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Episode 8.09 - Plus sombre est la lumière
Par: Mike Ben-Zvi (mbzvi@yahoo.com)

Version française: Laurent (stvoyager@free.fr)

Note: Star Trek: Voyager, personnages et autres produits dérivés sont des marques déposées de Paramount Pictures. Aucune infraction aux droits d'auteurs de Paramount voulue. La Saison 8 virtuelle de Voyager (Voyager Virtual Season 8, VS8) est une entreprise à but non lucrative. L'histoire est propriété de son auteur. Pas de reproduction sans sa permission.


Plus sombre est la lumière
Lire directement la 2nde partie...

"Le nouvel ennemi du Voyager présente un tout nouveau visage à Harry Kim et Seven of Nine"

"Eh, Tom", cria Harry, excité, en se précipitant dans les couloirs du Voyager vers son ami.
"Pas si fort, mon gars", lui répondit Tom en lui faisant signe de se taire et en lui montrant le petit paquet qu'il portait dans le sac maintenu contre sa poitrine. La petite Miral Paris était calme et endormie, tout du moins pour le moment. Mais Harry savait avec quelle rapidité le nouveau né pouvait s'éveiller et se mettre à pleurer.
Cela lui faisait encore tout bizarre de voir son ami, qu'il avait longtemps cru insouciant de tout, dans le rôle d'un père responsable et attentionné.
"Je viens juste de réussir à la calmer", l'avertit doucement Tom. "Je n'ai pas envie de tout recommencer une nouvelle fois."
"Désolé, Tom", dit Harry d'un air penaud. "Je partais juste m'occuper des préparatifs avant le décollage..."
"C'est vrai", dit Tom, souriant avec intérêt. "Une nouvelle mission d'exploration. Et juste après le succès retentissant de ta dernière sortie."
"Eh, nous avons eu le dilithium que nous voulions, non ?"
"Exact. Je suppose que je suis juste un peu plus protecteur lorsque B'Elanna est impliquée", insista Tom. "D'ailleurs, cette mission est commandée par le 'Lieutenant' Harry Kim, si je ne me trompe."
"Lieutenant 'de grade supérieur' Harry Kim, s'il vous plaît", répliqua le jeune officier avec fierté, gonflant la poitrine et indiquant du doigt les nouveaux insignes de rang sur son col.
"Sérieusement, félicitations, Harry", dit Tom, décontracté. "Cela s'est fait attendre longtemps."
"Ne m'en parle pas", répliqua Harry avec le sourire. "Je finissais par penser que Naomi Wildman serait promue avant moi."
"Oh, ne le prends pas personnellement", répondit Tom. "Chaque jeune officier de Starfleet à bord était dans le même cas. Janeway a juste réussi à réorganiser un peu la structure de commandement afin de rendre possible ta promotion, c'est tout."
"Je sais, et je lui en suis reconnaissant. Cela dit, peut-être aurons-nous l'occasion de partager une aventure du Capitaine Proton à mon retour ? Si tu veux réellement me féliciter pour ma promotion, tu pourrais jouer le rôle de Buster Kincaid, pour changer."
"Désolé, l'ami. Pas possible." Tom indiquait du doigt l'enfant endormi dans son porte-bébé. "B'Elanna ayant récupéré l'ingénierie, c'est moi qui me charge de bébé."
"Elle t'a collé à la corvée de couche, n'est-ce pas ?" le taquina Harry.
"Crois-moi, Harry", lui dit Tom, l'air tout à fait heureux, "c'est un travail adorable. Mais tu le découvriras par toi-même, un de ces jours."
Harry pouvait voir la fierté rayonner sur le visage de son ami lorsqu'il parlait de sa fille. Les choses avaient un peu changé entre Tom et lui depuis son mariage et cela s'était largement accentué maintenant qu'il était papa. Tom Paris avait mûri, laissant son jeune ami en arrière.
Tandis qu'ils atteignaient l'ascenseur, les portes s'ouvrirent, révélant justement B'Elanna Torres, dont les yeux s'illuminèrent au moment où son regard se posa sur son mari et sa fille.
"Tiens", dit Tom en souriant à sa femme. "Nous étions juste en train de parler de toi."
"J'espère pour vous que c'était en bien", dit B'Elanna en souriant à Tom de côté, avant de reporter son attention sur son bébé. Harry trouvait remarquable la façon dont l'expression du visage de B'Elanna pouvait changer de celle d'un chef ingénieur ultra compétent à celle d'une gentille mère affectueuse. Elle avait recouvé sa tranquillité, désormais, il l'avait remarqué à son comportement, en particulier depuis l'expérience qu'elle avait vécue sur Caprijen. "Et comment va notre petite princesse ?"
"Comme une véritable Belle au Bois Dormant", dit Tom en souriant fièrement. "Je ne t'avais pas dit que j'étais doué avec les bébés ?"
Harry regarda ses deux amis, voyant un père, une mère et une fille réunis, se remémorant avec nostalgie les premiers temps à bord du Voyager, lorsqu'ils avaient tous les trois l'habitude de s'amuser chez Sandrine, jouant au billard, partageant quelques bières au synthétol, toujours dans la bonne humeur. C'étaient des jours heureux, avant que Tom et B'Elanna ne se mettent ensemble, une époque où il avait fini par accepter la coupure avec les siens restés dans le quadrant alpha et entretenait l'espoir de pouvoir faire sa vie ici, sur le Voyager.
Cela ne s'était simplement pas passé de cette manière. Tom et B'Elanna avaient effectivement réalisé leur rêve ensemble. Mais tout ce qu'Harry avait à montrer de ces sept années sur Voyager était son nouvel insigne à son col.
C'est drôle, pensa-t-il pour lui-même. Il y avait eu une époque où une promotion aurait signifié tout pour lui. Mais maintenant qu'il en avait reçu une, il réalisait comme tout cela était sans signification ni importance, à côté de la chance d'avoir des amis ou quelqu'un de spécial avec qui partager sa vie.
Tout ce qu'il pouvait voir maintenant, en regardant ses amis, c'était une famille heureuse et unie. Et il était celui qui restait de côté, celui qui ne faisait plus partie du même monde.
"Euh, écoutez, les amis", dit Harry avec hésitation, "il faut vraiment que j'y aille, maintenant."
"Eh, ça va", dit B'Elanna, l'air toujours enjouée après avoir regardé sa fille. "Tu as une mission de la première importance, aujourd'hui."
"Je vais te dire une chose", dit Tom, "nous pourrions peut-être nous voir pour un petit-déjeuner à ton retour. Je peux bien te réserver cinq minutes après avoir fini de nourrir bébé."
"Ouais", dit Harry, tentant d'afficher un regard courageux. "Ce serait splendide." Mais bien sûr, ça ne l'était pas.
"On se voit plus tard, Harry", dit Tom, B'Elanna et lui repartant ensemble, fiers. "J'ai un cours à donner à Naomi dans une heure, ce qui me laisse juste assez de temps pour faire le ménage derrière la petite princesse." Il montra du doigt la petite boule endormie sur sa poitrine.
"Bien. Je vous verrais plus tard, les amis", répliqua Harry, tout en descendant en solitaire le long corridor qui menait au hangar à navettes.
 
***
 
Seven of Nine marchait à grands pas vers le hangar à navettes avec son allure souveraine et son calme caractéristique. Elle avait téléchargé les dernières données des senseurs du laboratoire d'astrométrie dans la navette pour l'imminente mission d'exploration. Il était nécessaire de cartographier le secteur environnant, pour donner au Voyager quelques indications sur la nature et les propriétés de cette étrange région de l'Espace. Il fallait qu'ils sachent s'il était ou non possible d'en transpercer la bulle pour leur permettre de retourner dans leur Espace-temps normal.
Elle arriva devant l'ascenseur, prête à rencontrer l'Enseigne... non, le 'Lieutenant' Kim, corrigea-t-elle. Il était difficile de penser au jeune officier avec une autre désignation que celle à laquelle elle s'était habituée durant ces quatre dernières années. Le changement n'était pas quelque chose auquel l'ancien Drone s'adaptait très bien, particulièrement lorsque cela touchait les gens avec qui elle avait le plus proche.
Son attention fut attirée par le chuintement de la porte de l'ascenseur, révélant le Commandeur Chakotay. Le Premier Officier leva la tête vers elle, ses yeux s'agrandissant brièvement, puis inclina la tête avec un air de professionnalisme forcé. Elle reprit silencieusement son souffle, essayant de se préparer à la conversation qui allait suivre. Elle avait ressenti le malaise qui entourait leur relation dernièrement, particulièrement quand il était venu mettre au point avec elle les derniers détails de la mission. Durant le premier mois ayant suivi la rupture de leur relation, elle avait tâché de se tenir éloignée de lui, de peur qu'il n'essaye de faire des efforts pour renouer leur brève relation. Mais le Voyager était un petit vaisseau, et l'éviter en permanence s'était révélé impossible.
"Seven", lui adressa-t-il alors qu'elle rentrait dans l'ascenseur, une certaine tension dans la voix en lui parlant. "Y a t-il eu des changements dans les données des senseurs depuis la dernière fois ?"
"Non, Commandeur", répliqua-t-elle brièvement, essayant de paraître aussi détachée que possible. "Les données donnent toujours les mêmes résultats. Je pense que le Lieutenant Kim et moi-même sommes aussi préparés que possible."
"Bien, alors," répondit-il, d'un air aussi peu convaincant, "je suppose qu'il n'y a rien de plus à revoir, n'est-ce pas ?"
"Je crois, en effet."
Seven reconnaissait l'usage de ces banalités dites pour diminuer la tension. Ils n'avaient jamais vraiment discuté de leur brève relation après qu'elle eut choisi de rompre, juste avant d'être pris au piège dans la bulle d'Espace-temps. Le temps était peut-être désormais venu de parler de cela, quelque chose qu'elle avait négligé jusqu'à maintenant.
"Chakotay", dit-elle, passant d'un ton officiel à un plus personnel, étonnant le Premier Officier. "Je voudrais profiter de l'occasion pour m'excuser."
"Vous excuser ?" dit-il, confus.
"Oui, pour la manière que j'ai choisi pour rompre notre relation. Je n'ai jamais eu l'intention de vous causer le moindre mal."
"Je...", commença-t-il, momentanément déconcerté par la tournure inattendue que prenait cette conversation. "J'apprécie que vous me disiez cela, Seven. Mais pour être honnête, j'ai été plus qu'un peu blessé. Je sais que sortir quatre fois ensemble ne fait pas une relation, mais je continue de penser que je méritais plus que d'être simplement jeté de cette façon."
"En effet", répliqua-t-elle, le visage rougissant, mal à l'aise. En dépit du fait que ses sauvegardes n'étaient plus en place pour la protéger des émotions fortes, il restait des sensations nouvelles et peu familières pour elle. "C'est seulement que... j'étais mal à l'aise... pour vous expliquer que je n'aurais jamais dû vous laisser prendre l'initiative en premier dans notre relation."
"Ah ?" fit-il étonné, se demandant s'il devait prendre cela comme une insulte ou non.
"Laissez-moi vous expliquer", se pressa-t-elle d'ajouter. "J'étais... attiré... par vous. Physiquement. Mais cela était basé sur de mauvais critères."
"Je ne vous suis pas."
"Je désirais refaire l'expérience des sentiments que j'avais développé quand j'étais dans l'Unimatrice zéro, ce que j'avais ressenti pour Axum. Afin d'y arriver, j'ai choisi de me rapprocher du membre d'équipage du Voyager qui lui ressemblait le plus."
"Vous voulez dire, moi ?" dit-il, incrédule. "Je vous rappelais Axum ?"
"Oui", répondit-elle rapidement. "Lui et vous êtes des meneurs de révolutions et des hommes aux principes rigides. Il me semblait logique que si je voulais revivre une relation comme celle que j'avais partagée avec Axum, vous étiez le meilleur candidat." Elle baissa les yeux, trouvant difficile de faire face à l'homme à ses côtés. "Mais j'ai réalisé que c'était une erreur, et j'ai rompu ces liens avant que les choses ne deviennent trop... intimes... entre nous."
"Seven, je... J'apprécie votre honnêteté envers moi à ce propos", dit-il, essayant de comprendre le contenu de ce qu'elle lui avait révélé. "Mais vous devez comprendre qu'il n'existe pas deux hommes identiques. Vous ne pouvez pas simplement utiliser quelqu'un comme substitut d'un autre."
"Je comprends cela, maintenant", dit-elle. "Surtout en sachant que j'étais moi-même le substitut d'une autre."
"Pardon ?" dit-il. "De quoi parlez-vous ?"
Je me réfère à l'attraction que vous éprouvez envers le Capitaine Janeway. Je comprends maintenant que vous éprouviez des sentiments envers elle depuis quelques temps."
"Attendez une minute, là", dit-il sur la défensive. Je ne vous ai jamais prise pour un substitut ou une distraction de Catherine... je veux dire le Capitaine. Je voyais en vous une femme attirante ayant fait d'énormes progrès dans le développement de son humanité et je voulais mieux la connaître, c'est tout."
"Je ne suis pas en train de dire que vous avez fait quelque chose d'incorrect", répliqua-t-elle. Ses lèvres s'incurvèrent en une lointaine approximation d'un sourire. "Je désire simplement vous signaler ce que j'ai observé en vous. Je vous ai vu tous les deux vous rapprocher de plus en plus, dernièrement, spécialement depuis notre réunion avec les Ayreths. Si le Capitaine et vous choisissez de vous engager plus avant, j'aimerais que vous sachiez que j'approuve votre union."
Chakotay en resta coi, mais parvint malgré tout à lui adresser un sourire chaleureux. Elle lui rendit son sourire, au moment précis où l'ascenseur arrivait à destination.
"Si vous voulez bien m'excuser, Commandeur", dit-elle, se retournant vers lui tout en sortant de l'ascenseur, laissant Chakotay derrière, perplexe et quelque peu amusé.
L'ancien drone descendit le couloir, ses pensées concentrées sur la manière dont les questions étaient restées en suspens entre elle et Chakotay. Elle espérait avoir résolu de manière satisfaisante toutes les questions avec le Premier Officier du Maquis, afin qu'ils puissent tous deux aller de l'avant et interagir avec efficacité. Ce fut à cet instant qu'elle entendit une voix familière venant de derrière elle.
"Hé, Seven, attendez", l'appela Harry, tandis qu'elle jetait un coup d'oeil par-dessus son épaule pour voir l'officier des opérations accélérer l'allure pour la rattraper.
"Lieutenant Kim", l'accueillit-elle cordialement, mais toutefois distante, ses pensées encore attachées à ses questions personnelles, questions qu'elle ne trouvait pas appropriées de partager avec le jeune officier.
"Lieutenant Kim", répéta Harry en gloussant. "Vous savez, je finissais par croire que vous pensiez que 'Enseigne' était mon prénom ou quelque chose dans ce genre."
"Et pourquoi me croiriez-vous assez ignorante pour confondre un grade de Starfleet avec une dénomination personnelle ?" lui rétorqua-t-elle avec désinvolture. "Nous avons une mission à effectuer, Lieutenant. Je suggère que nous nous mettions en route."
D'autres membres de l'équipage auraient pu s'offenser de son ton. Mais Harry Kim tint sa langue et ne répondit rien. Il ne répondait jamais.
Elle n'avait pas l'intention d'être si rude avec le Lieutenant, pensait Seven à la réflexion, mais il était important qu'elle maintienne une certaine distance avec lui durant le temps de cette mission. Elle avait noté qu'il montrait une tendance excessive à vouloir communiquer avec elle à chaque fois qu'il la sentait mal à l'aise. En fait, il semblait vouloir communiquer avec elle tout le temps lorsqu'ils travaillaient ensemble. C'était parfois des plus distractifs.
Le Lieutenant Kim possédait de nombreuses qualités exceptionnelles, reconnaissait-elle, et elle appréciait sa présence dans sa vie. Elle savait qu'à un moment, dans les premiers temps de sa présence à bord du Voyager, il avait été intéressé par une relation romantique avec elle. Mais il n'était pas comme Chakotay, ni comme Axum. Il était ce que les humains avaient tendance à appeler un 'gars sympathique' ou un 'garçon au coeur sur la main'. Des traits admirables, certes, mais qui manquaient d'agressivité et de domination, qu'elle tenait comme des critères nécessaires pour un partenaire pour elle. Lui et elle n'étaient pas fait l'un pour l'autre, avait-elle conclu en ce temps-là. Elle maintenait donc une certaine distance avec Harry Kim, afin de ne pas encourager le jeune officier à croire que leur relation fut autre chose que professionnelle.
Naturellement, réfléchissait-elle, ne venait-elle pas d'expliquer à l'instant à Chakotay que ses critères étaient erronés ?
 
***
 
Catherine Janeway était assise dans son siège de commandement sur la passerelle, observant la navette décoller de son hangar et s'éloigner du navire. Elle venait juste de communiquer à Harry Kim des instructions de dernière minute pour la mission et leur avait souhaité la chance. Comme dans le Quadrant Delta, cet espace étrange était plein de surprises.
Les portes de la passerelle glissèrent et le Commandeur Chakotay entra d'un pas énergique, suivant le regard de son Capitaine fixé sur l'écran principal.
"Il semble qu'ils aient les choses bien en main", dit-il sèchement en commentaire.
"Peut-être", dit le Capitaine, affichant très clairement son inquiétude. "C'est notre première mission spatiale à longue distance ici dans la Bulle d'espace-temps. Ils seront bien loin de nous s'ils leur arrive quoi que ce soit."
"Harry a déjà participé à de nombreuses missions d'exploration", dit-il, essayant de la rassurer. "Il saura garder le contrôle de la situation et se tenir éloigné des ennuis."
"Je l'espère", répondit-elle, toujours inquiète comme le serait une mère laissant ses enfants traverser la rue pour la première fois. Mais après tout, n'était-ce pas ce que Harry et Seven représentaient pour elle, pensa-t-elle. Ses enfants ?
Il savait que c'était pour cela que sa décision de s'intéresser à Seven avait choqué Catherine si profondément, se dit-il. Pour tout autre femme, cela n'aurait pas eu autant d'importance. Le fait que ce soit Seven, quelqu'un qui était devenu comme une fille adoptive pour Catherine Janeway...
Non, c'était fini, se répéta-t-il. Seven le lui avait fait comprendre, particulièrement aujourd'hui. Il jeta un coup d'oeil au Capitaine, dont l'attention était entièrement tournée vers l'écran et non vers lui. Ils avaient eu l'habitude d'être si proches, avant que l'Amiral ne soit venu à bord et ait révélé à Catherine la vérité sur sa relation avec Seven. Il y avait d'abord eu de la maladresse, puis un léger ressentiment. Et maintenant, après leur récente étrange rencontre avec les Ayreths, ils étaient constamment en train de se tourner autour, mais ne sachant jamais quoi dire.
Mais il savait qu'il allait désormais devoir s'occuper de redonner un nouvel élan à leur relation.
 
***
 
Quelques heures plus tard, Harry et Sept se trouvaient dans l'espace profond, loin du Voyager. Les détecteurs de la navette recueillaient beaucoup de nouvelles données qui servaient à corréler la position de l'équipage, en espérant qu'au moins quelques-unes pourraient fournir un indice quant à la façon de s'échapper de cette bizarre anomalie de l'espace-temps dans laquelle ils étaient pris au piège.
Cela serait le plus long vol de navette de la vie d'Harry. Il se sentait toujours un peu en reste après l'échec retentissant de sa première tentative d'humour. Il n'était pas sûr de savoir ce qui le dérangeait le plus, le fait que Seven semble prendre un plaisir particulier à lui rabattre son caquet chaque fois qu'il tentait de passer un moment agréable en sa compagnie, ou le fait qu'elle semble se comporter comme si elle était la responsable de cette mission. C'était rituel entre lui et Seven. Pourquoi aujourd'hui serait-il différent des autres fois, pensait-il amèrement ?
"Tout va bien là-bas ?" demanda-t-il.
"Les systèmes du vaisseau fonctionnent toujours au niveau optimum", annonça-t-elle, d'un ton sec.
"Ce n'est pas ce que je voulais dire", dit Harry. "Je parlais de vous."
"Moi ?"
"Vous semblez un peu distraite, Seven", dit-il, essayant d'engager la conversation avec l'ancien drone. Il avait remarqué qu'elle semblait avoir l'esprit ailleurs, tout en ne laissant voir que de subtils indices de cet état.
"Je ne le suis pas", répondit-elle sèchement. "Je suis... concentrée sur les tâches qui m'ont été confiées. En tout état de cause, Lieutenant, c'est vous qui insistez pour me distraire par des conversations inutiles."
"Hé, je pensais juste..."
"Je crois, Lieutenant", l'interrompit-elle, "que nous ferions mieux de nous concentrer sur notre mission et éviter toute conversation inutile."
"Excellent", soupira-t-il. "Comme vous voudrez." Pourquoi avait-il l'impression qu'à chaque fois qu'elle prononçait le mot 'Lieutenant', cela sonnait comme si elle disait 'Enseigne' ? pensait Harry avec indignation.
Il était profondément frustré. Avec tous les autres à bord du Voyager, il savait exactement où il mettait les pieds. Il était un ami, où du moins il partageait une relation amicale de travail. Mais Seven était toujours une énigme complète pour lui. Il avait été physiquement attiré par elle quand il avait commencé à travailler avec elle, mais il avait accepté depuis longtemps le fait qu'elle ne voyait aucun intérêt à s'engager dans quoi que ce soit de romantique avec lui. Il s'était consolé en se disant qu'elle n'était pas simplement pas encore prête à ressentir ce genre d'émotions, bien que d'après ce qu'il avait entendu dire plus tard de ses expériences dans l'Unimatrice Zéro et d'après certaines rumeurs entre Chakotay et elle, qu'il ne croyait d'ailleurs pas totalement, elle désirait visiblement en faire l'expérience désormais. Mais pas avec lui, apparemment.
"Je crois, Lieutenant", l'interrompit-elle, "que nous ferions mieux de nous concentrer sur notre mission et éviter toute conversation inutile."
"Excellent", soupira-t-il. "Comme vous voudrez." Pourquoi avait-il l'impression qu'à chaque fois qu'elle prononçait le mot 'Lieutenant', cela sonnait comme si elle disait 'Enseigne' ? pensait Harry avec indignation.
Il était profondément frustré. Avec tous les autres à bord du Voyager, il savait exactement où il mettait les pieds. Il était un ami, où au moins partageait une relation amicale de travail. Mais Seven était toujours une énigme complète pour lui. Il avait été physiquement attiré par elle quand il avait commencé à travailler avec elle, mais il avait accepté depuis longtemps le fait qu'elle ne voyait aucun intérêt à s'engager dans quoi que ce soit de romantique avec lui. Il s'était consolé en se disant qu'elle n'était pas simplement pas encore prête à ressentir ce genre d'émotions, bien que d'après ce qu'il avait entendu dire plus tard de ses expériences dans l'Unimatrice Zéro et d'après certaines rumeurs entre Chakotay et elle, qu'il ne croyait pas complètement d'ailleurs, elle désirait visiblement en faire l'expérience désormais. Mais pas avec lui, apparemment.
Il pouvait accepter cela. Alors à la place, il avait essayé d'être son ami. Et le plus souvent, il n'avait récolté que des ennuis de ses tentatives.
Ils avaient parfois travaillé ensemble, mais ils ne semblaient alors être que deux étrangers polis. Il y avait aussi des moments où elle lui parlait durement avec mépris, comme s'il était quelque chose qui la gênait au fond de sa botte.
Mais il y avait aussi ces brefs moments, lorsqu'elle se montrait vulnérable. Elle lui parlait alors comme à l'ami qu'il avait essayé d'être pendant ces quatre dernières années. Il se souvenait quand elle lui avait gracieusement offert le temps qui lui était alloué sur le réseau de transmission Pathfinder, pour qu'il puisse parler avec ses parents. Et il y avait les moments où elle l'avait remercié pour l'aide qu'il lui avait apporté dans son travail, et aussi ceux quand elle lui a souhaité un prompt rétablissement après sa rupture avec Tal, il y avait deux ans.
Même ces derniers temps, sitôt après avoir été pris au piège dans la Bulle d'Espace-Temps, il se rappelait tendrement les sentiments qu'ils avaient partagés à propos de leurs craintes et de leurs espoirs pour l'avenir. Pendant de brefs moments comme ceux-ci, Harry avait l'impression que Seven et lui étaient devenus les amis qu'il avait toujours espéré.
Mais alors elle s'éloignait de nouveau et le rembarrait. Juste un autre jour dans sa vie avec Seven of Nine, se disait-il, avec sarcasme.
Ses rêveries furent interrompues par une voix sur sa gauche. "Lieutenant", dit Seven, alors qu'elle regardait son écran, quelque peu déconcertée. "Je détecte une distorsion spatiale à très courte portée."
"A courte portée ?" dit Harry, perplexe. "Nous aurions dû la détecter..."
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, qu'un brillant éclair de lumière et d'énergie explosa sur le côté de la navette.
"Alerte rouge!" cria Harry, d'une voix autoritaire.
Seven obtempéra rapidement et avec efficacité, ses doigts dansant sur le panneau de contrôle, essayant de localiser la source de la perturbation. Mais avant qu'elle puisse fournir une quelconque nouvelle information, une autre explosion retentit, cette fois assez forte pour faire trembler le vaisseau.
"Qu'est-ce qui ... ?" essaya de dire Harry, alors que la console d'ingénierie à sa droite explosait dans une gerbe d'étincelles.
"Nous avons des dégâts sur la nacelle gauche !" annonça Seven.
"Mais qu'est-ce qui nous a frappé au juste ?!" demanda Harry par-dessus le vacarme du chaos.
La réponse se présenta sous la forme d'une masse irrégulière et sombre en train d'apparaître à travers la baie avant, à peine discernable sur le noir de l'espace.
"Les Sernaix", murmura lentement Harry, se rappelant viscéralement la raclée qu'il avait reçue durant sa dernière mission d'exploration.
"Lieutenant", l'appela Seven, les yeux rivés sur l'écran. Harry suivit son regard pour voir ce qui avait attiré son attention.
Sur les détecteurs visuels, qui étaient les seuls senseurs à leur disposition pouvant détecter ces puissants vaisseaux, et encore seulement à très courte portée, se trouvaient deux autres navires Sernaix de taille similaire au premier. Les deux navires se déplaçaient en formation pour rejoindre leur prédécesseur, en tête.
"Trois vaisseaux", souffla Harry, essayant de conserver son calme. Après tout, il était le commandement de cette mission. Mais le Voyager s'était déjà retrouvé submergé par un unique petit navire qu'ils avaient classifié comme éclaireur. Alors une navette contre trois navires de cette sorte ? Il était difficile de ne pas s'imaginer avec Seven comme déjà morts.
"Des recommandations, Lieutenant ?" demanda Seven.
"visiblement, ils sont juste en train de jouer avec nous", s'empressa-t-il de dire . "Ou bien nous serions déjà grillés."
"Et quand ils seront fatigués de jouer avec nous ?" demanda Seven, levant un sourcil.
C'était toujours lui qui assumait le commandement, pensa Harry, avec une détermination sinistre. Et il ne les laisserait pas s'en sortir aussi facilement contre Seven ou lui-même.
"Le tir reçu sur la nacelle a-t-il fait beaucoup de dégâts ?" demanda-t-il.
Seven consulta rapidement le moniteur de contrôle du vaisseau. "Nous avons une fuite de plasma qui diminue le rendement de la nacelle de vingt millicochrances par seconde."
Harry se pencha sur sa console et commença à entrer de nouvelles commandes.
"Que faites-vous ?" demanda Seven.
Il ne se donna pas la peine de la regarder en lui répondant, les yeux rivés sur les données des détecteurs qui montraient les trois navires attaquants fonçant sur eux dans un autre passage. "Nous ne pouvons pas les combattre, donc nous allons devoir les fuir."
"Vous chargez l'ordinateur d'augmenter l'alimentation en plasma de la nacelle gauche !" dit-elle alarmée.
"Dès que nous aurons une traînée de plasma suffisante, vous tirerez aux phaseurs, ce qui enflammera le plasma. Cela aveuglera temporairement leurs détecteurs, et nous effectuerons immédiatement des manoeuvres d'évasion."
"Et comment espérez-vous que nous puissions fuir les Sernaix si nous endommageons encore plus notre nacelle de distorsion ?" insista-t-elle.
Harry soupira devant son obstination et continua son explication. "Si nous avons de la chance, nous pourrons trouver un endroit où nous réfugier et nous cacher de leurs détecteurs. Peut-être se fatigueront-ils alors et décideront de partir, ce qui nous permettra d'appeler le Voyager à l'aide."
"En endommageant les nacelles de distorsion, vous limitez nos options", dit-elle sèchement.
"Nous n'avons aucune option !" lui rétorqua Harry, qui en avait assez de l'incessante contestation de Seven quant à son autorité. "Qui a le commandement de cette mission d'exploration ?" Nous avons en face de nous trois vaisseaux, alors qu'un seul suffirait à réduire en miettes le Voyager. Nous ne pouvons les combattre ou même les duper. Si vous voyez une autre possibilité, j'adorerais l'entendre. Dans le cas contraire, enflammez le plasma immédiatement."
Ses yeux se tournèrent vers lui alors qu'elle atteignait la console et tira aux phaseurs arrière sur le courant de plasma derrière eux. Un éclair brillant s'ensuivit tandis que le plasma fortement ionisé accusait la décharge d'énergie. Dans la navette, ils y étaient préparés. Pas les Sernaix.
"Ils ralentissent", cria Harry, remarquant que les trois navires viraient au large pour tenter de retrouver leur équilibre. "Je programme une trajectoire au cap un sept deux point neuf."
La navette vira alors brusquement de sa trajectoire initiale et se déplaça de façon complètement aléatoire vers l'intérieur du système solaire qu'ils examinaient.
"Seven", cria Harry à l'ancien drone. "Gardez les senseurs réglés pour signaler tout objet derrière lequel nous pourrions nous cacher."
"Oui, Lieutenant", dit-elle, d'un ton détaché.
Harry ne fit pas attention à l'attitude de Seven, occupé d'une part à déterminer une trajectoire d'évasion dans la partie la plus dense du système solaire intérieur en vitesse d'impulsion maximale, et d'autre part surveillant visuellement l'approche de leurs poursuivants. Il savait que cela deviendrait bientôt un problème concret, étant donné que les Sernaix semblaient être uniquement détectables par les senseurs de la Fédération à courte portée, au mieux. A longue portée, ils étaient complètement invisibles.
"Ils nous cherchent", annonça Harry. A ce stade, le Voyager n'avait qu'une vague idée générale des capacités des vaisseaux de leurs nouveaux ennemis. Mais leur puissance de feu, leur manoeuvrabilité et leurs capacités de camouflage en faisant des adversaires plus redoutables que les Borgs.
"La nacelle de gauche enregistre une chute de son intégrité structurelle", annonça Seven. "Elle ne supportera plus longtemps cette vitesse d'impulsion maximale."
"Juste encore un peu", grogna Harry.
"Ont-ils retrouvé notre position ?" demanda Seven.
"Il ne semble pas", dit Harry. "Du moins pas encore."
"Cela ne durera pas. Les Sernaix sont les plus..." L'attention de Seven fut alors attirée par le signal de ses détecteurs. "Lieutenant, je crois avoir trouvé une cachette possible. Il y a une comète au cap un point cinq. Elle dégaze actuellement du plasma froid qui masquerait les émissions de nos nacelles."
"Seven, vous êtes merveilleuse !" s'exclama Harry, sa frustration précédente évaporée tandis qu'il programmait la trajectoire. Seven se contenta de lever à nouveau un sourcil.
La navette se glissa avec ses seuls réacteurs de manoeuvre à l'intérieur de la longue queue de gaz de la comète, la coque tintant contre l'épaisse couche de poussière et les blocs de glace éjectés du noyau central.
"Espérons que nous n'ayons pas à rester là-dedans trop longtemps", dit Harry. "Je ne sais pas combien de temps la coque peut tenir, bombardée de cette façon."
"Approximativement vingt-neuf heures avant que l'intégrité structurelle soit compromise", répondit-elle. "Lieutenant, vous réalisez que si les Sernaix décident de s'approcher plus près de cette comète, il ne leur faudra pas longtemps pour nous découvrir ?"
"Je le sais", dit Harry, son irritation revenant à la charge. "Mais nous n'avons pas..."
Il se tut soudainement, les yeux fixés sur la baie avant. Seven suivit son regard, adoptant la même expression.
Devant eux se trouvait un vaisseau, sombre et aux formes irrégulières, dérivant de l'autre côté du noyau carboné sombre de la comète. Sa conception ne laissait aucun doute sur son origine. C'était Sernaix. Mais il ne ressemblait en rien aux petits vaisseaux puissants qui les pourchassaient, ou à ceux qui avaient harcelé le Voyageur depuis qu'ils étaient perdus dans la Bulle d'Espace-Temps. Ce vaisseau était grand, beaucoup plus imposant qu'un vaisseau de classe intrepid, ressemblant à une chauve-souris démoniaque en colère. Et probablement beaucoup plus puissant.
"Oh, mon Dieu", murmura Harry, s'attendant à sa fin.
Mais rien ne se passa. Le grand navire Sernaix ne montra aucun signe d'action hostile contre eux. En fait, il ne bougeait pas du tout. Il dérivait simplement sans énergie en orbite autour de la comète, n'émettant ni signature énergétique, ni signe d'activité.
Mais cela n'en était toujours pas moins effrayant.
 
***
 
Pendant ce temps à bord du Voyager, Catherine Janeway se ravissait à observer la bataille d'esprits se déroulant devant elle. Elle n'était pas la seule. Au moins une douzaine de membres d'équipage se pressaient là, envieux de voir Tuvok et T'Pel adversaires, le mari tête-à-tête contre sa femme, dans une partie de Kal-Toh.
"Alors", fit derrière elle une voix familière. Elle se retourna pour découvrir le visage tatoué de son Premier Officier. "Qui gagne ?"
Bien sûr, Janeway en connaissait assez sur la culture Vulcaine pour savoir que le jeu de Kal-Toh n'avait pas pour but la victoire ou l'échec, mais plutôt l'apport aux joueurs d'une logique plus affinée. Mais du point de vue de la compétitivité humaine, cela n'était qu'un autre jeu où l'un des joueurs devait battre son adversaire.
"Personne, pour le moment", répondit-elle à Chakotay avec un sourire inquiet. "Je pense que les deux sont d'un niveau très similaire."
"Bien, j'imagine qu'après être marié à la même personne pendant soixante-dix ans, on commence à avoir une idée assez précise de la manière dont pense l'autre", répondit-il avec un petit sourire satisfait. Elle lui répondit d'un sourire. Cela faisait du bien de pouvoir plaisanter de nouveau avec lui.
"Bien, j'ai le choix entre observer des jeux de logique vulcaine, ou tenter ma chance avec la fondue de bulle de M. Chell", répondit-elle en riant.
"Peut-être pourrions-nous essayer quelque chose d'un peu différent ?" suggéra-t-il timidement. "Cela fait longtemps que nous n'avons pas dîné ensemble. Cela vous intéresse-t-il ?"
Pendant un instant, Janeway fut effrayée par sa demande. Elle pensa aux Ayreths et à ce qu'elle avait ressenti là-bas. Elle ne s'était jamais rendue compte durant ces quelques derniers mois combien ces rapports avec son Premier Officier lui avaient manquée. "Je... je crois que j'en serais ravie."
"Ce soir, alors ?"
"Ce... ce sera parfait", répondit-elle, essayant d'afficher un air calme. Mais en elle-même, elle se sentait redevenue aussi nerveuse qu'une écolière.
 
***
 
Harry termina l'approche de la navette au-dessous de l'immense corps principal de ce qu'ils avaient nommé 'le cuirassé' Sernaix. Il supposait que la masse du vaisseau combinée avec la capacité des Sernaix à pouvoir se camoufler de leurs détecteurs aideraient à masquer leur navire endommagé. Cette stratégie semblait fonctionner, remarqua Seven, alors qu'ils attendaient immobiles depuis plusieurs heures au minimum d'énergie, les trois vaisseaux poursuivants n'apparaissant toujours pas. A aucun moment le grand navire n'avait semblé réagir à leur présence, de même qu'ils n'avaient jamais réussi à scanner son intérieur malgré leurs tentatives répétées. Ils avaient convenu que si le cuirassé avait une quelconque intention hostile envers eux, il leur aurait déjà montré.
Mais c'était tout ce sur quoi ils s'étaient accordés.
"Lieutenant", dit Seven à Harry, "je crois que le navire est abandonné. Comment expliquer autrement son manque d'agressivité envers nous ?"
"Je ne sais pas", bougonna Harry. "Peut-être est-ce juste un autre de leurs jeux."
"Alors cela semble être extrêmement illogique", répondit-elle brusquement.
"Les Sernaix n'ont jamais été logiques jusqu'ici", dit-il. "Ils nous ont tirés dessus à partir du moment où nous sommes arrivés dans cette région. Tout cela pourrait n'être qu'une autre tentative de leur part pour en apprendre plus sur nous."
"Alors peut-être serait-il temps d'en apprendre plus sur 'eux'", répondit Seven avec une certaine satisfaction.
Harry regarda l'ancien drone, inquiet et incertain. "A quoi pensez-vous au juste, Seven ?"
"Si ce vaisseau est aussi désert que je le crois", exposa-t-elle, "alors ce serait dans notre intérêt de nous téléporter à bord et d'étudier ses capacités techniques."
"Quoi ?!" dit Harry, incrédule devant la suggestion insensée de Seven. "Nous n'avons aucune idée de ce qu'il y a dans ce navire. Il pourrait y avoir une armée de Sernaix juste en train de nous attendre. Et oubliez-vous que nos détecteurs ne peuvent même pas pénétrer sa coque ? Nous pourrions nous téléporter droit dans un mur."
"Nous savons que les Sernaix sont capables de se téléporter de leurs navires, c'est donc faisable en principe", répondit-elle. "Nous pourrions d'abord téléporter un modèle organique afin de renvoyer un rayon-porteur précis à nos détecteurs sur lequel ils se verrouilleraient. Si nous perdions le signal, nous saurions que c'est risqué."
"Cela reste extrêmement risqué", répondit-il, toujours pas convaincu. "Il serait peut-être plus sûr de contacter le Voyager pour leur demander de venir jusqu'ici."
"Lieutenant, notre mission est de recueillir des informations sur la région dans laquelle nous sommes pris au piège pour nous en servir afin d'augmenter nos chances de survie. Une meilleure connaissance de notre ennemi fait sûrement partie de ces objectifs ?"
Harry soupira, sachant que sa logique lui donnait raison. Aussi dangereux que cela puisse être, une telle occasion d'observer la technologie Sernaix de si près pourrait ne pas se représenter. Et s'ils pourraient apprendre quelque chose sur la manière dont leurs vaisseaux fonctionnaient, cela pourrait faire la différence la prochaine fois que le Voyager en rencontrerait un dans un combat.
A condition que Seven et lui survivent et puissent revenir à bord du Voyager.
"Vous savez que je ne peux pas vous laisser vous transporter dans un environnement potentiellement hostile sans appui", dit-il.
"Alors je suggère que vous m'accompagniez, Lieutenant", lui répondit-elle, sur un ton de supériorité dont il ne tint pas compte. "Nous pouvons programmer la navette pour qu'elle lance une téléportation automatique d'urgence, au cas où nous rencontrerions un problème quelconque."
Tout ce qu'Harry put répondre fut un soupir. "Pourquoi cela me semble-t-il si familier ?" dit-il.
"Lieutenant ?"
"Je ne peux juste pas m'empêcher de repenser à une vieille histoire que Tom m'a raconté une fois", dit-il. "Quelque chose à propos de deux adolescents s'abritant d'une tempête à l'intérieur d'une maison hantée."
"Hantée ? vous voulez dire avec des fantômes ?" Elle le regarda d'un air moqueur, avec impatience. "Lieutenant, vous avec sûrement conscience que des choses comme des fantômes n'existent pas."
"Bien sûr que cela n'existe pas", dit-il, essayant de paraître convaincant.
 
***
 
La chance s'en mêlant, le modèle organique que Seven avait téléporté en premier ne s'était pas matérialisé dans leur coeur de distorsion ou dans une paroi de la coque. Il rapporta s'être téléporté dans une chambre vide, dans le vide à un mètre au-dessus du sol. Il était tombé assez durement, mais avait encore été capable de renvoyer le feu vert et de fournir les données nécessaires pour assurer une téléportation sûre d'Harry et de Seven.
La première chose qu'Harry Kim remarqua une fois ses molécules ré-assemblées fut la lumière. Les Sernaix semblaient préférer une illumination dure, à base de néons bleus plus chargés en ultraviolets. Regarder les panneaux illuminés commença par endommager les yeux d'Harry, mais quelques minutes d'exposition l'aidèrent à graduellement s'acclimater au niveau d'illumination.
Seven, naturellement, ne parut pas du tout être dérangée par la lumière. Elle sortit immédiatement son tricordeur et commença à saisir les données de son détecteur. Harry, au contraire, saisit nerveusement le phaseur à sa ceinture, juste pour s'assurer que l'endroit était sûr.
"Est-ce que vous avez vu tout cela", souffla Harry, observant la chambre autour de lui.
"En effet, j'ai vu", dit Seven, l'air également impressionnée et, pour la première fois de la mission, un peu incertaine.
Ils s'étaient transportés dans une grande salle simple, globalement de la même dimension que le mess du Voyager. Les murs et le plafond semblaient tous être faits de quelque matériau noir et lisse, et coulés les uns dans les autres, ne laissant aucune arête vive et aucun coin. Des pulsations énergétiques rapides semblaient danser à l'intérieur même des murs, se mêlant pour former des icônes et des formes peu familières à Harry. Il s'approcha instinctivement pour toucher le mur le plus proche. Il s'était attendu à une sorte de chaleur, mais le mur semblait étrangement froid au contact.
"Personne pour nous saluer", observa-t-il. "Vous pensiez que quelqu'un remarquerait notre arrivée à bord."
"Ce qui appuierait mon hypothèse selon laquelle le navire est abandonné", dit Seven d'un air avec suffisance.
"Peut-être", dit Harry. "Mais si l'équipage est mort, qui donc les a tués ? Ou s'ils ont abandonné le vaisseau, alors qu'est-ce qui les a forcé à partir ? Dans un cas comme dans l'autre, est-ce que c'est vraiment une bonne idée que de rester ici ?"
Seven jeta un coup d'oeil à son tricordeur, enregistrant les données sur l'environnement qui l'entourait. "Je ne détecte aucun niveau anormal de radiation, pas de toxine ou d'agent bactériologique dans l'atmosphère. Pas plus que je n'enregistre de fuite significative d'énergie de l'intérieur du vaisseau qui indiquerait des dégâts aux moteurs."
"Seven, nous n'avons pas la moindre idée de l'énergie qui alimente ce navire, ni de savoir si quelque chose pourrait tourner mal. Dès que nous aurons effectué une rapide inspection visuelle autour de nous, nous nous retransporterons dans la navette et essayerons de contacter le Voyager. De toute façon, il faudra probablement une équipe complète de l'ingénierie pour évaluer ce vaisseau."
"Peut-être", répondit-elle brusquement, visiblement déçue à l'idée d'écourter cette occasion de comprendre ce nouveau vaisseau et irritée des précautions superflues du Lieutenant Kim. Mais qu'elle soit contente ou non, il assumait le commandement de cette mission et elle devait se soumettre.
"Hmm", réfléchit Harry tout en regardant le long des murs sombres et lisses des couloirs qui sortaient de la chambre. "Il ne semble y avoir aucun panneau d'accès ou de commandes nulle part."
"En effet", accorda Seven. "Cela semble cohérent avec les appareils que nous avons découverts sur Caprijen. Aucun ne semblait avoir d'écran ou de moyens visibles de contrôle."
"Alors comment fonctionnent-ils ?" demanda Harry. "Vos données livrent-elles un quelconque indice ?"
"Pas encore", répondit Seven, son attention concentrée sur les données défilant sur son tricordeur. "Il faudrait que nous étudiions leur passerelle et leur ingénierie pour en apprendre plus." Elle se tut soudainement, s'approchant des murs, ses yeux s'élargissant de stupéfaction devant les dernières lectures qui s'affichaient.
"Qu'est-ce qu'il y a ?"
"Lieutenant", souffla Seven, "j'arrive à obtenir une lecture claire de la composition de la coque de l'intérieur du navire."
"Vraiment ?" dit Harry, l'intérêt piqué. "De quoi est-ce fait ? Est-ce que c'est quelque chose que nous pouvons combattre ?"
"Je... je ne suis pas sûre", dit-elle. "La coque est constituée de trois couches, celle du milieu semblant être un film comprimé de plasma refroidi au zéro absolu."
"Un condensas de Bose-Einstein ?" dit Harry, reconnaissant le principe physique. "Qu'est-ce que cela peut bien faire, intégré dans la coque ?"
"Visiblement, cela doit..." Mais elle n'acheva pas sa phrase, les données de l'analyse de la coque continuant d'arriver. "Lieutenant, la coque externe... elle est constituée de photonium."
"Photonium ?" dit Harry, incrédule, se rappelant ses cours de physique de l'Académie. "Vous voulez dire... de la matière faite de photons ? De la lumière ?! Mais c'est juste une théorie !"
"Apparemment, c'est plus que de la théorie, Lieutenant", lui fit-t-elle remarquer en se retournant vers lui. "Le condensas de Bose-Einstein est utilisé pour abaisser le niveau d'énergie des photons et ralentir ainsi leur vitesse à celle d'un état au repos. Les Sernaix ont visiblement trouvé le moyen de fixer le motif global de ces ondes dans une matrice stable qui se rapproche de la matière solide pour pouvoir alors en exploiter les propriétés physiques."
"Mon Dieu", dit Harry, en regardant son propre tricordeur, secouant sa tête de confusion. Il savait que les Sernaix avaient quelques outils sophistiqués à leur disposition. Mais ceci était quelque chose qu'ils n'auraient pas pu imaginer dans leur plus folles spéculations. "Je n'ai jamais rien vu de ce genre. Enfin, j'ai entendu parler d'expériences où des plasmas froids ont été employés pour ralentir des photons à une vitesse ridicule. Mais jamais de construction de matière solide à partir de ça !"
"En effet, c'est des plus impressionnants", dit Seven, visiblement intimidée par n'importe quelle sorte de nouvelle technologique pouvant s'ajouter à ses connaissances pourtant déjà considérables. "Les Borgs ont assimilé trois espèces dont les recherches scientifiques s'étaient rapprochées d'un tel exploit, mais qui n'avaient pas réussi complètement. L'espèce 953 a même réussi à construire des formes cristallines simples de ce genre de lumière gelée pour des utilisations médicales. Visiblement, les Sernaix ont surpassé ce niveau en fabriquant des coques entières de vaisseaux avec un tel matériau. Cependant, je ne parviens pas à comprendre la logique de tels efforts."
"Oh, je crois savoir", dit Harry d'un ton enjoué. "Je me rappelle un de mes instructeurs de Physique Théorique, commentant certaines des propriétés théoriques que la 'matière photonique' aurait si l'on arrivait jamais à la fabriquer. Cela n'aurait presque aucune masse et pourrait altérer son indice de réfraction pour absorber la lumière et l'énergie à volonté." Le jeune officier secoua alors la tête une nouvelle fois. "Mon Dieu, ce n'est pas étonnant que nos détecteurs n'aient jamais réussi à sonder ces vaisseaux."
"Et que les armes du Voyager n'aient eu d'effet sur leur surface", ajouta l'ancien drone. "De plus, des coques avec une masse négligeable expliqueraient l'impressionnante manoeuvrabilité des Sernaix."
Harry resta sans voix en regardant l'étendue de la chambre autour de lui. Il commençait à peine à entrevoir la menace qui se profilait devant eux et le reste de l'équipage du Voyager. Pour sûr, ils s'étaient sortis de quelques égratignures sévères, tant ici que dans le Quadrant Delta. Mais les Sernaix avaient presque réussi à détruire le Voyager à plusieurs occasions, et même alors, il était clair qu'ils avaient simplement joués avec eux, laissant à peine entrevoir à leurs adversaires ce dont ils étaient capables.
Comment se battre contre un ennemi qui peut construire des vaisseaux à partir de la lumière elle-même, se demanda Harry. S'étaient-ils finalement heurtés à un ennemi qu'ils ne pouvaient pas battre ?
 
***
 
Harry et Seven avaient avancé plus profondément au coeur du vaisseau, espérant trouver l'équivalent d'un centre de contrôle ou d'une passerelle. Les couloirs du navire Sernaix, cependant, ne semblaient pas être arrangés selon une quelconque logique comme ils l'étaient sur tout navire de Starfleet, observait Harry. De même que le navire ne semblait pas non plus être divisé en ponts qui auraient exigé un ascenseur. Tout semblait plus organique, comme si les pièces et les salles étaient creusées dans la roche solide. Les vestibules s'incurvaient, montaient ou descendaient, se divisaient en deux, et donnaient sur de nouvelles pièces qui ressemblaient en tout point à celle dans laquelle ils s'étaient téléportés.
En fait, de l'avis d'Harry, le vaisseau Sernaix semblait bizarrement non spécialisé, un peu comme un vaisseau Borg. Mais pourtant, se raisonnait-il, il devait quand même y avoir quelque chose comme une passerelle quelque part sur le navire, même si cela n'était utilisé qu'en cas d'urgence. C'était généralement là qu'ils espéraient trouver les stations de contrôle, où ils pourraient avoir accès aux systèmes du vaisseau et en apprendre le plus sur ses fonctions.
Ou, ce qui était encore plus important, ce qui était arrivé à l'équipage.
Tous deux continuaient leur descente vers un autre vestibule noir, quand Harry se retourna soudainement, ayant aperçu un mouvement du coin de son oeil.
"Vous avez vu ?" Il a dit à son compagnon.
"Je n'ai vu rien, Lieutenant", répondit rudement Seven.
"J'aurais juré avoir vu quelque chose par là", dit-il tout en regardant derrière lui dans la direction d'où ils étaient venus. "Peut-être un rat, ou quelque chose comme ça."
"Est-ce que vous supposez que l'équipage a évacué ce navire à cause d'une invasion de rongeurs ?" demanda-t-elle brusquement.
"Non, c'est juste..." il essaya de lui expliquer, de justifier ce qu'il venait de dire, mais ce n'était pas vraiment faisable. Cet endroit lui donnait juste des frissons, c'était tout. Mais quel genre de chef de mission serait-il s'il racontait cela à Seven ? Aurait-elle un quelconque respect envers lui si elle pensait qu'un vaisseau apparemment vide l'avait effrayé ? Avait-elle le moindre respect pour lui, même maintenant ? Et pourquoi son respect lui importait-il tant, de toute façon ?
"Je suggère que nous continuions notre recherche", dit-elle froidement, tout en passant devant lui pour descendre le couloir. Harry ne la suivit pas tout de suite.
Pourquoi devait-elle lui parler de cette façon tout le temps, pensa-t-il en lui-même ? Avait-elle vraiment si peu d'attention à son égard qu'elle ne pensait même pas à la manière blessante dont elle prononçait ses paroles ? Il fut un temps où un mot gentil ou un regard doux de sa part auraient signifié quelque chose pour lui. Mais même maintenant, après que tant de temps se soit passé depuis ces premiers jours d'engouement, elle lui faisait toujours de l'effet, même si ce n'était pas toujours celui dont il avait eu envie autrefois.
Comme il s'attardait, il remarqua une autre chambre partant du couloir. Sa curiosité prenant le dessus, Harry s'y dirigea, voyant que la pièce n'était pas illuminée comme les autres. L'officier des opérations passa la tête à l'intérieur, saisissant sa lampe de poche pour éclairer le chemin devant lui.
Et c'est à ce moment qu'il vit les corps.
Il eut le souffle coupé et sauta en arrière à cette vision d'horreur, laissant presque tomber sa lampe dans l'action. "Seven !" appela-t-il, autant pour entendre sa voix que pour vérifier qu'elle allait bien.
"Lieutenant!" appela-t-elle en écho, tout en revenant en courant, son visage exprimant d'abord de l'inquiétude. Puis elle suivit son regard fixé dans la direction que sa lampe illuminait.
Ils regardèrent tous deux fixement à l'intérieur de la pièce et virent les cadavres d'au moins trente ou quarante Sernaix, tous parfaitement alignés, étendus paisiblement, immobiles et silencieux. Il n'y avait aucun signe de violence, aucun indice de la cause de leur mort, sur aucun d'entre eux...
Sur tous, sauf un.
Tandis que Seven passait son tricordeur au-dessus du corps Sernaix le plus proche, Harry suivit un flot de sang épais et sombre menant à un cadavre Sernaix seul, séparé du reste de l'équipage. Ce Sernaix semblait avoir plus d'importance que les autres, comme l'indiquait le nombre plus important de tatouages fluorescents sur ses bras et son visage, ainsi que le bijou qu'il portait. Ils avaient au moins appris cela de leur dernière rencontre. Le statut d'un Sernaix dans son groupe se déterminait par ses ornements et les inscriptions sur son corps.
Mais au contraire des expressions tranquilles des visages des autres cadavres, ce Sernaix était visiblement mort de manière violente. Son torse avait été tailladé et mordu à plusieurs reprises, ses membres pendus haut et court pour augmenter la perte de sang. Harry devint blanc, effrayé et dégoûté à la vue de cette vision de mort. Quiconque avait tué ce Sernaix avait visiblement voulu qu'il souffre avant de mourir.
"Lieutenant", l'appela Seven, accroupie près des autres cadavres. "J'ai examiné trois des corps. Je ne peux pas en être complètement certaine, mais je crois que ces Sernaix sont morts d'un empoisonnement au monoxyde de carbone."
"Certainement pas celui-ci", souffla Harry, incapable de quitter des yeux le visage de souffrance du Sernaix mort.
"Oui", dit Seven. "Il est étrange que celui-ci ait été tué d'une façon différente des autres."
Harry se retourna alors vers l'ancien drone, déterminé et fronçant les yeux. "Sortons d'ici, Seven. Maintenant. Nous essayerons d'appeler le Voyager pour obtenir une équipe de sécurité comme support."
"Lieutenant", répondit-elle, irritée. "Vous ne pensez quand même pas que les tueurs de cet équipage sont toujours à bord de ce navire ?"
"Si, Seven", se reprit-il laconiquement, "je le pense. Regardez ces corps. Nous savons que les vaisseaux des Sernaix n'ont pas de grands équipages. S'il s'agit de l'équipage entier, alors ils ne devaient pas tous se trouver dans la même pièce quand... quoi que ce soit est arrivé ici. Quelqu'un a dû déplacer ces corps après leur mort. Quelqu'un qui est probablement 'très' dangereux s'il peut faire 'cela' !" Il montra du doigt le corps mutilé du Sernaix à côté de lui.
"Je crois que vous êtes excessivement prudent", dit-elle pour lui résister.
"Et vous êtes dangereusement imprudente", répliqua-t-il.
"Notre mission..."
"...est de survivre !" lui cria-t-il. "Et au cas où vous l'auriez oubliée, j'assure encore le commandement de cette mission ! Alors quand je dis que nous retournons à la navette, vous me suivez. Fin de la discussion."
Seven était silencieuse, beaucoup trop silencieuse. Elle le fixa des yeux, l'expression gênée et clairement mécontente. "J'obtempèrerai", dit-elle, d'une manière qui se voulait définitive. Mais il était clair que ce n'était pas ce qu'elle aurait voulu faire.
Avec une expression également sévère, la regardant toujours fixement, Harry appuya sur son communicateur pour contacter l'ordinateur de la navette. "Kim Delta Epsilon. Deux à remonter."
Mais rien ne se passa. Harry ne sentit pas le rayon familier du téléporteur l'envelopper. Le transport ne s'était pas effectué.
Il répéta sa commande à l'ordinateur de la navette deux fois, mais les deux demandes restèrent vaines.
"Que diable ?" jura-t-il. "Seven, vous avez programmé l'ordinateur pour un transport à distance, n'est-ce pas ?"
"Je peux vous l'assurer", répondit-elle brusquement, l'air presque insultée d'être accusée d'une telle négligence. Elle tira à nouveau son tricordeur de sa poche et refit un scan des murs. "Lieutenant, l'indice de réfraction de la coque extérieure a changé."
"Pardon ?"
"Nous ne pouvons plus nous retransporter à la navette, car la coque bloque le verrouillage du téléporteur. Nous sommes... pris au piège à bord de ce vaisseau."
Les yeux d'Harry s'élargirent de détresse. Ils s'agrandirent encore lorsque le navire vacilla d'un coup violemment sur le côté, les déséquilibrant tous les deux. Il y eut de forts grondements, ressemblant à des explosions assourdies. Si Harry n'en avait pas su autant sur ce navire, il aurait pensé que quelqu'un leur tirait sur eux. Mais qui ? Le Voyager ? Impossible, se dit-il. Ses torpilles à photons n'auraient eu aucun effet contre un vaisseau si puissant.
 
Il jeta un regard vers Seven, l'air visiblement alarmé, sans dire un mot. Si ce n'était pas le meilleur moment pour lui dire 'je vous l'avais bien dit.' !
 
***
 
Vex, Adimh de la Montagne de Jade, était assis dans sa couchette de commandement sur la passerelle de sa bande de vaisseau. L'image de l'intérieur de l'atmosphère cométaire était projetée sous la forme d'un hologramme panoramique autour de son équipage et de lui-même, tandis qu'il se concentrait sur la bataille en cours. Au moins une douzaine de Sernaix mâles étaient en poste sur la passerelle de sa bande d'éclaireurs aujourd'hui, silencieux alors que leurs corps se fondaient dans les prises d'interface, leur expérience s'affichant sous la forme de dessins holographiques flottant autour de leur corps.
Il parvint à saisir une grande tasse de 'jiopol' de l'un des petits serveurs broussailleux qui servaient d'extension au vaisseau. Vex sirota le breuvage mousseux, le savourant avec délicatesse, le parfum épicé sélectionné spécifiquement selon ses goûts. Cela faisait du bien d'apprécier une bonne boisson après une dure et longue journée, surtout après...
"Là !", cria-t-il avec satisfaction, indiquant du doigt une tâche planant près du noyau de la comète, derrière des volutes brumeuses de gaz et de poussières. L'Abomination était repérée. Cela avait nécessité le balayage combiné des senseurs des trois vaisseaux, mais ils avaient fini par trianguler la position de leur proie près du coeur de la comète errante.
"Nous les tenons !" dit Imesh, son Zvir, debout à côté de la couche de commande, prêt à prendre sa place si jamais Vex venait à tomber dans le feu de l'action. Imesh souriait avec délice à la pensée du combat qui allait s'en suivre. Vex partageait le sens de l'anticipation de son Second. Cela faisait beaucoup trop longtemps que la Montagne de Jade n'avait pas goûté la joie et l'euphorie du sang versé. Depuis les dix derniers cycles, sa bande avait été engagée dans des chasses sans danger et occasionnellement dans le harcèlement d'autres espèces. Ils n'éprouvaient plus de joie dans ce genre d'action depuis longtemps, pensait-il l'air indigné. Les Sernaix étaient les maîtres incontestés de cette région de l'Espace, et les faibles races s'étaient depuis longtemps résignées à accepter leur destin d'être dominées et chassées par eux. Il y avait peu de nouveaux territoires à explorer, ou de nouveaux défis à relever.
Tout du moins, jusqu'à ce que le vaisseau ennemi, le Voyager, apparaisse dans leur Espace.
Vex savait que les Adimhs du Soleil Violet et du Champ de Cobalt étaient liés par la même bataille, comme ils l'étaient eux-mêmes. Ils voulaient tous expérimenter les sensations de la bataille du point de vue des autres, mais puisque La Montagne de Jade avait été la première bande à répondre au contrat Royal contre l'Abomination, c'étaient elle qui avait le commandement de ce combat.
Jusqu'à présent, la chasse avait été exactement comme sa bande et lui l'avait espérée. Après plusieurs poursuites rapprochées avec l'Abomination, ils s'en étaient pris à une des navettes appartenant à l'ennemi. Il se souvenait de son immense joie lorsqu'ils avaient pris par surprise le minuscule vaisseau, sa technologie primitive de détection incapable de voir les vaisseaux Sernaix jusqu'à ce qu'ils soient droits au-dessus d'eux. L'Adimh du Champ de Cobalt s'était préparé à les détruire, mais l'ennemi s'était montré plus intelligent et avait réussi à aveugler leurs senseurs brièvement afin de s'échapper. D'après ce qu'ils savaient de ce vaisseau, il était trop endommagé pour être allé bien loin, et se cachait probablement dans ce même système solaire, peut-être même près de l'Abomination elle-même.
Peut-être était-ce mieux ainsi, pensa Vex en privé. Il n'aurait pas aimé que le combat se finisse aussi vite. Et il savourait le fait que l'ennemi ait été assez redoutable pour mettre en défaut leur technologie. Cela rendait le combat beaucoup plus captivant, une fois qu'ils en auraient fini dans ce coin. Il essayait d'imaginer où il placerait le tatouage et quel motif il choisirait, pour cette marque qui montrerait son expérience du conflit à venir.
"Adimh Vex", dit une voix qui semblait venir de nulle part, une de ces voix ne provenant d'aucun des membres de son équipage. C'était l'Esprit de Vaisseau, qui essayait à nouveau d'attirer son attention. Vex roula les yeux d'ennui. Les Esprits étaient nécessaires au fonctionnement de leurs vaisseaux, mais il aurait préféré qu'ils restent silencieux et occupés à leur travail, et laisser la joie de vivre à ceux qui étaient toujours de chair et de sang. Il les trouvait presque aussi insupportables que les femelles oisives et les Cadres de la cour du Royaume.
"Oui", gronda Vex d'un ton bourru, s'adressant à l'Esprit sans le respect qu'il montrerait envers son équipage. Quand les Sernaix se nommaient, ils annonçaient traditionnellement leurs noms accompagnés de leur famille et de leur genre. L'Esprit n'avait aucune identité, si ce n'était celle qu'il se créait dans la vaste étendue du Royaume.
"Excusez mon interruption, Adimh Vex", dit l'Esprit sur un ton obséquieux, "mais il y a quelque chose que vous devriez regarder."
Vex modifia la résonance de son champ de force corporel, afin que l'Esprit et lui puissent se connecter dans une conversation privée, non observés du reste de l'équipage de la passerelle. La scène autour de lui disparut pour laisser place à son espace virtuel personnel, une vue du bord d'un lac sur la planète Lokiju, un endroit qui l'avait frappé pour sa beauté particulière. En surimpression dans son champ de vision apparut une simulation du champ de bataille. L'Esprit zooma autour du coeur cométaire, montrant la forme sombre et irrégulière du vaisseau qui avait été autrefois celui de la bande du Ciel d'Argent. Et là, juste à côté de lui, se trouvait...
"L'ennemi !" s'exclama Vex, simultanément en proie à une excitation vive et à la furie. La navette ennemie avait trouvé l'Abomination avant eux. Il avait espéré prolonger les chasses des deux vaisseaux aussi longtemps que possible. Désormais, et c'était regrettable, elles allaient se terminer toutes les deux en même temps. Il parla de nouveau à l'Esprit. "Sont-ils déjà à bord du vaisseau ?"
"Oui, Adimh. Ils sont à bord", lui répondit-il d'un ton des plus passif et impassible. "C'est pourquoi vous ne pouvez pas détruire le vaisseau du Ciel d'Argent."
"Quoi ?!" cracha Vex, incrédule. "Comment osez-vous dire cela ? Nous avons accepté un contrat du Royaume pour détruire l'Abomination..."
"Les événements ont changé, Adimh", annonça l'Esprit. "J'ai analysé les relevés enregistrés de la navette ennemie lors de notre brève rencontre. Je les ai comparés à ceux analysés à partir des échantillons pris sur Caprijen."
La mâchoire de Vex retomba mollement en écoutant la voix de l'Esprit du Vaisseau. "Etes-vous en train de dire que..."
"Oui, Adimh", répondit-il. "L'Etre Touché est à bord du vaisseau du Ciel d'Argent. Je suis certain de ne pas avoir à vous rappeler la demande du Cadre de la Direction pour que cet individu soit pris sans être blessé."
Un ennemi qui avait connu le Contact des Dieux eux-mêmes! Quand les résultats de la mission de la Pierre de Crimson sur Caprijen avaient été diffusés à travers le Royaume, ils avaient pris par surprise toute la race Sernaix, ou du moins ce qu'il en restait. Les Dieux faisaient partie de l'Histoire ancienne, précédant le Royaume lui-même. Mais leur empreinte marquait encore fortement la race Sernaix à ce jour. Si l'un des ennemis avait vraiment été Touché par eux...
"Etes-vous certain de cela ?" demanda-t-il.
"Je l'ai confirmé avec les Esprits du Soleil Violet et du Champ de Cobalt. Si vous le désirez, je peux contacter le Royaume et..."
"Non!" cria Vex, déterminé à ne pas laisser le Cadre de la Direction venir se mêler de cette bataille. Il s'en occuperait avec sa bande. Il modula à nouveau son champ de force corporel afin que les Adimhs du Soleil Violet et du Champ de Cobalt puissent prendre part à cette conversation. Les Adimhs Tokul et Nagewa apparurent dans son champ de vision virtuel.
"Avez-vous entendu ?" dit Vex à ses frères Adimhs sur leurs vaisseaux respectifs.
"Nous avons discuté avec nos Esprits de Vaisseau", dit Nagewa, Adimh du Champ de Cobalt. "Nous ne pouvons pas détruire l'Etre Touché."
"Qu'allons-nous faire ?" gémit Tokul, Adimh du Soleil Violet. C'était un jeune Adimh, impulsif et encore inexpérimenté, mais se reposant sur la sagesse de ses aînés. "Allons-nous simplement laisser s'échapper l'Abomination ?"
"Sommes-nous seulement certains que l'Abomination n'a pas déjà tué l'équipage ennemi de la même manière qu'elle a tué celui du Ciel d'Argent ?" demanda Nagewa.
"Ils sont toujours vivants", dit Vex en se frottant le menton, réfléchissant aux options possibles. "Les senseurs montrent qu'ils sont deux à bord. Visiblement, notre tâche est devenue plus compliquée. Mais pas impossible. Si nous ne pouvons pas détruire l'Abomination, nous devrons la maîtriser et monter à bord."
Ce sera risqué", dit Tokul. "Une attaque contre ce vaisseau risquerait de blesser l'Etre Touché. Le Cadre de la Direction serait furieux contre nous si cela arrivait."
Les anciens Adimhs grognèrent contre leur jeune frère, dégoûtés de la complaisance et de la peur qu'il montrait dans ses manières. On dirait un enfant, pensait Vex, qui s'effraierait du mécontentement des femmes.
"En premier lieu, il nous faudra désactiver les moteurs", dit Nagewa, "et envoyer une équipe d'interception pour capturer l'Etre Touché."
"Nous enverrons TROIS équipes", corrigea Vex à l'attention de l'Adimh du Champ de Cobalt, "afin que chacune de nos bandes bénéficie de l'expérience de ramener l'Etre Touché dans le Royaume. Dès que nos équipes auront quitté le vaisseau, l'Abomination pourra être détruite comme nous le désirerons."
"Bien entendu, Adimh Vex", répliqua Nagewa, un sourire s'esquissant à ses lèvres.
"Dans l'intervalle", dit Vex, regardant au-delà des deux Sernaix pour regarder la projection de la simulation de bataille située derrière eux, "nous devrions leur couper les deux moyens de retraite possibles. Vous deux vous concentrerez sur les moteurs du vaisseau du Ciel d'Argent."
"Et vous ?" dit Nagewa.
Vex sourit devant la scène qui se déroulait dans la queue de la comète devant lui. "Je vais capturer le vaisseau ennemi. Un moyen de garder groupées nos deux prises, dirais-je."
Quelques minutes plus tard, les trois vaisseaux éclaireurs Sernaix concentraient leur gigantesque puissance de feu sur les deux vaisseaux en orbite autour de la comète. Un simple tir de l'armement de Vex vaporisa la navette inoccupée de Starfleet. Le grand vaisseau Sernaix tout proche revint à la vie, sa coque absorbant le coup porté contre lui à la limite de ses possibilités, tout en s'éloignant de la comète.
Les trois petits vaisseaux Sernaix foncèrent sur lui dans une poursuite effrénée, recherchant tous l'excitation de la chasse.
 
***
 
"Que s'est-il passé ?" voulut savoir Harry, déconcerté, ne s'adressant pas nécessairement à Seven, mais à l'univers entier.
"Je n'en suis pas certaine", lui répondit Seven. "Je crois que nous sommes en mouvement."
"En mouvement ? Comment pouvez-vous savoir cela ? Je n'ai ressenti aucun déséquilibre ou inertie."
"Il y a eu déséquilibre, très léger, mais suffisant pour que je le sente. Il semble que la conception des compensateurs inertiels Sernaix soit beaucoup plus sophistiquée que celle de la Fédération."
Harry inspecta le couloir dans lequel ils se trouvaient, essayant de trouver un indice qui leur donnerait un semblant de réponse. "Que ne donnerais-je pas en ce moment pour une fenêtre", dit-il en se lamentant.
Seven se contenta de lui donner une réponse dénuée d'émotion. "Une vue de l'extérieur ne ferait que confirmer ce que nous suspectons déjà, à savoir que nous sommes en route pour une destination inconnue et que nous n'avons aucun moyen de quitter actuellement le vaisseau."
Harry lâcha un soupir de résignation. "La question est que faisons-nous maintenant ?"
"Je pensais que la réponse à cette question était évidente", répliqua-t-elle d'un ton irrité. "Visiblement, il y a quelqu'un à bord qui commande ce vaisseau. Nous devons faire un effort pour dépasser nos différends et réquisitionner le vaisseau pour notre propre usage."
"C'est une intention louable, Seven", répondit Harry avec lassitude, "mais comment sommes-nous supposer faire cela, au juste ? Nous ne savons pas à combien de personnes nous avons à faire ni comment les combattre. Et même si nous parvenions à les vaincre, sauriez-vous seulement comment faire voler ce navire ?"
"Que suggèreriez-vous comme alternative ?" rétorqua-t-elle.
"Je pense que nous devrions prendre contact avec eux", répondit-il sérieusement. "Essayer de discuter avec celui ou ceux qui contrôlent le vaisseau. Au moins pourrons-nous gagner un peu de temps en attendant d'avoir une meilleure idée de la manière dont ce navire se commande."
Le visage de Seven exprimait quasiment le dégoût. "Un effort tout à fait inutile", dit-elle avec désinvolture. "Notre adversaire a tué, et plutôt violemment, devrais-je ajouter. Nous avons toutes les raisons de penser qu'il tuera à nouveau."
"Il aurait pu nous tuer au moment où nous sommes arrivés à bord. Ou encore il aurait pu détruire notre navette. Mais il n'en a rien fait."
"Cela pourrait bien être la même chose que vous disiez à propos des Sernaix. Peut-être tire-t-il plaisir à nous voir souffrir."
"Ou peut-être est-ce un ennemi des Sernaix", rétorqua Harry. "Vous savez ce que l'on dit sur l'ennemi de mon ennemi."
Mais Seven ne se laissait pas convaincre par ses paroles. "Placer sa confiance dans un individu ayant démontré une prédilection pour la violence est en même temps illogique et irrationnel. Votre foi aveugle dans l'idéalisme de Starfleet met en danger et notre mission et nos vies."
"Vous croyez ?" dit froidement Harry. "Bien, de toute manière, vous n'avez pas vraiment la possibilité de décider quoi faire, n'est-ce pas ?"
"Je ne pense pas, Enseigne. Cela..."
"Lieutenant !"
"Je vous demande pardon ?"
"Mon rang est Lieutenant !" rugit-il contre elle, sa patience envers elle ayant finalement atteint son maximum. "J'ai attendu longtemps après cette promotion, alors vous feriez fichtrement bien de vous rappeler mon rang quand vous vous adressez à moi."
Seven, peut-être pour la première fois depuis qu'Harry la connaissait, fut réduite au silence. Elle avait toujours cru Harry tellement... prévisible. Et pour Seven, c'était un point intéressant.
"J'en ai plus qu'assez de vos remontrances et de votre attitude, Seven!" dit-il, enragé. "Vous n'aimez pas la manière dont je prends les décisions dans cette mission, c'est d'accord! Vous pourrez en parler au Capitaine lorsque nous serons rentrés. Mais vous ne remettez pas mes ordres en question dans les situations de crise. J'ai excusé votre curiosité et fait jusqu'à maintenant abstraction de la manière irrespectueuse dont vous m'avez parlé durant cette mission. Mais en fin de compte, c'est moi qui prends les décisions finales, même si vous vous croyez supérieure à moi."
"Je n'ai jamais..." essaya-t-elle de dire.
"Jamais ?" lui ria-t-il durement en retour. "Vous voulez dire que vous ne m'avez jamais traité avec la moindre once de respect ! Vous avez toujours pris un malin plaisir à me rabaisser, m'enfoncer quand j'étais au plus mal, et à rejeter tous les gestes de bienveillance que j'ai eu envers vous..." Il s'arrêta juste avant de mentionner l'épisode où Seven l'avait le plus blessé, quand elle lui avait dit qu'il n'était pas 'un bon candidat' pour un premier rendez-vous avec elle. Mais cela était de loin beaucoup trop personnel pour en parler dans ce contexte. Ce n'était pas le problème du moment, se reprit-il.
"Dites-moi, Seven", continua-t-il, la voix fatiguée et frustrée, "cela vous amuse-t-il ? Est-ce la seule façon que vous avez de vous sentir bien, rabaisser les autres de la sorte ?"
Seven était complètement prise au dépourvu. Elle n'aurait jamais suspecté une telle montée de fureur de la part de Harry Kim. De tous les gens qu'elle connaissait, elle avait toujours cru qu'il était l'un de ses plus proches collègues du Voyager, quelqu'un dont le comportement était toujours prédictible et sûr. Etait-ce comme cela qu'elle apparaissait à ses yeux ? Etait-ce à cause de la manière dont elle lui parlait d'habitude ? Elle exprimait toujours ses pensées quand elle était en présence du jeune officier. Il ne lui était simplement jamais venu à l'esprit que ce qu'elle considérait comme des familiarités et de la franchise pouvait apparaître comme de la rudesse et de l'absence de respect.
"Je... je ne sais que dire", répondit-elle doucement.
"Pourquoi avez-vous remis en question toutes mes décisions durant cette mission, Seven ?" la questionna-t-il, sur un ton plus interrogateur que fâché. "Avez-vous si peu de foi en moi après la mission Nightingale ? Pensez-vous avoir des critiques à me formuler ?"
Seven se raidit immédiatement en réaction à cette accusation précise. "Mes actions étaient parfaitement justifiées dans ce cas-là", répondit-elle sur la défensive. "Vos erreurs de jugement avaient mis nos vies en danger. Nieriez-vous que vous aviez tort pendant cette mission-là ?"
"Peut-être", grommela-t-il, "mais vous n'aviez-vous à faire comme si cela vous faisait tellement plaisir."
"Je... n'ai pas aimé faire remarquer vos erreurs", dit Seven, d'un ton qui semblait presque vulnérable. "S'il était un sentiment que je ressentais à ce moment, c'était... de la déception."
"De la déception ? contre moi ?"
"Oui", dit-elle en le regardant, sa voix s'adoucissant. "Je savais que vous pouviez faire mieux."
C'était maintenant au tour d'Harry de rester sans voix. Quel effet Seven of Nine avait-elle donc sur lui ? Elle pouvait littéralement le mettre en fureur, le rabaisser la minute suivante, et alors faire volte-face et lui retourner le coeur ?
Réveille-toi, Harry, se mit-il en garde. Rappelle-toi où tu te trouves.
"Je..." essaya-t-il de dire tout en se reprenant. "Ecoutez, nous devons rester concentré. Nous pourrons régler nos problèmes personnels plus tard. Pour l'instant, nous devons trouver un moyen de sortir de ce vaisseau."
"Vous avez raison." Sa voix semblait plus claire, et désormais plus humble. "Vous êtes le commandant de cette mission. J'obéirai à vos recommandations pour des négociations pacifiques."
"Merci", murmura-t-il. "Ce que nous devons faire en premier lieu, c'est trouver la passerelle. Quel que soit l'individu qui tire les ficelles sur ce vaisseau s'y trouve forcément. Quoi qu'il arrive, contact ou conflit, cela devra se passer là-bas."
"Une supposition logique", acquiesça-t-elle, les réminiscences de l'explication furieuse d'Harry persistant encore dans l'air. "Mais comment allons-nous la trouver ?"
Harry réfléchit à la question. "Avez-vous situé les couloirs dans lesquels nous sommes passés dans le plan général du vaisseau ?"
"Je l'ai fait."
"Faisons l'hypothèse que les Sernaix ont conçu les compartiments de leurs vaisseaux de la même manière que la plupart des autres races", continua-t-il. "Nous allons nous diriger vers les étages supérieurs avant jusqu'à ce que nous trouvions quelque chose qui ressemble à un centre de contrôle." Voyant le regard déconcerté de la jeune femme blonde, il continua. "Ok, je sais que c'est une hypothèse hasardeuse, mais c'est tout ce que nous avons pour l'instant."
"Effectivement", constata-t-elle, tout en se saisissant de son tricordeur. "Cependant, il y a quelque chose que nous devons prendre en compte. Selon mes sondages sur le chemin qui se trouve devant nous, les couloirs se séparent en deux halls avant de reconverger en un point central près du nez du vaisseau."
"Et bien c'est probablement la passerelle", dit Harry avec excitation. "C'est exactement ce que nous avions besoin de savoir."
"Mais pensez à ceci, Lieutenant", ajouta Seven d'un air sérieux, "si notre adversaire est capable de surveiller nos mouvements à bord de ce vaisseau, ce qui est plus que probable, alors approcher tous les deux ensemble nous rendrait très vulnérables."
"Que voulez-vous dire, Seven ?"
"L'un de nous doit survivre pour atteindre la passerelle et stopper ce vaisseau, au cas où les choses deviendraient hostiles", répondit-elle. "Je crois que nous devrions nous séparer."
"Absolument pas", dit immédiatement Harry. "Sans personne pour assurer nos arrières, nous serions chacun en danger."
"Peut-être", dit-elle, "mais nous serons également en danger si nous sommes attaqués en même temps. En nous séparant, nous augmenterions les chances que l'un de nous atteigne le centre de contrôle."
"Et affronter l'adversaire seul ?" dit-il carrément.
"Je vous accorde que c'est risqué", dit-elle solennellement, "mais je crois que nos chances seront plus grandes si nous sommes séparés. Même si l'un échoue, l'autre pourrait survivre. Et comme vous l'avez dit vous-même, le premier objectif de notre mission est de survivre. Même s'il n'y en a qu'un seul qui survit."
Harry prit une profonde inspiration et réfléchit aux options qu'ils avaient devant eux. Ils n'en avaient aucune. C'était peut-être ce qu'il y avait de plus dur dans le commandement d'une mission, comme il l'avait appris de la débâcle de la mission Nightingale. Parfois, le chef devait prendre des décisions qui provoqueraient presque sûrement la mort de personnes. Même des gens qu'il connaissait et aimait.
"D'accord", acquiesça-t-il tristement. "Nous allons prendre chacun un couloir et rester en communication permanente l'un avec l'autre. Gardez votre tricordeur réglé pour surveiller toutes les signatures biologiques en permanence. Si nous devons continuer chacun de notre côté, alors nous n'allons rien laisser nous prendre par surprise. Est-ce bien compris ?"
"Compris, Lieutenant", lui répondit-elle. elle semblait presque lui avoir répondu avec respect, cette fois."
C'était un changement positif.
"Et, Seven", lui lança-t-il, juste au moment où elle était sur le point de disparaître dans le couloir inférieur.
"Oui, Lieutenant ?"
"Je..." Il essaya de lui parler, voulant lui dire comme il était désolé d'avoir perdu son calme l'instant d'avant. Mais ce n'était pas le moment. Il la verrait plus tard, une fois qu'ils seraient tous les deux en sécurité, et lui ferait ses excuses. A la place, il lui sourit, et tapota le phaseur accroché à sa ceinture. "N'hésitez pas à utiliser cela si vous voyez quoi que ce soit."
"Je vous assure que je ferai tout ce qu'il faut pour me protéger", lui répondit-elle. "Faites attention à bien faire la même chose." Ses paroles s'adoucirent alors une nouvelle fois, et elle sembla... était-elle en train de lui sourire ?" Je vous revois sur la passerelle, Lieutenant Kim. Bonne chance."
"Je pensais que vous m'aviez dit que vous ne croyiez pas en la chance", lui dit-il pour la taquiner.
"Je m'adapte", répliqua-t-elle. Son sourire semblait s'élargir tandis qu'elle s'éloignait.
 
***
 
Adimh Vex n'était pas content. Pas plus que Tokul ou Nagewa. En dépit de la punition qu'ils avaient infligée au vaisseau de l'Abomination, ils n'avaient pas réussi à détruire ses moteurs. Bien qu'il soit relativement certains que la propulsion à courant de glisse ait été endommagée, empêchant ainsi leur proie de les distancer, le vaisseau de guerre prouvait qu'il était un redoutable adversaire. L'Abomination avait répondu à leurs tirs, endommageant le vaisseau du Champ de Cobalt, ce qui lui avait donné l'opportunité d'engager des manoeuvres d'évasion et de s'échapper.
L'Abomination leur avait échappé à nouveau, et cette fois elle avait emmené l'Etre Touché avec elle. Vex avait fait preuve d'une stratégie risquée, et il avait perdu. Maintenant, leurs deux proies leur avaient échappés.
"Gardez les ensembles, avez-vous dit", gronda Nagewa contre Vex. Cette fois, leurs esprits étaient reliés dans l'espace virtuel privé de Nagewa, une plaine volcanique ardente avec une étoile géante rouge flamboyant à l'horizon. Vex frémit face à toutes les pensées qui pouvaient traverser l'esprit de l'Adimh du Champ de cobalt. "Désormais, nous n'avons plus rien à montrer de nos efforts !"
"Ce n'est pas le moment de commencer à distribuer les blâmes", avertit Vex Nagewa, sa voix sous-entendant une menace.
"Oh, c'est tout à fait le moment", rétorqua Nagewa. Surtout si cela amène le Cadre de la Direction dans la bataille ! Vous avez rendu les choses difficiles pour tous ceux des bandes, maintenant !"
"Vous exagérez le problème", dit-il en réponse, fatigué de l'hystérie des autres Adimhs.
"Vraiment ?" rétorqua Nagewa. "Supposez seulement que l'Abomination tue l'Etre Touché ? Ou pire ? Supposez qu'elle trouve un moyen d'acquérir pour elle-même les connaissances de l'Etre Touché ? Pouvez-vous imaginer la catastrophe que cela provoquerait ?"
Vex ne laissa pas sa nervosité s'afficher. Mais les paroles de Nagewa lui firent effectivement peur. Que se passerait-il si...?
"Peut-être avons-nous encore un moyen de nous sauver la face", les coupa Tokul, sa voix plus assurée qu'elle ne l'avait été auparavant, maintenant que les événements se retournaient contre Vex.
"Et que suggérez-vous ?" Nagewa se retourna, furieux, vers le plus jeune Adimh.
"Le Voyager", dit Tokul, l'air satisfait. "Le Cadre de la Direction a exigé qu'ils ne soient pas complètement détruits, n'est-ce pas ?"
"Bien sûr !" lâcha Vex avec colère, furieux que Tokul les interrompe avec quelque chose si hors sujet de leur situation présente. "Qu'est-ce que cela a à voir avec le reste ?"
"Ils ont été considérés à part parce que l'on ne pouvait pas autoriser la mort de l'Etre Touché, ais-je raison ?" dit Tokul, son regard virtuel rayonnant tout en parlant.
"Et bien, oui, mais..."
"Mais l'Etre Touché n'est plus à bord du Voyager, désormais", conclut-il, les commissures de ses lèvres s'incurvant de plaisir.
Vex et Nagewa sourirent en réponse à celui de Tokul. Oui, ils étaient d'accord. La destruction du Voyager, tuant le premier vaisseau ennemi rencontré depuis un millénaire, observé et connu dans toute l'étendue du Royaume, leur ferait gagner plus de respect par cette victoire.
"Excellente suggestion, effectivement, Tokul", le félicita Vex. "Mais pouvons-nous trouver le Voyager ?"
"Cela ne devrait pas être difficile", dit Nagewa, l'air rusé. "Nous pouvons extrapoler leur trajectoire de vol depuis Caprijen, et la corréler avec les coordonnées où nous avons rencontré leur navette. S'ils envisagent un rendez-vous avec eux, alors ils ne s'éloigneront probablement pas trop loin.
"Vous réalisez", ajouta Tokul, "qu'ils ne seront pas capables de résister à un seul de nos vaisseaux pendant très longtemps, sans parler des trois."
"Ne vous inquiétez pas de cela", dit Vex. "Nous pouvons trouver un moyen de faire partager à tous cette expérience. Peut-être pourrons-nous même aborder le Voyager une fois qu'il aura été affaibli et commencer à tuer les membres d'équipage un par un."
"Oui", dit Nagewa. "Mais seulement si chacun de nos trois vaisseaux a une chance de pouvoir y participer, bien sûr."
"Naturellement", ria Vex en signe d'accord.
L'exécution du Voyager serait vraiment une nouveauté, pensa Vex fièrement, quelque chose de nouveau à partager pour toute la race Sernaix. Ce serait un avant-goût alléchant de ce qui suivrait, surtout quand les Sernaix finiraient par s'échapper de la Phase et détruiraient le monde natal de l'Ennemi.
 
***
 
La marche solitaire le long des couloirs du vaisseau Sernaix allait s'avérer être le plus long moment de la courte vie d'Harry. Eclairé seulement par la lueur des fines bandes luminescentes des néons au-dessus de sa tête, le hall menant sur ce qu'il espérait être la passerelle semblait se rétrécir et se resserrer au fur et à mesure qu'il s'avançait.
Bien sûr, il savait que ce n'était que son imagination, mais pour l'instant, c'était tout ce qu'il avait pour lui tenir compagnie.
Il jeta à nouveau un coup d'oeil à son tricordeur, soulagé de voir que l'écran ne révélait aucun mouvement ni aucune présence organique s'approchant de lui. Cela aurait été encore mieux s'il avait été capable de détecter la présence de Seven dans l'autre branche du couloir. Malheureusement, plus les deux branches divergeaient, plus la distance entre eux augmentait, de même que l'épaisseur des murs les séparant. Après s'être séparés, Ils avaient très rapidement perdu la possibilité de se détecter l'un l'autre.
Heureusement, Seven et lui avaient convenu de s'appeler tous les vingt mètres, juste pour vérifier que tout allait bien. Les murs ne semblaient pas altérer les signaux de leurs communicateurs de la même manière que leur détecteurs, et ils avaient réussi à s'entendre haut et fort sur les trente premiers mètres.
Mais alors qu'ils avançaient encore chacun de leur côté, le signal se faisait plus intermittent, la réception plus bruitée. Jusqu'à ce que finalement...
"Seven", appela-t-il sur son communicateur, "vous n'avez pas appelé. Quelle est votre situation ?"
Et rien ne vint en réponse.
Il essaya de l'appeler trois fois, mais sans résultat. La connexion était rompue.
Il ne savait pas ce qu'il allait faire. Devait-il faire demi-tour et rejoindre Seven, pour se rassurer et vérifier qu'elle n'était pas en danger ? Ou devait-il simplement continuer son chemin jusqu'à la passerelle, en espérant d'y rencontrer sa collègue ? Et qu'étaient-ils supposés faire une fois arrivés là-bas ?
Harry avait toujours essayé de se raisonner que son expérience ratée de commandement dans la mission Nightingale n'avait jamais été une épreuve juste de ses aptitudes à commander. C'est ce que le Capitaine Janeway et le Commandeur Chakotay lui avaient dit pour essayer de le rassurer quand il avait fait son rapport après la mission. Mais il connaissait la vérité. Il avait échoué, pas parce qu'il n'avait pas réussi à voir qu'il avait été dupé par les Kraylor, mais à cause de la façon dont il s'était conduit comme Capitaine. Il avait tellement désiré prouver à tout le monde, y compris lui-même, qu'il n'était pas l'éternel enseigne, qu'il avait fini par vouloir tout contrôler, tout faire à la place de l'équipage. Il s'était juré après coup qu'il ne referait jamais plus la même erreur, qu'il aurait confiance dans le travail des gens qu'il commanderait, et ne prendrait les décisions de commandement que lorsque ses fonctions l'exigeraient.
C'était le cas à cet instant précis. Il devait faire confiance à Seven quant à sa sécurité, quoi qu'il lui en coûte de ne pas en être sûr. Sa mission était de survivre et d'atteindre la passerelle.
Harry reprit son chemin vers le nez de l'appareil, follement anxieux pour Seven. Ses émotions étaient mitigées après sa récente explication avec elle. Avoir laissé afficher sa vulnérabilité devant lui l'avait désorienté, de même qu'il ne savait plus ou en était leur relation. Etaient-ils collègues ? Amis ?
Il atteignit finalement le bout du couloir et poursuivit sur le chemin qui serpentait vers le haut, débouchant sur une grande salle illuminée. Assez bizarrement, les portes semblaient grandes ouvertes, comme s'il était attendu. Harry ne savait pas ce qu'il allait y trouver, mais il défit son phaseur de sa ceinture quand même. Il avança prudemment, s'accroupit devant l'entrée, se préparant à prendre son adversaire par surprise, et après avoir compté jusqu'à trois, bondit sur la passerelle, le phaseur dégainé, préparé à affronter le mystérieux Capitaine dans une parodie de scène de bravoure.
Il balaya les alentours du regard. Il n'y avait personne. Personne, à part Seven of Nine, installée dans une sorte de fauteuil relax qui occupait la position qu'aurait un fauteuil de commandement sur la passerelle d'un vaisseau de Starfleet.
Elle leva les yeux vers lui. Elle avait l'air vivante, mais dans une sorte d'état de torpeur. Un câble reliait le côté de son implant visuel à une grande sphère bleue et blanche lumineuse pendue au plafond de la pièce. Une douzaine de petits robots, ressemblant à un croisement entre de grandes algues marines et des buissons roulées par le vent, entouraient l'ancien Drone, agissant comme s'ils la gardaient.
"Seven ?" Mais elle ne semblait pas avoir conscience de sa présence. Il s'avança vers elle, espérant la libérer. L'un des robots en forme de broussailles bougea pour l'intercepter. Il roula sur son chemin, hérissant ses épines, toutes aussi pointues que menaçantes.
"Je ne ferais pas cela si j'étais vous", annonça une voix grave résonnante, faisant écho sur toute la passerelle. Ces manipulateurs peuvent être très efficaces comme couteaux. Je pourrais facilement commander les robots pour qu'ils vous découpent du cou jusqu'au nombril, si je le voulais."
La sphère s'assombrit un peu tout en projetant un hologramme à taille humaine devant lui. C'était un Sernaix large d'épaules, de plus de deux mètres, avec beaucoup de tatouages dorés et rouges sur son corps et son visage bleu sombre. Sa peau était littéralement un livre de souvenirs, racontés par des images et des scènes qui dansaient sur sa peau. Et son visage avait l'air familier cornu démoniaque auquel il s'attendait désormais après la rencontre avec les Sernaix sur le Voyager. Mais son expression semblait différente. Ce Sernaix avait l'air... de lui sourire, même si cela avait l'air d'un sourire profondément menaçant à le faire frissonner.
"Bienvenue sur la passerelle, Lieutenant Harry Kim", lui dit-il avec la même voix grave, mais émanant désormais directement des lèvres de l'hologramme.
"Que lui avez-vous fait ?" demanda expressément le jeune officier.
"Ne craignez rien, jeune homme", dit l'hologramme, "il ne lui sera fait aucun mal. En fait, elle est même en train d'acquérir certaines expériences."
"Qui... qui êtes-vous ?" demanda nerveusement Harry en s'approchant de la projection.
"Qui je suis ?" l'hologramme ria bruyamment, en levant les bras dans un large et spectaculaire mouvement. "Mon nom est Ozymandias, Roi des Rois ! Voyez mon travail, oh puissants et désespérés !"
Ce n'était pas du tout ce qu'Harry s'était attendu à entendre. "Vous citez Shelley ?" demanda-t-il incrédule.
"Oui", gloussa l'hologramme. "Quelque chose de fascinant, votre poésie. Des mots qui ressemblent presque à de la musique. Nous n'avons pas d'équivalent à cette forme d'art dans notre culture, savez-vous ?"
"Et comment arrivez-vous au juste à me citer des extraits de poésie humaine ?" demanda Harry, essayant de garder le contrôle de la situation et de ne pas être dépassé.
"Oh, nous savons un grand nombre de choses à propos de votre peuple', dit Ozymandias. "Depuis que nous sommes montés à bord de votre vaisseau, quelques bandes téméraires ont fureté autour de vous sous couvert de leur camouflage et ont copié vos journaux de bord pour en apprendre plus sur vous. Cela n'a vraiment pas été trop compliqué. Vos détecteurs ne sont pas très sophistiqués."
Harry ne pouvait croire ce qu'il entendait. Combien de fois, lorsque le Voyager se croyait seul dans l'Espace, y avait-il eu un vaisseau Sernaix volant silencieusement à ses côtés, les espionnant, capable de les détruire sans même qu'ils en aient conscience, d'un seul coup.
"Alors comment se fait-il que vous ne nous ayez pas détruit ?" demanda Harry.
"Disons simplement que nous avions ordre de ne pas le faire par nos... je suppose que vous pourriez les appeler nos dirigeants", dit Ozymandias. "Et aussi vous laisser comme cela."
Harry grogna contre l'hologramme et se rapprocha de Seven, en dépit de l'entourage des robots qui s'affairaient. Il leva son phaseur, essayant de paraître menaçant, même si à en lui-même il était vraiment effrayé à mort. "Je ne suis pas venu ici pour jouer à un jeu quelconque. Qui êtes-vous réellement ? Et ne me citez pas l'un de nos poètes !"
L'hologramme Sernaix ria au nez du jeune homme. "Eh bien, n'êtes-vous pas un peu trop impertinent ? Vous montez à bord de MON vaisseau, puis vous commencez à exiger des choses de ma part, sachant pertinemment que je pourrais réagir plus vite que vous ne pourriez dégainer l'une de vos armes. D'ailleurs, cela ne vous avancerait à rien, tout le centre de commande est protégé par un champ de force. Vos rayons d'énergie seraient tout simplement absorbés."
"Quant à savoir qui je suis, eh bien... je ne suis personne. C'est en fait ce qu'un programme est, en vérité. Personne. Celui que je fus pendant un temps, cependant, c'est une tout autre histoire. J'étais autrefois Ozama, Adimh du Ciel d'Argent. Mais je pense que je préfère Ozymandias. Cela me va bien, ne croyez-vous pas ? C'est plus dramatique."
Harry réfléchit aux paroles de l'hologramme. "Adimh. C'est l'équivalent de Capitaine, n'est-ce pas ?"
"Capitaine, dirigeant, prêtre, frère aîné", reprit Ozymandias. "Votre langage ne peut saisir toutes les nuances de notre culture."
"Mais comment un ordinateur peut-il devenir le Capitaine d'un vaisseau ? Avez-vous pris les commandes après que l'équipage ait été tué ?"
Le visage ouvert de l'hologramme se fit alors furieux. Harry sut tout de suite qu'il avait dit ce qu'il ne fallait pas.
"Un ordinateur ?" rugit Ozymandias. Le vaisseau lui-même sembla vaciller en réponse par solidarité. Le câble d'interface accusa un retour d'énergie, secouant Seven comme une poupée. "Je ne suis pas un bout de métal mort comme les stupides ordinateurs de vos vaisseaux ! J'ai été de chair, autrefois ! J'ai été vivant ! Aussi vivant que vous, jeune homme ! Et même plus..."
"Je... je suis désolé", dit Harry, autant choqué par ces mots qu'inquiet pour la sécurité de Seven. "Mais... mais ne lui faites pas de mal. Je vous en prie." Attendant que l'image holographique se soit calmée, il réessaya de communiquer avec lui. "Voulez-vous dire que c'est quelqu'un... qui vous a fait ça ? dit-il, essayant d'être amical.
"M'a fait ça ?" ria Ozymandias. "Oh, je suppose qu'on peut dire ça. Tous les Sernaix vivent la transition vers l'immortalité et la vie dans le coeur du Royaume quand le frisson de la jeunesse et de l'amour a disparu. Ne connaissez-vous pas cela ? Est-ce que votre race ne vit pas la même envie, le désir de vivre et d'avoir des expériences au-delà de toute autre chose ?" lui demanda-t-il.
Harry ne savait pas quoi penser de cette information, ou même s'il devait la croire ou non. Pour l'humanité du vingt-quatrième siècle, l'idée de vie éternelle sous la forme d'un programme informatique, si réaliste que puisse être l'environnement, semblait une épouvantable perspective.
"Et non", continua Ozymandias. "Je n'ai pas pris le contrôle du vaisseau après que l'équipage eut été tué. J'en ai toujours eu le contrôle."
Harry, silencieux, s'effraya. "C'était vous, n'est-ce pas ? souffla-t-il. "C'est vous qui avez tué votre propre équipage."
"Oh, absolument", dit l'hologramme, ne laissant paraître aucune trace de honte. "Dans ma vie précédente, j'étais l'Adimh de ma bande. J'avais un grand engouement pour la vie. Il n'y avait rien que je n'aurais pu faire. Les aventures, les frissions, les chasses, les batailles..." Il se tut, pensif, montrant les tatouages qui recouvraient ses bras et sa poitrine exposée. "Chacun raconte une histoire, jeune homme, une nouvelle expérience. J'étais le meilleur des meilleurs, autrefois. Mais l'admiration des autres s'est changée très vite en gêne.
"Je ne comprends pas", dit Harry, déconcerté.
"Le temps, mon garçon, le temps", dit Ozymandias. "Voilà le véritable ennemi des Sernaix. Quand un homme devient vieux, les passions passent. Ils abandonnent leur vie dans la bande pour se sédentariser, prendre une compagne, mais pas moi. Je me sentais jeune et vivace. Je voulais rester Adimh. Je ne voulais pas céder ma place. Je ne 'pouvais' pas la céder. Je désirais trop ardemment vivre."
"Cela ne convenait pas à ma bande", continua-t-il. "Surtout à mon Zvir. Il voulait que je parte afin qu'il puisse réclamer le poste d'Adimh du Ciel d'Argent. Ma bande est devenue honteuse de moi, du fait que leur Adimh était... et bien, était un vieil homme."
Harry regarda l'image du Sernaix devant lui, totalement incapable d'estimer l'âge de l'extraterrestre rien qu'à son visage. "Quel âge aviez-vous, au juste ?"
"En années humaines ?" demanda Ozymandias. "Quarante-trois."
"Quarante-trois ?" lâcha-t-il d'étonnement. "C'est considéré comme vieux pour un Sernaix ?"
"Pour un être de chair, oui. Une fois la chair abandonnée, lorsque l'on devient immortel, l'âge ne signifie plus rien."
"Alors, comment cela s'est-il fini ?"
"En tant qu'ordinateur ? le taquina l'hologramme. "Lorsque le contrat du précédent Esprit de vaisseau est arrivé à terme et qu'il est retourné dans le Royaume, la bande s'est révoltée contre moi. Ils m'ont immobilisé et m'ont forcé à me télécharger. Ils ont même reçu le soutien de plusieurs autres bandes avant de me trahir, sans doute même du Royaume, d'après ce que je sais. Mon ancien loyal Zvir a alors assuré le rôle d'Adimh. Il a pensé amusant que je puisse servir d'Esprit de Vaisseau, se figurant que quelques dizaines d'années de services suffiraient à me dompter et à me faire accepter mon destin." Ozymandias se pencha alors sur Harry, révélant un sourire sur son visage démoniaque qui lui donnèrent des fourmis dans la colonne vertébrale. "Et bien, il n'a plus l'air de s'amuser autant, maintenant, n'est-ce pas ?"
"C'est celui que vous avez... ?" bégaya Harry.
"Tailladé ? Mon ancien Zvir", ria-t-il. "J'espérais tant que quelqu'un le trouve un jour dans cet état."
Le sang d'Harry se figea en attendant le Sernaix blaguer avec autant de désinvolture à propos d'un meurtre, qu'il soit justifié ou non. Téléchargement, Esprit de Vaisseau, vie éternelle... tout cela lui était si bizarre. Mais il voyait bien que l'entité n'était pas quelqu'un avec qui jouer au plus fin.
"Ces trois vaisseaux là dehors", murmura Harry. "Ils vous chassent, n'est-ce pas ?"
Le visage holographique acquiesça. "Après ma petite vendetta personnelle contre l'Adimh, le reste de l'équipage a tenté de me désactiver. Alors j'ai..."
"Vous les avez privés d'oxygène", dit Harry pour finir sa phrase.
"Il fallait que je me protège", répliqua-t-il sur la défensive. "Mais je n'ai pas été assez rapide. L'un d'entre eux a réussi à envoyer un signal au Royaume avant de succomber."
Harry resta silencieux, le regard au loin dans la pièce, là où Seven était allongée sur sa couche, semblant à peine consciente de ce qui l'entourait.
"Nous sommes un peuple égocentrique. "Ozymandias commençait désormais à se lamenter, plus pour son propre divertissement que pour renseigner Harry. "Nous cherchons par tous les moyens l'excitation et les nouveaux défis, mais nous fuyons nos responsabilités premières nécessaires à la survie de notre race ! Comme êtres de chair, nous recherchons les frissons et les stimulants. Et quand nous quittons nos corps, quand nos passions se sont éteintes, nous retombons dans la torpeur irréfléchie du Royaume. Je n'ai jamais désiré cela ! Je voulais rester jeune et vivant pour l'éternité !"
"Ecoutez", dit Harry, "je... je suis vraiment désolé de ce qui vous arrive. Ce n'était pas juste. Mais qu'est-ce que cela a à voir avec nous ? Que voulons-vous de nous ?"
"Vous voulez savoir si je vais vous tuer tous les deux ? L'image holographique se remit à glousser. "Du calme, mon garçon. Je n'ai aucune rancune contre vous deux ou votre vaisseau. En fait, j'ai besoin de vous."
"Besoin de nous ? Pour quoi faire ?"
"La vérité, Harry, c'est que je n'ai nulle part où aller. Je suis une Abomination. Un Esprit de Vaisseau qui s'est retourné contre son équipage. Ils ne s'arrêteront pas jusqu'à ce qu'ils m'aient détruit. J'ai besoin d'aller où ils ne pourront pas m'atteindre."
"Que pouvons-nous bien faire pour vous ?"
"J'ai besoin de nouvelles expertises, de nouvelles aptitudes. Votre Seven of Nine pourrait bien avoir exactement ce dont j'ai besoin. Je vous ramènerai jusqu'au Voyager, mais je vais avoir besoin de l'utiliser pendant quelques temps d'abord."
"Absolument pas !" dit Harry fébrilement. "Elle repart avec moi."
"Oh ? Et que représente-t-elle pour vous !?" demanda Ozymandias à Harry.
Ce qu'elle représentait, réfléchit Harry durant un instant. "Elle... elle est mon amie !" rétorqua-t-il finalement. C'était la seule chose qu'il avait trouvée à répondre. Et c'était une réponse honnête, en dépit de tout ce qui s'était passé. "Je ne partirai pas sans elle !"
Le hologramme resta silencieux. L'expression de son visage était difficile à lire pour Harry, mais il semblait que Ozymandias était en fait... confus par sa réponse. "C'est étrange", dit le Sernaix. "Très étrange, vraiment."
"Qu'y a-t-il de si étrange dans l'amitié ?" demanda Harry, déconcerté par la réaction de son ravisseur.
"Vous ne comprenez pas", dit Ozymandias. "Dans mon peuple, hommes et femmes ne vivent pas ensemble ni ne se rencontrent. Nous ne nous unissons que pour nous reproduire. Je suis sûr de n'avoir jamais entendu parler auparavant d'un homme et d'une femme... amis. Si ce n'était pour ces nécessités biologiques, nous n'aurions certainement jamais à faire les uns aux autres. La vérité, c'est que les Sernaix hommes et femmes ne s'apprécient pas particulièrement. Nous sommes simplement trop différents. Nous avons tendance à nous porter sur les nerfs."
Harry ne put s'empêcher de rire aux commentaires du Sernaix, même si cela était tout à fait inapproprié dans cette situation. "Croyez-moi, quelques fois, mon espèce ne réagit pas si différemment. Mais quoi qu'il arrive, nous trouvons une solution."
Ozymandias secoua tristement sa tête holographique en réponse. "C'est vraiment dommage que nous ne parvenions pas à trouver de solution. De moins en moins de Sernaix désirent assumer la charge d'être parents de nos jours, préférant les plaisirs du moment présent. Notre population décline, savez-vous ?" Harry secoua la tête en signe d'ignorance. "Naturellement, qui suis-je pour juger ?" Le Sernaix continua. "Je ne voulais pas non plus abandonner ma liberté. Je suppose donc que je suis autant que les autres responsable de ce problème."
A ce moment, un chuintement se fit entendre sur la passerelle, et l'hologramme de Ozymandias s'évanouit. Harry tourna sur lui-même pour comprendre ce qui se passait. A la place de Ozymandias, la pièce entière était occupée par un immense hologramme circulaire représentant l'extérieur du vaisseau. Trois vaisseaux Sernaix, sans aucun doute possible les trois mêmes qui les avaient poursuivis, étaient montrés en train de se déplacer en formation.
"Je les ai suivis", annonça la voix de Ozymandias, tout autour de lui. "Nous avons traqué nos amis juste au-delà de la limite de leurs senseurs. L'un des avantages de voyager dans un vaisseau de guerre comme celui-ci est que l'on peut voir plus loin qu'ils ne le peuvent.
Mais d'après ce qu'Harry pouvait voir, ce vaisseau n'était plus leur cible. A la place, il y avait un autre vaisseau, celui-là très familier, dérivant innocemment près de leur trajectoire.
"Le Voyager", souffla Harry, voyant son vaisseau flotter au coeur de la scène de bataille simulée.
"On dirait que votre peuple a des ennuis", gloussa la voix désincarnée de Ozymandias. "Ils ne peuvent même pas apercevoir les trois vaisseaux s'approcher."
"Vont-ils attaquer le Voyager ?" demanda Harry désespérément.
"Oh, assurément", répondit Ozymandias. "Ils ne résisteront pas à la tentation. Ils n'ont réussi à trouver ni vous ni moi, alors détruire votre Voyager sera la prochaine meilleure chose à faire."
"Mais je croyais que vos dirigeants ne l'autoriseraient pas", dit Harry.
"Les choses ont changé", dit Ozymandias. "La chose qu'ils recherchent ne se trouve plus à bord, désormais."
 
***
 
L'Ennemi ne semblait rien suspecter, pensait Vex avec suffisance tout en s'étendant dans sa couchette de commande, regardant le vaisseau Voyager grossir sur leur simu de bataille. Encore moins d'une heure avant qu'il ne soit à portée de tir. Les trois bandes avaient déjà décidé de la manière dont ils le surprendraient et se diviseraient alors les dommages qu'ils leur infligeraient. Une fois les boucliers du Voyager suffisamment affaiblis, chaque vaisseau téléporterait une équipe d'attaque à bord pour envahir les couloirs et massacrer autant de membres d'équipage qu'ils en trouveraient. Tous les survivants seraient alors divisés et ramenés sur chacun des trois vaisseaux, afin que les membres des bandes restés à bord puissent à leur tour profiter de la tuerie. Bien sûr, tout serait enregistré afin que la totalité du Royaume puisse partager l'expérience.
"Est-ce qu'ils disent est vrai, Adimh ?" dit Imesh à côté de lui, interrompant le cours de ses pensées.
"Qu'est-ce qui est vrai ?" dit Vex, aigri et contrarié que son moment favori soit gâché par des mots superflus.
"Que l'Adimh du vaisseau Ennemi est une femme ?" gloussa Imesh. "N'est-ce pas... étrange ?"
"Ne vous excitez pas trop, Imesh", rai Vex en retour. "J'ai revisionné la simulation du rapport de la Pierre de Crimson. Leurs femmes sont hideusement maigres et pales.
"Je ne voulais pas..." répondit Imesh sur la défensive, avant de réaliser que son Adimh était juste en train de le taquiner. Le Zvir de la Montagne de Jade accepta la blague dans l'esprit dans lequel elle avait été faite. Naturellement, si tout autre personne que son Adimh avait osé insinuer vouloir s'unir avec une femme en étant toujours en service, qui plus est une femme de l'Ennemi, il aurait été défié et étripé pour ses actes.
"Essayez de ne pas être trop curieux sur la femme Janeway", mit en garde Vex son second. "Elle saignera exactement comme tous les autres une fois qu'elle aura tâté de mon couteau."
"Bien sûr, Adimh."
Le meilleur de cette situation, pensait Vex, était qu'en dépit de leur précédente bévue tactique, il avait obtenu le droit de tuer l'Adimh Ennemi, la femme Janeway. Cela serait certainement très intéressant, gloussa-t-il, en pensant à la perspective de tuer pour la première fois une femme."
Et le fait d'avoir réussi à rendre furieux Nagewa en même temps était simplement la cerise sur le 'jiopol'.
 
***
 
"Vous devez les avertir !" supplia Harry, alors qu'il regardait le trio de vaisseaux se rapprocher du Voyager.
"Et pourquoi serais-je donc intéressé à faire une telle chose ?" demanda Ozymandias, sceptique. "Cela dévoilerait ma position."
"Vous disiez que vous aviez besoin du Voyager", insista Harry.
"J'ai besoin de survivre. Que voudrais-je de plus que cela ?"
Harry réfléchit une minute, avant de penser à une réponse. "Vous disiez que vous ne résistiez pas à de nouvelles expériences ! Vous vouliez voir quelque chose de neuf ! Alors aidez-nous ! Vous avez combattu votre propre peuple pour vous protéger. Alors refaites-le pour protéger quelqu'un d'autre !"
Vous vous êtes plaint à moi de l'égocentrisme de votre peuple, mais dans quelle mesure êtes-vous différent ? Pensez-vous que tuer votre équipage par revanche fait une différence ? Prouvez-moi que vous êtes au-dessus de cela ! Prouvez-le vous à vous-même !"
"De plus", conclut Harry avec un sourire forcé, "cela pourrait être amusant !"
Ozymandias resta silencieux, semblant réfléchir aux paroles du jeune homme. Après qu'une minute se soit passée, le silence fut rompu par un rire chaleureux retentissant. "Il se pourrait qu'il y ait un peu de sang Sernaix en vous, après tout, Monsieur Kim", dit le Sernaix. "Votre attitude ressemble beaucoup à la nôtre."
A ces mots, Harry put voir la scène holographique au-dessus de lui se renverser, tandis que le vaisseau semblait bondir en avant, et les trois vaisseaux éclaireur s'agrandir.
Le câble d'interface de Seven lâcha soudainement, et plusieurs des robots sautèrent sur elle, pour l'aider. Son corps s'effondra dans la couchette de commandement et Harry se précipita immédiatement vers elle pour la saisir.
Il la soutint pendant quelques minutes, attendant qu'elle se réveille. Lentement, il l'observa, la sentant revenir à la vie en la tenant dans ses bras. Alors que se yeux commençaient à se rouvrir, il réalisa qu'il la tenait un peu trop intimement. Il relâcha un peu sa prise, ce qui lui permit de s'asseoir sur la couchette.
"Est-ce que ça va ?" demanda-t-il avec inquiétude. "Il ne vous a pas fait mal, n'est-ce pas ?"
"Je... vais bien", dit-elle, encore confuse. "J'ai... été téléporté directement sur la passerelle et immobilisée."
"Vous êtes sûre que ça va ? l'interface de Ozymandias... elle ne vous a pas..."
"Je ne ressens aucun dommage", lui répondit-elle, sa voix encore tremblante. "Je... me souviens de brèves images, des scènes et des simulations Sernaix diverses, mais cela reste flou. Je suppose que l'intelligence téléchargée a essayé de se relier à mon implant cortical, très certainement pour en extraire des informations." Retrouvant de l'assurance, elle regarda la pièce, voyant la large scène holographique au-dessus de sa tête. "Lieutenant, qu'est-il arrivé ?" demanda-t-elle.
"Ah, vous êtes réveillée", l'accueillit jovialement Ozymandias. "Bienvenue dans la bande."
 
***
 
Janeway et Chakotay profitaient de leur dîner dans les quartiers du Capitaine, un délicieux repas de fettuccine Alfreda et d'asperges fraîches, lorsque un appel retentit sur le réseau de communication.
"Passerelle au Capitaine Janeway", fit la voix régulière du Lieutenant Commandeur Tuvok.
Agacée de cette interruption, Janeway tapa sur son communicateur pour répondre. "Oui, Tuvok ?"
"Capitaine, nous recevons une transmission d'une source inconnue. Mais l'appelant clame être le Lieutenant Kim."
"Transférez-le ici", lui ordonna-t-elle, tout en se levant de sa chaise pour se diriger vers son bureau, tournant l'écran vers elle. Le visage soucieux d'Harry apparut sur le petit moniteur.
"Harry", lui dit-elle. "D'où appelez-vous ? Nous n'arrivons pas à déterminer votre position..."
"Pas le temps, Capitaine", lâcha rapidement le jeune officier. "Il faut que vous passiez en alerte rouge immédiatement. Il y a trois vaisseaux Sernaix qui convergent vers votre position."
"Trois ?!" Le visage de Janeway devint pâle. Chakotay bondit immédiatement de son siège. Ils pensaient exactement à la même chose. Que pourrait faire le Voyager face à trois adversaires aussi redoutables ?
"Engagez toutes les manoeuvres d'évasion que vous pouvez", la pressa-t-il. "Je suis presque là. L'aide arrive !"
"Harry, où êtes-vous... ?" Mais la communication fut coupée.
Janeway appuya immédiatement sur son communicateur. "Monsieur Tuvok. Alerte rouge."
"Compris, Capitaine", répondit le Vulcain.
Chakotay regarda son Capitaine tout en défroissant comme elle son uniforme. Ils se dirigeaient vers la porte lorsque les sirènes de l'alerte rouge retentirent.
"On dirait que nous devrons nous contenter d'un bon de compensation pour tout dîner !"
"Espérons seulement que nous pourrons l'utiliser plus tard", répliqua-t-elle, soucieuse de savoir si son Premier Officier et elle aurait jamais l'occasion de profiter d'une seconde chance.
 
***
 
Janeway et Chakotay bondirent sur la passerelle, juste à temps pour voir les trois vaisseaux 'apparaître' de nulle part, comme seuls les Sernaix savaient le faire. Le reste de l'équipage de la passerelle, y compris Tom Paris aux commandes, était déjà en poste aux différentes stations.
"Ils sont trois", marmonna le Premier Officier en secouant la tête. "Juste une fois, j'aurais aimé qu'Harry ait un peu exagéré l'alerte."
"Levez les boucliers", ordonna Janeway à son officier tactique. "Déployez l'armure ablative." Tuvok obéit, même s'il savait que contre les armes des Sernaix, cette unique ligne de défense ne les protègerait pas très longtemps.
"Armez les torpilles transphasiques", ordonna-t-elle, sachant que leurs réserves de cette arme puissante fournie par sa contrepartie venue d'un futur alternatif étaient limitées. Mais c'était la seule arme qui semblait avoir quelque peu ralenti les Sernaix.
Mais alors, juste au moment où elle voyait se former les points blancs brillants de leurs rayons d'énergie, Tuvok l'appela à nouveau depuis sa station.
"Capitaine", dit-il, "un quatrième vaisseau Sernaix est apparu sur nos senseurs. Il est plus grand que les autres, de la même taille que le Voyager."
"Un quatrième vaisseau ?" s'exclama Tom depuis les commandes. "Comme si trois ne suffisaient pas pour nous régler notre compte !"
Janeway se leva et se tourna vers le pilote avec empressement. "Tom, programmez..." Mais avant qu'elle puisse finir son ordre, un éclair brillant apparut à l'écran. Le quatrième vaisseau faisait feu. Mais il ne visait pas le Voyager. Il attaquait les trois autres vaisseaux.
"Mon Dieu", dit Janeway, regardant les éclairs pourpre éblouissants de lumière qui semblaient sortir de la coque endommagée du vaisseau éclaireur.
"J'ai l'impression qu'Harry et Seven ont ramené de la compagnie en chemin", remarqua Chakotay depuis son siège.
Les deux autres vaisseaux Sernaix dégagèrent en réponse à cette attaque inattendue. Voyager était complètement oublié, maintenant que cette nouvelle menace imprévue devait être réglée.
Mais les deux vaisseaux ne furent pas assez rapides pour sauver leur compagnon assailli. Dans une salve de tirs surpuissants, le troisième vaisseau sembla se recroqueviller sous les impacts, puis se vaporisa d'un coup dans un éclair éblouissant qui était à la limite du supportable pour l'oeil. Ce n'était pas une explosion, comme lorsqu'un vaisseau classique était détruit, mais juste un éclair blanc brûlant qui s'enflamma et puis ne fut plus là.
L'équipage du Voyager resta abasourdi, ne croyant pas cela possible. Durant ces derniers mois, les Sernaix avaient semblé être d'invulnérables croquemitaines, impossible à frapper ou à ralentir. Janeway ne put retenir un petit sourire de satisfaction. Bien que son côté éthique savait qu'il était mal de prendre plaisir à voir un vaisseau, même ennemi, être détruit, il y avait une part d'elle-même qui était contente de savoir que les Sernaix n'étaient pas si puissants, mais pouvaient en fait être blessés et perdre une bataille.
Cela lui redonna l'espoir que le Voyager pourrait peut-être survivre dans cet étrange endroit, après tout.
"Et bien, si je peux dire quelque chose à propos des Sernaix", dit Tom depuis le siège de pilotage, "c'est que leurs vaisseaux explosent joliment bien."
"Monsieur Tuvok", dit Janeway avec entrain, "préparez ces torpilles transphasiques. Visez le plus faible des vaisseaux dès qu'il semblera avoir subi suffisamment de dommages."
"Nos armes n'ont pas été efficaces contre les Sernaix jusqu'à maintenant, Capitaine", dit Tuvok.
Son visage s'éclaira d'un large sourire. "Quelque part, j'ai le sentiment que les Sernaix ne sont pas aussi invulnérables qu'ils paraissaient l'être."
 
***
 
Harry et Seven observaient la bataille faire rage à travers le champ holographique qui les entourait, essayant de maintenir leur équilibre face au pilonnage que le vaisseau encaissait. Il restait deux petits vaisseaux attaquants, dont l'un subissait de sérieux dommages par les tirs de Ozymandias.
Malheureusement, eux aussi. Harry était effrayé à la pensée que la puissance de feu que les trois vaisseaux s'échangeaient actuellement aurait suffi à balayer la moitié de la flotte de Starfleet.
"Je crois qu'il est temps pour vous deux de partir", dit Ozymandias, dans le chaos de la simulation de bataille. "Vous n'êtes pas en sécurité ici. Je vous téléporterai dès que vous serez prêts."
"Mais..." essaya de dire Harry alors que Seven le regardait. "Le Voyager a encore ses boucliers levés."
"Pas de problème, mon garçon. Les Sernaix savent comment compenser cela."
"Je..." Harry leva la tête, essayant de trouver dans la pièce l'équivalent d'un visage, quelqu'un à qui il pourrait s'adresser. "Merci. Je suis désolé que nous n'ayons pas pu vous donner ce que vous cherchiez."
"Croyez-moi, Harry", dit la voix du Sernaix, "vous m'avez tous deux donné exactement ce dont j'ai besoin."
Harry et Seven se regardèrent étrangement, incertains de ce que leur bienfaiteur avait voulu dire.
"Et je dois vous confesser", ajouta-t-il, " que j'ai laissé à Seven un petit cadeau. Quelque chose, j'en suis sûr, que le Voyager trouvera très utile."
"Des images... des données", dit Seven le souffle coupé, alors que le flot d'informations commençait à lui revenir, formant une structure cohérente où elle n'avait jusque-là vu qu'un fouillis. "Les spécifications techniques de ce vaisseau."
"L'un des avantages d'être un Esprit de Vaisseau", dit Ozymandias, "est que vous connaissez les entrailles de votre vaisseau dans les moindres détails."
"Effectivement", dit Seven, encore terrifiée par le savoir qu'elle venait d'acquérir. Harry sourit devant le regard de satisfaction que montrait l'ancien Drone. Il semblait qu'elle avait trouvé exactement ce qu'elle était venu chercher dans cette mission.
Mais d'un coup, quelque chose frappa Harry. Il se retourna pour faire face à la sphère blanc-bleue au-dessus de la couchette de commandement. "Attendez", s'exclama-t-il. "Que vouliez-vous dire tout à l'heure, quand vous disiez que les Sernaix voulaient quelque chose sur le Voyager, quelque chose qui ne s'y trouvait plus maintenant ? Que veulent-ils ?"
"Oh non, non", s'esclaffa Ozymandias, "pourquoi voudrais-je gâcher tout votre plaisir de découvrir cela par vous-même ?"
A ce moment-là, le rayon téléporteur Sernaix les enveloppa, les renvoyant à bord du Voyager. Mais à travers le sifflement ultrasonique, Harry peut entendre les derniers mots de l'Esprit lui dire. "Je vous reverrai, Harry. Très bientôt."
 
***
 
Vex regarda autour de lui son vaisseau endommagé. Son côté gauche le lançait de douleur. Le centre de commande était sens dessus dessous. La simulation de bataille vacillait. Des membres de la bande étaient étendus, blessés ou morts. Dans les tués se trouvait Imesh, Zvir de la Montagne de Jade. Son second. Son ami. Il aurait pu vivre éternellement. Au lieu de cela, ils étaient morts, et resteraient dans cet état à tout jamais.
Le Soleil Violet avait été le premier à être détruit par l'Abomination. Le pauvre Tokul ne s'était même pas rendu compte de ce qui lui arrivait. Aucun d'entre eux ne s'en était aperçu. Ils s'étaient laissés distraire, leur attention tellement concentrée sur l'Ennemi, sur le Voyager...
Le Voyager ! Vex pouvait voir le vaisseau ennemi charger ses armes, prenant pour cible le Champ de Cobalt. Le vaisseau de Nagewa était gravement endommagé. Il ne s'était jamais complètement remis de son combat autour de la comète, et il venait d'encaisser des coups encore plus durs. Mais même un vaisseau Sernaix estropié pouvait encore résister aux armes primitives que le Voyager employait.
Il appela par le réseau le Champ de Cobalt, essayant de l'avertir. Mais leurs senseurs avaient dû être endommagés durant le combat, car ils ne détectaient pas les quatre torpilles transphasiques verrouillées sur leur position.
Impact ! Le premier ne fit que des dégâts mineurs. Il n'aurait cependant pas du faire du tout de dommage. Mais la coque réfractrice du Cobalt avait déjà été poussée au-delà de ses limites par l'Abomination. Chaque nouvelle torpille affaiblit un peu plus la coque cumulativement, jusqu'à ce que le point de rupture final de la matrice de lien du plasma soit atteint. Les photons piégés dans leur état ondulatoire gelé retournèrent à leur niveau d'énergie normal et retrouvèrent leur mouvement ultrarapide. D'abord en un point particulier sur la coque, puis s'étendant sur toute la surface du vaisseau en une fraction de seconde, jusqu'à ce que la masse solide entière du vaisseau se désintègre en particules énergétiques lumineuses dans un éclair lumineux instantané.
Il ne pouvait y croire. Leurs armes étaient primitives, leur technologie bien moins avancée que la leur. Et pourtant ce vaisseau, quoique avec l'aide de l'Abomination, avait vaincu un vaisseau de bande, un défenseur du Royaume.
S'il y avait une consolation, c'était que la coque de son vaisseau était encore solide et active. Les armes du Voyager ne pourraient leur faire de mal. Et à en juger par les dommages qu'il avait subi, l'Abomination non plus. Les derniers tirs du Champ de Cobalt avaient apparemment détruit ses systèmes d'armement. Il avait encore une chance de sortir victorieux de ce combat.
"Adimh Vex ?" lui demanda l'Esprit de Vaisseau, continuant d'agir comme si de rien n'était.
"Avons-nous encore le contrôle de nos systèmes d'armement ?" demanda Vex.
"Oui, Adimh. Nos systèmes de défenses sont toujours opérationnels."
Vex jeta un regard sur les ruines de son centre de commande. Les survivants de sa bande le regardaient tous en quête de leur chef et d'un guide, une apparence de bravoure qu'ils aimeraient. Et c'est bien ce qu'il leur donnerait.
"Visez le vaisseau du Ciel d'Argent", ordonna-t-il, ajoutant autant d'arrogance à son ordre qu'il le pouvait. "Je délivrerai le coup mortel personnellement !"
"Oui, Adimh", dit l'Esprit avec respect. "Cible actuellement en cours de verrouillage."
"En cours ?"
"Oui, Adimh. Le vaisseau du Ciel d'Argent a accéléré dans notre direction. Cette trajectoire n'a aucun sens du point de vue stratégique, puisqu'il n'est désormais plus en moyen de générer de tirs."
Effectivement, acquiesça Vex en silence, cela n'avait aucun sens. L'Abomination n'avait plus d'armement avec lequel les combattre, excepté...
Vex, Adimh de la Montagne de Jade, réalisa la vérité juste au moment où l'Esprit de Vaisseau lui rapporta que l'Abomination accélérait encore et que la distance entre les deux vaisseaux diminuait.
Dans les toutes dernières secondes précédant l'impact, il ne montra aucune réaction de fuite, même si en lui-même, il se sentait transpercé par la plus grande peur qu'un Sernaix pouvait connaître.
La peur de la Mort.
 
***
 
Janeway regardait les deux vaisseaux Sernaix restants engagés dans une danse finale de destruction. Le plus petit vaisseau essaya de tirer sur le plus grand, mais son moment d'inertie était trop important. Les deux vaisseaux se heurtèrent dans une explosion de lumière et de radiations si forte que tous durent se détourner de l'éclat aveuglant.
Tous sur la passerelle relevèrent la tête vers l'écran, stupéfait et silencieux, dès que la lumière redevint supportable.
"Mon Dieu", marmonna Tom. "Harry et Seven..." Tout le monde semblait penser à la même chose. Mais leur collectif état de choc temporaire fut interrompu par une voix dans le réseau de communication. "Infirmerie à passerelle", fit la voix du Docteur.
"Ici Janeway", répondit le Capitaine. "J'espère que nous n'avons pas de pertes à endurer, Docteur." Pas d'autres pertes, voulait-elle dire en réalité.
"Dieu merci, non. Mais à un moment pendant la bataille, Monsieur Kim et Seven of Nine ont été téléportés dans le couloir juste devant l'infirmerie. Oh, et ils semblent être en parfaite santé, bien qu'un peu fatigués. J'ai pensé que vous seriez intéressée de savoir cela."
 
***
 
Journal de bord du Capitaine, date stellaire 55279.2
Nous avons encore survécu à une nouvelle attaque des Sernaix. Mais cette fois, je suis rassurée. Nous nous en sommes sortis avec autre chose que de la confusion.
En nous basant sur les données rapportées par le Lieutenant Kim et Seven of Nine, les données de nos senseurs pendant la bataille entre les Sernaix et quelques remarquables aperçus que Seven semble avoir acquis en ce qui concerne la technologie Sernaix, je crois que nous avons maintenant le moyen de développer une arme avec laquelle nous pourrons nous défendre contre les Sernaix.
Aujourd'hui, nous nous sommes sortis avec un peu d'aide. La prochaine fois que nous nous retrouverons en situation de combat, j'espère que nous serons capable de nous débrouiller seuls.
A cet instant, la porte des quartiers de Catherine Janeway sonna. "Entrez", dit Janeway à l'intention de l'ordinateur de la porte tout en laissant de côté son enregistreur de bord.
Chakotay entra dans la pièce, tenant en même temps une tablette électronique et un panier de pique-nique. Il était impossible de ne pas remarquer le large sourire qu'il arborait.
"Est-ce que c'est pour nous ?" lui demanda-t-elle avec curiosité.
"Je me suis dit que maintenant serait un bon moment pour utiliser le bon de remplacement du dîner de l'autre fois", dit-il, tout en déposant le panier sur le bureau. Puis il leva la main avec la tablette. "J'ai lu le rapport préliminaire de la mission d'exploration d'Harry et de Seven. C'est fascinant, du point de vue anthropologique."
"Sans mentionner le côté scientifique", répliqua Janeway, tandis qu'elle prenait une de ses propres tablettes sur la table. "Saviez-vous que selon ces spécifications techniques que Seven a rapportées, les plus grands vaisseaux Sernaix sont en fait équipés de propulsion à courant de vague quantique ?"
"C'est vraiment dommage que nous n'ayons pas eu ces informations quand nous étions dans le quadrant delta", observa Chakotay. "Cela aurait une grande différence à l'époque. Mais maintenant, je ne pense pas qu'une propulsion à courant de glisse sera suffisante pour nous sortir de cette Bulle d'Espace-Temps."
"De toute façon, cela ne nous aurait servi à rien", dit-elle. "Apparemment, un vaisseau de classe Intrepid n'a pas la puissance nécessaire ou la configuration correcte pour générer un courant de glisse stable. Mais au moins, nous savons que c'est faisable dans le principe."
"Harry et Seven ont fait du bon travail avec cette mission", dit le Premier Officier avec un sourire de fierté.
"Oh que oui", répondit Janeway avec enthousiasme. "Nous devrions peut-être les former en équipe ensemble plus souvent, à moins que vous y voyiez un inconvénient."
"Non, bien sûr que non", dit-il en la regardant curieusement. "Pourquoi m'opposerais-je à cela ?"
Effectivement, pourquoi, pensa-t-elle. Elle ressentait à nouveau ce pincement de jalousie et de douleur, mais elle l'écarta rapidement. Cette page de la vie de Chakotay était tournée, désormais. Il était passé à autre chose, et apparemment Seven aussi. Et c'est ce qu'elle devait faire aussi.
"Alors, Commandeur", reprit Janeway avec sa curiosité. "Qu'avez-vous apporté pour notre dîner de ce soir ?"
"Une vieille recette de famille dont Tom m'a parlé. Que pensez-vous d'un poulet grillé synthétique, d'épis de maïs et de salade de chou mayonnaise ?"
Le Capitaine du vaisseau Voyager sourit de plaisir à l'avance. Cela sonnait merveilleusement à ses oreilles. Après tout, ce qu'il y avait de plus important dans un dîner, c'était la compagnie.
 
***
 
"Maintenant, Seven", dit le Docteur, alors qu'il effectuait encore un autre passage de son tricordeur sur ses implants corticaux, "vous allez arrêter de bouger pendant que j'effectue ce diagnostic de vos systèmes."
"Vous avez déjà fait deux fois le diagnostic de mes sous-systèmes Borgs, Docteur", se plaignit l'ancien Drone, tout en se s'asseyant sur le lit médical de l'infirmerie. "Comme vous le savez déjà, je fonctionne parfaitement bien, tant du côté biologique que du côté mécanique."
"Et c'est valable aussi pour moi, Doc", annonça Harry depuis le lit d'à côté. "Nous nous ennuyons déjà."
"Monsieur Kim", répondit le HMU, vexé, " en tant que personne ayant auparavant fini à l'infirmerie plus souvent qu'à son tour, vous devriez savoir que des précautions particulières doivent être prises lorsque un sujet est exposé à un environnement extraterrestre inconnu."
"Si vous y tenez", soupira Harry. C'était le domaine du Docteur, reconnut-il pour lui-même, et il n'était pas question d'argumenter avec lui sur ce sujet. De plus, il avait d'autres choses en tête.
"Je suis si content que vous compreniez", répondit facétieusement l'hologramme. "Maintenant, si vous voulez bien m'excuser tous les deux, je dois m'occuper de ces derniers tests avant d'être certain de pouvoir vous libérer."
Tandis que le Docteur s'éloignait en direction de son bureau, Seven tourna la tête pour observer le jeune officier s'asseoir lentement, perdu dans ses pensées.
"Lieutenant", lui dit-elle. "Il semblerait que ce soit désormais 'vous' qui soyez celui qui se concentre sur d'autres sujets."
Harry soupira à nouveau, se retournant pour faire face à l'ancien drone. "Je ne sais pas. Je n'arrive toujours pas à y croire. Ozymandias. Pourquoi a-t-il fini par décider de nous sauver et de sauver le Voyager ?"
"Je crois que cela a été dû en partie à votre pouvoir de persuasion, Lieutenant."
"Cela n'aurait pas suffi", dit-il, toujours embarrassé. "Pas assez pour qu'il se sacrifie."
"Les Sernaix sont une race qui recherche la nouveauté avec avidité", suggéra Seven. "Ozymandias a peut-être pensé qu'un acte de générosité désintéressée serait la meilleure de toutes les nouveautés."
"Peut-être", soupira Harry. "Je ne sais pas. Entre ces Esprits, les photons gelés, les bandes et les guerres tribales... j'ai juste l'impression que les Sernaix sont un peuple plus étrange que nous ne puissions arriver à imaginer."
"Ils ne me semblent pas plus étranges que beaucoup de sociétés humaines que j'ai étudiées", dit-elle. "C'est peut-être là que réside la clé de la survie du Voyager dans cette région."
Harry ne dit rien, laissant planer le silence entre eux deux pendant un long moment. D'ordinaire, Seven of Nine n'était pas gênée par le silence, mais il y avait quelque chose dans celui-ci qui la mettait mal à l'aise. Il restait plusieurs choses dont ils devaient discuter. "Lieutenant", reprit-elle après cette longue pause, "à propose de ce que nous nous sommes dit à bord du vaisseau Sernaix..."
"Humm, oui... sur ce sujet", marmonna-t-il," Seven, je voudrais m'excuser."
"Vous ?" répliqua-t-elle, confuse. "Vous voulez me faire des excuses ?"
"Pour la manière dont je vous ai parlé", répondit-il. "Je n'aurais jamais dû perdre mon calme de cette façon. J'étais le chef de cette mission. J'aurais dû agir avec plus de professionnalisme et ne pas laisser mes problèmes personnels interférer. Je suppose que vous pensez que j'ai encore tout raté, n'est-ce pas ? Et bien, vous auriez raison."
"Au contraire", dit-elle, encore surprise de sa position. "C'est moi qui devrais vous faire des excuses, Lieutenant." Le ton de sa voix s'adoucit alors qu'elle continuait de parler, les mots sortant visiblement avec quelques difficultés. "Je reconnais que j'étais... insubordonnée... et que j'ai mis la mission et nos vies en danger par mes actions. Je comprendrai si vous choisissez de faire un rapport sur mon comportement durant cette mission auprès du Capitaine."
Harry n'aurait pas pu être plus étonné que si on lui avait dit qu'il avait été promu Commandant en Chef de Starfleet. "Seven, je..." bégaya-t-il, "je ne sais pas quoi dire. Je ne me rappelle pas vous avoir jamais vu me faire des excuses auparavant. Qu'est-ce qui motive ce changement ?"
"Vos paroles envers moi concernant mon comportement face à vous", réussit-elle à dire avec quelques difficultés. "Je ne réalisais pas que mon attitude vous causait tant d'angoisse. Vous vous êtes plaint que je ne vous respectais pas. J'admets que c'était le cas lorsque je suis devenue un membre de cet équipage. Votre statut à bord du Voyager ne semblait pas justifier une telle chose. Ce n'est qu'au cours du temps, à force de travailler avec vous, que j'en suis venu à comprendre votre valeur au sein de cet équipage."
"Je..."
Elle leva le bras pour lui demander le silence. "Laissez-moi finir", dit-elle. "Lorsque j'ai rejoint cet équipage, je n'étais pas acceptée par beaucoup. Vous avez été parmi les premiers à me traiter comme si j'étais la bienvenue. Je n'ai jamais oublié cela. Je vous ai toujours considéré comme l'un de mes plus proches... associés. Même si je considérais cela comme acquis mais ne le montrait pas."
Voyant qu'elle le laissait maintenant parler, Harry n'arrivait pas à trouver les mots. C'était un autre de ces moments, réalisa-t-il, lorsqu'ils avaient tous deux quelque chose de significatif à se dire. Mais il y avait aussi quelque chose d'autre. Un seuil venait d'être franchi ici. "Je... c'est gentil de votre part de me dire cela, Seven. Et j'accepte vos excuses."
"Merci, Lieutenant."
"Je vous en prie", répondit-il avec un sourire nerveux. "Naturellement, vous réalisez que je vais quand même devoir informer le Capitaine de tout ce qui s'est passé durant la mission."
"Je comprends", dit-elle modestement. "Il ne fait aucun doute que le Capitaine désapprouvera mes actions visant à acquérir à n'importe quel prix les connaissances sur les Sernaix."
"Et bien, je suppose que ça a payé", dit Harry en haussant les épaules. "Je veux dire, regardez ce que nous avons appris en montant à bord de ce vaisseau. Et nous avons survécu."
"Seulement par le plus grand des hasards."
"Peut-être, oui", répondit-il sur un ton courtois, avant de se pencher vers elle avec inquiétude. "Mais sérieusement, Seven, qu'est-il arrivé quand vous étiez... enfin, vous savez..."
"Quand j'étais reliée à Ozymandias ?" termina-t-elle. "Je n'en suis pas tout à fait sûre. Je sais qu'il m'a transmis beaucoup de données sur son vaisseau et sa technologie. J'ai aussi vu beaucoup d'images, la plupart incompréhensibles, comme des hallucinations. Je crois qu'il s'agissait de scènes de ce... Royaume, dont Ozymandias parlait."
"Savez-vous ce que tout cela signifie ?"
"Je n'en sais rien. Mais je suspecte que la civilisation Sernaix pourrait s'avérer beaucoup plus imposante que nous le pensons. Il y a des parties de la population qui dépasse le concept de ces 'bandes' que nous avons rencontré jusqu'à maintenant."
Harry lui sourit. "Je suis content d'entendre que vous n'avez pas été... et bien, pas trop été blessée, comme vous l'aviez été avec les Cardassiens."
"Merci, Lieutenant", répondit-elle, se sentant... touchée par son inquiétude.
"Vous rappelez-vous quelque chose d'autre ?" demanda-t-il inquiet.
"Je me rappelle autre chose", dit-elle. "J'étais vaguement consciente d'événements qui m'arrivaient en temps réel. Je me rappelle vous avoir entendu dire à Ozymandias que j'étais votre amie."
"Eh bien, vous l'êtes", dit-il, rougissant légèrement. "N'est-ce pas ?"
"Comment cela se pourrait-il ?" demanda-t-elle, embarrassée, "de la façon dont je vous ai traité."
"C'est le côté merveilleux de l'amitié", répondit-il, un large sourire aux lèvres. "Vous pouvez tout simplement tout pardonner à un ami."
"Cela me... rassure", dit-elle, baissant les yeux au sol. "Et aussi que vous me considériez comme une amie. En vérité, Lieutenant, je me suis sentie un peu seule ces derniers temps."
"Que voulez-vous dire ?"
Semblant quelque peu nerveuse, elle se pencha vers Harry, jetant un coup d'oeil de côté pour vérifier que le Docteur n'était pas en train de l'écouter. "Lieutenant, j'aimerais me confier à vous en ce qui concerne un sujet particulier. Ais-je votre promesse que vous n'irez répéter à personne ce que je suis sur le point de vous dire ?"
"Bien sûr", répondit-il, de plus en plus inquiet.
"Vous êtes sans aucun doute au courant de certaines rumeurs qui ont circulées parmi l'équipage sur l'existence d'une relation entre le Commandeur Chakotay et moi-même."
"Oh bien sûr", dit-il en riant. "J'en ai entendu parler. Mais je ne prête jamais attention à ce genre de rumeur. Ce ne sont que des commérages."
"Dans ce cas-ci, Lieutenant, c'est basé sur la réalité. Une telle relation a réellement existé."
Harry ouvrit de grands yeux de surprise... non, le mot 'surprise' n'était pas encore assez fort. "Vous... et Chakotay ?" dit-il en contrôlant le son de sa voix, afin de ne pas alarmer le Docteur dans la pièce voisine. "Je... Depuis combien de temps cela dure-t-il ? Je voulais dire, comment...?"
"Nous ne nous fréquentons plus", ajouta-t-elle hâtivement. "Nous avons participé à quatre rendez-vous rituels, juste avant le retour du Voyager dans le Quadrant Alpha. J'ai rompu cette relation peu de temps après notre arrivée dans la bulle d'Espace-Temps."
"Je vois", lui dit-il, encore tout retourné de cette révélation. "Waouh. Enfin, je voulais dire, je sais qu'il ne s'agit pas de mes affaires, mais... je n'avais jamais su que vous vous... et bien, que vous vous appréciiez de cette manière. Euh, je veux dire, je me disais que si vous aviez une relation, cela aurait plus été avec... enfin, vous savez..." Il pencha alors discrètement la tête dans la direction du bureau du Docteur.
"Oui", dit-elle tristement. "Je me souviens que vous étiez présent lorsque le Docteur avait révélé ses sentiments à mon égard. Cela a été très difficile pour nous deux depuis lors, quand il a appris que je ne partageais pas ses sentiments. Lui et le Capitaine Janeway sont les seules autres personnes à être au courant de ma... relation. A part Monsieur Neelix, naturellement."
"Neelix ?"bredouilla-t-il, incrédule. "Vous avez raconté votre vie amoureuse à Neelix ?"
"Uniquement au moyen du réseau Pathfinder", précisa-t-elle calmement. "J'avais besoin de quelqu'un en qui je pouvais me confier, le Docteur n'étant évidemment plus une option. Monsieur Neelix était déjà parti du Voyager à ce moment-là et il semblait peu probable qu'une rumeur se répande à quiconque à bord."
"Oui, je comprends votre idée", dit Harry avec un sourire forcé. "Mais connaissant Neelix, votre vie romantique a probablement fait la une de toutes les conversations de la colonie Talaxienne, à ce jour."
"Sans aucun doute", dit Seven froidement. "Cependant, le reste de l'équipage n'en a pas été informé. Je préfèrerai qu'il en reste ainsi."
"Oh, je ne dirai rien", dit-il sérieusement, en levant une main dans une parodie de serment. "Code d'honneur Starfleet."
Seven regarda l'Officier des Opérations et sembla.. amusée par sa réaction, mais aussi touchée par sa sincérité. Et alors, elle se sentit partagée par ses réactions internes. Par le passé, elle aurait trouvé ses bavardages... futiles. En fait, elle n'aurait même pas prêté attention à ces sentiments douloureux, excepté pour quantifier de quelle manière ils auraient affecté l'efficacité de leur relation professionnelle. Mais maintenant, les choses semblaient étrangement différentes. Elle se demandait si en fait le retrait des sécurités de son noeud cortical n'avait pas fait plus en elle que simplement affecter ses capacités à ressentir des émotions fortes. Les sentiments subtils avaient peut-être aussi été intensifiés, lui permettant d'explorer l'amitié... selon un angle nouveau.
"Par le passé", commença-t-elle à expliquer," je me serais confié de ces sujets personnels avec le Capitaine ou le Docteur. Bien que je maintienne toujours une relation étroite avec les deux, je sens que mes interactions avec eux ont été... froissées par ma brève relation avec Chakotay."
"Je suis sûr que ce n'est pas aussi grave que vous vous l'imaginez, Seven", répondit-il pour l'aider. "Le Docteur est visiblement toujours intéressé à être votre ami. De même que le Capitaine, j'en suis certain."
"Peut-être", dit-elle avec mélancolie. "La réalité, Lieutenant, est que ces deux amitiés comportaient une forte composante mentor-élève, contrairement à une relation d'égal à égal, à la manière de celle que j'entretiens avec Icheb ou Naomi Wildman." Elle leva alors la tête vers lui, le visage blême et incertain. "J'ai longtemps observé vos interactions avec les Lieutenants Paris et Torres, et beaucoup envié l'amitié que vous partagiez avec eux. Durant tout le temps que j'ai passé à bord du Voyager, je n'ai jamais pu créer une vraie camaraderie avec quelqu'un que j'aurais considéré comme mon égal."
Harry soupira doucement à la mention de ses deux amis mariés. "Et bien, pour être parfaitement honnête, Seven, les choses ne sont plus tout à fait comme elles l'étaient avant, avec Tom et B'Elanna. Entre le bébé et tout le reste, nous n'avons simplement plus de temps à nous consacrer. Je veux dire, à partir du moment où ils ont commencé à se fréquenter, je me suis senti comme la cinquième roue du carrosse." Il leva alors la tête vers Seven, son sourire s'élargissant. "Les choses seront peut-être différentes, maintenant", suggéra Harry jovialement. "Il semble que nous pourrions tous les deux créer une nouvelle amitié."
"Je crois que cela me conviendrait", dit Seven, sur le ton le plus détendu qu'il avait jamais entendu de sa part. "Comment allons-nous procéder à partir de maintenant ?"
"Et bien", dit Harry, espiègle, "j'espérais avoir l'occasion de vivre un peu d'aventure holographique avec Tom, mais je sais que vous n'aimez pas trop cela. Je crois savoir que vous vous défendez bien au holotennis."
"Effectivement", lui répondit-elle, son visage s'éclairant d'intérêt. "Pendant un temps, je jouais assez régulièrement contre le Capitaine Janeway. Mais cela ne m'est pas arrivé depuis quelques temps. Je crois que mon jeu nécessite un sérieux entraînement."
"Et bien quelle coïncidence", dit Harry joyeusement. "Il se trouve que j'étais le capitaine d'une équipe dans ma promotion à l'Académie. C'est amusant que nous n'ayons jamais joué ensemble avant."
"Oui", dit-elle, semblant assez contente. "Nous pourrions peut-être rectifier cette erreur." Harry ne put s'empêcher de sourire en réponse. Cela ressemblait pour eux deux au début d'une belle amitié. "Vous êtes doué", ajouta-t-elle.
"De quoi parlez-vous ? Doué en quoi ?"
"Comme chef, Lieutenant Kim", lui dit-elle, montrant les prémices d'un sourire. "Vous vous en êtes très bien sorti cette fois-ci."
 
FIN.
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Ecrit par: Mike Ben-Zvi
version française: Laurent
Producteurs: Thinkey, Anne Rose et Coral

Remerciements aux différents correcteurs: Cimorene (version originale).

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