Star Trek Voyager
Saison Virtuelle 9
9.12 Profondeurs, II
Dernière mise à jour :7 février 2003
Retour a la page d'accueil
Retour à la page d'accueil

.
9.12 couverture 'Profondeurs, II'
NOUVEAU: Couverture en français
Episode 9.12 - PROFONDEURS, II
Par: Barbara Watson (samzmom@aol.com)
Version française: Laurent (stvoyager@free.fr)

Note: Star Trek: Voyager, personnages et autres produits dérivés sont des marques déposées de Paramount Pictures. Aucune infraction aux droits d'auteurs de Paramount voulue. La Saison 8 virtuelle de Voyager (Voyager Virtual Season 8, VS8) est une entreprise à but non lucrative. L'histoire est propriété de son auteur. Pas de reproduction sans sa permission.

"Tom apprend la vérité sur ses vieux ennemis et ses nouveaux amis en se battant pour ses principes... et sa vie."
 
Le coeur de B'Elanna battait la chamade tandis qu'elle marchait jusqu'à l'ascenseur. "Passerelle", aboya-t-elle impatiemment.
C'était déjà assez désorientant d'être réveillé au milieu d'un rêve inquiétant, mais recevoir en plus la nouvelle par Harry que Tom avait disparu... Peut-être blessé ou bien mort... La situation était complètement surréaliste. C'était accablant.
Elle fouilla dans son coeur à la recherche d'une trace d'assurance ou qui arrêterait au moins ce sentiment de menaçe. Les romans qu'elle avait l'habitude de lire, avant que le propre roman de sa vie les rendent superflus, laissaient souvent entendre qu'un amant blessé pouvait être ressenti par télépathie en temps de crise. Pourtant, aussi loin qu'elle ait fouillé dans son esprit et dans son coeur après un message de son mari disparu, tout ce qu'elle avait sentie était la lassitude.
Pendant leur premier voyage à travers le Quadrant Delta, l'équipage du Voyager avait regardé fixement la mort dans les yeux de façon quotidienne. C'était le risque du métier, un mode de vie. Et B'Elanna avait vu trop d'amis proches mourir. Kurt Bendara, Michel Hogan, Joe Carey. Elle et Tom avaient aussi leur part de proches perdus. Cependant, elle ne s'était jamais permise de penser au pire, d'imaginer un jour où il ne reviendrait pas d'une mission à la maison. Elle n'était pas prête à commencer aujourd'hui.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et elle se dirigea vers la console tactique. Tuvok levait un sourcil, mais il n'y avait aucune expression sur son visage. "Qu'est-il arrivé ?" demanda-t-elle. "L'ont-ils retrouvé ?"
Avant qu'il ne puisse répondre, B'Elanna entendit l'arrivée d'un signal. C'était la voix de Chakotay. "Resnick au Voyager. Par l'enfer, où sont ces commandos Devores ?" demanda-t-il. "Nous avons besoin de renforts."
Torres leva la tête et vit le visage impartial de l'inspecteur Kashyk debout à côté du Capitaine Janeway au centre de la passerelle. " Patience, Commandeur", dit-il d'un ton monocorde. "Chaque chose en son temps."
B'Elanna se demanda s'il savait que la patience n'était pas son fort, particulièrement pas quand la sécurité de sa famille était concernée. Elle aussi voulait des réponses à une dizaine de questions auxquelles personne n'avait le temps de répondre et elle se rendit rapidement compte que la meilleure façon de les obtenir était de les trouver elle-même.
Elle prit la place du Lieutenant Malays à la station technique tribord et afficha les données des détecteurs tactiques du Voyager sur son écran. Le Delta Flyer se traînait pour rentrer à moitié de sa vitesse d'impulsion avec pour escorte le Resnick, le Scobe et le Cochrane IV autour de lui. Ils esquivaient les tirs tout en volant, tenant à peine le coup contre le navire Sernaix solitaire.
Soudain, elle vit sept commandos Devores apparaître du dessous du pôle sud de la planète, arrivant derrière le Sernaix, essayant de faire feu. Il était sacrément temps.
Tandis que la bataille faisait rage dans l'espace au-dessus de la colonie, B'Elanna parcourut les balayages de ce qui avait été quelques instants plus tôt le site d'évacuation, cherchant des signaux vitaux humains. Il n'y avait rien. Cependant, Harry avait dit qu'il y avait eu un éboulement. Si Tom était pris au piège profondément sous la cape de métal dans quelque poche souterraine ou caverne, il serait non détectable avec des balayages conventionnels, particulièrement d'aussi loin. Elle prit une la ferme décision de ne pas se laisser imaginer le pire. Cependant, le noeud dans son estomac s'était renforcé.
Elle revint à la station tactique et observa la suite du combat. Il y avait quelque chose d'étrange dans le modèle d'attaque des Sernaix, remarqua-t-elle. B'Elanna était ingénieur, pas tacticien, mais même elle voyait que leurs adversaires ne se battaient pas de manière stratégique. Au lieu de cela, ils frappaient de façon aléatoire, jouant avec les vaisseaux de l'Alliance, faisant des dégâts comme il leur convenait, puis s'intéressant à une nouvelle cible. Cela lui rappela des voyous qu'elle avait connus étant enfant, des petits garçons mal élevés, qui arrachaient les ailes des mouches ou harcelaient les petits enfants plus faibles dans la cour de récréation. Il semblait n'y avoir aucune méthode à leur folie. Quoi que ce soit, cela rendait les Sernaix furieusement imprévisibles.
Soudainement, comme s'il avait lu dans son esprit, le navire attaquant, qui gagnait apparemment la bataille, s'arrêta de tirer et disparut, ne laissant qu'une traînée de distorsion et quelques navettes de Starfleet battues derrière lui.
"Ils battent en retraite, Capitaine," entendit-elle Tuvok dire, semblant aussi étonné que sa nature Vulcaine le lui permettait.
Le capitaine secoua la tête en ouvrant un canal de communication. "Janeway à Chakotay, rapport."
B'Elanna entendait la confusion se mélanger avec le soulagement dans sa voix. "Ils sont partis, Capitaine. Tout d'un coup, ils ont juste cessé leur attaque et ont disparu."
Janeway regarda Kashyk avant de se retourner vers Tuvok. En se tournant, elle vit B'Elanna assise à la station technique et leurs yeux se croisèrent. L'expression du capitaine fut immédiatement teintée de douleur avant de reprendre un air d'acier, décidée. "Monsieur Tuvok, protègez-les au maximum," dit-elle, soutenant toujours le regard fixe de son ingénieur en chef tout en donnant son ordre suivant à l'Enseigne Stewart aux commandes. "Programmez une trajectoire pour la colonie. Impulsion maximale."
Kashyk sembla abasourdi. "Que pensez-vous être en train de faire ? Vous allez révéler notre position et mettre en danger la mission entière. Si ce navire revient..."
"C'est un risque que nous devrons prendre", le coupa Janeway. "Voyager à Resnick. Dirigez-vous vers le site d'évacuation et commencez les procédures de recherche et de sauvetage. Nous vous retrouverons avec le Delta Flyer là-bas. Nous devons retrouver Tom et les autres avant que les Sernaix ne changent d'avis."
"Bien compris", répondit Chakotay avant de fermer le canal.
Le capitaine regarda B'Elanna encore une fois et se força à faire un sourire triste sur son visage. "Nous le trouverons", lui dit-elle silencieusement.
Torres inclina la tête puis se força à respirer à fond. 'Nous arrivons, Tom', pensa-t-elle en commençant un autre balayage de la planète. 'Accroche-toi.'
 
***
 
"Je suis Culluh", grogna l'homme blessé. "Maje du Kazon-Nistrim."
Il fallut à Tom Paris un moment pour traiter l'afflux de sentiments et de pensées qui se bousculèrent dans son esprit. Il était là, blessé, pris au piège, désorienté. Et maintenant, cela. Bon sang, c'était déjà assez dur de l'avoir envoyé sauver des Devores et leurs amis vidiiens, des gens qui avaient autrefois harcelé le Voyager et été leurs ennemis mortels. Quelle était la probabilité que, même faisant partie du rassemblement hétéroclite d'étrangers qui composait cette Alliance contre nature, il puisse se retrouver pris au piège dans quelque trou sans fond fétide avec l'ancien petit ami de Seska ? Un homme qui l'avait déjà enlevé une fois, avait détruit deux navettes directement sous ses yeux et qui avait laissé B'Elanna et Harry et le reste de l'équipage du Voyager sur une planète de poussière stérile pour y mourir quelques années plus tôt. Cet homme là pour lequel il s'était presque tué pour essayer de le sauver ?
"Je n'arrive pas à y croire", murmura-t-il dans un souffle.
"Répondez-moi", gémit Culluh avant de céder à une nouvelle quinte de toux. Il fallut encore un moment avant qu'il ne reprenne son souffle. "Etes-vous de la Fédération ?"
En considérant la condition affaiblie de l'homme, Tom décida qu'il n'y avait pas beaucoup de risque à lui révéler la vérité. "Oui".
"Alors je vous tuerai de mes mains nues", cracha le Kazon.
Il y avait peu de chance que cela arrive. Tom voyait que Culluh s'affaiblissait et la nature rauque de son souffle laissait suggérer un épanchement liquide dans ses poumons. Peut-être une tension du pneumothorax, une côte cassée avait dû lui perforer le poumon. Ou alors une embolie pulmonaire. Ou peut-être qu'il avait pris froid avant même que l'éboulement ne soit arrivé. Sans équipement médical, il n'y avait aucune façon de le dire. Cependant, bien qu'il y eut quelque temps depuis le dernier passage de Tom en infirmerie, passer en mode diagnostic était devenu une seconde nature.
"Pourquoi veut-il vous tuer ?"
Tom sursauta au son de la voix derrière lui et sentit le martèlement dans sa tête reprendre son tempo. "Obrist ?" demanda-t-il, louchant pour tenter de voir dans l'obscurité. "Est-ce que vous allez bien ?"
Le jeune Krenim marcha dans le puits étroit de lumière et Paris put voir que son visage était griffé et gonflé et qu'il portait son bras droit. "Je pense qu'il est cassé", dit-il.
Tom se sortit de la poussière et se traîna jusqu'à lui. "Venez, laissez-moi y jeter un coup d'oeil."
Il n'eut pas besoin de tricordeur médical pour vérifier le diagnostic d'Obrist. La main de l'homme était inclinée selon un angle non naturel et quand Paris palpa son avant-bras, il sentit une séparation qu'il supposa ne pas être une partie d'un cubitus Krenim normal. Le radius semblait cependant intact.
"Ouaip", dit-il, déchirant une longueur de tissu de sa jambe de pantalon déjà déchirée en lambeaux. "Mais cela ressemble à une cassure propre. Immobilisons ce bras." Tom lia le tissu très serré. "J'aimerais pouvoir utiliser quelque chose pour faire une attelle." Son 'patient' éprouvait clairement beaucoup de douleur et, pour la deuxième fois en dix minutes, Paris regrettait de ne pas avoir de kit médical.
Son propre mal de tête empirait et Tom craignit momentanément que son choc ne soit plus sérieux que ce qu'il pensait. Il fut distrait de ses pensées quand Obrist répéta sa question. "C'est le mercenaire ? Pourquoi veut-il vous tuer ?"
Tom parcourut la forme imposante couchée sur le sol. Les yeux de Paris commençaient à s'adapter à l'obscurité et il pouvait maintenant discerner le visage du Maje, tordu de douleur. Pour des raisons qu'il ne pourrait pas comprendre, Tom ne voulut pas répondre à la question. "Je ne sais pas", dit-il en mentant. "Les Kazon n'ont jamais semblé avoir besoin d'une raison de détester des gens."
Culluh le regardait fixement et Tom se demanda si l'homme avait reconnu son visage. Ils avaient eu plus d'une confrontation au cours des années. La dernière fois qu'il avait vu le chef Nistrim, Paris s'était fait enfermé dans des quartiers sur le navire de l'homme après le piratage d'un convoi de Talaxiens. Bien sûr, c'était leur dernière réunion 'face-à-face'. Quant à leur dernière 'rencontre'... Et bien, ils ne s'étaient pas réellement vus ce jour-là. Il se demanda si le Maje savait qu'il était maintenant pris au piège avec l'homme qui l'avait défait. L'homme qui était responsable de...
Ces pensées rendirent Paris mal à l'aise et il recula dans l'ombre où il espérait être un peu moins reconnaissable. A ce moment précis, la pièce commença à tournoyer et Tom trébucha en arrière contre le mur.
"Est-ce que vous allez bien ?" C'était au tour d'Obrist de poser la question.
Tom se demandait comment il pourrait voir autant d'éclairs colorés miroiter dans une caverne totalement sombre. Il laissa ses pieds glisser sous lui tout en s'appuyant de ses mains contre le mur. "Il faut juste que je m'asseye une minute", dit-il. Quand il sentit le sol froid et humide sous lui, il laissa sa tête se reposer contre la roche et ferma les yeux au moment même où une nausée le submergea.
Il devenait inquiet. Le mal de tête palpitant, sa perte de mémoire provisoire juste après s'être réveillé et maintenant le vertige et la nausée... Et si son choc était plus grave ? Il ne pouvait pas s'empêcher de parcourir la bibliothèque médicale. Fracture du crâne... Hémorragie intracérébrale, hématome subdural... Blessure axiale diffuse... N'importe quelle de ces choses pouvait causer ses symptômes. Et aucune ne serait inquiétante s'il avait été à bord du Voyager. Mais ici, dans cette fosse...
"Obrist", dit-il en essayant d'oublier la nausée. "Je vais me reposer ici quelques minutes. Mais si je m'endors, vous devez me promettre que vous me réveillerez. Quoi qu'il faille faire."
Tom pouvait discerner le souci sur le visage du jeune homme. "Oui, Lieutenant", pensait-il l'avoir entendu dire en sombrant dans l'inconscience.
 
***
 
Chakotay amena le Resnick à ras du sol au-dessus du site d'évacuation et plana soigneusement dans le col formé par les trois montagnes qui les entouraient. "Que disent vos balayages ?" demanda-t-il à Seven, sans une seule fois retirer ses yeux des données de navigation. C'était une approche délicate dans une navette qu'il ne maîtrisait pas entièrement.
"Je lis ce qui était autrefois des réseaux souterrains multiples", répondit-elle. "Ils semblent avoir été compactés par l'effondrement." Sa voix était calme, mais Chakotay la connaissait assez bien pour entendre le souci qu'elle essayait de cacher.
Il hésita à poser sa question suivante. "Des signes de Tom ou des autres ?"
Il l'entendit effectuer un autre balayage avant qu'elle ne réponde. "Non", dit-elle finalement. "Cependant, la croûte de ce planetoïde semble être faite d'un minerai magnétique. Cela pourrait masquer n'importe quels signes vitaux situés en dessous." Elle laissa échapper un soupir sonore. "Il n'y a aucune façon d'en être sûr."
Le commandeut exhala fortement et engagea la manoeuvre des tuyères. "Où allons-nous ?" demanda Seven.
Chakotay fit glisser ses doigts sur la console de navigation. "Nous allons poser cette chose. Je ne veux pas risquer de nous poser au-dessus des tunnels effondrés. Nous pourrions compacter encore plus le sol au-dessous de nous et détruire une autre caverne." Il vit Seven acquiescer d'un signe de tête du coin de l'oeil.
"Merde!!" dit-il quand leur côté babord se rapprocha un peu trop près du rebord saillant d'un rocher. "Ne dites jamais cela à Tom, mais les instruments de vol antiques du Delta Flyer commencent à me manquer. Il avait raison. On a un meilleur contrôle quand on peut sentir le navire répondre au manche." Ils franchirent finalement les cimes et il se retourna pour lui faire face. "D'un autre côté, peut-être devrais-je juste lui ordonner de modifier le reste de la flotte des navettes avec sa touche Capitaine Proton'."
Malgré sa plaisanterie, l'expression de Seven resta sombre quand elle leva la tête de ses scanners. "Espérons que vous aurez l'occasion de donner cet ordre", dit-elle tranquillement.
Chakotay inclina la tête. Ils savaient tous les deux que la situation paraissait sinistre. Même si Tom avait réchappé de l'éboulement lui-même, il y avait de grands risques qu'il fut enseveli par les débris qui étaient tombés avec lui. Il pouvait avoir été enterré vivant dans ces tunnels. Il était disparu depuis plus d'une heure. A moins qu'il ait eu assez de chance pour atterrir dans un trou d'aération, il était probablement mort désormais. Et, avec son communicateur cassé, ils ne pourraient jamais trouver son corps.
Chakotay vira la navette dans un large arc de cercle et il put voir un dégagement qui était encore à portée de téléporteur du site d'évacuation. Tandis qu'il commençait à sortir les atterrisseurs, il pensa à B'Elanna et se demanda comment elle tenait le coup. Elle serait un roc, il le savait, tant qu'il y avait de l'espoir, et il était sûr qu'elle insisterait pour aider dans le sauvetage. C'était aussi une bonne chose, réalisa-t-il. L'éboulement leur laisserait probablement quelques problèmes techniques difficiles à résoudre.
Mais si les nouvelles étaient aussi mauvaises qu'il le craignait, il n'était pas sûr de savoir comment son amie réagirait. Tom était plus que simplement son mari et amant. Il était sa stabilité dans une vie qui avait vu trop de trouble. Et, malgré les craintes initiales de Chakotay quand les deux avaient commencé à se fréquenter, Tom était quelqu'un sur qui B'Elanna savaient qu'elle pourrait compter.
Enfin, excepté ses amis, lui-même inclus. Y compris Harry, Catherine, Tuvok et le Docteur. Ils seraient là pour elle, si et quand le temps venait...
Il se força de repousser cette pensée. Tom Paris avait plus de vies qu'un chat. Il réchapperait de cela. D'une façon ou d'une autre.
"Préparez-vous pour l'atterrissage", dit-il à Seven. En une minute, ils furent à terre en sécurité.
 
***
 
Le Delta Flyer avait été horriblement endommagé dans l'attaque des Sernaix, au point que le capitaine avait ordonné qu'il soit téléporté dans le hangar aux navettes dès qu'il avait été à portée de téléporteur. Pour quelque raison étrange, B'Elanna avait senti le besoin d'être là à son arrivée, pour voir les dégâts de ses propres yeux et parler à l'équipe de Tom. Peut-être sauraient-ils quelque chose qui l'aiderait à se préparer à ce qu'elle trouverait quand ils arriveraient à la colonie.
Ou peut-être se sentait-elle simplement plus près de Tom quand elle était près du Flyer, le site de son lit de mort supposée impromptue et de leur lune de miel prolongée.
Ces pensées ne l'aidaient pas pour le moment. En fait, elles rendaient les choses encore plus difficiles. Elle se força à se concentrer sur l'écoutille d'accès en attendant qu'elle ne s'ouvre. Peut-être qu'en continuant à s'imaginer Tom sortant de cette ouverture, cela le rendrait d'une façon ou d'une autre réel.
Quand l'écoutille s'ouvrit finalement, elle reconnut l'homme grand, robuste en uniforme au col rouge. Mais ce n'était pas Tom.
Mike Ayala berçait son poignet et elle pouvait voir les brûlures sur sa main quand il marcha vers elle. Ils avaient été des amis sur le Liberty longtemps avant d'entendre parler du Voyager et elle avait eu confiance en lui sur sa vie à plus d'une occasion. Cependant, il avait été le second de Tom durant cette mission et il avait laissé son mari derrière. Elle ne le blâmait pas... Elle en était assez sûre. Cependant, elle connaissait assez Ayala pour savoir qu'il se blâmait probablement lui-même. Il pouvait à peine la regarder en s'approchant.
"B'Elanna..." Son nom resta accroché en l'air tandis qu'il essayait clairement de penser à quelque chose à dire. Que pouvait-il dire, de toute manière ? Il y eut un silence maladroit tandis qu'ils restaient debout, immobiles, incapables de communiquer toutes les choses qu'ils savaient tous les deux ne pas pouvoir exprimer par des mots.
"Tu es blessé", dit-elle finalement.
Il sembla embarrassé par son inquiétude. "La console de navigation a eu une surcharge", murmura le pilote.
Elle voyait que les brûlures étaient profondément. Il avait dû éprouvé une incroyable douleur, et pourtant il ne semblait même pas le remarquer. "Vous feriez mieux d'aller à l'infirmerie", dit-elle, inquiête de l'état de son ami, mais ayant aussi besoin qu'il la laisse seule.
Leurs regards se croisèrent un instant. Lui suppliant pour son pardon, elle luttant pour le donner. Elle n'y arrivait pas. Elle devait réserver toute son énergie émotionnelle pour ce qui allait venir.
Ayala inclina la tête et la laissa là, observant toujours l'écoutille ouverte.
Après un moment, un autre homme sortit du Flyer et fut immédiatement rejoint par une escorte de sécurité. C'était un des docteurs vidiiens et B'Elanna senti une vague de fureur et de dégoût la submerger. Quelle injustice que cet homme, ce boucher, revienne vivant, tandis que Tom...
De nouveau, elle se força à penser à autre chose. Mais elle adressa au vidiien un regard des plus mortels quand il passa.
La dernière personne à sortir de la navette fut Vorik. L'uniforme de l'enseigne était en lambeaux et légèrement brûlé et elle voyait un filet vert suintant d'une entaille au-dessus de son oeil gauche. Son visage était un masque impartial, mais quand il releva la tête et la vit, B'Elanna fut certaine de voir son sourcil se lever légèrement. Vulcain ou pas, Vorik était jeune et moins expert en dissimulation de ses émotions que Tuvok. Il était inquiêt pour elle, elle le voyait.
Elle le regarda hésiter un instant avant de respirer à fond et de s'approcher d'elle.
"Lieutenant", dit-il calmement. "Y a-t-il quoi que ce soit que je puisse faire pour vous ?"
Elle commença à secouer la tête mais s'arrêta soudain. "Oui. Vous pouvez me dire ce qui est arrivé. Ce que vous avez vu."
Il sembla mal à l'aise, mais elle savait qu'il ferait ce qu'elle venait de lui demander. "Nous attendions le retour de deux des docteurs vidiiens avec un mercenaire blessé quand les Sernaix ont attaqué. Le lieutenant Paris et l'ingénieur Krenim sont allés aider l'homme blessé au moment où une autre détonation a frappé la clairière entre nous. L'onde de choc a causé un éboulement des tunnels souterrains. J'ai peur que le Lieutenant soit tombé dans l'abîme qui s'est formé."
B'Elanna sentit son sang commencer à bouillir avant de le sentir soudainement de glace. Cependant, elle avait besoin d'en savoir plus. "Pourriez-vous voir si Tom était blessé avant la caverne - dans ?"
Vorik secoua la tête. "Non, Monsieur. Mon champ de vue était bloqué par les débris de l'explosion."
Le jeune ingénieur semblait incroyablement mal à l'aise et B'Elanna était sur le point de le laisser aller se faire soigner ses blessures principales. Mais d'abord... "Vorik, comment Ayala a-t-il été capable de vous téléporter et pas Tom ?"
Il cligna des yeux rapidement pendant un instant et Torres se rendit compte que cela aurait pu vouloir dire qu'elle regrettait que Vorik ne soit pas resté derrière à la place de son mari. Avant qu'elle ne puisse s'expliquer, il commença à répondre. "Le badge de communication du Lieutenant Paris fonctionnait mal déjà avant l'explosion. Je crois qu'une fois que les tunnels ont commencé à s'effondrer, il était difficile pour le Lieutenant Ayala de se vérouiller sur lui par ses seuls signes vitaux, particulièrement du fait de l'attaque qu'il essayait de parer à ce moment-là." Vorik s'arrêta un instant, puis la regarda dans les yeux. "Je suis désolé", dit-il doucement.
Il fut un temps, des années plus tôt, où elle aurait à peine pu regarder le jeune homme debout devant elle. Son affection déplacée provoquée par son pon farr lui avaient valu une mâchoire cassée et à elle une morsure sanglante à la main. Depuis ce jour, cependant, il avait été un officier modèle, son ingénieur protégé et un ami à elle et à Tom. Le voir là, visiblement si inquiêt pour un homme qu'il avait autrefois provoqué en duel mortel pour elle...
"Merci, Vorik", dit-elle, se forçant à rester calme, "mais ne vous inquiètez pas pour moi. Ou pour Tom. Il s'en sortira. Je sais qu'il s'en sortira."
Le jeune Vulcain baissa la tête, puis l'observa pendant un moment avant de la laisser seule.
B'Elanna regarda autour d'elle le hangar aux navettes désert, puis s'approcha du Flyer. Elle avança la main et laissa ses doigts toucher la surface toujours froide. Elle fit lentement le tour du navire et fit la liste des dégâts visibles. Il y avait des brûlures dûes aux explosions le long du moteur d'impulsion gauche et une longue entaille dans la coque juste au-dessus du collecteur Bussard. Après avoit noté vingt-cinq différentes réparations à effectuer, elle s'arrêta de se donner la peine de les compter.
Pendant son tour du vaisseau, elle s'arrêta un instant devant l'écoutille arrière et pensa y entrer. Mais au lieu de cela, elle frotta sa paume contre le plaquage de duranium lisse et pensa à Tom. Elle savait, profondément en elle, qu'il était vivant quelque part en bas sur cette planète. De nouveau, elle chercha dans son esprit et son coeur après une quelconque indication de vérité dans cette certitude. Mais s'il envoyait quelque message télépathique, elle n'arrivait pas à l'entendre.
Cette pensée lui donna une idée, cependant, et elle se sauva du hangar à navettes au pas de course.
 
****
 
Capitaine Proton, protecteur de la galaxie, fléau du mal intergalactique, harnacha sa fusée dorsale avant de se retourner pour faire face à Lana L'Amour. Elle était sa favorite parmi toutes les mécaniques spatiales et le rocketeer le plus beau de toute la Flotte de Patrouille.
"Je dois reprendre ma route, maintenant", dit-il avant de l'attirer à lui dans une étreinte serrée. "A bientôt, jeune fille."
"Tant pis", dit-elle avant de l'embrasser. "Gardez votre arme à rayon propre, Proton. Et n'oubliez pas de me rapporter un souvenir de la Planète X."
"Sûr, poupée", dit-il. Il la salua avant d'engagement sa fusée et, dans un éclair de lumière, il disparut à travers les étoiles.
Sa mission était claire : aidez Arachnia, la Reine du peuple des Araignées, à former une Alliance avec le Baron démoniaque de Devora pour libérer la galaxie une fois pour toutes des griffes du méchant Docteur Chaotica. Simple. Tout ce que Proton devait faire était d'éviter le Rayon de la Mort et sauver les Citoyens de Devora de son ennemi juré tandis que son fidèle assistant, Buster Kincaid et sa secrétaire, Constance Goodheart, volaient la nouvelle arme qui signifierait la perte de Chaotica.
Tout le reste était le problème d'Arachnia.
Il pourrait voir son vaisseau-fusée au loin. "Capitaine Proton à Buster Kincaid", appela-t-il dans la téléradio de son poignet. "Est-ce que l'arme est prête ?"
"Oui, Proton. Tout est prêt." C'était étrange. La voix de Buster semblait quelque peu différente. Fatiguée, tirée...
"Je monte à bord", répondit le Capitaine, pressentant soudainement un danger immédiat. Néanmoins, il était toujours le protecteur de la galaxie et il avait un travail à faire. "Préparez le nouveau Rayon Destructeur amélioré pour un tir d'essai!" cria-t-il à Kincaid.
Quelques instants plus tard, Proton grimpait à l'écoutille de son navire spatial. "Capitaine Proton à la rescousse !" cria-t-il.
Mais le navire était silencieux. "Buster ? Mlle Goodheart ?"
Il regarda autour de lui, mais ne vit personne. Proton sortit son arme à rayon, convaincu plus que jamais que quelque chose se tramait. A cet instant précis, ilentendit un bruit et se retrouna brusquement pour apercevoir son assistant et meilleur ami apparaître de nulle part, assis dos à lui aux commandes du navire. Il libéra un soupir de soulagement et rangaina son arme.
"Te voilà", dit-il en marchant derrière le journaliste intrépide et combattant du crime intergalactique. "Pourquoi ne m'as-tu pas répondu ?"
Toujours aucune réponse. Proton saisit Buster par l'épaule, le faisant tourner sur son tabouret. Quand il vit le visage de l'homme, il sauta en arrière de surprise. La peau de Kincaid était tachetée et déformée, comme s'il fondait de son crâne. "Harry! Que diable est-il arrivé ?" Mais il le savait déjà. Il avait reconnu les symptômes. Le phage.
Juste à ce moment, il entendit un bruit derrière lui.
"Bienvenue à la maison, Proton." Il connaissait cette voix.
Il se retourna pour voir sa gentille secrétaire debout et souriante. Les cheveux blonds, le décoleté, la parfaite manucure. Tout cela était bien Constance Goodheart. Mais ce visage ... Le haut front, les bosses semblables au cobra autour des yeux, la saillie ovale au-dessus du nez. "Seska ?" cria-t-il. Par l'enfer, d'où pouvait-elle bien sortir ?
Avant qu'il ne puisse poser cette question précise, Arachnia sortit de derrière l'Imageur, son arme dirigée droit sur la poitrine de Proton, et Chaotica à ses côtés. Que diable se passait-il ?
"Poussez-vous, Lieutenant", lui ordonna-t-elle.
Il ne compris pas. "Mais, Capitaine, ces gens..."
"Sont nos alliés", dit-elle laconiquement. "Et je m'attends à ce que vous les traitiez avec professionnalisme et respect."
A ce moment-là, il entendit une autre voix familière sur sa téléradio. C'était Lana L'Amour, le sifflement de sa propre fusée dorsale remplissant la transmission de statique. "L'Amour à Proton! Répondez, Proton!"
Il était soulagé d'entendre sa voix, mais il ne pouvait pas risquer un mouvement pour lui répondre. Cependant, il se demanda un instant de quel côté elle était. Etait-elle un autre Défenseur de la Galaxie ou un Serviteur du Mal ? Il regarda autour de lui dans son navire-fusée les visages qu'il avait pensé connaître autrefois. Etaient-ils des gentils ou des méchants ? C'était tellement embrouillé maintenant.
La voix de Lana l'aida à repousser la peur qui le gagnait. "Accrochez-vous, Proton!" Elle continua à l'encourager. "Je viens pour vous sauver..."
"Lieutenant Paris."
La tête de Tom le martelait et il souhaita que celui ou celle qui l'appelait partirait et le laisserait seul. Il n'était pas en service pendant ce quart, il en était sûr. Il ferma les yeux plus fermement et essaya de se rendormir.
"Lieutenant Paris!" entendit-il de nouveau. Cette fois, il sentit un dur coup de pied dans sa cheville qui le fit ouvrir les yeux.
"Owww", gémit-il, autant pour sa tête que pour son pied maintenant palpitant. "Pourquoi avez-vous fait cela ?"
Il regarda autour de lui dans l'obscurité ombragée et sut la réponse à cette question. Cependant, le jeune homme sur la sol poussiéreux en face de lui semblait un peu inquiêt. "Je suis désolé. Vous m'avez dit de ne pas vous laisser dormir plus que quelques secondes, mais cela fait plus d'une heure que j'essaye de vous réveiller. Je ne savait pas quoi faire d'autre."
Tom porta ses mains à son visage et soutint sa tête. C'était comme si elle pesait trente kilos. "C'est bien, Obrist", dit-il en essayant de se contrôler. "Vous avez fait ce qu'il fallait."
Cependant, tout ce qu'il voulait faire était dormir. Enfin, dormir et vomir. Il sentit son estomac commencer à gronder en refreinant son envie de vomir. Non pas qu'il eut quoi que ce soit à vomir, il n'avait pas mangé depuis la veille. Cette pensée augmenta encore sa nausée. Il avait été soul assez souvent pour savoir que les remontées sèches étaient les pires.
"Y a-t-il quoi que ce soit que je puisse faire pour vous, Lieutenant ?" demanda Obrist. Sachant qu'ils étaient pris au piège au fond d'un puits gluant et que le bras de l'homme était fracturé...
"Ouais", répondit Paris, haletant. "Vous pouvez m'appeler Tom." Il prit une inspiration et essaya de contenir son vertige. "Et vous pouvez continuer à me parler, pour me tenir éveillé." Il savait que s'il s'endormissait à nouveau, il risquait de tomber dans un coma dont il pourrait bien ne jamais se réveiller.
"D'accord... Tom", dit le jeune homme. "Votre peuple", demanda-t-il, improvisant visiblement un sujet de conversation, "s'appellent des humains?"
Paris sourit. "Pas exactement. C'est-à dire, oui, je suis un humain et la plupart de l'équipage sur mon navire le sont aussi. Nous venons d'une planète appelée la Terre, loin d'ici dans le Quadrant Alpha." Tom sifflé quand un tiraillement courrut le long de son bras gauche. Il essaya de le secouer, mais les muscles semblaient faibles. Il arrivait à peine le soulever.
Il continua à parler pour se distraire. "Mais nous faisons partie d'une Fédération, un groupe de civilisations pacifiques qui ont appris à travailler ensemble. Elle est composée de centaines de races de différentes. Vulcains, Boliens, Bajorans... ma femme est à demie-Klingon."
La voix de Tom s'évanouit quand il pensa à B'Elanna. Elle devait être inquiête à son sujet, il le savait. Comme si elle avait besoin d'une nouvelle chose pour s'inquiêter.
Obrist sembla sentir que l'attention de Paris déclinait et il le ramena dans la conversation. "Votre femme ? Est-elle avec vous sur votre navire ou est-elle restée sur votre monde natal ?"
Le visage de B'Elanna se projeta devant Tom dans un flot de souvenirs. Il ne voulait même pas essayer de l'imaginer laissée sur Terre. "Elle est notre ingénieur en chef. Et elle ne décolèrent probablement pas en ce moment que je ne soit pas rentré à la maison avec elle et notre fille."
Il vit les yeux d'Obrist s'élargir. "Vous avez un enfant ?"
Tom sourit. "Une petite fille nommée Miral. Elle a environ un an et demi et renverse déjà les coeurs de chaque homme qu'elle rencontre. Je ne pense pas que je vais la laisser quitter la maison avant ses trentes ans", dit-il pour plaisanter. "Du moins, si nous arriver jamais à avoir une maison."
Il y eut un lourd silence tandis que les deux hommes semblaient se rendre compte que tout plan à long terme était probablement devenu au mieux un doux rêve. Ils étaient tous deux blessés et il ne semblait pas y avoir de quelconque possibilité de sortie évidente de leur fâcheuse situation. Ils devaient attendre que le Voyager et les autres les sauvent. Qu'y avait-il d'autre à faire excepté continuer à parler ?
"Et vous ?" demanda Tom. "Etes vous marié ?"
La caverne était sombre, mais il sentait pourtant qu'Obrist rougissait. "Non. Mais je fais la cour à la même jeune femme depuis deux ans. C'est une astrophysicienne temporelle."
C'était un terme que Paris n'avait jamais entendu auparavant. "Une quoi ?"
Le jeune Krenim redevint calme et Tom se demanda ce qu'il cachait. Puis il souffla fortement et commença à répondre à la question de Paris. "Mon nom me vient de mon alauron, le grand-père de mon grand-père. Il y a deux cents ans, il faisait partie d'un groupe de scientifiques temporels qui ont mis au point des théories stipulant que le temps pouvait être plié, réorganisé et employé comme un outil." Il fit une pause pendant quelques secondes. "Ou comme une arme. Lui et ses collègues n'étaient plus qu'à quelques mois de publier leurs théories quand le scientifique principal de leur équipe, un homme appelé Annorax, a décidé de se retirer de ces recherches et a abandonné l'expérience. Il a détruit toutes ses découvertes, sans expliquer pourquoi par la suite. Sans lui et les calculs qu'il avait perfectionné pendant tant d'années, le projet est tombé à l'abandon."
Le bras d'Obrist glissa et il siffla de douleur. Tom se rendit compte que c'était à son tour de créer une diversion. "waouh. Et donc, que fait une astrophysicienne temporelle ?"
Paris voyait que le jeune homme se battait pour se reconcentrer. "Nous avons continué à étudier la mécanique temporelle et avons fait quelques innovations mineures. Mais certains des dirigeants de notre Empire font pression sur nous pour essayer de reprendre les recherches d'Annorax, particulièrement avec la menace des Sernaix. Cordinga, la femme que j'ai mentionné, traque des phénomènes astronomiques dans le temps et catalogue les changements qu'elle voit, puis spécule ensuite comment la ligne de temps serait affectée si ces événements n'étaient jamais arrivés. Si nous développons jamais cette aptitude, changer le cours de l'histoire, les données qu'elle s'efforce de rassembler seront inestimables."
Tom resta silencieux pendant un instant tandis que l'impact des recherches de Krenim pénétrait en lui. "Vous savez, Obrist, mon peuple a des lois sur ce genre de chose. Nous nous sommes rendus compte il y a longtemps que ce qui peut sembler être une bonne idée dans un siècle donné pouvait avoir des effets dévasatateurs sur les générations suivantes. Notre Directive Première temporelle..."
Dès que les mots furent sortis de sa bouche, l'esprit de Tom projeta le souvenir de l'Amirale aux cheveux blancs qui ressemblait incroyablement à son Capitaine. A sa façon, l'Amirale Janeway n'avait-elle pas fait ce que les gens d'Obrist envisageaient ? Sa décision d'aider le Voyager à rentrer à la maison avait sûrement sauvé des millions, voir des milliards, de vies qui ne seraient jamais assimilées par les Borgs. Maisqu'en était-il des autres, des gens qui ne seraient jamais nés ou dont les destins seraient changés à cause de ses actions ? Par l'enfer, si le Voyager n'était jamais sorti du Quadrant Delta la première fois, les Sernaix seraient peut-être toujours pris au piège dans leur propre bulle d'espace et toute cette guerre aurait pu ne jamais arriver.
Une situation très noir et blanc quelques secondes plus tôt à peine semblait soudainement tout en gris.
"Lieutenant ?" demanda Obrist, ramenant Tom dans la conversation. "Vous disiez quelque chose à propos d'une directive temporelle ?"
Paris déglutit difficilement. "Disons juste que je comprends comment cela peut être tentant, trouver une solution rapide à un problème en changeant le passé. Et il serait dur de se déshabituer de cette arme que vous décrivez. J'espère juste que votre peuple est assez sage pour connaître le danger qu'elle pourrait représenter et toutes les raisons de ne PAS l'employer."
Il y eut un silence maladroit. Tom savait qu'il devrait se rappeler de parler au Capitaine Janeway des plans de Krenim concernant son arme temporelle. Même s'il haïssait admettre cette idée, il pourrait bien y avoir un moyen d'adapter leur technologie pour aider l'Alliance à combattre les Sernaix.
Tant pour les principes sacrés, pensa-t-il pour lui seul.
Obrist bougeait, mal à l'aise. Tom ne savait que trop combien le sol froid de la caverne humide était désagréable et pourtant, il espérait que l'homme restât immobile. Un faux mouvement et son bras déjà cassé pourraient se briser. Une fracture ouverte serait une véritable torture et, dans leur environnement sale, pourrait rapidement devenir mortelle.
Paris se demanda alors combien de temps il s'écoulerait avant qu'ils ne soient sauvés. Obrist avait dit qu'il était resté endormi pendant plus d'une heure et il n'y avait aucun moyen de savoir combien de temps il était resté inconscient après l'éboulement initial. Il espérait que l'aide viendrait bientôt, la douleur dans son bras gauche se changeait en un engourdissement et il se demandait s'il avait des microfractures, ou même une petite attaque. S'il avait une blessure cérébrale, il n'avait qu'un temps très court pour le réparer avant que les dégâts ne deviennent permanents.
Il se souvint alors de la détonation qui avait effondré le site d'évacuation et causé l'éboulement initial. Et si les Sernaix avait découvert la flotte de l'Alliance et avait mis au point un attaque générale ? Peut-être le Voyager avait-il dû fuir le secteur pour survivre. Et s'ils n'avaient pas été capables de s'enfuir ? S'ils avaient été détruits ? S'il n'y avait plus personne pour les sauver ? Les pensées de B'Elanna, Miral et Harry commencèrent à tourner dans l'esprit de Tom comme un vieux magnétoscope en avance rapide. Il était en train de céder à la panique.
"Dites-moi en plus sur votre vie. Est-ce que vous êtes médecin ?" reprit Obrist d'un seul coup.
L'absurdité de la question sortit Tom de sa torpeur et le fit rire. "Moi ? Non, je suis un pilote."
Obrist sembla embarrassé. "Quand nous étions sur le site d'évacuation, vous diagnostiquiez le blessé. Et mon bras..."
"J'ai suivi en plus une formation de médecin de campagne", le coupa Tom. "En réalité, j'ai passé quelques années en tant qu'aide principal de notre Docteur. Je suppose que j'ai appris une chose ou deux en médecine pendant cette époque. Mais s'il vous avait entendu m'appeler un médecin, son holomatrice aurait surchargé! Vous savez, lui et moi formions une assez bonne équipe en ce temps là."
Soudain, ils entendirent un fort gémissement dans l'obscurité sur la gauche de Tom et une forme fondit sur lui de nulle part. Avant qu'il ne puisse réagir, deux épaisses mains s'accrochèrent autour de son cou.
"Je savais que c'était vous! Vous et cet hologramme!" C'était Culluh, dont Tom avait presque oublié la présence. Le robuste Kazon s'était soulevé depuis l'ombre où il était allongé et essayait à nouveau d'étrangler Paris. Cette fois, l'homme avait la gravité, l'effet de surprise et une heure de repos à son avantage.
Tom n'était pas loin de l'inconscience et il voyait qu'il n'était qu'à quelques secondes de s'évanouir quand son attaquant fut rejeté en arrière, loin de lui. Il entendit l'homme tomber avec un grognement quelque part dans l'obscurité. Il supposait que, de nouveau, Obrist était venu à son secours.
"Vous allez bien, Tom ?" entendit-il tel un chuchotement au travers du vacarme d'une sonnerie aigue.
Paris essaya de s'asseoir très lentement pour faire le point de l'état de son corps. Son bras et son épaule gauche étaient maintenant complètement engourdis et son pied gauche le picotait comme s'il s'endormait. Il pouvait en fait entendre son sang pulser dans ses oreilles et il ne se risqua pas à ouvrir les yeux de peur que la pièce tournant ne lui rende sa nausée. "Je vais très bien", dit-il à Obrist. "Tenez-le juste éloigné de moi."
Tom se prit à espérer que son diagnostic initial de Culluh fut juste. Encore une attaque de ce genre et l'embolie pulmonaire du Maje éclaterait probablement, le tuant, évitant ainsi que lui ou Obrist n'ait à s'en charger. A l'heure actuelle, ce scénario convenait parfaitement à Paris. Il n'avait pas réchappé tant de fois à la mort pour terminer entre les mains d'un Kazon fou. Il ne donnerait pas satisfaction à Seska.
"C'est la deuxième fois qu'il vous attaque", dit Obrist, debout entre Tom et Culluh et berçant son bras fracturé. "Quelle raison a-t-il de vouloir vous blesser ?"
"Il a assassiné ma femme!" beugla le Maje, avant de partir dans une quinte de toux. "Lui et son complice d'hologramme. Ils l'ont tuée, ils l'ont arrachée du fils en bas âge qu'elle nourrissait au sein et l'ont laissée mourir comme un animal."
"Est-ce vrai ?" demanda Obrist, visiblement abasourdi par l'accusation.
Tom lutta pour rester conscient assez longtemps afin de répondre aux charges contre lui. "Ce n'est pas comme cela que ça s'est passé", dit-il, se forçant à regarder le visage de Culluh. L'homme crachait du venin de ses yeux rétrécis.
"Niez-vous cela ?" grogna le Maje. "Qu'elle est morte à portée de vos mains ?"
"Seska est morte en essayant de tuer tout ceux que je..."
"Répondez-moi! Niez-vous, Fédération ?"
Tom se demanda comment il pouvait bien perdre une bataille orale avec un homme désarmé. Il essaya aussi de calculer encore combien de temps sa tête pourrait supporter la pression avant qu'elle n'éclate. "Non", admit-il finalement. "Non, je ne le nie pas."
Paris s'évanouissait de nouveau et, tandis qu'il s'assoupit, la dernière chose qu'il vit fut le regard choqué et confus sur le visage d'Obrist.
 
***
 
B'Elanna ralentit en approchant de ses quarts. Elle savait que Miral devait encore dormir, mais, à tout hasard, elle ne voulait pas que sa propre agitation inquiête le bébé. Elle appuya sur son panneau d'accès codé et respira à fond pendant que la porte s'ouvrait.
La salle de séjour était calme, mis à part le son attendrissant d'un saxophone jouant à bas volume. Harry était endormi sur le divan et B'Elanna jeta un coup d'oeil dans la chambre à coucher pour constater que Sam Wildman s'était pelotonnée au-dessus de l'édredon. Elle avança jusqu'au lit d'enfant et toucha la joue de Miral du dos de la main. Le bébé était chaud, en sureté et dormait profondément, la veste de l'uniforme de son père toujours posée sur elle. A un moment pendant la nuit, Miral avait attrapé le bout de la manche dans son poing et le saisissait fermement en dormant. Elle était couché sur le côté, les fines frisettes à l'arrière de son cou toutes humides et douces, insitant à être touchées. Mais B'Elanna ne voulait pas risquer de la réveiller. Le jour qui arrivait allait probablement être assez stressant pour chacun. Elle laissa leur fille profiter de quelques heures de sommeil bienveillant de plus.
Elle revint doucement dans la pièce principale jusqu'au divan. Elle tendit la main jusqu'à l'épaule d'Harry, reconnaissante de ne rencontrer aucun signe de son bouclier corporel protecteur. Son ami ouvrit les yeux et cligna pour se réveiller totalement. "B'Elanna... que ? Quelle heure est-il ?" Elle l'observa se souvenir petit à petit de l'endroit où il était, et pourquoi il était là. "Y a-t-il des nouvelles de Tom ?"
Harry reposa les pieds sur le sol et elle s'assit à ses côtés. "Non. Il est presque cinq heures. Nous arrivons en orbite autour de la colonie, alors je vais devoir y aller bientôt, mais je voulais juste..." Son coeur battait de nouveau la chamade et elle n'était pas sûre de savoir comment demander ce qu'elle avait besoin de savoir. "Harry, tes pouvoirs... ils te laissent, je veux dire, peux-tu..."
Il l'a coupa. "B'Elanna, je ne suis pas télépathe, si c'est ce que tu demandes. Enfin, je ne pense pas que je le suis."
"Donc", dit-elle maladroitement, "tu ne peux pas... sentir la présence de Tom. S'il est ... s'il est toujours vivant ?"
Elle voyait le regard d'angoisse s'installer sur le visage de son amie. "Non." Ils restèrent assis là tranquillement pendant quelques instant avant qu'un regard de détermination ne s'empare des yeux d'Harry. "Mais je connais Tom Paris et si quelqu'un peut en réchapper, c'est bien lui."
Torres inclina la tête, désirant le croire. "Je regrette juste que je ne puisse pas ressentir sa présence, dire s'il va bien, lui dire de s'accrocher et que nous venons à son secours."
Harry baissa la tête. "B'Elanna, tu ne dois pas t'inquiéter, Tom n'abandonnera pas. C'est la personne la plus têtue que j'ai jamais rencontrée, à part peut-être toi."
Ils sourirent tous les deux à cette indéniable vérité. Puis Kim la regarda directement dans les yeux. "Fais-moi confiance. Il aime la vie qu'il a maintenant. Et il fera tout ce qu'il pourra pour revenir la vivre."
Même si n'avait pas obtenu les réponses qu'elle espérait, B'Elanna se sentait mieux. Harry l'étonnéa alors par une réponse à une question qu'elle n'avait pas même imaginé lui demander.
"Miral est en train de rêver", dit-il, utilisant la connexion qu'il avait avec leur fille. "Elle rêve de Tom. Et de toi."
Aussi mal à l'aise que B'Elanna fut quant aux changements de son bébé et de son ami, à ce moment, elle trouvait l'idée d'Harry pouvant voir dans les rêves de sa fille étrangement consolateur.
"Et qu'est-ce que nous faisons ?" demanda-t-elle.
Harry sourit. "C'est un rêve de bébé, alors c'est morcelé et n'a pas beaucoup de sens. Mais vous lui souriez, lui donnez son petit déjeuner et Tom est... il est en train de danser avec elle, chantant quelque chose, une chanson que je n'ai jamais entendue auparavant. Elle est heureuse. Et elle se sent en sécurité."
Les mots firent presque craquer la résolution impénétrable de B'Elanna de ne pas pleurer jusqu'à ce que cette crise soit finie. "J'espère que c'est vrai. Et j'espère que son papa sera à la maison à temps pour lui chanter à nouveau une berceuse ce soir."
Harry sourit et se leva. "Alors allons le ramener à la maison pour qu'il le puisse le faire", dit-il, tendant la main.
"Es-tu sûr que tu te sens assez en forme pour cela ?" s'inquiéta B'Elanna.
Il inclina la tête, mais elle voyait qu'il se sentait toujours faible. "Mon meilleur ami est là-bas quelque part. Essaye de m'arrêter de vous aider à le trouver."
B'Elanna se leva et toucha le visage d'Harry, puis lui donna une accolade serrée. A ce moment précis, ils entendirent le son des communicateurs. "Les Officiers supérieurs sur la passerelle."
"C'est notre tour", dit-elle, se poussant brusquement de lui. "Allons trouver mon mari. Pour que je puisse le tuer pour nous avoir effrayé tous de cette manière !"
 
***
 
La passerelle débordait d'activité, mais tout sembla s'immobiliser pendant une microseconde quand Harry Kim sortit de l'ascenseur. Catherine était heureuse de le voir debout et bien portant, mais ne voulait pas embarrasser le jeune homme en mentionnant les moments difficiles qu'il avait traversés. Au lieu de cela, elle parla à la femme à l'air déterminée qui se tenait à côté de lui. "B'Elanna, Chakotay et Seven se sont posés à environ deux cent mètres du site de l'écroulement et demandent qu'une équipe technique se téléporte en bas dans leur centre de commandement."
"Mon équipe et moi pouvons être prêts dans dix minutes", dit Torres, défiant son capitaine de lui retirer cette mission.
"Je vous en donne cinq", lui répondit Janeway. "Nous avons employé les détecteurs astrométriques pour effectuer quelques relevés du sous-sol profond de la planète. Le minerai magnétique bloque tout signe vital, mais nous ont détecté ce qui pourrait être des poches vides dans la roche. Il pourrait y avoir des cavernes souterraines toujours intactes sous la surface, mais nous allons avoir besoin de trouver un moyen d'en scannerà l'intérieur."
"Je vais y travailler", dit B'Elanna en marchant jusqu'à la station de cartographie stellaire pour télécharger les données.
"Harry", dit Catherine quand une autre idée lui vint. "Je voudrais que vous vous rendiez au laboratoire scientifique. Je veux que vous et le Docteur jetiez un coup d'oeil à cette arme que nous avons récupérée sur la colonie. Je voudrais voir ce qui la fait marcher. Si les Sernaix reviennent, nous pourrions avoir à nous en servir."
Il sembla hésiter et Janeway observa le regard que son officier des opérations et son ingénieur en chef échangèrent. B'Elanna inclina la tête et il apparut évident à Catherine que Kim avait espéré l'aider à récupérer son ami. "Bien, Capitaine", dit-il en se dirigeant vers l'ascenseur.
Catherine était reconnaissante que Kashyk ait décidé de retourner à bord de son propre navire. Il n'approuvait pas qu'elle ait placé le Voyager en orbite autour de la colonie et elle se demandait si son obligation de l'aider à la protéger, son vaisseau et son équipage, n'en souffrirait pas quelque peu. Cependant, pour le moment, c'était elle qui détenait l'arme vidiienne, un fait que le capitaine Devore n'avait pas connaissance. Catherine remercia silencieusement Seven pour avoir immédiatement eu l'idée de la téléporter du Resnick avant que la navette ne retourne dans la bataille. Elle espérait seulement que le prix qu'ils avaient payé pour la récupérer ne serait pas trop élevé.
 
***
 
Même en s'arrêtant pour se changer et mettre son uniforme d'escalade, B'Elanna avait relevé le défi de cinq minutes de son capitaine avec dix secondes d'avance et elle arpentait le sol de la salle de téléportation en attendant que les deux derniers membres de son équipe arrivent. Il sembla se passer une éternité avant que les portes ne s'ouvrent finalement pour laisser entrer les deux hommes l'un derrière l'autre.
"Vorik", dit-elle, jetant au jeune Vulcan un paquet lourdement chargé. "La rumeur dit que vous êtes un escaladeur expérimenté."
Il hocha la tête. "Oui, monsieur. J'ai passé plusieurs été à explorer..."
Elle le coupa. "J'entends bien. Si nous détectons des signaux vitaux sous de la surface, nous pourrions devoir faire descendre quelqu'un pour y déposer les amplificateurs de téléportation. Ce sera votre boulot."
B'Elanna se retourna vers l'homme très embarrassé à côté de Vorik. La question était évidente sur son visage avant même qu'il n'ouvre la bouche. "Alors qu'est-ce que je fais ici ? Je ne suis ni ingénieur ni escaladeur."
Elle rassura Mike Ayala d'un regard fixe confiant. "Pour un opérateur de console, vous êtes l'homme le plus costeaud que je connaisse. Quelqu'un devra bien tenir la corde de Vorik." Elle jeta son propre paquet au pilote et avança jusqu'aux plots de téléportation. Les deux lieutenants la suivirent avec Nicoletti et un géologue nommé Johnson et se préparèrent à être téléporté. "Energie", dit-elle.
Ils se matérialisèrent au bord d'une clairière, près d'un immense abîme de presque vingt mètres de large juste devant eux. Chakotay et Seven scannaient déjà le site avec leurs tricordeurs. B'Elanna laissa tomber ses outils et marcha jusqu'à eux. "Quelque chose ?" demanda-t-elle.
Seven secoua la tête mais continua ses scans. Chakotay leva la tête vers elle et B'Elanna vit pendant un instant de l'inquiétude dans ses yeux avant qu'il ne la cache . Il connaissait de meilleures façons de la distraire que de lui poser des questions personnelles. C'était une ingénieur en mission. La mission la plus importante qu'elle ait jamais dirigée.
Il était concentré sur le travail quand il lui répondit. "Il y a des signatures d'énergie résiduelles de l'explosion Sernaix, mais je ne vois aucune preuve du campement."
B'Elanna se retourna et appela son équipe. "Vorik!" Il fut à ses côtés instantanement. "Reconnaissez-vous des points de repère ? N'importe quel arbre ou bosquets qui puisse vous aider à trouver où Tom se tenait la dernière fois que vous l'avez vu ?"
Le Vulcain scanna le périmètre du cratère d'impact. "Je crois que la tente de tri était près de l'autre côté de l'abîme. Le lieutenant Paris et le Prélat Obrist se dirigeaient vers les deux docteurs vidiiens qui venaient d'apparaître de ce sous-bois", dit-il, indiquant un arbuste carbonisé à la droite de B'Elanna. "Ils étaient devant le point d'impact de l'explosion, je crois, ce qui les placerait à environ cinq mètres dans cette direction." Il indiqua un endroit juste devant le buisson. Un endroit qui était maintenant trois mètres en dessous de leur niveau.
B'Elanna saisit son tricordeur et avança jusqu'au bord du cratère. Elle compara l'emplacement aux relevés astrométriques et fut soulagée de voir qu'il s'alignait sur plusieurs des cavernes souterraines. C'était la première bonne nouvelle qu'elle avait eue depuis que cette très longue et difficile nuit avait commencé.
Elle se pencha au-dessus du trou et regarda en bas. Il y avait plusieurs ouvertures qui lui rappelèrent des tunnels de fourmi et elle se demanda si elles pouvaient laisser passer l'air et la limière jusqu'aux cavernes encore intactes en dessous d'eux. "Johnson", appela-t-elle pour que son expert géologue la rejoigne. "Qu'en pensez-vous ?" demanda-t-elle.
La femme regarda attentivement le trou et hocha la tête. "C'est un effet de passoire. Quand le sol en dessous d'un éboulement est formé de cavernes irrégulières, la terre peut s'écouler vers le bas comme de la farine dans une passoire. Quand la terre au-dessus de l'ouverture passe à travers, des trous comme ceux-cis se forment. Mais ils sont généralement très instables. Un rien suffit pour que les côtés s'effondrent et bouchent complètement le trou."
Cela changea le plan d'attaque de B'Elanna. Ils ne pouvaient pas risquer de creuser et de boucher ce qui était peut-être la seule source d'air de Tom. Ils devaient trouver un moyen de faire passer quelque chose par les trous sans que cela ne pèse sur le sol environnant.
Elle resta là un moment, se demandant ce qu'elle devait faire ensuite. Soudain, une idée lui traversa l'esprit. "Ayala!" appela-t-elle par dessus son épaule. Elle continua à parler tandis qu'il dirigeait vers elle. "Vous vous rappelez le Bain de Ronce ?"
Il sembla perplexe, puis un sourire étrange apparut sur son visage. "Le point d'eau sur la Colonie Mandelis ? Bien sûr. Il a fallu une éternité pour que ces éraflures guérissent. Pourquoi ?"
B'Elanna mettait toujours son plan au point quand elle répondit. "Vous aimeriez aller pêcher avec moi à nouveau ?"
Il regarda par dessus le bord et sembla comprendre sa pensée. "Quand vous voulez. Mais qu'employons-nous comme amorce ?"
Amorce! Le mot finit d'emboîter toutes les pièces de l'énigme. "Laissez-moi régler ça", dit-elle. "Torres au Voyager..."
 
***
 
Harry avait des difficultés à se concentrer. Que ce soit l'extrême faiblesse qu'il ressentait dernièrement ou sa préoccupation pour la mission de sauvetage de Tom, il luttait pour se concentrer sur les données devant lui.
Le Docteur, quant à lui, était occupée à analyser les balayages de l'ordinateur sur l'arme vidiienne. "Cela a toutes les apparences d'une adaptation d'une torpille standard, encore que le mécanisme de déclenchement soit des plus étranges. Je détecte un champ fluctuant de chronotons et et une sorte de chambre de stockage de matière organique."
Harry essaya de se concentrer. "Ce n'est pas inattendu", dit-il. "Nous savions que les vidiiens employaient leur avancée en médecine pour développer un agent biologique. Quoique, si vous me le demandez, je ne peux pas croire que nous avons imaginé les aider à construire un de leurs engins de torture."
Le HMU se hérissa à ce commentaire. "Je pense qu'il serait utile à cet équipage de se rappeler que tous les vidiiens que nous avons rencontré ne sont pas des monstres occupés à voler des organes. Il est injuste de juger une race entière uniquement sur les actions de leur gouvernement désespéré et mal guidé."
Harry savait pourquoi ce sujet était si sensible pour le Docteur. Le HMU avait connu une femme vidiienne, un docteur nommé Denara Pel, qui avait effectivement semblé être une personne gentille et compatissante. Elle avait aidé l'équipage du Voyager à sauver les vies du Capitaine Janeway et du Commandeur Chakotay et Tom lui avait dit que le Docteur avait en quelque sorte tombé amoureux d'elle.
Cependant, Harry avait ses propres souvenirs des vidiiens, y compris ceux d'un tout petit bébé tenu dans ses bras pendant qu'il esquivait les corps sans vie de ses collègues. Il n'oublierait jamais la terreur qu'il avait ressentie en se dirigeant vers la déchirure spatiale et la sécurité à bord de la version dupliquée du Voyager, juste avant que son propre navire ne s'autodétruise.
Il ne l'avait jamais dit à personne, mais tandis qu'il courait ce jour-là, il avait presque trébuché sur un membre d'équipage mort dans le couloir, juste à l'extérieur de l'infirmerie. Il n'oublierait jamais le sentiment à la vue du corps sans vie de Tom Paris couché là à ses pieds.
Pour le moment, c'était un souvenir particulièrement terrifiant et Harry batailla pour repousser ce souvenir.
"Excusez-moi, Doc, mais certains d'entre nous ont des difficultés à pardonner et oublier cela aussi facilement." Kim baladait ses mains le long du dessous de la torpille en parlant et il trouva rapidement ce qu'il cherchait. Un petit panneau d'accès glissa dans son logement et une fiole de liquide sortit de l'intérieur. "Voilà votre matière organique", dit-il, revenant à la mission en cours. "Mais c'est protégé par unesorte d'agent inertiel. Je suppose qu'ils ne voulaient pas que les Sernaix le scannent et apprennent ce qu'ils fabriquaient."
Kim recula de deux pas de la table. "Ordinateur", appela le Docteur. "Erige un champ de force de niveau neuf autour de la station de travail Deux-Alpha." Harry entendit le chuintement du champ de force s'engageant, le protégeant avec le reste du laboratoire des agents biologiques à l'intérieur de la fiole.
Le Docteur cassa le cachet et extraya quelques grammes du liquide dans une minuscule pipette. Il scella la tige entière dans un tube d'analyse et ferma les deux conteneurs. "Décontaminez la station de travail Deux-Alpha", ordonna-t-il à l'ordinateur. Après un moment, la zone fut nettoyée de tout agent biologique et le champ de force fut désactivé.
Harry replaça la fiole dans la torpille tandis que le HMU commençait un balayage microcellulaire. "Incroyable", murmura le Docteur dans sa barbe. "Si ça fait ce que je pense que ça fait, je crois que vous pourriez avoir eu raison à propos de nos 'alliés' vidiiens. Peut-être que certains de ces léopards ne peuvent finalement pas changer leur comportement si facilement."
Harry était juste sur le point de jeter un oeil aux résultats quand il entendit le canal de communications s'ouvrir. "Passerelle au Docteur", appela le Capitaine Janeway.
Les sourcils du médecin sautèrent. "Ici le Docteur. Vous avez du lire dans mes pensées, Capitaine. Jétais sur le point de vous appeler. Je crois que j'ai découvert le secret de cette arme et je pense que vous devriez..."
"Plus tard, Docteur", l'interrompit Janeway. "Pour l'instant, j'ai besoin que vous partiez en mission. Prenez votre émetteur portable et téléportez-vous à la surface."
Les deux hommes se regardèrent. Cela signifiait-il qu'ils avaient trouvé Tom, vivant, mais blessé ? "Dois-je apporter mon kit de trauma ?" demanda le Docteur, une allusion d'espoir dans la voix.
La réponse du capitaine ne leva pas le mystère. "Je ne sais pas si vous en aurez besoin, mais vous devriez le prendre à tout hasard. Janeway terminé."
Le HMU se retourna vers Harry. "Ce sera plus rapide si je me transfère à l'infirmerie. Entrez en contact avec le Commandeur Tuvok sur un canal sûr et faites-lui poster un détachement de sécurité à l'extérieur de cette porte. Et quoi que vous fassiez, ne laissez personne de l'Alliance lire mes découvertes."
Harry hocha la tête tandis que le Docteur appuya sur les contrôles de son projecteur holographique et disparut de sa vue. Avant que Kim n'appelle Tuvok, cependant, il alla voir les résultats d'essai qui rendaient le HMU si inquiet.
Harry n'était pas biologiste cellulaire, mais même lui pouvait comprendre les implications de ce qu'il lisait. "Qu'ils soient damnés", dit-il tout bas, avant de commencer à écrire un message codé marqué 'A l'attention exclusive du Chef de la Sécurité'.
 
***
 
"Je suis docteur, pas appât de pêche!" Le HMU hurlait la bouche ouverte comme un poisson hors de l'eau, mais B'Elanna ne voulait pas l'entendre.
"Vous êtes le seul à pouvoir le faire, Docteur et s'il y a une chance que Tom et les autres soient vivants là-bas, nous devons les en sortir maintenant."
Il ne sembla pas convaincu. "Il doit bien y avoir une autre façon. Si mon émetteur portable est endommagé pendant que mon programme y est téléchargé, je serai tué!"
Torres se demanda s'il savait à quel point elle était près de le tuer elle-même en ce moment précis. "Nous ne laisserons pas cela arriver. Mais, si vous avez un autre plan brillant, c'est maintenant oiu jamais."
Le HMU souffla un air holographique. "Je n'en ai pas", admit-il à contre-coeur. "Et votre plan brillant serait de... ?"
B'Elanna avait déjà commencé à ajuster les commandes sur sa manche tout en parlant. "Nous avons déjà utilisé votre émetteur comme tricorder auparavant. Quelques modifications rapides, puis nous vous désactivons et le descendrons par l'ouverture. Nous devrions être capables de faire quelques lectures de base, suffisantes pour savoir s'il y a quelqu'un de vivant en bas."
"Et si vous les trouvez ? Alors quoi ?"
Elle ne voulut pas lui dire qu'elle n'avait pas pensé à cela pour l'instant. "Espérons que nous atteindrons notre but, finalement. Etes-vous prêt ?"
Le Docteur inspira, juste pour l'effet, assuma-t-elle, et hocha la tête. Deux pressions rapides sur son émetteur et il disparut.
'Accroche-toi juste encore un peu, Tom', pensa-t-elle en fixant l'émetteur au bout d'un long câble polarisé. Puis elle se tourna vers Ayala. "Il est l'heure d'émettre", dit-elle.
 
***
 
Tom était en train de perdre la bataille avec sa conscience. Mais s'il évanouissait à nouveau, il savait qu'il n'aurait plus aucune chance de rentrer à la maison vivant. De revoir B'Elanna et Miral. Il força ses yeux à rester ouvert et vit Obrist assis contre le mur opposé, le regardant fixement.
"Je pensais que vous alliez m'aider à passer une nuit blanche", marmonna Paris.
Son ami Krenim avait quelque peu changé. Distant, réservé. "J'ai essayé", répondit Obrist d'un ton monocorde. "Vous ne répondiez pas."
Tom se demanda combien de temps il était resté endormi cette fois. Non pas que cela fut important désormais. "Je suis en train de mourir", dit-il platement. C'était une vérité qu'il devait accepter et il le devait maintenant. "Un vaisseau sanguin dans mon cerveau est sectionné et il va me tuer d'ici peu. La prochaine fois que je m'assoupirai, je ne me réveillerai pas. Faites donc ce que vous pouvez pour me tenir éveillé." Il y avait un regard d'hésitation dans les yeux du jeune homme. "S'il vous plaît", demanda Tom.
"Je ferai ce que je peux pour vous aider", répondit finalement Obrist tandis que son expression se faisait plus compatissante.
Paris prit le risque de regarder la forme couchée silencieusement dans l'ombre. "Culluh ?" demanda-t-il.
Obrist secoua la tête. "Je pense qu'il est mort. Sa respiration est devenu très laborieuse après que vous vous soyez évanoui. Il cherchait son air, puis cela s'est soudainement arrêté. Il n'a pas bougé depuis un bon moment."
Il était étrange que cette pensée n'apportât que peu de réconfort à Tom. Ici, cet homme avait dépensé son dernier souffle à essayer de le tuer et pourtant, rien de tout cela n'avait aucun sens. Toutes ces années à détester 'les Fédérations' lui avaient coûté tout, y compris sa vie.
Tom sentait Obrist le regarder fixement, observant ses réactions. "Je suis désolé", dit-il, se demandant s'il le pensait vraiment, ou s'il était juste trop embarrassé pour laisser son nouvel ami Krenim le regarder se réconforter de la mort de quelqu'un d'autre.
"Vous l'êtes ?" demanda Obrist, n'accusant Tom de rien, mais d'un air vraiment curieux. "Il m'a dit certaines choses avant de mourrir."
'Cela a dû être intéressant', pensa Paris. "Qu'a-t-il dit ?"
"Il a dit que votre peuple avait la technologie qui aurait sauvé les vies de Kazons et pourtant vous avez refusé de la partager avec eux."
Tom se demanda s'il avait assez de temps ou d'énergie pour s'expliquer. "C'est vrai", dit-il. "Nous leur avons donné une aide humanitaire, alimentation, eau, médecine. Mais nos lois nous interdisent de partager la technologie avec des races moins avancées. Cela aurait pu changer l'équilibre des forces dans la région entière. Sans mentionner que les Kazons étaient des meurtriers impitoyables."
Obrist blanchit à ce commentaire. "C'est étrange. C'est la manière dont il vous a décris." Sans aucun doute, pensa Tom. "Est-ce qu'il est vrai que votre capitaine a attiré les chefs de toutes les sectes Kazons dans une embuscade sous le prétexte de créer une alliance de paix ?"
'Quoi ? ' Puis Paris repensa à leur brève rencontre avec les Trabes. "Nous avons été dupé en croyant que ce serait vraiment une conférence de paix. Dès que le Capitaine Janeway a comprit ce qui se passait, elle a averti les Kazons. Mais c'était trop tard."
Tom prit une profonde inspiration. La conversation l'énervait, la simple pensée que quelqu'un pourrait dépeindre les Kazons comme les victimes innocentes d'une agression de la Fédération était presque trop dur à endurer. "Ecoutez, Obrist, nous nous connaissons l'un l'autre depuis moins d'un jour et je sais que vous ne savez rien de moi ou mon peuple. Mais dès que nous nous sommes rencontrés, j'ai eu cet étrange sentiment que je pourrais avoir confiance en vous. Et je vous demande d'avoir confiance en moi."
Paris siffla quand une vague de douleur s'abattit sur son pied gauche, juste avant qu'il se devienne complètement engourdi. Obrist commença à se diriger vers lui, mais Tom lui fit un signe de la main. "Ecoutez, si j'avais quelque confession à faire sur mon lit de mort, ce serait maintenant. Mais ma conscience est claire."
Cependant, Tom détestait passer ses derniers moments à devoir revivre les pires moments passés dans le Quadrant Delta. "La 'femme' dont Culluh vous a parlé, elle fut autrefois un membre de l'équipage du Voyager. Mais elle n'était pas qui nous pensions qu'elle était vraiment et elle a finit par aider les Kazons à nous attirer dans une série de pièges. Elle et Culluh et leurs chiens de garde ont battu un ami à moi presque à mort, puis quelques semaines plus tard ont tendu une ambuscade au Voyager et ont abandonné notre équipage entier pour mourir sans alimentation ou eau. J'ai pu m'échapper, cependant, et notre Docteur et moi avons finalement repris le contrôle du navire. Seska, la petite amie de Culluh, a été tuée dans une explosion pendant la bataille. Je ne l'ai pas tuée. Pas de la façon qu'il a suggéré, en tout cas."
Etait-il en train de tergiverser, coupant les cheveux en quatre à propos de sa responsabilité quant à la mort de Seska ? Tom s'en fichait, désormais. Tout ce dont il se souciait était de laver son nom avant de mourrir. "Toutes les pertes que les Kazons ont subi de la part de mes camarades de bord étaient de l'auto-défense. Nous n'avons jamais été les agresseurs. Ce n'est pas ce que nous sommes. J'espère que vous me croyez."
Il vit Obrist lutter contre ses sentiments avant de hocher la tête en acquiessement. "Je vous crois", dit le jeune homme. "Et je suppose que l'identité du méchant et de la victime dépendent de quel point de vue on se place dans le contexte de l'époque."
Tom réfléchit à la question pendant une minute. Puis il se rendit compte que certaines situations qui lui avaient autrefois semblé si claires et nettes semblaient maintenant troubles. Les Kazon avaient soufferts entre les mains des Trabes. Oui, c'étaient des voyoux et des brigands, mais leurs enfants devaient souvent survivre sans nourriture ou médecine. Et il se posa des questions à propos du fils de Seska et Culluh. Il aurait environ sept ans maintenant avec ses deux parents morts. Ce garçon n'avait pas demandé à vivre la vie qu'il avait eu.
Cette pensée le ramena à son propre enfant puis à B'Elanna. Une étrange pensée lui traversa alors l'esprit: il y avait eu un temps où la Fédération considérait les Klingons comme des monstres, 'des meurtriers impitoyables'. Désormais, tout ce à quoi il arrivait à penser était le visage de sa femme demie Klingonne. Il aurait tellement voulu la revoir encore une fois...
Peut-être était-ce une erreur d'établir des jugements généraux sur l'éthique de toute une race. Peut-être vivre selon des principes était-il plus compliqué que ce qu''il aimait parfois à penser. Et peut-être Obrist avait-il raison à ce propos, relativement parlant.
Ce ne serait plus long maintenant, comprit Tom. Il avait des difficultés à maintenir ses yeux ouverts et il savait qu'il aller devoir bientôt décider s'il fallait qu'il continue à se battre ou céder à l'inévitable. Et il plaignit Obrist qui pourrait avoir à rester assis dans leur trou à rat pendant des jours, entourés par des morts, attendant que...
A ce moment même, la lumière du puit au-dessus d'eux vacilla et une douche de poussière leur tomba dessus. Tom se protégea les yeux, mais n'eut pas la force de s'éloigner.
Obrist, cependant, se leva et tendit la main vers quelque chose au-dessus de sa tête. "Je pense qu'ils nous ont trouvés!" disait-il en bondissant pour saisir quelque chose de son bras valide.
Tom l'entendait siffler de douleur, mais n'arrivait pas à voir ce qu'il faisait. "Qu'est-ce que c'est ?" demanda-t-il.
"Je l'ai !" dit Obrist en guise de réponse. Après quelques instants, l'ingénieur Krenim se mit à genoux à côté de lui. "C'est une sorte d'outil", dit-il en soulevant la paume droite de Tom pour y placer son trésor.
Dès que Tom l'eut en main, il reconnut la forme unique et la dureté de l'émetteur. Quelques pressions maintenant instinctives de son pouce et Paris entendit le son miroitant caractéristique, comme une musique à ses oreilles.
Obrist, d'un autre côté, bondit et tomba presque à la renverse à la vue de l'homme qui s'agenouillait maintenant aux côtés de Paris.
"Qu'est-ce qui vous a pris si longtemps, Doc ?" dit Tom, essayant de ne pas laisser l'assaut d'adrénaline lui causer un arrêt cardiaque.
Il força ses yeux à s'ouvrir un minimum et put voir le regard inquiet dans les yeux de son vieil ami. Même sans tricordeur médical, l'amical docteur de famille de Paris pouvait voir que son ancien assistant était plutôt en mauvais état. "Qu'est-ce que vous avez avec les cavernes, Lieutenant ?" le taquina le HMU avant d'appuyer sur son communicateur.
"Docteur à équipe de terrain. J'ai besoin que vous téléportiez mon kit de trauma ici tout de suite."
Tom sentit qu'il perdait connaissance en entendant le bruissement d'un rayon de téléporteur. C'était bien sa chance de mourir alors même que la cavalerie arrivait.
Il sentit quelque chose de doux et familier. "Hé." Il entendit une voix familière qui n'était clairement pas celle du Docteur. Puis il sentit quelqu'un prendre sa main. "Ouvre les yeux." Il les força à nouveau à s'ouvrit et vit B'Elanna se mettre genoux à côté de lui dans une sorte d'uniforme d'escalade qui lui rappelait Sakari. Il se demanda pendant une seconde s'il avait des hallucinations. Cela semblait trop beau pour être réel.
"C'est agréable de voir que tu suis toujours les ordres", le taquina-t-elle en serrant ses doigts.
Il employa sa dernière once de force pour serrer la sienne. "Oui, madame", chuchota-t-elle.
"Vous allez vous en sortir, Monsieur Paris", entendit-il le Docteur dire en sentant une seringue hypodermique contre son cou. "Détendez-vous et dormez."
Dormir. Enfin. Mais après avoir voulu pendant des heures fermer les yeux plus que toute autre chose, tout ce qu'il voulait faire maintenant était les garder ouvert. Tom se força à se concentrer sur le visage de B'Elanna jusqu'à ce que le sédatif ait finalement raison de lui.
 
***
 
"Comment ont-ils été capables de se faire téléporter de sous ce minerai magnétique ?" demanda Catherine à Chakotay pendant le compte rendu, dans son bureau.
Il était sur le point de répondre, mais fut coupé par un HMU radieux. "Une utilisation ingénieuse de mon émetteur portable, si je puis dire. Le Lieutenant Torres l'a accroché au bout d'un câble de circuit duotronique et l'a employé pour me descendre dans le trou. J'ai été capable de relayer mon signal par le câble jusqu'à la surface et, par conséquent, un rayon de téléportation vers et hors de la caverne."
"Merci, Docteur", dit le capitaine, s'émerveillant de la capacité qu'avait son ami holographique de s'approprier le crédit de tout ce qui l'impliquait. "J'ai cru comprendre que vous aviez aussi localisé les corps des médecins vidiiens et de... Maje Culluh." Elle pouvait à peine se foorcer à dire son nom.
Le visage de Chakotay devint immédiatement grave. "Je suppose qu'il tient companie à Seska en enfer, maintenant", dit-il, incapable de cacher sa douleur au souvenir de la femme qui l'avait trahi... les avait tous trahis.
"J'ai peur que ce ne soit pas tout ce que j'ai été capable de localiser", dit le Docteur, remettant une tablette au capitaine. "J'ai achevé mon analyse de l'arme que nous avons récupérée sur la colonie."
Catherine parcourut les données, puis leva la tête vers Chakotay et secoua la tête. C'était aussi mauvais qu'ils ne l'avaient craint et même pire. Elle était livide en arpentant le plancher de son bureau, claquant la tablette contre sa paume tout en marchant. "Est-ce que vous en êtes certain, Docteur ?" demanda-t-elle, bien que, étant elle-même une scientifique, elle connaisse déjà la réponse.
"Oui, Capitaine", répondit le HMU. "L'agent biologique contenu dans l'arme est une protéine de sang Sernaix qui contrôle la régénération des cellules. Employé avec le générateur de chronotons des Krenim, il provoque une accélération du processus naturel de vieillissement des Sernaix. Une fois perfectionné, le processus cause une nécrose rapide des cellules. Pour résumer, la victime vieillira jusqu'à sa mort en quelques heures."
Janeway repensa à un projet de recherche mal intentionné dans lequel son équipage avait servi de cobayes. Quelque chose de semblable était arrivé à Chakotay, il avait commencé à vieillir une nuit, mais cependant pas aussi rapidement. Elle comprit les implications de ces nouvelles. "Et pendant ces quelques heures, la personne infectée souffre à l'agonie et meurt dans des douleurs atroces ?"
Le médecin hocha la tête. "J'en ai peur. Imaginez la sensation de sentir votre corps mourrir autour de vous, système après système. Même s'ils pouvaient augmenter le taux de nécrose, en réduisant le processus à quelques minutes au lieu de quelques heures, je le qualifierait toujours de torture selon des normes de la Fédération."
Catherine secoua la tête. "Normes de la Fédération ou pas, je ne ferai pas partie de ce genre de barbarie. Nous nous battons pour nos principes autant que pour nos vies."
Le Docteur acquiesca d'un signe de tête. "Apparemment, les membres les plus cyniques de l'équipage avaient raison à propos de certains de nos alliés vidiiens. Personnellement, je ne peux pas comprendre comment des médecins peuvent participer à ce genre d'expérimentation. Il semble qu'Hippocrate ne soit jamais venu dans cette partie du Quadrant Delta."
Chakotay semblait d'accord. "Je suis également inquiet des expériences temporelles que les Krenim ont conduites. Jusqu'ici, ils se sont révélés les moins virulents de l'Alliance, mais avec ce que j'ai vu et les choses que Tom a rapportées, je ne pense pas que nous pouvions nous permettre de baisser notre garde."
Tuvok, comme toujours, était inquiet par des questions plus pratiques. "Les Devores et les commandants Krenim demandent une réunion, Capitaine. Ils se demandent sans doute si nous avons été capables de sécuriser l'arme."
Catherine se retourna pour lui faire face. "Qui d'autre est au courant de ces découvertes ?"
La mémoire sans défaut du Vulcain commença à réciter les noms. "Le Commandeur Chakotay et Seven of Nine. Le Lieutenant Kim. Le Docteur. Vous. Moi-même."
Chakotay semblait comprendre ce qu'elle avait en tête. "Si je devine ce que vous projetez et si Kashyk le découvre..."
"Llaissez-moi m'occuper du Capitaine Kashyk", dit-elle, sachant que c'était une chose plus facile à dire qu'à faire quand son Premier Officier était inquiet. "De plus, qui sait combien de temps il faudra aux vidiiens pour amasser assez de matière organique Sernaix pour recréer leur arme. Aumoins, cela nous donnera un peu de temps pour trouver une autre voie." Comme si elle savait que le moment était venu, la sonnerie de la porte retentit. "Tuvok, vous savez quoi faire ?"
Le commandeur hocha la tête. "Les données sur leurs recherches également, je présume ?"
"Tout", dit-elle, inclinant la tête. "Maintenant, messieurs, si vous voulez bien m'excusez... j'ai une représentation à donner."
Les trois officiers se dirigèrent vers la passerelle, Chakotay lui lançant au passage un regard de feu. Une fois partis, Kashyk entra dans son bureau, suivi par une garde d'hooneur de la sécurité.
"Capitaine, j'ai entendu dire que votre homme d'équipage et le Krenim étaient sauvés. Félicitations." Sa voix avait depuis longtemps commencé à lui taper sur les nerfs, mais aujourd'hui Catherine lui rendit ses inflexions ironiques avec les siennes.
"Et mes condoléances pour la perte de Monsieur Plaxt", dit-elle. "Le Lieutenant Paris m'a dit qu'il était un officier Devore modèle."
L'expression sur le visage de Kashyk montra subreptissement de la curiosité à son commentaire, mais il sembla l'écarter aussi rapidement qu'elle était apparue. "Une perte tragique, assurément", dit-il.
"J'ai peur nous ayons subi un autre perte tragique", dit Janeway, se sentant pendant un instant comme son alter ego reine araignée. "Mes officiers viennent de m'informer que l'arme que nous avons eu tant de mal à récupérer avait été perdue pendant notre bataille contre les Sernaix."
Elle vit les yeux de Kashyk se rétrécir à cette nouvelle. "Perdu ? J'avais l'impression qu'elle était récupérée sans incident."
Janeway hocha la tête. "C'était vrai. Mais quand nous sommes repartis prêter main forte au Delta Flyer, la navette que le Commandeur Chakotay pilotait a été frappée par un disrupteur Sernaix. La baie cargo a été dépressurisée et j'ai peur que votre arme ait été aspirée dans l'espace." Elle observa le le sourire figé et forcé sur le visage de Kashyk. "Je sais quelle déception ce sera pour vous et pour les autres."
Il la regarda fixement un moment et elle se demanda s'il allait mettre en doute son affirmation. Après quelques secondes, il se remit à sourire du même sourire de serpent qu'elle avait pris l'habitude demépriser. "Oui... Et bien, ça a été un effort vaillant. Et au moins, nous avons survécu à une autre journée de bataille, j'imagine. Peut-être nos collaborations futures seront-elles plus... fructueuses."
"Peut-être", dit-elle, avant de décider de lui montrer clairement les limites et de resserrer légèrement la vis. "Maintenant, si vous voulez bien m'excusez, j'ai rendez-vous pour un dîner privé auquel j'ai l'intention de me rendre."
Kashyk resta là un instant, étudiant ses yeux, puis se retourna pour quitter la pièce. En atteignant la porte du bureau, il se retourna pour lui faire face. "Vous savez, grâce à votre équipage, nous avons été capables de sauver les scientifiques qui ont créé ce prototype. Il ne faudra pas longtemps pour qu'ils soient capables de reprendre leur recherche et d'en construire un autre."
Message reçu. "Et bien, alors", dit-elle, se demandant ce qu'elle ferait si ce jour venait jamais. "J'imagine que, quand cela sera le cas, j'aurai finalement l'occasion de voir votre impressionnant travail manuel. Mais d'ici là, peut-être devrions-nous chercher d'autres façons de combattre notre ennemi commun." Puis elle le dévisagea des yeux, décidé à ne pas donner à cet homme le moindre doute quant à sa résolution. Il finit par céder le premier avant d'être escorté jusqu'à la salle de téléportation.
Catherine se souvint immédiatement de l'expression 'l'honneur des voleurs'. Elle avait violé la confiance de ses associés de l'Alliance pour préserver ses propres principes et n'en éprouvait pas le moindre regret. Ils gagneraient cette bataille, elle n'en avait aucun doute. Mais ils le feraient à sa façon.
Elle sortie sur la passerelle et prit place à côté de Chakotay. "Alors ?" demanda-t-il, visiblement curieux à propos de la rencontre.
"Alors", le copia-t-elle, décidant que les détails pourraient attendre plus tard, quand ils pourraient parler en privé. "Que dirais-tu de faire un petit détour avant d'aller dîner ?"
Il soupira tout en souriant. "D'accord. Mais un jour, il faudra que tu trouves le temps de me dire comment tu peux te sortir de ce genre de situation."
Elle essaya de ne pas rire à son insinuation en marchant avec lui jusqu'à l'ascenseur. "Et te livrer tous mes secrets ? Une femme a besoin de mystère, tu sais." Elle ne regarda pas derrière elle, mais elle savait que Chakotay souriait.
 
***
 
La sonnerie de la porte n'avait pas arrêté de sonner toute la nuit. Tom se sentait un peu maladroit dans son sofa en peignoir et pyjama, mais le Docteur avait insisté pour qu'il reste allongé pendant au moins trois jours. Il ne semblait pas vraiment y avoir d'intérêt à s'habiller.
Du moins était-ce ce qu'il pensait avant que la parade de visites ne commence à défiler.
Cela avait d'abord été Mike Ayala, qui lui avait apporté un modèle réduit du Delta Flyer, complêté de brûlures, d'éraflures et de ruptures de coque pour commémorer son état actuel, avec la promesse qu'il serait remis à neuf avant que Paris ne soit de retour à son service. Tom était heureux de voir que son ami n'avait pas perdu son sens tordu de l'humour.
Sam Wildman lui avait rappelé leur propre aventure, pris au piège sous terre et lui avait suggéré qu'il faudrait peut-être qu'il commencer à emporter sur lui une réserve supplémentaire d'oxygène et une longue corde dans ses missions d'exploration. Et Baytart lui avait réaffirmé qu'il tiendrait sa place chaude aux commandes tant que ce serait nécessaire. Tom était plutôt sûr que Pablo ne lui en voudrait pas s'il décidait de prolonger son congé médical de quelques mois. Ce n'était pas un secret que l'homme avait pour ambition de devenir homme de barre un jour.
Finalement, B'Elanna réussit à virer tout le monde excepté Harry et Seven et, même si Tom aimait énormément la compagnie de ses amis, il était pressé qu'ils s'en aille aussi. Il avait besoin de rester seul avec sa famille. Il ne put donc pas s'empêcher d'adresser à sa femme un signal de détresse visuel quand leur sonnette résonna une nouvelle fois.
Il commencait à se lever quand le Capitaine et Chakotay entrèrent, mais Catherine lui fit un signe de la main. "Repos, Monsieur Paris. C'est une visite de courtoisie, pas une inspection."
Janeway s'avança et s'assit sur le bras du divan, posant une main sur l'épaule de Tom. "Comment vous sentez-vous ?" demanda-t-elle de cette façon maternelle qu'elle avait de faire quand un des membres de son équipage était blessé.
"Parfaitement", dit-il, exagérant un peu les choses. "J'ai toujours un petit picotement dans mon bras et mon pied gauche, mais Doc dit que cela disparaîtra dès que les nerfs se seront régénérés. Je devrais être comme neuf dans quelques jours."
Il pouvait voir le regard dans les yeux de Catherine, le même regard que sa mère avait l'habitude de lui donner quand il rentrait complêtement écorché après une chute d'un arbre ou un test pour voir s'il pouvait voler en sautant du toit du porche en utilisant ses draps de lit comme parachute. Il était cependant reconnaissant qu'elle ne le gronde pas pour avoir été négligent. Ils savaient tous les deux que ces jours étaient loin derrière eux.
"En ce qui concerne l'arme ?" demanda Tom, espérant que leur mission avait au moins apporté quelque chose de valable. Il vit un étrange regard passer entre le Capitaine et le Premier Officier.
"Cela n'a pas été ce que nous avions espéré", répondit-elle énigmatiquement. "Cela ne nous aidera pas, j'en ai peur."
Ses commentaires calmèrent son humeur pendant quelques instants, puis elle sembla vouloir changer de sujet. Tom se demanda s'il y avait quelque chose plus dans cette histoire, mais savait qu'il ne valait mieux pas demander.
"Et bien, puis-je vous offrir quelque chose à boire, Capitaine ?" entendit-il B'Elanna demander, essayant de jouer son rôle d'hôtesse. Il retint son souffle, attendant la réponse de Janeway. Quand ses invités bien intentionnés comprendraient-ils l'allusion... ?
 
***
 
Catherine était juste sur le point de demander une tasse de café quand elle vit la version Klingonne du 'mauvais oeil' jeté dans sa direction. Elle n'eut pas besoin d'un phaseur pointé sur elle pour qu'elle ne comprenne le message subliminal que son ingénieur en chef lui envoyait. "Non, merci", dit-elle en se levant. "Nous étions seulement passés vous voir une minute."
Elle marché jusqu'à Chakotay et fit signe un tête vers la porte. "Prêt, Commandeur ?" demanda-t-elle d'une manière significative. Elle était étonnée qu'il ne sembla comprendre son allusion.
"Juste un moment", dit-il avant de se diriger là où Seven était assise. Catherine le vit tappoter l'épaule de la jeune femme, puis l'éloigner ensuite pour aller parler en privé.
C'était un fait intéressant, pensa-t-elle. Il fut un temps où voir Chakotay avoir une conversation tranquille avec Seven aurait fait remonté en elle des sentiments qu'il valait mieux garder enterré. Peut-être était-ce un signe de tout le chemin qu'ils avaient parcouru et que tout ce qu'elle ressentait désormais était un vague sens de curiosité. Catherine se déplaça pour s'asseoir aux côtés d'Harry et sut que Chakotay lui parlerait de sa conversation si elle le lui demandait. Elle savait aussi qu'elle pouvait avoir confiance en lui et dans leur relation, suffisamment pour le laisser faire.
 
***
 
"Commandeur ?" demanda Seven pendant qu'ils s'éloignaient de leurs amis. "Y a-t-il un problème ?"
Chakotay sourit et retira unu puce isolinéaire de sa manche. "Non, rien de mal. Mais j'ai promis que je vous aiderais à penser à un 'cadeau de retour à la maison' pour Harry."
Seven fut prise par surprise. "Avec tout ce qui est arrivé, j'avais presque oublié." Elle semblait moins nerveuse qu'elle ne l'avait été avant, mais était visiblement toujours un peu embarrassée. "Vous n'auriez pas dû vous donner ce mal", dit-elle maladroitement.
Il sourit. "Cela ne m'a pas donné de mal. C'est juste un geste... entre deux amis."
Elle sembla se détendre un peu. "Merci." Puis dans le plus pure style de Seven, "Qu'est-ce que c'est ?"
Chakotay haussa les épaules. "En fait, je n'en suis pas sûr. Quand j'aidais Tom à revenir de l'infirmerie cet après-midi, je lui ai demandé s'il pourrait penser à quelque chose qui ferait plaisir à Harry. Il a souri et a dit qu'il avait juste ce qu'il fallait. Il m'a dit de vous dire que c'était quelque chose pour Constance, umm..."
"Constance Goodheart", termina-t-elle. "La secrétaire du roman holographique Capitaine Proton ? J'ai joué ce rôle une fois, il y a plusieurs années en tentant d'améliorer mes aptitude sociales. Je ne vois pas le rapport."
Chakotay se demanda soudainement s'il aurait dû avoir confiance dans les suggestions d'un homme complêtement abruti par une lourdre médication. "Tom m'a dit de vous dire que si vous décidiez de reprendre un jour le rôle, cette fois, vous serez habillée comme il faut."
Il observa Seven rougir depuis la base du cou et elle se retourna pour regarder dans la direction de Paris. Chakotay vit Tom sourire et lever son verre d'eau dans leur direction comme pour un toast silencieux.
"Si c'est une mauvaise idée..." dit Chakotay, désormais inquiet de ce qui se trouvait en réalité dans la puce.
"Non", le coupa Seven. "Je pense que cela fera un cadeau parfait pour Harry." Elle souffla et sourit maladroitement. "Merci."
Tandis qu'elle s'éloignait, Chakotay se demanda exactement ce qu'il venait de lui donner. Il vit Tom afficher un sourire qui allait d'une oreille à l'autre et décida qu'il n'avait probablement pas vraiment envie de le savoir...
 
***
 
Il fallut encore dix minutes avant que les amis de B'Elanna ne comprennent les allusions moins que subtiles et rentrent chez eux. Finalement, Tom regarda les portes de leurs quartiers juste après le départ d'Harry et de Seven, puis il libéra un profont soupir de soulagement.
"Dieu merci", dit B'Elanna en prenant les verres sales et les tasses éparpillées dans leurs quartiers. "Je finissais par croire que j'allais devoir descendre le bat'leth."
Tom sourit. "Oh non, tu ne me laisse pas jouer avec, alors tu n'auras pas non plus..." Il fut interrompu par le son de la porte. "J'ai changé d'avis. Mais ne te coupes pas en le retirant du mur."
B'Elanna lui sourit en allant voir qui pourrait avoir la mauvaise idée de débarquer si tard. Tom vit un regard de confusion sur son visage quand elle salua la personne dans le couloir. "Puis-je vous aider ?"
Paris regarda devant elle et vit Obrist, qui semblait être sur le point de changer d'avis et de repartir. Avant que l'homme ne se décide, Tom sauta sur ses pieds. "Ca va, B'Elanna", dit-il en se penchant sur le bord du divan. "C'est un ami."
Elle jeta un regard à Tom et sembla réfreiner une envie de lui dire de s'asseoir. "Vous n'entrez pas ?" dit-elle à la palce à leur invité.
A ce moment précis, Tom entendit Miral commencer à pleurer doucement. B'Elanna attendit qu'Obrist entra puis elle s'excusa.
"Elle se demande probablement ce que c'est que tout ce remue-ménage", dit-elle, inclinant la tête vers la chambre à coucher. "Je vais aller lui chanter quelque chose pour qu'elle se rendorme avant qu'elle ne se réveille entièrement." Tom regarda sa femme regarder longuement leur invité, interrogative, avant qu'elle ne les laisse seul.
Il y eut un silence maladroit entre les deux hommes avant que Tom ne prenne l'initiative et entamme la conversation. "Comment va ce bras ?"
Comme il n'y avait ni écharpe ni bandage visible, c'était une simple question rhétorique, mais elle était bien utile pour briser la glace. "Comme neuf", répondit Obrist. "Votre Docteur m'a dit que j'avais été chanceux que vous l'ayez immobilisé si rapidement. Merci."
Tom sourit maladroitement. "Ca n'était rien. Vraiment."
Ils restèrent debout encore une autre minute sans bouger, sans qu'aucun des deux ne dise quoi que ce soit. Puis ils parlèrent tous les deux en même temps.
"Tom..."
"Obrist..."
Ils rièrent sous cape au fait d'être mal à l'aise de tout cela. Au lieu de finir sa pensée, Tom boitilla jusqu'à son bureau et prit une tablette. "Ceci...", dit-il à son invité. "Je voudrais vouc donner ceci."
Obrist semblait embarrassé. "Je ne comprends pas", dit-il.
Tom respira à fond et examina les yeux du Krenim. "Ce sont mes entrées de journal de bord et les données officielles de la Fédération de chacune de nos rencontres avec les Kazons. Je sais que ça ne reste que ma parole contre celle de Culluh, mais je voulait que vous sachiez que je ne vous avais pas menti. Je n'ai pas assassiné Seska. J'ai fait ce que je pensais devoir faire à cette époque et je le ferais de nouveau si la situation se représentait."
Le jeune ingénieur prit la tablette et fit un signe de la tête. "Merci. Mais je n'en ai pas besoin", dit-il. "Je suis venu ici pour m'excuser d'avoir douté de vous. Vous avez été des plus gentils avec moi et je ne peux pas arrêter de penser à quelque chose que vous m'avez dit en bas dans cette caverne."
Tom pencha la tête de côté. "Qu'est-ce que c'était ?" demanda-t-il.
Obrist sembla embarrassé. "Vous m'avez dit que vous saviez que vous pouviez avoir confiance en moi dès notre première rencontre", répondit-il, sa peau prenant une nuance vert pâle. "Mais vous devez savoir que mon commandant m'a envoyé sur cette mission pour vous espionner, vous et vos collègues. Il ne vous faisait pas confiance. Je ne vous faisais pas confiance."
Tom était anéanti par sa confession, qui ne semblait pas encore terminée. "Nous autres, Krenim, avons eu notre part de guerres et de batailles avec des aliens qui nous avaient menti et trompé pour obtenir ce qu'ils voulaient. Et j'étais contre notre alliance au début. Je voulais que vous sachiez... que j'ai eu tort."
Tom pouvait à peine croire ce qu'il entendait. Mais il avait sa propre confession à faire. "Merci d'avoir été honnête avec moi. La vérité est que cette Alliance ne m'a pas exactement convenu non plus. Et je dois vous dire que vos idées sur la technologie temporelle m'effrayent comme l'enfer."
Obrist hocha la tête. "Parfois ils 'm'effrayent comme l'enfer' aussi", dit-il franchement. "Mais il y a des moments où vous devez faire ce qu'il faut pour protéger votre famille, votre mode de vie."
C'était une sensation que Tom ne connaissait que trop bien.
"Au cas où nos chemins ne se croiseraient pas de nouveau", continua Obrist. "Je veux vous remercier, vous et votre peuple, pour avoir sauvé ma vie. Et aussi pour... et bien, pour votre amitié. Ce fut un privilège de vous connaître."
Juste à ce moment là, B'Elanna revint de la chambre à coucher, un bébé endormi dans ses bras. "Est-ce que nous vous interrompons ?" demanda-t-elle en regardant Tom. Il se rendit compte qu'il devrait se rappeler de lui parler du moment qu'il avait passé dans la caverne et du jeune ingénieur Krenim qui l'avait tenu éveillé... et vivant.
Le visage de son nouvel ami s'illuméina en voyant les deux 'femmes' préférées de Tom. "C'est votre fille Miral ?" demanda-t-il. "Elle est aussi belle que vous l'avez dit. De même que votre charmante femme."
B'Elanna adressa à Tom un regard partagé entre l'embarras et le remerciement. Paris lui sourit en retour tout en répondant. "Je suis simplement heureux que vous ayez eu l'occasion de les rencontrer. Et j'espère que vous adresserez mes meilleures salutations à Cordinga la prochaine fois que vous serez ensemble."
Ils restèrent encore debout quelques temps,maladroitement, avant qu'Obrist ne rende la tablette que Tom lui avait offert. "Et bien, je dois y aller", dit-il avant de se tourner vers B'Elanna et Miral. "C'est un plaisir de vous avoir rencontrés tous les deux."
Quand il fut parti, Tom se laissa retomber sur le divan et sentit son épuisement le rattraper. B'Elanna alla s'asseoir avec lui et il étendit une main pour caresser le visage endormi de Miral. Il lui vint alors à l'esprit que B'Elanna semblait aussi mal à l'aise qu'avant quand elle tenait leur fille.
"Je m'absente juste un jour et tu me prends déjà mon travail en lui chantant des berceuses", dit-il, souriant.
B'Elanna lui secoua la tête tout en lui souriant. "Non, elle veut que ce soit toi qui le fasse. Mais je lui donnerai plus souvent son petit déjeuner. Maintenant que je sais qu'elle m'aime aussi."
Tom se demanda de quoi diable parlait-elle. "B'Elanna, si tu es sur le point de me dire que TU as développé quelques pouvoirs psychiques étranges, je retourne à l'infirmerie pour que Doc vérifie à nouveau ma tête."
Elle rit de sa plaisanterie qui l'aurait mise à l'aise à peine quelques jours plus tôt. "Aucun risque", dit-elle. "Et je ne prétendrai pas que j'aime ce qui arrive à Miral et à Harry. Mais au moins, je sais maintenant que notre bébé se sent heureux, en sûreté et aimé." Elle se blottit contre le bras avec lequel il avait enveloppé fermement ses épaules. "Et pour l'instant, moi aussi."
C'était ironique, réalisa Tom. Son expérience dans la caverne l'avait fait prendre conscience à quel point leur bonheur était précaire. Il avait commencé à se sentir incroyablement protecteur envers B'Elanna et Miral, ayant presque peur de les quitter des yeux.
Pourtant, cela semblait avoir eu l'effet opposé sur B'Elanna. Elle semblait prête, finalement, à puiser la force du simple fait d'être ensemble, formant une famille. Et elle semblait aussi avoir trouvé une certaine paix quant aux capacités peu communes de leur fille, même si c'était juste cette nuit.
Tom commençait à sentir qu'il s'assoupissait et baîlla bruyamment dans l'oreille de B'Elanna. Elle se poussa brusquement de son bras et sourit. "Il semblerait que je doive mettre ma fille au lit afin de mettre également mon mari au lit. Il faut vraiment que tu prennes un peu de repos."
Il sourit. "Tu peux me mettre au lit quand tu veux, où tu veux." Elle se contenta de rouler des yeux en se levant.
"Allons, ma puce", chuchota-t-elle dans l'oreille de Miral. "Ne bouges pas", dit-elle par dessus son épaule à Tom en ramenant le bébé dans la chambre à coucher. "C'est ton tour ensuite."
En attendant qu'elle revienne, Tom regarda longuement autour de lui leurs quartiers. La nuit précédente, il pensait qu'il ne verrait plus jamais sa maison ou sa famille. Même au milieu de cette guerre folle, il ne pouvait pas penser à un autre endroit dans l'univers qui puisse avoir sa préférence.
Et il pensa à la mission qui avait presque failli le tuer. Même si l'arme était un leurre, ils avaient sauvé de nombreuses vies innocentes et il était reconnaissant que le capitaine fasse tout ce qu'elle pouvait pour gagner la guerre, même s'ils devaient avoir confiance en des aliens et d'anciens adversaires pour y parvenir. Elle avait prouvé que cela ne signifiait pas qu'ils doivent sacrifier leurs principes et leurs valeurs. Ils ne devaient pas devenir ce qu'ils méprisaient.
Il sembla falloir une éternité à B'Elanna pour qu'elle revienne et Tom envisagea aller au lit en boitillant sans son aide. Après un moment, cependant, elle apparut dans l'embrasure de leur chambre à coucher, habillée de son uniforme d'escalade... la fermeture éclair ouverte jusqu'au nombril et sans rien en dessous.
Il sourit comme un idiot, mais secoué la tête. "B'Elanna, ce n'est pas que je ne sois pas reconnaissant de te voir habillée comme ça, mais..."
Elle lui sourit en se baissant pour l'aider à se relever. "Je sais, tu as besoin de repos jusqu'à ce que tes forces reviennent. Mais je voulais juste te donner quelque chose d'autre à quoi rêver à la place de cette caverne."
Tom rit et secoua à nouveau la tête. Et il nota mentalement de parler au Docteur du nouveau traitement expérimental de sa femme contre le stress post-traumatique.
En se mettant sur ses pieds, il l'attira contre lui et l'embrassa passionnément. Il put voir une larme solitaire se former au coin de son oeil tandis qu'elle se poussait brusquement de lui.
"Merci d'être en vie", dit-elle doucement.
Il sentit un noeud se former dans sa gorge et laissa son pouce caresser la joue de sa femme pour sécher cette larme. "Merci de me donner une raison de vivre", lui chuchota-t-il en retour. Puis il la laissa l'aider aller jusqu'à leur lit, où il savait sans l'ombre d'u doute de quoi il rêverait.
 
---------------
FIN.
Ecrit par: Barbara Watson
version française: Laurent
Producteurs: SaRa, MaquisKat et Coral
Remerciements aux différents correcteurs: SaRa (version originale), Delphine (version française).

.. Episode précédent      Version texte      Version originale       Episode suivant

guide saison 8        Retour aux saisons virtuelles        guide saison 9

Star Trek and all its related marks are trademarks of Paramount Pictures. No Infringement Intended.