Star Trek Voyager
La saison 8 virtuelle
8.10 Enigmes
Dernière mise à jour :20 décembre 2001
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8.10 ENIGMES
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.. Episode 8.10 - Enigmes
Par: Cassatt (cassatt2222@yahoo.com)
Version française: Lydia

Note: Star Trek: Voyager, personnages et autres produits dérivés sont des marques déposées de Paramount Pictures. Aucune infraction aux droits d'auteurs de Paramount voulue. La Saison 8 virtuelle de Voyager (Voyager Virtual Season 8, VS8) est une entreprise à but non lucrative. L'histoire est propriété de son auteur. Pas de reproduction sans sa permission.


Enigmes
"Un mystère entoure Chakotay tandis que l'expérience du Docteur prend un tournant inattendu"
 
"Ordinateur, active le journal de bord de l'HMU". Le docteur soupira lourdement, avec la liberté née de son total isolement dans l'infirmerie. Une situation qui devenait trop habituelle à son goût. "Ordinateur, désactive le journal de bord", dit-il alors qu'il se tenait près de son bureau. "Pas de E-C-H, non monsieur, pas pour cet hologramme. Je n'aurais plus jamais de responsabilités sur ce vaisseau", murmura-t-il, alors qu'il faisait les cents pas.
Il aurait tant voulu être dans le quadrant Alpha. Etre un écrivain célèbre, un chanteur lyrique ou même le directeur d'une chorale universelle. Ses rêves avaient été grandioses. Peut-être même être considéré comme un être vivant, un modèle que tous les hologrammes de la Fédération puissent admirer, un sauveur. Il soupira encore plus lourdement que précédemment. Pour la première fois depuis longtemps, il pensa demander à B'Elanna et Harry de modifier certains de ses sous-programmes personnels afin qu'il ne puisse plus avoir d'émotions.
Parcourant le labo, il contempla sur ce quoi il était en train de travailler, ce qu'il pensait être important, et laissa ses sous-programmes s'effacer devant sa fonction principale. Il vérifia une nouvelle fois les données, regarda dans le microscope électronique et réactiva le journal de bord de l'HMU.
"Après avoir étudié les organes et le sang des Sernaix, j'ai découvert ce que je crois être la clé de la compréhension du fonctionnement de leur corps. Une énergie bioélectrique est générée au niveau cellulaire, sans distinction entre les cellules. Après une étude plus approfondie, j'ai découvert que cette énergie électrique était en fait originaire de la mitochondrie de chaque cellule. En extrapolant, on peut supposer que cette même énergie passe dans tout le corps des Sernaix, comme l'électricité circule à travers tout ce qui est biologique. C'est sûrement la raison pour laquelle nos armes apparaissent sans effet contre eux. Il est aussi possible que ce soit la raison pour laquelle l'équipage n'arrive à activer aucun objet récupéré des Sernaix. Je dois faire une expérience pour vérifier ce fait. Fin d'enregistrement."
Le Docteur fit les cent pas encore quelques temps, persuadant ses sous-programmes éthiques que les actions qu'il s'apprêtait à faire étaient appropriées. Nécessaires même. Spécialement s'il voulait prouver au Capitaine qu'il était encore un membre de valeur de l'équipage. Autant qu'il pouvait en dire, elle avait tendance à l'oublier.
 
***
 
"Cela devra être refait", ordonna Sycorax. En tant que commandant suprême, l'Adimha de la Direction de Gestion observa avec satisfaction l'activité dans le Royaume. Tenter de déterminer comment le vaisseau de l'Ennemi était entré dans la Bulle était une chance supplémentaire pour en trouver la sortie, et rien ne pourrait l'arrêter dans sa recherche.
"Ruzerat devra sans aucun doute améliorer le moteur de distorsion de l'Ennemi", dit Denovox, avec une touche de dédain. Sa position d'apprentie Satika dans la Direction lui permettait d'avoir plus accès à Sycorax qu'aucun autre apprenti Satika. La Direction de Gestion était au sommet de la hiérarchie du Royaume Sernaix et Denovox aimait saisir toutes les opportunités pour asseoir son pouvoir, aussi limité soit-il.
Une simulation de l'U.S.S. Voyager débuta. Le vaisseau de classe Intrépide de la Fédération des Planètes Unies se déplaça en marche arrière, en direction de la faille de l'Espace causée par la simulation. A son approche, il passa en vitesse de distorsion. A l'intérieur de la faille, le vaisseau fit un mouvement brusque vers le bas et explosa.
"Sycorax, si je peux me permettre d'être audacieux et faire une suggestion", dit Mazern. Elle était l'Adimha de la Direction Intermédiaire de la Construction et était douée pour trouver des solutions là où les autres échouaient. En l'absence de réponse des autres Adimhs, Mazern continua. "Je crois que le système de connexions du vaisseau de l'Ennemi nous montre un paramètre pouvant être altéré afin de faciliter son passage dans la faille."
"Si cela implique leur champ de puissance de distorsion, je pense que cela échouera probablement", dit Ruzerat. Quoiqu'également Satika et d'un statut moins élevé que Denovox, faisant partie de la Direction de la Construction des Vaisseaux, elle était certaine de ses conclusions et n'hésitait pas à les mettre en avant. "J'ai envisagé tous les changements possibles pouvant être apportés à leurs systèmes primitifs. Tout autre changement causerait sans aucun doute l'explosion du vaisseau de l'Ennemi, encore une fois."
Sycorax reposa son pied d'une façon très intimidante. "Faites les corrections, Mazern. Ruzerat, assistez-la. Cela devra être mené à bien."
Après juste une minute, l'U.S.S. Voyager recommença à se mouvoir en sens arrière. Cette fois, à l'approche de la faille, le vaisseau ne fit aucune embardée vers le bas, mais quand la partie arrière des nacelles atteignit la fissure, le navire explosa. La désapprobation de Sycorax était ressentie chez tous ceux du groupe.
"Je crois que j'ai peut-être une solution". Cela venait de Graxen, Adimha de la Direction tactique, restée silencieuse jusque-là. "Les modifications que nous avons apportées sur les systèmes tertiaires du dernier vaisseau Nodal pourraient être appliquées aux systèmes de connections du vaisseau de l'Ennemi. Il est possible que ce dernier ait déjà à peu près fait ces modifications et que nous ne l'ayons pas découvert. Si nous ajustons d'une manière similaire leur champ de distorsion, et que le vaisseau de l'Ennemi passe à travers la fissure sans dommage, cela pourrait nous fournir les réponses dont nous avons besoin."
"Et pourquoi supposez-vous que nous n'avons pas encore découvert ce genre de chose ?" demanda Ruzerat, avec un sarcasme non dissimulé.
"Parce que", riposta Denovox, "si vous en aviez la possibilité, vous auriez sans aucun doute été choisie pour la Direction de Gestion." Elle était contente de savoir que son commentaire avait atteint sa cible comme prévu.
"Arrêtez !" ordonna Sycorax. "Graxen, travaillez avec Mazern et Ruzerat. Maintenant."
"Oui, Adimha", répondirent-elles toutes les trois. En moins de trente secondes, les modifications avaient été faites sur le champ de distorsion du Voyager.
Mais avant que la simulation ne puisse reprendre, une vision interrompit leur travail. C'était une simulation virtuelle du Docteur Holographique de l'Ennemi à proximité du vaisseau, qui semblait flotter à travers l'espace.
 
***
 
Le Docteur entra dans l'ingénierie. Il avait pensé à vérifier au préalable, et par chance, Harry s'y trouvait, en train de travailler. L'excuse parfaite. Et bien sûr, dès son arrivée, B'Elanna l'approcha et lui demanda la raison de sa rare présence ici. Elle le conduisit à Harry, tandis qu'il observait les alentours, essayant de se rappeler où ils gardaient leurs affaires.
"Hé, Doc, je vais bien..." dit Harry, d'un air interrogatif.
"En ce moment, Monsieur Kim, on n'est jamais trop prudent. J'étais en train de marcher un peu et j'ai pensé que je pourrais venir vous voir, car vous n'êtes pas venu à votre rendez-vous hier." Le Docteur sortit son tricordeur et commença à le scanner.
"Et bien, je m'excuse, mais j'étais juste franchement occupé, et vraiment, je vais bien."
"Il semble, il semble. Avez-vous travaillé sur les objets Sernaix ?" Il pensait bien avoir l'air totalement désintéressé, et fut content de lui-même.
"En quelque sorte. Nous n'en avons toujours rien tiré et n'avons aucune idée de leur utilité. C'est vraiment frustrant." Harry commençait à se tortiller. "Ecoutez, Doc, avez-vous fini ?"
"Encore juste une chose à vérifier." Il recommença le scan qu'il avait déjà effectué. "B'Elanna doit avoir caché ces objets Sernaix ? Histoire de les garder hors d'atteinte des fouineurs, je suppose."
"Non, ils sont juste là, dans cette alcôve." Harry indiqua l'endroit derrière lui.
Il ferma son tricordeur avec panache. "Bien, Monsieur Kim, vous semblez être en pleine forme. Pour le moment. Mais n'oubliez pas votre prochain rendez-vous dans deux jours, si vous ne voulez pas que j'ajoute une note concernant votre refus dans votre dossier."
Harry sourit. "Bien sûr, je serai là."
Le docteur grommela en lui-même. Décidément, personne ne le prenait plus au sérieux. Il inspecta lentement le personnel de l'ingénierie. Ils semblaient tous absorbés par leurs tâches ou en discussion les uns avec les autres. B'Elanna n'était nulle part alentour. Il se dirigea sans en avoir l'air vers les objets, gardant un oeil sur les individus qui l'entouraient. Mais personne ne faisait attention à lui. Regardant dans l'alcôve, il vit un objet qu'il pouvait prendre dans sa main, une petite boîte noire recouverte de pointes piquantes. Il s'en saisit rapidement, et avec le sourire, sortit de l'ingénierie pour retourner à l'infirmerie.
 
***
 
"Ordinateur, active le journal de bord de l'HMU. J'ai rapporté un des objets Sernaix pour mon expérience. Cette dernière est extrêmement intelligente par sa simplicité. Et le premier précepte de toute expérience scientifique est d'utiliser la procédure la plus simple possible. Donc, pour montrer si l'objet est affecté par l'énergie bioélectrique émanant de la mitochondrie de la cellule, je vais placer un peu de sang Sernaix sur un support non-conducteur et mettre l'objet dans le sang. Faire un scan, et aussitôt, le Capitaine aura sa réponse. Fin d'enregistrement."
Le Docteur gonfla un peu la poitrine lorsqu'il quitta son bureau pour aller dans le labo. "Oui, Madame, vous aurez votre réponse."
Il sortit une boîte de pétri du placard et l'apporta près de la fiole de sang. Ouvrant la fiole, il en versa délicatement 20 ml dans la boîte. Il attrapa la petite boîte noire et la plaça délibérément dans le sang.
"Oui, tout simplem..."
Son programme se figea. Il tenait toujours la boîte noire, maintenant posée dans le sang, ses paramètres holographiques scintillant, mais restant figés.
 
***
 
Sans le savoir, le Docteur avait réussi son expérience. Au moment exact où il avait mis en contact la boîte noire avec le sang, elle avait été activée. La boîte était un noeud de communication, utilisée par les Sernaix pour accéder à l'Espace de réalité virtuelle du Royaume. Le docteur était maintenant en liaison avec le Royaume, et à travers son programme, l'ordinateur principal du Voyager l'était aussi. La simulation sur laquelle travaillaient les Sernaix s'intégra en quelque sorte aux systèmes de l'ordinateur du vaisseau. Les modifications du champ de distorsion tentées par les Sernaix firent leur chemin à travers l'ordinateur vers le champ de distorsion du vaisseau, l'altérant pour suivre la simulation, le faisant passer instantanément en vitesse de distorsion, sans avertissement. Sycorax et les autres, qui travaillaient dans le Royaume, n'avaient de leur côté aucune idée de ce qui venait de se passer.
Malheureusement pour le docteur, l'énorme quantité de données provenant du Royaume surchargea l'ordinateur une seconde plus tard...
 
***
 
"Je pense que c'est bien qu'elle ait un animal domestique", dit Chakotay, avec un petit sourire.
"Bien sûr, c'est une bonne chose, mais je n'avais jamais pensé que l'on transporterait des animaux de compagnie à bord." Janeway le regardait de travers, mais avait aussi un petit sourire au coin de la bouche.
Tom se retourna de la console de pilotage. "Elle aurait pu cependant lui trouver un meilleur nom. Ratty ?"
"Je devine que Naomi n'a pas pensé à vous consulter, Tom", dit Chakotay avec un grand sourire.
Sans prévenir, les lumières de la passerelle vacillèrent momentanément. Tom se retourna vers sa console.
"Harry..." La question de Janeway fut coupée tandis que le vaisseau bondit en vitesse de distorsion pour en ressortir juste une seconde plus tard. Les amortisseurs d'inertie se déconnectèrent, envoyant tout le monde par terre, et les lumières s'éteignirent pour revinrent immédiatement, en même temps que les amortisseurs.
Tom se remit sur ses pieds, vérifiant frénétiquement sa console. Chakotay se réinstalla rapidement dans son siège et commença à chercher des réponses sur la sienne. Harry fit de même. Janeway, maintenant dans son fauteuil, essayait de retrouver son souffle coupé lors de l'embardée.
"Harry, que s'est-il passé ?" cria-t-elle, se tenant à nouveau debout pour faire face au jeune homme des opérations.
Ses doigts survolaient encore la console. Il leva les yeux vers elle. "Capitaine, j'ai peur de ne pouvoir vous en dire davantage. Toutes les données sont faussées et je ne sais pas pourquoi. Ce qui s'est passé, c'est que nous sommes passés en vitesse de distorsion, puis immédiatement après, repassés en impulsion. Les systèmes du vaisseau se sont déconnectés lorsque l'ordinateur s'est arrêté et a redémarré quand il s'est reconfiguré. C'est tout ce que je peux vous dire..." Il se pencha à nouveau sur sa console et recommença à travailler, l'air concentré et perplexe à la fois.
Chakotay se leva. "Capitaine, il ne semble pas y avoir de rapports de dommages, à part des blessures sans gravités causées par le problème des amortisseurs." Il se tourna ensuite vers Harry. "Harry, pouvez-vous nous dire où nous sommes ? Quelle distance nous avons parcourue ?"
"Nous ne pouvons pas être allés bien loin dans cette maudite région", marmonna Janeway.
"En fait, Capitaine", dit Harry, levant à nouveau la tête, nous sommes allés loin. Le contrôle de navigation indique que nous sommes en dehors de la Bulle. Nous sommes dans le secteur 19658 du quadrant Alpha." Il se pencha et tapa quelques contrôles supplémentaires.
Janeway croisa le regard de Chakotay, les deux se comprenant parfaitement. Une excitation voilée s'y reflétait.
"Mais Capitaine, Commandeur", continua Harry, "quelque chose ne va pas. Près de nous se trouve le secteur 1385, ou devrais-je dire une partie du secteur, et de l'autre côté se trouve... le secteur 39J" Il leva les yeux vers eux une nouvelle fois. "C'est impossible", déclara-t-il lentement.
Les deux officiers de commandement se regardèrent à nouveau. Janeway ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais fut interrompue une dernière fois par Harry.
"De nouvelles données sont fournies par l'ordinateur, mais je..."
A cette hésitation, l'impatience de Chakotay explosa. "Dites-nous donc, Harry."
"En s'appuyant sur la base de données de navigation, l'ordinateur a fait une extrapolation en essayant d'indiquer notre position exacte. Il semblerait que nous soyons au trente et unième siècle. Dans le quadrant Alpha, mais méconnaissable. Nous sommes, par ailleurs, en orbite autour d'une planète."
Un silence de plomb descendit sur la passerelle. Janeway regarda à nouveau Chakotay, leurs yeux rivés l'un à l'autre. Elle brisa le contact.
"Harry, que pouvez-vous nous dire sur le secteur 19658 ?"
"Et bien, selon notre base de données, en date de 2371, ce secteur est... ou était inhabité, et en dehors de l'espace de la Fédération."
"Scannez la planète."
Les bips-bips de l'ordinateur étaient les seuls sons audibles.
"Capitaine." La voix surexcitée d'Harry brisa la tension. "C'est une planète de classe M et il y a une signature de Starfleet sur la planète." Ses doigts étaient toujours en mouvement. "Mais..."
Chakotay l'interrompit. "Plus de mais, s'il vous plaît Harry."
Harry releva la tête et fit un léger sourire, tandis que des rires étouffés s'élevaient de la passerelle, la tension redescendue, au moins pour le moment. Janeway, de son côté, fit entendre un petit grognement.
"Mais nous sommes incapables de détecter quoi que ce soit d'autre autour de la signature, les détecteurs n'enregistrent rien du tout. Pourtant, l'ordinateur reconnaît la trace résiduelle d'une énergie Sernaix, donc c'est peut-être pour cela qu'ils ne fonctionnent pas."
"Sernaix ?" dit Janeway, passant sa main dans les cheveux. "Au trente et unième siècle, dans le quadrant Alpha ?"
"Ou bien où que ce soit..." dit Chakotay calmement, la regardant.
"Harry. Continuez de travailler sur la situation de l'ordinateur, essayez de déterminer ce qui s'est passé." Elle se tourna vers Chakotay. "Commandeur, je veux que vous preniez une navette pour descendre à la surface et trouver l'origine de cette signature."
Tom l'interrompit. "Excusez-moi, Capitaine, mais si Chakotay compte prendre le Flyer, il lui faudra un pilote."
"Merci d'être volontaire Tom, mais j'ai besoin que vous restiez ici et gardiez le contrôle du vaisseau."
Chakotay regarda les yeux du pilote passer de lui à Janeway, puis revenir à nouveau sur lui. "Oui, Madame", répondit Tom.
"Tom, ne vous inquiétez pas", dit Chakotay. "Je vais en prendre une plus ancienne."
"Oui, Monsieur." Tom sourit et retourna vers les commandes.
"Je vous accompagne jusqu'au hangar à navettes", dit Janeway, commençant déjà à se diriger hors de la passerelle. Chakotay la suivit, notant la raideur de sa posture, sentant son estomac se serrer en réponse.
"Que diable faisons-nous au trente et unième siècle, Chakotay..." Les portes du hangar se fermèrent derrière eux, leur permettant de discuter en privé.
Il ouvrit le panneau d'accès du sacajewea et fit un pas à l'intérieur, Catherine sur ses talons. Se penchant sur les commandes, il initialisa l'ordinateur pour qu'il commence la séquence de remise en route et se tourna alors vers elle. Elle était en train de faire les cent pas.
"Essayez de trouver un chemin vers la maison", dit-il calmement.
Elle s'arrêta et leva ses mains en supplication. "Et quand cela devrait-il se passer ?"
"Je sais que ce n'est une question de rhétorique. Mais je vous donnerai une réponse honnête. Quand cela sera le moment !"
"Vous savez ce que je ressens à propos de cette réponse..."
"En avez-vous une meilleure ?" Chakotay la regarda fixement. Il pouvait voir son regard se voiler, ses épaules s'affaisser.
"Ecoutez, je ne pense pas que je..."
Il l'interrompit. "Je ne veux pas entendre ça, Catherine. Si vous m'écartez maintenant, vous serez vraiment seule. Nous trouverons un moyen pour sortir de là. Nous l'avons toujours fait. Mais ensemble."
Graduellement, ses épaules se relevèrent dans leur position de commandement et ses yeux s'adoucirent. Son regard était rivé sur le sien. "D'accord, Chakotay", dit-elle.
"Merci."
"Il n'y a pas de quoi", dit-elle avec un imperceptible sourire.
Il la regarda du coin de l'oeil, sentant un sourire s'imposer en lui-même. Il se retourna vers les commandes pour commencer la séquence de pré-lancement. "Harry a réuni un peu plus d'informations à propos de cette planète. Il semblerait qu'il n'y ait aucun signe de vie humanoïde, du moins pour ce qu'il a pu voir. Il y a un peu de vie animale. C'est vraiment dommage que nous ne soyons pas dans l'Espace de la Fédération, ou que nous aurions mieux connu..."
Catherine ne lui donna aucune réponse.
Il retourna toute son attention envers elle. Il pouvait voir qu'elle était très loin dans ses pensées, pouvait presque entendre les rouages de son esprit tourner, sentir l'énergie irradier hors d'elle. "Vous commencez à prévoir un voyage spatio-temporel, n'est ce pas ?"
"Pas de signes de vie humanoïde ? C'est bien", répondit-elle.
Un sentiment de malaise se fixa au creux de son estomac. "Le voyage spatio-temporel est quelque chose qui ne devrait être envisagé que par les êtres omnipotents, Capitaine."
Elle plaça ses mains fermement sur ses hanches. "Trouvez seulement ce qui a émis cette signature, Chakotay. Et pensez à nous tenir informés, à me tenir informée, toutes les quinze minutes en ce qui me concerne. Je ne veux aucune surprise, par exemple un comité de bienvenue Sernaix."
"Alors il me faudrait un peu d'aide."
"Non. Je ne sais pas pourquoi, mais je veux que personne d'autre de l'équipage ne sache ce que vous avez découvert, avant que vous et moi n'ayons eu la possibilité d'en parler au préalable", dit-elle d'une façon définitive.
"Depuis quand faites-vous confiance à ce genre d'instinct ?"
"Depuis maintenant", répondit-elle.
"Bien."
Elle posa la main sur son avant-bras et le lui serra faiblement. "Soyez prudent."
Il lui tapota la main doucement. "Je le serais."
Elle détourna le regard, hocha la tête et quitta la navette. Il s'assit sur le siège du pilote et se concentra sur sa tâche.
 
***
 
Vu des airs, la planète n'avait pas l'environnement luxuriant associé habituellement aux planètes de classe M. Il savait que cette association n'existait que dans son esprit, qu'elle provenait de trop d'années loin de la maison. Chaque planète de classe M qu'ils avaient rencontrée dans le quadrant Delta était différente, unique et en même temps familière. Aucune n'était exactement comme Dorvan V et aucune n'avait ressemblé à la Terre.
Cette planète était dépourvue de végétation verte, du moins dans cet hémisphère. La dure lumière du soleil brillait sur une rangée de petites montagnes avec ses habituels rochers et son terrain rencontré dans un environnement post-volcanique. Il vola en rase motte pour avoir un meilleur aperçu de la zone qu'il allait examiner, utilisant les senseurs sur la surface pour confirmer ce que ses yeux lui avaient dit. Des débris Sernaix d'un noir de jais étaient éparpillés sur toute la surface. Il voyait qu'il n'y avait aucune possibilité qu'un Sernaix ait survécu à ce qui avait détruit le vaisseau, à supposer que ce soit un vaisseau.
Il atterrit et signala son arrivée à Catherine, lui disant qu'il ne pouvait y avoir aucune embuscade Sernaix, du moins à ce qu'il voyait. Elle sembla contente mais un peu distraite. Comme il ordonnait aux systèmes de la navette de rester partiellement allumés, il pensait à ce que le capitaine était vraisemblablement en train de faire au-dessus de sa tête. A coup sûr, essayer de trouver un moyen de les ramener au vingt-quatrième siècle. Il n'en était pas particulièrement surpris. Après tout, l'Amirale Janeway n'avait pas hésité une seconde à briser la Première Directive Temporelle et ils avaient déjà effectué trop de voyages temporels à son goût. Mais cette situation-ci, pour lui, était proche de la folie. Ils ne savaient même pas si ce quadrant Alpha était le leur ni pourquoi il était si différent. Il soupira profondément. Il n'avait aussi aucun doute qu'il en serait ainsi des dizaines et des dizaines d'autres fois. Lorsqu'elle avait une solution possible en tête, mieux valait s'écarter de son chemin.
Il sortit de la navette, armé simplement d'un phaseur et d'un tricordeur. La lumière aveuglante du soleil était chaude, mais pas brûlante, et lorsqu'il regarda le ciel, il vit que cette atmosphère n'offrait aucune possibilité de formation de nuage. La couleur était à mi-chemin entre bleu et vert. Il se demanda quelle était la durée d'une journée et dans quelle mesure les deux lunes de la planète ressembleraient à celles de Dorvan. Par chance, le taux d'oxygène de l'air était un peu plus élevé que celui de la Terre et il respira à plein poumon. Ce semblait merveilleux. Il ouvrit son tricordeur et commença à travailler.
La marche vers la signature de Starfleet l'amena sur une surface de poussière dorée où ne poussait aucune végétation. Les seules choses remarquables qu'il vit étaient quelques pierres avec des veines aux teintes rose et pourpre. Les scannant, il nota qu'elles étaient encastrées de formations cristallines, mais sans minéraux utilisables comme carburant. Il en prit une pour y jeter un coup d'oeil de plus près et vit en fait beaucoup de couleurs différentes à l'intérieur des veines. Il aurait souhaité avoir plus de temps pour l'étudier en détail. S'il s'était agi d'une simple mission de collecte de nourritures, il en aurait eu la possibilité. Il la reposa et se remit en marche. Après environ 20 minutes, et un bref arrêt pour recontacter Catherine, il arriva au coeur de la zone des débris Sernaix, ce qui ralentit considérablement sa progression. Avec surprise, la signature était toujours lisible. Il s'approcha finalement du bas d'une de ces collines où les pierres et les gros cailloux étaient aussi communs que les pièces du vaisseau extraterrestre. Le tricordeur lui apprit que ce qu'il cherchait était un des gros rochers.
S'approchant au-dessus du rocher, il vit l'éclat d'un objet métallique. Il le ramassa sur le sommet de la grosse pierre. C'était la crosse d'un phaseur de Starfleet. Il reconnut immédiatement deux choses concernant l'objet, et son coeur s'arrêta dans sa poitrine. C'était un modèle sorti deux ans avant le voyage fatidique dans les Badlands. Il présentait des stries profondes, tracées là par un combattant de la résistance pour indiquer combien de Cardassiens il ou elle avait tué. C'était une arme du Maquis.
Il était abasourdi. Un phaseur du Maquis ? Il ne le reconnaissait pas spécifiquement, mais était certain de son origine. Laissé sur une planète en dehors de l'Espace de la Fédération, entouré de débris Sernaix dans le trente et unième siècle, et semblant un peu abîmé.
Il devait être resté assis plus longtemps qu'il ne l'avait pensé, car la voix un peu anxieuse de Catherine se fit entendre dans le communicateur. Il lui assura que tout allait bien, qu'il avait trouvé l'objet de sa quête, mais sans lui donner de détails. Après avoir coupé la communication, il n'était pas certain de savoir ce qu'il venait de faire. Il avait envisagé de discuter de cette situation avec elle. Ce dont il était sûr, c'était qu'il devait enquêter sur cela. Il était également certain qu'elle lui en refuserait l'opportunité. Elle ne voudrait pas perdre de temps, mais plutôt chercher à tout prix à les ramener à la maison, où et quand que ce soit.
Après avoir essayé de scanner d'autres secteurs, sans être surpris des interférences causées par les débris Sernaix, il réfléchit aux options qui s'offraient à lui. Il soupira encore. En plus du fait qu'il ne pourrait rien inventer qui puisse satisfaire sa curiosité sans preuve, il n'y avait aucun élément qui pourrait la persuader d'enquêter. Et pour finir, découvrit-il, il ne pouvait vraiment pas imaginer lui mentir. La confiance qu'ils avaient rétablie entre eux était bien trop importante pour lui.
 
***
 
"Ordinateur, active l'HMU", dit l'enseigne Finley. Elle grimaça de douleur, boitillant vert un lit médical.
"Veuillez exposer la nature de l'urgence médicale, s'il vous plaît", annonça le Docteur d'une voix au ton agréable. La confusion s'inscrivit sur son visage. "Je n'avais pas dit cela depuis très longtemps", murmura-t-il. "Peu importe. Enseigne, quel est le problème ?"
"Je crois que je me suis tordue la cheville. Cela me fait mal lorsque je marche et elle enfle comme un ballon. Je le sens à l'intérieur de ma botte."
Il sortit son tricordeur et commença à lui scanner le pied. "Et comment cela est-il arrivé, une petite partie de hoverball dans le holodeck peut-être ?"
"Non, c'est arrivé quand les amortisseurs se sont désactivés... Ouille !" Elle tira son pied en arrière tandis qu'il essayait de lui retirer sa botte.
"Vous avez en fait une légère fracture d'un de vos métatarses. Les amortisseurs se sont déconnectés ? Quand cela est-il arrivé ?" Plus gentiment cette fois, il lui retira sa chaussette et attrapa le régénérateur osseux.
"Il n'y a pas longtemps."
"Je n'étais pas au courant, hum." Il utilisa le régénérateur, puis changea pour le dermique pour la réparation des tissus internes.
"Peut-être avez-vous oublié", dit-elle en essayant de sourire mais grimaçant plutôt.
"Si vous essayez d'être drôle, Enseigne... Je n'oublie pas." Il la scruta du regard, mais elle se contenta de hausser les épaules, plus concentrée sur l'état de son pied.
Deux autres personnes arrivèrent à l'infirmerie, une avec une légère blessure à la tête, l'autre avec une entorse au poignet. Elles furent suivies par dix autres membres d'équipage ayant également des problèmes mineurs. Il était capable de faire face à cet assaut, mais sentit qu'il pourrait avoir besoin de l'aide de Monsieur Paris. Se faire aider était un grand mot, car en dehors de quelques mises en garde, les gens devraient se passer de ses services.
Quand la dernière lésion fut guérie, il alla vers la console de l'infirmerie et essaya de découvrir ce qui s'était passé, décidé à parler au Capitaine de son manque d'information sur les incidents potentiellement dangereux à bord du vaisseau. L'ordinateur, quoi qu'il en soit, lui apprit certaines choses qui le laissèrent encore plus confus. Effectivement, les amortisseurs d'inertie s'étaient déconnectés. Malheureusement, cela s'était passé un jour qui n'existait pas dans sa mémoire tampon. Il resta immobile quelques minutes, réfléchissant aux dernières heures de son existence. Peut-être que le Capitaine lui avait parlé de la situation, après tout. Il n'en avait aucune idée. Il soupira profondément et ouvrit un canal avec la passerelle.
"Docteur à Monsieur Kim", dit-il, gardant une voix modulée et calme.
"Oui, Doc." Harry, de son côté, semblait pressé.
"J'ai besoin de votre aide. Mon programme semble avoir été altéré."
"Je suis un peu occupé actuellement. Cela peut-il attendre ?"
Le docteur émit un grognement involontaire. "Bien sûr. Si le fait de s'assurer que l'Officier Médical du vaisseau fonctionne correctement n'est pas une priorité..."
Harry l'interrompit. "Bien, bien. Donnez-moi une minute pour discuter des priorités avec le Capitaine. Kim, terminé."
Le signal de fin de communication ne fit que rendre le Docteur plus irrité encore.
"Kim au Docteur" La voix d'Harry se répercuta dans l'infirmerie.
"Oui, Monsieur Kim ?" Il essaya encore une fois de garder une voix calme.
"Je pourrai être là dans dix minutes."
"Merci, Lieutenant", dit-il, sans chercher à masquer son soulagement.
"Pas de problème, Doc. Kim, terminé."
Dans un effort pour rester occupé et ne pas penser aux ramifications possibles de sa perte de mémoire dans le tampon, il chercha quelque chose à faire. Il finit de nettoyer les restes de la séance de traitements, chargeant les seringues hypodermiques avec efficacité. Ces petites tâches accomplies, il entra dans le labo et reçut un autre choc. Sur le sol se trouvait une grande tâche de sang séché sur la moquette et, à côté, une boîte de pétri et une fiole brisée. A nouveau, il n'avait aucun souvenir de la provenance de ce sang. Il ouvrit son tricordeur, le scanna et fut surpris de voir qu'il n'était pas identifiable.
"Pas identifiable ?" dit-il à haute voix. "Comment cela est-il possible ? Visiblement, je faisais une expérience, ou bien quelqu'un a ..." Après avoir laissé cette information filtrer à travers son programme, il arriva à la conclusion que cela pouvait être du sang Sernaix et soupira encore. "Je n'ai pas dû commencer le travail, même pas les scans initiaux." Il espérait qu'il pourrait obtenir un autre échantillon pour apprendre ce qu'il pouvait sur ces nouveaux aliens et aider le Capitaine à les combattre.
Il alla dans son bureau chercher le nettoyeur sonique, le passa sur la tache séchée, la désintégrant à un niveau moléculaire et aspirant les atomes dans le filtre du nettoyeur. Puis il rassembla le verre cassé et le mit dans le recycleur. Harry entrait alors qu'il finissait.
Ils sortirent dans la salle de traitement. Harry lança un diagnostic tandis que le docteur faisait les cent pas. Il regarda le visage du Lieutenant, observant l'attention et la confusion qui s'y succédaient. Cela n'arrangeait rien à l'état d'esprit du docteur.
"Bon, Docteur." Harry leva les yeux pour la première fois. "J'ai peur que cela ne me dépasse un peu pour le moment. C'est peut-être juste parce que mon esprit est trop préoccupé par un autre problème. Il semble que votre mémoire tampon soit remplie de... d'informations altérées. Je vous suggère d'appeler Seven pour qu'elle puisse y jeter un coup d'oeil. Je pense qu'elle pourra vous aider."
Quelque chose dans les sous-programmes émotionnels du Docteur se rompit. "Oui, je suppose que vous aimeriez cela, n'est-ce pas ? Avoir Seven ici, travaillant à vos côtés", dit-il.
"Hein ?"
"Je n'apprécie pas d'être utilisé comme excuse pour passer plus de temps avec Seven, Lieutenant Kim."
Harry semblait perplexe. "De quoi parlez-vous ? Il ne s'agit que de moi. Je suis désolé, je n'arrive simplement pas à trouver ce qui ne va pas..." La lumière se fit dans son esprit. "Doc, Seven et moi sommes juste amis. Vraiment."
Il sentit les choses se remettre en place, mais l'embarras commença à poindre. Il n'aurait pas dû laisser le jeune homme comprendre qu'il avait surpris une partie de sa conversation avec Seven. "Je m'excuse, Harry. S'il vous plait, si vous pouvez vous en occuper, contactez Seven et voyez si elle est libre."
"Pas de problème, je m'en occupe. Ne vous inquiétez pas, nous trouverons ce qui s'est passé."
 
***
 
Finissant la séquence d'extinction du Sacajawea, Chakotay contacta Catherine, l'informant qu'il se rendrait dans son bureau dès que possible. Mais il ne quitta pas la navette. Il s'assit dans la semi-obscurité de la petite embarcation, entouré par la lumière extérieure du hangar à navettes, songeant une dernière fois à la manière de l'approcher. Comment la convaincre. Il devait savoir d'où provenait ce phaseur maquisard et comment il avait fini comme reste d'un combat avec les Sernaix. Cela faisait sept ans qu'il n'en avait pas vu. Ses membres d'équipage avaient détruit toutes les armes du Maquis qu'ils possédaient, lorsqu'ils s'étaient joints à l'équipage de Starfleet. Il s'endurcit mentalement, plaça la crosse du phaseur dans sa veste, et se dirigea vers ses propres quartiers, afin de la mettre hors de vue.
Traversant la passerelle, il nota qu'Harry n'était plus là, que Tuvok était occupé à de quelconques scans, que Tom baillait et que les autres membres de la passerelle étaient complètement silencieux. Ils restaient à leurs postes et pendant le bref moment nécessaire à Chakotay pour atteindre le bureau du Capitaine, il lui sembla que tout le monde avait les yeux scotchés à leurs consoles. Il appuya sur le signal d'entrée de la porte et fut autorisé à entrer.
Le Capitaine se pencha en avant, tenant sa tasse de café des deux mains et le regardant. "Chakotay, qu'avez-vous trouvé ?"
Il s'assit devant elle, se sentant fatigué et excité en même temps. Avant qu'il puisse répondre, elle s'excusa et lui demanda s'il désirait quelque chose à boire. Il la supplia pratiquement pour un grand verre d'eau glacée. Souriant, elle alla vers le réplicateur et revint aussi vite qu'elle le pouvait. Il avala la moitié de son verre et se sentit tout de suite mieux.
"D'accord", dit-elle en se réinstallant. "Dites-moi."
"En premier lieu, j'ai laissé l'objet que j'ai rapporté dans mes quartiers car je ne voulais pas que quiconque puisse le voir. Vous le pourrez, bien sûr, une fois que nous aurons discuté." Il respira profondément et avala une autre gorgée d'eau. "J'ai trouvé la crosse d'un phaseur de Starfleet. Sauf que... il appartenait à quelqu'un du Maquis." Il se sentit quelque peu satisfait de voir ses yeux s'agrandir.
"Du Maquis ? Ce n'est pas possible."
"C'est possible, et c'est un fait. Il vient du Maquis."
"Mais comment pouvez-vous savoir cela, Chakotay ? Vous m'avez dit que c'était un phaseur de Starfleet."
Il se sentit alors contrarié et irrité. "Vous voulez peut-être continuer à oublier que j'étais un maquisard, et encore plus un Capitaine..."
Elle leva la main et l'interrompit. "Attendez une minute, s'il vous plaît. Revenez en arrière. Je ne remets pas en cause votre passé. Comment savez-vous qu'il est du Maquis ?"
Prenant une autre profonde respiration et une gorgée d'eau, il se calma. "Je suis désolé. Je ne suis pas en colère après vous, juste un peu tendu et fatigué..." Il lui décrivit alors les détails et lui expliqua la signification des marques sur la crosse. Après lui avoir parlé du champ de débris Sernaix et du degré de destruction qu'il avait découvert, ainsi que de sa proximité par rapport au phaseur, il arriva enfin à ce qu'il avait en tête. "Je veux enquêter, Catherine, j'ai besoin de savoir comment le Maquis s'est retrouvé face aux Sernaix, et en plus au trente et unième siècle."
"Qu'entendez-vous par enquêter ?"
"Je voudrais faire une fouille du champ de débris afin de pouvoir y faire des scans. Essayer de localiser d'autres choses d'origine maquisarde. Voir si je peux identifier un vaisseau ou au moins, une époque."
Elle prit un long moment pour siroter son café. "Je ne suis pas sûre que ce soit une priorité pour nous", dit-elle finalement.
"C'en est une pour moi", répliqua-t-il, croisant les bras sur sa poitrine.
"Je vois ça. Mais nous avons d'autres choses ayant besoin d'être résolues. Nous ne savons même pas comment nous sommes sortis de la Bulle, comment nous nous sommes retrouvés en vitesse de distorsion. Et encore moins comment nous allons rentrer chez nous depuis cet endroit."
"Et je suppose que vous avez déjà tout décidé." Il vit ses yeux se rétrécir à ces mots.
"J'ai réfléchi aux options, Chakotay, mais je n'ai encore rien décidé", dit-elle. Il fit un effort conscient pour ne pas céder et la laissa parler, cherchant une autre ouverture. "Et que voyez-vous comme option ?"
"Et bien, je pense qu'il n'y a que deux manières de revenir au vingt-quatrième siècle. La Bulle, comme nous le savons déjà, a son propre continuum espace-temps. Donc, ce n'est pas vraiment une grande surprise que nous ayons atterri sept cents ans dans notre futur. Nous pouvons soit revenir dans la Bulle, trouver comment le continuum espace-temps y fonctionne et l'utiliser à notre avantage pour rentrer à la maison, ou bien oui, nous envisageons le voyage spatio-temporel. Et avant que vous ne commenciez à argumenter, Nous avons déjà quelques méthodes à notre disposition dans notre base de données."
"Je sais que nous avons cela, mais je sais aussi qu'aucune d'entre elles n'est fiable..."
Ses yeux commencèrent à lancer des éclairs. "Et quel choix avons-nous ? Nous ne pouvons pas rester ici !"
"Et pourquoi pas ? Nous devons prendre en compte la Première Directive Temporelle."
"Elle ne s'applique pas ici, autant que je sache. Nous essayons de retourner dans notre propre temps et non pas dans un passé auquel nous n'appartenons pas ou dans le futur."
Il finit son eau, ne voulant pas vraiment reprendre cette discussion avec elle. Combien de fois l'avait-il déjà eu ? Il soupira. "Et qui peut dire quel est notre propre temps, Catherine ? Ici, nous sommes ici, pour une raison quelconque, et pour tout ce que nous en savons, c'est là que nous sommes censés être."
Elle leva les mains en l'air. "Chakotay. Comment pouvons-nous exister dans un futur où nous ne connaissons rien ? Nous devons à notre équipage de tout faire pour les ramener à la maison."
Il fut subitement extrêmement fatigué. "Je veux juste être clair. Je ne suis pas d'accord avec ce type d'actions. Et vous savez ce que je veux dire par là."
"Je le sais. Cela signifie que vous allez argumenter avec moi jusqu'à ce que vous cédiez, et ensuite vous ferez ce que vous pourrez pour me soutenir", dit-elle, un léger sourire courant sur ses lèvres.
"Je vous ferais savoir quand je céderai", répliqua-t-il, se permettant également un petit sourire.
"C'est d'accord. Je vais donc assigner Harry et Seven pour trouver un moyen de nous ramener au vingt-quatrième siècle. J'ai grande foi en leurs capacités pour trouver des théories qui puissent être appliquées."
Il fit tout son possible pour ne pas rouler des yeux. "Je suis d'accord sur leurs compétences. Je leur souhaite bonne chance. Maintenant, voulez-vous me faire plaisir ? J'aimerais former une équipe et commencer les fouilles sur la planète. Immédiatement."
"Chakotay..."
"Non, Catherine, je n'accepterai aucun argument. Comment cela peut-il affecter votre projet ? Nous n'irons nulle part tant que vous ne trouverez pas un moyen de nous renvoyer dans notre temps. N'êtes-vous pas un peu curieuse ? Ce sont les Sernaix. Et j'ai une pièce d'équipement qui appartient à l'année 2369, pas 3000", déclara-t-il fermement.
Elle joua avec sa tasse de café désormais vide. "Combien de membres d'équipage pensiez-vous utiliser ?"
Il essaya de ne pas sourire. "Moins de quinze. Mais qui exactement, c'est un autre point de détail dont nous devons discuter."
"Bien, mais d'abord... j'accepte votre enquête. Mais seulement pour vingt-quatre heures. Si vous n'avez rien trouvé dans ce temps, elle devra s'arrêter. D'accord ?"
Cette fois, il sourit plus franchement. "D'accord."
"Et si nous trouvons comment revenir dans notre propre période temporelle avant que ce délai de vingt-quatre heures ne se soit écoulé, alors l'équipe au sol sera ramenée à bord du vaisseau. Et ce n'est pas négociable."
"Je suis d'accord avec ça", dit-il. Il ne pensait pas que ce soit une situation à laquelle il devrait faire face.
"Bien. A présent, à propos de l'équipage ?"
"Je pense que ce serait une bonne idée de ne prendre que des non-maquisards. Je ne sais pas si un seul ancien maquisard pourrait être capable de s'occuper de cette mission objectivement. Je sais que je ne le pouvais pas lorsque j'ai compris pour la première fois ce que j'avais en main. Je pense que cela présenterait trop de problèmes auxquels, franchement, je ne veux pas être confronté ici. Je ne suis même pas sûr que nous devions parler à quiconque de ce que j'ai trouvé."
Ses sourcils s'élevèrent d'une manière significative. "Pourquoi non ? Aurais-je oublié quelque chose ?"
Il sourit légèrement. "Je pense que vous oubliez comment se sentent les anciens maquisards, surtout en ce moment. Ils avaient des sentiments très partagés concernant le retour dans le quadrant Alpha lorsque nous pensions être en train d'y retourner. Nous sommes alors entrés dans la Bulle, et les gens ont dû apprendre à vivre avec cela. Ce que j'ai découvert sur la planète fait partie de notre histoire Maquis, que ce soit dans notre passé ou dans notre futur. Je pense qu'ils voudront rester et enquêter, quoi que vous en disiez. Cela pourrait entraîner des problèmes pour l'équipage entier, certains voulant rester et d'autres voulant rentrer à la maison."
Elle hocha la tête. "J'ai confiance en votre jugement sur ce point. Vous avez une meilleure vue que moi sur la manière dont l'équipage fait face à la situation. C'est d'accord, nous gardons le secret sur ce que vous avez découvert. Choisissez votre équipe au sol. J'envisageais cependant de faire un communiqué général décrivant notre situation. Je sais que les moulins à paroles sont déjà en marche, mais j'attendais votre retour pour voir ce que vous découvririez."
Il tira sur son oreille et grimaça. "Cela va être difficile, Catherine. Lorsque le discours officiel aura été fait, le moral de l'équipage va se détériorer."
"Je sais. Nous allons juste faire du mieux que nous pourrons. Comme toujours." Elle lui sourit, d'un de ses rares larges sourires. Il aurait même pu jurer que ses yeux pétillaient. Juste un peu. Juste assez.
 
***
 
"Docteur, si vous persistez à arpenter la pièce comme cela, je devrais déconnecter votre programme", dit Seven, ses yeux et ses doigts n'ayant jamais quitté la console devant elle.
"Vous n'oseriez pas", affirma-t-il. Toutefois, il arrêta de bouger.
"Vous ne voyez rien de différent, n'est-ce pas ?" dit Harry calmement, regardant par-dessus son épaule.
"Il semblerait que vos premières hypothèses étaient correctes", répliqua-t-elle. Se reculant de l'écran, elle se tourna vers lui. "C'est probablement lié." Harry hocha la tête.
"L'un de vous voudrait-il m'éclairer ?"
Seven lui fit face. "Entre le moment de votre diagnostic hebdomadaire, effectué hier, et le moment où l'Enseigne Finley vous a activé, votre mémoire s'est ... envolée. Les données sont irrécupérables. Les systèmes de l'ordinateur principal ont eu un dysfonctionnement, il y a quelque temps et les données étaient détériorées de la même manière. Il est logique de supposer que les problèmes de l'ordinateur soient à l'origine des vôtres."
"Alors, vous êtes en train de me dire que j'ai perdu une journée, une journée entière ?"
"Pas vingt-quatre heures", lui répondit-elle. "Mais pour l'essentiel, oui."
"Janeway aux Lieutenant Kim et Seven of Nine."
Harry tapa sur son communicateur et répondit. Le Capitaine les appelait dans son bureau sous les protestations véhémentes du Docteur. Ce dernier trouvait que le ton du Capitaine était particulièrement dur à son égard. Elle se fichait complètement que son programme soit endommagé, que sa mémoire se soit effacée. L'entendre affirmer que la perte d'une journée d'informations de l'infirmerie n'était pas aussi urgente que la situation à laquelle le vaisseau faisait face l'affecta profondément. Harry et Seven le laissèrent, lui promettant de revenir aussi vite que possible. Il savait qu'il s'agissait des promesses vaines.
Grognant bruyamment, il attrapa le support de seringues hypodermiques. Il se dirigea vers le réplicateur du labo, le posa violemment sur le comptoir et commença à reproduire certains médicaments. Il était si en colère que son contrôle tactile se relâcha et qu'il laissa tomber une fiole en essayant de la poser dans une encoche du support. La fiole frappa le sol et roula sous le comptoir. Lorsqu'il se baissa pour la récupérer, il vit quelque chose de complètement inconnu. Une petite boîte noire hérissée de pointes.
La regardant, il remarqua du sang séché sur un de ses côtés. Il le scanna, mais ce n'était pas enregistré dans son tricordeur. Il doit être Sernaix, présuma-t-il. Il sortit le tricordeur médical pour scanner le sang. Non reconnu. Il s'éclaircit la gorge en utilisant à nouveau le nettoyeur sonique pour désintégrer le sang séché. Supposant que quelqu'un l'avait apporté ici pour une raison quelconque qui, sur le moment, ne l'avait pas particulièrement intéressé, il emporta l'objet dans son bureau. Puisque tout le monde était si occupé qu'il devrait attendre que les choses se calment, alors il ferait venir B'Elanna et le lui donnerait. Il laissa tomber la boîte noire dans le tiroir de son bureau. C'est à ce moment qu'il vit son émetteur mobile. Il l'attacha à son bras.
"Ordinateur, ne me communique aucune requête où que je sois", déclara-t-il bruyamment. Il quitta l'infirmerie, ne sachant pas trop où aller. Peut-être dans le holodeck, pour un parcours de golf. Il sourit pour la première fois depuis qu'il avait été activé.
 
***
 
Le hangar à navettes du Voyager semblait être l'endroit le plus occupé du vaisseau. Deux navettes étaient en cours préparation pour décollage par onze membres d'équipage et le Commandeur Chakotay. Il avait demandé à Samantha Wildman d'être son second pour cette mission au sol, en sa qualité d'un des Officiers Scientifiques du Voyager. Le reste de l'équipe était composé de dix membres d'équipage, choisis pour leur force physique, leur endurance et leur réputation de discrétion. Le premier officier connaissait l'équipage du Voyager, aussi bien intérieurement qu'extérieurement. S'il y avait des spéculations tandis que l'étrange groupe se dirigeait vers la planète, il ne voulait pas le savoir.
"Alors Sam", dit l'Enseigne Peter Ashmore en riant. "Comment va Ratty ? Mange-t-il toutes vos rations du réplicateur ?"
"Non, malgré le fait que Chell continue de se plaindre au sujet des réserves du mess", grimaça-t-elle.
"Je pensais qu'il avait laissé tomber depuis longtemps. Du moins, c'est ce qu'il disait."
"Tu le connais", dit Sam avec un sourire. "Jamais à manquer une chance de se plaindre auprès d'une oreille compatissante."
Ashmore gloussa, suivi par ceux qui travaillaient autour d'eux.
"Doug Bronowski marmonna quelque chose dans sa barbe. Sam lui pria de répéter. "Je me demandais juste si vous avez pensé au coeur de Naomi qui sera brisé lorsque Ratty ne sera plus là."
"Plus là ?" demanda-t-elle.
"Cette petite chose mourra sur ce vaisseau, sans aucun doute. Il semblerait qu'il nous faudra des années avant de rentrer chez nous, si jamais nous rentrons", dit-il.
Chakotay, qui travaillait aussi dans la navette, réagit comme s'il n'était pas là. Rose Lang prit la parole pour la première fois. "Comme si le Quadrant Delta n'était pas assez dur, on a eu ensuite la Bulle et maintenant ça. J'ai l'impression que nous ne rentrerons jamais à la maison."
"Du moins pas sur la Terre de notre époque, en tout cas. Je suis juste heureuse d'avoir eu la possibilité de parler à mon mari et à ma fille par le canal de données", dit Nyema Swinn, sa voix se déraillant légèrement. "Elle paraissait avoir tellement grandi..."
Sam marcha vers elle et lui toucha l'épaule. "C'est stupéfiant la vitesse à laquelle ils changent, n'est-ce pas, Nyema ? Mais nous rentrerons chez nous, je sais que nous rentrerons."
Doug grogna. "Ne vends pas la peau de l'ours, comme ma grand-mère avait l'habitude de dire."
Pendant que les autres approuvaient de la tête, Chakotay se glissa discrètement par la porte de la navette et alla jusqu'à l'autre navette pour un rapport d'avancement. Lorsqu'il entra, les conversations s'arrêtèrent brusquement. Il avait le sentiment de savoir ce que cela signifiait, par conséquent, il leur demanda si le vaisseau était près au lancement, si les fournitures étaient chargées et s'ils avaient quelque chose à lui demander ou à lui dire. Sans surprise, seul l'homme d'équipage Mark Fitzpatrick dit quelque chose. Il était toujours disposé à dire le fond de sa pensée, quelque chose que Chakotay avait apprécié à plus d'une occasion.
"Monsieur, nous étions juste en train de parler de tout ce que nous avions traversé en essayant de rentrer chez nous. On a l'impression que cela ne va jamais arriver. Commandeur", dit-il, " savez-vous ce que le Capitaine a en tête ?"
Chakotay soupira. "Je le sais, mais je n'ai pas la liberté d'en parler. Vous savez qu'elle fait tout ce qu'elle peut pour nous sortir de là." Ses yeux parcoururent le petit groupe, sans manquer un ou deux regards un peu dédaigneux.
"Nous savons qu'elle essaiera tout ce qui est possible", dit Mark.
"Et c'est le mieux que nous pouvons espérer pour le moment", répondit Chakotay. "Bien, rassemblez-vous dans le hangar pour le compte-rendu." Il les quitta, se rendant dans l'autre navette pour leur dire la même chose.
Après quelques minutes, alors que tout le monde s'était réuni, il envisagea de leur dire quelque chose de général sur la situation à laquelle le Voyager faisait face, mais il préféra ne pas le faire. Il valait mieux qu'ils soient focalisés sur la tâche qui les attendait sur la planète. Cela serait suffisamment épuisant, sans en plus encourager les attitudes négatives. Il leur dit qu'ils avaient trouvé une petite pièce de la coque d'un vaisseau de Starfleet, mais qu'ils n'avaient pas pu localiser d'autres pièces du vaisseau à cause des interférences dûes aux débris Sernaix. Sans exagérer, il leur dit que ce travail serait difficile et que des pauses seraient prises quand nécessaire avec consommation d'autant d'eau qu'ils en auraient besoin. Enlever son uniforme était aussi possible. Il se fichait du règlement sur ce point et avait juste besoin qu'ils travaillent aussi dur que possible. Bien-être et résistance prévalaient sur les règles de Starfleet.
Faisant une pause et regardant leurs visages, il s'aperçut que leurs pensées étaient indéchiffrables. Il respira et continua.
"Si vous tombez sur quelque chose qui ne ressemble pas à une pièce Sernaix, appelez Sam ou moi-même, nous viendrons et la recueillerons. Il y aura une rotation de l'équipe toutes les heures, avec un groupe qui creuse et l'autre qui déblaye les débris dégagés. Avec de la chance, cela vous empêchera d'être trop fatigué. Les réplicateurs des deux navettes sont pleins de rations, alors servez-vous. Des questions ?"
Encore une fois, Fitzpatrick prit la parole. "Commandeur, je n'ai pas l'intention de remettre en question ce que nous faisons, mais en quoi le travail d'aujourd'hui va nous aider à rentrer chez nous ? J'aimerais connaître le but de cette mission. Trouver des débris de Starfleet dans le futur semble..." bredouilla-t-il.
Chakotay fut des plus diplomates sur ce point. "Je peux vous dire que le travail d'aujourd'hui pourrait nous donner une réponse dont nous avons besoin pour aller de l'avant. Aucune autre question ?" Il détestait mentir à l'équipage, mais le justifia, sachant qu'il avait juste un peu déformé la vérité. Seul le "nous" n'était pas défini.
Comme personne ne lui répondit, il les fit se diriger vers les navettes et contacta le Capitaine pour lui dire qu'ils étaient en route. Elle adressa à tous un message d'encouragements, ce dont Chakotay lui fut très reconnaissant. Les navettes furent mises en route et quittèrent le Voyager pour l'innommée et inconnue planète.
 
***
 
"Vous voyez", continua Catherine. "Nous n'avons pas réellement de choix. Nous devons trouver un moyen de retourner dans le vingt-quatrième siècle." Elle regarda les trois personnes qui l'observaient avec des visages complètement impassibles. Icheb et Seven, elle pouvait comprendre, mais Harry. Elle espérait une réaction de sa part. "Aucune question ?"
Icheb fut le premier à parler. "Capitaine, je crains de ne pas avoir compris. Nous avons juste commencé à cartographier ce Quadrant Alpha et il y a très peu de corrélations entre l'endroit où nous nous trouvons et là où vous voudriez être. Il vaudrait peut-être mieux continuer la cartographie jusqu'à que nous en savions plus."
"Je comprends votre point de vue, Icheb. Pourquoi ne continuez-vous pas ce travail pendant qu'Harry et Seven s'attaqueront au problème d'Espace-Temps."
Icheb opina la tête et retourna à sa console.
"Capitaine", dit Harry. "Je ne sais pas si vous vous souvenez de vos premiers cours de théorie quantique..."
Elle l'interrompit. "Je ne m'en souviens plus trop."
Il sourit. "Bon, il y avait une théorie de l'entropie, qui disait que l'univers pourrait passer d'un état d'ordre à un état de désordre, ce dernier devenant de plus en plus important à mesure que le temps passerait. Je me demandais s'il y avait eu un événement cataclysmique qui aurait engendré un quadrant Alpha désordonné semblant... remanié."
Seven parla. "Mais si c'était le cas, cela aurait dû se produire entre les vingt-neuvième et trente et unième siècles."
"Pourquoi ?" demanda Catherine.
"Parce que c'est au vingt-neuvième siècle que la Fédération a développé les vaisseaux temporels, si vous vous en souvenez Capitaine", répliqua Seven.
Catherine nota le regard de confusion sur le visage d'Harry. "Ne me le rappelez pas, Seven. Le Capitaine Braxton est une personne à laquelle j'avais espérée ne plus jamais penser. D'ailleurs, en y réfléchissant, où sont les policiers du Département de la Police Temporelle quand on a besoin d'eux ? Ils pourraient nous ramener chez nous en un éclair, je parie. Et ne vous inquiétez pas, Harry, Il n'y a rien dont vous avez besoin à vous inquiéter."
"Mais si ce Quadrant Alpha est remanié à cause d'une augmentation de l'entropie, hausse naturelle ou non", dit Harry, "cela veut dire que la flèche d'entropie du temps est déterminée. Il y a alors très peu de chance pour que ce que nous trouvions dans nos bases de données soient applicables."
Catherine leur sourit à tous les deux. "Et bien, nous n'avons pas accès aux théories secrètes de Starfleet sur le voyage temporel, qui pourtant nous seraient très utiles en ce moment, mais nous avons tout ce que nous avons appris sur la mécanique temporelle."
Harry semblait encore sceptique. "Oui, il y avait le fameux 'effet boomerang' qui était utilisé au temps où les possibilités des moteurs de distorsion étaient à peine comprises. Mais, Capitaine, cela ne va pas marcher..."
Catherine l'interrompit encore. "Essayez de garder une certaine ouverture d'esprit. Commencez par examiner les possibilités, puis alors faites les calculs, basés sur les cartes qu'Icheb nous présentera, d'accord ?"
Seven et Harry se lancèrent un coup d'oeil avant d'accéder à la base de données. Catherine, à côté d'eux, fit de même. Ils discutèrent, argumentèrent et travaillèrent sur le problème pendant deux heures avant d'être interrompus par l'ouverture de la porte du labo d'astrométrie.
Tom entra avec un grand sourire sur son visage, et se dirigea droit vers Harry, saluant le Capitaine au passage.
"Hé Harry, comment ça avance ? Encore à estimer la dernière onde de retard ?" fit-il à voix basse.
Harry le regarda en fronçant les sourcils. "Très drôle, Tom", dit-il en parlant tout bas. "Qu'est-ce que tu veux ?" Il essaya de ne pas montrer comme il était content que Tom soit ici, pour le voir. Comme si rien n'avait changé.
"Est-ce que c'est une façon de me saluer ?" dit Tom en souriant. "Bien sûr que non. Ecoutes, il y a une chose à laquelle je pense. Ce groupe a besoin de se distraire sérieusement. B'Elanna a entendu des plaintes à l'ingénierie et j'ai entendu quelques commérages dans le mess durant ma pause. Je voudrais lancer le programme 'Chez Sandrine' ce soir, en souvenir du passé et peut-être organiser un tournoi de billard ou quelque chose comme ça. Cela fait longtemps, tu penses que le programme est toujours valable ?"
"Je ne vois pas pourquoi. Je n'y ai pas touché depuis qu'on a copié Lila dans 'Proton'."
"Ouais, Lila. Elle était chouette, n'est-ce pas ?"
"Tom, tu es incorrigible." Harry sourit à son ami. "Tu es supposé t'être assagi depuis que tu es devenu père."
"Ne te trompes pas, Miral est la lumière de ma vie, mais", dit Tom avec un clin d'oeil, "tu me connais, j'aime toujours autant m'amuser. D'accord, donc je..."
La voix du Capitaine l'interrompit. "Monsieur Paris, êtes-vous ici pour nous aider à renvoyer le vaisseau au vingt-quatrième siècle ? Je n'avais pas réalisé que vous étiez un spécialiste de mécanique temporelle", dit-elle avec un soupçon de légèreté dans la voix.
Il se retourna vers elle et lui donna un des éblouissants sourires à la Tom Paris. "Pas du tout, Capitaine, je voulais juste me concerter avec mon co-holoprogrammeur. Je m'excuse de lui avoir pris du temps pour autre chose que le problème en cours. Mais j'ai seulement les intérêts de l'équipage à coeur."
Elle haussa les sourcils. "Oh ! et comment ça ?"
"Je veux lancer le programme 'Chez Sandrine' ce soir. Je pense que l'équipage pourrait faire une pause, avoir de la distraction. S'amuser, quoi. En fait, je voudrais faire un tournoi de billard, en souvenir du bon vieux temps. Qu'est-ce que vous en dites, Capitaine, partante pour un billard ? Je vous donnerai même deux ou trois tours d'avance pour vous échauffer", dit-il, continuant son air de charme.
"Et qu'est-ce qui vous fait penser que j'aurai besoin de deux ou trois tours d'avance pour vous battre, Tom ?" Un très petit sourire commençait à poindre sur son visage.
"Cela fait longtemps que vous n'avez pas joué contre moi, Madame, alors ne pensez pas que vous pourrez me battre aussi facilement désormais." Son sourire s'élargit. Il voulait vraiment qu'elle soit derrière ce tournoi, qu'elle participe, pour qu'elle se mêle à l'équipage.
"J'y penserai. J'ai beaucoup de travail à faire et une montagne de données à examiner ce soir. Mais je pense que c'est une bonne idée. Amusez-vous. Maintenant, vous pourriez peut-être permettre à Monsieur Kim de retourner à son travail." Elle croisa les bras sur sa poitrine.
"Oui, Madame. Y penser est tout ce que je demande, pour le moment", dit-il. "Harry, merci. A plus tard." Il tapa sur l'épaule de son ami et sortit avec un petit pas de danse. Tom était impatient de vivre cette soirée. Donner à l'équipage du divertissement était une de ses plus grandes joies. Il était heureux, sa vie était belle, il pensait que c'était son devoir de propager un peu ce sentiment, particulièrement aujourd'hui. Et il voulait, à tout prix, écraser le Capitaine au billard.
 
***
 
Chakotay regarda autour de lui lorsqu'il prit sa pause, descendant un autre litre d'eau froide. Le soleil était aussi haut que plus tôt dans la journée. Il avait clairement bougé, mais même pas l'équivalent de cinq heures terrestres. Il semblait donc que le cycle journalier fut plus long que vingt-quatre heures. C'était une bonne nouvelle. Plus de jour signifiait plus de travail pouvant être accompli. Cependant, cinq heures s'étaient passées et leurs progrès n'étaient pas aussi importants qu'il l'avait espéré.
Il apparaissait que plus ils déblayaient de débris Sernaix, plus ils en retrouvaient. Ils avaient déblayé et creusé, déblayé et creusé. Il devenait de plus en plus certain que le vaisseau Sernaix avait été détruit, causant la formation d'un petit cratère. Alors, pour d'obscures raisons, la poussière et les rochers avaient rempli le cratère en même temps que les pièces du navire. Il avait demandé à Samantha de voir si elle pouvait trouver des traces de mouvements tectoniques. Après une heure d'exploration des environs, elle était revenue pour dire qu'en effet, la planète n'était pas totalement stable.
Rien d'extraordinaire pour une planète. Il ne lui semblait pas que les séismes aient été récents, datant peut-être de plusieurs années. Il pouvait voir d'après l'absence de progrès que de nouvelles mains étaient nécessaires. Il appela Catherine pour lui faire un rapport d'avancement et pour lui demander plus d'aide. Elle semblait les soutenir, mais aussi un peu distraite. Il essaya de savoir comment le projet de voyage dans l'espace-temps avançait, mais elle se mit sur la défensive. Il interpréta cela comme un signe que cela n'allait pas très bien. Cela ne le surprit pas. Toutefois, si elle ne voulait rien lui dire, il ne pouvait pas lui témoigner de compassion. Essayant de ne pas sembler frustré par sa réaction, il revint sur la discussion concernant ses besoins en bras supplémentaires.
Son idée à elle fut de lui adjoindre dix personnes des Pléïades. Ils avaient été intégrés à l'équipage, comme ceux de l'Equinox, mais contrairement à ces derniers, la transition avait été plus douce. Des esprits plus proches des leurs, perdus pour des raisons au-delà de leur contrôle. Pourtant, ils n'avaient pas encore beaucoup lié connaissance et aucun n'était ancien maquisard. Ils avaient tous des services très courts. Il accueillit cette idée avec joie.
Dans la demi-heure suivante, dix parmi les plus forts, choisis par le Capitaine elle-même, furent téléportés. Ils étaient enthousiastes, heureux d'être mis à contribution, heureux de sortir du vaisseau, curieux de travailler côte à côte avec un homme que l'ensemble de l'équipage respectait si profondément. Ils avaient entendu parler du capitaine renégat du Maquis, qui s'était fait une place dans cet équipage de Starfleet. Le rencontrer n'avait ressemblé en rien à ce qu'ils s'étaient imaginés. Après leur avoir expliqué ce qu'ils allaient faire, Chakotay les assigna à la relève des premières équipes. Puis, il retourna travailler, maniant la pelle à la lisière extérieure du champ, là où l'équipage n'avait pas encore creusé aussi profondément. S'il était honnête avec lui-même, il dirait que ce travail physique était ce dont il avait besoin. Pour évacuer le stress des mois passés, voire des années, par le simple fait de creuser la boue et de la jeter plus loin. C'était un travail mécanique, où il dégoulinait de sueur, qui le réjouissait.
 
Lorsque la pause fut finie, l'équipe constituée maintenant de vingt personnes se déploya plus loin et continua de travailler. Mais personne n'appela. Rien n'était découvert qui ne soit pas Sernaix. Les scans étaient toujours gênés par les interférences. Chakotay s'appuyait sur sa pelle une heure plus tard lorsque Samantha s'approcha de lui. "Commandeur, voulez-vous plus d'eau ?"
"Merci, Samantha, avec plaisir", dit-il, acceptant le réservoir et avalant immédiatement une grande quantité d'eau. Il la regarda, voyant qu'elle avait quelque chose en tête. "Que puis-je faire pour vous ?" Il lui sourit.
Elle gloussa. "Me ramener sur Terre demain ?"
Il rit avec elle, reconnaissant de pouvoir le faire. "Si je pouvais..."
"Je sais. Sérieusement, j'ai quelques questions. Disons que c'est non-officiel, d'accord ? De la mère de Naomi à l'un de ses pères de remplacement ? "
"D'accord, non-officiel. Envoyez." Il but un peu d'eau.
"Quel est le véritable but de notre présence ici ? Comment cela va-t-il nous faire rentrer chez nous ? Je ne vois pas ce que trouver un vaisseau de Starfleet parmi des débris Sernaix dans notre futur peut faire."
"Sam, même d'une manière non-officielle, je ne peux répondre à cela. Le Capitaine et moi avons décidé que ce serait mieux si l'équipage ne comprenait pas la totalité de ce que nous essayons de trouver ici. Je suis désolé", lui dit-il en souriant. "En tant que père de remplacement de Naomi, je ferai tout ce que je pourrai pour elle, et surtout la ramener à la maison. Je sais qu'elle a besoin de son vrai père."
Sam soupira. "Oui, c'est exact. Neelix lui manque énormément, plus qu'elle ne veut bien me le dire." Elle sourit d'un sourire plus doux que précédemment. "Je comprends, vraiment. Et c'est agréable d'entendre et de voir que vous et le Capitaine travaillez à nouveau comme une équipe. Même si cela signifie que vous gardiez des secrets vis-à-vis de nous. Alors, les choses vont bien entre vous deux ?"
Il la regarda fixement. "Est-ce la mère de Naomi qui parle ou Naomi elle-même ?"
Elle éclata de rire. "Disons une combinaison des deux."
"Je vois. Vous pourrez dire à votre fille que le Capitaine et moi nous accordons bien pour le moment", dit-il, laissant une de ses fossettes apparaître.
"Voudriez-vous développer ce que vous venez de dire, pour Naomi ?"
"Même pas pour Naomi", dit-il gentiment, mais fermement.
Souriant, elle lui promis de passer le mot à sa fille et le laissa à sa pelle. Replongeant le métal dans la poussière, il rit tout bas. Autant les choses pouvaient changer, autant elles restaient les mêmes.
Une autre heure passa, mais toujours aucun appel. Ils avaient découvert une chose, cependant. Alors qu'il effectuait un scan, Chakotay avait noté une fluctuation de la signature d'énergie provenant des débris. Une signature qui était jusque-là restée constante depuis leurs premiers scans de la planète. Six personnes avaient soulevé une assez large pièce du vaisseau Sernaix, la déplaçant jusqu'au bord du profond cratère. Cette énergie était très différente de celles qu'ils avaient recueillies aussi bien des vaisseaux que de leur armement. Sans pouvoir le quantifier en terme Sernaix, il pouvait seulement voir que les ordinateurs de Starfleet la définissaient comme étant plus forte et émanant d'une plus grande source d'énergie. Il supposa que cela pouvait être l'indication de l'arme qui avait détruit le vaisseau. Soit ça, soit les restes d'une arme du vaisseau. Quoi qu'il en soit, cela le rendait mal à l'aise.
 
***
 
Une nouvelle fois, Chakotay traversait la passerelle en direction du bureau du Capitaine. C'était le quart Bêta, mais elle était toujours là. Il avait une assez bonne idée de ce qu'il verrait quand la porte s'ouvrirait. La scène qui l'accueillit était exactement comme il avait imaginé. Catherine regardait fixement sa console, le menton dans une main, un café dans l'autre. Elle semblait épuisée et angoissée. Elle n'avait pas l'air d'être heureuse.
Il s'assit devant elle et attendit qu'elle se focalise sur lui.
"Alors ?" Sa voix était aussi fatiguée que ses yeux.
"Rien d'autre. Nous avons creusé autant que nous avons pu et avons réussi à scanner certaines parcelles, mais il n'y avait rien, Catherine. Je ne comprends simplement pas", dit-il, avec plus qu'une simple touche de frustration.
Elle sirota son café. "Je suis désolée. Pensez-vous que plus de temps serait utile ?"
"En neuf heures, nous avons atteint les limites de tout le monde, même avec les bras supplémentaires. Si nous sommes toujours ici dans la matinée, je ramènerai l'équipe sur la planète et étendrai les recherches. Je prendrai également un paquet de seringues d'analgésiques." Sa blague sonnait faux, même à ses oreilles.
"Nous serons toujours là."
"Que s'est-il passé ?"
Il vit un éclair de colère dans ses yeux et fut soulagé de le voir. C'était son manque d'énergie qui l'ennuyait le plus. Sa colère, il pouvait s'en accommoder. Mais elle ne lui répondait pas.
"Catherine, que s'est-il passé ?"
"Rien. Rien du tout. Tous les calculs que nous avons essayés, toutes les théories temporelles sur l'Espace-Temps auxquelles nous avons pensées, dont nous avons discutées ou que nous avons même prouvées, toutes ont échoué." Elle posa violemment sa tasse.
"Comment savez-vous qu'elles vont échouer ?" dit-il, essayant de la faire parler.
"Nous avons refait les calculs tant de fois que j'ai pensé que l'ordinateur allait commencer à se plaindre. Notre plus grand problème vient du fait que ce Quadrant Alpha et notre Quadrant Alpha semblent être deux Espaces différents. Essayer de calculer comment aller d'un point de cet Espace-Temps à un point spécifique d'un autre Espace-Temps, lorsque le point de départ et celui d'arrivée ne sont pas équivalents, ne semble apparemment pas possible. Ou du moins, c'est ce qu'Harry et Seven ont tenté de me dire, d'une façon diplomatique." Ses yeux dérivèrent vers un point quelque part près des baies.
"Et vous ne les croyez pas, n'est-ce pas ?"
Leurs yeux se rivèrent l'un à l'autre. Elle prit une autre gorgée de café. "Non, je ne les crois pas. Je ne peux pas les croire."
"Parce croire à cela, c'est croire que nous ne pourrons pas rentrer à la maison", dit-il doucement. "Je comprends tout cela, Catherine. Vous savez que je comprends. Mon problème est que je crois en vous, en votre détermination." Il vit ses yeux s'adoucir, juste un peu. "Alors, quel est votre plan d'action ?"
"Il est de continuer à chercher, jusqu'à ce que nous ayons manqué devienne évident. J'ai laissé partir Harry pour qu'il aille reposer ses neurones. J'ai dit à Icheb et Seven d'aller se régénérer. J'ai besoin qu'ils soient au sommet de leurs capacités, lorsque nous saisirons à nouveau le problème à bras le corps, dès demain matin."
"Et pourquoi ne semblez-vous jamais avoir besoin de prendre une pause ?"
"Je ne peux pas m'en offrir le luxe."
Il rit doucement. "Non-sens."
Ses yeux se rétrécirent. "Ce n'est pas insensé."
"C'est vrai, j'avais oublié. Vous n'êtes pas humaine comme le reste d'entre nous. Vous n'avez pas les mêmes besoins que nous autres..."
Elle l'interrompit. "Chakotay, n'allons pas dans cette direction, s'il vous plaît."
"Je ne parlais pas de cela, Catherine. Je parlais de choses plus simples. Quelques heures de repos pour se détendre et ne pas penser à notre situation. Laissez-vous un moment de répit et votre esprit sera reposé et prêt à en découdre à nouveau."
"Vous avez l'air d'en avoir vous-même envie. J'ai raison ?"
Il sourit. "Oui, j'aimerais essayer. J'admets que le phaseur que j'ai trouvé commence à me rendre fou. Je suis fatigué, vidé, mes muscles me font mal, mon esprit est hanté par tout ça et je n'aimerais rien de plus que d'avoir un dîner avec vous."
"Vos muscles vous font souffrir ? Je croyais que c'était pour ce genre de travail que vous aviez l'équipage ?"
"J'ai fait ma part de labeur. En fait, cela m'a fait du bien. Même un peu laxatif."
Cette fois, elle sourit. "Vous n'avez pas l'air d'avoir passé la journée à pelleter de la poussière !"
"Vous ne pensiez pas que je traverserais le vaisseau couvert de transpiration et de poussière, et encore moins entrerais dans votre bureau comme ça, non ? Je pense que mon groupe s'est précipité tellement vite sous la douche que nous pourrions avoir une surcharge du système. Maintenant, un dîner ? Il y a quelque chose que j'ai trouvé dont j'aimerais parler avec vous, une fois que nous aurons mangé."
Elle soupira. "D'accord, dînons. Mes rations. Avez-vous entendu parler de ce que Tom et Harry ont prévu pour ce soir ? Ils ont relancé le programme 'Chez Sandrine', pour l'équipage. Il y a même un tournoi de billard."
"Après ce que j'ai entendu aujourd'hui, je pense que c'est une excellente idée. L'équipage vit des moments vraiment difficiles, actuellement. Il y avait beaucoup de discussions sur ce que nous sommes en train d'affronter. Le découragement semble être le sentiment du moment. C'est bien de la part de Tom", dit-il énergiquement.
"Le moral s'effondre ? Mince !"
"Oui, encore que cela n'est pas si surprenant. Et je pense que ce serait une bonne idée pour l'équipage de vous voir ce soir, chez Sandrine, vous amuser et vous mêler à eux. J'aimerais y aller, voir si je peux parler à quelques autres, connaître l'étendue du découragement et voir s'il y a quelque chose que je puisse faire pour les aider. Qu'est-ce que vous en dites ? Voulez-vous décocher quelques boules ?" Il lui fit délibérément un de ses sourires les plus désarmants.
"En fait, Tom m'a dit qu'il me donnerait deux ou trois tours d'avance, vous vous rendez compte ?" dit-elle, un sourire commençant à poindre sur son visage.
"Quel pilote insolent nous avons", dit-il, pince-sans-rire.
"Oui, n'est-ce pas." Elle haussa les épaules. "Et bien je pense que c'est une bonne idée. Y aller, se mélanger avec l'équipage, s'amuser un peu avec eux. Peut-être même participer au tournoi. En montrer à Tom."
"Alors, nous allons d'abord dîner, puis aller chez Sandrine. Pour le bien de l'équipage." Il essaya de ne pas sourire.
Elle le regarda en fronçant les sourcils. "Oui. Nous irons. Pour le bien de l'équipage." Il perdit la bataille et sourit franchement. Elle le lui retourna, riant tout bas en fermant sa console. Toutefois, elle attrapa des tablettes juste avant de quitter son bureau aux côtés de Chakotay.
 
***
 
Chakotay remercia à nouveau silencieusement Tom, lorsqu'ils arrivèrent dans le holodeck. 'Chez Sandrine' était plein de monde, et il aurait pu jurer que l'endroit semblait plus grand qu'avant. Il se demanda s'ils avaient élargi le périmètre de la salle, juste pour l'adapter au maximum de gens possible. C'était bon d'y revenir, même s'il pouvait sentir la tension de Catherine lorsqu'ils entrèrent. Il savait qu'elle se relâcherait rapidement. Naviguant vers le bar, saluant les personnes sur leur chemin, ils commandèrent des Synthales puis, comme convenu, ils se séparèrent pour se mêler aux autres.
Il garda un oeil sur le Capitaine tandis qu'elle allait d'un groupe à l'autre. Elle passa plus de temps avec B'Elanna et T'Pel qu'avec tous les autres. Mais en les regardant, il fut reconnaissant de leur présence. Elle était animée, s'amusait manifestement en leur compagnie, riant même bruyamment à quelque chose qu'avait dit B'Elanna. Il se relaxa et alla à la table suivante sur sa liste mentale.
Après une heure de rencontres délibérées, il trouva une table vide et commença sa deuxième bière. L'image mentale de cette crosse de phaseur du Maquis s'affichait clairement dans son esprit. Le fait qu'ils n'aient rien trouvé d'autres le rendait dingue. Cela n'avait aucun sens. C'était presque comme s'il était juste tombé du ciel, en dehors de son temps et de son espace. Quelques minutes plus tard, Tuvok le rejoignit. Bien que respectant le Vulcain, il était fatigué, préoccupé et pas d'humeur à parler.
"Bonsoir, Commandeur", dit Tuvok.
"Bonsoir, Tuvok."
"C'est encourageant de voir le Capitaine passer du temps avec l'équipage. T'Pel m'a informé d'une hausse des demandes de consultations aujourd'hui."
Il soupira perceptiblement. "Oui, le Capitaine avait besoin de voir par elle-même comment chacun allait."
"Et le fait que vous soyez arrivés tous les deux ensembles."
Il hocha la tête et attendit.
"C'est aussi satisfaisant."
"Que la structure de commandement du vaisseau n'est plus compromise." Tuvok sirota son verre et le regarda placidement.
"Je n'avais pas conscience qu'elle était compromise."
"Quand les deux officiers de commandement ne sont pas en harmonie, la structure est compromise."
Son irritation revint. "Y a-t-il eu un problème dans la manière dont le vaisseau fonctionnait dont je n'aurais pas eu connaissance ? La manière dont le Capitaine et moi-même nous entendons ne regarde pas les autres, mais seulement nous-mêmes.
"Je vous assure, Commandeur, que mon intérêt est purement pour le bien de l'équipage."
"Oui, je me sens plus rassuré maintenant, merci", dit-il, sachant très bien que son sarcasme n'était pas passé inaperçu.
Tuvok haussa un de ses sourcils et Chakotay attendit. "Et si les deux officiers de commandement ont résolu leurs problèmes, cela peut seulement contribuer à l'harmonie dont ce vaisseau aura besoin pour affronter les prochains obstacles."
Chakotay expira bruyamment. "J'apprécie ce fait, bien plus que je n'ai besoin de me le faire rappeler."
"Je ne voulais pas vous offenser de mes remarques. C'était plutôt une observation sur le fait que vous deux passiez plus de temps ensemble et que ces moments vous semblaient agréables à tous les deux. Le Capitaine a besoin de votre appui."
C'en était trop. Chakotay se leva rapidement, ayant peur de ce qu'il pourrait dire. Comme par exemple exiger de savoir où diable Tuvok se trouvait lorsque Catherine se cachait lorsqu'ils avaient été propulsés la première fois dans la Bulle. Ou encore où diable il se trouvait lorsqu'il avait eu besoin de parler à quelqu'un, lorsqu'il avait fallu qu'il conserve l'unité du vaisseau et qu'il garde sa colère sous contrôle afin de ne pas pousser Catherine dans le sas le plus proche.
"Monsieur Tuvok, je comprends que vous ne vouliez pas m'offenser. Et je suis sûr que le Capitaine appréciera votre appui inconditionnel, lorsque nous ferons face à notre prochain obstacle. Et oui, elle et moi nous entendons bien en ce moment. En espérant que les choses restent dans cet état. Maintenant, je dois continuer de me mêler aux autres, pour rester disponible pour l'équipage. Je suis sûr que vous et T'Pel passerez une agréable soirée." Il hocha la tête en réponse au consentement de Tuvok et quitta la table rapidement.
La colère contenue dans ses yeux s'atténua. Il se dirigea directement vers la table de billard, voulant subitement frapper quelques boules. Il semblait justement qu'une partie venait de se finir. Tom le questionna du regard. Il lui dit silencieusement "A moi maintenant". Le jeune homme lui fit un sourire moqueur. Chakotay sourit et attrapa une queue.
Mais le fait de taper quelques boules, même avec le badinage continuel de Tom, n'empécha pas son esprit de reprendre son vagabondage. Il pensait à nouveau à la crosse du phaseur. Ce qu'il commençait à appeler 'ce damné phaseur'. Il joua un coup et entendit Tom glousser.
"Hé, Chakotay, qu'est-ce qui vous arrive ?"
"Hum, de quoi parler vous ?"
"C'était un coup très facile. Un de ceux que vous n'auriez pas loupé normalement", dit Tom, avec un léger sourire.
Il avait raison. Chakotay haussa les épaules nonchalamment et regarda Tom s'aligner dans l'intention de jouer la boule numéro trois. Elle tomba facilement dans le trou.
Tom continua, regardant par-dessus la table. "Je sais que ça ne peut pas être ma compagnie frivole qui vous distrait", dit-il, se penchant et alignant son coup suivant. "Alors, pourquoi ne me dites-vous pas ce qui vous ennuie." Il tapa la boule blanche d'une manière experte et acquit un nouveau point.
Il voulait parler à quelqu'un d'autre en dehors de Catherine, mais savait que cela ne pouvait pas être le pilote. La bouche de Tom était juste trop... peu digne de confiance. Il lui dit gravement. "C'est peut-être simplement votre compagnie frivole."
Tom le regarda de travers. "Oui, d'accord." Il fit tomber une autre boule. "Cela ne laisse que la boule huit, cher monsieur." Se tenant à nouveau droit, il fit le tour de la table, tapotant l'épaule de Chakotay sur son passage. "Désolé, peut-être une autre fois", dit-il. Il aligna son tir et finit la partie.
Chakotay laissa échapper un rire. "Depuis quand êtes-vous désolé de gagner une partie, Tom ?" Ce dernier haussa les épaules et sourit.
A ce moment, Catherine s'approcha de la table. Marchant directement vers Chakotay, elle s'arrêta juste devant lui et tint sa main levée. "Commandeur, votre bâton ? "
Il ne pouvait pas le croire. Il entendit les rires provenant de plusieurs personnes assises près de là, le plus bruyant venant du pilote à deux mètres d'eux. Croisant le regard de Catherine, il sut qu'elle savait exactement ce qu'elle disait cette fois, il n'y avait aucun doute là-dessus. Il y avait une certaine audace dans son regard. Il ne l'avait jamais vu auparavant et cela le renversa.
"Alors ?" dit-elle.
Il décida de jouer à son propre jeu. Que diable ! "Quand vous voulez, il vous suffit de demander, Catherine", dit-il, utilisant délibérément son prénom. Il lui tendit la queue avec un sourire et attendit. Ils se regardèrent fixement.
Elle lui fit un sourire, brisa le contact et dit à Tom d'installer les boules. Avec un dernier regard vers elle par-dessus son épaule, Chakotay laissa la table de billard, riant tout bas. Cela avait été intéressant. Pas assez pour occuper son esprit, qui revint sur ce damné phaseur.
Il prit un autre Synthale au bar et se dirigea vers une table dans un coin pour réfléchir. Après quelques minutes de réflexion, qui le firent rapidement broyer du noir, il fut enchanté de voir Michael Ayala se diriger vers sa table.
"Hé, Chakotay. Cela te dérange si je me joins à toi ?" dit Michael.
"Non, pas du tout. Je t'en prie", répondit-il. Ils discutèrent quelques temps, après deux semaines sans avoir pu s'asseoir ensemble pour discuter. Ayala était l'un des plus anciens amis de Chakotay, presque aussi proche que B'Elanna. Il avait recruté Ayala avant de trouver B'Elanna en chemin, et Michael avait été essentiel pour que la jeune femme se sente chez elle sur le Liberty. Il se remémora une fois de plus combien il avait confiance en cet homme, sur sa vie, et même plus. Ayala laissa entendre qu'il était curieux au sujet de la situation entre le Capitaine et son ami. Chakotay lui répondit, lui disant que cela allait au mieux, sachant que cela resterait entre eux deux.
 
Pendant un bref instant de calme, alors qu'ils buvaient tous les deux un peu de leur bière, la crosse du phaseur revint à l'esprit de Chakotay. Il prit la décision subite d'en parler à Michael. Le regardant dans les yeux alors qu'il parlait, il sut qu'il avait pris la bonne décision. L'homme l'écoutait calmement, absorbant toutes les informations, réfléchissant aux significations et aux possibilités, tandis que Chakotay continuait d'énoncer les faits. Il finit son discours et termina sa bière.
"Tu sais, Chakotay, tout le monde ne s'est pas débarrassé de ses armes du Maquis, lorsque nous avons rejoint le Voyager", dit Michael, lentement.
"Qu'est-ce que tu sais que je ne sais pas ?"
"Et bien, je suis partagé, tu es toujours l'Officier de commandement. Puis-je t'en parler avec l'assurance que tu ne puniras pas la personne ? Je veux dire, je pense que tu as besoin de savoir, et cela pourrait peut-être répondre à quelque unes de tes questions, mais..."
"Michael, je suis si désespéré d'avoir des réponses en ce moment que, oui, je promets que je ne ferais rien à ce sujet. Annonce."
Ayala vida son verre d'un trait. "Et bien, Dalby a gardé son phaseur malgré les ordres. Il a dit que c'était son porte-bonheur. Il a des marques dessus."
"Beaucoup de gens en ont fait de même. Et je ne vois pas comment cela pourrait être celui de Dalby. Et puis, comment pourrions-nous l'affirmer ?"
"Je le reconnaîtrai. C'était mon phaseur, qu'il empruntait toujours pour faire ses marques. Je suis sûr de savoir si c'est le sien."
Chakotay le regarda fixement, bien que son esprit soit totalement ailleurs. Cela ne pouvait être celui de Dalby. Cela n'avait aucun sens. Mais il n'avait rien à perdre. "D'accord, allons dans mes quartiers, c'est là qu'il se trouve. Tu vas pouvoir y jeter un coup d'oeil."
Michael opina sérieusement et suivit Chakotay en dehors du holodeck.
 
***
 
Entrant dans ses quartiers, Chakotay demanda une augmentation de l'éclairage. Aucun des deux hommes n'avait dit un mot depuis qu'ils avaient quitté 'Chez Sandrine', leur communication silencieuse passant toujours entre eux. Les mots n'étaient pas nécessaires. C'était une mission très simple, deux maquisards essayant d'apprendre le sort d'un troisième inconnu.
Il ouvrit le meuble de sa chambre et attrapa le phaseur. Cela avait pris une telle importance dans son esprit qu'il lui semblait que le morceau de métal qu'il tenait dans sa main brillait. Il l'apporta dans son living et le tendit à Michael.
Le jeune homme inspira brusquement. Le coeur de Chakotay s'arrêta. Michael s'éclaircit la gorge. "C'est celui de Dalby", dit-il catégoriquement.
L'esprit de Chakotay s'engourdit. "Comment.... Comment peux-tu être aussi sûr ?"
"Regarde ces marques profondes." Il pointa son doigt sur une marque en biais. "C'est arrivé quand Henley a tiré sur sa main accidentellement. J'étais là. Dalby était en colère. Ils se sont presque battus. Je suis sûr. C'est celui de Ken."
Ils se regardèrent dans les yeux. Aucun des deux ne savait que dire ou comment interpréter cela. Après quelques minutes de réflexion silencieuse, Chakotay sut qu'il devait appeler Catherine et lui dire. Il se prépara, avec à l'esprit l'assurance que Michael ne parlerait à personne de ce sujet. A la porte, il avança son bras pour une poignée de mains, mais Michael le retint dans une rapide étreinte. Cela faisait du bien, comme dans les vieux jours, quand les signes physiques d'affection et de camaraderie étaient plus fréquents que depuis qu'ils étaient sur le Voyager. Sans autre mot, Michael quitta Chakotay.
Il s'assit sur son sofa et essaya de sortir de sa tête la question évidente. Comment ? Après un temps indéfini, il tapa sur son communicateur.
"Chakotay à Janeway."
"Ici, Janeway. Vous revenez jouer au billard ? "
"Non, j'ai besoin que vous veniez dans mes quartiers."
"Hum, Commandeur, je ne sais pas comment je dois prendre ça..."
Il entendit l'insinuation dans sa voix et secoua la tête, se demandant ce qu'elle pouvait bien avoir en tête. Les grades étaient de rigueur, visiblement. "Capitaine. C'est au sujet de ce que j'ai découvert sur la planète ce matin."
Le silence fut sa seule réponse pendant au moins une minute. "J'arrive tout de suite. Janeway terminé."
Il passa le temps d'attente à regarder fixement la pièce de métal dans sa main.
Catherine entra, mais il ne se leva pas de l'endroit où il était assis. Il se sentait vidé. Elle le rejoignit et, pour la première fois, vit la fameuse pièce du phaseur. Il respira profondément et lui parla de ce qu'il avait découvert.
"C'est impossible, Chakotay. Cela ne se peut pas", dit-elle avec assurance.
Il secoua la tête. "C'est possible, Catherine. Il n'y a aucun doute. Il provient du Voyager."
Elle était stupéfaite et ne savait visiblement pas quoi dire. Elle se leva et commença à faire les cent pas. Après une minute, il se leva aussi avec l'intention de la contraindre gentiment à parler.
A ce moment, le vaisseau fut secoué, brutalement. Catherine trébucha. Il la cueillit dans ses bras. Les siens se placèrent instinctivement autour de sa taille. Ils se regardèrent dans les yeux. Ils oublièrent tous les deux ce qui était si important l'instant d'avant, ou encore ce que le sursaut signifiait. Chakotay retira lentement sa main de son dos et la remonta jusqu'à sa joue, effleurant sa peau douce avec son pouce, les yeux de Catherine n'ayant jamais quitté les siens. Elle autorisait le contact.
Puis elle sourit et atteignit sa poitrine pour ouvrir un canal de communication avec la passerelle. L'officier des opérations du quart Bêta semblait nerveux et était incapable de leur en dire plus, à part le fait que le vaisseau avait été déplacé par une force inconnue.
Chakotay la laissa s'éloigner et sans dire un mot, ils se tournèrent et sortirent tous les deux, appelant Harry au passage pour qu'il les rejoigne sur la passerelle.
 
***
 
Aucun des deux ne s'assit dans son fauteuil de commande. Catherine faisait les cent pas et Chakotay se tenait au côté d'Harry à la console des opérations. La jeune femme du quart Bêta se trouvait derrière eux deux, regardant ce que faisait Harry.
"Alors ?" dit Catherine pour la troisième fois, après un douzième passage devant son siège. Harry soupira, mais répondit, cette fois. "La Bulle d'Espace-Temps a affaibli le sub-espace dans cette région. Nous avons enregistré un signal de la surface de la planète, mais je ne sais pas quel effet cela a eu."
Chakotay marmonna. "La fouille..." Il croisa le regard de Catherine. Elle inclina la tête en signe d'accord.
"Harry", dit-elle. "Où sommes-nous ?"
Les doigts d'Harry continuaient de travailler. Après une interminable minute, il les regarda tous les deux, chacun leur tour. "D'après ce que je peux dire, une fissure dans le sub-espace s'est ouverte près d'ici et le Voyager a été repoussé dans l'anomalie. Nous sommes dans la Bulle."
 
Le Capitaine et le Commandeur se regardèrent fixement.
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Ecrit par: Cassatt
version française: Lydia
Producteurs: Thinkey, Anne Rose et Coral

Remerciements aux différents correcteurs: Claudia (version originale), Laurent (version française).

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