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Episode 9.01 - DEFENSEURS DU ROYAUME
Par: Michael Ben-Zvi & BONCPC (mbzvi@yahoo.com et BONCPC@aol.com)
Version française: André D. et Laurent (stvoyager@free.fr)

Note: Star Trek: Voyager, personnages et autres produits dérivés sont des marques déposées de Paramount Pictures. Aucune infraction aux droits d'auteurs de Paramount voulue. La Saison 8 virtuelle de Voyager (Voyager Virtual Season 8, VS8) est une entreprise à but non lucrative. L'histoire est propriété de son auteur. Pas de reproduction sans sa permission.

"Les secrets sont dévoilés tandis que le nouveau Voyager engage la bataille contre l'ennemi."

"Nous sommes encerclés de vaisseaux Sernaix", annonça Tom Paris au pilotage, ses yeux ne quittant pas un instant les profondeurs de l'espace sur l'écran principal devant lui. Le capitaine étant assise dans son fauteuil de commandement derrière lui.
Catherine sentit encore plus son coeur flancher quand elle ordonna l'alerte rouge. "Monsieur Tuvok", interpella-t-elle son officier tactique, les yeux en transe rivés vers l'avant comme ceux de Tom. "Combien de vaisseaux ?"
Tuvok glissa un regard sur ses lectures, lisant les données à la vitesse où les senseurs les analysaient. "Je détecte au moins cent-quinze navires Sernaix, principalement un mélange de classes Eclaireurs et Croiseurs de Combat."
"Nous sommes mal partis", marmonna Tom.
"Ca suffit, Monsieur Paris", l'avertit le capitaine. "Tuvok, levez les boucliers." Janeway tenta de garder son calme face aux nouvelles désastreuses. Elle devait être la source de la force de son équipage contre ce qui semblait être des épreuves insurmontables. A contrecoeur, elle se tourna sur sa droite où était assis son nouveau Premier Officier. Le visage de la jeune femme était un masque de pierre imperturbable.
"Des options, Commandeur ?" lui demanda Janeway.
"Je suggère que nous faisions demi-tour la queue entre les jambes et commencions à courir, Capitaine", dit Thalia Barton, se tournant vers son capitaine. "Il est impossible que ce vaisseau puisse se mesurer à autant de Sernaix. Pas même avec tous ses nouveaux gadgets."
"Suggérez-vous, Commandeur, que nous abandonnions notre opération de recherche et de sauvetage du Lieutenant Kim ?" s'enquérit Tuvok depuis sa station.
"Avec tout le respect dû à l'équipage et aux amis de Monsieur Kim", répondit Barton, "personne ne vaut la peine de risquer ce vaisseau."
Tom pivota immédiatement sur son fauteuil pour répondre, mais Janeway l'empêcha rapidement de protester d'un regard furieux. Elle s'occuperait de cela elle-même. "Commandeur Barton", dit-t-elle à son officier exécutif d'un ton calme et autoritaire, "considérez cela d'un point de vue purement pragmatique. Les Sernaix se sont donnés beaucoup de mal pour enlever Harry Kim. En ce moment, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je suis curieuse d'en connaître la raison. Et même si vous n'êtes pas en accord avec tout cela, le Lieutenant Kim est encore un membre de mon équipage, maintenant et pour toujours. Et un officier de Starfleet n'abandonne jamais un de ses hommes."
"Alors pourrais-je recommander une retraite stratégique, Capitaine ?" Dit Barton. Son ton était bas et neutre. "Nous ne savons même pas où nous sommes supposés rechercher cet officier. Nous devrions au moins prendre nos distances et faire exécuter à ce vaisseau les tests appropriés avant de l'envoyer au coeur du combat."
"J'aurais tendance à être d'accord avec la requête du Commandeur Barton, Capitaine", ajouta Tuvok, son attention fixée sur sa station. "Cependant, je ne pense pas que les Sernaix nous permettront une quelconque retraite."
"Capitaine !" appela Samantha Wildman depuis la station Scientifique, "je perçois une augmentation des perturbations de phases spatiales dans notre secteur. Au moins vingt... Non, trente."
"D'autres vaisseaux Sernaix entrent dans le théâtre d'opérations", rapporta Tuvok. "Nous sommes encerclés."
"Vue Tactique", ordonna Janeway. L'écran passa du mode visuel à une scène générée par ordinateur de couleur verte et noire. Une icone représentant le Voyager était visible sur la grille sombre, et des dizaines de démons rouge convergeaient autour de lui dans une configuration sphérique. Le coeur des forces hostiles était concentré en une formation massive dirigée vers le centre galactique, fondant sur la trajectoire du Voyager. Pendant ce temps, les nouveaux Sernaix émergeaient de leurs arrières, limitant leurs possibilités d'évasions.
"C'est une embuscade", murmura Janeway. "Nous avons été encerclés."
"Les navires Sernaix les plus proches seront à distance de tir dans quatre minutes, Capitaine", lança une jeune voix à côté de Tom. Pendant une seconde, Janeway fut décontenancée, avant de se rappeler que dans la nouvelle disposition de la passerelle du Voyager, la console des Opérations était désormais placée à coté de celle du pilotage, retour à une configuration plus traditionnelle de Starfleet. L'officier en poste, le Lieutenant Tyrell, était le chef en second des Opérations, au moins jusqu'à ce que Harry ait été secouru et qu'il soit vite réintégré.
Eternelle optimiste comme toujours, se dit Janeway en pensée. Et bien, elle pouvait utiliser un peu plus de cet optimiste dès maintenant.
"Nous ne pouvons aller de l'avant, et nous ne pouvons pas reculer", constata Tom en regardant nerveusement la scène devant lui. Il glissa alors un regard par dessus son épaule vers le centre de la passerelle. "Quel cap prenons-nous, Capitaine ?"
Janeway prit le temps de réfléchir en étudiant le diagramme tactique sur l'écran principal. L'encerclement des Sernaix s'étalait sur des milliards de kilomètres, mais à la vitesse à laquelle leurs attaquants se déplaçaient, la distance serait couverte très rapidement. Jusque là, le piège n'était pas encore complêtement refermé, il y avait toujours des trous dans la formation d'attaque des Sernaix. "Monsieur Paris", commanda-t-elle, "établissez une trajectoire sur le cap zéro marque vingt par cinq, distorsion neuf. Direction le trou le plus proche dans le flanc Sernaix."
"Capitaine", lança Sam Wildman de sa station. "Il y a trois vaisseaux Sernaix se déplaçant pour combler ce trou !"
Barton se tourna alors vers le capitaine. "Les options, Madame ?" dit-elle sèchement, en se retournant à nouveau pour regarder l'écran. Janeway pouvait voir pour la première fois le Premier Officier de remplacement afficher des signes extérieurs d'anxiétés.
Janeway se leva, les yeux intensément fixés sur l'écran. Elle glissa alors un regard sur la passerelle, sa nouvelle passerelle. Elle ne connaissait pas ce vaisseau, pas comme elle avait connu son vieux Voyager. Il y avait tant de choses à son sujet qu'elle avait encore à apprendre, avant qu'elle s'y sente à l'aise et soit familiarisée comme avec son vieux vaisseau de Classe Intrépide. Et en plus de son vieil équipage de retour sous ses ordres, il y avait des centaines de nouveaux visages sur ce plus grand vaisseau auxquels elle devait apprendre à faire confiance au coeur du combat, à commencer par son officier exécutif.
Mais les nouveautés mises à part, c'était toujours son vaisseau, son équipage. Elle était responsable d'eux, en plus de devoir mener à bien sa mission. Sans mentionner qu'elle était aussi responsable de ce brave jeune officier dont Dieu-seul-savait ce qu'on lui faisait subir jusqu'à maintenant. Elle le devait à tous de passer cette épreuve, de même qu'elle devait poursuivre la tâche dont le Président de la Fédération l'avait chargée. Et il n'y avait qu'un seul moyen d'arriver à faire en sorte que tous ses besoins soient comblés à la fois, pensait-elle, son attention dérivant sur la plaque commémorative sur le mur. Un petit sourire de bravade se glissa sur son visage quand elle se tourna vers son Premier Officier.
"Parfois, Commandeur", dit fièrement Janeway, "vous devez faire votre voie." Elle se réinstalla alors dans son fauteuil de commandement et appela son officier tactique. "Monsieur Tuvok, je dirais qu'il est temps de faire exécuter à ce vaisseau les tests appropriés en situation de combat. Activez les cannons à tachyon pulsé."
"Cannons à tachyon activés", répondit Tuvok. "Les nacelles Sernaix sont en position déployée."
"Excellent", répondit Janeway. "Nous verrons comment ils tiennent avant d'activer toute autre arme plus lourde."
"Capitaine", continua l'officier tactique, "je recommanderais de préparer aussi une salve de torpilles quantiques."
"Pour quelle raison, Monsieur Tuvok ?" Questionna Barton. "Selon le compte rendu que j'ai reçu, leurs coques sont beaucoup plus robustes que celles de Starfleet."
"Toute aide sera utile, Commandeur", dit Janeway, les yeux fixés vers l'avant comme Tom soutenait cette décision. "Si nos nouvelles armes peuvent percer leurs boucliers, alors peut-être nos anciennes pourront-elles faire quelques dégâts." Elle essayait de se montrer aussi brave que possible, afin d'inspirer confiance à son équipage. Personnellement, elle aurait préféré être en possession de quelques torpilles transphasiques anti-Borg dans son arsenal. Mais les circonstances les avaient obligé à quitter les docks spatiaux avant qu'on puisse en fabriquer plus. Elle espérait qu'un armement plus complet serait disponible au retour du Voyager sur Terre, en supposant qu'ils survivent à cette mission.
Le vaisseau tangua alors vers l'avant, une section de la console d'Ingénierie éclatant dans une gerbe d'étincelles. L'Enseigne Andorien en poste, Shiv'rell, sauta de côté pour éviter d'être blessé. Les lumières vacillèrent et semblèrent diminuer de moitié. Un son de grincement déplaisant fit écho à travers la coque. Au moins trois stations auxiliaires de la passerelle s'éteignirent complètement.
"Que s'est-il passé ?" Demanda Janeway. "Avons-nous été touché ?"
"Négatif, Capitaine", annonça Tuvok, les yeux toujours collés à l'écran de sa station. "Les Sernaix n'ont pas encore ouvert le feu sur nous. Cependant, les cannons à tachyon ne sont plus en service."
"Torres à Janeway", fit la voix du Chef Ingénieur du Voyager dans l'intercom. "Nous avons un problème. Le moteur de Courant de Glisse nous a lâché. Et nous avons des retours sur près de la moitié des nouveaux systèmes installés."
"Quel genre de retours ?" demanda Janeway avec empressement. "B'Elanna, nous avons besoin que ces canons soient en état de marche, ainsi que de tous les autres composants Sernaix sur ce vaisseau."
"Je ne sais pas", s'exclama B'Elanna dans les haut-parleurs. "Mes gars travaillent comme des fous ici. Ozymandias tente d'isoler le problème, mais..."
"Nous sommes visés !" Interrompit Tuvok. "Un éclaireur Sernaix, venant de deux marque zéro."
"Manoeuvres d'évitements !" Ordonna Barton à Tom, se levant de son fauteuil, prenant l'initiative.
Mais le Voyager ne put se déplacer assez rapidement et un rayon d'énergie de phase frappa leur section arrière, faisant vaciller l'équipe de la passerelle vers l'avant.
"Dégâts aux ponts 8 à 10, section arrière", rapporta Tyrell des Opérations. "Les boucliers tiennent toujours, à quarante pourcents."
Le visage de Janeway pâlit à cette annonce. Avec les nouveaux boucliers mis en place, le nouveau Voyager avait une meilleure chance que l'ancien de tenir durant un combat avec les Sernaix. Mais même ainsi, un seul tir n'aurait pas dû drainer leurs boucliers de soixante pourcents.
"B'Elanna", dit calmement Janeway. "Pouvez-vous détourner de la puissance vers les rayons émetteurs Sernaix ?"
"Capitaine", dit à nouveau B'Elanna par le système de communications. "Je ne le recommande pas. Sans savoir ce qui draine notre puissance, nous pourrions avoir une décharge catastrophique d'énergie. Ces armes à rayon sont déjà assez capricieuses dans les conditions idéales."
Janeway soupira. Ses options se réduisaient de quelques unes à aucune. Son nouveau vaisseau, avec tous ses espoirs, était un légume. Tom Paris aurait pu le surnommer le radis, à supposer que lui ou quiconque sur le Voyager ait été d'humeur à plaisanter.
"Tuvok", commanda Janeway, "tirez une série de torpilles quantiques par l'arrière. Ca ne les détruira pas, mais ça les ralentira peut-être assez longtemps pour nous permettre de nous glisser entre eux."
"Torpilles lancées", dit l'officier Vulcain.
Une douzaine de torpilles furent lancées derrière eux et frappèrent deux vaisseaux éclaireurs qui les poursuivaient. Comme ils s'y attendaient, les Sernaix furent en mesurent de viser trois d'entre elles avec leurs rayons d'énergies. Le reste frappa leur étrange coque de matière photonique.
"Impacts enregistrés", lança Wildman de sa station. "Il semble que leurs boucliers se soient légèrement affaiblis. Peut-être de dix pourcents, au plus."
L'attention de Janeway était rivée sur les moniteurs, regardant le Voyager s'approcher de la trouée dans la formation d'encerclement des Sernaix. S'il y avait assez d'espace, assez de temps...
Elle frappa désespérément son communicateur. "Janeway à Seven of Nine", appela-t-elle la jeune ancienne drone en bas à l'Ingénierie pour assister B'Elanna. "Quel est l'état du moteur de transdistorsion ?"
"Capitaine", répondit Seven par dessus le vacarme chaotique de la passerelle. "Les composants Borgs ne semblent pas avoir été affectés par la panne générale des systèmes de technologie Sernaix. Je crois que nous pouvons générer un conduit transdistorsionnel en toute sécurité, à condition que l'Ingénierie puisse détourner suffisamment de puissance."
"Jusqu'où pouvons-nous aller ?" Demanda Janeway. "Nous n'avons jamais tester les limites des bobines de transdistorsion sur un vaisseau comme celui-ci."
"Je ne sais pas..." Mais Seven ne termina pas sa phrase, le vaisseau étant à nouveau secoué violemment sous l'impact d'une autre volée de tirs Sernaix. Les membres d'équipage firent de leur mieux pour rester à leurs positions. Janeway s'accrocha à son fauteuil de commandement comme si sa vie en dépendait.
"Statut !" exigea-t-elle.
"Nous avons recu un autre tir sur le pont huit", rapporta Tyrell aux Opérations. "Les boucliers sont descendus à neuf pourcents. Un autre tir et nous aurons une brèche dans la coque."
Janeway arqua le dos avec une résolution en acier et se tourna vers la station scientifique où se trouvait Sam Wildman. Elle s'occupait de la blessure de l'Enseigne Shiv'rell. "Lieutenant", dit-elle, "sommes-nous passés près d'un quelconque phénomène stellaire émettant dans la bande omicron ?"
"Oui, Capitaine", rapporta Sam. "Il y a eu une nébuleuse planétaire à vingt parsecs d'ici émettant en phase T-Tauri..."
"Bien", répondit-t-elle en vitesse, "transférez sa position directement au pilotage." Elle frappa une nouvelle fois son communicateur. "Seven, demandez à B'Elanna de détourner tout ce qu'elle pourra de puissance. Nous allons en transdistorsion !"
"Oui, Capitaine."
"Tom", elle pivota vers la console de pilotage, "dès que vous aurez ces coordonnées..."
"Ca y est", répondit-il.
"Alors activez le moteur de transdistorsion à mon commandement."
"Capitaine", appela B'Elanna, "je peux vous fournir encore trente pourcents de puissance supplémentaire dans quelques minutes. Et encore plus dans..."
"Deux éclaireurs Sernaix vérouillent leurs armements", annonça Tuvok. "Vérouillage dans cinq... quatre..."
"C'est tout ce dont nous avons besoin", grogna tout haut Janeway. "Tom, est-ce que les bobines de transdistorsion sont à pleine charge ?"
"Juste un... c'est fait !" Cria Tom. "Transdistorsion activée !"
"Allez-y !" Commanda Janeway. Juste à ce moment, le vaisseau stellaire Voyager fut secoué une fois de plus et les lumières de la passerelle diminuèrent pendant quelques secondes. La passerelle n'était plus éclairée que par la lueur verte de l'interface de contrôle de transdistortion de la station de navigation. Mais la puissance revint rapidement.
"Quel est notre statut ?" s'enquérit Janeway.
Tuvok glissa un regard vers son écran tactique. "Nous sommes en transdistorsion, Capitaine. Il semble que les Sernaix ne soient pas assez familiarisés avec la technologie Borg pour savoir comment se vérouiller sur notre position. Je crois que nous leur avons échappé."
"Ouf", dit Tom. "Maintenant, je comprends pourquoi Starfleet a pensé à placer plus d'un système de moteur."
"Nous les avons semé pour le moment", grommela Barton, "mais avec autant de vaisseaux, ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils puissent extrapoler notre position et découvrir où nous nous cachons."
"Commandeur…" Janeway était sur le point de rétorquer à l'irrévérence de son exécutif, mais elle retint sa langue. Prenant une profonde respiration, elle réfléchit à sa réponse. "Je vous laisse la passerelle. Je serai dans mon bureau. Dès que nous serons sortis de transdistorsion, diminuez la puissance du vaisseau aux seuls niveaux d'urgence. Je vous veux en réunion à quinze heures pour découvrir ce qui a mal tourné dans mon vaisseau. Monsieur Tuvok, vous venez avec moi."
"Oui, monsieur", dit Barton, donnant exactement la réponse que Janeway ne voulait pas entendre. Serrant les dents, elle se précipita vers le sanctuaire de son bureau, suivie silencieusement par Tuvok.
"Je vous le jure, Tuvok", dit Janeway dès que les portes furent refermées. "Je ne sais pas ce qu'à cette femme. Il semble qu'elle tente délibérément de me provoquer."
"Je dois admettre que le Commandeur Barton a une déficience inhabituelle dans le domaine des relations inter-personnelles pour quelqu'un qui a été choisie comme Premier Officier", dit le Vulcan. "Il semblerait qu'elle mette intentionnellement de la distance entre elle et l'équipage. Néanmoins, son dossier montre des références impressionnantes en entraînement au combat, une base nécessaire étant donnée notre mission."
"Je ne sais pas quelle idée a eu Starfleet", elle soupira. "L'affecter ici. Briser notre... notre équipage."
"Je crois que le mot que vous étiez sur le point de dire était 'famille', n'est-ce pas ?" dit sagement Tuvok.
Catherine Janeway s'effondra dans son fauteuil. Son visage semblait las, ses traits tirés. "Que faisons-nous ici, Tuvok ? J'ai promis un sauvetage avec des armes rutilantes, et regardez-nous maintenant, courant comme des lapins effrayés dans un vaisseau dans lequel nous ne nous sommes jamais entraînés, qui ne peut même pas faire usage de ses armes au premier signe de combat." Elle soupira une fois de plus. "Ce n'est pas un bon début pour cette bataille, vous ne trouvez pas ?"
L'Officier tactique arqua un sourcil, ne semblant pas perdre sa résolution. "La première bataille n'est pas toujours un présage du vainqueur final d'une guerre, Capitaine."
 
***
 
"C'est fait", dit Mateth au Conseil des Aînés. "La Phase a été dissoute."
"Nous nous sommes engagés sur un chemin dangereux, Orateur", dit l'acolyte Ayreth à côté de lui. "Les vaisseaux nodaus du Royaume ont déjà effectué leur transition dans l'espace normal. Les bandes seront libres d'errer et de détruire, précisément ce contre quoi nous avons été appelés."
"Ce jour était prévu, Nesoph", dit gentiment l'Orateur. "Nous ne pouvions rester les gardiens de la Phase indéfiniment. Le chemin sur lequel nous avons été placés il y a de cela plusieurs millénaires se devait d'atteindre son point final."
"Mais à quel prix, Orateur", dit Nesoph, tout en faisant une geste vers le cristal le plus proche. D'un geste de la main, ce dernier passa d'une lueur spectrale à une image flottant au-dessus de leurs têtes, montrant l'infortuné combat initial entre le Voyager et les Sernaix. "Peut-être plaçons-nous trop de foi en ces êtres pour relever le défi. Ce que nous attendons de Catherine Janeway est peut être une tâche trop grande pour elle."
"N'ayez crainte", répondit solennellement Mateth, son teint de peau passant du vert à une lueur d'un bleu pâle pour s'armoniser à celle du rayonnement du cristal. "Ces êtres corporels ont plus de ressources que vous ne le pensez. Son Nula est fort, Nesoph, et il y a toujours la sagesse de l'Etre Ancien enfermée dans le jeune Harry Kim."
"J'ai également peur pour lui, Orateur", dit Nesoph, sa peau s'obscurcissant de tristesse. "La sombre maîtresse des Sernaix va sûrement le détruire dans sa quête folle de pouvoir et d'immortalité."
"Ne désespérez pas encore", dit Mateth. "Je sens que notre jeune clé sera bientôt au courant de toute sa destinée. La connaissance qu'il apportera sera la meilleure arme que Catherine Janeway puisse tourner contre l'ennemi qui nous menace tous."
"Mais comment cela se terminera-t-il, Orateur ? Cette fois-ci, le kuh-vah-nula ne nous révèle rien. Tout cela pourrait se terminer terriblement mal !"
"Peut-être, mais cela pourrait aussi se terminer de la meilleure façon possible ! Pour le moment, nous devons laisser les événements se passer comme ils le doivent. Quand le temps sera venu, alors nous interviendrons directement et viendrons en aide au Voyager."
 
***
 
Je ne suis pas fou, se répéta Harry Kim contre le mur d'un noir de bitume qui l'enveloppait. Je ne suis pas fou !
Au début, Harry avait été reconnaissant du sursis donné par la pitié de Sycorax. Après des heures de tourments dûes aux images tirées de sa mémoire, la chef des Sernaix avait vu qu'il ne voudrait pas, ou ne pourrait pas, lui révéler les secrets qu'elle voulait lui soutirer. Alors, au lieu de surcharger ses sens, elle avait choisi à la place de le couper entièrement de toute sensation. Harry se rappelait avoir lu des références à des expériences effectuées des siècles auparavant dans lesquelles des sujets étaient placés dans des réservoirs d'eau chaude dans un état de privation sensorielle totale. Après plusieurs heures sans vue, son ni touché, les esprits des sujets n'avaient plus rien sur quoi se concentrer. Dans ce cas, leurs esprits se retournaient sur eux-mêmes, cherchant désespérément à créer une nouvelle réalité dans laquelle celle de l'extérieur n'existait pas. Dans certaines expériences, de simples hallucinations dégénéraient en une véritable folie.
Etait-ce la stratégie de Sycorax, se demandait Harry ? Le rendre fou, puis soutirer la vérité de ses radotages de cinglé ?
Si seulement il savait quelle était vraiment la vérité, essaya-t-il de penser. Ces Sernaix semblaient convaincus qu'il avait été d'une manière ou d'une autre 'touché' par un de leurs dieux, probablement quelque part dans le Quadrant Delta. Mais qui était ce dieu ? Où et quand cela c'était-il produit ? N'aurait-il pas dû se le rappeler si quelque chose de ce genre s'était produit ? Et si c'était le cas, quelles connaissances cet être lui aurait-il transmis ?
Harry tentait comme il pouvait de garder son esprit concentré. Il s'imagina la Terre et à quel point elle lui avait semblé belle lorsque le Voyager s'en approchait lors de leur retour. Il pensa au visage de ses parents, se demandant à quel point ils pouvaient s'inquiéter pour lui, porté disparu après avoir été de retour avec eux pour un temps si court. Il se demanda ce qui arrivait à ses amis et à l'équipage, ce qu'ils devaient être en train de tenter pour le retrouver, sachant avec certitude qu'il était ici au-delà de leur atteinte... où que soit ce 'ici'. Puis ses pensés se tournèrent vers Seven of Nine. Ses souvenirs de leur nuit passée ensemble étaient encore frais, quand ils avaient partagé leur premier baiser. Il se souvenait comme elle était belle, comme elle était... parfaite. Pourquoi le destin était-il si cruel envers lui, à l'arracher soudain de cette vie quand il était sur le point de découvrir une nouvelle relation si merveilleuse avec cette jeune femme exotique ? Il pouvait presque voir la lueur vacillante de la lumière se refléter dans ses yeux bleu cristallins quand elle...
La lueur vacillante de la lumière ? Non, c'était plus qu'un simple souvenir. Des profondeurs de l'obscurité et du silence autour de lui, Harry pouvait réellement... voir... une lueur brillante venant vers lui. Elle avait définitivement une forme. Elle s'était simplement développée d'un minuscule point dans le lointain pour prendre de l'expansion jusqu'à finir par ressembler à un couloir de lumière aveuglante, attirant Harry à l'intérieur. Et il aurait jurer qu'il entendait un faible son d'oiseaux gazouillant quelque part au bout. Au début, Harry pensa que c'était la longue privation de ses sens qui produisait une démence, mais la sensation de chatouillement qui imprégnait son corps lui disait que le phénomène n'était pas une illusion, du moins pas créée par son esprit. Son instinct lui souffla ensuite que c'était encore un autre de ces jeux venant du cerveau tordu de Sycorax, un autre Royaume généré à sa fantaisie. Mais la lumière qui l'englobait maintenant n'évoquait pas le sentiment de crainte que les illusions précédentes avaient créées en lui. Au contraire, Harry sentait une paix grandir en lui à mesure qu'il jouissait de la douce lumière chaude qui l'entourait. Il ne pouvait l'expliquer, mais d'une manière ou d'une autre, il pensait qu'il était une fois de plus de retour à la maison.
Alors une troisième possibilité lui vint à l'esprit, une possibilié qui le propulsa complètement en état d'alerte. Une lumière blanche, une sensation ressemblant à un tunnel... Est-ce que cela pouvait être... la mort ?
Mais avant qu'il puisse réfléchir et rejeter cette possibilité, la lumière commença à diminuer, jusqu'à ce qu'Harry sente la chaleur naturelle de la lumière du soleil. Il ne flottait plus dans les limbes, comme précédemment, mais avait au lieu de cela la sensation d'un sol solide sous ses pieds. Harry baissa le regard et... se vit. Il pouvait voir son propre corps une fois de plus, debout dans son uniforme de Starfleet, dans un champ d'herbe. Il leva le regard et observa son entourage. Le ciel au-dessus de lui avait le même chaud soleil jaune que dans son bon vieux système solaire d'origine. Il y avait les oiseaux qui gazouillaient, une brise douce qui soufflait, des collines verdoyantes à l'horizon, et les bêlements des moutons.
Des moutons ? D'où venaient-ils ?
Harry leva la tête et ne put en croire ses yeux. Le décor lui était familier, il l'avait vu durant de nombreuses nuits ces derniers mois. C'était une grange, la même grange qui était apparue dans ses rêves à plusieurs reprises auparavant, juste une impression, un instant avant le réveil. Mais celle-ci n'était pas une vision sans substance comme dans ses rêves. La grange et la ferme attenante étaient aussi réels que tout autre endroit qu'il avait pu voir précédemment.
Nerveux, Harry se dirigea vers la ferme. Les quelques dernières fois où il avait vu l'endroit, il y avait eu une constante, une chose qu'il avait vue à chaque fois avant de se réveiller en sursaut.
Il était là, assis dans une vielle chaise à bascule en bois sous le porche de la maison. Le vieil homme en personne. Il vit Harry s'approcher et lui sourit, comme s'il avait été un parent disparu depuis longtemps. Il était frêle, mais il y avait de la fermeté dans ses yeux qui transmettait une grande sagesse et de l'expérience. Toujours aussi tremblant, il se leva de sa chaise au moment où Harry atteignait les marches du porche.
"Salut fiston", l'accueillit le vieil homme. "Je t'attendais."
C'est alors qu'Harry se rappela. Il connaissait cet homme. Il était déjà venu dans cette ferme auparavant, il y avait huit ans de cela, à des dizaines de milliers d'années-lumière de distance. C'avait été très embrumé dans ses rêves précédents, mais maintenant, à la lumière du jour, il pouvait voir qui était celui qui lui avait rendu visite dans son sommeil. Il n'y avait aucun doute, c'était lui, celui par qui tout avait débuté.
Harry regardait le visage desséché du Pourvoyeur.
 
***
 
Les lumières scintillantes d'un bleu-argent illuminèrent le gris stérile typique des plots de téléportation de Starfleet. Chakotay observa son entourage d'un regard rapide, se sentant comme un étranger dans un monde étrange. Un jeune Enseigne blond lui sourit par dessus le panneau de contrôle. "Bienvenue sur le Logan, monsieur."
Chakotay fit un pas vers l'avant sur le socle surélevé et tendit la main. "Merci, Enseigne Russell."
Pendant un instant, la surprise figea David Russell. Il ne s'était pas attendu à ce que le nouveau Commandeur connaisse son nom. Il saisit la main offerte pour la serrer fermement.
"Je faisais simplement mon travail, Monsieur. Ils vous attendent sur la passerelle. Je vais emporter vos affaires dans votre cabine."
Chakotay entra par l'arrière de la passerelle. Son confinement étroit et l'odeur étrangère étaient un rappel désagréable du fait que ce n'était pas le Voyager et que Catherine n'était pas ici. Quatre officiers occupaient les stations, chacune des couleurs de Starfleet étant représentée. Il n'eut pas le temps de se présenter selon l'usage.
Le Capitaine Grant se pencha de côté dans le fauteuil central, tordant le cou vers l'arrière pour entrevoir Chakotay. Il inclina légèrement la tête pour montrer au grand Amérindien qu'il l'avait vu avant de s'adresser à la navigation. "Sors-nous de là, Shari."
Le Lieutenant Shari Young eut un large sourire et ses doigts dansèrent sur la console. "Avec plaisir, Carl."
Chakotay agrippa la balustrade quand le vaisseau s'élança vers l'avant. L'absence de formalité de l'équipage l'avait pris par surprise. Le Voyager avait été une famille, mais pourtant Catherine insistait sur l'utilisation de leurs rangs sur la passerelle. Peut-être trouverait-il un nouveau foyer dans ce groupe, finalement.
Young fit pivoter d'un coup sec le Logan vers bâbord. Chakotay agrippa une fois de plus la balustrade dans un effort pour rester debout.
"Commandeur, asseyez-vous à cette station, elle est libre." La voix douce sur sa gauche lui commandait de faire ça, ce n'était pas une requête. "Avant que vous ne me tombiez dessus." Le Lieutenant Commandeur Marsha Jones pointa la console tactique numéro deux.
Le Logan fut secoué une dernière fois. Shari lança ses deux mains en l'air et pivota sur son fauteuil pour faire face au Capitaine. "C'est dans la boîte, chef. Le cap est établi et on vole en pilote automatique."
Grant fixa son personnel, attendant d'avoir leur attention. "Maintenant que nous sommes en route, laissez-moi vous présenter Monsieur Chakotay. Il se joint à nous en tant que conseiller. Nous allons être les éclaireurs à l'avant poste. Notre mission est de dénicher les Sernaix, de déterminer leur position et leur nombre et de rapporter tout cela. Nous ne devons pas engager l'ennemi en combat. Le vaisseau restera camouflé. Aucune communication extérieure à moins d'en recevoir mon ordre formel."
Le Lieutenant Barry Bruner, assis à la console tactique numéro un, à l'opposé de Chakotay; prit la parole. "Oh, Chef, c'est pas drôle. Pourrons-nous ouvrir le feu si on nous tire dessus ?"
Grant tourna la tête à la vitesse de la lumière, ses yeux affichant son mécontentement à cette remarque. "Il n'y aura aucune provocation au combat, Barry."
"Tu as entendu ça, ma vieille ?" Dit le gars aux cheveux drus assis à la console d'ingénierie, caressant avec affection la cloison. "Peut-être pourrons-nous retourner à la maison sans que ces officiers aux doigts graisseux puissent te cabosser." Le Chef Michael 'Mickey' Mool, si on lui en donnait la chance, préférerait passer son temps avec ses moteurs plutôt qu'avec l'équipage. Selon lui, les formes de vies à bord n'étaient là que pour endommager sa précieuse 'petite créature' et rendre son travail encore plus difficile.
Shari Young rit. "Allons donc, Mickey, tu ne trompes personne. Nous savons tous que tu nous aimes plus que cette boîte de conserve déguisée en runabout." Elle plissa les lèvres et souffla un baiser vers le visage aigri de l'ingénieur.
Et c'est ainsi que se passa tout le quart. Une suite ininterrompue de vannes, de blagues colorées et d'histoires ponctuées d'occasionnelles insultes placées juste aux bons moments. Mais dans cette atmosphère de franche camaraderie, pas une seule fois Chakotay ne fut mélé. Il ne s'était jamais senti aussi seul que dans cette foule.
 
***
 
Le prototype de Classe Voyager, après un lancement en fanfare et porteur d'autant d'espoir, flottait honteusement parmi les poussières d'une nébuleuse planétaire, dans l'ombre de la masse difforme d'un astéroïde. Les éruptions du soleil nouveau-né en son coeur inondaient la nébuleuse de radiations omicron, camouflant le vaisseau stellaire estropié de tout balayage qui le rechercherait, pendant que son équipage tentait vaillamment de le remettre en état de combattre.
"Damnés génies du Commandement !" grommela B'Elanna Torres, à personne en particulier, en passant d'un panneau d'accès ouvert au suivant. "Nous pousser si vite hors des spatiodocks sans même faire de tests appropriés ! Que pensaient-ils qu'il allait se produire ?"
Le Lieutenant Vorik, nouveau Chef Adjoint de l'Ingénierie, regarda son supérieur avec un sourcil arqué. Pour lui et l'équipe d'ingénieurs du Voyager original, ces humeurs étaient une constante à laquelle ils s'attendaient. Mais aucun d'entre eux n'aurait voulu quelqu'un autre qu'elle à ce poste durant ces moments critiques.
"Est-ce que ce qu'on dit est vrai, monsieur ?" Dit une voix tranquille à côté de Vorik. L'officier Vulcain se tourna pour voir un jeune enseigne Andorien avec un bandage enroulé autour de son avant-bras droit. Vorik se souvint de son nom, Shiv'rell. C'était un des nouveaux officiers ingénieurs qui surveillait habituellement la propulsion depuis la passerelle.
"A quoi faîtes-vous référence, Enseigne ?" Demanda Vorik.
"Au chef. Qu'elle n'est même pas un vrai officier. Ils disent qu'elle n'a été promue que par un ordre présidentiel. Elle n'a même jamais été diplomée de l'Académie." La désapprobation était évidente tandis que les antennes du jeune Andorien se figeaient, accompagnées d'une expression aigrie.
"Enseigne Shiv'rell", répondit froidement le Vulcain. "Ce que le Lieutenant Torres pourrait manquer en professionnalisme, elle fait plus que le compenser dans sa capacité à improviser pendant une crise. Etant donnée notre situation présente, je dirais que c'est une qualité beaucoup plus souhaitable que la capacité à citer les règlements."
"Je... Oui, Monsieur", répondit Shiv'rell, légèrement honteux, sa peau bleue virant au cobalt foncé. "Je ne voulais pas être irrespectueux. C'est juste que... ce vaisseau, la manière dont les choses se passent ici. Il y a tellement d'imprévus partout. Ce n'est pas ce que j'attendais de mes devoirs sur un vaisseau."
"Enseigne", continua Vorik, un peu plus ouvert. "Je réalise que vous puissiez trouver le protocole à bord de ce navire quelque peu illogique, spécialement à la lumière du fait que vous ayez été diplomé récemment. De nombreux membres de l'équipage, y compris moi-même, avons traversé de nombreuses épreuves durant notre voyage dans le Quadrant Delta et dans la Bulle Temporelle. Nous sommes tous au courant de nos talents respectifs et de nos qualifications, sans avoir à tenir compte de nos formations. Je peux vous assurer que le Lieutenant Torres, en dépit de ses excès d'humeur impressionnants, est un ingénieur très compétent. Ne la jugez pas seulement sur ses diplômes. Je sais qu'elle ne le ferait pas pour vous."
"Je... Je comprends, Monsieur. Je vais faire de mon mieux. Il y a tant de choses ici qui vont à l'encontre de ce que j'ai appris à l'Académie. Par exemple, la femme là-bas..."
Vorik regarda dans la direction pointée par Shiv'rell, au-dessus de la balustrade, vers le niveau inférieur où se trouvait le réacteur de courant de glisse Sernaix. "Vous faites référence à Seven of Nine ?" Il pouvait voir Seven penchée vers le réacteur, sans aucun doute en train de parler une nouvelle fois avec la personnalité Sernaix téléchargée d'Ozymandias.
"Oui, la femme Borg", répondit le jeune Andorien. "Elle n'a pas de rang, pourtant elle me donne des ordres et m'affecte à des tâches comme si elle était un officier. Elle a été assez contrariée pour presque m'arracher la tête", dit-il incrédule. "L'Académie ne m'a jamais préparé à cela."
"Cela peut paraître étrange au premier regard, Enseigne", répondit Vorik dans une tentative Vulcaine de sympathisation. "Mais si ce nouveau Voyager ressemble un tant soit peu à son prédécesseur, sa propre logique vous deviendra bientôt apparente."
Shiv'rell hocha la tête en signe d'acceptation, tout en montrant une inquiétude qui n'allait pas avec son jeune âge. "Je suppose que ça viendra. A condition que nous survivions à tout cela."
"Si quelqu'un est en mesure de prendre en charge ce vaisseau en ce moment, c'est le Capitaine Janeway. En attendant, Enseigne, je laisserais Seven of Nine tranquille pour l'instant si j'étais à votre place", ajouta Vorik, regardant par dessus la balustrade l'ancienne drone porter toute son attention sur les installations Sernaix. "Elle a visiblement bien assez de choses en tête pour se maintenir occupée."
 
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Tandis que les Ingénieurs s'évertuaient à tenter de réparer le vaisseau, Seven of Nine était engagé dans ses propres efforts. Seulement, ses actions à elle ne nécessitaient pas d'outils.
"Votre explication est inacceptable !" cria Seven à la grande forme cylindrique devant elle. "Les améliorations faites à ce vaisseau l'ont été sur la base de vos conseils ! Et vos conseils ce sont révélés absolument inefficaces !"
"Prenez le temps de vous calmer", dit la voix de Ozymandias, dans l'ordinateur du réacteur de courant de glisse. "Je vous ai averti que l'adaptation de vos coquilles de noix de vaisseaux stellaires à la technologie Sernaix allait être difficile. C'était l'idée de votre Fédération d'insister pour envoyer au combat vos vaisseaux avant que vous soyez prêts. La plupart de vos ingénieurs ne sont même pas entraînés à la manière de faire fonctionner cet équipement."
"L'entraînement est inutile si l'équipement n'est pas fonctionnel", rétorqua Seven.
"et bien, je suppose qu'il fallait s'y attendre. Qu'en est-il de l'interférence avec les autres vaisseaux Sernaix ?" demanda Ozymandias.
"Quelle interférence ?"
"Voyons, je suis sûr que vous savez que tous les navires Sernaix sont reliés ensemble par un lien avec le Royaume", expliqua la personnalité. "Une flotte de vaisseaux de bande est une toile de communications subspatiales en constant mouvement, avec des échanges de données, de simulations de combats, d'observations personnelles d'une bataille..."
"Abrégez votre explication", siffla Seven.
"Ce que j'essaye de dire, c'est que les composants Sernaix sur votre Voyager ont probablement été pris dans une boucle de retour qui tentait d'établir un lien avec le Royaume, quelque chose que les procédures de vos systèmes Starfleet ne permettent pas. Cela a dû déclencher une coupure par les sécurités automatique dans les zones affectées. La puissance relâchée s'est alors vidée dans les sous-systèmes, et ainsi de suite. Vous voyez le tableau."
"Et vous ne l'avez pas anticipé ?" Questionna sévèrement Seven.
"Comme je l'ai dit, vous ne pouvez pas connaître ces problèmes tant que vous ne les avez pas testé", répondit Oz. Sa voix avait le profil du sourire satisfaisant.
"Pouvez-vous compenser l'effet, la prochaine fois que nous serons plongés dans une autre situation de combat avec les Sernaix ?"
"Je le pense", dit Oz. "A condition que le capitaine me permette l'accès à travers vos sous-systèmes de sécurité."
"Je... je pense pas que ce sera possible", répondit Seven hésitante, anticipant déjà la réaction de Janeway à l'idée qu'un être auquel ils ne faisaient toujours pas entièrement confiance puisse accèder aux protocoles de sécurité du vaisseau. "Vous devez réfléchir à une autre alternative."
"Et bien, je pourrais aussi moduler vos boucliers pour créer un blocage réfractaire subspatial", dit Oz. "Mais dans ce cas, si je l'avais fait durant notre dernière rencontre avec mes frères de sang, je n'aurais pas pu ouvrir une porte de derrière dans leur lien avec le Royaume pour localiser Harry."
"Harry ?" Seven se redressa, accusant le coup, sa voix prenant un ton légèrement plus haut et plus doux. "Vous l'avez trouvé ? Vous... vous devez me dire où il est. S'il vous plaît."
"Oh, maintenant, c'est s'il vous plaît ?" Gloussa-t-il. "Est-ce qu'il faut en passer par là pour que vous vous montriez gentille avec moi ?"
"Ne jouez pas avec moi, Ozymandias !" Seven éleva la voix envers le Sernaix. "Vous devez me dire où il est. Je dois le dire au Capitaine, afin que nous puissions le secourir."
"D'accord, je vais vous le dire", lui dit Oz, d'un ton plus compatissant cette fois. "Mais croyez-moi quand je vous dis que si vous allez là-bas, c'est vous qui aurez besoin d'être secourus."
 
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"Mais... C'est impossible", bégaya Harry. "Vous êtes mort !"
"En effet", dit le vieil homme. Son visage montrait toujours de l'amusement vis à vis de son jeune visiteur. "Si tu me voies maintenant, alors oui, je suis mort. Du moins, mon original l'est."
"Non... Je... Ce doit être un rêve, n'est-ce pas ? J'hallucine en ce moment même. Ca doit être cela."
Le Pourvoyeur lui sourit chaleureusement. "Non, Harry Kim. Ce que tu voies en ce moment est un enregistrement interactif, incéré directement dans ton ADN. C'est un message que je t'ai laissé pour le moment où tu serais prêt à assumer tes nouvelles tâches." Le vieil homme fit un pas vers lui sous le proche, un air de fierté sur son visage. "J'ai attendu longtemps ton arrivée, jeune homme. Je savais que tu étais l'Elu."
"Mes tâches ? L'Elu ? De quoi parlez-vous ?"
"De mes tâches, bien sûr. Je t'ai choisi, Harry Kim, parmi tous ceux qui sont venus devant moi, pour me succéder comme Pourvoyeur des Ocampas."
La mâchoire d'Harry tomba sous le choc. C'en était tout simplement trop à accepter en une seule fois. "Les Ocampas ? !" Bégaya-t-il, essayant de parler.
"Ce sera une énorme responsabilité, je sais. Mais c'en est une qui est très gratifiante, je te l'assure. Le Dispositif en orbite autour d'Ocampa te fournira toutes les informations que tu auras besoin de savoir et te fournira la plupart de tes besoins biologiques. Je..."
"Un instant. Attendez une minute." Il lutta pour parler, tenta de reprendre un peu le contrôle de la conversation. "Les Ocampas ? Le Dispositif ? Monsieur, vos informations ne sont plus au goût du jour depuis longtemps. Ce dont vous parlez s'est passé il y a plus de huit ans !"
Cette fois, c'était le Pourvoyeur, ou plutôt son image, qui était sans voix. "Huit ans ? Non... C'est impossible. Les informations n'auraient certainement pas pu rester en veille pendant aussi longtemps. Le Dispositif aurait dû te livrer tout ce qui était..."
"Mon Dieu, vous n'avez pas compris ?" Cria Harry, exaspéré. "Le Dispositif a été détruit il y a des années de cela ! Mon capitaine sentait que les Ocampas étaient prêts à s'occuper d'eux-mêmes. Ils n'avaient plus besoin d'un Pourvoyeur !"
"S'occuper d'eux-mêmes ? ! Comment... comment a-t-elle pu faire ça ? Ce ne sont que des enfants. Ils ont besoin de mes conseils, de ma protection. Ils ont besoin de ta protection, Harry."
"Hé, en ce moment, c'est mon peuple qui a besoin de protection !" lui cria Harry. Il commença anxieusement à faire les cents pas, essayant toujours d'assimiler tout ce qu'il avait entendu. Tout ce qui lui était arrivé, tous ses problèmes... Il le devait au Pourvoyeur. "Je ne peux simplement pas croire en tout ceci. Vous êtes celui qui m'avez fait ça ? Vous avez provoqué tous ces rêves ?"
"Ces rêves, comme tu les appelles, sont les connaissances implantées en toi qui se manifestaient. Tu a été informé de ta véritable destinée, Harry. Je regrette seulement que mon procédé d'implantation soit si imparfait. J'étais si malade... Mes facultés se détérioraient. Je devais me dépêcher..."
"Implantation ?" bredouilla Harry. "Vous voulez parler de la maladie que vous nous avez donné à moi et à B'Elanna ? Vous avez fichtrement passé près de nous tuer ! Si notre Docteur ne nous avait pas guéri, vous auriez eu un autre Pourvoyeur mort sur la conscience !"
"Oui", soupira le vieil homme. "Comme tous les autres avant toi. Mais tu as survécu tellement plus longtemps que les autres. Je savais bien que tu étais celui qui y parviendrait. Je suis surpris que mon message n'apparaissant pas immédiatement en toi, il ne se soit pas manifesté en ta compagne."
Harry sursauta de surprise. "Ma compagne ? !" Etait-il en train de parler de Seven ?
"Oui, celle que je t'ai choisi", dit le Pourvoyeur. "Elle aurait dû recevoir le même message que je t'avais donné. Je ne peux pas croire qu'elle ne l'ai pas..."
"Attendez une minute ?" dit Harry. "Vous voulez dire... B'Elanna ? ! Vous l'avez choisi pour être ma compagne ?" Harry dût se retenir pour ne pas éclater de rire. Lui et B'Elanna Torres ? Qu'est-ce que cette... personne... avait pu penser quand il avait fait ce choix ?
"Je... Je ne comprends pas", dit le vieil homme, regardant Harry, perplexe. "Mes études sur ton espèce montrent que vous avez besoin de la compagnie d'un membre du sexe opposé. Que la solitude peut devenir insupportable pour vous." Il y avait de la tristesse dans sa voix quand il dit ces mots, comme s'il se replongeait dans ses propres souvenirs.
"C'est peut-être exact", dit Harry, gloussant encore devant cette absurdité. "Mais cependant ... Moi et B'Elanna ? Nous sommes tout à fait l'opposé l'un de l'autre. Et pour l'amour du ciel, elle est mariée avec mon meilleur ami !"
"Tu veux dire que toi et elle n'êtes pas... compatibles ?" dit le Pourvoyeur incrédule. "Mais, je l'ai choisi pour qu'elle soit un complément à tes capacités ! J'étais tellement sûr qu'elle était exactement ce qu'il te fallait. Je ne peux pas comprendre comment mes calculs ont pu être à ce point erronés."
"Et bien, vous aviez tort à ce sujet, et aussi au sujet d'un tas de choses", dit le jeune humain.
"Je suis profondément désolé pour toute la gêne que j'ai pu te causer, Harry", dit le vieil homme, descendant lentement sous le porche pour venir au niveau d'Harry. "Mais tu dois comprendre. J'avais besoin de trouver une espèce biologique compatible dans laquelle je pourrais trouver une descendance."
"Trouver une descendance ?" dit Harry, sentant monter en lui de l'appréhension. "Qu'avez-vous exactement... inserré en moi ?"
"Oh, de nombreux talents utiles. Je t'ai donné la capacité d'utiliser le Dispositif, pour commencer. Sans oublier la connaissance et l'expérience de mon peuple."
"Votre peuple ?"
"Oui." Le vieil homme sourit fièrement. "Neuf millions d'années d'Histoire enregistrées, mémorisées, d'expériences et d'accomplissements de la race Nacène." Il regarda alors le jeune humain qui se sentait à ce moment incroyablement minuscule. "Mon cadeau envers toi."
 
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Chakotay regarda autour de lui ses nouveaux quartiers. Un peu plus grand et il aurait pu dire qu'ils étaient cossus. Il se fit une note mentale de ne pas rester confiné dans ses quartiers. Les cellules du Voyager étaient plus grandes. Au moins, il avait une fenêtre. Les étoiles apparaissaient différemment depuis l'intérieur du champ de camouflage. C'était comme de regarder de l'intérieur d'un ballon transparent.
Il ramassa ses sacs et les jeta sur l'unique couchette. C'était une bonne chose qu'il n'ait emporté que peu de choses. L'unique petite penderie fut rapidement pleine. La salle de bain n'était même pas une salle, mais plutôt une penderie. Heureusement que Catherine n'était pas ici. Elle n'aurait jamais pu survivre sans sa baignoire.
Penser à Catherine lui fit faire une pause. Il se pencha sur le lit et ouvrit le deuxième sac. Il en retira la photo de Catherine et la berça dans ses grosses mains, passant gentiment son pouce sur l'image. "Tu me manques, mon amour." Il chercha du regard un endroit pour la poser. Le bureau qui servait aussi de table à dîner était sur le mur opposé à son lit. Il y avait bien une étagère au-dessus du lit, mais il ne pourrait pas la voir quand il sombrerait vers le sommeil. A cours d'options, il posa le cadre sur le rebord de la fenêtre.
L'article suivant dans son sac était son paquet médecinal, mais il ne parvint pas à se convaincre de le sortir. Au lieu de cela, il referma le sac et le jeta dans le fond de la penderie. Ce simple geste, ne pas déballer complêtement ses affaires, montrait le sens du définitif qu'il n'était pas encore prêt à accepter.
Chakotay commanda un dîner du réplicateur, une soupe aux champignons et des pâtes avec des légumes. Il posa le tout sur le bureau et tapa sur le terminal. Il repensa à sa journée. Les ordres de starfleet stipulait qu'il était Premier Officier à bord du Logan, mais le Capitaine l'avait présenté en tant qu'observateur. Le vol s'était déroulé sans incident jusqu'à maintenant, patrouillant simplement en direction de la zone de guerre. Il s'était attendu à plus, qu'on le questionne au sujet des Sernaix, sur les différentes affectations, mais rien. Il aurait aussi bien pu être invisible.
Quand un équipage était ensemble depuis longtemps, il développait son propre rythme. Ca avait été des plus vrais pour l'équipage du Voyager. Il se demanda si le nouvel équipage du Voyager se sentait déphasé avec les vétérans. Il aurait dû être là-bas pour faciliter leur intégration plutôt que d'être coincé sur un quelconque runabout affreux, terré dans une cabine en se désolant de son sort.
Personne ne semblait intéressé à faciliter son intégration dans l'équipage du Logan. Peut-être ne s'attendaient-ils pas à ce qu'il reste bien longtemps. Intérieurement, il espérait que ce serait le cas, mais pourtant, il sentait le besoin d'établir un lien avec ces gens, ne serait-ce qu'au niveau professionnel. Chakotay appela les dossiers de l'équipe de commandement, curieux de découvrir depuis combien de temps cette équipe travaillait ensemble. Il fronça les sourcils en survolant d'abord l'historique de Grant, puis celui de Jones et de Young. Son instinct lui disait que quelque chose clochait.
 
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L'équipe de commandement se rassembla dans la salle de réunion à quinze heures comme ordonné, tous fatigués et las après leur travail. durant les six dernières heures, l'équipage avait travaillé frénétiquement pour remettre le vaisseau en état de combat. Plusieurs d'entre eux n'étaient d'ailleurs toujours pas certains qu'ils pourraient en sortir victorieux.
Tous les yeux étaient tournés vers Catherine Janeway, qui semblait encore plus lasse que le reste d'entre eux. Le Commandeur Barton était assise à quelques fauteuils de là, ne paraissant pas le moins du monde épuisée. Elle semblait détendue, et toutefois aux aguets, comme une chatte prête à bondir. B'Elanna la surveillait de près, ses instincts de guerrière ne se relâchant pas une seconde depuis que leur nouveau Premier Officier était arrivée à bord. Elle n'avait pas confiance en Barton. Certainement pas après ses actions sur la Station Fulton, qui avaient failli coûter la vie à Harry.
"B'Elanna", commença Janeway, sortant l'ingénieur de ses pensées. "Quels sont les progrès de votre équipe à l'Ingénierie ?"
"Oh, heu... Nous pensons avoir résolu le problème de retour de puissance avec les faisceaux de tachyons. J'ai travaillé sur quelques suggestions faites par Seven et Ozymandias et..."
Barton secoua la tête de dégoût à la mention du nom du Sernaix. "Etes-vous sûre que suivre ses recommandations soit une si bonne idée ? Il était supposé vous aider durant la construction de ce vaisseau, et regardez le merveilleux résultat que cela a donné."
"Sous-entendez-vous, Commandeur Barton, qu'Ozymandias pourrait délibérément miner nos efforts ?" Demanda Tuvok, assis à la gauche de Janeway.
"Il a trahi son dernier équipage, et maintenant vous espérez vous fier à lui, même si nous allons combattre sa propre espèce", répondit sèchement Barton. "Je pense que cela me donne de bonnes raisons d'être inquiète, Commandeur Tuvok."
"Nous n'avons pas réellement le choix en cette matière, Commandeur Barton", dit Janeway, fatiguée du négatif constant de son Officier Exécutif. "C'est pourquoi je veux que Seven of Nine examine à la loupe chaque procèdure d'assistance technique offerte par Monsieur Ozymandias."
"Oh ?" fit la voix enjouée d'Ozymandias par l'intercom. Tout le monde dans la salle sursauta à son intervention inattendue. "Alors je suis un Monsieur, maintenant ? Dois-je considérer cela comme une promotion ?"
Les yeux de Janeway se rétrécirent quand elle regarda au plafond le haut-parleur du système de communications le plus proche. "C'était un terme de respect, un concept que vous n'aidez en rien à instaurer avec vos actions en ce moment."
"Oh, j'espère que cela ne veut pas dire que vous ne me faites plus confiance."
"Ozymandias, si vous avez l'intention de faire partie de ce vaisseau et de son équipage, il faudra que vous méritiez cette confiance. Et vous n'y arriverez pas en contournant les systèmes de sécurité, chose qui vous est interdite selon les termes de notre accord d'asile."
"Remarque comprise, Capitaine", dit la voix désincarnée. "Considérez-moi comme puni. Je pensais juste que Seven vous aurait parlé du fait que j'ai localisé notre ami Monsieur Kim."
"Nous allions y arriver", dit Janeway, toujours déconcertée par l'interruption désinvolte d'Ozymandias dans leur réunion. "Mais puisque de toute façon vous avez la parole, alors allez-y, je vous en prie."
"Merci", répondit-il. Automatiquement, les lumières diminuèrent légèrement et les émetteurs holographiques de la table se mirent en marche. "La bonne nouvelle est que je sais où il est. La mauvaise nouvelle, c'est que... je sais où il est."
Une image de la galaxie flotta au-dessus de la table. La vue s'agrandit sur une région en particulier. Dedans, des points brillants se mirent à clignoter, chacun se liant petit à petit à un autre par des lignes clairement définies, jusqu'à ce que la forme d'un réseau dense commence à émerger. Puis lentement, tandis que l'image se dessinait devant eux, ils entendirent le son d'une musique. Un orchestre, jouant l'inmanquable ouverture de Gustav Holtz, 'Mars, le Dieu de la Guerre."
"Ceci est le Royaume !" entonna Ozymandias d'une voix profonde de baryton tandis que la scène s'agrandissait encore plus vite. Plus de vingt mille habitats spatiaux et de vaisseaux stellaires, liés entre eux par un réseau subspatial permanent, générant un espace virtuel avec un coefficient de calcul de..."
"Monsieur Ozymandias", coupa Tuvok, dont le contrôle Vulcain était poussé à l'extrême. "Un compte-rendu concis est tout ce qui vous est demandé. Ces distractions dramatiques ne sont pas plus nécessaires qu'appropriées."
"Oh, mais les comptes-rendus de Starfleet sont si ennuyeux !" pleurnicha Oz comme un enfant blessé. "Sur un vaisseau Sernaix, une réunion comme celle-ci aurait été l'occasion de chanter et de boire. Un rapport d'état serait comme un poème épique, et..."
"Nous ne sommes pas sur un navire Sernaix", dit nerveusement Janeway. "Maintenant, dites-nous où ils ont emmené Harry, si cela ne vous dérange pas. Et soyez bref. Sa vie pourrait en dépendre."
"Oh, d'accord !" La scène ré-apparut, centrée sur le lien des Habitats du Royaume. "Comme je le disais, avec la Phase, ou la Bulle Temporelle comme vos gens l'appellent, qui s'est fusionnée avec l'espace-temps normal, la région occupée par le Royaume se manifeste maintenant sur la région des frontières de ce que vous appelez les quadrants Delta et Béta."
"Un volume d'espace impressionnant", commenta Seven. "Il est du même ordre de grandeur que le territoire assimilé par le Collectif Borg."
"Comme vous dites", poursuivit Ozymandias. "J'ai été en mesure de tracer la transmission liant le navire qui avait transporté Harry à partir de votre Fédération. Il a rencontré un navire de bande quelque part à cet endroit." Un petit cercle s'alluma juste à l'extérieur d'une région du Quadrant Béta occupée maintenant par le Royaume. "De là, il a été expédié à cet endroit", continua-t-il tandis qu'une ligne rouge brillante apparut, suivant mot à mot son récit. "Puis là, puis là, jusqu'à ce que finalement, il soit déchargé... ici." L'hologramme s'agrandit alors autour du point en question, visualisant une grande structure spatiale sombre et svelte avec des excroissances hérissées de pointes émergeant dans des angles tordus à la manière typique des Sernaix. "A l'Habitat privé de la vieille Sycorax elle-même."
Janeway se pencha pour regarder de plus près la construction d'allure sinistre. "Mon dieu", chuchota-t-elle.
"Cette Sycorax", dit Tom de l'autre côté de la table. "C'est elle qui est à la tête de ce bazar, non ? Que peut-elle bien vouloir à Harry ?"
"Quelque chose qui a à voir avec ses connaissances, je supposerais", dit Ozymandias. "tout ce que je sais est que si Sycorax le veut, alors ce ne sera pas un enlèvement ordinaire. C'est personnel."
"Mais... il est encore vivant, n'est-ce pas ?" demanda Seven d'une voix très légèrement tremblante.
"Je l'imagine", répondit-il. "Pour le moment, en tout cas. Mais si je me fis aux histoires que j'ai entendu sur Sycorax, il pourrait souhaiter être mort si nous n'arrivons pas à le libérer très bientôt."
"Quelles sont les capacités tactiques de cet Habitat ?" demanda Tuvok.
"Difficile à dire", dit Oz. "Sycorax prend sa sécurité personnelle très au sérieux, principalement pour se protéger de toutes les bandes qui pourraient se rebeller. L'Habitat a un réseau complet de pulseurs à tachyons et de faisceaux défensifs, de nombreux canons Kep'Tak'Nel et des torpilles à désintégration polyphasique. Elle aura une armure au minimum cinq fois plus épaisse qu'un vaisseau Nodal et elle peut effectuer des balayages à une distance de quarante années-lumière. Sans parler du fait que Sycorax aura probablement au moins une ou deux bandes en patrouille pour sa sécurité."
"Les gars, ils sauront que nous sommes là avant-même que nous y soyons", se lamenta Tom.
"Et bien, vous avez quand-même quelques avantages en votre faveur", dit Ozymandias. "Pour commencer, nos procédures de sécurités sont pas mal relâchées, comparées aux vôtres. Cela fait des milliers d'années que les Sernaix n'ont plus d'adversaire à leur taille. Alors la plupart des bandes sont devenues laxistes et inefficaces. Pour nous, il n'y a pas réellement de différence entre un combat et un jeu. Ceci, plus le fait que nous soyons devenus trop dépendants envers notre technologie pour nous permettre de nous en passer."
"Et ce... Royaume", demanda Tuvok. "Représente-t-il l'infrastructure de communication de la civilisation Sernaix ?"
"Monsieur Tuvok, le Royaume EST la civilisation Sernaix", dit Ozymandias.
"Vraiment ?" dit Tuvok en fronçant un sourcil. "Que sont devenus votre monde d'origine et vos colonies ? Le gouvernement de votre société doit sûrement y avoir un siège."
"Des planètes ?" railla Ozymandias. "Qui s'en soucie ? Les Sernaix ont cessé de vivre sur des planètes, il y a des milliers d'années de cela. Pour nous, les planètes sont de jolis endroits à visiter et à réclamer comme trophés."
"Favorisant les Habitas et les vaisseaux nodaux de votre Royaume ?"
"Oh, le Royaume est plus qu'un endroit à visiter et où on passe son temps. C'est le coeur de ce que nous sommes. C'est la source de nos connaissances, de notre Histoire et de nos divertissements. Les bandes le défendent et les directoires s'en occupent. Et quand nous sommes fatigués de nos vies charnelles, c'est là que nous passons notre immortalité. Un trillion de trillion d'univers privés, lesquelles approvisionnent nos moindres désirs et caprices."
"Fascinant", dit Tuvok. "L'esprit transcendant les limites du corps. De nombreux adeptes spirituels Vulcains recherchent avidement ce que votre peuple est parvenu à atteindre."
"Je peux vous assurer, Monsieur Tuvok, qu'il n'y a rien de spirituel en ce qui a trait au Royaume."
Janeway était assise là, réfléchissant aux informations devant elle. L'Hologramme de l'Habitat Sernaix était suspendu devant elle comme pour la taquiner. Ils avaient fait face aux armadas Borg et à des empires hostiles. Alors pourquoi une station spatiale la rendait-elle nerveuse. Peut-être parce que maintenant, les choses étaient différentes. Ce n'était plus leur vieux Voyager, mais le nouveau, et il avait besoin d'être maîtrisé. C'était aussi un nouvel équipage, dont les talents n'avaient toujours pas été testés. Sans mentionner que la famille était toujours incomplète.
Après avoir pris le temps d'y penser, Janeway leva la tête et s'adressa à la salle. "B'Elanna, quand pensez-vous que nous pourrons nous remettre en route ?"
"Six ou huit heures de plus devraient suffire", répondit l'ingénieur.
"Bon. Dès que le travail sera sur la bonne voie, je veux que vous vous présentiez à l'Infirmerie."
"Je vous demande pardon ?" dit B'Elanna. "Capitaine, je vais bien. Pourquoi aurais-je besoin de voir le Docteur ?"
"Et bien, pour une raison, Lieutenant", dit le médecin holographique depuis son fauteuil situé en face d'elle, de l'autre côté de la table, "Je me meurs d'une opportunité de tester ma nouvelle Infirmerie et mon personnel médical."
"Capitaine", continua B'Elanna. "Réellement, je ne pense pas avoir du temps pour ça. Il y a tant à faire dans l'Ingénierie."
"Je ne m'inquiéterais pas outre mesure, Lieutenant Torres", dit Barton, baissant les yeux et affichant un sourire cruel. "Je suis sûre que votre adjoint peut superviser le travail. C'est un ingénieur très compétent, entraîné par Starfleet."
Les yeux de B'Elanna s'enflammèrent à ce sarcasme subtil. Elle était prête à lui donner sa propre réponse tranchante, mais retint sagement sa langue, restant silencieuse tandis que le capitaine reprennait la parole. "J'ai pensé à ce qu'Ozymandias vous a dit", dit Janeway, "au fait que vous auriez fait la même rencontre qu'Harry, avec les Dieux des Sernaix."
"Capitaine, j'ai passé en revue tous les rapports des missions d'explorations où Harry et moi étions ensemble", dit B'Elanna. "Je n'arrive pas à me souvenir d'un seul incident marquant dans lequel ce 'touché' aurait pu se produire."
"Néanmoins", continua Janeway, "s'il y a eu une sorte de transfert de connaissances, je veux savoir ce que c'est. Si nous pouvons découvrir quelque chose que les Sernaix veulent, cela pourrait nous donner le levier dont nous aurons besoin si nous nous avons à négocier pour la vie d'Harry." Elle se retourna alors face à la salle. "Ce sera tout. Vous pouvez disposer."
Comme le groupe se levait pour quitter la salle, Janeway ne put s'empêcher de voir le visage dévasté de Seven. La pauvre chose était vraiment inquiète de l'enlèvement de Harry. Elle savait que leur amitié avait grandi durant la dernière année, entre Harry qui s'était senti laissé pour compte après la naissance de Miral, et la rupture de Seven avec...
Non, mieux valait ne pas penser à cela, pensa-t-elle. Seven et Chakotay, c'était de l'histoire ancienne maintenant, une passade qu'il avait poursuivie parce qu'elle ne se serait jamais laissée aller d'elle-même à ce genre de chose. Malheureusement, la seule blessure qui restait de cette brève relation était le lien spécial qu'elles avaient partagé, elle et Seven. Entre la douleur qu'elle avait ressenti alors et le chaos de leur retour à la maison, la dernière fois que les deux avaient vraiment partagé une conversation du genre vraiment intime comme celles qu'elles avaient eu par le passé, remontait à trop longtemps. Il était évident que Seven avait trouvé d'autres personnes avec qui parler de son humanité émergente, des personnes comme Harry Kim. Peut-être était-il temps qu'elles aient toutes les deux une conversation à ce sujet. Il paraissait certain que Seven pourrait avoir besoin d'une épaule sur laquelle s'appuyer, en ce moment.
Janeway se secoua de sa douce rêverie et leva la tête au moment où son Premier Officier sortait. "Commandeur Barton, pourriez-vous rester un moment, s'il vous plaît ?" A la porte, Barton se retourna et resta debout devant son capitaine, cependant que Janeway restait assise.
"Commandeur, j'aimerais savoir à quoi vous pensiez avec votre conduite durant la réunion ?" lui demanda-t-elle d'un ton glacial.
"Je vous demande pardon, Capitaine ?"
"Vous savez parfaitement de quoi je parle !" rugit Janeway en se levant. "Je parle de cette remarque inconcevable que vous avez fait au Lieutenant Torres. C'était un comportement inconvenant de la part d'un officier et je ne l'accepte pas !"
"Capitaine, avec tout le respect que je vous dois, je pense que vous êtes trop proche du Lieutenant Torres. La manière dont elle mène l'Ingénierie est une honte. Je trouvais qu'il était nécessaire de lui rappeler que ce vaisseau n'est pas perdu dans le Quadrant Delta et qu'il serait tenu compte de sa performance."
"Avec elle, le travail est fait, Commandeur", dit Janeway. "Si vous la lâchiez une peu et preniez le temps de mieux la connaître, je suis sûre que vous le verriez."
"Capitaine, ce n'est pas la raison pour laquelle je suis ici", répondit Barton sur un ton cassant.
"Oh ? Et quelle est la raison de votre présence, Commandeur ?" rétorqua Janeway sur un ton acerbe. "Vous avez exprimé clairement que vous étiez en désaccord avec les buts de la mission."
"Permission de parler librement, Capitaine."
"Vous ne vous en êtes pas privée jusqu'à maintenant", statua Janeway.
"J'ai été assignée ici par l'Amiral Warhol, Capitaine", dit Barton, d'un ton défiant et sans peur. "Starfleet était inquiet, pour d'assez bonnes raisons, parce que vous voyez un peu trop votre équipage comme une famille. Et après avoir été isolée avec eux loin de votre patrie pendant si longtemps, vous pourriez être incapable de voir les choses avec le bon niveau de perspective."
"Et c'est pour ça que vous êtes ici, Commandeur ? Pour fournir une perspective différente ?"
"C'est à vous de me le dire, Capitaine", dit effrontément Barton. "C'est vous qui avez convaincu le Président d'exercer son droit de veto sur le Commandement de Starfleet et de vous redonner un vaisseau stellaire. Et pas juste n'importe quel vaisseau, mais le vaisseau plus puissant et le plus avancé de la flotte, sur lequel vous et votre équipage n'avez pas eu une once d'entraînement. Sans mentionner l'ordre d'affectation d'une bande de civils avec des grades d'officiers, civils qui devraient se contenter de purger actuellement une sentence de prison. Et par dessus tout, vous avez utilisé la menace Sernaix pour parvenir à vos fins. Tout cela pour garder votre famille réunie."
Les yeux de Janeway se rétrécirent à l'impertinence du Premier Officier. "Vous voyez la dévotion et la familiarité partagées avec mon équipage comme une faiblesse, Commandeur. Je les vois comme une force. Il est désolant que vous n'ayez jamais formé de tels liens rapprochés avec ceux qui ont servi avec vous dans toutes vos affectations précédentes. Vous en sortez appauvrie."
"Je suis un soldat et une professionnelle, Capitaine, en premier lieu et avant-tout", dit Barton, se tenant debout au garde à vous. "Il y a un temps pour se rapprocher, et un temps pour garder ses distances."
"Chakotay était aussi un soldat", dit Janeway. "Il comprenait que la famille était quelque chose pour laquelle il valait la peine de se battre."
"Je suppose que nous devrons nous accorder sur le fait que nous sommes en désaccord là dessus, Capitaine", répondit Barton, les yeux sombres restant froids et fixes. "Et pour le rapport officiel, Capitaine, je ne suis pas Chakotay. J'ai ma propre méthode pour faire les choses. Mais je suis toujours votre Premier Officier et je vais vous servir au mieux de mes capacités, sans prendre en considération nos différences d'opinions." Après un instant de silence, elle regarda son Officier de commandement. "Est-ce que ce sera tout ? J'ai une tonne de travail à faire pour remettre ce vaisseau en condition pour notre mission."
Janeway s'assit en silence et croisa le regard de son Premier Officier. "Vous pouvez disposer, Commandeur."
Tandis que la porte glissait derrière Barton, Janeway réfléchissait aux paroles de cette femme glaciale, sur laquelle, vues les circonstances, elle était obligée de compter durant la crise qui se profilait. En effet, Thalia Barton n'était pas Chakotay, pensa Janeway. Elle n'était pas de son calibre.
 
***
 
Le terminal du Lieutenant Barry Bruner bipa. "Transmission venant du 'Commandement de la Flotte', Chef. Où la veux-tu ?"
"Sur l'écran", répondit Carl Grant.
Le bref instant de statique s'éclaircit pour révéler l'Amiral Warhol dans ce qui paraissait être son bureau dans les Quartiers Généraux. Warhol sourit brièvement en fixant du regard le Capitaine Grant. "Le signal est codé de votre côté ?"
Grant regarda au-dessus de son épaule vers Barry qui confirma en inclinant la tête.
"Nous pouvons parler, Amiral."
"Nous détectons plus de cinquante vaisseaux Sernaix sautant partout dans les secteurs 104 à 238. Le Voyager est rapporté comme avoir engagé l'ennemi, mais il a dû battre en retraite avec des pannes de ses systèmes. Je veux que vous vous dirigiez immédiatement vers ces coordonnées, et voir ce que vous pouvez en déduire. Etant données les circonstances, vous avez l'autorisation de dépasser la vitesse de distorsion 5, Capitaine", grogna l'Amiral.
Chakotay ne pouvait s'empêcher d'avoir l'impression qu'il y avait une conversation secrète cachée entre Warhol et Grant. Il n'y avait rien de précis, juste une impression qu'ils parlaient en code. Il écouta chaque mot avec attention, observa chaque mouvement de leurs corps. Il y avait quelque chose là, il en était certain.
"Restez camouflé, ceci reste toujours uniquement une mission de reconnaissance. Suis-je assez clair ?" dit Warhol.
"Tout à fait clair, Monsieur", fut la réponse de Grant quand il eut fermé les canaux de communication. Se tournant vers Shari Young, il ajouta. "Avez-vous le cap, Pilote ?"
"Oui."
"Allez-y, vitesse maximale."
Les yeux de Shari s'allumèrent. L'équipe de la passerelle s'empressa de trouver quelque chose à quoi s'agripper. "Elles sont rentrées, Chef !" hurla Shari au moment exact où le Logan sauta vers l'avant, laissant les étoiles filer dans son sillage.
 
***
 
"Puis-je vous poser une question ?" demanda Harry au vieil homme. Il ne savait pas combien de temps il avait passé à l'intérieur de cet espace virtuel.
"Bien sûr que tu le peux", dit le Pourvoyeur. "C'est pour ça que je suis ici. Pour répondre à tes questions."
"D'accord, alors…" Il le regarda sincèrement. "Pourquoi moi ?"
"Pardon ?"
"Il y avait plus de cent cinquante personnes à bord de mon vaisseau. De tous les gens sur le Voyager, bon dieu, de tous les peuples dans l'univers, pourquoi m'avez-vous choisi ?"
Le Pourvoyeur eut un regard de sympathie pour le jeune homme puis s'assit sur les marches du porche. "Ce ne fut pas une décision facile. J'ai cueilli des vaisseaux dans toute la galaxie, prenant des échantillons à chaque fois que je le pouvais. Ce n'est que quand j'ai trouvé un vaisseau venant de votre partie de la galaxie que j'ai découvert une espèce qui pouvait vaguement s'approcher d'une compatibilité à l'implantation."
"Les Humains", murmura Harry. "Vous parlez de l'Equinox, n'est-ce pas ?"
"Oui", dit le Pourvoyeur. "Les Humains avaient la compatibilité la plus proche, mais aucun des individus que j'avais passé au scanner n'avait les bonnes qualités nécessaires pour assumer mes responsabilités. Alors j'ai continué d'essayer d'attraper des vaisseaux venant de cette région, espérant trouver le bon. Et à la fin, j'y suis parvenu. Je vous ai trouvé."
"Mais qu'ai-je de si spécial ?"
"Pour dire la vérité, Harry, ce fut une décision serrée entre toi et ton capitaine. Vous aviez tous les deux les bonnes qualités que je recherchais. Vous étiez loyaux, idéalistes, et capables de montrer de l'empathie pour les moins fortunés que vous. Mais le plus important, je voulais quelqu'un qui voudrait bien se sacrifier pour d'autres dans le besoin. Tous mes tests me montraient que vous deux étiez les meilleurs choix possibles pour mes besoins. Finalement, je me suis fixé sur toi, Harry. J'avais une bonne impression à ce sujet. Cela, et le fait que tu étais plus jeune, te donnait plus de chance de survivre au procédé d'implantation." Le vieil homme lança alors un petit sourire satisfait à Harry en poursuivant. "Naturellement, si j'avais choisi votre capitaine au lieu de toi, j'aurais pris alors le capitaine du deuxième vaisseau comme compagnon à la place de votre amie B'Elanna."
"Vous voulez dire, Chakotay ?" Harry secoua la tête, riant presque du culot absolu de cette être, même s'il n'était techniquement qu'un enregistrement de l'original. "Et c'était tout ? Tout ce qui m'est arrivé dans le Quadrant Delta, tout ça parce que vous cherchiez un boy scout ?"
"Tu devrais être flatté, Harry", dit le Pourvoyeur. "Ce n'est pas donné à tout le monde de recevoir un pareil honneur..."
"Un honneur !" gronda Harry au vieil homme, arrivant finalement à faire ressortir huit années de fureur, de peine et de frustrations, des sentiments qui n'avaient jamais eu de cible jusqu'à maintenant. "Il ne vous est jamais venu à l'idée de penser aux vies que vous avez ruinées par vos actions ? Des amis à moi sont morts ! Des familles ont été dévastées ! De bonnes personnes qui auraient pu connaître dans d'autres circonstances d'excellentes carrières sont tombées dans la disgrâce ! Et ce ne sont que les personnes que je connais ! Dieu seul sait ce que vous avez fait de tous vos 'échantillons'. Tout ça pour trouver un Pourvoyeur pour vos 'enfants' qui se seraient mieux débrouillés sans vous !"
"J'ai fait ce que je pensais devoir faire !" dit le vieil homme sur un air de défi en se levant abruptement. "Les Ocampas avaient besoin d'un protecteur. Je n'ai aucunement besoin d'excuse pour avoir pris mes responsabilités au sérieux."
"Alors la fin justifie les moyens, c'est cela ?" ricana Harry.
"Si vous vous souciez suffisamment de quelque chose, alors oui !" dit le Pourvoyeur. "J'étais responsable. Je devais arranger les choses, peu importait le prix. Tu le comprendras quand le temps sera venu."
"Non, il n'arrivera pas !" dit Harry. "Aucune cause aussi bonne soit-elle ne justifie qu'on blesse des gens innocents ! Je n'ai jamais fait ce que vous avez fait, peu importe à quel point c'était nécessaire."
Le vieil homme soupira. Las et fatigué, il se laissa choir sur son séant sur les marches. "Alors j'espère que tu seras un meilleur Pourvoyeur que je ne l'ai été."
"Je vous ai dit que je ne veux pas..." tenta de crier Harry. Il voulait lui faire comprendre, lui crier après, lui faire sentir du remord pour toutes les vies qu'il avait déracinées et détruites par cette indifférence centrée sur lui. Mais il ne pouvait pas le faire. Ce n'était pas le vrai Pourvoyeur. Il n'était qu'un écho, une image résiduelle. Il ne pouvait dire que ce que le Pourvoyeur original aurait cru et ressenti. Frustré et en colère, Harry s'assit sur les marches à côté du vieil homme.
"Quand j'étais cadet", dit Harry, "j'ai toujours imaginé ce que l'humanité deviendrait avec le temps, nous voyant explorer la galaxie plus à fond et en apprenant plus sur l'univers. Je pensais que nous deviendrions plus sage, plus puissant, qu'un jour nous aurions toute la connaissance. Que nous deviendrions si évolués, si parfaits..." Il posa alors un regard dédaigneux sur le vieil homme. "Je suppose que cela ne fonctionne pas du tout de cette manière, n'est pas ?"
"Non, Harry, cela ne fonctionne pas comme cela", dit le Pourvoyeur dans un soupir lourd de sincérité. "Une race n'est qu'une race. Plus vieille ne veux pas dire nécessairement plus sage, elle est simplement plus vieille. Et avoir plus de puissance signifie simplement avoir plus de puissance pour continuer à refaire encore et encore les mêmes erreurs stupides. J'ai vu à plusieurs reprises des races beaucoup plus jeunes que la mienne montrer une plus grande sagesse."
Harry comprenait un peu mieux maintenant pourquoi un être aussi puissant que le Pourvoyeur avait choisi le personnage du vieux fermier âgé passant son temps sous le porche d'une basse-cour. En dépit du fait qu'il piégeait des aliens, c'était tout ce qu'il était en réalité, simplement un vieil homme fatigué écrasé par la désillusion et attendant de mourir.
"Voyez-vous", dit doucement Harry, parvenant à trouver un peu de sympathie pour l'être assis à côté de lui. "Rien de cela n'a plus réellement d'importance maintenant. Ce qui est fait est fait. Le fait est que je ne suis même plus un bon Pourvoyeur pour qui que ce soit, pour le moment. Je dois trouver un moyen d'envoyer un signal à mon vaisseau et de sortir d'ici avant que les Sernaix ne décident de..." Mais un halètement venant du vieil homme l'arrêta net, regardant vers Harry avec un regard d'étonnement absolu.
"Comment... comment pouvez-vous les connaître ? Avez-vous... Avez-vous eu accès aux connaissances que je vous ai transmises ?"
"Quoi ?" dit un Harry Kim confus. "Comment savez-vous au sujet... ?" C'est alors que cela le frappa. Le lien. Est-ce que la vision dont il faisait l'expérience faisait partie des connaissances pour lesquelles cette Sycorax le torturait ? Les secrets que lui avait transmis le Pourvoyeur étaient ce 'touché ?' Si c'était le cas, alors...
"Mon Dieu..." dit Harry, littéralement.
 
***
 
Le Logan était à huit heures de la dernière position connue du Voyageur. Chakotay s'assit dans le fauteuil du Capitaine pour la première fois depuis son arrivée à bord. Il n'y avait pas grand-chose à faire. Un équipage squelettique contrôlait la marche du vaisseau à grande vitesse de distorsion pendant que la majorité de l'équipage dormait. Il partageait la passerelle avec le Commandeur Marsha Jones et le pilote de réserve, l'Enseigne Ra'tun.
Jones n'avaient pas prononcé un mot en deux heures. Chakotay essaya à nouveau d'engager la conversation avec elle. "Quelque chose sur les senseurs à longue portée, Marsha ?"
Elle le regarda droit dans les yeux, bleu froid de cristal perçant les siens chauds et bruns. "Rien d'inhabituel, Commandeur." Elle insista sur son rang, lui faisant passer clairement le message.
Le dossier de Jones montrait beaucoup de points communs avec le Capitaine Grant. Elle avait servi avec lui au moins à une dizaine d'occasions durant les dix dernières années. Elle semblait aussi être sa confidente dans cette mission particulière. Chakotay se faisait une fierté de savoir ce que faisait l'équipage sur le Voyager et il ne voyait aucune raison de faire autrement sur le Logan. Par ailleurs, il avait remarqué les voyages nocturnes de Jones jusqu'à la cabine de Grant. Au début, il s'était demandé s'ils étaient amants, mais avait rejeté cette théorie trois jours plus tard, leurs signaux corporels ne soutenant pas cette théorie.
Il avait cherché l'occasion de bavarder avec Jones pour voir s'il pourrait glaner auprès d'elle plus d'information sur leur mission. Il avait fait chou blanc dans ses efforts pour parler avec Grant. Si le grand patron ne voulait pas jouer au ballon, peut-être le second le voudrait bien. Malheureusement, il n'avait pas plus de succès avec Jones.
Chakotay se caressa le menton et regarda fixement l'écran principal, sans vraiment regarder les étoiles qui passaient comme des éclairs. Catherine lui avait dit qu'il avait le sourire tueur. Elle l'avait taquiné sur sa capacité à pouvoir faire faire n'importe quoi à toute femme d'équipage avec un sourire pareil. Elle avait même suggéré qu'il lui avait fait flageoler les genoux parfois. Cela valait le coup d'essayer. Il s'approcha de la station scientifique et resta debout derrière Marsha. Il remarqua la tension de ses épaules quand il se pencha en avant pour feindre de jeter un coup d'oeil sur la console.
Les minutes passèrent. Jones restait concentrée sur les données. Chakotay était debout près d'elle, tenant la position. Finalement, Marsha tressaillit. Elle se tordit sur sa chaise, mais Chakotay était si près qu'elle fut forcée de reculer la tête pour le regarder en face. Son sourire était large et sincère. Je te tiens, pensait-il tandis que les yeux de la jeune femme s'élargissaient de surprise.
Ses lèvres faillirent s'ouvrir pour lui rendre son sourire. "Puis-je vous aider, Commandeur", dit-elle, sur la défensive.
"En fait, je pensais juste me prendre une tasse de thé. Puis-je vous offrir quelque chose ?" Sa voix était douce comme de la soie.
"Euh... Bien sûr. Un thé, ce sera parfait."
Chakotay alla jusqu'à l'arrière de la passerelle où une petite table et des chaises étaient disposées pour former un coin réunion. Il commanda le thé au réplicateur voisin. C'était une conception intéressante pour une passerelle. Elle permettait au Capitaine de tenir une réunion sans manquer une seule seconde la bataille. C'était aussi assez loin de la station de navigation pour offrir une certaine confidentialité.
Jones le rejoignit, prenant une chaise avant de saisir la tasse. "Ca sent bon", dit-elle, prise au dépourvu par l'arôme calmant.
"C'est un mélange traditionnel, transmis depuis des générations dans ma famille." C'étaient des banalités, pensa-t-il, mais c'était déjà un début dans la bonne direction. "Je trouve que si je prends une pause, si je bouge de mon fauteuil et que je bois un thé à petites gorgées, cela me clarifie les idées." Jones restait concentrée sur sa boisson.
"Que cherchez-vous ? Je peux peut-être vous être utile ?" dit-il. Marsha le regardait, réfléchissant à son offre. Allez, pensa-t-il, lâchez-vous. "Je n'ai pas grand-chose à faire pour le moment", ajouta-t-il.
"Je parcours le spectre de fréquences des photons par rapport au bruit de fond."
"Vous essayez de détecter une traînée ?" Il l'étonna à nouveau.
"Oui, les Sernaix utilisent énormément de photonium."
"Et vous pensez qu'ils pourraient perdre quelques photons solitaires çà et là ?"
"Exactement !"
"Qu'avez-vous trouvé jusqu'ici ?"
Jones haussa les épaules. "Pas grand-chose. Pour l'instant, je n'ai vu aucune fréquence avec une variation statistiquement significative par rapport au bruit de fond."
Chakotay afficha les données de la station scientifique sur le terminal posé sur la table. "Jetons un coup d'oeil." Ses doigts se déplacèrent sur la tablette, changeant les paramètres de recherche.
"Vous allongez le foyer et rétrécissez le rayon", dit Jones, comprenant son raisonnement. "Additionnant ainsi un plus grand élément directionnel."
"Là !" Chakotay indiqua une mince ligne bleue sur le moniteur. "Voyons où cela mène."
Marsha reprit sur le terminal la trajectoire en sens arrière, l'extrapolant. C'était devant eux, se déplaçant à peu près dans la même direction.
"Cela pourrait être un navire Sernaix. La question est, que faisons-nous si nous le rattrapons ?" demanda Chakotay négligemment.
Bien essayé, pensa le commandeur Jones. Elle avait sous-estimé ce renégat, supposant qu'il était plus un homme d'action qu'un intellectuel. Il l'avait prise par surprise avec ses manières innocentes. Elle devrait l'observer plus soigneusement.
"C'est une question que vous devrez poser au Capitaine, Commandeur." Le Commandeur Marsha Jones plaça sa tasse dans le réplicateur et reprit sa place à la station scientifique.
Et bien, pensa Chakotay en reposant sa grande carcasse dans le fauteuil de commandement. Demain serait un autre jour, il essayerait une approche différente.
 
***
 
Sycorax, Adimha du Cadre de Direction, observait avec plaisir l'univers se déplier autour d'elle. Elle flottait au coeur d'une gigantesque représentation holographique de la galaxie, les étoiles frayant à travers elle comme des poissons rewesa dans sa simulation des mers de Nesaqa. Des points rouges nerveux, chacun représentant un navire de bande, accouraient des secteurs environnants pour retrouver la trace du vaisseau Voyager. Il avait réussi à leur échapper grâce à une forme de propulsion transdistorsionnelle inconnue des Sernaix, mais cela n'avait aucune conséquence. Avec les bandes déployées en formation de recherche dans les secteurs alentours et la pleine puissance d'analyse du Royaume pour les aider, ce n'était qu'une question de temps avant que Janeway et son équipage ne puissent être retrouvés et abattus.
Le retard était irritant, pensa Sycorax, mais cela servait un but utile, dans le fait que cela ne faisait qu'aiguiser les appétits de violence et de envies de destructions des bandes. Le Voyager serait le hors-d'oeuvre, avant le plat principal qu'était leur Fédération.
Sur ce, Sycorax agita sa main obèse et une nouvelle image se matérialisa dans son champ de vue galactique. L'humain Harry Kim était accroché à l'intérieur de la chambre d'interrogation sphérique, les câbles de liaison neurale sortant de ses bras et jambes tels des serpents. De sa seule pensée, elle zooma sur son visage, y recherchant les détails qui pourraient lui apprendre quelque chose. Et c'est alors qu'elle le vit. Ses yeux s'agitaient rapidement tout en restant fermement fermés, spasmes musculaires revenant toutes les quelques secondes.
Elle sourit avec satisfaction à cette vue. Les choses se déroulaient encore mieux qu'elle ne l'avait espéré. Avec ses capacités sensorielles totalement coupées, l'homme s'était retranché dans son propre esprit. Il rêvait. Et dans ses rêves, les connaissances qui devaient avoir été placées dans son subconscient pourraient enfin devenir disponible.
C'était désormais le bon moment pour extraire ces informations.
"Habitat !" Sycorax appela l'Esprit qui contrôlait l'environnement de son espace personnel. "Etablis une liaison avec l'Adimha Bessavel du Cadre Médical ! Immédiatement !"
"Oui, Adimha", répondit avec douceur l'Esprit de l'Habitat. Après quelques secondes, la connexion s'effectua et l'icône personnelle de Bessavel se matérialisa dans son champ de vision. Elle apparaissait sous la forme d'une colonne irradiante de flammes, non appropriée dans la froideur de l'espace qui l'entourait.
"Adimha Sycorax", la salua Bessavel. "Je vois que votre santé se tient bien. Vous auriez sûrement pu parler avec l'un de mes Satikas si vous..."
"Ce n'est pas de moi qu'il s'agit", gronda Sycorax contre l'Adimha plus jeune. Même si elle surveillait le Cadre Médical, Bessavel n'était pas un rival immédiat pour sa position. Ainsi n'y avait-il aucun besoin de la considérer comme un ennemi politique. Néanmoins, il était nécessaire d'instiller une subtile dose de crainte dans ses propos, assez forte pour rappeler que l'autorité du Cadre de Direction ne devait pas être prise à la légère de la sorte. "Je suis sûre que vous avez contrôlé l'interrogation de l'Etre Touché. Je crois qu'il est temps de lancer l'extraction dont nous avons discuté."
"Un balayage destructif du cerveau ?" dit Bessavel. "Adimha, je dois vous dire qu'un tel processus est des plus déconseillés. Nous sommes toujours incertains du moyen dont les Dieux ont inséré leurs connaissances en cet homme. Nous avons échoué dans le décodage des informations implantées dans son ADN. Nous savons aussi que les moyens d'accès ne sont pas stockés dans son esprit conscient. Si nous le dématérialisons maintenant et ne réussissons toujours pas à avoir accès aux informations, elles nous seront perdues pour toujours."
"Je suis convaincue que le secret se trouve dans son subconscient", répondit Sycorax. "Il rêve au moment même où nous parlons. Mes sources parmi les humains m'ont dit qu'il avait déjà eu ces visions des Dieux en rêve, auparavant. S'il est un moment pour faire un tel balayage, c'est maintenant."
"Comme vous le souhaiterez, Adimha", dit Bessavel. "J'instruirai mes Satikas et votre Esprit d'Habitat pourra s'occuper immédiatement de l'installation de l'équipement nécessaire. Nous devrions être capables d'exécuter le balayage d'ici quelques heures."
"Excellent." Sycorax sourit avec jubilation. Bientôt, les connaissances qu'elle désirait lui appartiendraient. L'immortalité et la puissance des Dieux seraient à sa portée.
"Adimha, vous vous rendez compte que le balayage laissera très peu de son corps pour son étude postérieure ?" dit Bessavel.
"Cela n'a aucune importance", dit Sycorax, les yeux rétrécis tout en parlant. "Une fois que nous lui aurons soutiré ce dont nous avons besoin, il ne nous sera plus d'aucune utilité."
"Comme vous le souhaitez", dit Bessavel, avant que son icône ne disparaisse.
 
***
 
"Maintenant, Lieutenant", dit le Docteur pour avertir son patient difficile, "si vous pouviez vous tenir tranquille, je vous prie, nous pourrions peut-être en terminer."
B'Elanna Torres grogna contre le harcèlement persistant de l'hologramme pendant qu'il essayait de scanner ses signes vitaux. "Docteur, c'est une totale perte de temps. J'ai des moteurs à m'occuper."
"Vorik et Seven ont dit qu'ils y travaillaient très bien tout seul", dit son mari, surveillant de derrière le Docteur pour s'assurer que le contrôle médical de sa femme était parfait. Le Voyager était entré en transdistorsion depuis plus d'une heure pour parcourir le long trajet jusqu'aux frontières les plus éloignées du Quadrant Béta où, selon Ozymandias, se trouvaient désormais l'habitat de Sycorax et leur ami disparu.
"Tom, le Docteur m'a scanné intérieurement et extérieurement l'autre jour et il ne m'a rien trouvé d'anormal", soupira B'Elanna. "Je ne vois pas ce que les réflexions du Capitaine permettront de révéler dans un second examen."
"Ecoute, on ne sait jamais", dit Tom. "Et si cela peut aider Harry et en même temps nous assurer que tu vas bien, alors je suis pour cet examen."
Un des membres du personnel médical du Docteur, une jeune fille aux cheveux blonds courts et qui semblait à peine assez vieille pour être diplômée de l'Académie, arriva aux côtés de B'Elanna, offrant une tasse contenant une boisson chaude.
"Peut-être devriez-vous prendre un peu de cela, Lieutenant", dit l'aide médicale d'une voix douce et gentille. "Cela aidera à vous détendre, tout en aidant aussi le Docteur à faire son travail."
"Et bien, c'est des plus aimables de votre part, Enseigne Drey", dit fièrement le Docteur à la jeune fille. Elle rougit en réponse à l'éloge du médecin. "Vous n'êtes pas d'accord, Lieutenant ?"
"Que voulez-vous dire ?" rétorqua instinctivement B'Elanna. "Est-ce que j'ai l'air d'avoir besoin de me détendre ?" S'il y avait une chose qui la mettait hors d'elle, c'était les gens qui étaient outrageusement... gentils.
"Je pense, Lieutenant, que l'Enseigne Drey essayait seulement de vous aider, comme nous tous", dit le Docteur avant de se retourner vers son mari. "Vous voyez ce qu'un véritable aide médical peut faire ? Pourquoi ne pouviez-vous pas vous comporter comme elle quand vous travailliez ici, Monsieur Paris ?"
Tom était sur le point de lui offrir une bonne répartie de son propre cru quand un grand instrument adjacent au lit médical commença à sonner.
"Docteur", dit Drey tout en se dirigeant vers l'appareil, "le scan génétique est fini."
"Un scan génétique ?" Tom le regarda avec perplexité.
"Oui, Monsieur Paris", répondit le Docteur. "Après ne pas avoir réussi à détecter quoi que ce soit d'anormal durant le dernier contrôle de votre femme, j'ai revu le dossier médical du dernier examen de la Station Fulton de Monsieur Kim. Comme on pouvait s'y attendre, les médecins ont là aussi échoué à trouver quoi que ce soit d'anormal en lui. J'ai donc soupçonné qu'un examen physique conventionnel laissait échapper quelque chose. Sur un pressentiment, j'ai eu une conversation avec notre ami Monsieur Ozymandias."
"Mes condoléances", sourit B'Elanna d'un air moqueur.
"Oh, il n'est pas un si mauvais camarade, même si ses goûts musicaux sont un peu démonstratifs", dit le Docteur. "En tout cas, en me basant sur ses informations, j'ai modifié un séquenceur standard d'ADN pour fonctionner dans les fréquences de balayage employées par les Sernaix. Et voilà ce que j'ai trouvé quand j'ai étudié le profil génétique le plus récent de Monsieur Kim..." Le Docteur activa son moniteur, montrant une vue agrandie d'un génome humain. La vue s'agrandit encore jusqu'à ce que le détail des nucléotides devienne visible.
"Je ne vois rien", fit remarquer Tom.
"Regardez de plus près", dit le Docteur, tandis que la vue se rapprochait. "Il semble y avoir quelques agrégats moléculaires denses codés le long de ces liaisons, ici. Comme vous pouvez le voir, ces modèles sont beaucoup trop bien organisés pour êtres naturels. C'est visible uniquement bien au-dessous du seuil d'un scan médical normal. Je doute que j'aurais jamais pu le trouver si je n'avais pas su ce que je cherchais."
"Mais qu'est-ce que c'est ?" demanda B'Elanna.
"Si je ne me trompe pas", dit le Docteur, "voilà votre prétendu Contact. Quant à chercher ce que signifient ces schémas, je ne sais même pas par quoi commencer."
Le visage de B'Elanna devint blême en voyant l'image de l'ADN de son ami sur l'écran. "Etes-vous en train de dire que... J'ai ça dans mon corps ?"
"Voyons voir", dit le Docteur, entrant une nouvelle commande. La vue changea alors en une structure génétique différente, avec un nombre différent de chromosomes, indiquant le génome hybride de deux espèces différentes, l'héritage multiracial de B'Elanna.
"Je le vois!" cria Tom tandis que l'image s'agrandissait. "Les schémas sont différents, pas du tout comme ceux d'Harry. Ils semblent aléatoires, comme s'ils étaient déformés."
"Le contact a été rompu", rétorqua B'Elanna. "C'est ce qu'Ozymandias m'avait dit."
"Hummm", dit le Docteur, étudiant l'image et se frottant pensivement le menton. "Je crois que je reconnais ceux qui entourent les marqueurs génétiques. Ils avaient été utilisés dans la thérapie génétique que j'avais développée quand j'ai eu besoin de recomposer votre ADN après..." il revint alors vers son patient sur le lit médical avec un air embarrassé. "Et bien, après votre rencontre malheureuse avec les Vidiians durant notre première année dans le Quadrant Delta. Je suis sûr que vous vous en souvenez."
"Etre déchirée entre mes moitiés humaine et Klingonne n'est pas quelque chose facile à oublier, Docteur", le rabroua B'Elanna. Drey vint près de B'Elanna et lui offrit un sourire de réconfort. L'ingénieur ne parut pas apprécier.
"Etrange", fit remarquer le Docteur. "Je n'ai pas pu exactement dater l'âge de ces schémas moléculaires. Mais si la désintégration biologique de ces marqueurs génétiques est exacte, alors je suis en mesure de vous dire que ces codes ont dû être mis en place quelque temps avant votre rencontre avec les Vidiians."
"Allons, Doc", a dit Tom. "Pensez-vous que c'est d'avoir été séparée en deux par les Vidiians qui ait pu causer la dégradation de ces schémas ?"
"C'est très probable, Monsieur Paris. S'il y avait des informations utiles codées dans ces schémas moléculaires, l'expérience du téléporteur les a très probablement perturbés." Le Docteur revint alors vers B'Elanna. "Considérez-vous chanceuse, Lieutenant. S'il n'y avait pas eu les Vidiians, alors c'est vous que les Sernaix auraient bien pu vouloir enlever à la place du pauvre Monsieur Kim."
"Ouais", dit B'Elanna aigrement. "Rappelez-moi d'envoyer une note de remerciement aux Vidiians."
"Et bien moi, j'en suis reconnaissant, en tout cas", dit Tom en s'éloignant du moniteur pour retourner aux côtés de sa femme. "Mais cela ne nous dit toujours pas quand cette information a été insérée là. Si c'est arrivé avant notre rencontre avec les Vidiians, alors cela a dû se produire pendant notre première année dans le Quadrant Delta."
"Je n'en sais rien", dit B'Elanna. "Je ne me souviens d'aucune mission pendant cette année-là où il n'y avait qu'Harry et moi. Et je m'en serais rappelée, si j'étais rentrée dans quoi que ce soit ressemblant à un Dieu. Je veux dire que la seule fois où Harry et moi étions..." Sa voix s'estompa au moment où elle comprit, d'un coup. "Bien sûr !" dit-elle en sautant du lit médical, surprenant la pauvre Drey dans le mouvement.
"Qu'y a-t-il, Lieutenant ?" demanda le Docteur. "Vous souvenez-vous de quelle mission il s'agit ?"
"Oui!" s'exclama B'Elanna. "C'est la seule possibilité sensée. La seule mission qu'Harry et moi avons faite ensemble cette première année. La première mission, avant même que ce soit officiellement une mission. Ocampa!"
"Tu veux dire..." essaya de dire Tom, coupée par une B'Elanna enchantée de finir sa phrase à sa place.
"Ce que je veux dire, c'est que le Dieu des Sernaix, c'est le Pourvoyeur !"
 
***
 
"Vous êtes le Dieu des Sernaix!" hurla Harry, incrédule.
Mais le vieil homme avait toujours cet air terrifié sur son visage. "Comment avez-vous pu connaître leur existence", haleta-t-il. "Ils devaient rester enfermés dans la Phase!"
"Que connaissez-vous d'eux ?" exigea Harry. "Quels rapports avez-vous avec eux ?"
Le Pourvoyeur sembla vieillir encore plus. Il baissa la tête et la secoua doucement. "C'était il y a longtemps, longtemps avant que je n'aille sur Ocampa. Très longtemps avant cela. Il y a plus de cent mille ans..."
"Vous êtiez déjà venu dans notre galaxie ?" demanda Harry, toujours incrédule.
"Bien sûr", répondit le Pourvoyeur. "Les Nacenes ont visité cette région de l'univers plusieurs fois durant le dernier millénaire. Quand ma compagne et moi avons exploré votre galaxie la première fois, bien avant cent mille de vos ans, il y avait très peu d'espèces capables de voyager dans l'espace en vitesse de distorsion. Les Sernaix étaient juste sur le point de partir pour les étoiles. Ils étaient une espèce prometteuse, mais ma compagne et moi avons été choqués par la violence de leur culture. Nous les avons observés à distance pendant de nombreux siècles, vois-tu, étudiant leur développement, mais en maintenant toujours une certaine distance."
"Comme la Directive Première", fit remarquer Harry.
"Oui", répondit le vieil homme. "Nous étions tous les deux très idéalistes en ce temps-là, pas comme votre propre espèce aujourd'hui. Mais ma compagne et moi nous sommes rendus compte que si nous restions assis à ne rien faire, les Sernaix rencontreraient tôt ou tard d'autres espèces. Leur technologie à cette époque était rustre, encore plus que la vôtre, mais contre une espèce sans technologie de distorsion, ils pourraient faire des dégâts terribles. Mais cependant, après les avoir observés pendant si longtemps, nous avons fini par les apprécier. Nous avons voulu les voir se développer jusqu'à leur plein potentiel. Et donc, nous avons décidé de les y aider."
"Vous avez fait quoi ?" bafouilla Harry, déboussolé.
"Nous sommes entrés en contact avec eux", dit le vieil homme, "et leur avons offert de partager avec eux une petite fraction de nos connaissances et nos expériences. Juste assez pour les aider à s'élever."
"Vous leur avez donné de la technologie ?" Harry était abasourdi, ne pouvant croire qu'une race aussi ancienne que celle du Pourvoyeur avait pu faire quelque chose que même les humains avaient depuis longtemps compris comme étant une erreur stupide. "Laissez-moi deviner. Ils ont fait de vous deux leurs dieux."
"Nous avons essayé de leur expliquer que nous n'étions pas divins du tout, mais ils n'ont pas compris. Ils n'arrivaient à nous voir que par l'entremise de leur propre mythologie. Le Dieu et la Déesse. Homme et Femme. Séparés mais ensemble. Nous n'avons jamais imaginé quel pourrait être l'impact à long terme. Alors ma compagne a décidé que le manque de communications pourrait être comblé en leur permettant de communiquer comme les Nacenes le faisaient, par interface biologique directe."
"Le champ de force corporel!" hurla Harry. "Vous leur avez donné cette aptitude ?"
"C'est de cette manière qu'ils ont su que tu avais rencontré un Nacene, Harry. Ils peuvent le sentir. Ma compagne a appris à nos amis Sernaix quelques tours biologiques, comme la façon de changer leur ADN pour produire des champs corporels, afin de faciliter les communications directes avec leur technologie et entre eux. Elle a cru que c'était la meilleure chose à faire pour eux, que cela éliminerait les mauvaises communications et augmenterait la compréhension entre eux."
"Laissez-moi deviner", dit Harry. "Elle avait tort."
Le Pourvoyeur hocha la tête tristement. "Nous n'avons pas voulu empirer les choses plus que nous ne l'avions fait. Alors nous sommes partis. Nous avons supposé que les Sernaix pourraient prendre les choses en main à partir de là. Au lieu de cela, ils ont employé notre technologie pour se lancer dans une vague brutale d'expansion. Même si leurs navires n'étaient pas très rapides, ils montraient des prouesses physiques extrêmes et étaient capables de renverser la plupart des cultures moins avancées autour d'eux. Ils ont acquis de nouvelles technologies en avançant, se construisant un empire puissant. Ils ont même volé ce qui était les prémices de la technologie de la lumière froide qu'ils emploient toujours aujourd'hui, et ils ont eu tout le temps pour la développer jusqu'où elle en est maintenant."
"Alors vous avez fait d'eux ce qu'ils sont aujourd'hui", dit Harry froidement. "C'est vous qui êtes responsables de cela."
"Je sais, je sais", gémit le Pourvoyeur. "Mais j'ai essayé de remettre les choses dans le droit chemin. Ma compagne et moi savions que les Sernaix devaient être retenus, mais quelqu'un devait les surveiller. Il y avait une autre race dans cette région de la galaxie, égale en niveau de développement et en technologie par rapport aux Sernaix. Mais c'était un peuple pacifique, spirituel. Contre l'avis de ma compagne, je suis rentré en contact avec eux. Une fois qu'ils ont compris qui j'étais, je leur ai fait une offre. En échange de nouvelles technologies qui les pousseraient des siècles au-delà des Sernaix, ils consentaient à les surveiller tandis que les Sernaix et leur empire seraient placés en dehors de la phase normale de l'espace."
"La Bulle temporelle", comprenait maintenant Harry. "C'est vous qui l'avez créée. Nous avons supposé que c'était les Ayreths qui avaient..." Mais il s'arrêta au milieu de sa phrase. Tout devenait clair en lui. "Ils sont la race avec laquelle vous avez conclu votre accord, ceux que vous avez dupés en les transformant en vos chiens de garde."
"Il n'y a eu aucune tromperie intentionnelle, Harry", dit le Pourvoyeur. "Les Ayreths ont accepté le marché librement et en connaissant parfaitement les conséquences. Ils avaient le contrôle total de la Phase et avaient tout pouvoir de juger les Sernaix pour les libérer quand ils estimeraient que le temps serait venu."
"Alors vous avez simplement déphasé toute cette partie de la galaxie du plan d'existence normal et votre compagne et vous avez continué votre chemin tranquillement, vous lavant les mains de tout cela!" Harry tapa du pied, furieux du mauvais usage si frivole des pouvoirs et de l'expérience de cet être, spécialement quand il pensait que sa situation précaire actuelle était une de ces conséquences... C'était un être si ancien et pourtant tellement aveugle des conséquences de ses actions.
Cela rappela à Harry quelque chose que Tom Paris lui avait raconté, quelque chose qu'il avait lu dans un conte de vingtième siècle à propos de 'super héros' mythiques. Avec de grands pouvoirs venaient une grande responsabilité, d'après le conte que Tom lui avait raconté. Quelle pitié que le Pourvoyeur si grand et puissant n'ait pas fait preuve ne serait-ce que d'une fraction de la sagesse du jeune Peter Parker [ndlt: Spiderman].
Il leva la tête et s'arrêta de marcher en rond sur la pelouse pour regarder le Pourvoyeur, debout devant lui. Il avait changé d'emplacement comme par magie, démentant sa frêle apparence. "Crois-moi, Harry, personne plus que moi n'a jamais voulu qu'une telle chose arrive. J'ai toujours essayé de faire ce qui me semblait le plus juste."
"Et des milliers d'années plus tard, vous faites à nouveau la même erreur sur Ocampa", dit Harry avec dédain. "Seulement, cette fois-ci, vous avez dû nettoyer votre propre saleté. Personne d'autre autour de vous pour endosser la responsabilité, n'est-ce pas ?"
Le vieil homme ne répondit rien, le visage angoissé, secouant la tête de honte.
"Vous m'avez donné les mêmes aptitudes que votre compagne avait donné aux Sernaix ?" demanda Harry.
"Oui", répondit le vieil homme. "Afin de te permettre d'interfacer directement avec le Dispositif. Cela aurait dû t'apprendre tout ce que tu aurais eu besoin de savoir pour avoir accès à toute les connaissances que je t'avais données. Mais si le Dispositif a été détruit comme tu le dis, alors il faudra que tu apprennes comment avoir accès à ces informations de ton propre chef."
"Mais la capacité d'interfacer avec la technologie Sernaix", dit Harry, une idée se formant dans sa tête. "Vous pourriez me montrer comment faire ça, tout de suite ?"
"Je... Je suppose que oui. Mais pour quoi faire ?"
"Pour m'aider à m'évader ! Pour l'instant, les mêmes gens que vous avez aidés à créer et ensuite abandonnés menacent mon peuple. S'il y a la moindre possibilité que les connaissances que vous m'avez données puissent nous permettre de nous battre, alors je dois retourner là-bas et les partager avec eux."
"De nouveau des meurtres", soupira le Pourvoyeur. "De nouveau la violence."
Harry serra les poings de fureur, debout à quelques centimètres du visage du vieil homme. "Ecoutez-moi! Vous me le devez! Vous avez dit que vous essayiez toujours de faire la chose juste. Et bien, voilà !"
"Mais je ne suis qu'un enregistrement", dit le vieil homme. "Je ne suis pas le vrai Pourvoyeur."
"Mais vous êtes ici pour répondre à mes questions", dit Harry. "Alors je vous pose une question. Comment puis-je faire pour employer les pouvoirs que vous m'avez donnés pour m'échapper ?"
"Je..." dit lentement le Pourvoyeur. "Je vais te montrer comment faire."
 
***
 
Catherine Janeway baissa la tête de dégoût à la vue de la tâche de compote de pommes sur sa poitrine. La criminelle à la cuillère était assise à l'autre bout de la table de dîner.
"Je suis tellement désolée, Capitaine !" se lamenta B'Elanna en arrachant la cuillère des mains de sa fille.
"Laissez-moi vous aider." Tom avança sa serviette en direction du sein gauche de Janeway.
"Non!" crièrent Janeway et B'Elanna à l'unisson. La main de Tom s'immobilisa en comprenant ce qu'il était sur le point de faire.
"Tiens", dit B'Elanna en passant Miral à Tom. "Tu t'occupes de la nettoyer et nous allons nettoyer ce désordre."
Quand Tom revint dans la salle de séjour, une fois Miral changée et langée, les femmes s'étaient déplacées vers le sofa, des cafés chauds dans les mains. Il déposa sa petite fille sur le sol et sortit les cubes que Chakotay avaient fabriqués. Une fois qu'elle fut occupée, il prit son propre café et s'assit sur un fauteuil.
"Barton cause plus d'ennui qu'elle ne le devrait. Je ne veux pas d'elle à l'ingénierie", disait B'Elanna. "Ces allusions qu'elle a faites sur moi à la réunion du personnel étaient complètement injustifiées !"
"Je peux difficilement limiter les mouvements du Premier Officier uniquement parce que vous ne l'aimez pas, B'Elanna", rétorqua Janeway.
"Même si c'est pour sa propre sécurité ?" dit Tom en sautant dans la conversation. Catherine lui adressa un regard interrogatif. "Elle va probablement se calmer. Mais elle n'a aucun tact avec les gens."
"Tom marque un point, là", reprit B'Elanna. "Barton fait toujours des remarques réprobatrices sur ceux du Maquis. Je suis sûre qu'elle le fait exprès, essayant de nous pousser à bout."
"Vous ne pouvez pas la faire transférer ailleurs que sur le Voyager ?" demanda Tom.
Janeway soupira. "Non, je ne peux pas. C'est l'Amirauté qui l'a affectée. Elle dit qu'elle me servira du mieux de ses capacités, mais la vérité est qu'elle est ici pour garder un oeil sur moi. Il ne fait aucun doute que tout ce qu'elle observe sur ce navire est consigné dans un rapport pour l'Amiral Warhol. Si j'avais le choix, Chakotay serait ici et maintenant, pas Barton." Catherine s'affaissa en arrière sur le sofa.
B'Elanna prit la main du Capitaine dans la sienne. "Je regrette aussi qu'il ne soit pas ici."
Miral avait réussi à ramper de l'autre côté de la pièce. Elle regarda derrière elle les adultes. Ils n'avaient pas remarqué son évasion. Stimulée par une sensation de liberté grandissante, elle parcourut le plus vite possible les derniers mètres la séparant de la chambre à coucher du Capitaine.
Le lit était parfaitement fait, la couverture tirée comme il le fallait par-dessus le matelas. Miral s'étira jusqu'à s'accrocher à la couverture et se releva grâce à cette aide. Debout sur ses pieds vacillants, elle regarda autour d'elle. Sur le dessus de la commode se trouvait une image de Chakotay. "Toté ! Veux Toté !"
Miral regarda derrière elle vers la salle de séjour, s'attendant à ce qu'un adulte apparaisse et lui donne l'image. Elle pouvait entendre les voix s'élever dans la pièce adjacente, mais personne ne venait.
"Veux Toté !" exigea-t-elle. Ses poings minuscules se fermèrent et ses sourcils se froncèrent, faisant d'elle une copie miniature de sa mère.
Elle releva la tête vers l'image. La concentration etait visible sur son visage. Le cadre vacilla, menaçant de se renverser, avant de se restabiliser.
Miral fit deux pas en avant, s'approchant encore plus près de la commode. Elle leva les mains. Le cadre se déplaça à nouveau vers le bord puis s'arrêta de bouger. "Veux Toté !" dit-elle, mettant un poing sur chaque hanche. Cette fois, l'image vacilla en avant et tomba sur le sol avec un bruit sourd.
Alertées par un bruit dans l'autre pièce, Catherine et B'Elanna se hâtèrent jusqu'à la chambre à coucher où ils trouvèrent Miral avec l'image de Chakotay dans les mains.
"Comment diable as-tu eu ça ?" demanda Catherine en prenant Miral dans ses bras.
"Toté", dit Miral, joyeuse.
"Oui, c'est Chakotay." B'Elanna rit. "Elle lui manque aussi."
"Remettons Chakotay à sa place." Catherine reposa l'image sur le dessus de la commode et rendit Miral à B'Elanna. "Je ne sais pas comment elle a réussi à l'obtenir", dit Catherine en regardant autour d'elle. "Il n'y a rien sur quoi elle aurait pu grimper."
"Je ne sais pas non plus", admit B'Elanna. "Elle a été bien sage dans notre cabine ces derniers jours." B'Elanna, ne pensant plus du tout à cet étrange événement, sortit de la chambre à coucher, Miral dans les bras.
Catherine secoua la tête une dernière fois d'étonnement, puis les suivit.
 
***
 
Harry concentra son esprit, essayant d'imaginer la frontière qui séparait son corps du reste de l'univers. Ce faisant, il ressentit cette même sensation de picotement qu'il avait éprouvée dans l'incident de la Station Fulton un mois auparavant.
"Oui", dit la voix du Pourvoyeur, qui commençait à disparaître tandis que la concentration d'Harry se faisait plus forte, dépassant cette hallucination interne et atteignant l'univers plus large de l'Habitat Sernaix. "La technologie que les Sernaix utilisent actuellement a divergé énormément de ce que ma compagne et moi leur avons donné, il y a si longtemps. Mais dans le fond, elle fonctionne selon les mêmes principes. Détens-toi et ton corps et ton esprit se connecteront."
"Ca... Ca commence à brûler", gémit Harry, sentant que le picotement devenait une démangeaison gênante, presque douloureuse, et qui s'étendit bientôt dans son corps comme s'il était dans un bain chaud. Alors, la chaleur devint comme un feu brûlant, menaçant de le consumer. "Ca fait mal", s'écria-t-il.
"N'aies pas peur, Harry", lui dit la voix âgée du Pourvoyeur. La grange et le paysage s'étaient effacés de son esprit pour se refondre dans l'ADN d'Harry. "La douleur n'est pas réelle. Ton système nerveux n'a pas l'habitude de ce genre de stimulations sans tes sens pour les filtrer. Donnes-toi quelque temps pour t'y adapter."
"Je n'aurai peut-être pas le temps", cria Harry vers l'obscurité dans laquelle Sycorax l'avait emprisonné auparavant. "Je dois atteindre..."
Et à ce moment, une secousse soudaine passa dans le corps d'Harry, juste quand il mit le doigt sur une conduite de puissance du SEP active. Une lumière brillante enflamma sa vision, l'aveuglant d'un rayonnement blanc. Il pensa d'abord que c'était le Pourvoyeur et une autre de ses hallucinations. Mais la brûlure ressentie dans tout son corps lui disait que c'était quelque chose de différent. La lumière disparut, pour être aussitôt remplacée par... l'immensité du vide.
Aucune image ne pourrait jamais décrire à sa juste proportion l'étendue qui l'entourait. Ce n'était pas seulement l'espace, mais l'espace infini, qui semblait continuer sans limites. Harry était vaguement conscient de trillions des bulles de réalités différentes autour de lui, d'esprits conscients de sa présence, quelques uns curieux, la plupart indifférents. Tous étaient séparés, et pourtant en même temps intimement connectés.
"Je connais cet endroit..." haleta Harry, se sentant perdu dans l'immensité. "C'est le Royaume. Je suis connecté à tout." Il se reconcentra alors vers l'intérieur pour rechercher l'enregistrement du Pourvoyeur. "Que dois-je faire, maintenant ?"
"Maintenant, c'est à toi de décider, Harry", dit la voix, s'effaçant au loin encore plus doucement. "Je t'ai montré ce que je pouvais. J'ai atteint les limites de ce pour quoi j'avais été créé. Je ne connais pas cet endroit. C'est quelque chose que les Sernaix ont créé pour eux. Mais tu y es connecté, désormais."
"Est-ce que je... reparlerai à nouveau avec vous ?" demanda Harry, se sentant plus qu'un peu perdu dans toute cette immensité.
"Probablement pas", dit l'enregistrement. "Mon but était juste de te montrer la voie. Nous supposions que le Dispositif ferait le reste. Maintenant qu'il est détruit, tu devras apprendre par toi-même. Emploies seulement tes dons plus sagement que je... que mon Original ne l'a fait."
"Je ferai de mon mieux", dit Harry, comprenant à peine à quel point il se sentait vraiment perdu.
"Prends garde à toi, Harry Kim", dit la voix âgée, avant de disparaître dans un chuchotement, laissant Harry tout seul, flottant dans l'étendue du Royaume.
Seul et silencieux, Harry essaya de s'étendre, pensant à quelque chose de familier, quelque chose qui lui appartenait. Mais il n'entendait rien. Son seul espoir était qu'Ozymandias, ou quelqu'un dans Starfleet capable de parcourir la bande de fréquences de liaison des Sernaix, l'extirpe de là. Il ne savait même pas quoi dire. Il n'avait aucune idée de l'endroit dans l'univers où il se trouvait physiquement, et donc ne pouvait donner aucune indication de direction. Tout ce qu'il pouvait faire était appeler au secours et espérer que quelqu'un tomberait sur lui.
Harry relâcha un peu sa concentration et l'étendue du Royaume s'éloigna loin de lui. Il sentit son esprit rapetisser tandis qu'il battait en retraite dans son corps et...
Son corps! Harry regarda autour de lui et vit qu'il était de retour dans la pièce sphérique, la prison où Sycorax l'avait placé. Le blocage sensoriel qui l'avait isolé était brisé. Non, pas brisé, comprit-il, mais contourné. Il avait coupé la liaison primitive que les Sernaix avaient fabriquée pour lui, remarqua-t-il, jetant un coup d'oeil vers le bas aux câbles grotesques de liaison branchés dans ses bras et ses jambes. La liaison coupée, Harry s'étira, touchant l'un des câbles, vaguement conscient de son activité. Il tira légèrement le câble de sa prise située sur son avant-bras. Au début, il ne bougea pas. Harry pensa le retirer de force, mais craignit ce qui pourrait arriver s'il faisait cela. Le câble était-il lié à son système sanguin ? Saignerait-il jusqu'à la mort s'il le retirait ?
Non, lui disaient ses sens. Il fit courir un doigt le long du câble. Ils étaient uniquement liés par la prise. S'il désengageait...
Et d'une simple pensée, la commande fut envoyée. Il y eut une torsion au bout de chaque câble, coupant la connexion. Chaque câble sortit de sa prise respective, pendant lâchement de chaque côté d'Harry, le laissant libre. Ses bras grêlés lui faisaient mal, un mal sourd qui était accentué par les pics de douleur à l'emplacement des prises. Ignorant la douleur, qui à la différence de celles qui venaient de son champ corporel, était tout à fait réelle, il se libéra du harnais auquel il était suspendu, se préparant à faire face à tout faux bond.
 
***
 
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent, laissant entrer Janeway. Il y avait déjà quelqu'un. Seven of Nine se poussa sur sa droite, l'air fatiguée et déprimée.
"Capitaine", fit-elle signe de la main devant l'officier supérieur.
"Pont cinq", dit Janeway pour donner ses instructions à l'ordinateur avant de faire face à l'ancienne Borg. "Quand avez-vous dormi pour la dernière fois, Seven ?"
"Je me suis suffisamment régénérée pour fonctionner de façon optimale."
"Peut-être, mais vous semblez fatiguée. Parfois, nous devons faire une pause. Un petit temps mort, même quelques minutes seulement, peut aider à éclairer votre esprit."
Seven observa son ancien mentor, fermant les yeux un instant. "ce sont des mots que je m'attendrais à entendre de la part de Chakotay. Je trouve ironique de les entendre de votre bouche, Capitaine." Seven observa un éclair de fureur passer sur le visage de Janeway et se sentit immédiatement pleine de remords.
"Un sage conseil n'en est pas moins juste parce qu'une personne est absente." Catherine respira profondément et se rappela de rester l'objectif. Seven heurtait par ses propos et parfois les gens répondent violemment quand ils sont blessés. "Avez-vous mangé récemment, Seven ?"
"Je n'ai besoin d'aucune substance nutritive pour le moment."
"Et bien moi, si, et je voudrais que vous vous joigniez à moi." L'ascenseur s'arrêta. Janeway passa son bras sous celui de Seven et la tira. "Venez." Ils franchirent en silence la distance qui les séparait des quartiers du Capitaine.
Seven jouait avec ses aliments dans l'assiette du bout de sa fourchette. Elle leva la tête quand Janeway parla. "Nous avons toutes les deux le même problème, vous savez. Peut-être pouvons-nous nous aider."
"Je ne comprends pas."
"L'amitié est un bien précieux, Seven. Parfois, nous considérons cela comme acquis quand nos amis sont tout proches, mais en leur absence, le véritable don de l'amitié est ressenti plus intérieurement."
Seven leva un sourcil de réflexion. "Je crois que le vieil adage terrien dit que l'absence rend le coeur plus sentimental."
"Oui", consentit Catherine.
"Le Commandeur Chakotay vous manque."
"Je ne me référais pas à ma situation, Seven. Mais oui, Chakotay me manque effectivement plus que je ne suis capable de l'exprimer. J'ai l'impression d'être incomplète sans lui à mes côtés. Mais c'est pour vous que je m'inquiète le plus. Je pense qu'Harry vous manque de la même façon que Chakotay me manque."
"Je n'aime pas ressentir ces émotions. Je m'inquiète que cela n'obscurcisse mon jugement, à cause de mon désir de voir Harry revenir sain et sauf." Seven repoussa l'assiette devant elle. Finalement, elle abandonna l'idée de vouloir manger. "J'ai perdu des amis auparavant, mais c'était différent. Je n'étais pas affligée de ces émotions humaines." Seven cracha les derniers mots avec dégoût.
Ca s'appelle l'amour, pensa Catherine.
"Vous avez perdu des gens qui vous étaient chers. Est-ce pour cela que vous avez gardé vos distances avec le Commandeur Chakotay à bord du Voyager, Capitaine ?"
Catherine estima qu'ils s'aventuraient sur un terrain un peu trop glissant. La courte aventure de Seven avec Chakotay l'avait blessée. Elle ne voulait pas qu'on lui rappelle cette vieille blessure. Elle ne voulait pas non plus refaire le passé qui aurait pu être.
"Non, Seven, il y avait d'autres raisons." Elle secoua la tête. "Le défi est de ne pas laisser votre inquiétude pour Harry vous contrôler. Vous devez trouver un équilibre. Il est important de reconnaître vos sentiments. Les ignorer pourrait faire plus de dégâts que de laisser couler quelques larmes. Je voulais juste que vous sachiez que je suis disponible si vous avez besoin d'une épaule pour vous y reposer." Catherine se pencha en avant et plaça sa main sur celle de Seven.
"Merci, Capitaine", dit Seven en levant la tête vers Janeway. "Ce genre de discussions que nous avions pendant un temps m'ont manqué. Cela fera du bien de revenir à une relation franche comme avant. Je me suis sentie si seule, ces derniers jours."
"Oh, Seven", dit Janeway en serrant la main de la jeune femme. "Vous n'étiez jamais seule."
Le son du communicateur de Catherine interrompit la conversation polie. "Vorik au Capitaine Janeway."
"Ici Janeway."
"Capitaine, pardonnez mon intrusion, mais Ozymandias était des plus insistants pour que vous et Seven of Nine soyez appelées."
"Pourquoi ?" demanda Seven, inquiète. "Qu'y a-t-il de si urgent qui requiert notre attention immédiate ?"
"Il semblerait", dit l'officier Vulcain par l'intercom, "qu'Ozymandias ait détecté un appel de détresse du Lieutenant Kim. Il est effectivement à bord de l'Habitat Sernaix. Et il appelle au secours."
 
***
 
"Adimha", annonça l'Esprit d'Habitat à sa maîtresse. "J'ai perdu tout contact avec le sujet humain de la chambre d'interrogation."
"Perdu tout contact ?" Sycorax leva la tête de ses observations privées de la chasse au navire de Janeway. "Etes-vous en train de me dire que l'homme est mort ?"
"Je dis qu'il n'y a plus aucun contact avec lui. La raison est inconnue."
"Alors trouvez ce qui ne va pas !" hurla Sycorax face au vide devant elle. "Envoyez deux drones pour jeter un coup d'oeil. C'est peut-être juste un problème avec l'appareil de liaison."
"Oui, Adimha."
La massive Sernaix renifla avec dégoût. "Je ne vois pas pourquoi j'ai besoin de vous donner des instructions là-dessus. Etes-vous déjà fatigué de l'entretien de mon Habitat ?"
"Je dois admettre que je ne trouve plus que les interactions avec le monde physique me soient nécessaires comme elles l'étaient autrefois, Adimha. Je crois que je migrerai dans le Royaume quand mon contrat aura expiré."
"Alors faites-le!" cracha-elle de dégoût. "Contentez-vous d'envoyer ces drones régler le problème. Ce n'est pas comme s'il était en réalité capable de s'échapper."
 
***
 
Les pieds d'Harry touchèrent le sol vitreux et doux, faisant se répercuter la douleur de sa jambe jusque dans son dos. Le fait que la pièce sphérique soit faite de cette matière vitreuse pratiquement sans friction rendait les choses encore pires, l'empêchant presque de se tenir debout.
Il réfléchit à la possibilité de regrimper jusqu'à son harnais qui s'élevait au centre de la pièce, et de s'accrocher alors à l'un des câbles pour se balancer de l'un à l'autre jusqu'à la sortie. Mais ses genoux lui faisaient trop mal, il doutait d'avoir la force de faire cela.
A ce moment, l'une des portes de sortie se dilata et Harry entendit le cliquetis de centaines de petites jambes marcher au pas dans la pièce. Deux drones robots se glissèrent à l'intérieur, tous deux ressemblant à des oursins biomécaniques à l'aspect métallique. Ils concentrèrent immédiatement leurs détecteurs sur Harry et se mirent en route dans sa direction. Il leva sa main pour se protéger le visage, apeuré par les pointes affûtées situées au bout de chacun des minuscules bras. Mais avant qu'ils ne puissent attaquer, les deux robots s'arrêtèrent net en chemin et restèrent immobiles, comme s'ils attendaient quelque chose.
Le corps d'Harry le picotait à nouveau et il réalisa qu'il projetait toujours inconsciemment un champ de force personnel. Les deux drones répondaient sans aucun doute à ce phénomène, croyant peut-être qu'il était lui-même un Sernaix. Prenant avantage de la situation, Harry réfléchit à cette idée. Il avait observé comme les deux robots se déplaçaient facilement sur les pentes glissantes des murs incurvés. Il pourrait peut-être utiliser cela à son avantage. Il les contourna complètement et passa ses bras autour de chacun des deux drones. Essayant de visualiser la sortie et la projetant en dehors de son corps, il remit en route les robots, se faisait traîner le long des parois de la sphère. Ces bras le lançaient de douleur, surtout en ressentant les membres effilés frapper le sol et résonner contre ses propres membres fragiles. Mais cela valait le coup d'endurer cela. Ce qui épatait Harry, c'était qu'il n'y avait pour le moment aucune alarme déclenchée, ni même de gardes de sécurité en vue. A part les deux robots, il semblait que personne dans les parages ne soit au courant qu'il s'était échappé.
Il ne lui restait plus maintenant qu'à trouver le chemin de la sortie, voler un vaisseau et alors miraculeusement savoir quel cap prendre pour rentrer vers chez lui.
Cela n'avait rien d'un défi très compliqué, pensa-t-il avec ironie.
 
***
 
"Capitaine sur la passerelle!", annonça Tom quand Janeway sortit de l'ascenseur pour se diriger vers son fauteuil de commandement. Comme elle s'y attendait, le Commandeur Barton était déjà assise sur son siège. Elle se débrouillait toujours pour arriver avant elle, pensa Catherine.
"Au rapport", dit-elle à Tuvok, tandis que ses yeux se portaient sur l'écran principal et le tunnel verdâtre féerique du conduit transdirtorsionnel dans lequel ils se déplaçaient.
"Nous sommes à environ cinquante années-lumière des coordonnées fournies par Ozymandias, juste au-delà du rayon d'action des détecteurs de l'Habitat", rapporta Tuvok. "Nous nous préparons à sortir de transdirtorsion."
Janeway hocha la tête et se retourna vers Tom au pilotage. "Monsieur Paris, sortie à mon commandement. Dès que nous aurons passé la transition, engagez le système de camouflage." Une partie d'elle-même trouvait que les choses ne se passaient pas comme il le fallait. Des années d'habitude et d'entraînement avaient renforcé sa conviction que les vaisseaux de Starfleet ne furetaient pas comme des Romuliens, que lorsque s'engageait une bataille, ils se battaient face à face et fièrement. Mais en temps de guerre, l'idéalisme était malheureusement la première chose qui était sacrifiée. Et le bureau du juge général avait décidé que le système de camouflage du Voyager ne constituait pas techniquement une violation du traité d'Algeron, puisqu'il était basé sur des principes totalement différents empruntés aux Sernaix, plutôt que sur ceux utilisés par les Romuliens. Mais même ainsi, cela la rendait malade de donner cet ordre.
"Oui, Madame", répondit Tom.
"Continuerons-nous en distorsion normale pendant le reste du trajet jusqu'à cette forteresse que nous allons attaquer ?" demanda Barton avec impertinence. "Même camouflés, il y a un risque que les senseurs des Sernaix puissent détecter les ondes de résonance de nos champs de distorsion. Ces quinze années-lumière pourraient bien devenir un voyage des plus dangereux."
"Nous n'utiliserons pas la distorsion classique, Commandeur", annonça Janeway. "Dès que nous serons passés en mode furtif et que nos armes seront déployées, nous parcourrons le reste du trajet en courant de glisse."
Tous les yeux se tournèrent vers elle de surprise. Même l'expression détachée et froide de Barton semblait inhabituellement perplexe. Le courant de glisse était quelque chose que l'on utilisait pour couvrir de vastes étendues de plusieurs milliers d'années-lumière dans un délai raisonnable. Mais un saut de puce cosmique de cinquante années-lumière ? "Capitaine", dit Tuvok d'un ton montrant une subtile inquiétude, "sachant le peu d'expérience que nous avons du pilotage de vaisseaux en courant de glisse, serons-nous capable de naviguer à des vitesses si importantes sur une distance relativement si petite ?"
"C'est un risque, je vous l'accorde", dit Janeway. "Mais nous prendrions un risque encore plus important de la parcourir en distorsion classique en étant au beau milieu d'un territoire hostile alors qu'il y a des centaines de navires Sernaix là dehors, à notre recherche. Notre meilleur espoir de secourir Harry est de prendre Sycorax par surprise avant que cinquante vaisseaux de bande ne se mettent sur notre route pour la défendre."
"Capitaine", dit Tom, "je me suis entraîné pendant des centaines d'heures sur des simulations de vol en courant de glisse pendant notre voyage dans le Quadrant Delta. Si ce vaisseau peut encore mieux résister que l'ancien Voyager, alors je pense que je peux l'emmener s'arrêter sur une pièce de dix cents si vous me le demandez."
"Merci, Lieutenant", dit Catherine fièrement en souriant. L'équipage autour d'elle semblait déterminé. C'était un risque, mais ils n'hésiteraient pas à tenter leur chance si elle le leur demandait.
Voilà, pensa-t-elle triomphalement à l'attention du Commandeur Barton, ce que signifiait le terme 'famille'.
 
***
 
"Il a quoi ?" hurla Sycorax tout en flottant à nouveau dans son agréable simulation de Nesaqa, ondulant de haut en bas dans les lents courants marins.
"L'Humain s'est échappé, Adimha", rapporta l'Esprit d'Habitat. "Il ne se trouve plus dans la chambre d'interrogation. J'essaye actuellement de le localiser."
"Essayez ?" cracha-t-elle, affichant un schéma de l'Habitat devant elle, montrant son agencement de couloirs et de chambres. "Comment pouvez-vous ne pas savoir où il se trouve ?"
"Il masque mes détecteurs dans les couloirs situés hors du secteur central de l'Habitat. Je n'arrive pas à expliquer comment il fait cela. Mes tentatives d'envoi de robots pour l'intercepter n'ont pas abouti à un succès. Les robots ont disparu."
"C'est impossible ! Comment un frêle humain peut-il s'être libéré de ses entraves et errer librement dans les couloirs ? Envoyez plus de robots pour le capturer ! Appelez à l'aide la bande pour la recherche ! S'il faut que des mâles se baladent dans mes couloirs, alors qu'il en soit ainsi ! Mais je veux cet Humain vivant et..."
"Adimha", l'interrompit l'Esprit. "J'ai un contact en provenance d'un détecteur situé en dehors de l'Habitat. Un vaisseau engage actuellement le combat contre vos forces de sécurité." Sycorax se retourna d'un coup quand son champ de vision se transforma pour afficher une grille tactique extérieure. Un nouveau vaisseau venait de sortir de courant de glisse, complètement indétecté, et décélérait brusquement à moins de cinquante mille kilomètres de distance.
"Le Voyager !" cracha-t-elle, en voyant le vaisseau agrandi devant elle. Elle observa ce nouveau vaisseau avec ses influences reconnaissables Sernaix et ses nacelles d'armement étendues. "Armez toutes les défenses extérieures !"
"Adimha, nous sommes appelés", annonça l'Esprit à voix basse. Une image apparut au milieu du champ de vue, celle d'une femme humaine semblant folle, Janeway en personne.
"Ici le Capitaine Catherine Janeway du vaisseau stellaire Voyager", se présenta fièrement l'humaine. "Je présume que j'ai l'honneur de m'adresser à l'Adimha Sycorax ? Vous détenez l'un de mes officiers. Je suis venu le chercher. Je sais qu'il est à bord de votre station. Abaissez vos boucliers et laissez-moi le téléporter jusqu'à nous."
Sycorax en laissa tomber sa lourde mâchoire d'étonnement. Depuis des millénaires, les Sernaix avaient été les maîtres incontestés de leur univers de poche, faisant trembler de peur les races plus faibles. Et ce semblant de femme dans son ridicule vaisseau lui lançait des menaces ? Incroyable ! Cette sorte de bravade aurait amusé les mâles, mais l'Adimha du Cadre de la Direction ne l'était pas le moins du monde.
"Vous osez venir dans mon domaine me parler comme si vous étiez mon égale ?" lui rétorqua violemment Sycorax. "Vous n'êtes rien, Janeway ! Et vous n'aurez rien de moi !"
Janeway ne paraissait pas ébranlée par ces paroles. "Adimha, nous avons fait échec à de plus gros calibres que vous et vos chiens d'attaque. Si vous n'abaissez pas vos boucliers, alors nous viendrons chercher notre homme, et nous ne serons pas de bonne humeur."
Furieuse, Sycorax coupa instantanément la transmission. Elle se retourna pour s'adresser à l'Esprit de l'Habitat. "A quelle distance se trouvent les vaisseaux de bandes les plus proches ?"
"Il y a six vaisseaux qui semblent avoir détecté la décélération du Voyager et qui sont en train de changer de trajectoire pour l'intercepter."
Passez-les moi sur l'écran tactique !" exigea-t-elle. Sycorax sourit avec joie à la vue des six croix rouge se rapprochant rapidement vers le vaisseau. Bientôt, ils règleraient vite fait le sort de Janeway et de son vaisseau. Mais avant que cela n'arrive..."
"Trouvez Harry Kim", ordonna-t-elle. "En espérant que le Voyager soit toujours en un seul morceau lorsque nous en aurons fini avec lui, assurez-vous de leur téléporter ses restes."
"Comme vous le désirez, Adimha."
 
***
 
"Tirez aux canons à Tachyons", commanda le Capitaine Janeway, alors que la passerelle se mit à bourdonner d'activité quand le vaisseau fut attaqué et que la sirène de l'alerte rouge retentit en fond.
Le vaisseau stellaire Voyager, ses pics de courant de glisse déployés, tira un barrage de brillants éclairs bleus d'énergie tachyon sur l'éclaireur Sernaix attaquant. L'impact affaiblit temporairement ses boucliers, assez longtemps pour permettre la phase suivante de l'attaque.
"Torpilles quantiques lancées, Capitaine", dit l'Officier tactique, tandis que le train de projectiles d'énergie frappa le petit vaisseau dérouté, infligeant des dommages significatifs à sa coque principale.
"Leur condensat de coque se déstabilise en trois endroits", annonça Sam Wildman depuis la console scientifique.
"Feu à nouveau", commanda Janeway. "Visez les zones affaiblies. Rayons phaseurs type II à puissance maximale."
La passerelle poussa des cris de joie quand leur nouvel armement amélioré, atteignant l'éclaireur estropié, rompit le matériau photonique de coque et libérant une décharge d'énergie déstabilisatrice qui engloba le vaisseau entier. Leur premier engagement en solo contre un vaisseau Sernaix, pensait fièrement Janeway. L'ennemi avait prouvé qu'il était vulnérable, finalement.
Mais un éclair brillant d'énergie sur l'écran principal interrompit la liesse du moment. "L'Habitat fait feu. Torpilles multiphasiques arrivant par trois marque deux en approche."
"Manoeuvres d'évitement", commanda Janeway.
"Capitaine", dit le Lieutenant Kruger depuis la station de cartographie stellaire. "Je détecte six déplacements d'onde de courant de glisse à zéro marque cinq."
"Des renforts", observa Tom, désabusé, tout en essayant d'esquiver la masse des tirs venant du vaisseau Habitat à l'allure menaçante.
"Ne restons pas dans les parages plus longtemps que nécessaire", dit Janeway. Elle se tourna vers la console scientifique. "Sam, avez-vous un verrouillage sur Harry, maintenant ?"
"Je déploie les nouveaux détecteurs Sernaix, Capitaine", dit le Lieutenant. "C'est agréable de pouvoir enfin voir ce qu'il y a à l'intérieur de ces choses."
"Est-ce que vous l'avez ?"
"Je détecte deux formes de vie organiques", dit Sam.
Seulement deux, pensant Janeway, surprise. L'Habitat devait mesurer bien plus de deux kilomètres de large. D'après les standards de la Fédération, il était difficile d'imaginer qu'une structure si grande ne pourrait être construite que pour servir de maison privée à quelqu'un, même si elle était complètement automatisée. Mais d'un autre côté, la population Sernaix s'était réduite à un tout petit nombre et ils ne formaient pas de communautés dans le sens humain du terme.
"L'une est définitivement Sernaix", continua Sam Wildman. "L'autre... c'est Harry Kim ! Il est à bord et il est vivant !"
"Dieu soit loué", s'exclama Janeway. "Pouvons-nous le téléporter hors de là ?"
"Leurs boucliers sont levés, Capitaine", rapporta le Lieutenant de la console des opérations. "Les téléporteurs ne peuvent pas le transporter tant qu'il se trouve derrière."
"Capitaine, les six vaisseaux Sernaix se rapprochent", dit Tuvok. "Je détecte deux croiseurs et quatre éclaireurs. Ils arment leurs défenses."
"Préparez-vous à l'affrontement", commanda Janeway. "Nous allons devoir faire un trou dans les boucliers de l'Habitat si nous le pouvons. Parallèlement, nous allons retenir les attaquants aussi longtemps que possible."
"Six vaisseaux ?" dit Tom. "Plus facile à dire qu'à faire. Je ne peux réussir de manoeuvres d'évitements que pendant un certain temps."
Puis, dans le chaos général, une voix inattendue retentit. "Vous pourriez essayer de lancer un barrage de torpilles quantiques dans une formation en delta", dit le Commandeur Barton. "Puis, quand ils se disperseront, tirez des salves concentrées de faisceaux sur les deux côtés, dans leurs vecteurs d'approche restants."
Janeway se retourna sur sa gauche de surprise en entendant le conseil de Barton. Est-ce que son Officier exécutif, après avoir causé tant de discorde durant toute la mission, essayait bien de suggérer quelque chose d'utile ? "Je vous écoute", dit Catherine.
Barton regarda autour d'elle, l'expression froide et assurée. "Les Sernaix suivent une stratégie d'attaque similaire à celle utilisée par les Breens durant la guerre du Dominion. Avec la physique d'une telle approche à haute vitesse, ils n'ont qu'un nombre limité de vecteurs possibles quand leur formation se sépare en deux. Utilisez les torpilles pour créer une brèche au milieu..."
"Et alors nous tirerons aux rayons à tachyons une fois qu'ils seront alignés", dit Janeway, finissant sa pensée, impressionnée malgré elle par le savoir tactique de son Officier. "Commandeur, je pensais que vous étiez opposée à l'idée de cette mission."
"Je le suis toujours", répliqua Barton avec suffisance. "Mais même ainsi, je n'ai absolument aucune envie de mourir ici."
Janeway acquiesça, n'appréciant toujours pas son Premier Officier, mais remerciant au moins le fait qu'elle prenne part à leur combat. "Monsieur Tuvok, lancez les torpilles quantiques suivant les directives du Commandeur Barton." Il n'avaient aucune garantie que cela puisse stopper l'ennemi, mais au moins, cela les ralentirait.
"Lancées", dit Tuvok, tandis que l'écran principal montrait les torpilles en chemin. Comme prévu, les attaquants se séparèrent en deux pour éviter la vague en V lancée contre eux. Ils s'alignèrent selon deux lignes et les rayons jumeaux émis par les réseaux de phaseurs du Voyager visèrent les vaisseaux de tête. Celui de gauche, un croiseur, rebondit sous l'impact quand sa coque photonique libéra un éclair violent, accusant le coup. Le vaisseau de droite, un éclaireur, subit un coup beaucoup plus violent. Toute sa coque s'illumina pendant un instant avant de se désintégrer. Les navires restants durent virer de bord en urgence pour éviter une collision à haute vitesse.
Encore une nouvelle victoire, pensa fièrement Janeway. Le vent tournait en leur faveur.
A cet instant, les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et Seven of Nine pénétra sur la passerelle. Son visage montrait de l'inquiétude, mais aussi de la détermination, ainsi que la possibilité d'un espoir.
"Seven, je pensais que vous étiez à l'ingénierie", dit Janeway.
"Le Lieutenant Torres et Ozymandias ont les choses bien en main", dit l'ancienne drone. "Est-ce qu'Harry...?"
"Il est vivant, dans l'Habitat", dit Janeway. "Mais nous allons devoir déployer une forte puissance de feu pour abaisser leurs boucliers."
"C'est précisément ce dont j'étais venu discuter", dit Seven. "Je crois que je connais un moyen d'y arriver. Il est peut-être temps de montrer aux Sernaix comment nous avons amélioré notre technique du Kep'Tak'Nel."
 
***
 
Harry était en sueur, les brûlures et les démangeaisons se propageant à travers tout son corps. Il ne savait pas combien de temps il entretenait son champ de force personnel sans interruption, mais cet effort l'éreintait. Il avait désespérément faim, soif, envie de dormir, ou simplement ne rien faire. Seule l'adrénaline et le désir de s'échapper maintenaient sa force.
Il courait le long des couloirs de l'Habitat vide, devançant toujours l'armée de drones robots. Il se souvenait combien les couloirs des installations Sernaix semblaient être disposés sans aucun ordre ou sens. Mais cette fois, les choses étaient différentes. Avec son champ de force personnel activé, Harry pouvait voir tout ce qui lui avait été invisible durant sa mission d'exploration à bord du navire d'Ozymandias plusieurs mois auparavant. Des panneaux de contrôle flottants sur les murs, des icônes directionnelles rotatives, des images abstraites qui apparaissaient aux yeux d'Harry tels des tableaux d'art, le tout ressortant dans des couleurs vives sur les murs noirs, lisses et incurvés seulement éclairés par la lumière crue des néons.
Pendant une fraction de seconde, il se demanda si Seven, avec sa vision amplifiée, aurait été capable d'apprécier tout ceci. Penser à elle ne fit que renforcer son désir de s'échapper. Pouvaient-ils avoir un futur tous les deux ? Qui pouvait le dire ? Mais c'était un futur possible qui valait le coup d'être exploré, car son coeur se mettait à battre la chamade à la seule pensée d'être à nouveau avec elle.
Glanant ce dont il avait besoin dans l'environnement ultra-riche en informations qui l'entourait, Harry essaya de voir s'il pourrait interpréter quoi que ce soit là-dedans. Sycorax lui avait laissé son communicateur avec son traducteur universel incorporé, sachant qu'il n'y avait personne autour de lui capable d'utiliser ce système. Voyant le flot de données qui inondait les murs, il se demanda comment les Sernaix pouvaient filtrer un tel méli-mélo d'informations. Comme tout le reste, c'était une aptitude qu'il devrait apprendre par lui-même, progressivement. Y accédant avec précaution, Harry vit que la plus grande partie des informations était sans aucune utilité et concernait entre autres choses des données sur le statut de l'Habitat, des nouvelles du Royaume ou des données médicales sur Sycorax. Rien ne semblait particulièrement bien organisé et spécifique à son cas. Mais après tout, il ne savait probablement pas comment lire cela ou y accéder correctement.
En se concentrant, une information pertinente lui apparut. Le Voyager ! Il était là, au coeur d'une bataille rangée se déroulant à courte distance au dehors. Si seulement il pouvait les contacter, leur dire qu'il était toujours vivant. Mais ses pensées furent interrompues par le bruit de dizaines de robots multi-bras rampants qui venaient vers lui. Harry essaya de faire... et bien, exactement ce qu'il avait fait jusque là. Mais ils n'étaient plus influencés ou dupés par la protection de son champ de force personnel. Sycorax était sur son dos et arrivait pour le récupérer. Il essaya de les éviter, courant dans un couloir derrière lui, mais s'arrêta tout de suite quand il vit que le passage était fermé, formant un cul de sac.
Des deux côtés, elle lui avait coupé la route, le forçant à retourner jusqu'à un tournant à l'entrée. Le maintien du champ de force personnel l'affaiblissait au plus haut point, jusqu'à ce que finalement, il s'écroule sur ses genoux, essayant de respirer et d'ignorer la douleur et les brûlures qui blessaient son corps. Harry Kim avait atteint ses limites physiques.
Quand les drones robots l'encerclèrent de façon menaçante, les membres de quelques uns d'entre eux commencèrent à rayonner. Un champ de projection holographique se générait en l'air au-dessus d'eux, se réglant en netteté, jusqu'à ce que le visage larvaire à l'allure d'autosatisfaction de Sycorax apparaisse devant lui.
"Pensais-tu vraiment que tu pouvais m'échapper, petit ?" lui ricana-t-elle au nez. "Où pourrais-tu aller ? Où pourrais-tu te cacher ? Cet Habitat, et tout ce que tu vois, est une extension de ma volonté."
"Cela ne m'inclut pas !" cria Harry avec défiance. "Je ne suis plus la marionnette de personne désormais !"
"Oh, au contraire, cela t'inclut tout particulièrement", ajouta-t-elle cruellement. "Je ne sais pas comment tu t'es libéré de tes liens, mais tu ne t'échapperas pas une seconde fois. Alors maintenant, ne me force pas à ordonner aux robots de te faire mal, Harry. Je peux rendre ta mort des plus pénibles. Si tu te laisses faire bien sagement, je m'assurerai que le balayage mental soit rapide et exempt de tout stimulus de douleur."
A ce moment, Harry serra les poings et la mâchoire de fureur. Il ne pensait plus à rien d'autre qu'à la douleur et à regagner un peu de la dignité que ce monstre sadique lui avait retirée. Il se souvenait de l'époque où il avait été à bord du vaisseau-prison des Akritiriens et des implants de douleur qu'ils lui avaient donné à lui et à Tom dans l'unique but de les rendre fou. Cela avait été la plus intense sensation de douleur qu'il avait jamais ressentie. Il fit appel aux souvenirs les plus douloureux de l'agonie qu'il avait endurée, se concentra pour délivrer un foudroyant éclair mental et se verrouilla sur le visage holographique avec une résolution des plus fermes.
"C'est ce qu'il y a de bien dans le Royaume", dit-il férocement. "Tout est possible !" Il se précipita alors d'un coup sur les deux plus proches robots et saisit une douzaine de leur bras filiformes par dessous leur carapace. "Et tout est connecté !" Sur ce, il libéra ses pensées de douleur et les partagea par l'intermédiaire de son champ de force personnel avec Sycorax, utilisant ses dernières forces.
Le tyran obèse poussa un cri de douleur inhumain et son image holographique fluctua brièvement avant de regagner sa netteté. Tandis qu'elle se recomposait, Harry était sur le point de s'évanouir. Mais il trouva cependant assez d'énergie pour lever la tête et regarder les flammes de fureur dans ses yeux alors qu'elle le regardait par terre, rendant son jugement.
"Infâme petit rôdeur !" lui siffla-t-elle. "D'abord, je vais te découper en tranches, et ensuite je te scannerai ! Ton agonie sera ma..."
Mais un bip provenant du communicateur d'Harry lui coupa la parole en plein milieu de sa phrase. "Harry, accrochez-vous à quelque chose", fit la douce voix de Seven of Nine.
Et l'univers entier trembla juste avant qu'Harry ne s'évanouisse.
 
***
 
"Feu, encore !" ordonna Janeway.
Et le Canon Kep, la version améliorée par la Fédération de l'arme Kep'Tak'Nel des Sernaix, et accessoirement l'arme la plus puissante de l'arsenal du Voyager, tira un rayon éblouissant d'énergie vers l'Habitat Sernaix, suivi immédiatement de trois torpilles quantiques. La structure était suffisamment blindée pour résister aux impacts répétés sans subir de dommages significatifs. Mais c'était suffisant pour perturber les boucliers d'une partie de l'Habitat pendant assez longtemps, permettant au Voyager de se verrouiller sur le communicateur d'Harry et de lancer sa téléportation.
Quand Sycorax se déchaîna par l'entremise de la furie des milliers de lames aiguisées des robots, il n'y avait plus rien ici à découper.
 
***
 
"Téléportation réussie", rapporta le Docteur depuis l'intercom. "Il est inconscient, mais vivant. Je commence à le soigner dès maintenant."
Janeway et Seven se regardèrent toutes deux avec une expression de soulagement et de gratitude. Mais le répit fut de courte durée. La sonnerie de l'alerte rouge retentit.
"Capitaine", dit Tuvok. "Les quatre vaisseaux Sernaix intacts se regroupent pour un nouveau passage à zéro marque zéro deux."
"Je détecte une signature énergétique !" cria le Lieutenant Wildman. "L'Habitat arme ses cannons Kep !"
"Ils verrouillent leur cible", annonça Tyrell.
Janeway réfléchit à toute vitesse en se concentrant du regard sur l'écran principal, qui montrait en vue arrière les quatre vaisseaux attaquants. Il s'agissait d'un seul croiseur escorté par trois éclaireurs. "Monsieur Paris, programmez une trajectoire sur le zéro marque zéro deux, vitesse de distorsion neuf. Préparez-vous à sauter en transdistorsion."
"Madame ?" Tom leva la tête, désorienté, tout en programmant la nouvelle course. "C'est une trajectoire de collision avec nos attaquants."
"Zéro marque zéro deux, Lieutenant", répéta-t-elle fermement. "Préparez-vous à ouvrir un conduit à mon commandement."
"L'Habitat se prépare à faire feu !" cria Sam. "Ils lancent une salve de torpilles multiphasiques."
"Zéro marque zéro deux, en approche", rapporta Tom. "Nous sommes en distorsion neuf."
"Le croiseur a verrouillé sa cible", dit Tuvok, d'une voix un peu forte mais claire.
Janeway attendit juste une fraction de seconde, puis, quand le moment fut parfait, donna son ordre. "Tom, transdistorsion. Maintenant !"
Il fallut moins d'une seconde, et quand l'Habitat tira avec ses puissants cannons Kep et lança une série de torpilles, la cible visée avait disparu dans un tunnel vert tourbillonnant, dans les profondeurs de l'espace transdistorsionnel. A la place de leur cible, la volée de tirs alla droit sur la flotte des nouveaux attaquants. Deux des éclaireurs parvinrent à virer de bord à temps, mais le troisième n'eut pas autant de chance. Il fut frappé par une des torpilles. Le croiseur prit de plein fouet l'un des rayons Kep'Tak'Nel et se disloqua dans un éclair violet de débris et d'énergie.
 
***
 
Sycorax flottait dans sa bulle d'observation, l'esprit ressemblant à un bouillonnant chaudron de furie et de rage. Elle avait été battue et prise pour une folle au cœur même du Royaume. Ses plans, préparés avec tant de soins, commençaient à se retourner contre elle. La rumeur de l'impossible victoire du Voyager s'était répandue à travers tout le Royaume dans toutes les bandes. C'était en train de devenir une légende, le sauvetage de l'Etre Touché et la bataille qui l'avait accompagné exagérés à chaque transmission. Et chaque fois qu'elle était racontée, l'histoire grandissait encore plus Janeway, alors que sa stature à elle en était diminuée d'autant. S'il y avait une chose que les mâles aimaient encore plus que de se battre, c'était une bonne histoire.
La Terre, la Fédération, l'Ennemi, tout cela était passé au second rang. La chasse du Voyager était maintenant devenue la priorité numéro un des bandes, qui voulaient désormais engager et battre le vaisseau légendaire qui avait ridiculisé l'Adimha du Cadre de la Direction. Savoir que Janeway ne trouverait plus aucun répit n'était pas d'un grand réconfort pour Sycorax, qui avait perdu la face d'une manière aussi humiliante dans cette aventure. La formidable aura d'invincibilité qu'elle avait tissée au fil des années avait été balayée. Elle allait être affaiblie désormais et ceux qui voulaient sa place allaient profiter de la situation. Elle se défendrait, naturellement, et elle gagnerait. Mais il lui faudrait du temps pour regagner ce qui avait été perdu.
Comment cela avait-il bien pu arriver ? C'était entièrement la faute de cet humain, Harry Kim, jura-t-elle intérieurement, et de son mystérieux savoir. D'une manière ou d'une autre, il avait réussi à l'exploiter pour son bénéfice personnel, et ce faisant l'avait distraite, au moment même où cet ultime savoir, ce pouvoir, avait failli être à elle.
Elle ne laisserait pas les bandes les avoir avant elle, se promit-elle. Elle retrouverait le Voyager, toute seule si elle le devait. Et le résultat serait vu par tout le Royaume. A ce moment-là, ils la craindraient comme jamais ils ne l'avaient craint auparavant.
 
***
 
Harry grogna en reprenant lentement conscience. Son corps lui faisait mal de partout, mais pas de la même façon qu'avant.
"Vas-y doucement, mon gars", lui dit une voix familière amicale quand sa vue retrouva sa netteté et s'ajusta aux lumières qui l'entouraient. "Nous avons eu deux jours plutôt difficiles."
"T... Tom ?" parvint à dire Harry. "Où... Où suis-je ?"
"Vous êtes à bord du Voyager, Harry", dit le Capitaine Janeway. "Et nous sommes tous contents de vous avoir à nouveau parmi nous." Harry finit de se réveiller et vit Janeway, le Docteur, et d'autres membres de Starfleet qui s'activaient. Tom et B'Elanna étaient là et ils étaient en uniforme de Starfleet de la tête aux pieds.
"Le Voyager ?" dit-il, confus. "Comm... Comment ? Je pensais que... Je... Tom, comment toi et B'Elanna avez-vous...?"
"Il y a eu quelques changements depuis que tu as été enlevé, Harry", dit une voix grave et délicieuse, juste à côté de B'Elanna. C'était celle de Seven of Nine. Son coeur loupa un battement quand il la vit et il ne put s'empêcher de sourire, même si cela arrachait une douleur des muscles de son visage.
"Seven, je..." essaya-t-il de dire en s'asseyant. Mais son corps tout entier lui fit part de ses douleurs par la même occasion.
"Allons, allons, Lieutenant", le mit en garde le Docteur. "Vous avez traversé là une dure épreuve. Votre corps a besoin de temps pour se soigner. Nous avons réussi à retirer ces interfaces neurales que les Sernaix vous avaient implantées, sans parler de restaurer votre niveau nutritionnel. Vous étiez littéralement affamé et déshydraté quand nous vous avons retrouvé." Il se pencha alors et sourit d'un air machiavélique. "Mais ne vous inquiétez pas, Monsieur Kim", reprit-il. "Je suis certain que vous serez en bonne condition bien assez tôt. Du moins jusqu'à votre prochaine visite à l'infirmerie."
"Euh, merci, Doc", dit Harry. Il regarda alors lentement tout autour de lui dans la pièce, cherchant où il se trouvait. "Dites, c'est le nouveau vaisseau, n'est-ce pas ?"
"Le nouveau Voyager", dit Tom fièrement. "Il a encore quelques bugs à corriger, mais c'est déjà un joli jouet efficace."
"Nous serons tous heureux de t'en faire faire un tour, une fois que tu seras debout et rétabli", dit B'Elanna.
"Je... Je voudrais juste... Merci, merci à vous tous", dit Harry. "Je veux dire... Je n'arrive pas à croire que vous êtes venus tous ensemble pour me chercher."
"Un Capitaine ne laisse jamais un membre d'équipage en arrière", dit chaleureusement Janeway. "Surtout quand il est de la famille."
Harry sourit aux paroles du Capitaine en regardant ces gens qui avaient constitué une grande partie de sa vie. Oui, pensa-t-il, c'était exactement ce qu'ils étaient. Une famille.
"Capitaine, je..." essaya-t-il de dire. "J'ai tellement de chose à vous dire. Ce qui m'est arrivé sur ce..."
"Doucement, Lieutenant", dit Catherine avec le sourire. "Gardez vos forces. Vous aurez tout le temps de faire votre rapport quand vous serez sur pieds. Concentrez-vous juste sur votre guérison pour l'instant."
A ce moment, quelqu'un entra dans l'infirmerie, quelqu'un en uniforme de commandement rouge qu'Harry ne reconnut pas immédiatement. "Excusez-moi, Capitaine", dit le Commandeur Barton en tendant une tablette à Janeway. "Voici le dernier rapport des détecteurs sur les déplacements Sernaix.
Tandis que Janeway prenait la tablette et la parcourait des yeux, Harry s'assit et fixa la femme aux cheveux bruns. Il était presque sûr de l'avoir déjà vue quelque part...
Mais ce nouveau visage le battit sur le fil, se tournant vers lui pour prendre la parole. "Monsieur Kim. Bienvenue pour votre retour. Votre équipage a dépensé beaucoup d'efforts pour votre trouver. J'attends avec impatience de voir si vous en valez autant la peine."
C'est alors qu'il reconnut la voix. C'était embrumé dans son esprit, mais il était certain de l'avoir déjà entendue avant, quand il se trouvait sur la station Fulton, pendant la crise provoquée par l'arrivée d'Ozymandias. Et il se souvenait distinctement avoir entendu quelque chose du genre 'pas de témoin'.
"Madame", tenta de dire Harry à Barton. "Je pense que nous... nous sommes rencontrés auparavant."
"C'est exact. Station Fulton", dit le Premier Officier, avançant d'un pas vers lui. "Vous étiez dans un drôle d'état quand mon équipe a essayé de vous porter secours. Je suis surprise que vous ayez été capable d'entendre quoi que ce soit. Avec toutes ces grenades électromagnétiques explosant de partout, vos sens ont dû vous jouer toute sorte de mauvais tours." Et avec un sourire forcé qui donna à Harry des frissons tout au long de sa colonne vertébrale, le Commandeur Barton tourna les talons et sortit.
"Excusez-moi, Capitaine", dit le Docteur, semblant quelque peu mal à l'aise. "Mais il y a certaines choses dont nous devons discuter. Sans parler du fait que Monsieur Kim a besoin de se reposer."
"Tout à fait exact, Docteur", dit Janeway. "Harry, je reviendrai plus tard pour voir comment vous allez."
Quand l'hologramme fit geste à tout le monde de partir, Seven of Nine le regarda, l'air malheureuse. "Docteur, me permettez-vous de rester un court moment avec Harry ? J'ai des... choses personnelles... dont il faut que je discute avec lui."
Le Docteur sourit affectueusement à son ancienne jeune protégée, incapable de résister à son innocente requête. "Très bien, Seven. Mais juste quelques minutes. Rappelez-vous, Monsieur Kim a besoin de se reposer."
"Ouais, surtout n'allez pas trop le fatiguer", dit Tom avec un sourire malicieux en sortant, avant d'être réduit au silence d'un regard menaçant de B'Elanna.
Quand les deux furent enfin seuls, Seven se rapprocha d'Harry, s'agenouillant à côté du lit médical pour être plus proche de lui. "J'ai été inquiète pour vous, Harry Kim."
"Et je..." essaya de dire Harry, luttant contre sa propre fatigue, afin de passer quelques minutes de plus avec cette femme formidable. "Tout ce à quoi je pouvais penser... pendant ma captivité... c'était être avec vous."
Seven rougit en entendant ces paroles. Instinctivement, elle tendit sa main Borg jusqu'à la joue d'Harry, sentant sa chaleur. Pendant une seconde, elle s'inquiéta qu'il puisse être dégoûté de la manifestation si flagrante de sa nature unique. Mais au lieu de trouver cela repoussant, Harry semblait être sincèrement sous le charme de sa preuve d'affection et leva la main pour caresser la sienne.
"Je dois admettre, Harry, qu'à certains moments pendant votre disparition, je me suis posée des questions sur la sagesse de laisser se créer un attachement sentimental avec une autre personne. J'avais peur des conséquences d'être endommagée émotionnellement. Ces nouvelles sensations étaient intimidantes pour moi à ce moment-là.
"Je comprends", dit-il, d'une voix douce et gentille. "Elles sont effrayantes pour la plupart d'entre nous, Seven."
"C'est ce que j'ai observé", ajouta-t-elle. "J'en suis venue à comprendre que ma peur de perdre quelqu'un ne pourrait pas m'empêcher d'explorer mes possibilités d'être heureuse.
"Je ressens la même chose", sourit Harry à la charmante femme blonde, son sourire se reflétant dans ses yeux bleus cristallins quand elle se pencha plus près de lui. Même si tous les muscles de son corps lui faisaient mal, il s'en fichait. Quand elle fut tout près de lui, il se sentit plus léger, rempli d'énergie. "Je veux que cela marche entre nous deux, Seven", dit-il. "Je vais... vous laisser autant de temps qu'il vous en faudra pour que vous soyez à l'aise." Il fit une pause, essayant de reprendre son souffle, trouvant la force de parler. "Il a fallu... quatre ans pour que nous en arrivions... à cet instant. Quelque chose d'aussi merveilleux... que cela... vaut le coup d'attendre."
Et sur ce, il posa ses lèvres sur les siennes. Ses mains caressèrent sa joue, l'attirant plus près encore de lui, tandis qu'elle berçait l'arrière de sa tête pour le soutenir. Son baiser était comme une décharge électrique, une connexion encore plus réelle que n'importe quelle expérience ressentie depuis qu'il avait rejoint le Royaume.
Encore plus lentement, ils se séparèrent. La joue de Seven était rouge de chaleur tandis que la respiration d'Harry avait accéléré d'excitation. Mais à ce moment, la peur s'empara de lui. Quel droit avait-il d'entraîner Seven dans la confusion qu'était devenue sa vie, sachant tout ce que le Pourvoyeur lui avait révélé sur ce qu'il était devenu ?"
Son visage se tendit quand il essaya de parler. Il était tellement fatigué, mais il devait lui dire la vérité. "Seven, il y a quelque chose... que vous devez savoir. Je... c'est-à-dire... Quelque chose m'est arrivé là-bas. J'ai... changé, Seven. Je ne sais pas... ce que cela va signifier pour moi, ou pour nous."
Seven of Nine se pencha tout contre Harry, jusqu'à ce qu'il puisse presque sentir la chaleur de son souffle sur son visage. C'était une merveilleuse sensation, de celles qu'il espérait expérimenter un grand nombre de fois dans le futur. "Harry, vous ne devez pas avoir peur. Dans tous les domaines concernés, vous n'avez pas changé, ni ne pouvez l'être. Et quant aux difficultés qui se présenteront, sachez que vous ne les traverserez pas seul. Vous serez à mes côtés en tant qu'ami et collègue pendant ma transition vers l'humanité. Je me tiendrai à vos côtés, Harry Kim, quel que soit l'avenir qui nous sera réservé."
Et à ce moment, au moins entre les deux jeunes amoureux, tout était connecté de manière absolue.
 
***
 
A l'extérieur de l'infirmerie, dans le couloir, le Docteur semblait anxieux tout en parlant avec son Capitaine. Tom et B'Elanna étaient là aussi à côté d'elle, leur expression reflétant l'alarmisme de Janeway.
"Docteur", dit Janeway. "Etes-vous absolument certain de cela ?"
"J'aimerais ne pas l'être, Capitaine", dit l'hologramme avec regret. "Mais les données de mon analyse génétique sont claires. Quoi qu'il soit arrivé à Monsieur Kim durant sa captivité, cela a induit une série d'incroyables changements physiologiques dans son corps. Les schémas moléculaires inscrits dans son ADN produisent désormais de nouvelles instructions aux protéines à l'intérieur de ses cellules. Les structures de ses mitochondries cellulaires ont été complètement remaniées. Elles font des choses qu'aucune cellule humaine ne serait jamais capable de faire. Sans parler du fait qu'il y a désormais trois paires de bases supplémentaires qui se développent dans son génome. Je ne serais pas surpris si c'était un facteur contribuant à l'état d'éreintement métabolique dans lequel nous l'avons retrouvé."
"Mais il est... en bonne santé, n'est-ce pas ?" demanda B'Elanna, l'expression des plus alarmées. "Est-il en quelconque danger immédiat ?"
"Cela ne semble pas être le cas, Lieutenant. Mais puisque que n'ai jamais vu un tel cas auparavant chez un être humain, je ne peux faire aucune promesse. Si j'étais vous, Capitaine, je m'intéresserais vivement à ce que Monsieur Kim vous racontera de ses expériences à bord de cet Habitat."
"Et en ce qui concerne B'Elanna ?" demanda Tom, anxieux. "A-t-elle un risque quelconque de devenir... comme Harry ?"
"Je ne pense pas", dit le Docteur. "Comme je l'ai dit plus tôt, les informations moléculaires de son ADN ont été perdues de manière irrémédiable. Je pense qu'il y a peu de chance qu'aucune information cohérente puisse y être retrouvée."
"Mais pour Harry ?" demanda Catherine. "Concluons, Docteur. Ira-t-il assez bien pour être à nouveau intégralement lui-même ?"
Le Docteur inspira profondément avec regret avant de répondre. "Une conclusion, Capitaine ? Une fois qu'il aura retrouvé ses forces, je ne vois aucune raison pour qu'il ne reprenne pas le service. Sa santé ne posera aucun problème."
"Alors qu'est ce qui en posera ?" demanda-t-elle.
"Le problème, Capitaine", dit le Docteur avec une grimace. "C'est que d'un point de vue strictement génétique, Harry Kim n'est désormais plus complètement humain."
 
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Ecrit par: Michael Ben-Zvi and BONCPC
version française: André D. et Laurent
Producteurs: SaRa, MaquisKat and Coral
Remerciements aux différents correcteurs: Judy (version originale), Laurent & André (version française).

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