seule connexion semble être que tous ces objets sont en métal.
"En métal ?" C'était plutôt courant sur un vaisseau.
"Et revêtent un certain lustré."
"Vous voulez dire qu'ils brillent."
"Oui."
"Beaucoup de choses sont faites en métal brillant, Tuvok. Et si vous voulez une cuillère à thé, pourquoi ne pas juste la répliquer ? Quel intérêt d'en voler une ?" "Excepté si... non, ça ne pourrait pas être...", commença-t-il, presque hésitant.
"Ca ressemble à un acte d'enfantillage...?"
"Si vous pensez à Naomi Wildman, je lui ai déjà parlé."
Content que Tuvok se soit chargé de vérifier cette possibilité, pensa Chakotay reconnaissant.
"Il semble peu probable que mademoiselle Wildman soit impliquée. Pourtant, vous devez savoir que... Ratty... a disparu."
Chakotay gémit. "Pas déjà ? Je pensais bien qu'il finirait par s'échapper. J'espérais au moins avoir une grâce d'une semaine."
"Vos espoirs semblent devoir être déçus, semble-t-il, Commandeur."
Chakotay leva les yeux au plafond de l'ascenseur, comme si les réponses à tous ses problèmes pouvaient s'y trouver. Pas en sept ans, réfléchissait-il, et pas plus maintenant.
"Les vols semblent inexplicables."
Chakotay soupira. Tuvok n'utilisait pas le mot 'inexplicable' à la légère. Ni dans les situations heureuses. Une infraction inexplicable était l'équivalent Vulcain de la torture chinoise de l'eau.
"Continuez d'enquêter. Dans ces circonstances, je ne vois pas quoi faire d'autre."
Il y eut un silence, puis Tuvok ajouta discrètement "Je n'ai pas encore informé le Capitaine de la situation."
Chakotay soupira à nouveau. "N'en faites rien pour l'instant, Tuvok. Je pense qu'elle a assez à s'inquiéter pour le moment. Attendons d'avoir quelque chose de concret à lui montrer."
Le Vulcain acquiesça en signe d'accord. Le silence régnait à nouveau. L'ascenseur arriva à destination et tous deux sortirent.
"Je suppose que je ferais mieux de trouver Icheb ainsi que deux personnes du Pléiades, et préparer cette mission d'exploration." On distinguait distinctement de l'énervement dans la voix de Chakotay.
Tuvok s'arrêta et le regarda, comme s'il avait pris une décision. Il finit par s'exprimer.
"Commandeur, il est clair qu'il y a quelques..." Il choisissait ses mots avec précaution, "difficultés entre vous et le Capitaine en ce moment."
Chakotay ne répondit rien, et attendit que Tuvok poursuive."
"Elle se sent responsable de notre mauvaise situation actuelle. Elle s'isole de l'équipage. Et vous sentez qu'une fois de plus, elle retire la confiance qu'elle avait en vous à un moment critique. Au moment où le commandement a le plus besoin d'union, elle présente publiquement ses doutes envers vous."
Chakotay réfléchit. Ce n'était pas une analyse réjouissante, mais dérangeante et très proche de la vérité.
"Je sais ce que vous allez dire, Tuvok." Le Vulcain leva un sourcil. "Nous avons déjà traversé des épreuves semblables auparavant, mais nous avons toujours su faire abstraction de nos différences, et le vaisseau a continué de fonctionner."
"Ce n'est pas une situation inhabituelle", accorda le Vulcain.
"Cette fois, c'est différent. On se croirait revenu au premier jour, avec le Capitaine me surveillant pour voir si je ne vais pas lui voler le commandement derrière son dos. Sauf qu'à cette époque, nous n'avions aucune expérience commune. Maintenant que nous en avons, je ne pense pas pouvoir occuper correctement le poste de Premier Officier. Pas si elle persiste à remettre en doute chacun de mes ordres. Il serait peut-être mieux pour moi, et pour le vaisseau, que je démissionne et que je vous laisse prendre ma place. Au moins, elle vous fait confiance."
Tuvok le regarda, impassible.
"En supposant qu'il nous faille un certain temps pour trouver une solution à notre situation actuelle, les membres d'équipage du Pléiades doivent se familiariser avec les systèmes du vaisseau. Même s'ils ont de précédentes expériences sur des vaisseaux de classe Intrépide, le Voyager a été fortement modifié. Icheb aussi doit acquérir de l'expérience. Il est logique d'utiliser ce genre de mission d'exploration à des fins d'entraînement, et cela suppose donc qu'un officier très expérimenté commande la mission."
"En d'autres termes, vous pensez que je deviens paranoïaque."
"Le Capitaine a passé sept ans à se concentrer sur notre retour sur Terre. Elle était prête à y passer soixante-dix ans. Juste quand elle était à deux doigts de parvenir à son but, elle se l'est vu retiré. Elle a besoin de temps pour s'ajuster à la situation."
"Je sais, mais l'équipage a besoin d'elle."
"Comme ils ont besoin de vous, Commandeur."
Chakotay cligna clairement des yeux à cette affirmation.
"Votre position en tant que liaison entre le Capitaine et l'équipage, ainsi que porte-parole du Maquis, a été essentielle pour le fonctionnement correct de ce vaisseau. Si l'équipage a été déstabilisé par l'isolement du Capitaine, la démission du Premier Officier ne ferait rien pour les rassurer."
Chakotay ne savait pas quoi lui répondre.
Tuvok continua. "Vous devriez aussi garder à l'esprit que vous-même avez besoin de faire le point sur notre situation. Prenez le temps de réfléchir à chacune des décisions que vous voudriez prendre."
Chakotay se laissa imprégner du discours de Tuvok. Sans aucun doute, il avait touché un point sensible. Un point qu'il aurait dû voir lui-même, peut-être. Il sourit, pour la première fois de la journée.
"Avez-vous jamais pensé à postuler pour le poste de conseiller du vaisseau, Tuvok ?"
Il aurait juré que Tuvok lui avait lancé un regard noir, si les Vulcains étaient jamais capables de ce genre de chose.
"Ne vous inquiétez pas, Tuvok, je ne suis pas prêt de démissionner. Pas cette semaine, en tout cas. Oh, et Tuvok, gardons cette histoire de disparition de Ratty entre nous deux pour le moment."
Le Vulcain acquiesça simplement, et s'en alla.
 
***
 

Le Docteur bricolait autour du Hirogène holographique, prenant des notes et fredonnant en lui-même. Depuis qu'il était confiné dans l'infirmerie tandis que B'Elanna réparait son émetteur, il n'avait pas grand-chose à faire. Il avait simplement complété un exposé complet de la physiologie des Hirogènes, ce qui ferait selon lui un excellent papier pour le département médical de Starfleet. Ou plutôt un autre papier intéressant, devrait-il dire. Celui-ci était le quarante huitième.
Ayant fini ses observations, il supprima le Hirogène et appuya sur la console pour afficher un fichier intitulé 'Attitudes de chevet, les relations docteur-patient à travers les âges'. Son étude de novice sur la psychologie, et sa création personnelle du moment. Le numéro quarante-neuf sur sa liste de papiers intéressants, pensa-t-il pour lui-même.
"Ordinateur", dit-il. Ouvre le fichier 'Attitudes de chevet'."
"Fichier ouvert", répondit docilement l'ordinateur.
Le Docteur commença à dicter.
"La composante la plus importante dans un programme de traitement est la qualité de la relation avec le patient. Afin de construire une bonne relation, le praticien doit être capable de sentir les émotions de son patient. Dans la pratique actuelle d'une médecine multi-espèces, son aptitude dans ce domaine est souvent poussée jusqu'aux limites."
Il fit une pause. C'était la partie dans laquelle il allait enregistrer son unique aperçu d'une expérience humaine, acquise lorsque son programme avait été transféré dans Seven of Nine. Il allait décrire ses sensations lorsqu'il mangeait, buvait ou était agressé par des Capitaines extra-terrestres... En y repensant, il ne mentionnerait peut-être pas cette dernière partie.
Il s'assit à son bureau, méditant. Que se passerait-il si l'expérience pouvait être répétée ? Il avait déjà les données de Seven of Nine. Il serait peut-être possible de faire le transfert avec une autre espèce. Le seul autre membre d'équipage qui était équipé pour permettre un tel transfert était Icheb. Le Docteur envisagea la possibilité. Mais malgré son immense désir de s'identifier à ses patients, il n'était pas certain de vouloir pousser l'expérience jusqu'à voir le monde par les yeux d'un adolescent.
Ce qui laissait les émetteurs holographiques. Non pas que cela lui permettrait de devenir quelqu'un d'une autre espèce. Mais il pourrait voir à quel point les perceptions de l'équipage seraient affectées face à des incarnations de docteur de différentes races. Des informations de grande valeur pour son papier.
Il poussa son raisonnement plus loin. L'idée était de déterminer comment inspirer confiance au patient. Un Vulcain inspirait naturellement confiance. Un Bétazoïde, c'était trop facile. Un Ferengi ? Le Docteur réfléchit pendant un moment, puis décida que c'était trop difficile. Même les Ferengis ne se faisaient pas confiance entre eux. Un Klingon. Là, c'était une bonne idée. Est-ce que ses capacités de Docteur pourraient supplanter l'idée communément admise que les Klingons étaient tous alcooliques, violents et illogiques au possible ?
Plus il y pensait, plus il aimait cette idée. Klingon, c'était bien. Tout ce dont il avait besoin, c'était d'ajuster la matrice holographique aux paramètres corrects. Il appela les modèles de Klingon dans la base de données de l'infirmerie. Après avoir soigneusement examiné ce qui irait le mieux à son expérience ainsi qu'à son propre style, il sélectionna un guerrier à l'aspect redoutable, dans une armure de combat complète, complétée d'un menaçant bat'leth.
Il fit plusieurs fois le tour de l'image holographique, juste pour vérifier, puis commanda à l'ordinateur d'ajuster sa matrice aux paramètres de l'image.
"Paramètres ajustés", rapporta l'ordinateur.
Il lâcha précipitamment son bat'leth, manquant de peu son pied. Cet objet était plus lourd qu'il n'y paraissait, pensa-t-il.
Il supprima l'image du Klingon. Il se sentait toujours lui-même, mais un rapide coup d'oeil vers le bas suffisait à voir qu'il avait le physique et l'apparence d'un guerrier Klingon. Il se tourna vers le miroir pour observer l'effet global. L'image le fit sursauter, et il rit nerveusement en réalisant qu'il s'était fait peur à lui-même.
Le son qu'il émit était un rire Klingon rauque. Le Docteur aimait plutôt cela. Il rit encore, plus fort cette fois. Le son était encore plus strident, maintenant. Il se demandait ce que cela faisait de pousser un rugissement de guerre. Se sentant peu en confiance, il poussa un petit rugissement. Il recommença, mais plus fort. Le reflet dans le miroir avait vraiment l'air intimidant.
Content de lui, le Docteur reprit le bat'leth, et le fit tournoyer de manière experte plusieurs fois. Vraiment, cela n'avait pas l'air très compliqué. Tout à fait amusé, maintenant, il faisait tourner le bat'leth devant le miroir en poussant de puissants rugissements.
Cela promettait d'être une expérience des plus intéressantes.
 
***
 
"Delta Flyer parti", rapporta Tom depuis les commandes.
"Passerelle, ici le Delta Flyer", fit la voix de Chakotay par le système de communication. "Lancement confirmé et cap mis sur le nuage d'astéroïdes."
"Bien reçu, Delta Flyer", répondit le Capitaine. Il y eut une très courte pause, puis elle ajouta "faites bon voyage, Commandeur."
Une autre légère hésitation, puis Chakotay répondit. "Nous ferons de notre mieux. Delta Flyer terminé."
Cela ressemblait fort peu aux plaisanteries que l'équipage de la passerelle avait eu l'habitude d'entendre, mais au moins c'était une conversation. A peu près. Faire en sorte que cela fonctionne. Une chose à la fois.
Si l'équipage avait cru que l'absence de Chakotay améliorerait l'humeur sur la passerelle, ils allaient être déçus.
A chaque fois que Tom jetait un oeil par-dessus son épaule, Catherine était en train de rêvasser en regardant la console qui était devant elle, ou encore l'écran principal. L'atmosphère, même si elle n'était pas tendue, ne favorisait pas les discussions légères habituelles.
Les rapports de l'équipe d'exploration interrompaient désormais ceux familiers de l'ingénierie et du labo d'Astrométrie. Pour la plupart, ils venaient de Chakotay, rapportant les progrès sans incident sur un ton amical mais neutre. Catherine répondait sur le même ton.
Une fois, un message arriva sur un ton nerveux, d'une voix non familière, et fut coupé en plein milieu. Visiblement, le pilote du Pléiades avait quelques difficultés avec le système de communications du Delta Flyer. Tom sourit en lui-même, et jeta un oeil par-dessus son épaule pour faire une blague. Il se retint quand il vit la tête du Capitaine.
Il se retourna vers les commandes, puis l'entendit annoncer "Vous avez la passerelle, Monsieur Tuvok. Je serai dans mon bureau si vous avez besoin de moi."
Tom ne fit pas vraiment attention à la réponse du Vulcain, se concentrant sur le cap pour... quelle que soit leur direction, pensa-t-il désabusé. L'ordinateur effectuait des corrections infinitésimales pour maintenir leur cap. Tom était lui-même la plupart du temps en pilote automatique, gardant juste un oeil sur sa console.
Il s'inquiétait beaucoup des soupirs du Capitaine. Elle avait l'air... pas exactement malade, mais fatiguée, et comme vaincue. Bien qu'elle soit parvenue à rester sur la passerelle pendant presque toute la durée de son service, ce qui était sans doute une amélioration, elle avait toujours l'air de quelqu'un qui avait trop peu dormi et trop de choses auxquelles penser.
Elle ne paraissait pas non plus parler beaucoup à Chakotay. Bien sûr, elle ne l'ignorait pas, ce qui aurait été difficilement faisable sur un vaisseau de cette taille. Elle lui parlait, mais ne communiquait pas avec lui. Tom se pencha sur la console, puis fixa l'écran principal lui-même. Ce n'était pas la première fois qu'ils rencontraient quelque chose comme ça. Il se souvenait du Vide comme tout le monde. Il fallait absolument que quelque chose se passe avant qu'ils ne se retrouvent dans une situation similaire.
Il se demandait s'il devrait en parler au Docteur, bien qu'il imaginât très bien la réaction du Capitaine si elle pensait qu'il avait agi derrière son dos de cette manière. La seule alternative était de mettre sa casquette de médecin et de lui parler en personne. Elle lui avait toujours laissé une grande liberté d'action par le passé. S'il l'approchait directement, peut-être finirait-il par se faire réprimander, mais au moins aurait-il essayé.
Il se retourna sur son siège.
"Tuvok, il ne se passe pas grand-chose aux commandes pour l'instant. Il y a quelque chose dont je voudrais m'entretenir avec le Capitaine. Permission de quitter la passerelle."
Tuvok avait l'air moqueur, mais ne lui posa pas plus de question.
"Très bien, Monsieur Paris. Permission accordée."
Tom marcha jusqu'aux portes du bureau du Capitaine avec une certaine appréhension. Le Capitaine avait été plutôt imprédictible ces derniers temps. Il n'était pas du tout certain de l'accueil qu'il recevrait.
 
***
 
Catherine était assise à son bureau, regardant les tablettes qui semblaient s'être mystérieusement multipliées depuis qu'elle avait laissé la pile un peu plus tôt. D'où venaient-elles toutes, se demandait-elle ? Est ce que Tuvok en avait rajouté subrepticement pendant qu'elle regardait ailleurs ?
Elle était juste en train de se demander par où commencer quand la sonnerie de la porte se fit entendre. Elle ne savait pas trop si cette interruption était un ennui ou une bénédiction.
"Entrez", répondit-elle.
Tom Paris entra. Cela ne résolvait pas le problème ennui-bénédiction, se dit-elle. Tom Paris pouvait représenter aussi bien l'un ou l'autre des deux aspects. Il avança jusque devant son bureau.
"Que puis-je faire pour vous, Monsieur Paris ?" demanda-t-elle.
Il la regarda, plus attentivement qu'il ne l'avait fait durant les précédentes réunions. Elle était assise à son bureau, droite et prête, l'attention et la résolution que l'on attendait d'un Capitaine de Starfleet. Mais elle avait l'air fatiguée. La lueur dans ses yeux n'était pas là, cette impression de défi qui indiquait qu'elle attendait exactement qu'il lui annonce l'un de ses plans tirés par les cheveux qui lui ruinerait sa journée. Il prit une grande inspiration.
"D'accord, Capitaine, vous n'avez probablement aucune envie que je vous parle de cela. Je sais que vous n'avez pas l'habitude de ..."
"Alors pourquoi ne faites-vous pas un peu d'humour, Monsieur Paris, et n'en venez-vous pas directement au fait ?" répliqua-t-elle, essayait de retrouver le ton qu'elle utilisait toujours avec lui.
"Je me demandais depuis combien de temps vous n'aviez pas eu de bilan médical."
"Un bilan médical ?" Quoi qu'elle se fût attendue à entendre, cela n'en faisait pas partie. "Assez bizarrement, Monsieur Paris, avec toutes les choses qui nous sont arrivées, je n'ai vraiment pas eu le temps de m'intéresser à faire un bilan médical." Le ton de sa voix était acerbe, même pour elle-même.
"J'étais sur le point de vous suggérer de faire une visite à l'infirmerie plus tard dans la journée", continua courageusement Tom.
Catherine se rassit dans son fauteuil, et lutta pour contrôler la colère qui montait en elle. D'abord Chakotay qui essayait de la forcer à se comporter comme il pensait qu'elle le devrait, et maintenant Tom Paris lui-même. Elle réfréna l'envie de lui demander si c'était Chakotay qui lui avait mis cette idée dans la tête.
"Peut-être", dit-elle, essayant de ne pas s'exprimer trop brutalement, "qu'une fois nos capacités défensives rétablies, et que nous saurons où nous sommes, où se trouve la Terre et comment y parvenir, je trouverai le temps de faire un bilan médical. Mais ne comptez pas dessus d'ici là."
Tom nota l'étincelle qui était brièvement réapparue dans ses yeux. Il insista.
"Capitaine, je sais que vous êtes très occupée et je ne n'irais pas vous contredire, mais c'est dans des moments comme celui-ci quand les gens ne dorment pas suffisamment et qu'ils ne mangent pas correctement qu'ils tombent malades. Je vous suggère simplement de faire un bilan, peut-être d'avoir un complément de vitamines, pour vous aider à tenir le coup."
Catherine le regarda d'un air furieux. Tom Paris avait aussi tendance à insister quand d'autres personnes plus sensibles auraient abandonné et prit la fuite. Peut-être était-il aussi encouragé dans ce sens par l'exemple de Chakotay.
"Capitaine", dit Tom sur un ton assez désespéré, "les personnes qui vivent ici viennent juste de perdre leur famille restées à la maison, une nouvelle fois. Ils ne veulent pas non plus perdre la famille qu'ils ont à bord."
Sans s'y attendre, Catherine se remémora Owen Paris, et sa fierté envers sa nouvelle petite fille. Et envers son fils aussi. Le jeune homme en face d'elle avait retrouvé tant de choses, juste pour tout reperdre aussitôt. Elle se pinça les sinus. Elle pouvait sentir le mal de tête qui arrivait.
"Lieutenant", reprit-elle, étendant la main vers les tablettes sur son bureau, prête à se lancer dans une explication sur la masse de travail qu'elle avait à faire. Puis elle releva la tête vers le visage inquiet de Tom, et changea d'avis. "Merci de vous inquiéter de ma santé", dit-elle sur un ton plus doux. "Je vais tenir compte de votre suggestion."
Tom ne bougeait pas.
"Je passerai à l'infirmerie aussitôt que possible, Tom", le rassura-t-elle.
A ce moment, Tom décida qu'il avait poussé sa chance aussi loin qu'il était possible. Au moins l'avait-elle appelé par son prénom cette fois ci.
"Merci, Capitaine", dit-il simplement, avant de quitter la pièce.
 
***
 
Catherine le regarda partir et secoua la tête. L'infirmerie. Quand allait-elle bien pouvoir trouver le temps nécessaire pour passer à l'infirmerie ? Elle retourna son attention vers son bureau et attrapa l'une des tablettes à lire au hasard.
Elle avait été transmise par Tuvok. C'était inhabituel. Elle s'intitulait 'Rapport de sécurité à l'attention du Capitaine Janeway', et comprenait juste une phrase, 'Veuillez s'il vous plaît lire le rapport ci-joint'. Catherine regarda le rapport.
'A l'attention du Commandeur Tuvok. Rapport de Naomi Wildman sur le statut du rat d'équipage Ratty.'
Rat d'équipage Ratty ? Catherine cilla. Le seul Ratty dont elle avait connaissance était celui d'un programme holographique pour enfant. Elle se souvint alors que Chakotay lui avait dit quelque chose à ce propos. Elle lui avait posé une question sur ce rat, et il lui avait plutôt parlé de la mutinerie.
Elle continua de lire. La petite fille avait visiblement pris ce rapport très au sérieux. C'était écrit dans le plus pur style de Starfleet, par section, chacune avec entête et numérotation selon le strict protocole. Naomi avait aussi clairement fait des efforts pour utiliser ce qu'elle considérait comme 'le langage correct de Starfleet'. Elle n'avait rien laissé au hasard, particulièrement en ce qui concernait les avis de Starfleet pour l'identification de toutes les personnes impliquées.
Catherine adorait la description de l'arrivée de Ratty dans les quartiers des Wildman.
'Une fois arrivées à notre destination, les négociations ont commencé entre moi-même et l'Enseigne Wildman (qui est ma mère). J'ai dit à l'Enseigne Wildman que les autorisations avaient été données par les officiers supérieurs responsables (Commandeur Chakotay, qui est le Premier Officier et le Docteur, qui est le Docteur du vaisseau, et aussi un programme holographique) pour que le rat d'équipage Ratty soit affecté à des quartiers pour vivre avec nous. Les conditions suivantes pour le rat d'équipage ont été acceptées, c'est à dire que je devrais m'en occuper et nettoyer sa cage et demander sa nourriture à Chell et m'assurer qu'il ne s'échappe pas. La condition suivante a aussi été acceptée. L'Enseigne Wildman me donnera une ration de réplicateur supplémentaire par semaine, que je garderais pour un sundae au chocolat et au caramel.
Note : Chell est maintenant responsable du mess où Neelix (Officier de morale) se trouvait avant.'
Catherine sourit à l'allure officielle des phrases mélangée avec les propres descriptions de la petite fille. Elle pourrait peut-être faire l'effort de rencontrer son nouveau rat d'équipage.
 
***
 
Le Docteur arpentait oisivement l'infirmerie d'un pas lourd en balançant son bat'leth. Il rugissait de temps en temps, mais même cela ne le réjouissait plus qu'à moitié. Son expérience visant à ressembler à un Klingon n'avait pas été un succès total.
Il avait découvert que la joie de faire de grandes enjambées et de rugir passait rapidement. Il ne se réjouissait même plus du spectacle de sa propre allure dans le miroir. De plus, il avait fait des dégâts d'un mouvement trop brusque avec le bat'leth pendant son euphorie du début.
Il s'était empressé de balayer les morceaux et les avait déposés dans le recycleur. Tout spectateur aurait beaucoup ri à la vue d'un tel guerrier menaçant, armé jusqu'aux dents d'une pelle et d'une balayette à poussière, nettoyant l'infirmerie, l'air penaud.
Il s'était même essayé à un opéra Klingon, durant plusieurs heures, mais les paramètres qu'il avait choisis semblaient ne pas convenir pour cela. Pour parler franchement, son alter ego n'avait aucune oreille. Du moins il supposait qu'il n'avait aucune oreille. Lorsqu'il avait demandé à l'ordinateur de jouer une mélodie Klingonne pour pouvoir comparer, il n'était pas parvenu à distinguer les bonnes des fausses notes.
"Que des hurlements", marmonna-t-il d'un air grincheux.
Heureusement, il avait été distrait par son premier patient de l'après-midi. L'Enseigne Taylor, de l'ingénierie, avait glissé dans un tube de Jeffery et s'était fracturé le poignet.
Elle était un peu déconcertée, c'était le moins qu'on puisse dire, de se retrouver face à un guerrier Klingon en armure de combat complète. Il l'avait rassurée et invitée à s'asseoir sur un lit diagnostic. Même à ses propres oreilles, cela ressemblait plus à un frénétique appel aux armes. L'Enseigne Taylor l'avait autorisé à traiter son bras, mais avait surveillé le bat'leth avec appréhension pendant toute la procédure.
"Voilà", gronda-t-il, "c'est fini", alors qu'il terminait de régénérer les os. L'Enseigne Taylor descendit du lit, reconnaissante. Pendant que le Docteur s'éloignait pour ranger le stimulateur ostéogénique, l'Enseigne se dirigeait vers la porte.
"Enseigne, avant que vous ne partiez, j'aimerais vous poser quelques questions pour une étude que je suis actuellement en train de mener."
Il n'y eut pas de réponse. Le Docteur se retourna. L'infirmerie était vide.
"Charmant", marmonna le programme holographique. "Même pas un merci."
Il ramassa le bat'leth et reprit ses tournoiements sans buts.
Il était encore en train de faire tourner l'arme quand son patient suivant entra. Le membre d'équipage Dalby avait été envoyé à l'infirmerie pour des brûlures mineures, après s'être un peu trop rapproché d'un conduit EPS. A son entrée, le Docteur l'accueillit joyeusement.
"Ah, Monsieur Dalby. Mon nouveau blessé de l'après-midi. Que puis-je faire pour vous ?"
Ken Dalby avait fait trois pas dans l'infirmerie et s'était arrêté net, regardant fixement le Docteur sans en croire ses yeux. Il regarda le Docteur, il regarda le bat'leth, et à nouveau le Docteur. Il prit rapidement sa décision.
"Ne vous inquiétez pas de cela, Doc, c'est juste une égratignure. Je survivrai."
"Mais..."
"Non, non, vraiment. Je vois que vous êtes occupé. Je vais juste répliquer un peu de gaze, ou alors je les laisserai juste comme ça. Mon grand-père avait toujours tendance à dire qu'il fallait laisser les brûlures à l'air pour les soigner. Je vais vous laisser à vos affaires."
"Attendez..."
Mais avant que le Docteur n'ait eu le temps d'ajouter quoi que ce soit d'autre, Ken Dalby avait fui.
Il était clair qu'il n'obtiendrait pas de données correctes pour son étude de psychologie tant qu'il garderait cette apparence. Il était temps de réajuster les paramètres de sa matrice. Il alla jusqu'à la console affichant la base de données, déposant délicatement le bat'leth sur le côté. Il parcourut la liste des espèces. Visiblement, les Klingons n'étaient pas faits pour les professions sociales. Et en ce qui concernait les Vulcains ? Calmes, ordonnés, logiques, quoi de plus rassurant pour un patient en détresse ?
"Ordinateur, modifie la matrice du HMU pour correspondre aux paramètres d'une apparence Vulcaine."
"Demande impossible."
"Qu'entends-tu par demande impossible ? Je t'ordonne de me changer en Vulcain."
"Demande impossible", répéta l'ordinateur, imperturbable.
Typique, pensa le Docteur. Un manque de coopération de la part de la seule chose à bord du vaisseau qui restait complètement impassible face à un guerrier Klingon enragé.
Il reprit, patiemment. "Ordinateur, pourquoi cette demande est-elle impossible ?"
"Certains systèmes de la matrice holographique sont inaccessibles ou corrompus."
Systèmes corrompus ? Et bien, tout ce qu'il avait à faire était de les réparer. Cela ne pouvait pas être trop compliqué, n'est-ce pas ? Le Docteur posa les doigts sur la console, se demandant par où commencer. Naturellement, il ne s'occupait généralement pas des ajustements de sa propre matrice. C'était le Lieutenant Torres, l'Enseigne Kim ou Seven qui s'en occupaient. Il frémit légèrement à la pensée de ce que dirait B'Elanna quand elle découvrirait ce qui était arrivé. Il trouva soudain la présence du bat'leth très réconfortante.
Il eut alors le souvenir coupable d'une occasion où il avait expérimenté d'autres personnalités. Et un autre où il avait modifié son programme afin de pouvoir rêver éveillé. Il retira lentement sa main de la console. La colère du Lieutenant Torres était peut-être préférable. Et de toute manière, il pouvait toujours se transférer dans son émetteur portable, jusqu'à ce que le problème soit résolu.
"Infirmerie au Lieutenant Torres", dit-il nerveusement.
"Ici Torres", eut-il en réponse, suivi de "Docteur ? Est-ce que vous allez bien ?"
"Eurr...", dit le Docteur de manière évasive. "Lieutenant, je me demandais si vous pourriez faire un saut à l'infirmerie... rapidement."
 
***
 
Chakotay observait comment le Lieutenant Stefan Riccitelli, pilote sur le Pléiades jusqu'à peu, se débrouillait à manoeuvrer le Delta Flyer en position pour pulvériser une autre partie de l'astéroïde.
"Phaseurs verrouillés sur la cible", rapporta Icheb.
Chakotay donna l'ordre de tirer. Le petit rocher flottant devant le Delta Flyer dans l'espace fut réduit à l'état de débris.
"Les senseurs indiquent de grandes concentrations de polyferranides dans les débris, Commandeur."
Le rapport venait de l'Enseigne Marta Cann, un officier scientifique, également originaire du Pléiades.
"Préparez-vous à téléporter les minéraux à mon signal", commanda Chakotay.
"Prêt, Monsieur", répondit l'Enseigne.
"Energie."
"Téléportation terminée, Monsieur", confirma Marta Cann.
"Continuez de scanner."
"Oui, Monsieur."
Le Pléiades avait été le premier poste de l'Enseigne aprè sa sortie de l'Académie. Elle était anxieuse à l'idée de faire une erreur. Une copie d'Harry, pensa Chakotay.
"Enseigne, vous n'avez pas besoin de rajouter 'Monsieur' à la fin de chaque phrase", ajouta-t-il.
"Non, Monsieur."
Riccitelli était un officier plus expérimenté, mais même lui fut surpris en découvrant les contrôles du Flyer.
"C'est une conception... inhabituelle, Monsieur."
"Si vous restez avec nous assez longtemps, vous découvrirez que le Lieutenant Paris a parfois... d'étranges... idées."
Jusque-là, la mission d'exploration s'était déroulée comme prévu. Un événement vraiment rare dans l'histoire du vaisseau. Cette région de ce qu'il appelait l'Espace, en l'absence d'un terme plus approprié, semblait n'être ni revendiquée, ni occupée.
En dépit de la conception singulière, Riccitelli avait rapidement saisi les maniements de base du Flyer et exécutait très bien les manoeuvres de base requises pour les opérations minières. Chakotay n'avait entendu aucune plainte en provenance de l'arrière de la cabine, et supposait donc que l'Enseigne Cann n'avait pas plus de problème dans la configuration du téléporteur pour le transport sélectif des minéraux dans le nuage de débris. Il supposait aussi qu'elle n'avait aucun problème personnel à travailler avec un ex-Borg. Les deux membres d'équipage du Pléiades n'avaient pas vraiment tiqué à la vue d'Icheb. Probablement parce qu'il avait été libéré du Collectif avant d'être impliqué dans une quelconque assimilation.
"Tout va bien, là derrière, Icheb ? demanda-t-il sans se retourner.
Il n'y eut aucune réponse de l'ex-Borg, mais Marta Cann annonça : "Il a dit qu'il retournait dans la cale pour inspecter les minéraux."
Chakotay soupira. Icheb était supposé superviser l'Enseigne, pas fureter partout à l'arrière du vaisseau. Il décida d'aller voir ce qui se passait.
Quand il entra dans la cale, le jeune ex-Borg était occupé à vérifier méthodiquement et cataloguer les minéraux récoltés. Chakotay l'observa pendant un moment, puis parla.
"Icheb."
L'enfant leva la tête.
"Oui, Commandeur."
"Icheb, que fais-tu ici ? Tu es supposé superviser l'Enseigne Cann."
"La procédure n'est pas difficile. L'Enseigne Cann exécute sa tâche de manière compétente. Superviser, dans ce cas, n'est plus nécessaire. Mon temps est utilisé de meilleure façon en commençant à cataloguer les minéraux."
"Icheb, l'idée ne consiste pas uniquement à superviser l'Enseigne. Elle consiste aussi à te faire acquérir de l'expérience sur la manière de travailler dans une équipe d'exploration. Travailler en équipe dans une structure de commandement. Tu ne peux simplement pas faire ce que bon te semble quand tu en as envie."
Icheb le regarda avec amertume. Pendant un moment, Chakotay pensa qu'Icheb allait laisser éclater sa colère. A la place, ce dernier répondit délibérément.
"Je suis désolé si j'ai agi de manière inappropriée, Commandeur. Puis-je continuer de cataloguer les minéraux ?"
Chakotay se passa la main dans les cheveux et soupira. Il se demandait par dessus tout pourquoi les Esprits avaient trouvé adéquat qu'il s'occupe d'un adolescent ex-Borg. Il s'assit sur un conteneur de rangement.
"Non, Icheb, tu ne peux pas continuer de cataloguer les minéraux. Assieds-toi."
Icheb hésitait. Chakotay insista. "Assieds-toi."
Il posa ses coudes sur ses genoux, et se tint la tête, étudiant attentivement ses pieds, tandis que le jeune homme s'asseyait en face de lui.
"Dis-moi, Icheb, est ce que tout va bien ?"
L'enfant resta silencieux.
"Icheb, s'il y a un problème avec l'équipage, ou avec ce que tu fais, alors c'est à moi de résoudre cela. Mais je ne peux rien faire si tu ne me dis pas ce qu'il y a."
Icheb regarda Chakotay. Durant un instant, Chakotay put apercevoir le jeune homme confus et hésitant derrière le masque du Borg pragmatique.
Enfin, il parla. "C'est juste que... et bien, je ne sais pas qui je suis vraiment."
"Dans quel sens ?"
"Je fais partie de cette mission d'entraînement pour apprendre à faire partie de l'équipage, vrai ?" Chakotay acquiesça. "Mais je ne fais pas partie de l'équipage, n'est ce pas ? Je ne suis pas allé à l'Académie de Starfleet, donc je ne fais pas partie de Starfleet. Je n'ai pas combattu à vos côtés, donc je ne fais pas partie du Maquis. Et je n'ai jamais complètement fait partie du Collectif, donc je ne suis même pas vraiment Borg."
Chakotay sentit son coeur se serrer de sympathie pour le jeune homme. Lui plus que tout autre savait ce que cela faisait d'être tiraillé entre deux cultures, et ne se sentir partie intégrante d'aucune.
"Tu fais partie de l'équipage, Icheb. Regarde Neelix. Il ne faisait partie ni de Starfleet ni du Maquis. Ou bien Seven."
"Seven of Nine possède les connaissances du Collectif. Et tout le monde adorait Neelix.
Sa dernière remarque était presque un gémissement.
"Personne n'est aimé par tout le monde, Icheb, même pas Neelix. Et tu as des amis sur le vaisseau."
"Les amis ne sont d'aucune utilité", répondit Icheb de manière automatique, mais sans être convaincant.
Chakotay décida que sympathie ou non, il devait faire quelque chose avant qu'Icheb ne tombe dans un état Borg équivalent à celui d'un adolescent terrifié qui explose. Et pour le bénéfice du garçon, les jours passés soit à jouer les professeurs pour Naomi Wildman, soit à travailler avec Seven au laboratoire d'Astrométrie, étaient un peu courts comme contact humain. Cette petite analyse reflétait exactement ce qu'il avait à l'esprit à propos de ses sentiments actuels pour Seven.
"Icheb, je pense que tu as travaillé trop longtemps sans réel contact avec l'équipage. Quand nous serons de retour à bord du Voyager, et une fois que la situation se sera stabilisée à l'ingénierie, je dois revoir le tableau de service de l'équipage, pour adapter les effectifs à l'arrivée des survivants du Pléiades. Voudrais-tu que je te mette sur la liste pour une autre affectation que le laboratoire d'Astrométrie ?"
Le jeune homme le regarda.
"Oui, s'il vous plaît, Commandeur."
"As-tu une préférence dont je devrais avoir connaissance ?"
Icheb hésita à nouveau. "J'aimerais vraiment améliorer mes aptitudes de pilote."
"Bien. Pourquoi ne parlerais-tu pas à Monsieur Paris afin qu'il te fasse faire un entraînement poussé. S'il est d'accord, dis-le-moi, et je t'organiserai un emploi du temps."
Une autre pensée lui traversa l'esprit.
"Icheb, tu as besoin de te régénérer seulement occasionnellement, n'est ce pas ?"
L'enfant acquiesça.
"Je dois aussi m'occuper de certains arrangements pour affecter des quartiers d'habitation à l'équipage du Pléiades. Voudrais-tu avoir des quartiers d'habitation ?"
"Vraiment ? Je veux dire, ce serait possible ?"
"Je ne vois pas pourquoi cela poserait un problème. Il faudrait que tu partages une chambre double, cependant. Nous n'avons pas tant de chambres que cela, et nous avons désormais dix personnes de plus."
"Ce serait... acceptable."
"Maintenant, j'aimerais que nous avancions et que nous allions retrouver l'Enseigne Cann."
"Oui, Commandeur. Merci, Commandeur."
Chakotay regarda l'enfant sortir de la cale. Une crise de plus à rayer de la liste, espérait-il.
 
***
 
Avec un suprême effort de volonté, B'Elanna se retint d'arracher de force le bat'leth des mains du Docteur et de lui donner une petite leçon de technique, ce qui aurait fini par des émetteurs holographiques répandus en morceaux sur le sol de l'infirmerie. "Voudriez-vous seulement poser cela un instant, et m'expliquer exactement ce que vous avez fabriqué ?"
Le Docteur n'avait pas choisi le bon moment pour s'entraîner. B'Elanna voulait vérifier le rapport d'avancement du dernier quart à l'ingénierie. Et elle voulait aller retrouver Miral. Malgré le fait qu'elle avait entièrement confiance en Tom, qui était revenu de son poste sur la passerelle, elle était toujours plus rassurée quand elle était là. Maintenant, elle était coincée à l'infirmerie, essayant de réparer encore un autre problème causé par l'incessante quête d'amélioration du Docteur. Elle était extrèmement tentée de réclamer l'autorisation de lui interdire l'accès à son programme.
L'hologramme Klingon rugit à nouveau contre elle.
"J'ai ajusté les paramètres de ma matrice pour avoir cette apparence, et maintenant je ne peux plus en changer."
"Pourquoi avez-vous fait cela ?"
"Je voulais expérimenter ce que cela faisait d'être Klingon."
L'expérience d'être un Klingon ! Kahless !
B'Elanna examina la console, puis les émetteurs.
"Bien, il semble y avoir des systèmes manquants ou en mauvais état, c'est difficile à voir. Quelque chose a sans doute été endommagé durant la dernière bataille."
"Je veux redevenir comme j'étais avant."
"C'est ce que nous voulons tous, croyez-moi, Docteur."
"Pourquoi ne me transférez-vous pas simplement dans l'émetteur portable jusqu'à ce que vous résolviez le problème ?"
Avec l'humeur dans laquelle se trouvait le Docteur actuellement, B'Elanna avait espéré qu'il ne poserait pas cette question.
"Parce qu'il a disparu", annonça-t-elle sans ménagement.
"Disparu !" cria le Docteur. "Qu'est ce que vous voulez dire, disparu ?! Ca n'est absolument pas satisfaisant. Je ne peux pas fonctionner comme cela. J'ai des responsabilités envers ce vaisseau et l'équipage. Je fais partie intégrante de son bon fonctionnement."
La tendance naturelle du Docteur au mélodrame n'avait pas été filtrée par sa transformation en guerrier Klingon.
Pour empirer les choses, chaque plainte était ponctuée d'un large mouvement du bat'leth.
Quand l'un des mouvements passa très près de l'oreille de B'Elanna, elle décida que trop, c'était trop.
"Docteur !" rugit-elle à son tour contre lui. "Ne bougez plus et fermez-la !"
C'était assez pour faire sursauter le Docteur et le faire taire.
"Maintenant", continua B'Elanna, d'un ton légèrement moins fort, "je ne peux pas travailler si vous rugissez comme un Targ blessé. Pas plus que je ne peux travailler aussi longtemps que ma vie est mise en danger par ce bat'leth. Alors maintenant, posez-le, là, très loin de moi."
Semblant aussi abattu que son apparence l'autorisait, le Docteur posa doucement son bat'leth là où B'Elanna lui avait indiqué, de l'autre côté de la pièce.
"Maintenant, nous irions plus vite, si vous pouviez vous ajuster pour vous transformer en une race au tempérament plus modéré."
"C'est ce que j'essayais de faire, quand j'ai réalisé que j'étais coincé dans ... dans ça."
Il se pointa du doigt avec un réel dégoût. Avec du retard, il lui vint à l'esprit qu'insulter l'espèce de la personne qui était en train d'essayer de résoudre son problème était peut-être une erreur. "Non pas que ce soit désagréable. Dans un sens, c'est..."ajouta-t-il en toute hâte.
B'Elanna lui jeta un regard furieux. "Asseyez-vous", lui commanda-t-elle. "Pourquoi ne prétendez-vous pas être un membre d'une autre race ? Juste pour quelques instants, histoire de me laisser en paix."
"Que suggérez-vous ?"
"Essayez donc quelques méditations Vulcaines. Tuvok me dit tout le temps que c'est très bon pour contrôler des sursauts irrationnels d'humeur."
Le Docteur était sur le point de rétorquer qu'il ne voyait pas ce qu'il y avait d'irrationnel dans le fait d'être coincé dans le corps d'un autre, ni dans le fait de se plaindre que son émetteur portable avait disparu, mais un seul regard vers B'Elanna lui fit changer d'avis. Il s'installa par terre et commença à penser à des flammes de bougies.
B'Elanna, pendant ce temps, s'affairait sur la console. Après un moment, elle demanda à l'ordinateur de rétablir l'apparence initiale du Docteur.
"Demande impossible", répondit aimablement l'ordinateur.
"Docteur, qu'avez-vous fait exactement ?" répéta-t-elle.
Le Docteur réfléchit. "Et bien, j'ai appelé l'image d'un Klingon en utilisant les émetteurs holographiques. Puis j'ai demandé à l'ordinateur de changer mon apparence. Et cela avait l'air de fonctionner."
"Et c'est tout ?"
"C'est tout ce dont je me souviens. Je n'ajuste pas habituellement moi-même ma matrice. D'habitude, c'est vous, ou l'Enseigne Kim, ou encore Seven qui vous en occupez."
B'Elanna le regarda avec exaspération.
"Ne vous est-il jamais venu à l'esprit qu'il y avait une raison pour cela, Docteur ? C'est parce que Harry, Seven et moi savons ce que nous faisons."
Le Docteur ne répondit pas.
"Et pendant que nous parlons de l'expérience Klingonne, je peux vous assurer qu'aucun guerrier Klingon dans l'histoire n'est jamais allé, et n'ira jamais, dans une bataille en rugissant. C'est complètement faux."
 
***
 
Après ce qui lui sembla être une éternité, son service était enfin fini. Catherine inspectait tristement la pile de tablettes à lire qui avait récemment augmenté sur le bureau de ses quartiers. Pendant qu'elle en lisait une, elle était persuadée que deux autres surgissaient pour prendre sa place. Il lui semblait se souvenir qu'auparavant, elle parvenait à s'occuper de la totalité de ces affaires pendant un service. Elle ne travaillait peut-être pas au meilleur de ses possibilités.
Elle saisit un rapport au hasard, et en lut le titre. 'Evaluation de la nature temporelle de l'Espace environnant'. Elle se demandait si Seven et Harry prenaient parfois le temps de dormir. Elle en sélectionna un autre. 'Réparations des systèmes primaires, rapport d'avancement du quart alpha'. Ils avaient vraiment eu l'esprit vif avec celui-ci. Elle jeta un oeil sur un troisième. 'Inventaire des vivres du vaisseau'. Elle regarda dans le vague à nouveau. La dernière chose à laquelle elle voulait penser était la nourriture.
Non, ce n'était pas exact. Elle regarda dans le vague à nouveau. La dernière chose à laquelle elle voulait penser était la lecture d'autres tablettes. Au moins pas durant les trois prochains quarts d'heure. Elle allait prendre une tasse de café chaud et un bon bain avant de rattaquer les autres rapports de crises de la journée, qu'elles soient graves ou insignifiantes. Elle demanda à l'ordinateur de lui répliquer un café noir et alla dans sa chambre pour enfin retirer son uniforme. Elle le balança dans la direction approximative du lit, pour s'en occuper plus tard, et enfila son peignoir. Revenant dans la pièce principale, elle prit son café au réplicateur et se dirigea vers la salle de bains, ordonnant à l'ordinateur la fermeture à clef. Les portes se fermèrent derrière elle, et un moment plus tard, le bruit de l'eau qui coulait se fit entendre.
Lentement, un petit nez brillant se mit à fureter autour du bureau de Catherine. Une paire d'yeux noirs scintillants étudia la porte de la salle de bains, comme pour s'assurer que son occupant n'allait pas en sortir à tout instant. Alors, une boule de fourrure souple sortit de derrière le bureau et fila sur le sol à travers la pièce jusqu'à la chambre et au lit.
Dans sa hâte de retirer son uniforme et de plonger dans son bain, Catherine n'avait pas jeté ses vêtements assez forts. Sa sous-veste montante reposait à moitié sur le lit et à moitié sur le côté, un bras traînant par terre. Ratty le renifla par curiosité, et fourra son museau en dessous. Alors, tâtonnant de ses pattes avant, il atteignit le bord du lit comme s'il voulait l'escalader. Comme il essayait d'atteindre son objectif, le vêtement commença à bouger. Ratty tira une fois de plus, et la sous-veste montante glissa complètement du lit pour lui tomber dessus.
Il y eut quelques bruissements et des efforts sous le vêtement, puis Ratty en émergea, se nettoyant ses moustaches. Il commença à l'examiner, le reniflant intensivement. Il semblait particulièrement intéressé par les quatre brillantes insignes de rang sur le col. Il les étudia consciencieusement puis entreprit de ronger le tissu avec une très grande précision.
Dix minutes plus tard, Ratty se dirigeait vers le système de ventilation du vaisseau, un petit morceau de tissu gris serré dans ses mâchoires. Attaché au tissu se trouvaient les quatre symboles d'honneur par lesquels le Commandement de Starfleet identifiait ses Capitaines.
Un peu après le départ de Ratty, Catherine émergea de la salle de bains, se sentant plus propre et plus fraîche, mais sans beaucoup plus d'enthousiasme pour la lecture des tablettes. En entrant dans la chambre, elle nota que sa sous-veste était maintenant complètement sur le sol.
J'imagine qu'elle est tombée du lit, pensa-t-elle. Voilà ce qui arrivait lorsque l'on n'accrochait pas ses vêtements comme sa maman avait toujours dit de faire.
Soupirant, elle saisit la sous-veste et la secoua. Elle s'arrêta brusquement, alarmée.
Quelqu'un avait fait un trou dans le col et pris ses insignes de rang. Pendant un instant de délire, elle se demanda s'il ne s'agissait pas d'un acte subtil de rébellion, quelqu'un mettant en doute ses aptitudes de Capitaine. Puis elle reprit le contrôle d'elle même. Elle était restée dans son bain moins d'une demi-heure, et la porte était fermée à clef. Il devait y avoir une autre explication.
Elle trouva son communicateur et appuya dessus. "Janeway à Tuvok."
"Ici Tuvok."
"Tuvok, pouvez-vous venir dans mes quartiers immédiatement ?"
Elle pouvait presque voir le sourcil du Vulcain se lever de l'autre côté du réseau de communication.
"J'arrive, Capitaine."
Quand Tuvok arriva, Catherine avait répliqué une autre sous-veste montante et s'était habillée. Elle pouvait voir à la légère secousse nerveuse involontaire de son sourcil qu'il avait noté l'absence des insignes de rang sur son col. En guise d'explication, elle lui montra le vêtement endommagé et expliqua ce qui s'était passé.
Tuvok examina le trou dans la sous-veste.
"J'ai bien peur, Capitaine, que ce ne soit pas le premier événement de cette nature."
"Quelqu'un vole des insignes de rang ?"
"J'ai le regret de vous informer que nous avons eu récemment une avalanche de menus larcins."
Tuvok lui en résuma brièvement les détails.
"Pourquoi n'en n'ai-je pas été informée plus tôt ?"
Elle aurait pu jurer qu'il y avait eu une brève pause désagréable. Puis Tuvok répondit.
"J'ai porté l'enquête de sécurité en cours à l'attention du Commandeur Chakotay. Vu la mauvaise situation actuelle du vaisseau, nous avons tous deux trouvé non nécessaire de vous rapporter cette affaire tant que nous n'étions pas en possession de faits vérifiés."
Elle ressentit un autre bref choc émotionnel au fait d'avoir été laissée de côté dans cette affaire. Colère ? Panique ? Elle se força à s'arrêter. Pense de manière plus constructive, se dit-elle. Qu'aurais-tu fait si tu avais été au courant ? Renvoyer la balle à Tuvok et lui dire de continuer son enquête, c'est tout. L'un ou l'autre de vous deux aurait dû soumettre un rapport, mais vous ne vous êtes pas jetés corps et âme dans la gestion du vaisseau, n'est-ce pas ? Nous prenons tous des décisions sous la pression en ce moment. Y compris Chakotay. Laissons passer cela.
Faire en sorte que cela fonctionne. Une chose à la fois.
Catherine se passa la main dans les cheveux. Tuvok la regarda l'air impassible tandis que les émotions volaient sur son visage. Il la laissa réfléchir tranquillement.
"D'accord, Tuvok. J'apprécie votre jugement sur cette affaire. Tenez-moi juste informée à partir de maintenant, s'il vous plaît."
"Oui, Capitaine."
"Vous disiez que l'émetteur portable du Docteur avait aussi disparu ?"
"Oui, Capitaine."
"Comment prend-il la chose ?"
"Le Lieutenant Torres est avec lui en ce moment. Je crois qu'elle pourrait avoir quelques difficultés."
"Difficultés ? J'imagine que nous ferions mieux de descendre là-bas pour jeter un oeil. Oh, et qu'y a-t-il de prévu pour retrouver l'émetteur ? Nous ne pouvons plus nous permettre d'avoir le Docteur limité seulement à l'infirmerie."
"Je crois que l'Enseigne Kim et Seven of Nine sont en train de le rechercher."
"Bien. Allons voir cela."
Catherine et Tuvok se dirigèrent ensemble vers l'infirmerie.
 
***
 
Harry et Seven of Nine avançaient dans les tubes de Jeffery, scannant méthodiquement pour détecter la signature de l'émetteur portable du Docteur. Juste derrière eux suivait Naomi Wildman, cherchant anxieusement autour d'elle des signes de Ratty.
Ils atteignirent une jonction et Harry et Seven s'arrêtèrent brièvement pour se consulter. Naomi s'accroupit et remua la poignée de racines de Leola qu'elle avait hâtivement mise dans sa poche.
Elle nota que les adultes s'étaient arrêtés pour discuter.
"Si je pouvais avoir un tricordeur, alors je pourrais juste rechercher Ratty moi-même, et je ne serais pas dans vos jambes", suggéra-t-elle avec espoir, une fois de plus.
Harry et Seven échangèrent un regard.
"Ecoute, Naomi", répondit patiemment Harry, "cela nous est déjà arrivé avant. Tu ne peux pas te balader toute seule dans les tubes de Jeffery. C'est dangereux et tu pourrais te perdre. Qui plus est, ni Seven ni moi n'aurions le temps de configurer un tricordeur pour toi, en supposant que nous en trouvions un de libre. Absolument tout notre équipement est utilisé, actuellement."
"Notre priorité est de localiser l'émetteur portable du Docteur, pas ton rôdeur disparu. De toute manière, il a su survivre sans ton aide auparavant. Il est raisonnable de supposer qu'il y parviendra à nouveau", ajouta Seven.
Pour la rassurer, pensa Harry, ça n'était pas ce qu'il y avait de mieux à dire.
"Ne t'inquiète pas, Naomi, je suis sûre qu'il réapparaîtra quand il aura faim."
Les adultes avaient visiblement décidé de tourner à gauche à la jonction. Naomi rampait inconsolable derrière eux. Ils avaient fait quelques pas dans le tube, quand Seven s'arrêta brusquement et ajusta son tricordeur.
"Enseigne, je crois avoir localisé quelque chose."
Harry vérifia les données affichées puis celle de son propre tricordeur.
"Je crois que vous avez raison, Seven." Il ajusta légèrement son tricordeur. "Oui, j'ai définitivement quelque chose. C'est dans cette direction."
Ils continuèrent vers le bas dans le tube, désormais plus rapidement, tandis que le signal devenait plus fort. Finalement, Seven s'arrêta à nouveau.
Le signal s'affaiblit", annonça-t-elle.
Harry revint sur ses pas, et revérifia ses données. "Cela semble être plus fort ici."
Ils étaient arrêtés en plein milieu d'un tube de Jeffery. Pour Naomi, il n'avait pas l'air différent d'une autre section de tube de Jeffery du vaisseau. Il n'y avait pas non plus de traces visibles de l'émetteur portable.
"Je ne comprends pas", remarqua Harry, "il n'y a rien ici, et pourtant le signal est très fort."
Seven avait examiné l'un des panneaux pendant qu'Harry parlait.
"Ce panneau bouge un peu", observa-t-elle, "et il semble porter des traces de griffes."
Harry scruta le panneau. Il le testa. Seven avait raison, il bougeait. Il ne voyait pas de griffures, pourtant. Visiblement, l'implant oculaire de Seven les avait détectées. Il s'affaira sur le panneau jusqu'à ce qu'il arrive à le défaire. Il le fit glisser et le posa sur le côté. Naomi se précipita pour voir ce qu'il faisait.
Derrière le panneau se trouvait un petit nid douillet, faits de bouts de vêtements et d'autres matériaux divers. Le nid semblait contenir nombre d'objets métalliques. C'était un peu difficile de se rendre compte avec exactitude, car pelotonné confortablement et complètement indifférent à cette invasion de son territoire se trouvait une créature à fourrure qui les regardait fixement de ces yeux noirs de jais.
"Ratty !" s'exclama joyeusement Naomi.
Le petit animal sortit de son nid et sauta sur les genoux de Naomi. Elle le chatouilla et sortit quelques racines de Leola de sa poche. Ratty les pris dans ses pattes et commença à les mâcher l'air content.
La sortie de Ratty révéla l'étendue complète de son butin. Le nid était rempli de petits objets métalliques de toutes sortes. Il y avait des épingles, des boutons ainsi que des bagues, des chaînes, des bracelets et même une chaînette d'oreille Bajorane, plus d'autres objets divers, des souvenirs de lieux de permission. Il y avait aussi le médaillon de Sam Wildman, les insignes de rang du Capitaine et l'émetteur portable du Docteur.
"Regardez-moi tout ça", murmura Harry.
"Il semble que Ratty ait été très occupé", acquiesça Seven.
"Exactement comme une petite pie", commenta Harry.
Naomi leva la tête, confuse.
"Qu'est ce qu'une pie ?" demanda-t-elle.
"Un oiseau de la Terre de la famille des corbeaux", la renseigna Seven. "Il a la réputation de voler les objets brillants et de les mettre dans son nid. Comme Ratty n'est visiblement pas un oiseau, l'analogie de l'Enseigne Kim est inexacte."
Cependant, Naomi avait arrêté d'écouter, trop occupée à câlin àer Ratty.
 
***
 
B'Elanna lança un autre diagnostic sur l'émetteur portable. Le Docteur, toujours sous sa forme Klingonne, était assis sur le sol, grognant dans sa barbe.
"Je ne pourrai plus rester comme cela très longtemps, Lieutenant. Vous avez sûrement fini, maintenant."
"Soyez patient, Docteur", répondit B'Elanna, "je suis certaine que vous voulez que je fasse du bon travail."
"Oui, mais je ne veux plus que d'autres membres de l'équipage me voient ainsi."
"Je sais", répliqua l'ingénieur gentiment, "mais j'ai besoin de m'assurer que votre Cavaradossi est réparé, maintenant, n'est ce pas ?"
Le Docteur aurait juré que ses vérifications avaient commencé à ralentir. Il se demandait si elle s'amusait à quelque jeu pervers de style Klingon avec lui.
Naomi Wildman, pendant ce temps, remuait nerveusement. La joie d'avoir retrouvé Ratty était passée et elle commençait à se sentir très coupable pour toutes les choses qu'il avait volées. Le regard furieux que le Docteur lui lançait ne l'aidait pas, pas plus que ses commentaires sonores sur la stupidité d'autoriser la garde d'animaux dangereux sur un vaisseau spatial. Sur le chemin de l'infirmerie, Harry lui avait aussi montré le morceau de vêtement avec les insignes du Capitaine. Elle ne pensait pas que le Capitaine Janeway allait être très heureuse de cela.
A cet instant, les portes de l'infirmerie s'ouvrirent et le Capitaine Janeway elle-même entra, suivie de Tuvok.
Le spectacle qu'elle découvrit lui coupa momentanément la parole.
Assis sur le sol, marmonnant et l'air boudeur, se trouvait un guerrier Klingon en armure complète de combat. B'Elanna Torres s'affairait sur l'émetteur portable du Docteur, tandis que Seven travaillait sur ceux des consoles. Naomi Wildman s'était réfugiée derrière Harry, serrant sa robe contre elle, et scrutait la scène depuis son refuge avec une expression de terreur sur son visage.
Elle essaya sa voix. "Bonjour à tous. Je suis sûre qu'il y a une explication à tout cela et je n'ai aucun doute sur le fait que quelqu'un va me la donner."
Le Klingon parla. "Capitaine, je dois m'excuser pour ma malheureuse situation."
Elle regarda le guerrier. Elle eut soudainement un affreux soupçon.
"Docteur ?" dit-elle sans certitude.
"Oui, Capitaine."
Elle regarda Tuvok. "Des difficultés", dit-elle. "Je commence à comprendre."
"En effet", répliqua Tuvok.
"B'Elanna ?"
"Je viens juste de résoudre le problème, Capitaine."
"Bien."
A cet instant, Naomi Wildman prit la parole.
"Capitaine, c'était entièrement ma faute, pas la sienne. Le Commandeur Chakotay m'avait dit de lui donner une cage et je l'ai fait, et alors il s'est échappé et je ne le retrouvais pas, et il n'avait pas l'intention de faire cela, et je sais qu'il est désolé."
Catherine était stupéfiée par ce discours. "Qui est désolé, Naomi ?"
"Ratty."
Ah, Ratty.
Harry prit alors part à la discussion.
"Capitaine, cela a vraiment été dur pour Naomi. Nous savons tous combien Neelix lui manque, et ça n'a pas été drôle du tout, avec tout le monde qui travaille contre la montre à l'ingénierie ou au laboratoire d'Astrométrie."
Catherine leva un bras. "Du calme, Monsieur Kim. Je voudrais d'abord essayer de comprendre ce qui se passe ici."
Avant qu'elle puisse poursuivre, cependant, les portes de l'infirmerie s'ouvrirent à nouveau. Cette fois, c'était Sam Wildman qui entra. Elle aperçut sa fille, toujours à moitié cachée derrière Harry.
"Naomi, chérie, est-ce que tu vas bien ?"
"Maman", gémit Naomi en se précipitant vers elle. Sam la serra fort dans ses bras.
"Mais que ce passe-t-il ici ?"
Tout le monde se mit à parler en même temps.
"Ratty s'est échappé et a volé des choses..."
"Aucun tort n'a réellement été fait..."
"Si quelqu'un pouvait s'il vous plaît restaurer ma matrice originale..."
"Les systèmes ont l'air d'être restaurés..."
"Docteur, voulez-vous être patient une minute..."
"ASSEZ !"
Le cri de Catherine fit taire tout le monde. Maintenant, tous les yeux se tournaient vers elle. Elle se rendit compte qu'elle venait juste de revendiquer son rôle de Capitaine.
Elle les regarda tous. Ils étaient Dieu seul sait où, le vaisseau était encore en pièces détachées, et elle se tenait là à essayer de s'occuper d'un HMU Klingon et de... Ratty. Soudain, le comique de toute cette scène s'imposa à elle. Elle se mordit les lèvres, puis souria en secouant la tête.
"B'Elanna, je vous suggère de rendre au Docteur son apparence normale dès que possible."
"Tout de suite, Capitaine."
Elle activa les contrôles sur l'émetteur portable du Docteur, et le Klingon sur le sol disparut. Une fraction de seconde plus tard, le Docteur réapparut, de retour sous sa forme normale. Il se regarda rapidement.
"Je ne peux pas vous dire à quel point c'est un soulagement pour moi." Il évita le regard de B'Elanna.
Catherine se tourna vers Naomi. "Maintenant, à Ratty."
"Vous n'allez pas me le retirer, n'est ce pas, Capitaine ?" dit la petite fille d'une toute petite voix.
"Capitaine..." commença Sam.
Catherine leva la main une nouvelle fois.
"Ne vous inquiétez pas, Enseigne, personne ne va se débarrasser de Ratty. Il a déjà son autorisation pour rester. Cependant, je vous recommanderais de trouver une cage plus solide, et de vous assurer que sa porte reste bien fermée, cette fois."
"Oui, Madame", dit Sam dans un souffle.
"Harry, peut-être pourriez-vous donner un coup de main à Naomi pour cela, quand vous aurez un moment ?" L'Enseigne acquiesça. "Bien. Maintenant, si tout cela est réglé, je suis sûre que vous avez tous des choses à faire."
Harry échangea un regard avec B'Elanna. Ni l'un ni l'autre n'avaient laissé passer le fait que le Capitaine les avait appelés par leur prénom. Cela semblait être un bon signe.
Le Docteur les interrompit. "Je pense que j'ai retrouvé mon état normal, maintenant, si cela intéresse quelqu'un. Je peux même vous donner un exemple de mon Cavaradossi pour le prouver."
Il y eut un silence, puis Catherine parla.
"Merci, Docteur, mais je crois savoir que le Flyer vient juste d'arriver dans le hangar à navettes numéro deux. Je dois aller jeter un oeil aux minéraux et savoir comment s'est déroulé la mission. Commandeur Tuvok, vous venez avec moi."
Elle sortit de l'infirmerie à grands pas, avec plus d'entrain qu'elle n'en avait montré depuis un certain temps. Tuvok suivit dans la foulée. Prenant exemple sur le Capitaine, les autres firent leurs excuses et sortirent.
 
***
 
Ratty était blotti sur les genoux de Naomi, grignotant avec satisfaction des racines de Leola. Elle caressait sa tête en rêvassant. Elle n'était toujours pas totalement convaincue que le Capitaine ne le lui retirerait pas. Après tout, voler les insignes du Capitaine devait vraiment être une sérieuse infraction. Elle n'avait pas osé regarder dans la base de données pour connaître quel en était la punition.
Sans compter le vol de l'émetteur portable du Docteur. Même s'il avait eu l'air drôle en Klingon... Elle fouilla dans sa poche et continua de nourrir Ratty de racines de Leola.
"Il va falloir que tu le mettes à la diète, s'il continue de manger comme cela."
"Capitaine, je ne vous avais pas entendu entrer."
"Du calme, Mademoiselle Wildman", dit Catherine en regardant l'enfant nerveuse. "Je pensais juste que je devrais passer pour être officiellement présentée à mon rat d'équipage. Même s'il est déjà venu dans mes quartiers."
"Je suis désolé qu'il ait causé tant de problèmes, Capitaine", dit Naomi contrariée.
"Ce n'est pas grave. De toi à moi, je pense que nous avions bien besoin de quelque chose dans ce genre pour détendre un peu l'atmosphère." Ratty était en train de pointer son nez par-dessus les mains de Naomi. "Puis-je le voir ?"
Naomi tendit Ratty à Catherine.
"Il est parfaitement apprivoisé. Il aime qu'on le chatouille. Oh, et il aime les racines de Leola."
"Je sais. J'ai lu le rapport. C'était très consciencieux."
Naomi était terrifiée à l'idée que son rapport ait été lu par le Capitaine.
Elle regarda tandis que Catherine caressait la petite tête de fourrure. Ratty se blottit dans le creux du bras du Capitaine, s'apprêtant apparemment à s'endormir.
"Il est mignon, on ne peut pas lui retirer cela."
"Capitaine ?"
"Oui, Naomi."
"Est-ce que nous sommes vraiment encore perdus ?"
Catherine soupira. Elle allait devoir prendre l'habitude de répondre à cette question, d'une manière ou d'une autre.
"Oui, nous le sommes."
"Et c'est parce que nous avons heurté une mine posée par les Borgs."
"Oui, c'est vrai."
"J'ai entendu les gens dire que c'était en fait Starfleet qui nous avait perdus ici. Mais si ce sont les Borgs qui ont posé la mine, alors ce n'est pas Starfleet qui a fait ça ?"
Catherine réfléchit à la question. Si seulement c'était si simple. Mais peut-être, à un certain niveau, était-ce aussi simple, finalement.
"Oui", dit-elle. "Ce sont les Borgs qui ont fait ça."
 
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Ecrit par: Abby
version française: Laurent DENIS
Producteurs: Thinkey, Anne Rose et Coral

Remerciements aux différents correcteurs: KateF (version originale).

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