Star Trek Voyager
Saison Virtuelle 9
9.21 Associés sous Hippocrates, I
Dernière mise à jour :19 septembre 2003
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9.21 couverture 'Associés sous Hippocrates, I'
NOUVEAU: Couverture en français
Episode 9.21 - ASSOCIÉS SOUS HIPPOCRATES, I
Par: Alicja Sara Maria (jc47@wp.pl)
Version française: Laurent (stvoyager@free.fr)

Note: Star Trek: Voyager, personnages et autres produits dérivés sont des marques déposées de Paramount Pictures. Aucune infraction aux droits d'auteurs de Paramount voulue. La Saison 8 virtuelle de Voyager (Voyager Virtual Season 8, VS8) est une entreprise à but non lucrative. L'histoire est propriété de son auteur. Pas de reproduction sans sa permission.

"Une vieille romance fleurit tandis que des pourparlers diplomatiques dérapent."
 
La porte de l'ascenseur s'ouvrit, son occupant entra sur la passerelle.
"Commandeur, mon bureau. Immédiatement", fit Janeway en sortant de l'ascenseur d'un ton impératif et glacial tout en se dirigeant à grands pas vers son bureau, adressant à peine un regard à ceux qui se trouvaient autour d'elle.
Momentanément dans l'expectative, Chakotay se leva rapidement de son fauteuil pour suivre la femme hors de la passerelle.
La porte s'ouvrit, le laissant entrer dans la pièce. Il se décala juste assez pour la laisser se refermer derrière lui, puis regarda le Capitaine.
Elle était assise dans son fauteuil, aussi raide qu'un piquet, le corps tendu et les poings serrés. Ses yeux contenaient une fureur à peine cachée en scrutant sa console. Avec un profond soupir, elle tourna légèrement l'ordinateur, indiquant par là à Chakotay de s'approcher pour voir ce que son écran affichait. Il s'exécuta rapidement, regardant par-dessus l'épaule de Janeway et lut le communiqué que Starfleet lui avait envoyé.
 
A l'attention de : Capitaine Catherine Janeway, Officier de Commandement, USS Voyager-A, NX 74656-A
De : Amiral Laurence Forward, Commandement Starfleet, Division Diplomatique.
Date stellaire : 56750.3
Sujet : ordre de mission - Urgent.
 
Message : La Fédération a reçu une offre d'alliance avec le peuple Vidiien. Après avoir réfléchi à la proposition, le Président de la FPU a décidé de s'ouvrir à une telle idée, dans la mesure où les pourparlers préliminaires nécessaires se passent bien. Considérant votre expérience du secteur et les propulsions toujours uniques du Voyager, cette mission vous est assignée à vous et votre équipage. Vos ordres, Capitaine, sont de prendre en charge le Commandant Ashcroft et le Lieutenant Watson sur DS9. Vous devrez ensuite vous rendre sur Vidiia où les pourparlers diplomatiques auront lieu demain. Tandis que vos deux passagers représenteront la Fédération à ces pourparlers, nous vous demandons de choisir deux autres officiers de votre équipage pour les accompagner. J'ai confiance en votre jugement à cet égard, mais je dois souligner un point. En aucun cas vous ou le Commandeur Chakotay n'avez la permission de participer aux discussions. En fait, il serait mieux que, à l'exception d'une brève conversation de salutations avec le Mar Vidiien, ni vous ni le Commandeur ne parliez aux fonctionnaires Vidiiens. J'espère que votre voyage sera rapide et votre mission couronnée de succès.
Signature : Amiral Laurence Forward, Chef de la Division Diplomatique de Starfleet.
 
Chakotay soupira. Il venait juste de réaliser que durant la dernière décennie, il avait passé moins d'une année dans le Quadrant Alpha, et n'avait posé les pieds à la surface de planètes qu'à peine cinq mois. Il était sûr que le reste de leur vieil équipage le suivait de près dans ces statistiques, les siennes étant probablement légèrement plus grandes en raison de son enrôlement dans le Maquis avant leur exil de sept ans dans le Quadrant Delta.
Pour dire la vérité, le personnel du Voyager pouvait être classé comme nomade depuis presque huit ans. Et pour la plupart d'entre eux, avec les exceptions notables de Naomi Wildman et Icheb, cela n'avait toujours pas changé. Ils passaient toujours la majeure partie de leur vie en mouvement, les quelques mois qu'ils avaient passé sur Terre n'étant pas un souvenir très plaisant.
D'un autre côté, Chakotay savait que ces mêmes gens ne pensaient pas à eux-mêmes comme à des vagabonds pour la simple raison qu'ils avaient été chez eux durant tout ce temps. Le Voyager avait été leur maison.
En secouant la tête pour recentrer ses pensées sur le sujet, Chakotay jeta un coup d'oeil au Capitaine. "Retour dans le Quadrant Delta, alors ?"
Ce fut son tour à elle de soupirer. Elle imprima une forte poussée contre le bureau pour s'éloigner par réaction avec sa chaise de la console. Elle semblait être sur le point de se lever, mais resta assise un moment avant de finalement se décider. Remettant le dossier de la chaise en place d'une main, elle se tourna vers son Premier Officier, une étincelle dans ses yeux.
"Bien sûr! Nous venons juste de rentrer, alors pourquoi ne pas repartir dans le Quadrant Delta une TROISIEME fois ?" Sa voix était empreinte de sarcasme, elle gesticulait d'une manière extravagante en livrant son argumentation. "Après tout, nous n'avons personne ici auprès de qui revenir, n'est-ce pas ? Après neuf ans, nous sommes sûrs d'avoir perdu toute notre famille et les amis restés ici tout ce temps, non ?"
Chakotay écouta soigneusement, prêtant attention aux mots que Janeway employait, notant le ton de sa voix et fixant des yeux ses mouvements et les expressions qui traversaient son visage. Arrivant à une conclusion, il s'exprima tranquillement. "Tu es en colère, mais ce n'est pas cela qui te dérange vraiment, n'est-ce pas ?"
Elle le fixa des yeux pendant un instant, comme si elle était étonnée de son accusation. Puis elle secoua la tête comme pour le démentir avant de finalement soupirer et baisser les épaules, admettant qu'il avait raison.
"Tu me connais trop bien, Chakotay," fit-elle dans un soupir, comme elle l'avait fait de nombreuses fois depuis des années qu'elle le connaissait.
Elle marcha jusqu'à la baie d'observation et fixa son regard sur les étoiles autrefois familières de la Terre. Elle savait que c'était une opinion subjective, mais il lui semblait d'une façon ou d'une autre que ces corps célestes n'étaient plus tout à fait les symboles de son foyer comme ils l'avaient été. Ces constellations qu'elle avait eues l'habitude de regarder fixement quand elle était petite, se rappelant les légendes que des gens avaient inventées des millénaires plus tôt... Ces mêmes constellations semblaient raconter des histoires différentes, maintenant que Catherine était allée de l'autre côté de la galaxie et en était revenue par deux fois.
Il était ironique, pensait-elle, que l'une des plus belles curiosités qui lui avait le plus manqué tandis qu'elle était dans le Quadrant Delta semblait maintenant presque... étrangère.
Elle se retourna pour regarder Chakotay derrière elle et poussa un nouveau soupir. Il avait raison, bien sûr. Retourner là-bas ne lui posait aucun problème, ce n'était vraiment pas le problème du tout.
"Alors qu'y a-t-il ?" la pressa-t-il doucement.
"Je ne sais pas... Ce sentiment que nous sommes... utilisés, j'imagine", fit-elle, levant les mains comme pour montrer quelque chose avant de les baisser, résignée. "Je veux dire, le Voyager est parmi les navires les plus puissants qu'ils ont sous la main. On nous a essentiellement ordonné de conduire ces deux émissaires jusqu'à Vidiia et quand nous arriverons finalement là..."
"...On ne te permet pas de participer aux négociations ?" finit-il obligeamment.
Elle inclina la tête lentement, puis le feu lui revint dans les yeux quand elle se rappela le message. "Non seulement moi, mais toi aussi. Cela ressemble... Cela ressemble exactement à un manque de confiance en notre jugement, tu sais", constata-t-elle, employant délibérément l'expression employée par l'Amiral dans son message. "Comme s'ils n'avaient pas confiance..."
"... En nous", finit-il dans un chuchotement. "Catherine, ce sont seulement des humains. Ou plutôt, et bien, des étrangers", corrigea-t-il avec un léger sourire. "Ils n'ont pas confiance en nous et peu importe ce que nous en pensons, nous ne pouvons rien y changer. Nous avons fait ce que nous pouvions et maintenant, c'est à leur tour. En attendant, nous devons juste suivre leurs ordres, aussi longtemps qu'ils ne seront pas aberrants.
Elle se tourna pour regarder de nouveau la baie. "Je sais, je sais. C'est juste..."
En voyant sa réaction aux nouvelles, Chakotay analysa rapidement la situation. Une idée lui vint presque immédiatement à l'esprit et il posa une main sur son épaule. "Et si nous nous enfuyions ?"
Cela retint son attention. "Nous enfuir ?" demanda-t-elle, pivotant autour de lui pour le regarder dans les yeux.
Il inclina la tête. "Une fois que nous serons là-bas. Ils n'auront pas besoin de nous, de toute façon, alors nous pourrions prendre quelques vacances. Les Esprits savent comme nous en avons eu peu ces dernières années."
"Chakotay, nous ne pouvons pas laisser le..."
"Catherine," résista-t-il, prévoyant son raisonnement." L'équipage se débrouillera bien. Vraiment. Ils sont passés par des épreuves plus difficiles qu'un simple séjour en orbite autour d'une planète." Voyant sa réluctance à accepter, il continua. "Nous pourrions prendre l'Astérix pour un vol d'essai..."
"L'Astérix ?"
Chakotay haussa les épaules. "Le yacht du Capitaine. Il n'a pas de nom et je pense que celui-là lui va bien. Bien sûr, ce n'est pas encore officiel et tu peux toujours..."
Elle le coupa net. "Non, non, j'aime bien." Elle le fixa intensément du regard et lui demanda, "et où ce vol d'essai doit-il avoir lieu ?"
Il lui retourna uniquement un sourire. "C'est une surprise. Mais fais-moi confiance, tu adoreras." Derrière l'effet de surprise, il savait que l'idée l'emballait. Alors, juste pour enfoncer le clou, il lui demanda. "Alors, qu'en dis-tu ? Juste toi et moi... ?"
Sa réaction fut lente à venir alors qu'elle réfléchissait aux options. Mais finalement, elle leva les mains en l'air et roula des yeux, capitulant. "Ca va, ça va, je suis partante !"
Elle secoua la tête comme pour lui faire un reproche, mais c'est avec de la joie dans sa voix qu'elle continua en se dirigeant vers le réplicateur pour obtenir un nécessaire café. "Maintenant, revenons à la question présente. Emmenons le Voyager jusqu'à Deep Space Neuf et informons l'équipage de nos plans. Quelqu'un pourrait toujours préférer rester et je ne traînerai personne là-bas de force."
Il inclina la tête et, après avoir déposé un baiser rapide sur sa joue, sortit précipitamment pour aller de ce pas préparer les détails de la mission du Voyager... et de leurs vacances.
 
***
 
Janeway entra dans la salle du téléporteur, suivie de Chakotay et Tuvok. Elle inclina sobrement la tête à l'intention de l'enseigne en service et se posta au milieu de la pièce, regardant les plots devant elle. Une fois ses officiers supérieurs installés à ses côtés, comme à leur habitude, elle soupira discrètement et donna l'ordre.
"Energie."
Un rougeoiement bleuâtre apparut dans la pièce pendant que les deux plots les plus proches présentèrent des miroitements de lumière. Rapidement, les officiers se matérialisèrent devant eux.
Le corps de Janeway était tendu et ses mains pliées dans son dos cabré d'une manière qui aurait gagné les meilleures appréciations si elle avait été un cadet.
Elle s'avança pour saluer les diplomates. Ses yeux se concentrèrent d'abord sur l'homme qu'elle savait être Kevin Ashcroft. C'était un homme grand, bien bâti, la mi-quarantaine et dont le bronzage sombre contrastait avec des yeux bleus et des cheveux blonds. Janeway se demanda brièvement pourquoi Starfleet envoyait un simple Commandeur aux Vidiiens, sachant qu'un Capitaine aurait probablement beaucoup plus le niveau approprié de compétence en diplomatie. Elle écarta rapidement cette pensée. Après tout, il ne lui était pas permis d'intervenir.
"Commandeur Ashcroft, je suis le Capitaine Janeway", dit-elle, serrant la main de l'homme qui se présenta en retour. Elle inclina alors la tête en direction de ses compagnons. "Voici mon Premier Officier, le Commandeur Chakotay et le Chef de la Sécurité du Voyager, le Commandeur Tuvok."
"Commandeurs", dit-il, inclinant la tête poliment à l'intention des deux hommes.
A côté d'Ashcroft se tenait une jeune femme, probablement à peine la trentaine. Peau pâle et cheveux bruns, elle était l'opposé du Commandeur, jusqu'au sourire qui s'affichait sur ses lèvres, si différent du visage strict et impassible de son supérieur. Les arêtes à peine visibles sur son nez étaient le signe de gènes Bajorans, quelque part dans sa lignée probablement au niveau de l'un de ses grands-parents. Ses yeux sombres, presque noirs trahissaient quant à eux le sang Betazoïde qui coulait dans ses veines. Mis à part ces caractéristiques et de légères capacités télépathiques, Vela Watson était humaine. Son héritage métissé l'avait aidée au cours de sa carrière, la hissant relativement rapidement au rang de Lieutenant.
"Lieutenant Watson."
"Capitaine", répondit-elle avec un sourire. "Commandeur Chakotay, Commandeur Tuvok."
Chakotay et Tuvok regardèrent leur Capitaine accueillir les nouveaux venus. Pour sûr, il y avait un sourire sur ses lèvres, mais il était juste un peu trop mince et un peu trop serré selon Chakotay pour pouvoir être considéré comme sincère. Sa posture était détendue comme celle d'un simple spectateur, mais Tuvok aussi la connaissait depuis assez longtemps pour savoir ce qu'il en était. C'était une attitude censée la faire apparaître comme détendue alors qu'elle ne l'était pas vraiment.
Chakotay soupira. Le Capitaine n'était pas heureuse de leur nouvelle mission et même si ce n'était pas évident aux yeux des deux diplomates, il était certain que Tuvok autant que l'enseigne discret derrière eux le savait. Non, elle n'était pas contente. Loin de là. En fait, Catherine Janeway bouillait.
Dieu merci, ce serait vite fini.
De nouveau, Chakotay remercia les Esprits de l'avoir inspiré, plusieurs heures plus tôt. Ces vacances étaient vraiment une excellente idée.
 
***
 
Ashcroft sortit de l'ascenseur et tira sur son uniforme. Ignorant les regards curieux de l'équipage de la passerelle, il descendit les marches et se dirigea vers le bureau. La porte s'ouvrit sur une demi-douzaine de personnes assises à la table oblongue, Janeway en tête de table.
Devant cette interruption, elle se leva et avança jusqu'au diplomate jusqu'à ce qu'ils ne soient plus qu'à un mètre l'un de l'autre.
Ashcroft attendit un moment avant d'entamer la conversation, assez fort pour que tout le monde l'entende. "Je trouve étrange, Capitaine, d'avoir découvert l'existence de cette réunion par l'entremise de l'absence de Commandeur Tuvok."
Janeway soupira intérieurement, essayant de ne pas regarder fixement le diplomate. Il était impertinent, elle lui accordait ça. Et insolent, comprit-elle quand elle vit le regard qu'il lui jetait. En balayant du regard l'ensemble de la passerelle derrière lui, elle décida de donner aux opérateurs des consoles un petit spectacle et rétrécit légèrement ses yeux.
"J'ai une bonne raison de ne pas vous avoir invité, Commandeur", fit-elle d'une voix ferme comme l'acier en s'assurant que ses paroles portaient bien jusqu'à l'autre bout de la passerelle, sans toutefois hausser particulièrement le ton. "Je suis en réunion avec le personnel de commandement du Voyager et, à moins que vous soyez au courant de quelque chose que j'ignore, cela ne vous inclut pas."
Debout avant Ashcroft, elle lui fixa un regard de défi, les mains plantées fermement sur les hanches. Malgré la différence tout à fait significative de taille, avec sa tête haute et sa répartie, c'était Janeway qui avait la main.
Voyant cela et les regards fâchés quoique également amusés de ceux qui se trouvaient derrière elle dans la pièce, le diplomate inclina légèrement la tête, ne voulant pas trop vite admettre sa défaite.
"Bien sûr, Monsieur", fit-il avec une allusion de sarcasme. "Je suis désolé de vous avoir interrompus." Se retournant, il rentra sur la passerelle, lançant un désinvolte "veuillez continuer" par dessus son épaule avant que la porte ne se ferme.
Catherine se retourna, laissa la porte glisser pour se refermer et regarda les officiers devant elle. Ses yeux gardaient toujours quelque chose de la dureté qui était apparue un instant plus tôt, mais quand elle sourit à son équipage, c'était un sourire véritable qui faisait allusion à la satisfaction de sa victoire.
"Et bien alors, maintenant que ce fait est établi, continuons la réunion, voulez-vous ?"
 
***
 
Janeway se dirigea jusqu'à son fauteuil après avoir fini d'informer le personnel présent à la réunion de leur nouvelle mission, mais aussi de ses petites vacances avec Chakotay. Ils approuvèrent les deux informations et, désormais, il ne restait plus qu'une seule chose à faire.
Sans cherchez à se rasseoir, Catherine se pencha contre son fauteuil et dévisagea le HMU.
"Docteur, votre connaissance des Vidiiens est sans équivalent à bord du Voyager et, par conséquent, parmi tout le personnel de Starfleet. Votre présence aux négociations sera sans aucun doute un atout de valeur."
Le Docteur, assis à l'autre bout de la table, inclina la tête, une expression de léger malaise sur le visage. Pas étonnant, pensa Catherine. Jusqu'ici, pas un ne s'était d'une façon ou d'une autre adressé à lui personnellement. Et bien tout cela était sur le point de changer.
"Lieutenant, après plus de sept ans passés à la sécurité, votre mutation récente au pilotage et des aptitudes considérables dans d'autres domaines, vous êtes l'une des personnes les mieux formées que nous ayons pour cette mission. Vous vous joindrez au Docteur." Ayala acquiesça d'un bref signe de tête et attendit les détails encore à venir. "Officiellement, vous participerez aux négociations en tant qu'officier chargé de la sécurité. Le fait d'avoir été le second de Tuvok pendant si longtemps sera une excellente raison pour un tel choix. Officieusement, cependant... Je vous fais confiance pour employer quelques-unes de vos techniques du Maquis. Je suis sûre que vous en ferez bon usage. Un autre point de vue sera le bienvenu dans ces pourparlers."
"Oui, Capitaine."
Catherine sourit à Mike avant de fixer de nouveau son regard sur le Docteur holographique. "Même chose pour vous, Docteur. En plus d'être notre médecin chef, vous avez aussi une remarquable connaissance des Vidiiens. Officiellement, le Commandeur Ashcroft sera responsable de l'équipe. Officieusement, cependant, vous les surveillerez tous les deux, bien compris ?"
Ses yeux s'élargirent légèrement en saisissant le sens caché de ses paroles. Elle inclina la tête légèrement pour lui signifier qu'il avait très bien compris ce qu'elle attendait de lui et reprit le cours de son exposé, le regard passant du visage calme d'Ayala à celui avide du Docteur.
"Messieurs, comme le reste d'entre nous tous, vous avez plus un avis propre au Voyager qu'à celui de pur Starfleet. Laissez-leur voir cela, mais ne leur laissez pas en comprendre les implications."
Malgré le clignement d'oeil complice, ils savaient tous deux ce que le Capitaine voulait dire par ces mots. Les loups de La Flotte pourraient bien toujours être là, dehors, à leur recherche.
 
***
 
C'était une planète tournant autour de son axe avec de légers nuages mauves tourbillonnant autour d'un globe bleu ciel. Pour les visiteurs d'autres planètes, particulièrement ceux habitués aux bleus et aux verts semblables à la Terre, la planète semblait intégralement couverte d'eau. Ce n'est qu'après une réflexion plus scientifique qu'il venait à l'esprit que l'atmosphère était remplie de gaz colorés. Malgré cette rectification, cependant, on penserait toujours à la planète comme à un grand océan.
Vidiia était loin d'être un océan. Il y avait plusieurs continents et quelques grandes villes entourées de villages beaucoup plus petits. Paradoxalement, à la différence de la plupart des autres mondes, c'était le continent le plus petit qui abritait la capitale Vidiienne. C'était aussi ce continent qui avait le moins dépéri durant les précédents deux millénaires. Voilà comment la petite bande de terre près du pôle antarctique était naturellement devenue le centre de vie politique, culturelle et économique Vidiien, maintenant que la phage avait disparu.
 
***
 
Il était heureux.
Non, 'heureux' ne correspondait pas à ce qu'il ressentait à cet instant, comprit le Docteur.
Plutôt... fier.
Il était fier.
Oui, réfléchissait-il en lisant tout ce que la base de données du Voyager offrait sur les Vidiiens. L'ordre du Capitaine l'avait rempli de fierté.
Oh, il y avait eu des occasions où il avait été responsable d'une équipe d'exploration. Il y avait même eu quelques cas où il avait été toute l'équipe. Ce cas-ci ne semblait donc pas différent d'avant.
Mais ça l'était. En lui demandant de prendre soin que tout se passe correctement, le Capitaine avait non seulement fait allusion à son propre manque de foi dans les aptitudes d'Ashcroft confronté avec la réalité du Quadrant Delta. Elle avait aussi, de nouveau, donné au Docteur un signe de sa confiance en lui.
Et ainsi, son rôle de commandement de mission, même s'il était officieux et non pas un issu d'un ordre direct de Starfleet, était une source de fierté pour le Docteur.
De plus, pensa-t-il avec un sourire, là-bas dans le Quadrant Delta, les ordres de Janeway étaient plus importants à ses yeux que ceux de Starfleet.
Son sourire s'effaça et il soupira quand de nouvelles informations s'affichèrent sur l'écran du terminal. Les doigts suspendus en l'air, il laissa ses yeux se concentrer sur l'image qui s'affichait devant lui.
Les souvenirs l'inondèrent. Cette femme aux cheveux châtain doux, des moments passés dans l'Infirmerie. Assise dans la Chevrolet 57. Ses lèvres roses, ses yeux vert émeraude. Leur danse chez Sandrine...
Il se pencha en arrière dans son fauteuil, laissant ses yeux se fermer lentement pour mieux se rappeler. Tant de souvenirs... Tant de moments heureux partagés ensemble.
La reverrait-il ? Il se demandait s'il y avait une chance qu'ils se rencontrent un jour ou l'autre pendant cette mission. Mais le médecin savait parfaitement qu'il était tout à fait possible que non. Après tout, quelques années s'étaient écoulées depuis leur dernière rencontre. Pour ce qu'il en savait, elle pourrait être...
Non, il ne se permettrait pas de penser à cela. Elle avait été malade de la phage, mais l'ADN de B'Elanna avait ralenti les effets de la maladie. Elle avait eu une chance de survivre bien plus longtemps que la plupart de ses compatriotes. Cependant... Les gens ne mouraient pas seulement de la phage.
Dans un soupir, le Docteur posa un doigt sur l'écran et dessina les formes familières du visage de son premier amour, suivant les lignes de son front strié et continuant le long de son nez. Perdu profondément dans ses pensées, ses lèvres s'ouvrirent légèrement pour former un simple mot.
"Danara..."
 
***
 
"Harry, convoquez l'équipe diplomatique à la salle de téléportation numéro Un", demanda Chakotay en regardant vers la station des opérations, en face de celle de pilotage.
"Oui, Monsieur."
Se tournant pour faire face au bureau juste à temps pour voir Janeway sortir de son refuge, le Commandeur lança un timide sourire à l'intention de son officier de commandement qui ne s'élargit qu'avec le sourire en retour. Plaçant ses mains sur ses hanches, Catherine regarda autour d'elle sur la passerelle, s'imprégnant de l'atmosphère. Finalement, satisfaite d'en arriver à la conclusion que tout allait bien, elle alla s'asseoir dans son fauteuil, comme elle avait d'habitude de faire.
Elle se reposa là un moment, saisissant quelques commandes sur la console centrale pour voir si quelque nouveau message était arrivé entre temps. Satisfaite de ne rien trouver, elle se leva de son siège, se tourna vers la station tactique, reconnaissante qu'elle soit placée exactement où elle l'avait été sur le Voyager précédent.
Elle fit un large mouvement de la main, puis parla à son second en commande. "Tuvok, à partir de maintenant, le Voyager est à vous. Essayez de ne pas laisser nos invités de Starfleet causer trop d'ennuis. Je tiens à le retrouver en un seul morceau."
Tuvok, habitué à de tels commentaires après les années de service sous les ordres de Janeway, arqua très légèrement un sourcil en répondant stoïquement. "Naturellement, Capitaine. J'essayerai de m'assurer qu'ils se comportent avec le haut standing habituel du Voyager."
Catherine jeta un coup d'oeil sur sa gauche vers Chakotay, debout, qui réprimait difficilement un sourire. Elle se concentra de nouveau sur le Vulcain, son expression sérieuse démentie par le miroitement de ses yeux. "Commandeur, je crois que c'était une tentative de plaisanterie. Est-ce que j'ai raison ?"
Huit ans plus tôt, Tuvok aurait presque blanchi à une telle accusation. Aujourd'hui, il se contenta d'incliner légèrement la tête, acceptant le commentaire en silence. Il n'y avait, après tout, aucune logique à tenter de corriger Janeway, de même que le reste de l'ancien équipage.
 
***
 
Le miroitement brillant des feux du téléporteur disparut des yeux de Kevin Ashcroft quand son corps se matérialisa.
Il regarda rapidement autour de lui, notant que l'étrange pièce semblait tenir à la fois de l'architecture morne Cardassienne et du décor coloré et imaginatif d'un peuple artistique. Tandis que l'aspect morne était un exemple évident de l'influence de la phage sur les Vidiiens, les tentatives de reconstitution de leur ancien mode de vie étaient également visibles.
Son regard tomba sur un groupe de trois personnes debout non loin. Avec leurs arêtes crâniennes aussi distinctives à leur race que les taches l'étaient aux Trilles, il était facile de les identifier comme Vidiiens.
L'un d'entre eux, qu'Ashcroft identifia comme le Mar, fit un pas en avant. Ses sombres yeux gris perçants et ses cheveux couleur ardoise coupés ras lui donnaient un air de dirigeant et d'autorité.
"Bienvenue sur Vidiia, Commandeur Ashcroft", dit-il, offrant sa main dans ce qu'il savait être une salutation humaine.
"Merci, Mar Kalani. Puis-je vous présenter mon aide, le Lieutenant Watson, le Docteur du Voyager et le Lieutenant Ayala de la sécurité", fit Ashcroft, inclinant la tête tour à tour vers les trois officiers.
"Heureux de vous rencontrer", répondit le chef Vidiien, saluant poliment chacun d'entre eux avant de se tourner légèrement en direction de ses propres gens. "Voici notre Conseiller en Affaires Internes, Gilar Emorin, et Sen Caddock, notre Général de la Sécurité. Je dois m'excuser pour l'absence du quatrième membre de notre équipe. Elle a un léger retard dû à la réparation de sa navette, mais elle devrait bientôt arriver. Puis-je vous proposer une visite de la ville pendant que nous attendons ?"
"Cela semble être une bonne idée. Nous pourrons commencer les pourparlers dès que votre équipe sera complète."
"En réalité, Commandeur, c'est une tradition Vidiienne de partager le Calnesh avant des négociations... Nous espérions que vous consentiriez à l'observer avec nous."
"Le Calnesh ?" demanda Ashcroft, apparemment aussi peu coutumier de cette pratique que ne l'était son aide.
Ce fut le Docteur qui prit les devants, optant pour expliquer cette coutume aux deux officiers. "C'est un petit repas, terminé d'un toast avec une boisson douce Vidiienne. C'est une manière de faire connaissance avec les autres participants de négociations. Traditionnellement, observer le Calnesh est un signe de bienveillance."
Le diplomate terrien inclina la tête à l'intention du médecin, puis regarda Kalani avec un sourire. "Alors je vous suis, Mar."
 
***
 
"Tu sais, chaque fois que je le vois de l'extérieur..."
"Oui ?" demanda Chakotay, jetant un coup d'oeil par la fenêtre du Yacht à l'USS Voyager-A, puis reportant son regard derrière lui sur Janeway.
Elle secoua la tête et reprit. "J'aime ce navire et c'est merveilleux de voir quel prototype il est, mais..."
"Mais tu continues à t'imaginer que c'est un navire différent, n'est-ce pas ?"
Janeway regarda son compagnon d'un air coupable. "C'est vrai. Je ne peux pas m'en empêcher. Je suis tombée amoureuse de lui au cours des années. Tant de souvenirs... Nous l'avons baptisé combat après combat. Nous l'avons reconstruit pratiquement entièrement. Il a été notre maison pendant des années... C'était vraiment notre navire."
Soupirant, elle secoua la tête et continua. "Je ne devrais pas. Ce Voyager est aussi bon, et même meilleur navire que ne l'était l'autre. Harry, B'Elanna et Seven ont coordonné sa construction depuis le début, de la même manière qu'ils avaient de prendre en charge toutes les réparations... Je suis le Capitaine. Je ne dois pas avoir de préféré dans mon équipage et je ne le dois certainement pas non plus avec des navires, mais je ne peux pas m'empêcher de penser que s'ils me l'avaient laissé, s'ils nous l'avaient rendu..."
Elle arrêta de parler et Chakotay plaça une main sur son épaule. "Ca va aller, Catherine. Tu n'es pas toute seule à y penser. Quelques-uns des membres de notre vieil équipage rêvent de lui de temps en temps. Quelques pilotes qui souhaitent de pouvoir le faire revoler ou des ingénieurs qui s'imaginent à nouveau en train de réparer un relais à plasma grillé... Ils le gardent tous précieusement dans leur coeur, Catherine, comme toi et moi."
Interprétant ce qu'il voyait dans les yeux de Janeway comme de la surprise, il continua, évoquant le navire d'une voix légèrement rêveuse. "C'était le navire le plus beau que j'ai jamais vu, tu sais. Svelte et puissant, aux courbes gracieuses et à la personnalité correspondante..." Il fit une pause en remarquant l'expression sur son visage, "Qu'est-ce qu'il y a ?"
Catherine secoua la tête, souriant. "C'est juste que... Devrais-je être jaloux ?"
Il rit sous cape. "Jamais, Catherine. Je l'aime, mais toi aussi." Quand elle inclina la tête à contrecoeur en signe d'accord, il continua. "Ne te sens pas coupable, il n'y a pas de mal à l'aimer. Même aujourd'hui, si tu demandes à Tuvok, il te donnerait probablement sa version Vulcaine du 'Il me manque'.
Janeway soupira. Même s'il était vrai que les Vulcains ne considéraient pas la logique de cette façon, après huit ans passés sur le même navire, son vieil ami devait nécessairement ressentir l'absence du Voyager, même s'il le percevait au travers du manque causé par l'absence du bourdonnement familier de ses moteurs quand il méditait.
Toujours un peu perdu dans sa rêverie, Chakotay conclut. "Le Voyager original était unique en son genre."
"Tu en parles comme de 'l'Enterprise original'", lui fit remarquer Janeway avec un rire.
"Il est de la même classe, Catherine", insista-t-il avant de cligner de l'oeil à son intention. "De plus, il a surpassé l'Enterprise. Huit ans de batailles et il est toujours en un seul morceau."
"Il était tenace, c'est sûr", lui accorda-t-elle, avant que ses yeux ne semblent se fixer sur un souvenir lointain en lui chuchotant. "Nous avons vécu de merveilleuses aventures avec lui."
Entendant ce qu'elle ne disait pas, Chakotay décida de lui changer les idées. "C'est ça, le piège, n'est-ce pas ?" demanda-t-il. "Quand on te donne les commandes de l'homonyme d'un précédent navire, les gens commencent à penser que tu conduis un taxi."
Tout en hochant la tête à son commentaire, Catherine grimaçait à ce terme. "Un taxi ?"
"Tom", dirent-ils tous les deux en même temps en éclatant de rire.
 
***
 
Trente minutes et une visite rapide de la ville plus tard, un Vidiien s'approcha de Kalani, salua de la tête et informa le Mar que la navette manquante venait d'arriver. Rapidement, les deux délégations diplomatiques se dirigèrent vers le sikelt, une construction qui avait pour double but de servir d'hôtel de ville de la capitale et d'accueillir toutes les réunions diplomatiques. Maeno Kalani continuait de présenter la culture Vidiienne aux officiers de Starfleet.
Avec ce que le Mar avait dit, Ashcroft se rendit compte que l'on pouvait penser aux Vidiiens de deux manières. Soit à des gens libérés de la morale du mal, dont le crime était absent de toute leur histoire. Ou bien alors comme à des gens qui avaient reconnu leurs maux passés, mais avaient changé et étaient maintenant à nouveau innocents.
La façon dont ce portrait du peuple était, bien que subtilement, mis en avant sans arrêt, éveillait le soupçon dans l'esprit de l'officier. Cependant, à ce point des pourparlers, qui n'avaient même pas encore commencé, ces pensées tiraient encore plutôt de la curiosité que de la méfiance. Résolu à mettre au clair ce mystère, Ashcroft se reconcentra sur les paroles de Kalani.
Quelques minutes plus tard, ils entrèrent dans le bâtiment à l'allure majestueuse où ils devaient partager le Calnesh et se retrouvèrent bientôt dans ce qui ressemblait à une petite salle de danse. Il y avait plusieurs tables avec des spécialités diverses et quelques bouteilles que le personnel de la Flotte soupçonnait contenir ce qu'ils devaient s'attendre à boire plus tard. Les fenêtres, longues et étroites, rappelaient aux humains l'architecture des antiques cathédrales de la Terre, mais le verre était ici transparent, laissant entrer autant de lumière que possible.
Tandis qu'Ashcroft continuait sa conversation avec le dirigeant Vidiien, le Lieutenant Watson suivant près de lui, Ayala s'immergea dans une conversation avec Caddock, qui en dehors de son travail de chef de la sécurité de la planète entière, semblait avoir une inclination pour la peinture. Non seulement cela, mais d'après ce que Mike comprenait, son interlocuteur était bien connu dans le domaine et certaines de ses meilleures pièces étaient considérées comme de vrais objets d'art par les critiques.
"Ah, la voici", observa Kalani en se retournant vers l'entrée. Un sourire sur son visage, elle s'approcha du groupe et le Mar s'occupa de nouveau des présentations. "Commandeur, puis-je vous présenter l'un de nos principaux médecins, le Docteur Danara Pel. Docteur, voici le Commandeur Ashcroft du corps diplomatique de Starfleet."
"Commandeur", prononça la nouvelle venue d'un signe de tête poli, partageant une poignée de main avec l'homme.
"Docteur."
"Lieutenant Watson, du même corps", continua Kalani, attendant que les salutations usuelles fussent faites avant de continuer. "De la sécurité du Voyager, le Lieutenant Ayala..."
Danara eut un scintillement dans les yeux quand elle reconnut l'homme rencontré des années auparavant. Essayant d'être formel, cependant, elle prit la main offerte et inclina la tête. "Lieutenant".
"Docteur", répondit Mike, un sourire aux lèvres en pensant au HMU. Cette mission promettait d'être des plus mémorables, pensa-t-il.
Le Mar ne remarqua pas les regards amusés échangés entre ces deux-là et reprit les présentations. "...Et voici... Où a-t-il disparu ?"
Le Docteur, qui avait au début participé activement à la conversation sur l'art avec les deux officiers chargés de la sécurité, s'était ensuite excusé pour inspecter les peintures diverses accrochées sur tous les murs de la salle de danse. Ici et là se trouvaient des toiles aux couleurs vives, certaines dans des tons verts et bleus et d'autres dans des tons plus rouges, plus terreux, embellissant les murs cendreux.
C'est Danara qui vit le HMU la première, à l'autre bout de la pièce, en train d'examiner les oeuvres. Ses yeux s'illuminèrent quand elle reconnut le visage familier. Elle n'avait aucun doute sur son identité.
Cela ne pouvait être que lui. Ce devait être lui.
"Schmullus!" cria-t-elle, levant sa main haut en l'air. Elle courut vers lui, exhalée de découvrir que c'était lui. "Schmullus!"
 
***
 
Ce nom. Cette voix. Cela pouvait-il être...
"Danara ?" demanda-t-il, se retournant pour faire face à l'endroit où il pensait la voir. Ses yeux se concentrèrent immédiatement sur la femme qui s'approchait de lui et ses lèvres se levèrent vers le haut en un sourire brillant.
"Schmullus!" répéta-t-elle, se heurtant à ses bras ouverts. Il les enroula autour d'elle sans hésitation, son rire menaçant d'éclater comme une bulle tellement son bonheur de la revoir était grand.
Quant à Danara, elle l'étreignit fortement puis, réalisant ce qu'elle faisait, cessa ces embrassades à la hâte. Elle releva la tête vers le Docteur, un sourire timide sur ses lèvres.
Elle semblait... merveilleuse, pensait le Docteur en la regardant. Le rose lui était monté aux joues dans sa hâte de l'atteindre aussi vite que possible et sa bouche était rouge d'excitation. Quelques boucles de ses cheveux châtain s'étaient échappées de sa queue de cheval et glissaient lâchement autour de son visage en de douces frisettes, chatouillant distinctement son arête Vidiienne. Ses yeux trahissaient son bonheur. Elle prit sa main dans les siennes plus petites.
"J'espérais que tu ferais partie de l'équipe de la Fédération", chuchota-t-elle.
"Moi aussi, Danara. Moi aussi."
 
***
 
Ashcroft s'approcha du couple réuni et attendit que l'hologramme remarque sa présence avant de prendre la parole sur un ton légèrement calme. "Vous connaissez le Docteur Pel ?"
"Effectivement", répondit simplement le Docteur. Mais vu le regard dans les yeux du Commandeur, il donna rapidement des détails. "C'est une bonne amie de famille."
"'Amie de Famille' ? Mais vous n'avez PAS de famille, Docteur", le contredit l'homme. A moins, bien sûr, qu'il ne veuille parler de tous ces Version-Un là-bas, continua-t-il dans sa tête.
Habitué d'entendre de tels commentaires, le HMU répondit sans hésiter. "Au contraire, Commandeur. J'ai une famille qui a, depuis le temps, grandi et atteint presque deux cents personnes."
Kevin Ashcroft secoua la tête. "Comme vous voudrez. Alors, pourquoi est-elle 'une amie de famille' ?"
"Pour commencer, Danara nous a donné le remède d'un virus que le Capitaine et le Commandeur avaient contracté la deuxième année de notre voyage. Je crois que vous comprendrez que dans notre situation, perdre les deux plus hauts officiers de Commandement était un scénario que nous avons absolument voulu éviter."
"Bien sûr, Docteur", concéda-t-il, décidé à obtenir une autre raison à cette amitié. Il voulait vérifier quelles informations le HMU serait prêt à livrer et quelle précision elles auraient. Il connaissait l'aide de la Vidiienne concernant cette affaire médicale, de même que son séjour sur le Voyager original. Après tout, il s'était préparé à cette mission, lisant non seulement toutes les informations concernant les Vidiiens, mais aussi toutes celles concernant leurs précédents contacts avec Starfleet. Et ceux-ci, pour ce qu'il en savait, concernaient exclusivement le Voyager.
Il avait donc lu tous leurs rapports officiels de cette époque, étudiant attentivement les relations entre les Vidiiens et le navire solitaire.
Oh oui, il connaissait les Vidiiens. Il supposait connaître les Vidiiens aussi bien que possible sans en avoir rencontré un seul.
Mais seulement, les informations n'étaient jamais toutes incluses dans un rapport officiel et Ashcroft espérait que le HMU lui fournirait un peu plus de données quand il en aurait besoin.
Il était sur le point de continuer son interrogation quand le Docteur se retourna vers l'officier chargé de la sécurité pour lui parler. "Lieutenant, si vous pouviez..."
"Je m'en charge tout de suite, Monsieur", fit Ayala, sortant son tricordeur pour scanner la pièce.
Ashcroft fronça les sourcils, embarrassé. C'était un hologramme et il n'était pas programmé pour mentir ou éviter de répondre à une question. Alors pourquoi semblait-il au Commandeur que c'était ce qu'il venait de faire ?
Pendant ce temps, le HMU, Danara toujours debout derrière lui, revenait vers ses hôtes. "J'espère que vous comprendrez, messieurs. Procédure standard de Starfleet."
Kalani inclina la tête. "Bien sûr. Nous comprenons."
Le Commandeur, cependant, ne comprenait pas. Les excusant poliment de la compagnie des Vidiiens, il attira le Docteur de côté. "Corrigez-moi si j'ai tort, Docteur, mais je pensais que Starfleet m'avait désigné responsable de cette mission ?"
Le médecin inclina la tête, intérieurement amusé de l'attachement apparent du diplomate à son rôle de chef. "J'ai pensé que vous préféreriez vous occuper des négociations sans devoir vous inquiéter des autres... tâches plus mondaines. Dois-je continuer, ou dois-je vous laisser tout faire, Commandeur ?" demanda-t-il, fixant des yeux l'homme.
Il semblait être peu disposé à céder à la logique, mais il céda finalement. "Très bien, vous pouvez continuer." Pour un hologramme, pensa-t-il, il pense plutôt comme un humain. Nous verrons ce qu'il peut faire d'autre...
Le Docteur sourit légèrement et sortit son propre tricordeur médical, déterminé à vérifier l'alimentation et les boissons. Il savait qu'il aurait dû faire vérifier la pièce à Mike dès qu'ils étaient entrés, mais il avait complètement oublié. Ce n'était que lorsqu'il s'était rendu compte que le Commandeur n'avait pas donné d'ordres de sécurité qu'il s'en était rappelé.
Et il était reconnaissant de cette situation, car il ne voulait pas expliquer plus en détail ses rapports avec Danara. C'était suffisamment compliqué comme cela sans avoir à le faire.
"Alors si vous voulez m'excuser, Commandeur", fit-il, inclinant la tête au diplomate avant de se diriger vers les tables.
 
***
 
"Programmation de la trajectoire..." Entrant quelques commandes sur la console devant lui, Chakotay s'assura que Catherine ne pourrait pas découvrir quelle serait leur destination avant l'heure. Il la connaissait bien assez, après tout, pour savoir qu'elle essayerait de le deviner.
"Trajectoire programmée. Initialisation de la distorsion... Distorsion initiée." Il annonçait cela d'une voix distraite, l'habitude d'accompagner ses actions de remarques enracinée profondément dans son esprit. Il attendit un moment que la vitesse de l'Astérix augmente, puis déclara, "Distorsion six."
Chakotay jeta un coup d'oeil à Catherine et sourit, sachant ce qui allait suivre.
Assez sûre, Janeway lui demanda innocemment. "Alors, où allons-nous encore ?"
"Je n'te l'dirais pas", fit-il, répétant les paroles qu'il lui avait déjà dites un peu plus tôt quand elle avait essayé de le duper pour qu'il lui révèle leur destination.
"Oh, allons, Chakotay... Juste une indication, alors ?" demanda-t-elle, lui adressant son plus doux sourire.
"Je n'te l'dirais pas."
"Chakotay..."
Un rire lui échappa devant son quasi-gémissement et il répéta une phrase qu'il avait utilisé plusieurs années plus tôt. "Nous avons déjà emprunté cette route auparavant, Catherine."
"Ah oui ?"
"Oui, tout à fait. Je me rappelle même ma conclusion, la première fois."
"Oh ?"
"Tu ressemblais à un petit gosse, un coq en pâte."
Si cela avait été possible, l'Astérix aurait tremblé du rire qui s'en suivi.
 
***
 
Les premières formalités finalement réglées, le Lieutenant Watson s'étira imperceptiblement, appréciant le sursis momentané dans les pourparlers. Ils étaient, après tout, restés enfermés dans cette pièce depuis presque une demi-heure maintenant et venaient seulement d'achever la morne coutume habituelle nécessaire au début de pourparlers diplomatiques.
Sachant que la mission allait finalement devenir plus intéressante dans les minutes à venir, Vela saisit l'occasion pour regarder autour de lui.
La pièce dans laquelle ils étaient assis était de forme presque circulaire, les murs violets pâles relevés en quelques endroits par d'impressionnants ornements stratégiquement accrochés, tandis que les fenêtres faisaient entrer une lumière blanche dans la pièce. Des étagères se dressaient le long des murs, divers petits bibelots posés sur leurs surfaces planes dans le but de rendre la chambre aux allures de bureau plus ou moins vivante.
Au centre se trouvaient huit chaises, entourant la table de conférence sur deux côtés. A droite de Vela était assis son officier supérieur et elle l'observa brièvement. Après avoir servi sous ces ordres pendant presque six ans, Watson savait bien que l'expression qu'il affichait sur son visage était en ces instants-là aussi hautaine que nécessaire pendant des pourparlers. Bien qu'elle sache que c'était indécelable par quiconque, ce regard presque omniprésent était aussi clair qu'à l'habitude pour elle et le Lieutenant soupira intérieurement. Une fois de plus, elle était témoin de la raison profonde pour laquelle Ashcroft n'était toujours pas capitaine.
Balayant cette pensée, Vela tourna légèrement la tête pour observer Ayala du coin de l'oeil, L'officier chargé de la sécurité était grand, sombre et beau, pensa-t-elle. Visiblement du type désiré par toute femme. Avec un tel regard, elle le savait, il devait être charmant et séduisant. Et pourtant, d'après ce qu'elle avait conclu de leurs courtes conversations, c'était difficilement exact. Voici un homme peu bavard, calme et sérieux dans tous ses actes malgré une trace de colère que la partie Betazoïde de Watson avait identifiée. Un homme curieux, décida-t-elle, avant de porter son attention sur le quatrième membre de leur équipe diplomatique.
Le Docteur. L'officier médecin-chef du Voyager. Un hologramme. Pour dire la vérité, pensa-t-elle, elle avait été contre le concept d'un hologramme doué de conscience et le fait que Janeway en ait affecté un à leur équipe avait été l'une des raisons de Watson d'avoir des doutes sur le Capitaine. Mais ce n'était plus la question désormais, sa perception aiguë ayant rapidement remarqué que cet hologramme était fait de quelque chose de plus que des photons et des champs de force qui le constituaient. Dans quelle mesure quantitative, elle ne pouvait pas encore en être sûre, mais elle désirait lui donner une chance, ce qui, savait-elle, était plus que ce qui pouvait être demandé de la part de Kevin Ashcroft. Elle observait le Docteur en se demandant lequel des deux était le plus humain. En décidant de surveiller le Docteur et son affiliation avec son homologue Vidiienne, Vela Watson reconcentra son esprit sur le sujet de leur présence.
Juste à temps, car le Commandeur venait juste de poser la première question importante.
"J'espère que vous comprendrez mes raisons de poser cette question, Mar, mais pour quelle raison précise Vidiia veut-elle une alliance avec la Fédération ?"
Kalani inclina la tête. "Bien sûr, Commandeur. C'est vraiment tout à fait simple. Comme vous pouvez l'imaginer, la guerre nous épuise. Toutes nos ressources se sont sévèrement réduites ces derniers mois. Et nous n'avions déjà pas grand-chose pour nous défendre. Nous commencions tout juste à nous remettre sur pieds après la phage."
Le général Caddock, responsable de la sécurité, continua où le dirigeant s'était arrêté. "Même si formellement, l'Alliance n'a pas cessé d'exister, elle ne s'est formée qu'à cause de la guerre. Tant que nous étions nécessaires aux autres membres de l'Alliance, tout allait bien. Les Devores, les Krenims, et même les Kazons, n'auraient rien fait osé nous faire à part nous menacer. Nous étions en sécurité. Maintenant que la menace Sernaix est éliminée, nous ne pouvons plus avoir confiance en eux."
Le Mar reprit la parole. "C'est pour ce la que nous avons besoin d'un allié fort. Nous ne souhaitons pas de mal aux autres, mais nous voulons être sûr qu'ils ne nous attaqueront pas. Avec la Fédération comme alliée, ils n'oseront pas. Les seuls assez idiots pour faire cela seraient les Kazons, mais ce n'est pas une espèce dont nous avons peur."
"Nous avons juste besoin de quelque temps pour nous relever", fit Emorin dans un soupir, une trace de bégaiement dans son explication. "Maintenant que la phage est derrière nous et que, espérons-le, les Sernaix ne sont plus qu'un souvenir, nous voulons reconstruire Vidiia comme elle l'était autrefois."
Hochant la tête en signe de reconnaissance aux paroles de son Conseiller aux Affaires Internes, Kalani inclina légèrement la tête de côté et observa le chef des diplomates de la Fédération. La voix calme et monocorde, il posa la question qui harcelait son esprit depuis qu'Ashcroft avaient demandé quels étaient leurs motifs.
"Commandeur, la Fédération n'a rien contre une alliance basée sur de telles raisons, n'est-ce pas ?"
L'homme secoua la tête dans la négative. "La Fédération, en règle générale, est heureuse de s'allier avec quelqu'un dont les intentions et les actes sont les mêmes que ceux pour lesquels la Fédération lutte." Levant une main en observant un sourire apparaître sur le visage du Mar, Ashcroft poursuivit. "Cependant, nous devons toujours nous assurer que tel est le cas. Ce n'est pas que nous n'ayons pas confiance spécifiquement dans les Vidiiens, c'est juste de cette manière que les choses doivent se passer."
Kalani sourit sincèrement, une réponse déjà prête sur ses lèvres. "Bien sûr, Commandeur. Nous comprenons l'importance de choses tels que la procédure et le protocole. Maintenant, puis-je vous inviter tous à déjeuner ? Nous venons, après tout, d'achever la première étape des négociations, n'est-ce pas ?"
Les yeux de Watson se rétrécirent légèrement en regardant le dirigeant Vidiien. Il semblait cacher quelque chose, elle en avait l'impression. La façon dont il étendait les bras comme s'il essayait de les convaincre qu'il était digne de confiance. La façon dont les mots sortaient de sa bouche comme si chaque mot était couvert de miel. Le sourire qui semblait un peu trop... avide ?
Réservant cette pensée pour une réflexion future, Vela se leva de la chaise qu'elle avait occupée et suivit les autres hors de la pièce.
 
***
 
Quand ils se furent tous réinstallés dans leurs sièges, Ashcroft, maladroitement, posa sa question suivante.
"Avez-vous cessé de chasser des organes ?"
Kalani tressaillit à ces paroles, hocha la tête et répondit calmement, sans à-coup. "Bien-sûr. Tout d'abord, nous n'avons jamais été fiers de faire cela. Nous ne l'avons envisagé que parce que nous l'avons perçu comme une nécessité pour assurer notre survie. Quand le remède a été trouvé, nous avons été plus qu'heureux de cesser."
Remarquant que Pel avait légèrement froncé les yeux à la dernière phrase, Vela étudia le Mar pendant un moment avant de poser une question plus spécifique.
"Avez-vous détruit les instruments que vous employiez ?"
"Non, nous les employons toujours."
"Vous quoi ?"
Kalani leva une main devant l'air outragé de l'hologramme et parla d'une voix sûre. "Dites-moi, Docteur, jetteriez-vous vraiment un outil qui vous laisserait aider votre patient sans devoir l'ouvrir ? Le guérirait sans découper sa chair ? Ferait disparaître la douleur sans infliger plus de douleur ? Le feriez-vous ?"
Le HMU ne put que secouer la tête. "Non, bien sûr que non."
"C'est ce que nous faisons. L'herano est la parfaite façon d'extraire un organe d'un corps, de l'opérer et de le retransplanter ensuite au patient. Il épargne le stress et le mal, sans parler du temps et des fonds." Fixant à nouveau son regard sur Ashcroft, le Mar continua d'une voix ferme. "Nous ne changerons pas cela. Quelle que soit la raison pour laquelle l'herano a été employée par le passé, il est maintenant employé aussi moralement que vous emploieriez tout autre instrument médical."
Le Commandeur inclina la tête en signe d'acquiescement. "Bien sûr, Mar. Je dois dire que le concept lui-même d'opérer sans aucune incision me semble un peu étrange, mais je reconnais qu'une telle utilisation de ce herano est morale. Et vous n'avez pas besoin de vous inquiéter. Loin de la Fédération l'idée de l'interdire."
 
***
 
Ce fut le même soir qu'une réception fut organisée dans la salle de danse sikelt, offrant un sursis aux deux équipes de diplomates. De la même façon qu'auparavant dans la journée, les tables pleines d'aliments étaient alignées le long des murs tandis que le milieu de la pièce avait été libéré, fournissant un espace pour la danse.
Enfournant un petit canapé dans sa bouche, Ayala regarda autour de lui. Le Mar Kalani se tenait dans un coin de la pièce et s'entretenait avec le Général Caddock et le Commandeur Ashcroft. Son jeune associé, le Lieutenant Watson, qui avait fini de parler avec Gilar Emorin quelques minutes plus tôt, bavardait maintenant aimablement avec le Docteur.
Finalement, l'examen minutieux de Mike aboutit sur l'autre médecin de la pièce, qui observait à la sauvette le HMU. Leurs yeux se rencontrèrent un instant et elle lui sourit avant de laisser son regard se refixer sur l'hologramme.
Comprenant la situation à l'instant où elle lui avait adressé ce regard, Ayala marcha à grands pas vers le médecin-chef du Voyager. Il adressa un léger signe de tête à Watson, excuse muette pour son intrusion, et elle recula, laissant aux deux hommes une certaine intimité. De nouveau, Ayala inclina la tête, cette fois en remerciement, avant de se tourner vers le Docteur qui se fit un plaisir de mettre en doute les intentions du Lieutenant.
"Qu'y a-t-il, Lieutenant ? J'étais juste sur le point de..."
"Fuir de Docteur Pel ?"
"Quoi ? non ! Bien... bien sûr que non!" L'hologramme jeta rapidement un coup d'oeil derrière lui à la femme en question, qui à son tour rougit et détourna le regard. Il fronça les sourcils à l'intention de Mike. "Cela y ressemble-t-il ?"
"C'est tout à fait cela, Docteur."
Il bougonna quelque chose à propos d'officiers chargés de la sécurité fourrant leur nez dans les affaires des autres, mais ses yeux dérivèrent de nouveau sur Danara. Si Ayala avait été n'importe qui d'autre, il aurait soupiré. Mais lui, l'homme calme, se contenta de secouer légèrement la tête.
"Pourquoi ne lui demandez-vous pas de danser ?"
Prenant finalement conscience des doux airs de musique qui flottaient dans la pièce, le Docteur leva un sourcil. De nouveau, il jeta un coup d'oeil derrière lui à l'autre médecin avant de demander spéculativement. "Vous pensez que je dois ?"
Habitué à lire entre les lignes, Ayala plaça une main sur l'épaule de l'hologramme. "Elle acceptera."
"Je n'y avais pas... Vous pensez vraiment ?"
"Oui. Maintenant, allez-y avant qu'elle ne pense que vous ne vous intéressez pas à elle", fit Mike. Un coup de coude dans la direction de Pel empêcha toute nouvelle question.
Le Docteur trébucha légèrement à cause de la poussée, mais retrouva aussitôt son équilibre et marcha vers Danara, toujours un peu incertain, mais néanmoins décidé à essayer.
Elle lui sourit quand il s'approcha d'elle. Avec un sourire et un scintillement dans les yeux, elle le salua. "Docteur".
Il répondit assez rapidement et avec un signe de tête d'approbation poli lui retourna son bonjour. "Docteur".
L'échange les laissa silencieux pendant quelques instants, debouts tous deux maladroitement, incertains de savoir ce qu'ils allaient faire. Finalement, réunissant ce qui lui restait de courage, le Docteur s'éclaircit la gorge et se lança.
"Euh, Danara... Voudriez-vous... danser ?"
Ses yeux s'élargirent immédiatement. "Je pensais que vous ne me le demanderiez jamais", répondit-elle, enroulant son bras autour du sien en l'emmenant jusqu'à la piste de danse.
"En réalité", se confia-t-il en laissant ses mains se poser sur les hanches de la jeune femme, "je le craignais aussi."
Son rire calme remplit une partie du coeur que le Docteur comprit soudainement avoir gardé vide beaucoup trop longtemps.
Avec un doux sourire, il baissa la tête vers la femme dans ses bras, s'émerveillant devant ses lèvres levées en un sourire heureux, le pâle de ses joues dans la lumière du soir et l'apparente douceur de ses cheveux.
Comme ces yeux qui le regardaient pouvaient être merveilleusement verts. Des émeraudes brillantes et claires dans lesquelles on pourrait se perdre. Si beaux...
 
***
 
Pendant tous les pourparlers dont elle avait fait partie dans les dix années de sa carrière de diplomate, le Lieutenant Vela Watson prenait toujours sur elle d'en apprendre autant que possible sur les gens avec qui elle traitait.
Parfois ceux-là étaient honnêtes et vrais, leurs intentions et voeux étant exactement ce qu'ils avaient présentés à la Fédération. Parfois ils en étaient l'absolu opposé, mentant et esquivant les questions pour atteindre leur but secret. Le plus souvent, cependant, l'équipe était constituée de plusieurs personnes dont les objectifs et la sincérité étaient différents.
Tel était le cas, cette fois, comprit Vela en observant les quatre Vidiiens assis en face d'elle.
Juste en face de son supérieur était assis le Mar Maeno Kalani, le dirigeant Vidiien. Un homme plutôt imposant, portant ce qui semblait être un hybride entre les costumes uniforme et traditionnel. Il était beau à sa façon, approchant d'un âge distingué, aux yeux à peine plus sombres que ses cheveux d'argent. Sa voix était généralement désespérément douce, ses plus grandes qualités sans aucun doute cachées pour la durée des pourparlers des diplomates de la Fédération. Selon Watson, Kalani semblait sûr de lui en dépit de ses tentatives de prouver le contraire. Cela ne fonctionnait pas. Même si Ashcroft pouvait être dupe, il en fallait plus pour qu'elle fasse confiance à cet homme.
Secouant la tête, décidant de ne pas penser du mal d'un homme qu'elle ne connaissait pas encore, elle fixa son regard sur l'homme assis à la gauche de Kalani, en face du Lieutenant Ayala. Le Général de la Sécurité, le sénateur Caddock. Il avait quelques années de moins que le Mar, des mèches de cheveux noirs tombaient dans ses yeux d'un mélange saisissant de gris et de mauve. Il contrastait avec Ayala tant par ses actions que par ses paroles, exprimant un air de puissance de manière beaucoup plus évidente que son homologue humain. Chacun de ses gestes renforçait cette impression, comme s'il était conçu pour provoquer la crainte chez ceux qui le rencontraient. Sa voix, grave et rugueuse, semblait perpétuellement être un avertissement et Watson se demanda si c'était avec la même voix que Caddock parlait à ses amis, sa femme, ou à ses enfants.
S'apercevant une fois de plus qu'elle se détournait de la réunion, la diplomate se tourna pour inspecter l'homme assis de l'autre côté de la table, directement en face d'elle. A la différence des deux hommes précédents, Gilar Emorin n'avait rien d'un individu remarquable. Grand et maigre avec des cheveux châtain foncé et des yeux vert brillant, il évoquait à l'esprit de Watson l'image d'un étudiant chevronné qui levait rarement le nez de ses livres. En fait, il aurait été humain, il ne lui aurait manqué que les lunettes caractéristiques de ce genre de personne, même si un tel besoin avait disparu depuis longtemps. Elle n'avait jamais compris pourquoi quelques scientifiques, particulièrement les physiciens, choisissaient de faire usage de lunettes au lieu de se faire corriger la vue par un docteur. Mais encore, cela n'avait rien à voir avec le sujet. Cet homme, le conseiller aux Affaires Internes du Mar, semblait être... Ses yeux se rétrécirent légèrement en étudiant le Vidiien, puis s'élargirent d'incrédulité quand elle reconnut ce regard. Il avait peur. Mais de quoi ? Elle n'en avait aucune idée. Le fait était, cependant, qu'il était étrange d'avoir un homme aussi timide qu'Emorin, reclus presque, dans sa position. A moins que la crainte ne fasse partie de son image. Il faudrait qu'elle aille au fond de ce mystère, elle le savait. Il était plus que probable que cela eut un rapport avec les pourparlers.
Finalement, le regard fixe de Watson se posa sur le docteur Vidiien. Jeune, attirante et, de ce qu'elle avait glané dans des bribes de conversation, une excellente scientifique. Autrefois simple médecin de campagne, Danara Pel était maintenant une éminente hématologiste qui semblait être la plus honnête des quatre. Elle souriait souvent, un sourire qui montait jusqu'à ses yeux quand elle regardait le Docteur du Voyager. Son rire, le peu de fois que Watson l'avait entendu, était mélodieux et non retenu.
Se reposant sur ses sens Betazoïdes, Vela fronça les sourcils. Tandis que Pel semblait heureuse non seulement de la présence du Docteur, mais aussi du Voyager, elle semblait en même temps disposée à aller jusqu'au bout des pourparlers. Etrange. Des quatre Vidiiens, elle pensait que Danara Pel serait la plus désireuse de cette alliance avec la Fédération.
"Avez-vous versé des réparations aux races que vous aviez attaquées ?" demanda Ashcroft, brisant le cours des pensées du Lieutenant Watson.
Kalani semblait un peu récalcitrant, mais répondit à la question. "Non, nous ne l'avons pas fait. Vidiia est encore trop faible, non seulement militairement, mais aussi économiquement. Nous n'avons pas encore eu les moyens de faire de telles réparations. Et, pour dire la vérité", avoua-t-il, regardant légèrement de côté, "nous ne sommes pas sûrs qu'une telle compensation serait acceptée."
"Pourquoi ?"
Ce fut Emorin qui répondit, fixant du regard la table devant lui. "Nous leur avons fait beaucoup de mal. Ils n'ont plus confiance en nous, désormais."
"Pas étonnant", murmura le HMU, juste assez fort pour que son voisin le plus proche l'entende. Le lieutenant Watson lui jeta un coup d'oeil, le regard empreint d'un mélange de reproche pour ne pas garder de tels commentaires pour lui et d'accord pour ses pensées.
"Mais", continua Kalani, inconscient de la remarque du médecin, "nous espérons aussi que notre aide contre les Sernaix s'avèrera opérer en notre faveur. Nous allions demander une rencontre dans un avenir prochain avec les dirigeants des races que nous avons attaquées. Pour le moment, nous essayons juste de stabiliser notre économie, pour avoir les moyens de faire ces réparations."
 
***
 
Le deuxième jour des pourparlers, le temps sur Vidiia était bien meilleur qu'il ne l'avait été la veille. Avec un soleil qui brillait vivement et le général qui se sentait d'humeur joyeuse, le Mar avait proposé que le déjeuner se tienne dans les jardinsdu sikelt.
Ils bavardaient tous les huit en petits groupes depuis quelques minutes quand le Docteur soupira en regardant autour de lui. Jetant un coup d'oeil vers son compagnon qui mordait actuellement dans l'un des casse-croûtes fournis par le chef local, il saisit son courage pour la deuxième fois en deux jours.
"Danara", chuchota-t-il en se penchant légèrement afin de s'assurer qu'elle serait la seule à l'entendre. "Accepteriez-vous une promenade ?"
Comme pendant la soirée précédente, elle lui sourit franchement et hocha la tête, le laissant doucement prendre son bras pour l'emmener à l'écart du reste des diplomates.
"Alors", commença-t-elle quand ils furent à distance suffisante des autres. "Dites-moi comment se fait-il que vous soyez ici, sur Vidiia ?"
Il sourit, comprenant immédiatement sa question. Une pensée lui traversa rapidement l'esprit. Il se demanda pourquoi elle n'avait pas posé la question plus tôt. Mais il se dit qu'elle avait dû avoir un trop grand choc en découvrant qu'il était là pour le lui demander séance tenante. Et après cela, elle avait probablement choisi d'attendre qu'ils soient seuls, sans autres Vidiiens autour... Après tout, quels que soient les moyens employés pour le faire venir sur la planète, c'était confidentiel Starfleet.
"Voyez-vous cela ?" demanda-t-il, indiquant le petit dispositif attaché à son bras. "Je l'ai obtenu environ un an après que nous nous sommes vus. Comme vous pouvez le voir, il m'a non seulement libéré des limites de l'Infirmerie, mais également de celles du Voyager."
Elle sembla réellement intéressée par cette technologie en y regardant de plus près. "Comment cela s'appelle-t-il ?"
"Un émetteur portable", répondit fièrement le HMU.
Danara rit à la façon dont il avait bombé la poitrine et posé une main sur son bras, souriant.
"C'est si bon de vous voir sur Vidiia, Schmullus."
Une forte détonation noya le nom qu'elle lui avait donné et la zone fut soudainement remplie de fumée venue de nulle part.
Quelqu'un parmi les diplomates cria, tout à fait inutilement. "Baissez-vous tous!"
Tout cela arriva trop vite pour qu'il réagisse correctement. Pendant un instant, tout ne fut que fumée et silence et l'instant d'après, il se sentit éloigné de là où il pensait que les autres étaient. Sa vue embrumée par la fumée et toujours sous le choc léger de ce qui venait d'arriver, il laissa les mains invisibles le tirer puis le pousser dans ce qu'il supposa être une navette. Ses bras furent attachés dans son dos avec une corde quelconque et il fut conduit plus loin à l'intérieur. Poussé jusqu'à ce que ses jambes ne l'abandonnent, il glissa sur le plancher en s'appuyant contre la cloison de la navette pendant qu'au même moment, la porte était fermée d'un coup.
Sa dernière pensée consciente avant de tomber sous le choc fut de ne pas tomber sous le choc.
Pendant ce temps, à l'extérieur, la fumée se dissipa lentement et Vidiiens et officiers de Starfleet se relevaient lentement du sol.
Une femme aux arêtes peu marquées sur le nez et aux yeux noirs perçants lutta pour aller jusque là où elle avait vu pour la dernière fois deux des diplomates. Elle regarda autour d'elle et ne vit rien d'autre que deux paires de traces fraîches dans l'herbe, signes visibles de personnes ayant été traînées au sol.
Revenant jusqu'aux autres, Vela hurla aux autres. "Ils ont capturé les docteurs!"
 
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Ecrit par: Alicja Sara Maria
version française: Laurent
Producteurs: SaRa, MaquisKat et Coral
Remerciements aux différents correcteurs: SaRa (version originale), André (version française) .

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