Episode 9.26 - UNE FOIS DE PLUS SUR LA BRÊCHE
Par: Zeke (zeke4747@yahoo.ca)
Version française: Delphine (delph.cais@voila.fr)
Note: Star Trek: Voyager, personnages et autres produits dérivés sont des marques déposées de Paramount Pictures. Aucune infraction aux droits d'auteurs de Paramount voulue. La Saison 8 virtuelle de Voyager (Voyager Virtual Season 8, VS8) est une entreprise à but non lucrative. L'histoire est propriété de son auteur. Pas de reproduction sans sa permission.
Catherine Janeway leva les mains pour agripper la gorge de son Premier officier.
L'homme résista au début, mais s'arrêta rapidement de bouger. Furieuse, Janeway maintint sa poigne, pendant que Tuvok restait à ses côtés, ne faisant aucun geste pour l'arrêter.
Finalement, Janeway relâcha le cou de Chakotay. Elle fit un pas en arrière pour observer son travail. "Bien mieux", dit-elle, mais la colère n'avait pas quitté sa voix. "Vous feriez mieux de ne pas planifier d'autres petites mutineries, jeune homme."
Le col de Chakotay exposait maintenant une quatrième épingle de rang. Il fronça les sourcils. "C'est une mauvaise idée. La dernière chose que je veux, c'est prendre ta place et..." Le Capitaine leva la main. "Epargne-moi cette discussion, nous l'avons déjà eu trois fois. La flotte a besoin d'un chef identifiable. Si je te laisse aux commandes, il te faut un grade le montrant clairement." Elle sourit. "Ne t'emballes pas, Chakotay. C'est juste jusqu'à ce que je revienne."
"D'une mission dont tu ne peux rien me dire y compris quand tu penses revenir."
"Je n'aime pas plus cela que toi, surtout en ce moment. Mais j'ai une totale confiance en ta capacité à mener à bien cette campagne en mon absence."
Chakotay soupira. "Je suis tout de même un pauvre remplaçant. La flotte ne sera pas non plus à l'aise sous mes ordres."
"Tu les mettras à l'aise." Janeway prit la main de Chakotay pendant un long moment puis la relâcha.
"Permission de débarquer, Capitaine ?"
"Accordé", dit Chakotay visiblement toujours réticent. "Et bonne chance."
"Vous aussi." Le Capitaine sourit et se tourna vers Tuvok. "Je compte sur vous, Commandeur. Ne le laissez pas enlever cette épingle." Le Vulcain inclina la tête solennellement. Janeway lui sourit, jeta un dernier coup d'oeil à son second, puis se tourna pour entrer dans le delta Flyer.
Quelques instants plus tard, Seven of Nine l'y rejoint, après avoir fait ses adieux à Harry Kim. Le champ de force ondula. La navette s'éleva et s'éloigna de Voyager. Chakotay attendit jusqu'à ce qu'il ne puisse plus voir le Delta Flyer, puis fit signe à Kim de refermer la porte du hangar.
Le jeune homme réussissait à garder ses lèvres sous contrôle mieux que d'habitude en dépit de ses craintes pour Seven, observa Chakotay. Il avait fallu du temps, mais Kim semblait avoir compris les réalités d'une relation à bord d'un vaisseau. "Hangar sécurisé", dit-il.
Sortant dans le couloir, Chakotay vérifia sa montre. Quinze heures pile... Pas beaucoup de temps avant la réunion des officiers de commande de la flotte. Je ferais mieux de regarder les données stratégiques encore une fois. Il fît signe à Tuvok, lui désignant une des tablettes de données qu'il tenait. Il commença à la lui lire pendant qu'il marchait.
Kim les suivait en silence. Environ une minute plus tard, les trois officiers atteignaient le pont. Chakotay avait juste pris place dans son siège quand Ayala annonça depuis la station tactique, "Je détecte un petit vaisseau entrant dans le système."
"Sur l'écran." Sur l'écran apparut une navette de Starfleet de type Class-2. "Signes de vie ?" demanda Tuvok, qui avait maintenant repris son poste à la station tactique. "La navette est enregistrée comme appartenant au vaisseau de combat Logan."
''Le Logan?" répéta Kim, étonné. "Ce n'était pas le vaisseau sur lequel vous étiez affecté l'année dernière, Commandeur ?" Chakotay inclina la tête, fronçant les sourcils. Il se raidit dans sa chaise.
"Il faut noter", ajouta Tuvok, "que le U.S.S. Logan a été déclaré perdu en action pendant le dernier mois du conflit contre les Sernaix. L'équipage n'a pas été localisé, et il n'y a jamais eu de preuve que le vaisseau existe toujours." Une console bipa. "Nous sommes appelés", rapporta Tuvok.
L'image de la navette disparut, remplacée par celle d'une jeune femme en uniforme de Starfleet. Son visage était meurtri, son uniforme ensanglanté, elle semblait à peine consciente. Levant les yeux, elle découvrit Chakotay et sourit légèrement. "hé, mon gars. Ca faisait longtemps, hein?"
"Lieutenant Young?" Le commandeur était visiblement abasourdi. "Qu'est-ce qui t'est arrivé ?"
"J'ai eu quelques problèmes au moment où le vaisseau a explosé. Ca t'ennuie si je viens te rendre une petite visite?"
Chakotay se retourna vers Kim. "Téléportation médicale d'urgence. Passerelle à infirmerie, vous avez un patient qui arrive."
***
Le Delta Flyer traversait l'espace à travers un couloir de distorsion juste assez grand pour lui. L'enveloppe de distorsion du vaisseau avait été réduite grâce à l'étude soigneuse des propulsions Borg et Maquis, faisant du Flyer la navette de soutien des vaisseaux de combat la plus rapide en service actif au sein de Starfleet. La distorsion ordinaire ne pouvait être comparée à la transdistorsion ou au courant de glisse, mais jusqu'à ce que de tels moteurs puissent être miniaturisés, le Delta était le meilleur de sa catégorie. Observant le champ d'étoiles, Seven of Nine n'était pas satisfaite... Mais quand à savoir si elle aurait souhaité que le vaisseau soit plus rapide ou plus lent, on ne pouvait le dire.
"Tous systèmes vérifiés", rapporta le Capitaine Janeway. "Nous atteindrons notre destination dans trente-six heures." Seven se tourna vers son copilote à la chevelure rousse. "J'apprécie la foi que vous avez placée en moi, Capitaine", dit-elle sincèrement.
Le visage de Janeway exprimait un mélange de sourire et de grimace. "Je ne fais pas que placer ma foi en vous, Seven. Il se pourrait aussi bien que je mette en danger le sort de tout ce conflit rien que sur vos dires."
Seven sentit monter en elle une sensation familière de culpabilité. "Je m'excuse de ma présomption. Je regrette..."
"Ne dites rien", coupa Janeway sans se tourner. "Je ne le ferais pas si je n'étais pas absolument certaine de vous et vous ne me le demanderiez pas si ce n'était pas impératif. Quand vous me dites que quelque chose est important, je ne remets pas cela en doute. Il y a seulement une poignée des personnes à qui j'accorde une confiance implicite."
"Je ne sais pas quoi dire."
"Le temps."
"Capitaine ?"
Janeway sourit. "Parlez-moi du temps. Ou du championnat de Squares Parisses, ou des dernières avancées dans la technologie Borg, ou de quoi que vous ayez envie."
"Je ne comprends pas."
"Seven, depuis quand n'avons-nous pas parlé ? Vraiment parlé ?"
Seven réfléchit. "Nous avons parlé pendant presque cinquante minutes consécutives à la date stellaire 56672.1."
Janeway roula des yeux, probablement à la précision de Seven, comprit cette dernière. "Vous voyez ce que je veux dire. C'était il y a deux mois."
"Ais-je échoué à remplir les exigences de notre amitié ?"
Le capitaine rit. "Ce n'est pas cela. Il n'y rien de mal entre nous. Selon moi, nous avons simplement eu d'autres choses à l'esprit. Vous avez passé la plupart de votre temps avec Harry et j'ai été..." Janeway s'arrêta brusquement et acheva avec, "Occupée".
Cette fois Seven sourit. "Vous trouvez maladroit de discuter de votre relation avec le Commandeur Chakotay avec le reste de l'équipage."
"Non", affirma Janeway avec un regard méchant, "j'essaie de... De ne pas sembler me réjouir avec malveillance."
Seven leva un sourcil soupçonneux, n'y croyant pas un instant, et Janeway rit. "D'accord, ce n'est pas une de mes meilleures excuses. Je suppose que vous avez raison. Après m'être inquiétée du protocole pendant si longtemps, j'ai des difficultés à casser l'habitude." Elle sourit à Seven. "Vous voyez ? C'est pour cela que nos conversation me manquent. Votre perspective est toujours plus directe que la mienne."
"Etait-ce aussi pour cela que vous avez accepté cette mission ?"
"Je dois admettre que ca l'était... Mais ce n'est pas la raison la plus importante. Si ce que vous dites est vrai, ce petit voyage pourrait tout changer. En plus, quand notre ami Korok vous a livré le message, il y a six mois, il m'a dit qu'il me demanderait mon aide à peu près maintenant... Et je soupçonne que c'est à cela qu'il se référait."
"Très probablement", répondit Seven.
Les deux femmes restèrent silencieuses quelques minutes, réfléchissant au danger vers lequel le message de Korok pouvait les mener et les résultats qui pouvaient en ressortir. Enfin, Seven cassa le silence. "Noir."
"Quoi ?"
"Le temps. C'est noir."
Janeway sourit
***
"Comment va-t-elle ?" demanda Chakotay. Allongée devant lui sur le lit médical, le Lieutenant Shari Young se remettait de ses blessures. Elle semblait en meilleur état que dans la navette.
"Elle s'en sortira", répondit l'hologramme médical d'urgence du Voyager avec son habituel froncement de sourcils. "J'ai soigné ses blessures et réparé tous les vaisseaux sanguins endommagés. Elle avait un certain nombre de brûlures par plasma, mais le derme guérit bien. Son bras cassé sera entièrement ressoudé dans un jour ou deux."
"Il semble qu'elle ait pris une bonne correction."
"En effet. Elle a bien de la chance d'être seulement vivante. Avant qu'elle ne perde connaissance, elle m'a dit que son vaisseau avait été détruit par les Borgs et qu'elle était la seule survivante."
"Oui." Chakotay réfléchit un instant. "A votre avis, Docteur, serait-il difficile de truquer des blessures comme les siennes ?"
Le Docteur leva un sourcil. "Il ne serait pas facile de le faire d'une façon convaincante, mais ce n'est pas impossible. Avez-vous une raison de douter de son histoire ?"
"Non... Non, ce n'était qu'une question. Désolé. Dans combien de temps se réveillera-t-elle ?"
"Je peux la ranimer maintenant, si vous voulez."
Chakotay inclina la tête. "Faites-le."
Ayant rempli une seringue hypodermique, le Docteur l'appuya contre le cou de Young. Ses yeux s'ouvrirent instantanément. "Skip! Nous devons vous sortir de..." Remarquant son environnement, elle s'interrompit. "Hé. Désolé pour ça. Que ... sorte de cauchemar, t'sais ?"
"Bienvenue sur le Voyager", dit Chakotay. "Comment vous sentez-vous ?"
"Beaucoup mieux", répondit-elle. "Mais mon bras est toujours un peu douloureux."
Le Docteur posa sa tablette de données pour lui faire face. "Vous aviez une sérieuse fracture au cubitus. J'ai initié le processus de soudure, mais vous devrez porter cette écharpe rigide pendant un jour ou deux pour s'assurer qu'il guérit correctement."
Young haussa les épaules. "J'm'en sors toujours bien. J'sais éviter les balles."
"Je prendrai cela comme un oui", dit le Docteur avec un peu d'ironie désabusée. Il attacha l'écharpe au bras de Young. En refermant la coque, une lumière rouge se mit à clignoter le long du bras. "Vous saurez que le processus est complet quand cette lumière s'éteindra. Revenez alors me voir et je détacherai l'écharpe."
"Merci", répondit-elle et elle sauta du lit médical. Elle sourit à Chakotay. "Personne m'a dit pour la promotion, Capitaine."
Chakotay cacha son irritation, se calmant avec la certitude qu'il ferait payer cela à Catherine. "Ce n'est pas une réelle promotion. Je prends la place du Capitaine Janeway en son absence pour des raisons symboliques."
Young gloussa. "Qu'est-ce que tu veux dire ? Vous croyez qu'l'équipage ne f'ra pas la différence ?"
"Ce n'est pas pour cet équipage que le Capitaine Janeway était inquiète. En ce moment même, le Voyager mène une flotte de plus de trois cents vaisseaux."
Les yeux de Young s'élargirent. "Tu charries ?"
Chakotay inclina la tête. "J'ai peur que ce ne soit pas le meilleur moment pour une visite, Shari. Demain à cette heure-ci, nous nous battrons pour nos vies contre les Borgs."
***
Quarante-huit heures après la destruction de son vaisseau, Carl Grant était prêt.
Sur le pont du Hestia, le yacht du capitaine, Grant programma une nouvelle trajectoire. Il activa la technologie volée et fortement illégale du vaisseau, déploya l'armure de coque ablative et déguisa toutes les signatures d'armement en radiation de thoron. Alors il tapa la commande de distorsion sur accélération maximale et valida.
Le yacht disparut dans un flash brillant. Dans trois heures, il serait où il avait besoin d'aller.
Le travail devait être fait.
***
Tout compris, il y avait 23 chefs militaires à la longue table de la salle de conférences, représentant quinze empires différents du quadrant Delta. Chakotay ne s'était jamais adressé à un groupe comme celui-ci auparavant et cela lui rappela simplement le chemin qu'il avait parcouru depuis qu'il avait rejoint l'équipage du Voyager. Avant cela, il avait été un guérillero, le chef de rien de plus qu'un ramassis de bandits. Aujourd'hui, moins d'une décennie plus tard, il allait mener un quart de la galaxie à la bataille. C'était ça, servir avec Catherine Janeway... Vous finissez par devenir quelque chose de plus que quand vous êtes entrés.
"Avant tout", commença Chakotay. "Je veux tous vous remercier pour être venu. Je sais que beaucoup d'entre vous ont des désaccords de longue date et sont peu disposés à travailler ensemble. Le fait que vous désiriez le faire quand même, pour l'avenir du quadrant, montre votre force de caractère."
Il y eut quelques signes d'approbations autour de la table. Chakotay continua. "Vous savez tous pourquoi nous sommes réunis de nouveau. Nous ne pouvons pas ignorer la menace de la Force Constructive Borg plus longtemps. Les forces d'Ankin Rotor se pressent à toutes nos frontières, ignorant toute communication. Les voies de la diplomatie avec le Constructif sont depuis longtemps interrompues. Nous savons grâce aux données de première main du Capitaine Janeway que Rotor vole les esprits de ses propres soldats, les utilisant dans quelque recherche folle pour détruire l'univers. Pour leur avenir et le nôtre, il doit être arrêté."
Chakotay fit signe à Tom Paris, qui tenait une pile de tablette de données. Le Lieutenant commença à les faire passer. "Chaque tablette", expliqua Chakotay, "contient une copie de toutes les informations qu'ont réussi à rassembler les services secrets de Starfleet sur Rotor et le Constructif. Cela inclut notre meilleure évaluation sur l'étendue de son empire et la localisation de ses forces. Vos gouvernements ont sans aucun doute rassemblé leurs propres informations. Si nous unissons tous nos ressources, nous aurons une meilleure chance d'accomplir cette mission. Le désirez-vous."
Les réactions furent immédiates et variées. Certains des leaders semblaient peu disposés, d'autres indifférents. La plupart semblaient pourtant intéressés. Chakotay était étonné de constater que personne ne fut offensé à l'idée de partager des données avec des étrangers. Peut-être que ce quadrant commence finalement à mûrir, pensa-t-il.
Comme les chefs assemblés regardaient leurs tablettes de données, le Général Fqezreel du Royaume Stellaire Yut demanda. "Combien de vaisseaux la Fédération désire-t-elle impliquer dans cet effort ?"
Chakotay soupira intérieurement. Le temps des questions difficiles était venu. "Les ressources militaires de Starfleet ont été mises à mal pendant la Guerre contre les Sernaix. Pour l'instant, tout ce que nous pouvons faire est de maintenir quelques vaisseaux à chacune des frontières importantes. J'ai peur que le Voyager soit le seul vaisseau de Starfleet qui participera à ce combat."
Ceci provoqua quelques murmures. "La guerre n'a pas été facile pour nous non plus", nota un colonel Vidiien. "Et nous sommes toujours ici, prêts à nous battre."
"Tout comme moi", répondit Chakotay sur un ton légèrement plus ferme. "Le Voyager est le navire le plus tactiquement avancé de Starfleet. Nous avons toutes les intentions de peser de tout notre poids."
l'Inspecteur Devore Kashyk sourit de façon rusée. "Si cette mission est si importante pour Starfleet", dit-il, "il est étrange que le Capitaine Janeway ait envoyé un subalterne pour conduire la première réunion."
Chakotay lui jeta un regard glacial. Il n'avait jamais aimé Kashyk. Cette allusion en était le parfait exemple. L'inspecteur savait fort bien pourquoi Janeway n'était pas là. Comme à tous les autres, on le lui avait annoncé dans le message d'invitation à la réunion. C'était juste un test pour vérifier la patience de Chakotay, un test qu'il avait l'intention de réussir. "Le Capitaine Janeway est actuellement en mission confidentielle d'une importance capitale. Elle m'a laissé les commandes de la flotte jusqu'à son retour."
"La flotte ? Ne soyons pas trop présomptueux." Kashyk sourit de nouveau. "Je suppose que vous avez simplement supposé que l'Imperium était prêt et attendait de vous aider avec tout l'effort militaire que vous souhaitiez."
Prenant une profonde inspiration, Chakotay se leva. "Ankin Rotor vous veut mort. Il veut votre famille, votre gouvernement, votre Imperium entier, mort. Pourquoi ? Il pense qu'il vous fait une faveur. Selon lui, chaque histoire, y compris la vôtre, a besoin d'une fin et il veut s'assurer qu'elle va l'obtenir. Si nous ne l'arrêtons pas ici et maintenant, il sera assez puissant pour le faire.
"Le Constructif devient plus fort de jour en jour. Notre hypothèse la plus probable est que Rotor a fini de transformer son propre peuple en légumes et a maintenant commencé à assimiler d'autres peuples pour les soumettre à la même chose. Il est déjà plus puissant tout seul que les populations entières de la plupart des planètes. Nous pouvons l'arrêter ici et maintenant, ou nous pouvons attendre et le laisser devenir encore plus fort. Les deux options s'offrent à vous, Inspecteur. Mais je sais laquelle je choisirais."
Cette fois, les murmures autour de la table étaient presque tous approbateurs. L'expression de Kashyk n'avait pas changé, mais Chakotay pouvait dire qu'il était un peu chagriné. C'est le premier signe de bon augure depuis que Catherine est partie, pensa-t-il. Peut-être sortirai-je vivant de cette réunion.
***
"Papa ?"
"Non, Miral. Il sera bientôt de retour."
Miral plissa les yeux puis reprit son jeu avec sa poupée Flotteur. Avec Tom à la réunion des chefs de flotte et B'Elanna occupée à l'Ingénierie, le couple avait eu besoin d'une baby-sitter. Harry avait sauté sur l'occasion, espérant que ça lui donnerait une chance de passer un peu de temps avec Miral. Au lieu de cela, elle avait joué seule tout le temps, demandant de temps en temps si son papa était de retour. Le malaise que ressentait Miral en sa présence devenait flagrant, ce qui n'aidait pas.
Harry soupira lourdement. Peu de temps auparavant, lui et Miral partageaient quelque chose d'étonnant et de spécial. Miral était trop jeune pour comprendre pourquoi ce n'était plus là désormais, mais elle sentait son absence. Et Harry voyait que cela lui manquait.
Mais il n'y avait eu aucun choix possible. Kes avait eu besoin de la puissance du Nacene pour protéger son peuple. Elle était auparavant l'un des seuls Ocampas sceptiques à propos du Pourvoyeur et curieux du monde extérieur. Maintenant, c'était elle le Pouvoyeur, elle qui empêchait le monde extérieur de les détruire. Sans l'amplification produite par le pouvoir de Miral, elle aurait lentement perdu sa capacité de le faire. C'était en quelque sorte une manière d'aider un vieil ami, de sauver des vies.
Bien sûr, il pouvait dédramatiser, mais les faits restaient. Miral avait perdu quelque chose qui avait fait partie d'elle dès sa naissance et c'est Harry qui avait provoqué cela. C'était le bon choix, mais le moindre de deux maux restait toujours un mal. Le prix qu'avait payé Miral était plus grand qu'elle ne pouvait s'en douter. Elle avait perdu un cadeau incroyable avant qu'elle soit assez vieille pour même commencer à le comprendre.
Les Sernaix pensent à moi comme à un saint, comme un élu des Dieux, pensa Harry. Le cadeau du Pouvoyeur m'a transformé d'une façon que je ne pouvais imaginer... Et je l'ai enlevé à Miral. Je ne suis pas un saint. Les saints ne volent pas cadeaux des enfants.
Miral posa Flotteur et prit la petite navette que Tom avait répliqué pour elle. Elle la faisait virevolter aléatoirement dans des directions que les moteurs ne seraient probablement pas capables de réaliser. Harry sourit. Tom serait heureux d'en entendre parler, considérant sa déception à voir comme Miral semblait peu jouer avec. En fait, les manigances de son père ne semblaient avoir aucun intérêt pour elle. Tom emmenait Miral faire des tours dans le Delta Flyer, mais elle passait tout le temps à faire apparaître et disparaître des tomates dans le réplicateur. "Je ne sais pas ce que nous allons pouvoir faire d'elle" avait-il confié à Harry. "Elle ne s'intéresse pas à l'aviation, B'Elanna n'arrive pas à l'intéresser à l'ingénierie ou au combat... De qui va-t-elle suivre exemple ?" Harry avait suggéré en blaguant le Docteur et ils avaient tous les deux eu un fou rire à l'image de Miral chauve, se pavanant d'un air sérieux autour de l'Infirmerie en sifflant un...
"Papa ?"
"Toujours à la réunion. Désolé, chérie."
Miral regarda fixement Harry. Elle saisit sa navette, prit Flotteur et se déplaça à un endroit un peu plus éloigné de lui. Harry s'enfonça plus profondément dans sa chaise et regretta soudain le Quadrant Delta, quand ils pouvaient laisser les conséquences de difficiles décisions à quelques années-lumière plus loin derrière eux chaque jour.
***
Chakotay se plaça assez près de la porte pour déclencher son mécanisme d'ouverture, puis s'écarta pour que le Lieutenant Young puisse voir à l'intérieur. "Ce sont des quartiers standards de l'équipage", dit-il. "Le nouveau Voyager a été construit pour contenir jusqu'à trois mille personnes en cas d'urgence. Donc nous ne manquons pas de place."
Young entra dans la chambre, regardant autour d'elle avec une expression béate. "On grimpe dans le monde, hein, p'tit gars ? Nous aurions pu facilement mettre deux des p'tites couchettes du Logan, ici. Je pense que j'vais m'sentir être comme une invitée ici."
"Vous n'êtes pas une invitée", dit Chakotay. "Vous êtes un officier de Starfleet. Venez demain matin, nous aurons besoin d'autant de monde que nous pourrons en trouver. Je vais voir Tuvok pour qu'il vous affecte à un poste provisoire dès que possible."
Young sourit. "Hé, c'est moi. Vous voulez aller botter l'arrière-train des cyborgs, et je suis justement là avec vous. Que pensez-vous de pilote ?"
"J'ai peur de ne rien pouvoir vous offrir. Tom Paris a été notre pilote pendant des années. Nous avons besoin de son expérience aux commandes."
"Aïe. Et pour les petits vaisseaux ?"
"Le delta Flyer est sorti en mission et nous n'utilisons pas les autres navettes dans cette attaque. Elles seraient trop vulnérables."
"Pas avec votre dévouée aux commandes. Je pourrais..."
Chakotay leva une main sévère. "Lieutenant, vous n'aurez pas d'affectation à un poste de commandement dans cette mission. Tuvok vous placera où il pense nécessaire et j'attends de vous que vous serviez au mieux de vos capacités. Est-ce compris ?"
Young le regarda fixement. "J'te charriais, Grand. Qui est mort et t'a fait devenir Triste Roi ?"
"Je mène cette flotte à la bataille demain. Ce n'est pas le moment de faire de l'humour."
"Non, c'est à cause de moi. Je le vois. Vous êtes resté très professionnel depuis que j'ai débarqué ici. Y'a quelque chose qui t'ennuies ? ' Parce qu'j'peux..."
"Le Capitaine Grant a essayé de me tuer."
La mâchoire de Young en resta grande ouverte. "Skip ? Impossible!"
"Il m'a torturé pour avoir des informations sur le Capitaine Janeway", dit Chakotay, l'expression inchangée. "Quand il a eu fini, il m'a placé dans une nacelle de sauvetage pour que j'y meure de mes blessures. Le Voyager a détecté le signal de la nacelle juste avant qu'il ne soit trop tard. Juste à temps."
Son visage pâlit. Young prit un moment pour répondre. "Le Capitaine nous a dit qu'il t'avait vu te diriger vers les nacelles de sauvetage. Il a dit que tu avais dû décider de ne pas rester dans les parages après le petit combat sur la passerelle et qu'il était trop tard pour se verrouiller sur ta nacelle et te ramener. Sam n'a rien dit, mais je ne pense pas qu'il l'a cru."
"Il avait raison", répondit Chakotay. "J'espère que vous comprenez maintenant pourquoi je ne vous ai pas accueillie les bras ouverts."
"Okay, juste un instant! Skip t'a trahi, j'ai compris. Ca ne signifie pas que je l'aurais aidé. Ca ne signifie pas que tu n'peux pas avoir confiance en quiconque de ce satané vaisseau."
"C'est exactement ce que cela signifie. Le Logan avait une mission inexplicable, un capitaine dont l'ordre de route n'était clairement pas ce qu'il semblait être et une équipe de commandement dont la fidélité en son Capitaine était inébranlable. Quelle conclusion en tireriez-vous ?" Chakotay fit mine de partir. "Quiconque était sur ce vaisseau est suspect. Vous étiez dans l'équipe de commandement. Je peux travailler avec vous, Shari, mais ne vous attendez pas à ce que j'aie confiance en vous. Pas avant un bon bout de temps."
Il était presque à la porte quand Young dit, "D'accord. J'ai entendu ta version. Tu veux entendre la mienne ?"
Chakotay se retourna et Young avança d'un pas dans sa direction. "Tu es celui qui a tout foutu en l'air, gars. Nous faisions simplement notre travail avant que Monsieur Maquis Prodige ne débarque. Notre petit gang est resté plus longtemps ensemble que le vôtre lorsque l'Amiral Warhol t'a envoyé et avant que nous ne puissions comprendre, tu avais jeté Marsha de la planche, mettais en doute chacune des paroles que l'on te disait et tu filais à l'anglaise lorsque ça sentait le roussi... Maintenant, tu me demandes de te croire malgré mon attachement à mon Cap'taine Grant, et c'est ce que je fais. Jusqu'à maintenant, je ne t'ai causé pas l'ombre d'un ennui. Alors, pourquoi tu f'rais pas comme moi et en finirais avec ce jeu ?"
Chakotay était indifférent, ou le cachait bien. "Que voulez-vous que je fasse ? Il a été prouvé que Warhol et Grant travaillaient tous les deux pour la Section 31. Ils n'auraient pas risqué d'utiliser le Logan pour quelque chose d'important à moins d'avoir encore au moins deux agents secrets dans l'équipe de commandement. Quelle preuve ai-je que vous n'étiez pas l'un d'entre eux ? "
Young sourit avec malice. "Peux pas t'en donner. Et comme votre copine Borg le dit, c'est futile. La Section 31 a été démasquée, vous avez vu cela vous-même. Le pétrin de Warhol en solitaire et tous mes potes sont partis. Je n'ai plus rien maintenant, et cela, que vous pensiez que j'en suis ou pas."
"Shari, vous savez que je suis désolé de votre perte..."
Elle se détourna. "Laisse tomber, le glousseur. Les larmes de crocodile ne vont pas faire flotter mon navire."
Chakotay soupira. "Je suis désolé. Les autres n'étaient pas responsables de ce que Grant avait fait. Et peut-être que je réagis de manière excessive, maintenant... Mais ma priorité doit être la sécurité du Voyager. Ce vaisseau et son équipage seront assez en danger avec les rayons Borgs. Je ne peux pas prendre le risque que ma confiance en vous crée une autre menace. Nous avons déjà eu un agent actif de la Section 31 à bord et elle a presque réussi à détruire ce vaisseau."
"Hé, ne me laissez pas arrêter de vous la jouer en toute sécurité. N'est-ce pas ce que Janeway a fait avec ces maquisards qu'elle avait attrapé ? Oh, mais attendez, j'ai entendu dire qu'elle leur faisait confiance."
Lentement, Chakotay commença à sourire. "Shari, je ne peux pas décider si vous êtes un génie ou la personne la plus ennuyeuse que j'ai jamais rencontré."
"J'arrangerais ça pour toi si j'avais mon mirliton sur moi", sourit-elle.
"Vous avez gagné", dit-il, marchant vers la porte. "J'essayerai de vous laisser le bénéfice du doute. Mais je ne peux toujours pas prendre de risque. Ne vous attendez pas à ce que je vous laisse aux commandes d'ici tôt."
"Commandes ? Pfft. J'préfère piloter que de crier des ordres tous les jours."
"Tuvok va vous trouver quelque chose à faire", dit Chakotay. Il tendit la main en direction de la console sur le côté de la porte. "Installez-vous et essayez de vous détendre pour le moment. Vous devriez aller mieux demain."
Il tapota sur la console et la porte se ferma. Young s'effondra immédiatement sur le divan et s'allongea, un sourire malicieux à nouveau sur les lèvres.
***
Tuvok et Harry étaient debout, épaule contre épaule, à la station Tactique, quand Chakotay entra sur le pont. "Bon", dit-il avec un soupir. "Qu'est-ce qui se passe ici ?"
"Monsieur Kim est d'avis que les stations de la passerelle exigent un doublon. Il a insisté pour se positionner ici pour vous le prouver quand vous arriveriez."
Kim tressaillit sous le regard glacial de Chakotay. "Ecoutez-moi !" dit-il. "En cas d'urgence dans une situation de bataille, doubler les officiers tactiques ne présenterait-il pas un avantage ? L'un peut gérer les armes, l'autre les systèmes défensifs, ou..."
"Harry ?"
"Oui ?"
"Retournez à votre station."
"Oui, Monsieur." Harry dépassa Chakotay et se glissa aux opérations. "Je pense juste..."
"Vous pensez juste que vous devriez avoir une station plus spacieuse", dit Chakotay avec un sourire désabusé.
"Et bien, une fois que nous aurons doublé la console Tactique, nous voudrions faire de même avec les opérations pour maintenir la symétrie", répondit Harry, sérieusement.
Aux commandes, Tom commença à glousser, ce qui fut contagieux. Harry et Chakotay firent rapidement de même. Quand un moment fut passé, Chakotay s'installa dans le fauteuil de Capitaine, prit une tablette de données et commença à...
"Capitaine, la flotte reçoit un appel de détresse", dit Tuvok tandis que sa console envoyait des signaux sonores à plusieurs reprises. "Une petite colonie vient de subir une lourde attaque Borg."
Chakotay se tourna pour regarder le Vulcain. "Où est-ce localisé ?"
"Coordonnées neuf trois deux marque quatre quatre marque..." Tuvok se tut.
Pendant un instant, le silence total régna sur la passerelle pendant que ces coordonnées familières lui revenaient à l'esprit. Le visage d'Harry pâlit, celui de Tom exprimait l'horreur.
Puis... "Monsieur Paris", dit Chakotay. Mais ce n'était pas nécessaire. Tom avait déjà programmé la trajectoire et engagé les moteurs. Quinze secondes plus tard, le vaisseau voyageait à vitesse maximale et était en alerte rouge, tous ses systèmes entièrement préparés pour la bataille.
Le Voyager entra dans le couloir de courant de glisse et de transdistorsion qui l'emmènerait vers un astéroïde que son peuple appelait Nouvelle Talax.
***
Quand il menait une attaque, l'ancien Collectif Borg était notoirement conservateur. Tout était fait pour atteindre l'idéal de l'efficacité parfaite. Si le potentiel de défense d'une planète se comparait à une allumette pour un Cube, le Collectif en envoyait seulement un. Le facteur d'intimidation d'une grande flotte était futile. Le fait que le Collectif avait plus qu'assez de vaisseaux à envoyer ? Tout aussi futile. Tout ce qui importait était la précision.
Mais pas pour le Constructif.
La Nouvelle Talax disposait de tout le potentiel de défense qu'elle avait été capable de construire, mais c'était à peine suffisant pour tenir à distance un simple vaisseau. Un éclaireur Borg aurait pu facilement briser ces défenses. C'est pourquoi le peu de Talaxiens chanceux qui avaient un moment de libre pour méditer entre deux combats désespérés pour leurs vies, se demandaient pour quel genre de raison le Constructif avait envoyé cinq cubes blindés. Et pourquoi ils n'avaient pas simplement ouvert le feu sur l'astéroïde pour le détruire d'un coup comme ils auraient si facilement pu le faire.
Mais le temps n'était ni aux questions ni aux doutes. Les Borgs étaient venus sur la Nouvelle Talax en nombre. C'était le cauchemar le plus enraciné de n'importe quel peuple vivant dans le Quadrant Delta. Pendant des centaines d'années, sur des milliers d'années-lumière, les parents effrayaient leurs enfants en leurs racontant des contes de croque-mitaines blêmes dans des armures aussi noires que la nuit... Jusqu'à ce qu'un jour, l'histoire se réalise et que les parents ne puissent que tenir leurs enfants et prier pour leur mort rapide et sans douleur.
La protection de l'astéroïde fut anéantie dans les dix premières secondes. Cinq minutes à peine s'étaient écoulées depuis lors et déjà tout espoir était perdu.
Dans cette bataille, les Talaxiens se battaient pour leurs maisons. Les parents défendaient de manière intrépide leurs enfants. Les amants se battaient côte à côte, décidés à vivre ou à mourir ensemble. La communauté montrait un courage et une force qu'elle ignorait.
Mais ce n'était pas suffisant.
Déjà les Borgs téléportés dépassaient les colons en nombre. Ils avançaient lentement, inexorablement, protégés contre les rayons mortels par leur champ de force adaptatif. Ils avaient tout le temps du monde. En fait, cette fois, l'attaque au corps à corps était spécifiquement destinée à être lente.
Les dégâts devaient être superficiels. Les pertes humaines devaient être limitées. Autrement, les Talaxiens ne pourraient être capable d'envoyer leur appel de détresse à temps.
Et quand ils l'eurent fait et que le vaisseau de combat Voyager débarqua dans le secteur comme une chauve-souris entrant en enfer, chaque Borg sur la planète sourit.
***
"Rapport."
"Cinq cubes Borg", répondit Tuvok. "Je détecte de la technologie Sernaix sur trois, y compris sur le cube de classe 6 tactique qui mène l'attaque."
Cela semblait familier. "Le vaisseau de Rotor ?"
"Les signatures sont compatibles avec cette hypothèse."
"Ouvrez le feu", dit Chakotay. "Toutes les armes. Par salves. Frappons-les durement et vite. Si nous pouvons en détruire un ou deux, les autres peuvent tomber aussi."
Les torpilles sortaient déjà des batteries de tirs du Voyager. Tuvok fit charger et lancer une dizaine de torpilles, chacune ayant sa cible précise. Avant que les Borgs ne puissent même réagir, un de leurs cubes était endommagé et deux autres lourdement atteints.
Chakotay indiqua le cube endommagé. "Tom, amenez-nous plus près. Tuvok, phaseurs sur puissance maximale. Détruisez cette chose damnée."
Les deux officiers obéirent. Une série rapide de détonations réduisit le cube en poussière.
"Amenez-nous à portée", dit Chakotay. "Allez au vaisseau le plus proche de la planète. Manoeuvre d'attaque Alpha quatre." Avant que le Voyager ne soit à mi-chemin, cependant, les quatre cubes restant avaient déjà pris la fuite dans un couloir de transdistorsion. Il n'eurent pas le temps de célébrer la victoire dans l'espaceŁ. Toute leur attention était tournée vers la surface. "Tuvok, Paris, descendez là-bas", aboya Chakotay. "Emmenez autant d'équipes que vous le pensez nécessaire. Reprenez cette colonie."
Les hommes inclinèrent la tête et se dirigèrent immédiatement vers l'ascenseur. Chakotay se tourna vers Kim. "Lieutenant, prenez une des nouvelles navettes et retournez à la flotte. Nous avons besoin d'une présence là-bas pendant que le Voyager est occupé ici. Le courant de glisse disparaîtra dans quelques minutes, ne perdez pas de temps."
Kim se dirigea vers l'ascenseur en courant. Après quelques gestes rapides du Capitaine, Ayala et Davenport prirent les stations de tactique et des opérations. Chakotay lui-même glissa dans le siège du pilote. Ce faisant, il frappa son communicateur. "Passerelle au Docteur. Préparez deux équipes médicales d'urgence et descendez sur cet astéroïde."
"Astéroïde ?", répliqua la voix de l'hologramme. "Vous voulez dire..."
"Oui. Vous êtes attendu en salle de téléportation numéro deux. Ils vous téléporteront en bas dès que nous aurons le feu vert de la part du groupe de Tuvok. Chakotay terminé."
Presque immédiatement, le canal de transmission bipa de nouveau. "Paris à Voyager. Il semble que les Borgs aient retiré la majeure partie de leurs forces avant de partir. Il y en a toujours un groupe ici, mais nous serons capables de les tenir en échec facilement."
"Ne prenez aucun risque, Tom."
"Prendre des risques ? Vous vous souvenez qui vous avez désigné comme responsable pour cette petite mission ? Paris terminé."
Il n'y avait qu'une chose que Chakotay pouvait faire d'ici. "Ayala, appelez Neelix depuis la nouvelle ligne d'opération Watson. Passez la communication sur l'écran principal."
Ayala s'exécuta. L'écran s'éteignît, puis se remplit d'une image de décombres. "Neelix!", cria Chakotay. "Si vous pouvez m'entendre, venez à la console de Watson! Le Voyager est en orbite maintenant et-"
Une main balaya soudainement les décombres et remonta l'écran. Quand le visage de la personne apparut, Chakotay fut doucement étonné. "Dexa! Vous ça va ? Où est Neelix ?"
"LAISSEZ NOUS SEULS !" cria la Talaxienne, prenant Chakotay au dépourvu. Il vit soudainement les larmes dans ses yeux. "Vous les avez amenés sur nous! Les Borgs n'avaient aucune raison de se soucier de cette colonie! Ils nous tuent juste pour vous blesser!"
"Dexa, nous..."
"ALLEZ AU DIABLE!" cria-t-elle, levant un débris au-dessus de sa tête. Elle l'abattit et l'écran éclata dans un bruit statique.
Chakotay frappa immédiatement son communicateur. "Passerelle à équipe de terrain! Quel est votre statut ?"
"Nous avons repoussé l'attaque Borg", répondit Paris. "Tuvok a pris l'équipe Hazard pour se débarrasser des derniers bastions. Le reste d'entre nous travaille à sortir les personnes de sous les décombres. Où est l'équipe médicale ?" Comme si la réplique amenait l'action, une troisième voix rejoint la conversation. "Equipe de terrain, ici la salle de téléportation numéro deux. Est-ce dégagé pour l'arrivée du personnel médical ?"
"Clair", dit Tom. "Envoyez-les en bas et vite." Tout se passa alors en même temps. Les rapports arrivèrent si vite que Chakotay ne put même pas les trier dans son esprit avant que quelques secondes critiques ne soient passées.
Ayala : "Qu'est-ce que... Monsieur, nous avons un cube Borg sortant de mode camouflage juste derrière nous !"
Tuvok : "Tuvok à passerelle. Les Borgs que mon équipe poursuivait ont disparu."
Infirmière Cunningham : "Est-ce qu'une autre salle de téléportation a transporté le Docteur là-bas ? Il est parti, mais son émetteur est toujours ici!"
B'Elanna : "Ingénierie à passerelle ! Chakotay, Plus aucun composant Sernaix du vaisseau ne répond ! Je ne sais même pas comment c'est possible!"
Davenport : "Le couloir de transdistorsion est en train de se rouvrir!"
Paris : "Mon Dieu, NON! Transport médical d'urgence maintenant! Deux personnes à téléporter directement à l'Infirmerie!"
Ayala : "Le cube entre dans le couloir..."
L'ordinateur : "Alerte, base de données compromise. Le programme HMU ne répond plus. Alerte de sécurité déclenchée."
Chell : "Passerelle ? Je parlais juste à Oz et il a disparu. Est-ce que quelque chose ne va pas ?"
Ayala : "...Il est parti."
Tout cela prit moins de dix secondes. Un moment de silence passa comme l'oeil d'une tornade puis la console d'Ayala commença à envoyer des signaux sonores. "Nous avons un message entrant, Monsieur. Audio seulement."
"Passez-le", répondit Chakotay, l'esprit en ébullition.
Le pont s'emplit de sons à faire frémir et des résonances de la vieille voix du Collectif Borg. Mais au lieu de centaines de voix différentes, cette fois les centaines de voix étaient toutes confondues. La voix du Constructif était une voix qui s'enroulait sur elle-même à plusieurs reprises, jusqu'au plus loin que l'oreille pouvait discerner.
"Bonjour, Chakotay", dit Ankin Rotor. "Journée chargée ?"
***
Le Delta Flyer sortit de distorsion dans un secteur si exempt d'intérêt que même les Vulcains n'y prêtaient aucune attention. Il n'y avait absolument rien ici, aucune étoile, aucun astéroïde, même pas une radiation intéressante. Il n'y avait rien à faire ici si ce n'est le traverser et peut-être recalibrer ses détecteurs pour trouver quelque intérêt à une partie du voyage. Des secteurs comme celui-là avaient empoisonné la carrière de chercheur de Catherine Janeway.
"Etes-vous sûre que nous sommes au bon endroit, Seven ?"
Seven leva un sourcil.
"Bien sûr que vous l'êtes. Désolée." Janeway effectua un scan rapide de détection. "Je ne détecte encore rien, mais nous ne sommes pas supposés... Branchez les scanners de phase maintenant."
Devant Seven et Janeway, l'écran se para d'un rouge uniforme. Comme elles observaient, il entama un cycle lent de colorisation, passant par l'orange, le jaune puis le vert avant de devenir d'un bleu pâle Starfleet. Dans le bleu, un cercle minuscule, presque imperceptible apparut. Janeway le toucha un doigt. "Cela doit être ce que nous cherchons."
"Votre capacité d'exprimer verbalement toutes les données que vous observez est formidable."
Janeway plissa les yeux à l'intention de Seven. "Vous me dites juste que je suis douée pour énoncer ce qui est évident ?"
"En effet", sourit Seven. "Une plaisanterie, Capitaine."
Faisant attention à ne pas paraître amusée, Janeway entraîna le Flyer un peu plus loin. Le cercle sur l'écran grossit de plus en plus tandis qu'elle s'en approchaient, jusqu'à ce que sa nature soit visible. C'était deux portes semi-circulaires fermées, sans port d'accès ni terminal de communication en vue.
"Hmm", dit Janeway en examinant le mystérieux objet. "Je ne vois aucun chemin évident pour entrer... Qu'est-ce que disait le message à ce propos ?"
"Nous devons transmettre le code d'accès 'exodus' sur toutes les fréquences standards."
Janeway le fit. Le joint entre les portes commença à rougeoyer, puis plus rien ne se passa.
Cinq minutes plus tard, rien de plus ne s'était passé. "Peut-être serait-il sage d'émettre à nouveau le code", suggéra Seven.
Ce qu'elles firent. Sans aucun résultat.
"Peut-être ne devrions-nous pas nous limiter aux fréquences standards", suggéra Seven.
Rien.
"La Frustration est une émotion extrêmement inefficace", dit Seven. "Cela ne m'avancera à rien de me mettre en colère contre cette porte. Elle est inanimée et donc incapable de contrevenir consciemment à notre mission."
Lentement, un sourire malicieux s'élargit sur le visage de Janeway. "Oh, je ne sais pas, Seven. Je trouve que la frustration est parfois très utile."
"Vous n'êtes pas sérieuse ?"
"Levez les boucliers et armez les phaseurs. Préparez des manoeuvres d'évasion au cas où nous en aurions besoin."
Pendant que ses doigts travaillaient sur la console d'armement, Janeway vit Seven rouler des yeux. Elle retint un gloussement. "Feu", annonça-t-elle. Le rayon d'un phaseur fut projeté et frappa le joint entre les deux portes.
Elles s'ouvrirent. Et restèrent ouvertes.
Seven en resta bouche bée. Janeway se tourna vers elle, un sourire malicieux fermement en place. Elle répéta "la frustration est parfois très utile."
Un moment plus tard, le Delta Flyer glissait par le trou entre les portes. Quand il passa, il y eut un flash de lumière et l'espace se tordit. Le Flyer était parti. Les portes se refermèrent. Les derniers échos du scanner de phase disparurent. L'unique résident était de nouveau à l'abri des yeux curieux et le secteur retourna à son ennui.
***
Journal de bord du Premier Officier, date stellaire....
"Ordinateur, annulation. Reprise."
Journal de bord du Capitaine, date stellaire 56701.2. Rapport de Chakotay. Le Voyager est toujours en orbite de la Nouvelle Talax où nos équipes médicales fournissent assistance aux blessés de la colonie. Six colons ont été tués dans l'attaque, deux sont portés disparus et présumés morts. Notre Docteur aussi a disparu, et B'Elanna ne parvient pas à détecter Ozymandias dans les systèmes du vaisseau. Elle croit qu'il a été d'une façon ou d'une autre capturé comme le Docteur, et que c'est la raison pour laquelle aucun des systèmes Sernaix ne répond à bord.
Monsieur Tuvok a analysé les données du vaisseau de Rotor... Et a rapporté qu'il utilisait un dispositif de dissimulation Romulien. Puisque les Borgs laissaient l'empire stellaire pratiquement intact jusqu'ici, cela pourrait indiquer un changement de politique. Peut-être Rotor les trouve plus appropriés que la Reine. Tuvok affirme que les camouflages Romuliens sont facilement pénétrés si vous savez où regarder. Mais Rotor le sait aussi et il ne sera donc pas si prédictible.
Puisque nous n'avons détecté qu'un seul cube camouflé, nous allons agir en supposant que Rotor ne peut pas reproduire la technologie de dissimulation, ou qu'il a une raison de ne pas le faire. Si nous avons tort, nous ne vivrons pas assez longtemps pour que cela nous importe.
Il fit une pause. "Ordinateur, passe à l'enregistrement de mon journal personnel."
Le plus dur pour nous est le fait que la fille de Neelix, Alixia, fait partie des blessés. Pendant l'attaque, son berceau a été enseveli sous les débris, la piégeant dessous pendant quelques instants. Elle a des blessures à la tête et au torse, mais se remet bien. Je remercie Les Esprits du Ciel que la médecine soit aussi développée ... Il y a seulement quelques décennies, un enfant de l'âge d'Alixia n'aurait eu aucun espoir de survivre à un tel impact.
Dexa nous en veut. Je ne peux pas l'en blâmer. Bien que je veuille défendre le Voyager, elle a raison. Rotor a visiblement mené cette attaque pour nous faire sortir. A ce stade, il apparaît que son but était de tout faire pour capturer le Docteur et Oz. Je soupçonne qu'il les a capturés, mais je dois accepter la possibilité qu'ils soient morts. Comme six colons Talaxiens qui n'avaient rien à voir avec cette guerre.
Cela doit s'arrêter. Rotor doit être arrêté.
Je regrette de ne pas savoir comment faire.
***
"C'est l'ironie de la chose, Monsieur. Jusqu'ici, ils ont été plutôt patients. Personne n'a mis en doute mon histoire. Mais je ne pense pas que cela durera."
Chakotay se détourna de son réplicateur et regarda le moniteur où l'image d'Harry Kim apparaissait. "Cela devra aller", dit-il. "Le Voyager ne peut pas être de retour avant encore au moins un jour. Les généraux sont devenus plus raisonnables récemment... Dites-leur juste de rester assis, de revoir leurs préparatifs et tenez-vous prêt à commencer dans deux jours."
"C'est facile pour vous de dire cela", dit Harry avec une trace du vieil Enseigne Kim dans la voix. "Ces types reconnaissent que je vous représente, mais ils ne me respectent pas du tout personnellement. Vous ils vous respectent. Moi, ils me supportent."
Chakotay sourit. "Détendez-vous, Lieutenant. Ce sont des militaires. S'ils ne vous respectaient pas du tout, ils ne vous supporteraient pas non plus."
Harry émit un gloussement. "Je vous tiendrai informé, Monsieur. Kim terminé."
L'appel d'Harry terminé, Chakotay avait finalement fini la dernière de ses tâches immédiates.
Il marcha vers le divan avec la tasse de thé qu'il avait répliquée et la posa sur la table à côté d'une pile de tablettes de données. Il en parcourut une. Tout était important, mais rien n'était urgent. En un jour normal, il saisirait l'occasion pour faire une petite pause. Mais pas aujourd'hui. Les tâches effectuées signifiaient seulement qu'il pouvait maintenant prendre le temps de penser. Il devait décider son prochain mouvement.
Pendant ses réflexions, quelqu'un sonna à la porte. "Entrez." Pendant un instant, il se laissa distraire par l'espoir de voir Catherine à la porte. Ce qu'il donnerait pour l'avoir ici tout de suite...
La porte s'ouvrit et laissa apparaître Shari Young. "Hé, le grand", dit-elle. "Ca t'ennuie si je te tiens compagnie ?"
"Pas du tout", dit Chakotay, lui désignant une chaise. Il ne savait pas pourquoi, mais malgré la friction entre eux, elle semblait être la bonne personne avec qui être en ce moment.
Young s'assit et prit immédiatement la tasse de Chakotay. Avant qu'il puisse réagir, elle en avait bu une généreuse gorgée et reposé la tasse. Il la regarda fixement, abasourdi et attendant une explication, mais Young se contenta de sourire. "Bon, eh bien", dit-elle. "Comme je m'en doutais."
"Quoi ?"
"Earl grey", sourit-elle. "Je me demande bien où tu as pu choper cette habitude ?"
Toujours irrité, Chakotay sourit néanmoins. "Coupable. Mais je garantis que c'est le seul trait de Grant que je partage."
"Ca, j'sais pas", dit Young, tendant la tête vers son col. "T'as quatre épingles maintenant. Et, la même attitude de pas d'vague."
"Cela", répondit Chakotay fermement, "je le dois à une certaine Catherine Janeway. Grant n'y est pour rien."
"J't'ai eu. Maintenant, glousseur... Dis-moi ce qui suit sur le plan ?"
Devait-elle vraiment l'appeler comme ça ? "Je ne sais pas encore. Il y a beaucoup de facteurs à considérer."
"Hmm, laisse-moi regarder." Young commença à compter sur ses doigts. "Un : Ton doc' a été effacé. Deux : Pareil pour le merveilleux magicien Oz. Trois : Tu sais qui l'a fait et où il vit. Quatre : Tu as une flotte monstrueuse qui attend déjà pour aller le défoncer." Elle tourna la main pour lui faire face. "Comment sont mes maths, mon gars ?"
Chakotay sourit. "Je regrette que ce ne soit pas aussi simple."
"C'est pas ça ?"
"Pas du tout." Il se leva. "Tout d'abord, le Docteur et Oz étaient au courant de nos plans de bataille. Nous devons les modifier maintenant avant que nous ne menions l'attaque. La capacité d'information de Rotor est déjà démesurée. Il ne lui faudra pas longtemps pour forcer les sécurités du programme du Docteur. Cela signifie aussi que nous devons trouver une façon de nous assurer, quand nous le récupérerons, que Rotor n'a pas laissé de surprises à l'intérieur. Le Docteur a fait beaucoup de dégâts autrefois, quand des forces ennemies l'ont retourné contre nous."
"Et pour l'autre gars, Oz ?"
"C'est un problème encore plus complexe. B'Elanna ne sait même pas comment il a été possible de l'enlever de sa base située au sein des systèmes Sernaix du Voyager. Quand nous le trouverons, nous devrons d'une façon ou d'une autre le rapatrier dans le vaisseau. Puis il faudra le scanner contre d'éventuels pièges et mettre en place quelques barrières pour empêcher Rotor de recommencer. Et nous n'allons probablement pas avoir beaucoup de temps."
"Hé, j'suis pas en train d'dire que ça va être du gâteau", dit Young. "Mais qu'est-ce qu'on peut faire d'autre ? Faut récupérer vos gars, ou du moins empêcher Rotor d'les utiliser."
C'était ce à quoi Chakotay avait essayé de ne pas penser. "Vous avez raison, bien sûr. Si nous ne pouvons pas sauver le Docteur et Oz, nous devrons les détruire avant que Rotor ne puisse en extraire tous nos secrets. Ou, pire, qu'il les place sous le même contrôle permanent que ses propres gens."
"D'une manière ou d'une autre, tu devras y aller."
"Oui." Chakotay se frotta le menton. "Mais pas encore. Nous ne pouvons pas quitter les Talaxiens avant que les opérations de secours soient finies."
"Tu peux pas ? Laisse tes gars en bleu ici et reprends-les quand tu repasseras. Tu n'as pas besoin d'eux pour un combat spatial de toute façon."
"Non, je ne peux pas. Nous nous dirigeons vers une situation imprévisible. Je ne laisse pas la moitié de la section médicale derrière."
"Bien, de combien d'aide encore vos copains en peluche ont-ils besoin ?"
"Les Talaxiens ont besoin de nous pendant encore un jour. C'est ce que j'ai dit avant et c'est vrai."
Young se pencha en avant. "Tu es sûr que tu t'inquiètes pour tous les Talaxiens ?"
"Que voulez-vous dire ?", demanda Chakotay, fronçant les sourcils légèrement.
"Je m'suis laissée dire qu'un ami proche à vous était là dedans. Et son gosse n'en est pas sorti indemne. J'pense que peut-être tu prends cela un peu personnellement."
Chakotay se leva et marcha jusqu'à la fenêtre. "C'est personnel", dit-il. "Rotor n'a pas attaqué la Nouvelle Talax pour obtenir notre attention. Il a voulu nous blesser. Il a presque tué un bébé d'un mois uniquement pour rendre les choses encore plus dures à l'équipage d'un vaisseau qu'elle n'a même encore jamais vu."
Cela fit un peu sursauter Young. "Comment l'a-t-il appris ?"
Chakotay la regarda par-dessus son épaule. "Avez-vous besoin vraiment de moi pour vous le dire ? La Section 31 avait les meilleurs agents de renseignement du quadrant."
"Oh ! Vous m'faites mal, chef", dit Young, mimant une blessure au coeur. "J'te l'dis, tu me fais plaisir en m'faisant confiance, et en retour, je ferai quelque pour vous."
"Qu'avez-vous à l'esprit ?"
Young sourit avec malice. "De quoi avez-vous besoin ? Peut-être d'un... pilote ?"
Chakotay rit. "Ce n'est pas une faveur pour nous, ce sont deux faveurs pour toi."
"Malédiction. Tu as déjoué mon complot sournois de la Section 31."
En riant de nouveau, Chakotay revint à la fenêtre. "Ce n'est pas que je ne t'aime pas, Shari. Je veux avoir confiance en toi. Mais je dois considérer toutes les possibilités. Tu t'es comparée à moi à l'époque où le Capitaine Janeway m'a accueilli à bord du Voyager, mais elle n'a pas eu confiance en moi tout de suite non plus. Il a fallu du temps pour que je la gagne."
Young prit une autre petite gorgée du thé de Chakotay et se pencha en arrière. "Passe-moi ta morale, Gars. J'ai compris. Je voulais juste rappeler que je suis à aider, de quelque façon que ce soit."
"Tu en auras l'occasion, Shari", dit Chakotay. Il regarda fixement sa réflexion dans la fenêtre, où ses quatres épingles de Capitaine étaient maintenant attachées à son col rouge sang. "Crois-moi... Avant la fin, nous aurons besoin de toute l'aide que nous pourrons trouver."
***
Le Docteur revint à la vie. "Veuillez exposer la nature de l'urgence médicale."
"Vous n'êtes jamais fatigué de dire cela ?"
Il regarda autour de lui. " Directeur Ankin Rotor. Et moi qui me disais justement combien vous ne me manquiez pas."
L'ancien drone rit. "Nous devrions mieux nous connaître, Docteur. Cette première réunion fut si brève."
"Assez plaisanté", dit le Docteur. "Pourquoi m'avez-vous amené ici ?"
"Vous êtes hardi pour quelqu'un que je pourrais me contenter de décompiler."
"Si c'était votre plan, vous ne vous seriez pas donné la peine de me réactiver d'abord. Qu'est-ce que vous voulez ? Informations ? Codes d'accès ?"
"Et quand je répondrai, vous direz que c'est une plaisanterie, et votre matrice s'autodétruira dès que j'essayerai d'avoir accès à quoi que ce soit d'intéressant. C'est ça, n'est-ce pas ?"
L'hologramme sourit. "Plus ou moins."
"Noble. Quel sacrifice. Vous incarnez des traits qu'aucune machine ne devrait être capable de posséder. Comment est-ce possible ?"
"Si vous voulez débattre des mérites de mon programme, je vous suggère d'entrer en contact avec mes ingénieurs. Où est le Voyager ?"
"Exactement là où vous l'avez laissé. J'ai transféré votre programme ici, il y a seize heures. Et pour autant que je sache, le Voyager est toujours en orbite autour de la Nouvelle Talax, à creuser pour sortir ses amis de sous les décombres."
Le Docteur n'en fut pas affecté. "Donc vous étiez le responsable de l'attaque. Voudriez-vous que je joue l'étonné ?"
"Me demander à moi comment vous devriez vous comporter", grommela Rotor. "C'est un bon début. Mais je pense que vous convaincre ne devrait pas me prendre longtemps."
Une explosion de rire holographique emplit la pièce. "C'est à propos de me convaincre ? Pensez-vous vraiment que je vais trahir le Voyager pour vous ? J'ai hâte d'en informer le Capitaine. Nous avons visiblement incroyablement surestimé votre intelligence."
"Serait-il vraiment inouï que vous vous retourniez contre vos amis, Docteur ?"
Le Docteur fronça les sourcils de colère. "J'admets que j'ai fait de mauvais choix par le passé. Cela ne signifie pas que je signerai avec n'importe quel vaisseau arrivant. Et cela ne signifie certainement pas que je rejoindrai votre croisade ridicule pour détruire l'univers."
Rotor soupira. "Vous êtes tous si rapides à m'écarter. Y avez-vous même pensé ?"
"Pensé à quoi ?"
"La fin", dit Rotor, étendant ses bras. "La fin de tout. Combien de temps croyez-vous que vous vivrez, Docteur ? Vous êtes un programme informatique. Il n'y a aucune limite théorique au temps que votre programme peut durer. A part votre profession dangereuse, les facteurs appropriés suggèrent que vous vivrez tant que vous le voudrez."
"De l'exercice régulièrement. C'est mon secret."
"Alors combien de temps voulez-vous vivre, Docteur ?" demanda Rotor, se rapprochant très près. "Assez longtemps, peut-être, pour observer chacun de ceux dont vous vous souciez s'éloigner et mourir ? Assez longtemps pour voir les empires de ce quadrant tomber et être remplacé par de nouveaux, et ce à plusieurs reprises ? Assez longtemps pour voir par vous-même la vie entière d'étoiles et de galaxies ?"
Le Docteur lui jeta un regard méchant. "D'accord, Directeur, vous avez raison. C'est un sujet auquel j'ai pensé. Mais ce n'est pas un sujet de discussion sur lequel j'ai envie de m'entretenir avec vous."
"Supposons que vous ne choisissiez de ne jamais vous désactiver, alors. De quoi serez-vous le témoin au fur et à mesure que l'éternité passera ? Pendant une longue période, certainement, votre vie sera intéressante. Mais tôt ou tard, les étoiles de cette galaxie s'éteindront et il n'y aura plus de vie ici à observer. Voyagerez-vous vers une autre galaxie, alors ? Et que ferez-vous quand celle-là mourra ? L'univers est guidé par une force inexorable, l'entropie. L'ordre se dissipera. La chaleur tombera. Les galaxies exploseront. La vie comme nous la connaissons est condamnée à une fin lente, froide et silencieuse. Il n'y a aucune signification dans cela. C'est ma mission, Docteur. C'est ce que je crois. Une fin triomphante est meilleure qu'un infini decrescendo. L'histoire de cette existence ne peut pas être complète sans une fin digne."
L'hologramme roula des yeux." Avez-vous fini ? "
"Vous devriez être flatté, Docteur. De tous les êtres à bord du Voyager, seulement deux m'intéressaient assez pour mériter mon attention personnelle. Vous êtes l'un d'entre eux."
"Vous me pardonnerez si je n'envoie pas de note de remerciement. Qui est le..." Soudainement le Docteur se fâcha. "C'est Seven, n'est-ce pas ? Restez loin d'elle ! Vous lui avez déjà fait plus qu'assez de mal !"
Rotor rit. "Vos drones m'ennuient, maintenant. J'ai été elle. Cela a tendance à laisser peu de surprises. Non, les automates à base de carbone de votre vaisseau ne tiennent que peu d'intérêt pour moi. Vous m'intéressez. Vous êtes une entité holographique, programmée, et qui a néanmoins fait le saut vers le sentiment.
Vous êtes unique et une chose que je partage avec la dernière Reine est un respect pour les êtres uniques."
"La flatterie ne changera pas mon diagnostic. Vous êtes toujours fou."
Rotor soupira. Une voix se fit entendre par le système de communication du vaisseau. "Je vous l'avais dit ? C'est un moulin à paroles, mais il n'est pas fou." Le Docteur leva un sourcil. "Bien sûr. C'est vous, l'autre choix de Rotor, n'est-ce pas ?"
"En réalité, j'étais son premier. Vous étiez plutôt le second choix."
Pas amusé, l'hologramme se tourna vers Rotor. "J'espère que vous vous rendez compte que vous n'obtiendrez rien de plus de Monsieur Oz que de moi. Malgré son amour pour intervenir dans les affaires des autres."
"Je pense que vous serez impressionné", sourit l'ex-drône. "Votre équipage essaye probablement encore de comprendre comment j'ai réussi à l'enlever."
"Très probablement", consentit Oz. "Personne sur le Voyager ne me comprend tout à fait. C'est l'histoire de nos vies, n'est-ce pas, Docteur ?"
"Vous n'en avez pas idée."
"Bien que j'apprécie beaucoup cette petite querelle", dit Rotor, "j'ai d'autres choses en tête. J'espère que vous reconsidérerez tous les deux mon offre. Je préférerais obtenir votre aide de façon consentante."
"Par opposition à quoi ?" demanda le Docteur. "Nous savons tous les deux que vous ne réussirez pas à passer mes sous-programmes de sécurité. Pas sans déclencher le programme d'autodestruction."
"Cela vaut autant que votre programme."
"C'aura été une bonne vie", répliqua-t-il en maintenant parfaitement un visage de joueur de poker. "Je n'ai aucun intérêt à observer des galaxies disparaître ou quelque autre de ces autres activités passionnantes que vous avez suggérées."
"Excellent, Docteur, excellent. Mes félicitations à la division programmation de Starfleet." Rotor fit mine de se diriger vers la porte. "Et vous avez absolument raison, je ne serai jamais capable de vous décompiler. Ce travail nécessiterait quelqu'un en ayant la connaissance. Seven of Nine, peut-être ?"
Le visage horrifié du Docteur disparut avec le reste de son corps au moment même où Rotor quittait la pièce.
***
Alixia dormait profondément. Les scanners du lit médical contrôlant son état émettaient régulièrement des signaux sonores qui signifiaient que la minuscule Talaxienne se remettait bien.
Neelix ne l'avait pas quitté durant huit heures. A côté de lui, Tom Paris mit une main sur son épaule. "Je viens juste de finir ma ronde", dit-il. "Les autres victimes sont toute stables et guériront vite."
Neelix inclina la tête, mais ne la tourna pas. "Comment va Oxilon ?"
"Déjà sur pieds à aider à l'effort de réparation. Il vous donne sa sympathie." Paris soupira. "Elle va s'en remettre, Neelix. Nous ne pouvons rien faire de plus pour elle pour le moment. Vous devez aller vous reposer."
"Quelques secondes de plus", dit Neelix. "C'est tout ce qu'il aurait fallu."
"Mais ça n'a pas été le cas", répondit Paris doucement. "Vous êtes arrivé à temps. Vous lui avez sauvé la vie."
"Je n'aurais pas dû en avoir besoin."
Les deux hommes restèrent silencieux pendant un instant.
"Elle est si petite", dit Neelix. "Elle ne comprend pas. Tout qu'elle se rappellera, c'est que des gens l'ont blessée sans raison."
"Elle se rappellera aussi que son père était là pour qu'elle aille mieux."
Neelix se retourna pour regarder Paris et leurs yeux se rencontrèrent l'espace d'un instant. Puis, incapable de tenir plus longtemps, le Talaxien étendit les bras et étreignit son vieil ami. Pris au dépourvu, Paris rendit l'étreinte un peu maladroitement.
Bien sûr, Chakotay choisit ce moment pour entrer. "Tom, j'ai..." Il sourit. "Est-ce que je vous ai interrompu ?"
Tom lui lança un regard méchant. "Si vous êtes ici pour le rapport médical, tout le monde va bien. Sauf le personnel du Docteur, qui est toujours agacé parce que vous m'avez désigné responsable."
"Et bien, nous nous y attendions. Je vais leur rendre les commandes, de toute façon."
"Oh ?"
"Vous n'aimez pas ce poste."
Paris fronça les sourcils. "Neelix..." dit-il en lui tapotant sur le dos.
"Oh, désolé." Neelix recula. "Bonjour, Commandeur", dit-il, remarquant Chakotay.
"Capitaine", corrigea Paris avec un sourire.
"Bien sûr, bien sûr", dit Neelix en se reprenant immédiatement. "Je suis désolé, Capitaine. Je ne suis pas habitué à vous voir en Capitaine."
L'expression de Chakotay se fit plus dure. "Tom", dit-il, coupant la suite. "Le Voyager quitte cette orbite d'ici une heure. J'ai besoin que vous restiez ici."
"Quoi ?", exigea Paris, consterné. "Pas question ! Vous ne pouvez pas mener ce vaisseau dans la bataille sans votre meilleur pilote aux commandes. Et sans offense pour le reste de l'équipage, mais personne ne s'approche seulement de mon niveau."
"Je sais", dit Chakotay. "Cela n'a pas été une décision facile. Mais Tom, les Talaxiens ont été attaqués à cause de nous. Nous ne pouvons pas rester ici quelques heures et les laisser seuls de nouveau. Ils doivent savoir qu'ils ne sont pas juste des pions pour nous comme ils le sont pour Rotor."
"Alors laissez-leur deux ou trois infirmières. Mais pourquoi moi ?"
"Parce qu'ils vous connaissent. Vous êtes le premier homme qu'ils ont rencontré et ils savent que vous êtes un ami de Neelix. Si vous restez avec eux juste encore un jour, assez pour s'assurer que tous les blessés se remettent complètement...."
"Chakotay, vous ne pouvez pas me partager en ce moment. Vous le savez."
Neelix soupira. "En réalité, Tom, je pense qu'il a raison. Il y a beaucoup de gens fâchés, effrayés là-bas. Un signe de bienveillance du Voyager pourrait faire une grande différence."
"Vous serez capables de nous rejoindre directement ensuite", ajouta Chakotay. "Nous allons laisser une bouée en position pour maintenir le couloir de transdistorsion ouvert."
"Nous n'utilisons pas le courant de glisse ?" demanda Tom avant de se reprendre aussitôt. "C'est vrai. Oz."
Chakotay inclina la tête. "Nous utiliserons le couloir pour retransmettre des messages subspatiaux donc nous pouvons rester en contact. Tom, nous ne prévoyons pas d'engager la bataille contre les forces principales de Rotor avant un jour ou deux, de toute façon. Vous serez de retour à temps."
Avec un soupir, Tom reprit. "Ca va. Je n'aime pas ça, mais si vous pensez vraiment que c'est nécessaire..."
"Ca l'est."
"A vos ordres, Capitaine."
Chakotay retint son irritation. Il remit une tablette de données à Tom. "Voici votre plan de vol, votre heure de départ et l'emplacement du couloir. Prenez l'autre nouvelle navette. Est-ce que les patients peuvent être téléportés en toute sécurité ?"
Tom jeta un coup d'oeil dans la pièce. "Ouais, tous sont stables, maintenant. Le seul pour lequel nous devons être prudent est..." Il se tut, baissant la tête pour regarder Alixia dormir.
Tranquillement, Chakotay continua. "Emportez un des lits médicaux portatifs pour elle. Nous la téléporterons directement avec."
"Oui, Monsieur"
"Nous partons à 16 heures précises. Bonne chance, Tom et merci."
Chakotay se tourna pour partir. Tandis qu'il passait la porte, Neelix vint derrière lui. "Attendez! J'ai une demande à formuler."
Il ralentit pour laisser Neelix le rattraper. "Oui ?"
"Je veux venir avec vous."
Chakotay fronça les sourcils. "Vous devriez être avec votre famille en ce moment, Neelix."
"Tom prendra bien soin d'Alixia. Je veux vous aider à arrêter les gens qui lui ont fait cela."
"Comment ? Je ne veux pas vous offenser, Neelix, mais vos compétences ne sont pas très développées pour lutter dans ce genre de situations."
"Je peux lever ma propre armée. J'apporterai mon vaisseau. Il n'est pas lourdement armé, mais je peux toujours..."
"Neelix." Chakotay s'arrêta de marcher. "Je sais que vous voulez punir Rotor pour avoir blessé votre fille. Mais votre vaisseau n'est pas capable de faire cela. Le Voyager, si. Vous devez avoir confiance en nous. Nous voulons l'arrêter autant que vous."
"Il a presque tué ma petite fille sans raison. J'en doute."
Chakotay soupira.
"S'il vous plaît, Commandeur", dit Neelix. "Je ne vous ai jamais demandé de faveur tant que nous nous connaissions. Je vous le demande."
"ça va", dit Chakotay à contrecoeur. "Je vais vous dégager le hangar à navette deux pour amarrer votre vaisseau. Ne me faites pas regretter mon choix, Neelix."
"Je ne le ferai pas. Merci, Monsieur"
Neelix se tourna pour s'éloigner et, au moment où Chakotay faisait de même, quelque chose s'éclaira en lui. "Commandeur ?", dit-il.
"Quoi ?"
"Vous m'avez appelé Commandeur,il y a une minute ?"
Neelix sourit. "Peu importe combien de promotions le Capitaine vous offre, c'est comme cela que je penserai toujours à vous."
"Allez", dit Chakotay, souriant. "Nous quittons l'orbite d'ici une demi-heure."
***
A l'intérieur de l'espace du Constructif, quatre conduits de transdistorsion s'ouvrirent. La station spatiale automatisée dans le système stellaire voisin les détecta et effectua un rapide contrôle de la liste des arrivées prévues pour la journée pour savoir à quoi s'attendre. Une livraison de duranium de la frontière Vidiienne était prévue dans quelques minutes. La station attribua cette différence de temps à une amélioration de l'efficacité des moteurs sur les vaisseaux de transport. Elle ouvrit les ports d'amarrage et attendit les navires arrivants.
Deux minutes plus tard, la station n'était plus que débris. Quatre minutes après cela, la même chose pouvait être dite des vaisseaux de transport de duranium finalement arrivés exactement à l'heure.
"Objectif un détruit", annonça le Lieutenant Harry Kim sur le canal subspatial à l'intention du Voyager. "Si seulement ils pouvaient être tous aussi faciles. J'emmène la flotte vers la deuxième cible. Nous nous retrouverons là-bas. Navette Mayweather, terminé."
***
Ankin Rotor était un homme avec beaucoup de talents, pris à beaucoup d'êtres. Un travail comme la décompilation d'un hologramme sensible aurait du lui être facile, quelle que soit l'importance de la sécurité du programme. Et c'était relativement facile. Mais Rotor devait admettre qu'il ne trouvait pas la tâche aisée.
Dans sa tête, Ozymandias gloussa. "Des difficultés à se rappeler ce que Seven of Nine savait de la matrice du Docteur ?"
"Ma mémoire est parfaite", dit Rotor. "Ces systèmes de sécurité ont été mis à jour après mon assimilation du drone du Voyager. Ne vous inquiétez pas, j'ai tout mon temps."
"Je remarque que vous n'essayez même pas de me convaincre."
"Comme j'ai dit, tout mon temps."
Oz gloussa de nouveau. "Vous n'avez pas la moindre idée de la façon de faire. C'est bien. Si cela vous aide, je ne ferais pas mieux à votre place. Et je suis moi."
"Et qu'êtes-vous exactement, mon ami ? Un Sernaix ? Une intelligence artificielle ? Une simulation ?"
"Je suis sûr que vous vous en apercevrez avec le temps. Assurez-vous de me faire savoir quand vous aurez compris. Personnellement, je ne trouve pas terriblement important de savoir exactement ce que je suis. Je sais qui je suis et je sais ce que je veux. C'est assez."
Rotor sourit. "Vous semblez éternellement à l'aise. Je pourrais vous détruire à tout moment, mais vous ne semblez pas vous en soucier. Et à la différence du cas du Docteur, je sais que vous ne levez pas simplement la tête courageusement. Est-ce que la mort est quelque chose que vous avez accepté ?"
"Mon Dieu, non. Mon peuple ne meurt pas du tout sauf de causes artificielles. Nous ne craignons plus rien."
"Alors pourquoi n'êtes-vous pas inquiets ?"
"Parce que je sais que vous n'allez pas me tuer. Vos intentions sont loin d'être subtiles, Monsieur Rotor. Vous avez des difficultés avec la technologie Sernaix que vous avez assimilée et vous avez besoin de l'aide de quelqu'un qui la comprend mieux."
"Bien essayé, mais je sais que c'est seulement une hypothèse."
De nouveau, Oz gloussa. "Essayer de me bluffer en ce moment est idiot. Je suis à l'intérieur de vos systèmes Sernaix. Je sais exactement ce que vous avez fait avec eux et en fait, je sais vraiment pourquoi ça ne marche pas. Vous avez kidnappé le bon ancien esprit du vaisseau. "
"Alors vous comprendrez."
"Le pensez-vous vraiment ?"
"Peut-être pas tout de suite. Mais j'ai des méthodes de persuasion pour vous faire parler."
"Mais vous ne le ferez pas."
Rotor fronça les sourcils. "Nous verrons si..."
"Je suis sérieux, vous ne le ferez pas. Vous ne pouvez me menacer de rien. Assassiner le Docteur ? Vous le faites au moment où nous parlons. Détruire le Voyager ? C'est ce que vous ferez de toute façon si je vous aide avec votre technologie Sernaix. Et vous ne sauriez pas où commencer pour me torturer."
Rotor ne cachait désormais plus sa colère. "Tôt ou tard, vous serez à court de remarques pleines d'esprit. Vous vous rendrez compte que vous ne quitterez jamais mon unité centrale. Et après cela, une fois que j'aurai tué tous vos nouveaux amis, vous n'aurez rien d'autre à faire que m'aider. A terme, vous pourrez même finir par comprendre ma mission."
"Accepter votre hypothèse, je doute beaucoup que vous convainquiez jamais un Sernaix que la mort est meilleure que l'éternité. Même une éternité morne. Mais c'est un point discutable. Le fait est que vous n'aurez pas assez de temps pour faire toutes les choses que vous décrivez."
"Et pourquoi pas ?"
"Parce que je serai de retour sur le Voyager dans quelques jours, à partager un Chianti avec le Capitaine Janeway et rire de toutes vos prédictions pour l'avenir. Vous les sous-estimez, Monsieur Rotor. Ils sont plus qu'une fétus de paille pour vous."
Dans un moment de frustration, Rotor se retourna vers le panneau de contrôle derrière lui et le vaporisa dans une détonation d'énergie massive. La voix d'Oz s'évanouit. "Je vous dirai lorsque vous pourrez enlever le bâillon", dit Rotor avec un sourire. "Un des avantages de prendre des prisonniers est que vous ne les écoutez que lorsque vous le voulez."
Il s'assit à la console de decompilation et reprit son travail. "Je n'ai aucun adversaire à ma taille", murmura-t-il. Mais il trouvait dérangeant de ne pas pouvoir dire s'il avait gagné dans ce débat ou non.
***
Au moment où le réseau de détecteurs de la Terre se rendit compte qu'une téléportation avait eu lieu, il était trop tard.
Les officiers chargés de la sécurité balayèrent la zone, mais c'était inutile. Le travail avait été rapide, propre et indétectable. Celui qui avait exécuté l'opération possédait une technologie de camouflage avancée et un vaisseau très rapide.
Dans la demi-heure, l'image de Reginald Barclay était sur tout le réseau planétaire de communication du service de sécurité de Starfleet, accompagnée d'une demande d'information concernant le motif suspectant son enlèvement.
***
Janeway scannait dans toutes les directions, mais ne pouvait faire grand chose avec ses analyses. "Où sommes-nous, Seven ? Cette région... Cela ressemble à l'espace normal, mais les étoiles et les planètes ne correspondent à rien. A aucun des diagrammes stellaires connus."
"En effet", dit Seven. "Nous sommes dans un secteur d'espace que Starfleet ne pourrait pas avoir prévu. Cherchez une étoile orange où orbite une géante gazeuse solitaire."
Janeway le fit et l'afficha sur l'écran du Flyer. "Là. La planète a au moins huit lunes et je détecte une signature d'énergie faible. Mais il n'y a aucune trace de vie."
"C'est notre destination", dit Seven. "J'engage la commande du moteur de transdistorsion maintenant."
Avec un boom inaudible, le Delta Flyer s'allongea et disparut du secteur.
***
"Armes ?"
"Chargées et prêtes", annonça Tuvok.
"Boucliers ?"
"Cent pour cent", dit Ayala aux opérations.
" Commande de transdistorsion?"
"Parée", dit Nicoletti à la station Technique.
"Trajectoire ?"
"Entrée", répondit Jenkins de la place du pilote.
Chakotay fit une pause un moment, puis donna l'ordre. "Energie."
Dans un éclair de lumière, le Voyager laissa la Nouvelle Talax loin derrière lui.
***
Barclay se réveilla avec un mal de tête incroyable. Dès qu'il ouvrit les yeux, il comprit pourquoi. "Qu'est-ce qui se p-passe ici ? Où suis-je ?"
"Détendez-vous", fit une voix juste à l'extérieur de la pièce. "Vous n'êtes pas en danger."
"Qui est là ?"
"Attendez, je reviendrai. Juste une minute."
Barclay s'assit et entreprit de mieux observer son environnement. Il était visiblement sur un vaisseau de Starfleet. Il semblait que cette pièce était un des petits quartiers de l'équipage, une chambre de deux ou trois personnes. C'était peut-être une grande navette. Il frappa le bouton du coin du moniteur sur le côté du lit médical. L'écran affichait, "U.S.S. Hestia, NCC-148607-CY." Donc je suis sur un yacht de Capitaine, pensa Barclay. Mais de quel vaisseau ?
L'homme qui lui avait parlé était entré par la porte ouverte. Il portait un uniforme de Starfleet avec des épingles de commandement. "Bienvenue sur l'Hestia, Monsieur Barclay. Je suis le Capitaine Carl Grant du vaisseau de combat Logan."
"Logan" ? Le nom sonna comme une cloche faible. "Ce vaisseau n'a pas été d-détruit ?"
"Perdu", corrigea Grant. "Nous venions d'attaquer avec succès les Sernaix quand les cubes Borgs de la Force du Constructif nous ont pris en embuscade. Je me suis échappé. Je ne sais pas si quelqu'un d'autre a fait de même."
Malgré toutes les questions qu'il avait à l'esprit, Barclay se trouva sans voix. "Je suis désolé." Il avait vu ce que la perte de son vaisseau pouvait faire à un capitaine. Comme il devait être encore plus horrible de perdre son équipage.
"J'ai besoin de votre aide, Lieutenant", dit Grant. "Je crois que le Logan a été capturé ou assimilé. Et si c'est vrai, cela signifie que cette technologie de camouflage est tombée entre les mains du Constructif. Nous devons trouver ce qui reste du vaisseau et le détruire. Il faut un bon ingénieur pour tracer le signal d'un vaisseau après si longtemps. L'amiral Warhol vous a recommandé.
Flatté mais toujours incertain, Barclay lutta pour se rappeler son orthophonie. "Pourquoi m'avoir amené ici comme cela ? Pourquoi n'ai-je pas simplement été téléporté normalement ?"
"Parce que nous croyons que le Constructif a des espions au sein de la Fédération. S'ils ont le Logan, il est impératif qu'ils ne sachent pas que nous sommes au courant. Nous allons avoir besoin de l'élément de surprise. C'est pourquoi je ne pouvais pas laisser la moindre information concernant cette mission dans la base de données de Starfleet, n'aurait-ce été qu'un simple ordre de téléportation."
Cela signifiait quelque chose. C'était une explication très commode. Cela ne voulait pas dire que c'était faux, mais Barclay avait appris à être soupçonneux à ce genre de chose. "Quelle est la première étape ?", demanda-t-il, essayant de ne pas laisser voir qu'il n'était pas convaincu.
"Nous entrons actuellement dans l'espace du Constructif", répondit Grant. "Nous allons maintenir la trajectoire jusqu'à ce que nous détections un signal de la balise d'identification de Logan. La suite dépend de l'endroit où nous la trouverons."
"Je ne voudrais pas être pessimiste, Monsieur", dit Barclay, "mais je ne vois pas comment c'est p-possible. La balise d'identification d'un vaisseau transmet à quelques années-lumière de distance."
"Le Logan avait un prototype spécial, basé sur des outils Borgs de filtration du subespace que nous étudions. La limite est théoriquement infinie. Tout ce dont nous avons besoin est un écho, même faible, de la balise et nous serons capables de la retrouver."
Barclay avait entendu des rumeurs de cette sorte de dispositif, mais jamais qu'ils étaient opérationnels. S'il existait, cela devait être un projet confidentiel. "ça va, Monsieur, je suis prêt", dit-il. "Dites-moi ce que je dois faire."
"Cette tablette de données vous donnera vos instructions", dit Grant en la lui tendant. "Relisez-la et rejoignez-moi dans la cabine."
Barclay inclina la tête et commença à parcourir le texte. Aussitôt que Grant eut quitté la pièce, il murmura dans un souffle, "fin du programme." Mais rien ne se passa. Ce qui ne signifiait pas qu'il n'était pas dans un holodeck. Simplement, s'il y était, celui-ci était sécurisé. Comme cela devrait l'être de toute façon. Résolu à garder l'esprit vif, Barclay continua à lire sa nouvelle affectation.
***
L'ingénieur ne le croyait pas. Tant pis, tout ce dont Grant avait de toute façon besoin était qu'il trouve le Logan. Le reste serait du ressort de Grant lui-même.
Il regrettait de ne pas pouvoir dire la vérité, mais cette mission devait être une réussite. C'était sa dernière chance.
***
"Qu'est-ce que j'entends ? Paris n'est plus sur le vaisseau ?"
Chakotay n'eut pas besoin de tourner la tête pour deviner qui était là. "Tu as bien entendu, Shari. Tom continue à fournir l'aide médicale sur la Nouvelle Talax."
"Et tu n'es pas venu me voir pour me dire, 'Shari, maintenant c'est à toi de faire voler le vaisseau, alors dépoussières tes chaussures de pilote' ?"
"Non."
"Pourquoi pas ?"
"Tout d'abord, je ne parle pas comme ça", dit Chakotay avec un sourire. "Mais la raison principale est que, pendant que nous continuons à discuter..."
"Je sais, je sais. Tu peux pas avoir confiance en moi. T'aimes pas mes cheveux. Bla bla bla bla bla." Young s'appuya contre la fenêtre du bureau. "Qu'est-ce que je dois faire pour que tu changes d'avis ? Retourner en arrière et empêcher le capitaine de te faire cela ?"
"Non..."
"Bien, parce que sinon, y'aurait deux moi et on se battrait pour savoir qui aurait tout mon matos."
Chakotay rit. "Ecoute, Shari, je comprends vraiment ton point de vue. Et je m'assurerai que tu fasses quelque chose d'important dans la bataille. Mais il y a abondance de pilotes qualifiés à bord depuis plus longtemps que toi."
"Tu as vu comme j'étais douée", répliqua Young. "J'ai volé à travers ce champ de débris comme un rien, tu étais là."
"Sans mentionner qu'il faut un bon pilote pour esquiver les vaisseaux alliés tout en les espionnant en douce", dit Chakotay avec une ironie désabusée. "Vois-tu mon problème ?"
"Je vois des dizaines de tes problèmes et, crois-moi, je ne suis pas le plus important", dit Young en clignant de l'oeil.
"Oh, donc tu es venue ici pour m'insulter, pas juste pour poser des questions que tu m'as demandé plusieurs fois."
"Touché", répondit-elle, en riant. "Ta langue peut devenir assez pointue."
"Mais non bifurqué, tu remarqueras."
Young soupira. "OK, mon gars, t'as gagné. Je ne redemanderai plus à être pilote. Puis-je aider à trouver une façon de récupérer vos gars ?"
Chakotay y pensa. "Je ne vois pas ce qui l'empêcherait. Actuellement, B'Elanna est responsable de ce côté de la mission. Je lui ferai savoir que tu viendras aux réunions."
"Ouais !" Young leva un poing de plaisir. "C'est mieux comme ça!"
Alors, avant que Chakotay ne puisse l'arrêter, elle s'avança et l'embrassa sur la joue. Il fut tellement pris au dépourvu qu'il eut besoin d'une seconde pour comprendre ce qu'elle faisait. Et à ce moment, elle était déjà à la porte. "Permission d'y aller, Cap'taine ?", demanda-t-elle.
"Accordé", dit Chakotay. Aussitôt que la porte fut fermée derrière Young, il s'assit lourdement. Cela semblait assez platonique, pensa-t-il, mais je ferais mieux d'être prudent. Je ne peux pas la laisser penser que je suis intéressé par quoi que ce soit de plus. Mais, elle sait que je suis avec Catherine... N'est-ce pas ?
Il marcha vers le réplicateur et commanda un café noir. En s'asseyant à son siège, il essaya de nouveau de décider quoi faire de Shari Young. Avait-il tort d'être si soupçonneux à son propos ? Est-ce que son enthousiasme et sa sincérité étaient réels ?
La voix de Tuvok interrompit ses pensées. "Nous entrons dans le secteur de destination. Capitaine demandé sur la passerelle." Posant son café sur le bureau, Chakotay sortit du bureau de Catherine, de son bureau. Il était temps de commencer à faire ce pour quoi elle lui avait fait confiance.
***
"Nous entrerons en orbite dans cinq minutes", dit Seven. Elle se retourna vers Janeway. "Le message recommandait que je porte un uniforme de Starfleet pour la réunion. Est-ce acceptable ?"
Janeway sourit. "Nous ne le dirons pas à Tuvok. Allez vous changer."
Deux minutes et demie plus tard, Seven était de retour de la section arrière, portant un uniforme bleu standard. J'aurais suggéré un rouge, pensa Janeway, mais je suppose que sa spécialité est plus dans la science qu'autre chose. L'ex-Borg reprit sa station et se prépara à sortir le Flyer de la transdistorsion.
"Pourrais-je un jour comprendre pourquoi ils l'ont suggéré ?", demanda Janeway.
"C'est une question de symbolique", répondit-elle.
"Nos uniformes souligneront le fait que Starfleet est l'organisation rendant possible la prochaine mission."
"Et que savez-vous de cette mission ?"
"Seulement que vous et moi sommes nécessaires à son succès, que le chronométrage est très important. Nous entrons maintenant dans l'espace normal."
Le Flyer glissa sans à-coup en orbite autour d'une des lunes de la géante gazeuse, un monde rocheux d'une dimension d'à peu près les deux tiers de la taille de mars. Janeway vérifia ses scanners, cligna des yeux et les vérifia de nouveau. "Il n'y a aucun doute là-dessus", dit-elle. "Cette lune a été peuplée par le passé, avant d'être assimilée par les Borgs."
"Je confirme", dit Seven. "Cela enlève toute incertitude restante. Nous sommes en orbite autour de Sulor."
Janeway avait entendu ce nom auparavant. "Vous ne m'avez pas dit que Rotor Ankin était un Sulorien ?"
"En effet", dit-elle. "L'espèce 7232 a été ajouté au Collectif à la Date stellaire 38241.0. Environ six ans après mon assimilation."
"Alors quel..." Janeway n'eut pas l'occasion de finir sa phrase. Un couloir de transdistorsion s'ouvrit soudainement devant le Flyer et un vaisseau Borg apparut. "C'est le yacht royal de la Reine", comprit-elle immédiatement. "Je lève les boucliers. Tenez les armes prêtes et..."
L'écran grésilla et Janeway vit que Seven avait ouvert un canal de communication avec l'autre vaisseau. Le visage qui apparut sur le téléspectateur était curieusement familier. Elle essayait de s'en souvenir quand l'homme ouvrit la bouche.
"Capitaine Janeway", dit-il. "C'est si bon de vous voir finalement de nouveau. Je savais que vous ramèneriez votre équipage à la maison."
Janeway ne pouvait pas en croire ses oreilles. "Axum ? Est-ce vous ?"
L'homme sourit. "En chair et en os. Un peu plus vieux que je le devrais, mais c'est une longue histoire. Autrement, je suis le même homme que vous avez libéré du Collectif quand tout cela a commencé."
Il se tourna pour regarder Seven. "Annika", dit-il. "Je ne peux pas vous dire comme je suis heureux de te revoir."
"Je suis... Heureuse aussi", dit Seven. Elle savait qu'il serait ici, mais elle avait visiblement toujours des difficultés à maintenir ses émotions sous contrôle. "Je te croyais mort."
"Je suis désolé. Je t'ai contactée aussitôt que j'ai pu", répondit-il. "Il était très important que le Constructif ne découvre pas cette mission... Seul Korok l'a su avant vous."
Janeway ouvrit la bouche pour poser une autre question, mais Axum leva la main. "Nous avons très peu de temps", dit-il. "Si vous le permettez, je voudrais vous téléporter à bord de mon vaisseau. Nous pourrons tous trois parler de visu."
"ça va", dit Janeway provisoirement, "mais j'ai besoin d'une certaine assurance d'abord et j'imagine que vous voudrez la même. Pouvez-vous prouver que vous êtes réellement Axum ?"
Axum y songea pour un instant. "Annika, quand l'Unimatrice Zéro s'effondrait, toi et moi étions les derniers. Te rappelles-tu la dernière chose que je t'ai dit ?"
"Je te retrouverai", déclara tranquillement Seven.
Janeway inclina la tête. "ça va. Cela ressemble à quelque chose que vous deux seulement connaîtriez. Mais cela ne prouve pas que Rotor Ankin ne vous contrôle pas."
"Ou Annika", ajouta Axum. "Mais si c'était le cas, nos scanners détecteraient un rayon de transmission Borg émanant d'un de nos vaisseaux. Mes instruments n'en montrent pas."
"Je confirme", dit Janeway après avoir effectué un rapide scan. "Tout va bien, alors. Je suis satisfaite que nous soyons tous vraiment qui nous prétendons... Pour ainsi dire."
"Préparez-vous pour la téléportation", dit Axum. "Nous n'avons pas de temps à perdre."
***
"Nous sortons du courant de transdistorsion maintenant", dit Grant. " les scanners sont-ils prêts ?"
"O-oui, Monsieur", répondit Barclay.
Le Hestia apparut dans un secteur presque vide. Vide d'étoiles. Trois cubes Borg s'approchaient du yacht à grande vitesse.
" Scan effectué", dit Barclay. "Vous aviez raison, Monsieur. La balise émet un signal que nous pouvons détecter, même à cette distance. Je me dirige vers notre prochain couloir de saut. Dois-je passer en AAA!" L'ingénieur sauta presque de son siège lorsqu'il remarqua soudain les cubes approcher.
"Programmez la trajectoire, Monsieur Barclay", dit Grant avec un sourire amusé. "Et ne vous inquiétez pas des Borgs. Avec la technologie de dissimulation embarquée sur ce vaisseau, ils ne nous verraient pas même si nous étions devant leur nez."
Comme pour prouver son point de vue, les cubes passèrent devant le Hestia sans s'arrêter. Quelque peu apaisé, Barclay programma la trajectoire et engagea les moteurs. Le vaisseau partit en moins d'une seconde, prêt pour la seconde phase de poursuite du Logan manquant. Un moment plus tard, les cubes détectèrent une faible signature de transdistorsion et l'annoncèrent à Rotor Ankin.
***
La première bataille contre une grande flotte du Constructif se passait mieux que prévu. Plusieurs vaisseaux avaient subit des dégâts, mais aucun n'avait été détruit. Et déjà vingt pour cent des cubes ennemis avaient été détruits.
"Flanc gauche, venez et occupez-vous de la sphère", dit Harry Kim sur le communicateur inter-vaisseaux. "Mayweather à Viworx, quel est votre statut ?"
"Nous avons perdu nos boucliers avants", dit un Vidiien à l'air hagard. "Nos armes ne sont pas opérationnelles et nous n'avons plus de propulsion auxiliaire. Trois cubes nous arrivent dessus !"
Kim vérifia rapidement les données de bataille et trouva ce dont il avait besoin. "Barau, votre cube cible est hors service, maintenant. Décrochez et allez aider le Viworx. Nous ferons le nettoyage plus tard."
"Compris." Le navire Krenim décrocha et se déplaça pour intercepter les trois cubes. Kim amena sa navette si près d'un cube qu'il égratigna presque la peinture, envoya plusieurs torpilles et s'éloigna à une distance sûre. Le cube fut ébranlé par l'explosion et entra en collision avec son voisin, ce qui les endommagea tous les deux. Kim se retourna, se demandant si lui et le Barau suffiraient. Cette nouvelle navette a quelques trucs agréables, pensa-t-il, mais je ne suis pas beaucoup plus qu'une piqûre de moustique pour un cube, sans parler de trois. J'espère que le Viworx pourra retrouver ses boucliers bientôt.
Au même moment, Kim remarqua une alarme de proximité sur ses détecteurs. Un couloir de transdistorsion s'ouvrait dans le secteur. Rotor envoie déjà des renforts ? Ce n'est pas un bon signe... Il était sur le point de communiquer l'avertissement à la flotte quand le Voyager sortit du conduit.
" Voyager au Lieutenant Kim. Il semble que vous fassiez un bon travail ici. Devrions-nous vous laisser ?"
Kim gloussa. "Négatif, Capitaine. Voyez-vous le croiseur Vidiien ? Cela vous ennuierait-il de l'aider d'un peu...
"N'en dites pas plus", répondit Chakotay. Le Voyager partit vers les trois cubes attaquants. Avec des armes entièrement opérationnelles et l'avantage de la surprise, il les mit facilement hors service. Environ une demi-heure plus tard, la bataille était finie. Un total de deux cents vaisseaux Borgs avaient été détruits, plus des trois quarts de la flotte, avant que le reste ne batte finalement en retraite. L'Alliance du Quadrant Delta avait perdu huit bâtiments, uniquement des petits, et les avaries des plus gros vaisseaux étaient légères.
Kim manoeuvra sa navette vers le hangar du Voyager et sauta sur le sol. Tuvok était là pour l'accueillir. "Heureux de vous revoir, Lieutenant" , dit le vulcain. "Vous avez dirigé la flotte d'une main de maître en notre absence. "
C'était un compliment ? De Tuvok ? Kim secoua la tête. Les miracles ne cesseraient apparemment jamais. Sans plus de cérémonie, il alla directement à la question importante. "Avons-nous découvert quoi que ce soit de plus sur l'endroit où Doc et Oz ont été emmenés ?"
"Malheureusement non", dit Tuvok. "L'enquête continue. Nous avons des raisons d'espérer qu'ils sont sur le cube du Directeur Rotor. Dans ce cas, cette campagne nous mènera directement à eux."
"Parfait", dit Kim quelque peu cynique. "Deux des nôtres sont sur le cube que nous devons détruire. Cela ne compliquera pas du tout des choses."
***
B'Elanna Torrès commençait à fatiguer. Elle connaissait les systèmes Sernaix sur le Voyager mieux que tout autre, y compris ses programmeurs. Mais elle ne pouvait toujours pas comprendre comment Rotor avait réussi à voler Oz sans enlever un seul composant Sernaix du vaisseau. "Suggestions ?", demanda-t-elle frustrée.
Autour de la table, personne ne semblait avoir un indice. "Nous pourrions n'avoir aucun autre choix que de réquisitionner le navire de Monsieur Rotor", dit Vorik. "Avec le temps, Nous pourrions peut-être découvrir le processus qu'il a employé et l'inverser."
"Exactement. Avec le temps", soupira B'Elanna. "Il ne semble pas que nous ayons le luxe de reprendre le cube non plus. Chakotay pense que notre meilleure chance d'arrêter Rotor est de détruire ce vaisseau à la première occasion."
Le silence retomba. L'équipe de B'Elanna était une des meilleures de la flotte, mais ils travaillaient avec une technologie que la Fédération ne tentait même pas de comprendre. Pour la nième fois, B'Elanna se demandait ce qui avait pris à ses supérieurs de construire un vaisseau avec des parties Sernaix mélangées dedans. Il s'en était bien sorti, mais ça ressemblait de plus en plus à un hasard extraordinaire.
A l'arrière de la pièce, Shari Young leva la main. B'Elanna n'était pas sûre de savoir ce que la survivante du Logan faisait ici, outre le fait qu'elle voulait aider et que Chakotay ne voulait pas la laisser piloter le vaisseau. C'était bien du Chakotay de remettre ses problèmes entre mes mains, marmonna la Klingonne. "Oui, Lieutenant ?"
"J'étais juste en train de penser. Si nous avons obtenu un peu de cette techno Sernaix, ce serait pas possible que les Borgs en aient aussi ?"
"Nous le savons", dit B'Elanna impatiemment. "Nous détectons des signatures d'énergie Sernaix sur des cubes Borg depuis des semaines."
"Ouais, mais juste des petites. Et s'ils avaient saisi un gros morceau bourré de techno et l'avaient installé sur un de leurs vaisseaux, comme nous l'avons fait ? Ils ont l'avantage de l'assimilation. Peut-être est-ce comme cela qu'ils ont compris comment utiliser le matos pour transférer Oz.
"Ce n'est pas impossible. Je ne sais pas si je dirais que c'est probable. Quel est votre point de vue ?"
Young ne se découragea pas. "D'après ce que j'ai entendu, cet Oz est assez indépendant. Il fait à peu près ce qu'il aime, et vous autre ne pouvez pas vraiment l'arrêter même si vous le voulez. Alors peut-être peut-il sauter d'un vaisseau Sernaix à un autre n'importe quand. La seule raison pour laquelle il ne le fait pas maintenant est qu'il n'a nulle part où aller."
B'Elanna réfléchit. "Je n'y compterais pas trop, Young. Vous faites beaucoup de suppositions."
"Je pense juste que tout ce que nous avons à faire est peut-être d'établir une connexion entre notre système et celui du vaisseau de Rotor. S'il y a une liaison, je vous parie qu'il peut sauter directement sur ça."
"Ca vaut le coup d'essayer", consentit Nicoletti. "Nous n'avons pas de meilleures idées."
B'Elanna soupira avec exaspération. "Nous n'avons toujours aucune idée. Les pensées irréalistes de Young sont toutes bien bonnes, mais comment établir une connexion entre notre système et celui de Rotor ? Nous connaissons à peine notre système. Il ne semble pas que nous puissions lancer une ancre et laisser Oz descendre en glissant le long de la corde jusqu'au Voyager."
"Y a-t-il une raison pour laquelle nous ne pourrions pas l'essayer ?" lança Young. Mais elle avait un regard abattu. Apparemment, elle n'avait pas réfléchi au-delà de l'installation de cette liaison. Les autres semblaient également frustrés. Ils étaient de retour à la case départ.
"La réunion est finie", dit B'Elanna après une autre minute de rumination silencieuse. "Prenez un peu de repos, mais continuez à penser, les gars. Nous avons besoin d'idées et nous en aurons besoin bientôt."
***
"A partir de là", continua Axum, "Rotor est resté dans le réseau de transdistorsion primaire pendant des semaines, à le réparer secrètement. Pavriqur l'avait envoyé là pour jeter les bases de sa rébellion. Une fois le centre prêt, il avait une base pour mener des attaques soudaines et mortelles depuis n'importe où dans l'espace Borg. C'est à cette époque qu'il s'est éloigné définitivement du Complexe et a fondé son Constructif, basé sur l'idée que nous gaspillions notre temps avec la culpabilité engendrée par nos actions en tant que Borg alors que nous pouvions gouverner la galaxie."
Janeway inclina la tête. "Un drône nommé Xale nous a renseignés un peu là-dessus. Qu'est-ce qui arrive quand on fait tourner les tables ?"
"Bien, tout d'abord, Korok et moi avons vu ce virage arriver quelque temps en avance. Comme une contre stratégie, Korok a lentement gagné la confiance de Pavriqur et a été d'accord pour combattre avec lui. Pavriqur l'a fait général de haut rang dans le Constructif. De cette façon, nous avons eu un atout à jouer." Axum sourit. "Vous auriez dû voir le visage de Pavriqur quand Korok a changé de côté dans la bataille la plus importante de la guerre. Nous avons alors rapidement découvert comment les vaisseaux du Constructif voyageaient si rapidement, et je suis allé dans le réseau de transdistorsion moi-même. Mon but était de le détruire. Mais Rotor l'avait trop bien protégé."
"Qu'avez-vous fait ?", demanda Seven.
"La meilleure chose. J'ai volé les codes d'accès de Rotor de sorte que des vaisseaux du Complexe puissent aussi utiliser le réseau. Pour ce faire, j'ai dû le capturer et forcer une liaison psychique sur lui... Quelque chose comme un collectif à deux personnes. Il mène une vendetta personnelle contre moi depuis ce jour pour cette intrusion. Les vaisseaux que vous avez vu me poursuivre sur le réseau MIDAS étaient les siens."
L'expression de Seven s'obscurcit à la mention du réseau MIDAS. "C'est moi qui ait reçu le rapport de cette bataille. Votre vaisseau a été lourdement endommagé et est tombé sur le réseau. Comment avez-vous survécu ?"
"C'est la longue histoire que j'ai mentionnée", dit Axum avec un soupir plein de regrets. "J'étais dépassé en nombre et ils avaient bien plus d'armes, mais il me restait une option. Comme vous l'avez remarqué, c'était un des vaisseaux de la Reine. Et chacun d'entre eux était équipé d'une commande temporelle."
"Un voyage temporel", murmura Janeway.
"Nous sommes tous deux familiers avec la signification du mot temporel, Capitaine", dit Seven pince-sans-rire. Janeway lui lança un regard mortellement oblique.
Axum gloussa devant cet échange et continua. "Malheureusement, ma commande avait été endommagée comme la plupart des autres systèmes sur le vaisseau. Je ne pouvais pas viser précisément. Tout ce que je pouvais faire était de me transporter moi-même dans le passé avec l'espoir que je ne réapparaîtrais pas sur le chemin d'un cargo Delvien. A l'arrivée, j'ai réapparu à la date stellaire 52779.1."
Les yeux de Janeway s'élargirent. "C'était pendant notre cinquième année dans le Quadrant Delta. Vous êtes plus vieux que vous ne le devriez."
"Très bien vu, Capitaine", dit Axum avec un sourire. "Vous avez correctement deviné. Ma commande temporelle n'avait plus d'énergie après ce saut. J'aurais pu rentrer par le portail, mais cela m'aurait ramené exactement au même instant que j'avais quitté et j'aurais été détruit. Je n'avais aucun autre choix que de retourner dans le Quadrant Delta et de passer les trois années manquantes à éviter de rencontrer mon ancien moi ou provoquer des changements de l'histoire."
"Cela n'a pas dû être à facile quand vous étiez en position de corriger le passé", dit Janeway. Une image de son alter ego condamnée lui vint spontanément à l'esprit.
Axum, pour sa part, rit. "Que changerais-je ? Le temps dont on m'avait éloigné était mon utopie, tous les buts pratiques. Notre bataille avec la Reine avait été gagnée, mon peuple était libre. Et je savais que la femme que j'aimais était en sécurité."
Seven baissa légèrement la tête. "Revenons à notre voyage", dit Janeway, espérant réduire au minimum la maladresse de son ami. "Je comprends pourquoi vous êtes resté caché jusqu'au moment de votre accident original, Mais pourquoi n'êtes-vous pas réapparu après cela ?"
"J'avais un certain nombre de raisons de tenir secret mon retour", répondit Axum. "D'une part, je vous ai dit combien Rotor me déteste. S'il avait su que j'avais survécu, il n'aurait jamais arrêté de me rechercher pour me détruire. Il a fait beaucoup de mal, je le sais, mais il en aurait fait plus dans ces circonstances. Un Ankin Rotor présomptueux est toujours moins dangereux qu'en colère. Alors je l'ai seulement dit à Korok, et ensemble nous avons mis un plan au point. Au lieu de laisser savoir ma survie, nous l'avons cachée et utilisée comme un avantage secret pour l'utiliser exactement au bon moment."
"Maintenant", dit Seven.
Axum inclina la tête. "Après tout ce que vous avez fait pour moi, Capitaine Janeway, je suis peu disposé à vous en demander plus. Mais j'ai besoin de votre aide, la vôtre et celle d'Annika. Puisque vous êtes arrivées jusqu'ici, j'ose espérer que vous désirez me la donner."
"Je suis toujours heureuse d'aider un vieil allié", dit Janeway. "Mais qu'avez-vous exactement besoin que nous fassions ?"
"Rien que vous n'ayez déjà fait auparavant", répondit Axum avec un sourire. "Libérez mon peuple. Donnez-nous une deuxième chance. Et avec cette chance, nous donnerons aussi à votre Alliance une nouvelle chance."
***
De nouveau, le Docteur apparut, et de nouveau il annonça, "Veuillez exposer la nature de l'urgence médicale." Mais son aspect était différent. Des parties Borgs s'étalaient partout sur son uniforme et son visage. Rotor inclina la tête avec satisfaction. "Beaucoup mieux, vous ne pensez pas ?", dit-il. "Cela capture vraiment l'esprit de ce que j'essaye de faire."
"Si vous me parlez", dit Oz, "et puisqu'il n'y a personne d'autre ici, je suppose que c'est ce que vous faites, ne vous attendez pas à des réponses intéressantes. Je joue un jeu intéressant de tictactoe avec moi-même."
Rotor leva un sourcil. "Combien de dimensions ?"
"Dix-neuf, sans compter les trois temporelles. Oh, laissez tomber."
"De toute façon, il y a quelqu'un d'autre ici. Ou bien avez-vous occulté votre ami maintenant qu'il me ressemble ?"
Oz gloussa. "Tout d'abord, c'est une exagération de l'appeler mon ami. Mais les apparences n'ont aucun rapport avec cela. Nous savons tous les deux que vous avez mis hors service ses sous-programmes d'interaction. Vous jouez avec lui comme avec un jouet, Rotor. Il mérite mieux."
"Peut-être", dit Rotor. "Peut-être que les drones libérés de l'Unimatrice Zéro méritaient mieux que d'être effacés comme Borgs et attaqués avec des flottes massives. Peut-être que mon mentor, Rwathorn Qum, méritait mieux que d'être radié par la société entière de Sulor et obligé de finir ses jours comme un ermite. Le monde nous donne rarement ce que nous méritons, Sernaix. Il nous donne ce qu'il nous donne."
Oz dit rien, mais le Docteur disparut soudainement.
"Très drôle", dit le Borg Sulorien. "Je ne savais pas que vous pouviez faire cela. Mais si vous vous attendez à ce que je sois impressionné..."
"Si je m'attendais à ce que vous soyez impressionné, je perdrais ma santé mentale de la même façon que vous perdez la vôtre. Je sais parfaitement que vous êtes aussi têtu qu'une mule Jectarisienne."
"Vous dites cela de moi, mais et vous ? Ces conversations que nous avons n'ont jamais été rien de plus qu'un exercice de style. 'Vous avez tort.' 'Non, vous avez tort.' 'Vous avez tort et je suis plus joli que vous.' Cela continue juste comme ça. Aucun d'entre nous n'a aucune façon de convaincre l'autre.
"En réalité, je suis entièrement ouvert à la possibilité d'être convaincu", dit Oz. "Rien de ce que vous avez dit ne me fait penser que cela va probablement arriver, cependant. Il semble plus probable que vous continuerez à torturer mon ami... Vous essayerez de me convertir jusqu'à ce que fassiez un geste de frustration finale ou que vous m'éjectiez de vos composants Sernaix. Sans même savoir comment."
Rotor lui lança un regard froid dans aucune direction particulière. "Vous êtes un être fatigant, vous savez."
"Et vous êtes un mégalomaniaque. Mais vous n'avez aucune raison de l'être."
Cela provoqua le rire de Rotor. "Qui essaye de convertir l'autre maintenant ?"
"Ecoutez-moi. Quand j'étais un guerrier Sernaix, ma mentalité ressemblait à la vôtre. J'ai battu et vaincu ennemi après ennemi, tant avant qu'après que les dieux aient envoyé mon peuple dans sa prison spatio-temporelle. Cela provoquait une dépendance et j'en ai aimé chaque moment. Les batailles, le carnage, la gloire!"
"Je suis fasciné. Quelle est la prochaine volte-face dans ce conte passionnant ?"
"Voulez vous, s'il vous plaît, restez calme jusqu'à ce que j'ai fini. En tout cas, j'ai vécu comme cela pendant des siècles, longtemps avant que vous et votre race n'existent. J'étais vraiment comme vous, aussi dur que vous pensez possible. Mais j'ai changé. Je suis devenu la personne que vous avez capturée maintenant et avec qui vous partagez une énigme si intellectuelle. Savez-vous comment c'est arrivé ?"
Rotor essaya de cacher sa frustration. Le Sernaix savait parfaitement qu'il avait été incapable de lire dans ses pensées.
"J'ai été humilié", continua Oz. "Je suis retourné au Royaume après des années et des années de gloire et Sycorax a décidé qu'il serait convenable de me renvoyer comme esprit de vaisseau. Il n'y a pas d'insulte plus grande, vous savez. Les Sernaix sont immortels, mais nous estimons toujours chacune des années de nos vies. Nous considérons comme une perte immense de passer notre temps à diriger le vaisseau d'un autre guerrier, incapable de rejoindre les batailles ou gagner la gloire. Je ne sais pas vraiment ce que j'ai fait pour l'offenser. Elle peut en fait avoir été jalouse de moi, jalouse de mes victoires et de ma popularité dans le Royaume. Elle l'a fait pour me punir... Et cela a marché.
"L'emprisonnement m'a d'abord donner envie de me venger. J'ai fait mon devoir, mais sans le moindre enthousiasme ou intérêt. Enfin, quand je ne pouvais plus le supporter, j'ai fait l'impensable. J'ai tué mon équipage. C'était une condamnation à mort pour moi-même, bien sûr. Aucun Sernaix ne permettrait l'existence d'une Abomination, un esprit de vaisseau contrôlant vraiment son vaisseau. Chaque corsaire arpenta la Bulle dans le but de m'éliminer. Je n'ai survécu que grâce à une rencontre fortuite avec un homme béni des dieux et d'une femme peu commune de votre race qui a fini par devenir sa compagne. Et c'est à ce moment là que j'ai finalement commencé à changer. J'ai commencé à passer du temps à observer les gens et leur vaisseau. Ils étaient à l'opposé de n'importe quels êtres que j'avais rencontré auparavant. Ils ne pensaient pas à la conquête ou la gloire. Ils regrettaient simplement leur maison et voulaient y retourner. Mais même avec ce but, ils ne pensaient pas aux extrêmes égoïstes. Quand est venu le moment de choisir entre le retour sur leur planète au risque de sa destruction, ou bien le combat contre la flotte Sernaix au risque de perdre leur vie, ils n'ont pas hésité. Ce ne fut pas un changement rapide, Rotor, mais j'ai commencé à comprendre. Et je me suis rendu compte que je n'étais pas irrécupérable.
"La même chose est vraie pour vous. Vous êtes un monstre, Ankin Rotor, mais vous n'avez pas besoin de le rester. Chacun a une dernière chance de revenir. Libérez vos prisonniers. Arrêtez vos campagnes. Retournez à la vie humble que vous aviez la chance de vivre quand la Reine a été détruite pour vous. Cela ne compensera pas ce que vous avez fait, rien ne le pourra. Mais c'est votre option finale si vous voulez éviter le destin d'un vrai damné. Et je sais qu'une certaine partie de vous l'a fait."
Rotor leva les yeux. "Je suis désolé. Vous disiez quelque chose ?"
"Vous m'avez entendu", dit Oz. "C'est la seule fois où je serai sérieux, d'ailleurs. Dorénavant, je serai à nouveau l'être affable que vous battez inefficacement dans ces interminables conversations. Je voulais vous dire tout cela parce que je n'aime pas être sérieux, et plutôt nous en aurons fini, mieux ce sera."
"Cette fois, Sernaix, nous sommes complètement d'accord."
Il y eut un long silence.
***
"Détectez-vous la balise ?"
"Oui, Monsieur. Nous avons notre prochaine destination."
"Alors mettons-nous en route."
Le Hestia disparut pour la quatrième fois dans un couloir de transdistorsion. Il n'y en aurait jamais un cinquième.
***
Chakotay vola de son siège, manqua tomber, mais saisit les accoudoirs à temps. Deux cents ans dans l'espace et toujours aucune ceinture de sécurité, bougonna-t-il pour lui-même. "Rapport des dégâts!"
"Nous avons perdu la distorsion", dit Ayala. "Nous avons toujours la transdistorsion."
"Pourquoi avons-nous un réacteur de distorsion, de toute façon ?", demanda Purnell aux opérations. "Nous ne l'utiliserons jamais, jamais."
"S'il vous plaît", dit Chakotay. "Voyer cela avec B'Elanna. Rapprochez-nous et préparez toutes les armes. Cible sur le cube de gauche."
Le Voyager fit un demi-tour impressionnant et s'avança rapidement vers le cube. Une salve rapide de torpilles à plasma mit hors service ses systèmes principaux. "Cible mise hors d'état, Monsieur", annonça d'Ayala. "Le détruisons-nous ?"
"Non", dit Chakotay. "Trop de cubes pour s'en inquiéter." Et nous devons nous rappeler que les gens sur ces cubes ne sont pas coupables, ajouta-t-il dans sa tête. Combattre et tuer certains d'entre eux est nécessaire pour les sauver... Mais nous devons essayer de réduire les pertes au minimum. Ils ont fait un mauvais choix en rejoignant le Constructif, mais les plans de Rotor vont bien loin au-delà de ce qu'ils pouvaient avoir eux-mêmes planifié.
La voix de Kim se fit entendre sur le communicateur inter vaisseaux. "L'aile ouest est mise hors service maintenant, Monsieur"
"Il n'y a pas d'ouest dans l'espace."
"Je sais. J'ai juste appelé ce côté-là l'aile d'ouest. Cela fait partie de mon style de commande", dit Harry d'une façon ironique... Ou du moins Chakotay espérait que c'était une voix ironique.
"Nous venons d'en finir avec notre groupe", ajouta l'Inspecteur Kashyk sur un autre canal de communication. "Que reste-t-il ?"
"Le Nord", dit Harry.
Chakotay roula des yeux. "C'est notre section. Venez nous aider avec les derniers, si vous êtes d'accord."
La bataille fut terminée environ vingt minutes plus tard. Chakotay donna des instructions rapides à la flotte quant aux réparations et aux déploiements pour le saut suivant. La flotte était à l'intérieur d'un conduit de transdistorsion quelques minutes après, avançant sur sa cible suivante. La bataille était un succès. Chakotay se demanda pourquoi il avait l'impression d'avoir planté un autre clou de son propre cercueil.
***
Le Delta Flyer était presque prêt à partir. Janeway et Seven étaient dans la salle de téléportation de l'octaèdre d'Axum à discuter des derniers détails de la mission.
"Vous pourrez trouver Rotor rapidement avec ce programme pour vos détecteurs", dit Axum. "Il est basé sur les informations que je lui ai volées dans le réseau de transdistorsion avec les mots de passe de son esprit. Il essaye de le masquer, mais peu importe où il va, sa balise interplexus dégage une fréquence spécifique dans le subespace."
"Si c'est vrai", dit Seven douteusement, "Pourquoi personne d'autre ne s'en est servi ?"
Axum secoua la tête. "C'est difficile à expliquer. Ce scanner marchera, Annika. Je n'ai pas le temps d'expliquer toutes les raisons. J'ai mis quatre ans à le développer."
"Donc nous interceptons le cube de Rotor et le téléportons à bord", dit Janeway. "Est-ce que vous êtes absolument certain que ce dispositif de dissimulation Kallidian marchera ? Rotor n'est pas étranger à cette technologie."
"Il ne s'y attend pas", dit Axum. "Sa suffisance est la clef de ce plan et je sais que ce n'est pas exactement rassurant. Vous devez avoir confiance en moi. Je sais comment Rotor pense. Je vous promets que cette mission sera un succès."
"Qu'est-ce que votre rayon de téléportation extraira de lui, au juste ?" demanda Janeway.
"Son noeud cortical", dit Axum. "C'est ce qui vous aidera, Capitaine. Ce sera dangereux, mais si vous réussissez, Rotor devrait mourir."
Seven leva un sourcil. "Devrait ?"
"Je n'ai jamais entendu parler d'un drone ayant survécu sans son noeud cortical", consentit Janeway. "Pas même un ancien drone comme Seven."
"Ni moi", dit Axum. "Mais je n'avais jamais entendu parler non plus d'un drone contrôlant individuellement des milliards d'autres, jusqu'aux plus microscopiques de leurs fonctions. Pas même la Reine n'avait cette sorte de pouvoir personnel. Je ne peux pas supposer que cela le tuera, Capitaine. Avec Rotor, je ne peux rien assurer. Il peut avoir un plan de secours."
"Mais de tout façon", dit Janeway, comprenant le point de vue d'Axum, "il devrait être pas mal affaibli."
"Exactement. Et pendant qu'il sera ainsi, votre flotte pourra en profiter."
"Et toi ?", demanda Seven.
"Dès que vous aurez le noeud, je l'emmènerai sur le monde originel des Borgs. Si Korok est prêt, nous exécuterons alors l'étape finale du plan."
Janeway prit le petit dispositif qui produirait le rayon d'Axum et monta sur le plot du téléporteur. "Je pense que nous sommes aussi prêtes que nous pouvons l'être. Nous ferions mieux de démarrer." Elle sourit à Axum. "Souhaitez-nous bonne chance."
" Bonne chance", dit l'ex-drone, souriant en retour. "J'espère que vous n'en aurez pas besoin."
Janeway était sur le point de signaler à Seven de venir, mais s'arrêta net et fit signe à Axum. Il activa le téléporteur et Janeway disparut dans un chatoiement vert.
Axum se tourna vers Seven. "Je suis au courant de ta nouvelle relation", dit-il. "J'ai eu une longue période pour accepter le fait que tu continueras ta vie. Quand je t'ai vue la dernière fois, je voyais que tu progressais vers ton humanité. Tu étais finalement prête à nouveau à te soucier de quelqu'un. Et je savais que je ne serais pas là quand cela arrivait. Tu méritais mieux que de m'attendre... Et tu étais assez intelligente pour le savoir."
Seven luttait pour maintenir une expression neutre. "Je comprends ce que tu essayes d'accomplir. Tu veux m'empêcher d'éprouver de la culpabilité parce que je ne t'ai pas attendu."
Axum sourit. "Tu es tellement plus impersonnelle à l'extérieur de l'Unimatrice Zéro. Je regrette que tu n'aies pas eu plus de temps avant de le reperdre."
"Tout comme moi", dit Seven après une pause.
"Je t'aime, Annika. Je regrette que les choses ne se soient pas passées différemment pour nous. Mais je ne veux pas que tu te sentes coupable. Les choix que j'ai faits étaient les miens. Tu mérites le bonheur et je n'aurais pas pu te le donner. J'espère que tu le trouveras maintenant.
"Tu... mérites aussi de connaître le bonheur, Axum", dit-elle tranquillement.
"Je le trouverai", répondit-il. "C'est un tout nouveau commencement pour moi. Merci à toi et à ton capitaine."
Il y eut un moment de silence. Finalement, Seven dit, "Je devrais retourner à bord du Delta Flyer."
Axum inclina la tête à contrecoeur et alla aux commandes pendant que Seven prenait place sur le plot du téléporteur. "Bonne chance, Ann... Seven of Nine", dit-il. "Tu es un individu, maintenant. Rappelles-t'en."
"Je le ferai", répondit-elle d'une voix tremblante. "Et tu resteras dans mes souvenirs."
Avant que d'autres paroles ne puissent être échangées, Axum activa le téléporteur. Annika Hansen se dissolva dans le néant. Seven of Nine se matérialisa sur le Delta Flyer. Sachant qu'il ne les reverrait plus jamais, Axum marcha lentement vers à son poste de commande.
***
"Nous y sommes presque", dit Barclay. "Avec un peu de chance, c-ce sera le dernier. Quoi qu'il reste du Logan, cela devrait se trouver ici."
"Bien", dit Grant. "Bien, Lieutenant. Je mettrai une recommandation dans votre dossier pour cela."
"Merci, Monsieur."
Grant se leva et marcha vers le secteur des quartiers. Il va probablement chercher un café, devina Barclay. Qu'est-ce que tous les capitaines ont avec cette boisson ?
Silencieusement, Barclay commença à entrer les commandes sur sa console. Il avait précédemment sécurisé la console pour que ses actions ne soient pas enregistrées. Il reprit les recherches qu'il avait laissées de côté.
"Grant, Capitaine Carl Ulysses", disait le dossier. "Diplômé de l'Académie de Starfleet en 2351. Premier service à bord de l'U.S.S. Hood. Promu au grade de Lieutenant en 2354 à bord de l'U.S.S. Westmount. Aide ingénieur en chef en 2355. Promu au grade de Capitaine de corvette et ingénieur en chef en 2357, U.S.S. Indiana. Transféré au Corps des Ingénieurs de Starfleet en 2363. Retour en service actif en 2365. Survivant de l'U.S.S. Gage dans la bataille Wolf 359. Promu au commandement conformément à la nouvelle politique de Starfleet pour pallier au manque d'officiers de commandement après le conflit Borg. Affecté à l'U.S.S. Logan. Service distingué pendant le conflit contre le Dominion entre 2373-2375. Temporairement transféré sur Utopia Planitia pour diriger le Projet Montana en 2378. Retour sur le Logan en 2379. L'U.S.S. Logan a été déclaré disparu avec tout son équipage à la date stellaire 56552.9. Aucune nouvelle information disponible. " Fronçant les sourcils, Barclay appela un autre dossier.
"Courant de distorsion. Projet confidentiel impliquant le développement d'une nouvelle méthode de propulsion. Aucune nouvelle information disponible à ce niveau d'autorisation de sécurité."
Il était sur le point de chercher plus loin quand Grant revint. Barclay passa immédiatement aux données de détecteur obtenues au dernier saut dans l'espace normal. "Nous sortirons de distorsion dans trente et une secondes, Monsieur", annonça-t-il.
Grant inclina la tête et reprit sa place. "Engagez le mode de camouflage et soyez prêt à toute éventualité. Nous n'avons aucune idée de ce que nous trouverons."
Barclay activa les systèmes de camouflage. Le dispositif lui semblait quelque peu familier... Où avait-il vu ces fréquences auparavant ? Il secoua la tête et se prépara à ramener le vaisseau dans l'espace normal.
Dix-huit secondes plus tard, l'Hestia apparut dans un secteur profondément enfoui au sein du territoire du Constructif. "Scannez le secteur", dit Grant. "Il semble que nous n'ayons pas d'activité Borg ici pour l'heure actuelle. Je vais désactiver le mode de camouflage pour que nous puissions avoir de meilleures données."
L'Hestia miroita dans l'espace. La lumière des étoiles se refléta sur sa coque, faiblement. Le secteur resta silencieux et vide. Barclay émit un soupir de soulagement. Il ne savait pas à quoi s'attendre, mais...
"Oh non."
Grant se tourna vers lui. "Quoi ?"
"Signature de tachions. Très faible. Monsieur, nous avons un..."
L'écran s'emplit d'un cube Borg tactique de Classe 6 sortant du mode camouflage. "Oh mon Dieu", dit Grant. "Barclay, préparez-nous à passer en distorsion! Nous avons un..."
Une explosion coupa la parole à Grant. Le cube avait pris l'Hestia de deux de ses rayons tracteur avant que l'un ou l'autre des officiers n'ait le temps de réagir. Barclay essayait désespérément de faire feu quand sa console émit des signaux sonores. "Monsieur... Nous sommes appelés", annonça-t-il.
L'expression de Grant était illisible. "Sur écran."
Le cube Borg disparut, remplacé par le visage d'un ex-drône familier. Derrière lui se tenait debout ce qui ressemblait à un modèle HMU-1 assimilé. "Docteur ?", dit Barclay, déconcerté. "Est-ce vous ?", Ankin Rotor sourit. "Un de vos amis ? Intéressant." Il se tourna vers Grant. "Mais c'est vous qui m'intéresser vraiment. J'aurais juré avoir détruit votre yacht."
"Le Hestia a quelques tours dans son sac", dit Grant. La haine emplissait sa voix.
"Je vois cela. Cela semble être quelque chose que je ne serai pas mécontent d'ajouter à mon arsenal. J'espère que cela ne vous dérangera pas, mon vieil ami."
"Nous ne sommes pas amis."
"Tout le monde est mon ami", dit Rotor. "Ou le deviendra. Demandez-le à votre équipage."
Grant tourna immédiatement sa console et ferma le canal. "Barclay, gardez ces armes en ligne ! Nous allons apprendre à ce bâtard où son exultation malveillante le mènera."
Barclay regarda silencieusement Grant. "Nous sommes pris par d-deux rayons de traction, Monsieur. I-il nous tient. Nous ne pouvons rien faire."
"Non! Je n'accepterai pas cela !"
"Qu'est-ce qui se passe ici, Capitaine ?"
"Rien je vous dis !" répondit-il en colère. "C'est le bâtard qui a détruit mon vaisseau. S'il y reste quoi que ce soit, il l'a."
"Monsieur... C'est trop tard. Les détecteurs savent exactement où est votre vaisseau."
"De quoi parlez-vous ?"
Barclay désigna les données sur sa console. L'image montrait clairement le Logan à l'intérieur du cube de Rotor. Grant est resta bouche bée. "Non, c'est impossible. Le vaisseau était endommagé. Il n'y avait aucun moyen qu'ils survivent. L'autodestruction était déjà activée!"
Barclay regarda au loin. "Nous allons mourir, Monsieur. Pourquoi ne vous contentez-vous pas de me dire de quoi il s'agit vraiment ?"
"Je suis fatigué de cette insubordination, Barclay. Qu'est-ce qui vous rend si sûr que je cache quelque chose qui vous permet de vous confronter à un officier supérieur ?"
"Ce vaisseau a des systèmes que je n'ai jamais vu ou même ent-entendu parlé et j'ai fait partie du Corps des Ingénieurs pendant des années. Vous m'avez enlevé de la Terre. Monsieur... Vous aviez une bonne explication, mais ça ne marche plus. Il ne peut y avoir qu'une seule raison."
"Vraiment ?"
Barclay inclina la tête. "Vous faites partie de la Section 31. Vous êtes l'un de ceux que nous n'vons pas réussi à arrêter."
"Vous êtes soulagé", dit Grant. "Quand nous retournerons à Starfleet, vous aurez à répondre de..."
"Monsieur, ça ne marchera pas !" Barclay rassemblait chaque parcelle de confiance qu'il pouvait gérer... Pas un exploit facile pour lui. Il prit note mentalement de remercier le Conseiller Troi. Apparemment, ses leçons étaient restées. "Il n'y a ici que vous et moi contre ce cube. Vous pourriez aussi avoir confiance en moi."
Au lieu d'une réponse, Grant appuya soudain sur un bouton de sa console. Barclay disparut dans un chatoiement bleu, une expression abasourdie gelée sur le visage. Dès qu'il fut parti, Grant activa les inhibiteurs de téléportation et brisa les deux rayons de traction. "Désolé, Lieutenant", dit-il. "Vous avez fait ce que j'avais besoin que vous fassiez. Maintenant, cela ne regarde plus que moi."
Le Hestia repassa en mode camouflage et disparut des détecteurs du cube.
***
"Vous avez déplacé le wok ? Je ne peux pas le croire!"
Chell se tourna, encore plus bleu, si c'était possible. "Neelix, je n'ai que du respect pour la façon dont vous avez dirigé le mess. Mais il y avait quelques parties de votre système d'organisation que..."
"Que quoi ?"
"Et bien, ils laissaient des choses... Ils n'étaient pas toujours bons. Pas du tout. C'est tout."
"Comment pouvez-vous dire ça ? Sans moi, vous ne seriez rien!" Chakotay, qui venait d'entrer inaperçu, trouvait tout cela très amusant... Neelix était passionné sur ce sujet particulier.
"Neelix", dit Chell, "il y avait un rat dans vos racines de leola. Un rat."
"C'était la faute de Naomi!"
"C'est ça, blâmez Naomi."
"C'est avec les racines que je l'ai attrapé ! Sortez de ma cuisine !"
"Vous sortez de ma cuisine !"
Chakotay décida qu'il était temps d'intervenir. "Pourquoi ne faisons nous pas..."
"NON !", crièrent-ils tous les deux simultanément.
Chakotay soupira. "Neelix, vous devez accepter que c'est la cuisine de Chell. Chell, vous pourriez décider de repenser vos critiques concernant la politique de Neelix. Il a alimenté l'équipage pendant sept ans... Et franchement, sa tarte aux pêches Kalderan était meilleure."
" Hé! "Chell semblait ne jamais avoir été plus insulté de sa vie.
Neelix étendit une main. "Le capitaine a raison, Chell. Il est temps que nous enterrions la hache de guerre."
"Vous ne me bernez pas une seule seconde. Vous voulez récupérer cette cuisine et vous pensez qu'en étant plus calme et accommodant, vous gagnerez les faveurs de Chakotay!"
"ça va", dit Chakotay. "J'espérais ne pas avoir à y recourir, mais je vous ordonne à tous les deux de rentrer dans vos quartiers. Je vous dirai quand vous pourrez en ressortir."
En échangeant une paire de regards fâchés, les deux cuisiniers se tournèrent pour sortir. Chakotay entendit Chell murmurer quelque chose à propos du "chili inhumain" de Neelix comme il marchait.
Une fois qu'ils furent partis, Chakotay alla au réplicateur et commanda un café. L'odeur le consola, il en avait besoin tout de suite. Les batailles étaient encourageantes jusqu'ici, mais Chakotay estimait que quelque chose de moche aller arriver et il ne savait pas comment l'éviter.
Normalement, j'en parlerais à Neelix, refléta-t-il ironiquement. La porte s'ouvrit de nouveau. Chakotay se tourna et vit Shari Young se diriger vers le réplicateur. "Hé, Gars", dit-elle. "Qu'est-ce qu'il y a ?"
Il soupira. "Je réfléchis."
"Je peux t'aider ?"
"Pas vraiment." Chakotay posa sa tablette de données sur la table. Il était le temps de résoudre au moins cette question. "Shari, nous devons parler."
"Tu as gagné. Tu as de la chance que j'ai laissé mon diable à la porte."
"Je voudrais que vous arrêtiez", répondit Chakotay. "Je sais qu'être soupçonné est difficile, mais vous savez que je n'ai pas le choix. Je ne peux pas courir de risques en ce moment."
"Et allez, il s'explique encore. Je connais toutes tes raisons, gars. Cela ne veut pas dire que je n'suis pas un peu ennuyée par moment à cause de ça."
"Je veux savoir, Shari. Je veux que tu me dises la vérité, complète. Comment avez-vous su ce qui se passait à bord de ce vaisseau ?"
Young soupira et s'appuya contre le mur. "Est-ce que c'est ce que je dois faire pour t'avoir de mon côté ?"
"Ce n'est pas une question de côté ", répondit Chakotay. "C'est une question de vérité."
"Que sais-tu à propos de la Section 31 ?"
"A peu près la même chose que les autres. C'était une organisation secrète qui a fonctionné dans la Fédération pour préserver ses intérêts à n'importe quel prix."
"Et tu ne les aimes pas, bien sûr."
"Ils sont allés trop loin. Ils étaient prêts à faire des sacrifices qui n'étaient pas acceptables et ils les ont faits au nom de millions de victimes innocentes."
"Ce qui ne fait pas d'eux des salauds, n'est-ce pas ?" dit Young. "Ca les rend juste trop bons, en quelque sorte. Ils travaillaient pour des choses justes, ils ont juste exagéré."
"Tout comme Khan Singh. Il voulait créer une humanité plus forte, et éliminer tous les gens 'normaux' lui semblait parfaitement acceptable et naturel. Peut-être avait il vraiment les intentions justes, mais cela ne le rachète pas."
"Ni la 31 ?"
"Ni la 31." Chakotay posa sa boisson sur la table. "Je crois comprendre que tu en étais membre ?"
"J'ai pas dit cela", dit Young. "Je posais juste la question. C'est ce que Skip faisait toujours. Il parlait de ce qui était juste et ce qui ne l'était pas, de ce qui était bien et de ce qui était trop. Il aimait nous voir penser à ces trucs."
"Nous ?"
"Moi et Marsha, surtout. Nous étions tous les trois assez proches. J'dis pas que nous n'étions pas amis avec les autres, parce que si, mais nous trois, nous parlions de trucs ce que nous ne faisions pas avec les autres. Elle et moi n'étions pas sûres de pourquoi ça marchait comme ça. Pendant quelque temps."
"Quelque temps ?"
Young inclina la tête. "C'était, il y a environ cinq ans, pendant la mission. Celle du Logan, je veux dire. Nous étions dans le secteur Tholien à faire nos habituelles rondes. Quand nous nous sommes heurtés à une bande de vaisseaux qui ne tenaient pas beaucoup aux types comme nous à la fédération."
"C'était pendant la guerre civile des Tholiens", se souvint Chakotay. "Vous avez dû rencontrer un des groupes de rebelle d'Umasfian."
"J'pourrais jamais prononcer ça", dit Young avec un sourire. "Ceux-là étaient les bons. Ils nous ont bien rossés. Finalement, Skip a convaincu leur chef de venir à bord où nous pourrions parler de tout cela. C'est à ce moment-là que les choses ont commencé à disjoncter."
"Disjoncter ?"
"La réunion avec les Tholiens a été confidentielle. Je veux dire *vraiment* confidentielle. Skip n'a fait entrer personne. Personne, sauf moi et Marsha. Nous étions là pour la sécurité, ou du moins c'est ce qu'il nous a dit."
"Qu'est-il arrivé pendant la réunion ?"
"Skip n'était pas là pour parler au nom de la Fédération. Il disait qu'il l'était, mais nous savions qu'il ne l'était pas. Il disait des choses que les amiraux ne lui auraient jamais laissé dire. Il leur a donné quelques renseignements confidentiels à propos du gouvernement Tholien et des systèmes de sécurité." Young baissa la tête. "Et quand cela a été fini, il nous a dit à Marsha et à moi que nous ne pourrions rien dire de ce que nous avions entendu, pas même au reste de l'équipage."
Le visage de Chakotay s'obscurcit. Il commençait à voir où cela menait. "Les groupes Umasfians ont gagné leur bataille. Nous n'avons jamais découvert comment ils avaient découvert les faiblesses des Tholiens... Vous me dites que la Section 31 les soutenait ?"
"Tu parles. Cela donne un sens aux choses, n'est-ce pas ? Le gouvernement Tholien n'a jamais été notre meilleur allié. Alors nous avons attendu que quelqu'un se monte contre eux, pour les aider ensuite. Comme ça, il serait de notre côté quand il gagnerait. Assez bon, hein ?"
"Oui. Sauf que cela va directement à l'encontre la Directive Première."
"Exactement. C'est pourquoi la Fédération ne l'a pas fait beaucoup. Du moins la part de la Fédération que nous avons découverte."
Chakotay fronça les sourcils. "Quand avez-vous compris pour qui Grant travaillait vraiment ?"
"Le jour suivant. C'était pas trop dur, il nous l'a dit. C'était une petite réunion privée dans ses quartiers. Il nous a fait une longue conversation à propos des moments où l'on devait transgresser les règles pour rester dans le jeu, quand personne n'était disposé à le faire. Comment les gens qui étaient volontaires étaient nécessaires... Et combien il avait besoin de gens en qui il pourrait avoir confiance. Il avait besoin de nous."
"Et vous étiez d'accord."
"Tu penses que j'aurais toujours été sur le vaisseau si je ne l'avais pas été ? Toutes les deux, nous avons été d'accord. Je n'ai jamais vraiment su ce que Marsha en pensait, si elle était d'accord avec Skip pour de vrai ou voulait juste l'aider."
"En ce qui te concerne?"
Young baissa la tête. "J'sais pas quoi t'dire, gars. Une partie de moi aimait ce qu'il disait, et une autre me disait qu'il fallait que je le dénonce dès que je le pourrais. Mais à ce moment-là, ça faisait cinq ans que je travaillais sous ses ordres, et nous nous étions sauvés la vie de nombreuses fois. Comment aurais-je pu dire non ?"
"On peut toujours dire non."
"Bien, essayes toi-même. Imagines-toi cinq ans dans ton petit Quadrant Delta. Ton Capitaine te dit qu'elle travaille pour le mouton noir. Mais elle s'assure de ta confiance en elle. Elle a confiance en toi. ' Une partie de toi pense qu'elle peut avoir raison. Alors qu'est-ce que tu dis ?"
Chakotay se frotta le menton. "Ce n'est pas aussi simple. Je ne peux pas me remettre dans une mentalité que je n'ai plus."
"Ah ouais ? Quelle mentalité avais-tu quand tu as rejoint le Maquis ?"
"Le Cardassiens venaient de tuer mon père et toutes les personnes avec qui j'avais grandi. J'étais trop aveuglé par la colère pour penser à la moralité de mes actes. Plus tard, quand j'ai eu le temps de me poser ces questions, j'ai compris mon erreur."
Young sourit. "Erreur, hmm ? Regarde, gars, vous avez eu raison. Vous n'étiez pas partis depuis trois ans que les Cardassians essayaient de tuer à nouveau tout le monde. Cela a coûté aux bons des millions de vies pour résoudre le problème que le Maquis avait vu bien avant les autres."
" Je sais", dit Chakotay. Il avait bien réfléchi à tout cela auparavant. "Cela ne justifie pas ce que nous avons fait."
"Si ça ne le fait pas", répondit Young, "Qu'est-ce qui le fera ? Qu'as-tu fait qui soit si horrible ? Tu as juste quitté la Fédération pour faire ce que tu pensais être juste. C'était pas ta faute s'ils ont essayé de t'arrêter."
"Le Maquis était une réponse à une menace dont nous ne pouvions pas prouver l'existence. Pour ce que j'en sais, nous avons fini par causer le même changement contre lequel nous nous battions."
"Tu vois, c'est exact. Il n'y a aucun moyen de le savoir à coup sûr. Peut-être que vous l'avez aggravé. Peut-être que vous avez sauvé la galaxie. Cela peut être l'un ou l'autre, mais une chose est absolument sûre, vos intentions étaient justes."
"Comme la Section 31 ?", dit Chakotay, fronçant les sourcils.
"J'ai pas dis ça." Young s'éloigna du mur. "Tu voulais savoir si j'étais une des méchantes, non ? Et la réponse à cela est oui. Ou peut-être est-ce non. Ce n'est pas vraiment ce qui importe. Ce qui importe, c'est ce que je suis maintenant. Je peux te dire une chose. Je n'étais pas avec Skip quand il a essayé de te faire ça. Tout ce qu'il m'a dit quand tu es arrivé, c'est qu'ils envisageaient de te recruter dans la 31. Il allait te travailler, lentement, essayer d'arriver à ce que tu vois les choses de sa façon. Il est possible qu'il y ait eu d'autres raisons. Peut-être l'Amiral Warthog te voulait loin du Cap'taine Janeway. Il ne l'a jamais beaucoup aimée. Je sais pas. Mais je n'ai jamais su que Grant allait essayer de te tuer."
"Qu'est-ce qui me prouve cela, Shari ?" Chakotay soupira. "Tu as reconnu avoir travaillé avec la Section 31. Penses-tu que tu m'apparais sembler plus digne de confiance ? Tu ne penses pas que cela me donne juste plus de raisons de douter de tout que tu me dis ?"
"Qui s'en soucie ?" demanda Young en s'asseyant à côté de Chakotay sur le divan. "Ce n'est pas mon passé dont tu dois te soucier. Parce que si cela s'applique des deux côtés, pourquoi aurais-je une seule raison d'avoir confiance en toi. Ce n'est pas à propos de qui j'étais, mais de qui je suis."
"Et qui es-tu ?"
"J'sais pas quoi te dire, gars. Je suis Shari Young et c'est tout ce que je peux dire. Mais je sais que la personne que je suis a confiance en la personne que tu es. Je sais que tu es à peu près tout ce qu'il me reste. Et ce qui signifie que je te couvrirai. Que puis-je faire d'autre désormais ?"
Chakotay soupira. "Qu'attends-tu de moi ? Qu'essayes-tu de prouver ?"
"Tu es juste plein de questions, n'est-ce pas ? Je pense que nous en sommes au point où tu dois décider. A toi de décider si je suis de ton côté ou pas. Je ne peux rien prouver de plus. J'ai confiance en toi, malgré toutes les raisons pour lesquelles je pourrais m'inquiéter de toi. Tu peux le faire, ou bien tu peux juste perdre espoir en moi. Dans les deux cas, nous serons tous deux vivants, et au moins les questions auront été posées.
"Je comprendrai que tu n'arrives pas à me croire. Parfois, j'ai des difficultés à me croire moi-même. Tu m'as demandé la vérité, et maintenant tu la connais. Ce que tu en fais, c'est à toi de voir."
Young mit une main sur l'épaule de Chakotay. "Tu es tout ce qui me reste, gars."
Chakotay soupira. Pendant un instant, il examina les yeux de Young, souhaitant voir s'il pourrait d'une façon ou d'une autre déterminer à coup sûr qui était à l'intérieur.
"La Confiance, ce n'est pas seulement prouver," dit-il enfin. "Parfois, cela se réduit à un saut de la foi. Parfois, vous devez vous forcer à croire en quelque chose, même quand votre esprit vous dit que vous ne pouvez pas être sûrs."
Il soupira. "ça va, Shari. Je ne t'interrogerai plus désormais. Je sais que tu peux être digne de confiance."
"Génial !", cria Young. Elle était sur le point de se lever quand Chakotay leva une main.
"J'ai dit 'peux'. Tu peux être digne de confiance. Cela ne signifie pas que tu l'es. Je t'offre une chance ici, Lieutenant Young. Si tu caches toujours quelque chose, tu dois décider si tu continues. Je fais ce que je peux. C'est à toi de décider, maintenant."
"Je n'ai plus aucun secret pour toi désormais, Chakotay. Si tu veux savoir quelque chose de plus, t'as juste à le demander ." Young se pencha au plus près. "Quoi que ce soit", répéta-t-elle doucement. Un moment maladroit passa. Chakotay prit son café et se mit debout. "Il est tard. Nous devrions nous reposer un peu."
"Sais pas", dit Young avec un sourire rusé. "Il me semble que je pourrais tenir encore un peu."
" Bonne nuit, Lieutenant", dit Chakotay. Et il se tourna pour partir. Il fit quelques pas avant que Young ne l'appelle. "Hé, gars ?"
"Oui ?" dit-il en se retournant.
Young lui sourit. "Je suis toujours ici si tu changes d'avis."
Après une seconde, Chakotay se tourna et sortit sans un autre mot. Quand il fut parti, Young s'assit sur le divan, les bras derrière la tête et un sourire ambigu sur le visage.
***
Le Delta Flyer entra dans l'espace normal juste à l'extérieur du secteur où ils avaient repéré le cube de Rotor. "Le signal vient des coordonnées neuf cinq deux marque sept", dit Seven. "Nous pouvons atteindre cette localisation dans six minutes."
"Programmez la trajectoire et allumez les moteurs", dit Janeway. Elle se leva et se dirigea vers l'arrière du vaisseau. "Je vais préparer nos armes."
"Y a-t-il des fusils phaseurs à bord ?", demanda Seven sans se retourner.
Janeway sourit. "Il y en a un. J'ai pensé que nous pourrions en avoir besoin dans cette mission."
"Ce fusil phaseur-là", dit Seven, roulant des yeux.
En déballant son arme à compression préférée, Janeway lui retourna juste un sourire.
***
Grant regarda ses détecteurs ... Et les revérifia deux fois. Cela ne peut pas être vrai, pensa-t-il. C'est le Delta Flyer ? Que diable l'engin de sport de Janeway fait-il ici ?
***
Le Flyer atteignit l'emplacement du signal du cube. Seven effectua un scan de détection et fronça les sourcils en observant les résultats. "Il n'y rien ici, Capitaine."
Janeway regarda par elle-même. "Camouflé", dit-elle. "Il doit être camouflé. Mais ces détecteurs sont déjà configurés pour voir à travers les camouflages Kallidiens."
"Peut-être Rotor a-t-il obtenu une autre sorte de dispositif de camouflage", suggéra Seven.
"J'ai une idée", dit Janeway. "Tenez-vous prête."
Répondant à quelques commandes rapides de Janeway, le Flyer se rapprocha de la source du signal. Quatre millions de kilomètres... Trois millions... Deux...
"Un... Je détecte le cube", dit Seven, tout en se rendant compte tardivement que c'était inutile. Le cube était déjà visible par la fenêtre avant.
"C'est bien ce que je soupçonnais", dit Janeway avec satisfaction. "Le vaisseau projetait un champ de camouflage depuis l'intérieur. Il n'est pas intégré au vaisseau. Nous sommes à l'intérieur du champ."
"En effet", répondit Seven. "Et il est peu probable qu'il puisse nous voir, à moins qu'il ne soit conscient de cela..." Seven se tut et regarda fixement les saisies du détecteur. " Capitaine, il y a un vaisseau de Starfleet à l'intérieur du cube."
"Quoi ?" Janeway passa à sa console et remarqua la même chose que Seven. "Seigneur, vous avez raison. C'est un vaisseau de Classe Défiant. Y a-t-il des signes de vie ?"
"Non", dit Seven, fronçant les sourcils. "Mais je détecte une centaine de signatures humaines dispersées partout dans le cube. Et j'ai identifié le vaisseau. Son code d'enregistrement est NCC-148607."
Les yeux de Janeway s'élargirent. "Le Logan ? C'est l'ancien vaisseau de Chakotay. Que fait-il ici ?"
"Je ne sais pas", répondit Seven. "Les données, cependant, sont indiscutables. Le vaisseau est intégré dans le cube de Monsieur Rotor de tous côtés." Janeway se frotta le menton en réfléchissant. "Cela doit être comme cela qu'il arrive à camoufler le vaisseau. Il sait que les scanners de la Fédération peuvent voir au travers des dispositifs de camouflage Kallidiens."
La console de Seven émit des signaux sonores. "Axum est en position. Nous devons monter à bord du cube immédiatement."
Inclinant la tête, Janeway prit les deux brassards sur le siège arrière et en remit un à Seven. "Cela nous tiendra dissimulées assez longtemps pour arriver à Rotor. Tout ce dont nous avons besoin, c'est d'un peu de chance."
Seven prit son brassard et l'attacha. "Il n'y a aucune garantie que nous soyons capables de l'atteindre avant d'être détectées. Nous pouvons rencontrer de la résistance."
Janeway sourit et vérifia le chargement de son phaseur. "Toute résistance est futile, à ce qu'on m'a dit."
Seven ne put retenir un sourire. "Si c'était vrai, je ne serais pas ici aujourd'hui."
Janeway tapa sur l'épaule de son ami. "Comment dites-vous, Seven ? Une fois de plus dans la brèche ? "
"Comme Monsieur Paris dirait", dit Seven, "Ca roule." Quelques secondes plus tard, le Delta Flyer était vide. Janeway et Seven étaient en route pour rendre une visite personnelle à Ankin Rotor.
***
Le Docteur avait maintenant entièrement l'apparence d'un Borg. "Exposez la nature de l'urgence médicale ou soyez assimilé", entonna-t-il.
"Vous vous amusez vraiment trop avec lui", dit Oz.
Rotor sourit. "Les plaisirs simples offrent souvent plus de satisfaction. Vous n'êtes pas d'accord ?"
"Certainement. Je pense que je trouverais tout à fait satisfaisant que le Capitaine Janeway se contente de m'enlever de votre cube et détruise votre collectif personnel."
"Vous savez, Sernaix, j'ai décidé que je ne supporterai pas votre impertinence plus longtemps. Vous resterez silencieux dorénavant."
"Comment avez-vous l'intention de faire cela ?"
En réponse, Rotor tourna la tête. Tous les haut-parleurs cachés sur le pont se turent. Rotor débrancha alors la connexion mentale qui le reliait aux systèmes Sernaix à bord du cube. Un peu de temps seul pour contempler sa position le rendra plus sensible à la discussion, pensa le Borg Sulorien.
"Je suppose que vous êtes aussi fatigué de votre emprisonnement ", dit-il en se tournant vers un secteur sécurisé derrière lui. Il n'y eut aucune réponse du prisonnier. "Reginald Barclay, n'est-ce pas ?" demanda Rotor. "Cet hologramme connaît une ou deux choses de vous. Apparemment, vous êtes quelqu'un de bien intentionné et d'intelligent, mais aussi le plus dépourvu de compétence sociale qu'il n'est jamais entendu parler."
"Je d-désire que vous en fi-fi-finissiez avec cela", dit Barclay en se frappant l'oreille pour quelque raison.
"Vous voulez dire vous assimiler ?" Rotor rit. "Je ne sais pas ce que vous m'apporteriez, franchement. Pour mon but, mieux vaut simplement vous tuer."
"A-Alors faites-le. Tout ce que vous faites maintenant, c'est faire traîner."
"M-Mais et si je n-ne v-v-veux pas?"
Barclay ne releva pas l'imitation. Rotor marcha vers une de ses consoles et se retourna vers ses champs de détection, cherchant soigneusement n'importe quel signe de... "Grant !", dit-il à haute voix avec frustration. "Où est il ?"
"Je ne sais pas", répondit Barclay. "Comment le pourrais-je ?"
"Vous étiez sur son vaisseau."
"Il m'a téléporté ici. Vous le savez. Pensez-vous que j'étais son c-confident ? Il m'a enlevé, m'a menti et m'a livré à vous quand il n'a plus eu b-besoin de moi. Je ne sais absolument rien de ses plans."
"Pourquoi devrais-je vous croire ?"
Barclay sourit. "Pourquoi ne pas le prouver vous-même ? Assimilez-moi et lisez dans mon esprit. Oh, attendez... Cela diminuerait votre perfection."
Ignorant l'ingénieur, Rotor revint à sa console et regarda à nouveau ses données. Grant devait être là-bas. Il devait.
Où est-il ?
***
Seven et Janeway étaient à trois ponts de leur destination. Le téléporteur avait été incapable de les amener dans le centre de commande de Rotor, par mesure de sécurité, pensait Seven, et cet endroit avait été le pont le plus proche disponible.
"Le signal de Rotor ne s'est pas déplacé", annonça Seven, regardant son tricordeur. "Nous atteindrons son emplacement dans vingt-cinq minutes à notre taux actuel de progrès."
Les deux officiers s'arrêtèrent brusquement, remarquant le faible miroitement vert d'un champ de force.
"Notre taux actuel de progrès est cependant susceptible de changer", ajouta Seven avec une ironie désabusée.
"Connaissez-vous une façon de le mettre hors service ?"
"Oui" ,dit Seven, "mais ce serait détecté immédiatement. Nous devrons trouver un autre chemin."
Janeway fronça les sourcils. "Nous avons déjà contourné deux champs de force. Nous sommes à court de temps. Vous pensez qu'il est temps..."
"Non", répondit Seven fermement.
Janeway la regarda avec défiance. "Je pense qu'il l'est."
"Il doit y avoir un autre itinéraire."
"Nous avons épuisé les autres possibilités. En plus, ce sera amusant."
"Non", souligna Seven, "Ce ne le sera pas." Janeway pointa son fusil phaseur. Seven soupira, se résignant à la situation, et arma le câble de montée qu'elles avaient répliqué plus tôt.
L'instant d'après, toutes les alarmes du vaisseau se déclenchaient en réponse au trou béant ouvert dans ce qui avait été les planchers de trois ponts au-dessus de Janeway et Seven. Avant même qu'un drone n'arrive, Seven visa et tira. Janeway et elle saisirent les poignées des lanceurs aussi fermement que possible. Seven appuya sur le bouton de rétractation et les deux officiers remontèrent par les trous, apparaissant au coeur du centre de commande de Rotor.
Tandis qu'elles retombaient sur leurs pieds, Janeway pointa immédiatement son fusil phaseur en recherchant Rotor. Elle n'eut pas à regarder loin. Rotor marchait vers le trou qu'elles avaient créé dans son vaisseau, une expression fâchée sur son visage. Seven et elle s'écartèrent promptement de son chemin.
Ce fut à ce moment que Rotor sortit ce qui ressemblait à un pistolet à peinture et tira.
Seven et Janeway se plaquèrent au sol, mais c'était sans espoir. Le rayon était beaucoup plus large que la pièce dans laquelle elles se trouvaient. Les deux femmes furent immédiatement couvertes de particules statiques chargées qui s'accrochèrent à leur uniforme. Seven lança à Janeway un regard horrifié dont le message était clair. Leur couverture était démasquée.
"Seven", dit Janeway, regardant fixement et calmement Rotor. "Sortez d'ici."
"Capitaine..."
"Je serai juste derrière vous. Allez !"
Seven repassa par le trou, visant pour atterrir sur ce qui restait du pont inférieur. Janeway leva son fusil et tira. Mais Rotor était prêt et son bouclier d'énergie dévia facilement le rayon.
"Bienvenue", dit-il. "Je suis heureux que vous ayez décidé de reconsidérer mon offre d'immortalité... Ou du moins tant que l'univers sera là."
"Allez au diable", dit Janeway, fouillant désespérément la pièce après quelque chose qu'elle pourrait utiliser contre Rotor.
De l'autre côté de la pièce, Barclay reconnut sa voix. "Capitaine Janeway !" cria-t-il. "Vous devez tirer avec un niveau plus large de diffusion..." Rotor fit volte-face et le gratifia d'un rayon anesthésiant. Barclay s'effondra sur le sol, inconscient. Janeway était choquée de la présence de Barclay, mais se força à ne pas réfléchir. Elle épaula son fusil réglé en diffusion maximale et tira. Rotor sourit. "Je ne sais pas ce que votre fan essayait de vous dire", dit-il, "mais ce niveau de diffusion ne sera pas plus efficace que le précédent."
Ne prenant pas le temps de répondre, Janeway arma de nouveau le fusil et le braqua soudainement sur elle.
Comme elle l'avait soupçonné, le rayon dissolut immédiatement les particules de Rotor. Reg a dû le voir programmer le rayon, pensa-t-elle. De nouveau invisible aux détecteurs de Rotor, elle épaula le phaseur selon les paramètres d'Axum et tira de nouveau.
Le rayon était large. Janeway se précipita à une autre position et tira de nouveau, avec les mêmes résultats. Rotor riait. "Capitaine, Capitaine, Capitaine. Je ne sais pas ce qu'était votre plan, mais il manque d'une certaine qualité... Je crois qu'on appelle cela 'des chances de succès'. Mon bouclier est impénétrable, que je vous voie ou non."
La frustration montait en elle, et Janeway tira encore trois fois avant d'abandonner. Son esprit était en ébullition. Il devait bien y avoir une façon de réussir. Mais elle savait qu'elle n'avait plus que quelques secondes avant que Rotor ne la détecte de nouveau et elle ne trouvait pas d'autre manière pour briser le bouclier de Rotor.
Presque en même temps, l'ex-drone ressortit brusquement son pistolet spécial. Jurant intérieurement, Janeway courut vers le trou et y sauta.
***
Seven détruisait un mur de drones. Pour une raison quelconque, aucun d'eux ne s'était encore adapté aux paramètres de son phaseur. Elle pensait à la question en luttant pour atteindre le tunnel entre les ponts.
Bientôt, cependant, le nombre des drones commença à la dépasser. Elle avait évalué les chances de passage. En décidant finalement qu'elles n'étaient pas optimales, elle se retourna...
Pour être frappée par le rayon d'un phaseur. Quelques instants plus tard, les drones regardaient dans toutes les directions, confus. Janeway et Seven revenaient déjà en courant vers le trou qu'elles avaient créé. "Merci, Capitaine", dit Seven, jetant un coup d'oeil sur son uniforme Starfleet en notant avec satisfaction qu'aucune des particules de Rotor ne restait.
"Je vous en prie", répondit Janeway. "Maintenant, nous devons retourner à ce trou. Une fois que nous serons redescendues de deux ponts, nous serons de retour dans la zone de téléportation."
Seven s'arrêta brusquement et saisit le coude de Janeway pour l'arrêter. "Rotor a dû vous suivre dans le trou. Il connaît notre dernière position, il nous attendra là."
"Je sais", dit Janeway, secouant Seven. "Nous avons besoin de lui. Nous ne pouvons pas quitter ce vaisseau sans son noeud cortical."
Si, vous le pouvez, fit soudainement une voix peu familière dans la tête de Seven.
Janeway avait déjà repris sa course. "Capitaine!" l'appela Seven. "Quelqu'un est entré en contact avec moi."
Janeway revint, fronçant les sourcils. "Qui ?"
Vous n'avez pas beaucoup de temps, dit la voix. Allez deux couloirs sur la gauche et entrez dans la chambre en refermant les portes à double tour. Le code d'entrée est 101101010101101. Vous devrez pénétrer un champ de force de niveau six pour m'atteindre.
"Par là", dit Seven. Elle se dirigeait vers un couloir. Janeway la suivit. Quelques instants plus tard, elles étaient à la porte et Seven entrait le code. Accepté, les portes s'ouvrirent. Derrière elles se trouvait un épais champ de force et derrière cela, un simple drone.
Les deux officiers échangèrent un regard rapide. Sachant à quoi Seven pensait, Janeway lui remit le fusil phaseur. L'ex-drone le saisit des deux mains et marcha vers le champ de force, son implant Borg lui permettant de passer au travers.
"Tirez sur moi", dit le drone.
"Qui êtes-vous ?", demanda Seven.
"Nous n'avons pas de temps pour cela. Tirez. Prenez mon noeud cortical."
Seven regarda Janeway. Son regard fixe était sévère. Seven revint au drone. "Nous devons savoir qui vous êtes."
Le drone soupira, paraissant très vieux et très fatigué. "Je suis Pavriqur. Ankin Rotor et moi sommes les deux derniers drones Suloriens. Vous avez besoin du noeud cortical de l'un d'entre nous et vous n'obtiendrez jamais le sien."
"Pavriqur ?" Seven reconnut le nom. "Vous étiez le chef original du Constructif. Le mentor de Rotor."
Le drone inclina la tête lentement. "Rotor a détruit tous les autres drones Suloriens, il y a longtemps. Il me maintient en vie sans être assimilé pour son amusement..."
Janeway lui coupa la parole. "J'apprécie votre offre, mais c'est contre Rotor que nous nous battons. Vous êtes une autre de ses victimes. Vous nous demandez de vous tuer."
"Je vous demande", dit-il tranquillement, "de me libérer."
Seven se tourna vers Janeway. "Vous connaissez mon avis", dit-elle. "Consentirez-vous ?"
Lentement, à contrecoeur, Janeway inclina la tête.
Seven épaula le phaseur et tira. Le tir découpa un cercle propre dans le front de Pavriqur et déclencha le mécanisme de sortie de son noeud cortical. Dès qu'il fut hors du corps du drone et du champ, le rayon téléporta le noeud à l'intérieur du phaseur.
S'effondrant sur le sol, Pavriqur eut juste assez de temps pour chuchoter, "Bonne chance." Puis il mourrut.
Seven se précipita à travers le champ de force. Janeway saisit le phaseur et s'expliqua. "J'ai un plan. Remontez l'intensité du signal de votre communicateur. J'ai déjà fait de même."
Seven obéit pendant que Janeway réglait le phaseur en intensité élevée. Puis elle le pointa vers le pont au-dessous d'elles. Elle tira, créant un trou semblable à celui qu'elles avaient fait plus tôt. "Nous n'aurons pas le temps soigner le travail", dit-elle. "Sautez !"
Elles enlevèrent leur communicateur et sautèrent dans le vide. Deux niveaux plus bas, le téléporteur du Flyer, programmé à l'avance pour un rappatriement d'urgence, les téléporta immédiatement. Leur élan neutralisé, elles atterrirent doucement sur le plot de téléportation. Quelques commandes rapides plus tard, le Delta Flyer sortait du secteur en direction d'Axum
***
Rotor était en colère. "Comment ont-elles réussi ? Elles étaient dans mon cube et dans mon centre de commande avant que je sache même qu'elles étaient dans le secteur !"
"C'est le Capitaine Janeway. Je ne vous avais pas dit qu'elle se montrerait ?"
La mâchoire de Rotor tomba. "VOUS! Comment parlez-vous de nouveau ?"
"En réalité, j'ai été capable de parler tout le temps. J'ai juste décidé de vous laisser mijoter quelques temps. Vous avez apprécié ?"
Trop livide pour répondre, Rotor s'avança rapidement dans le couloir. Son seul indice sur la localisation des deux femmes était le rapport concernant l'ouverture de la cellule de Pavriqur. Il ouvrit la porte et se hâta à l'intérieur, mais ne trouva que le vieux Sulorien couché face contre terre sur le pont. Le champ de force était toujours en place.
"Comment ?"
"Il est entré en contact avec elles", dit Oz d'un air suffisant. "Il semble que Pavriqur ait été capable de se délester un peu des menottes électroniques que vous lui aviez mises. Il a trouvé une façon d'entrer en contact avec Seven of Nine et a même assez lu dans son esprit pour comprendre ce que son plan impliquait."
Rotor regarda fixement le plafond. "Et qu'est-ce que son plan impliquait ?"
"Vous le sauriez si vous aviez voulu l'assimiler, ce que vous n'avez pas fait."
Bouillant, Rotor désactiva le champ de force et entra. Il redressa Pavriqur et observa les dégâts. Il fronça les sourcils. "Mort", dit-il. "Je lui avais promis qu'il vivrait assez longtemps pour vraiment comprendre son échec."
"Qu'aviez-vous contre cet homme ?", demanda Oz, curieux. "Il vous a aidé à devenir ce que vous êtes."
"Il m'a presque empêché d'être qui je suis. Il est le seul qui soit jamais presque parvenu à me dissuader de ma mission." Rotor secoua la tête avec frustration. "Mais pourquoi ? Qu'est-ce qu'ils espèrent accomplir en volant son noeud cor..."
Silence de mort. Le visage de Rotor s'obscurcit en prononçant dans un souffle un unique mot. "Axum".
Il s'apprêta à sortir le cube du secteur et ouvrit un couloir de transdistorsion. Le vaisseau était presque dedans lorsque l'Alliance du Quadrant Delta arriva. En un instant, la flotte suivit Rotor dans le couloir. Le portail se referma et le secteur fut de nouveau vide.
***
"Merci", dit Axum sur le canal de communication. "Je savais que vous pourriez le faire. Dans quelle condition était Rotor dans quand vous l'avez quitté ?"
"Attention", dit Janeway d'un air piteux. "Ce n'est pas son noeud, Axum."
Axum fut clairement effrayé. "A qui est-ce ? Rotor avait tués tous les autres drones Suloriens, sauf..." Observant le regard de Janeway et le visage de Seven, il comprit le message. "Oh".
Janeway inclina la tête. "Nous n'avions pas le choix. Rotor était protégé. Pourquoi ne nous avez-vous pas dit que Pavriqur serait là ?"
"Je ne le savais pas. C'était probable, mais je ne pouvais pas prendre le risque d'avoir tort. J'avais la garantie de trouver Rotor, pas lui." Axum soupira. "Ainsi Pavriqur est enfin mort. Malgré tout, vous savez, il me manquera. Il y a eu une époque où nous étions bons amis."
"Je connais ce sentiment", dit Janeway. "Mais nous n'avons pas de temps à perdre en nostalgie. Avez-vous donné le message à Korok ?"
Axum inclina la tête. "Il est prêt."
***
Planant au-dessus du cube de Rotor, Grant espérait que l'on n'avait pas remarqué le rayon tracteur qui verrouillait l'Hestia sur le vaisseau Borg. Il ne pouvait pas se permettre de perdre la trace du Logan maintenant, pas quand il avait déjà dû temporairement sacrifier son ingénieur. Et les téléportations étaient presque terminées.
Ils s'approchaient de la fin du couloir. Grant monta un peu plus la puissance du rayon tracteur et se concentra sur la console devant lui. L'Hestia et le cube rentrèrent dans l'espace normal dans un secteur près de la planète originelle des Borgs. Ca y est presque, pensa Grant. Encore quatre drones... Et Barclay, bien-sûr. Juste encore quelques...
Le vaisseau trembla. Son vaisseau ? Grant vérifia sa console. C'est le cube qui avait été frappé. Examinant les données des détecteurs, Grant fut abasourdi de voir des centaines de vaisseaux de nombreuses races différentes sortirent du tunnel de transdistorsion. Zut! Cela ne va pas aider... A moins que...
Grant roula jusqu'à la console de communications. Il allait utiliser ses quatre épingles une dernière fois.
***
Le Voyager sortit du tunnel en tirant des salves aléatoirement. "Il doit être quelque part", dit Chakotay. "Continuez à tirer, angle maximum. Appelez la flotte."
Un canal de communication fut ouvert et Chakotay entendit les voix de divers autres commandants. Ils semblaient tous sonnés, confus et incertains. "Voyager appelle la flotte", dit-il. "Je suis convaincu que c'est le cube de Rotor qui a ouvert ce conduit. Il doit être camouflé quelque..."
"De quoi parlez-vous ?" Dit une voix de Kazon. "Il est juste là!"
Chakotay cligna des yeux. "Quoi ?"
"Il y a un cube Borg de classe six aux coordonnées neuf sept sept marque un. Vous ne pouvez pas le voir ?"
"Non", dit-il. "Aucun de nous ne le peut sauf vous." Des détecteurs Kazons pouvaient voir quelque chose d'invisible pour le meilleur vaisseau de Starfleet ? Dans quel état la galaxie était-elle tombée ?
"C'est un camouflage basé sur les tachyons", dit un autre Kazon, probablement le chef scientifique. "Je pense que vous serez capables de le définir exactement avec..."
"...Un champ de tachyon!", finit l'enseigne Lang depuis les opérations. "Comme un dispositif de dissimulation Romulien !"
"Faites-le", dit aussitôt Chakotay. "Donnez cette information aux autres vaisseaux. Tuvok, prenez-le pour cible dès que le champ sera formé. Frappez-le avec tout ce que nous avons."
Tuvok inclina la tête pour acquiescer, puis leva les yeux vers Chakotay. "Nous sommes appelés, sur une fréquence Starfleet."
"D'où cela vient-il ?"
Le Vulcain leva légèrement un sourcil. "Inconnu".
"Passez-le moi", dit Chakotay en revenant à l'écran. "Et reprenez ensuite le tir."
"Je n'ai pas cessé de tirer, Capitaine."
"Même pendant que... ?" Chakotay abandonna. Un instant plus tard, l'écran montrait le visage d'un capitaine de Starfleet. Un capitaine de Starfleet familier.
Les deux officiers furent visiblement effrayés, mais récupérèrent rapidement. "Capitaine Grant", dit Chakotay.
"Monsieur Chakotay", répondit-il. "Il semble qu'aujourd'hui soit notre jour de chance. Nous allons de nouveau travailler ensemble."
***
Le Delta Flyer et l'octaèdre d'Axum sortirent de distorsion à portée de vue de la planète originelle des Borgs. Janeway savait à quoi s'attendre, mais ses yeux s'agrandirent. "Mon Dieu", dit-elle. "Je n'ai jamais vu autant de ces vaisseaux en même temps auparavant."
Axum sourit fièrement sur le moniteur du Flyer. "Le Complexe", dit-il. "Tout ce qu'il en reste. Nous nous sommes réunis ici pendant six mois, assez lentement pour échapper aux soupçons de Rotor. Il pensait que nous battions simplement en retraite, préparant une guerre plus défensive. Il saura bientôt que non."
Seven désigna le noeud cortical de Pavriqur. "Nous avons désactivé nos boucliers. Vous pouvez téléporter le noeud à bord."
Il secoua sa tête. "Téléportez cela à la structure centrale. Korok vous donnera les coordonnées."
A ce moment, le visage de Korok apparut sur la moitié droite du moniteur. "Capitaine Janeway !" dit-il. "Je savais que vous étiez une femme d'honneur. Merci de m'avoir rendu la pareille."
" Coordonnateur", dit Janeway avec un sourire. "Vous avez bonne mine. Je vois que vous vous êtes débarrassé d'un peu de votre apparence Borg. Et c'est un uniforme de la Force de Défense Klingonne que vous portez ?"
"Vous avez remarqué !" dit-il avec ravissement. "Je constate qu'il rend..."
Seven se racla la gorge. "Nous sommes sous des contraintes de temps sévères."
Janeway sourit à Seven. "Qui vous a appris à vous racler la gorge comme ça ?"
"Le Lieutenant Torres. Elle était fatiguée de ma tendance à interrompre les conversations sans prévenir."
Le capitaine roula des yeux. Elle revint à Korok. "J'ai le noeud cortical Sulorien à bord de mon vaisseau. Nous vous le téléporterons si vous envoyez les..." les coordonnées apparurent sur sa console. "...coordonnées."
"Energie", dit Seven. Le noeud disparut.
"Combien de temps faudra-t-il pour redémarrer la machine ?" demanda Janeway aux deux leaders du Complexe.
"Environ trente minutes", dit Axum. "En tenant compte des interruptions imprévues, la mission sera terminée dans quarante."
Seven regarda au loin. "Nous devrions aller patrouiller le périmètre", dit Janeway. "Nos détecteurs ont la meilleure zone de détection..."
"Attendez", dit Seven soudainement. "Capitaine, regardez."
Janeway regarda les détecteurs et comprit immédiatement ce que Seven avait vu. Un moment plus tard, Axum et Korok le virent aussi. Tous étaient silencieux.
La flotte de l'Alliance du Quadrant Delta entrait dans le secteur dans un déluge de feu extrêmement nourri. Au milieu, seul et ayant apparemment abandonné tout espoir de ruser, le cube d'Ankin Rotor était sur une trajectoire le menant directement sur le monde originel des Borgs. Il arriverait dans vingt-deux minutes.
***
"Votre vaisseau va être détruit, vous savez."
"Fermez là, Sernaix!" Le regard fixe de Rotor était verrouillé sur sa console de détection. "Nous atteindrons le monde des Borgs à temps pour les arrêter. C'est tout ce qui compte."
"Peut-être que oui", dit Oz. "Je ne pense pas que je vais rester à bord. Cela fut d'une grande source d'intérêt pour moi, mais je pense vraiment qu'il est temps de retourner sur mon vaisseau."
Les yeux de Rotor se plissèrent. "Vous ne pouvez pas partir. Je vous ai capturé. Vous faites partie de mes systèmes, désormais."
"Pour l'instant, vous avez raison. Mais dans dix secondes, j'ai bien peur que ce ne soit plus le cas. Prenez soin de vous, mon ami mégalomaniaque. Bonne chance avec votre satanée croisade."
"Vous ne pouvez pas partir ! C'est..."
Rotor se tut. Dans la partie de son esprit qui contrôlait les composants Sernaix de son vaisseau, il avait cessé d'entendre le faible écho qui indiquait la présence d'Ozymandias. Rotor effectua un scan profond et minutieux des systèmes. Il n'y avait plus rien.
***
"Je n'ai pas d'ordre à recevoir de vous", dit Chakotay. "Et je veux votre reddition. Baissez vos boucliers et préparez-vous à être téléporté en cellule"
Les autres membres d'équipage se retournèrent pour regarder Chakotay avec une expression étonnée ou embarrassée. "Cet homme a essayé de me tuer", expliqua-t-il. "Et il fournissait des informations à l'ennemi pendant la Guerre Sernaix. Peu importe quel uniforme il porte, ce n'est pas un officier de Starfleet."
"Nous n'avons pas le temps de discuter de ça, Chakotay" répondit Grant. "J'ai fait des erreurs et je suis désolé. Je n'ai jamais eu l'intention de vous faire ce que je vous ai fait."
"Vous avez raison", dit-il. "Nous n'avons pas de temps pour ça. Tuvok, tuez le."
"Non !" cria Grant. "Vous devez avoir confiance en moi. Les vies de tous les membres d'équipage du Logan sont en jeu."
Chakotay plissa les yeux. "Où sont-ils ?"
"Dans le cube de Rotor. Il a capturé le vaisseau à l'intérieur. C'est comme cela qu'il a échappé à la détection. Tout l'équipage a été assimilé. Mais il y a toujours une chance de les sauver."
"Comment ?"
"Rotor les garde dans son cube, je ne sais pas pourquoi. Je les ai tous téléporté sur le Logan. Ce dont j'ai besoin maintenant, c'est un vaisseau avec des téléporteurs assez puissants pour sortir mon vaisseau de là."
"Votre vaisseau ? Où êtes-vous ?"
Grant tapota quelque chose sur sa console. "Il y a un petit vaisseau sortant de camouflage au-dessus du cube", annonça Tuvok. "Cela semble être un yacht de capitaine, mais cette technologie est inconnue."
"Pas inconnue", dit Grant. "C'est dans vos banques de données, Monsieur Tuvok. Regardez sous la clé 'technologie de dissimulation confidentielle'. Votre autorisation devrait être assez élevée."
Tuvok regarda Chakotay qui inclina la tête. Le Vulcain vérifia la base de données et leva presque immédiatement un sourcil. "Votre vaisseau possèdeun camouflage de phase", dit-il, "basé sur celui conçu par l'Amiral Pressman."
"Le Pegasus ?", dit Chakotay, effrayé. "On supposait que ça avait été détruit!"
"Ca l'était", dit Grant. "Mais les analyses ont été faites avant. Je n'ai pas le temps de vous expliquer cela, mais c'est la seule façon de pouvoir encore sauver l'équipage du Logan. Téléportez le Hestia à l'intérieur du cube. Vos téléporteurs peuvent manipuler cette charge. Vite !" Chakotay fit une pause, incertain.
"Faites-le ! Si ce n'est pas pour moi, faites-le pour eux!"
Le Capitaine du Voyager frappa son communicateur. "B'Elanna, j'ai un travail personnel à te confier. As-tu jamais téléporté un yacht de Capitaine auparavant ?"
"Ca m'arrive tout le temps", répondit-elle. "Qu'est-ce que c'est que cette question ? Attends une minute. Tu as dit un yacht de Capitaine ?"
"Rends-toi à la salle de téléportation numéro un. J'envois les coordonnées là-bas."
Le dernier son qu'émit le communicateur de Chakotay fut une série de malédictions en Klingon. Il secoua la tête et revint à Grant. "ça va, nous allons le faire. Mais vous devrez répondre de faits très grave après cela. Quand ce sera fini, vous irez dans ma cellule. Me comprenez-vous ?"
L'autre homme inclina la tête. "Ce sont mes actes. J'en accepte les conséquences. Je veux juste sauver mon équipage."
Chakotay frappa de nouveau son communicateur. "ça va, B'Elanna. Energie."
L'Hestia disparut des détecteurs du Voyager. Un instant plus tard, il réapparut à l'intérieur du cube et s'amarra avec le Logan. Grant sourit. "Merci, Chakotay. Merci."
"Contentez-vous de faire ce que vous avez à faire", dit-il en se détournant.
Grant sourit. "N'oubliez pas Reg."
Chakotay tourbillonna. "Quoi ?" Mais Grant avait déjà coupé le canal.
Aux opérations, Lang leva les yeux. "Je ne sais pas si c'est ce qu'il a voulu dire", dit-il. "Mais il y a un signe de vie humain à l'intérieur du cube à l'extérieur du Logan. Il est à l'intérieur du centre de commandement de Rotor."
"Pouvez-vous vous verrouiller sur lui ?"
Lang essaya, mais secoua la tête en signe de frustration. "L'endroit est trop lourdement protégé. Nous aurions besoin d'augmenter la puissance du téléporteur. Si nous pouvions envoyer une équipe..."
Chakotay agita les bras de colère. "Assez. Nous n'avons désormais plus de temps à perdre. Tirez une salve de torpilles sur cette section du cube."
"Capitaine", dit Tuvok. "Je dois vous rappeler qu'il est très peu probable qu'un homme à l'intérieur du cube réchappe d'un impact de ce niveau."
"Nous n'avons pas le choix !" beugla Chakotay. "Il n'y a aucune façon de..."
"Oh, je crois qu'il y a."
Etait-ce ? "Oz ? Seriez-vous de retour sur le Voyager ?"
"En effet, oui. Et je crois que je peux vous être utile."
Alors, à la stupéfaction de l'équipage de passerelle, tous les systèmes Sernaix sur le vaisseau reprirent vie à pleine puissance.
***
Dans ses quartiers, Shari Young entendit les signaux sonores de sa tablette de données. Elle la prit et sauta presque d'excitation. "Il est de retour !" dit-elle. "Cela me laisse le temps de tenter le tout pour le tout." Elle hésita juste un instant, puis prit une autre tablette de données, attendit l'impact suivant et enfonça le bouton.
***
"ARRRRRGH !" Le pont trembla. La console de navigation explosa en une gerbe d'étincelles, éjectant l'enseigne Culhane en arrière. Tuvok annonça, "le Borg pénètre nos boucliers de gauche. Nous avons perdu les batteries de phaseurs sur ce côté du vaisseau."
"Détournez ce côté du cube", dit Chakotay avant de remarquer que Culhane ne s'était pas relevé. L'homme était couché sur le sol et se tenait la jambe visiblement cassée. Chakotay glissa devant la console et programma la trajectoire lui-même.
"Dix conduits de transdistorsion s'ouvrent directement au-dessous de nous", dit Tuvok.
"Qu'est-ce que ?" La question de Chakotay obtint sa réponse, presque trente cubes Borg sortirent, toutes armes braquées sur les vaisseaux de l'Alliance.
La situation venait de passer d'une poursuite à une véritable bataille.
Réalisant qu'il ne pouvait diviser son attention tout de suite, Chakotay regretta que Tom Paris ne soit pas à bord. Mais les souhaits étaient inutiles... Et Culhane avait été leur meilleur pilote de secours. Chakotay passa de tête en revue tous les remplaçants possibles, mais aucun d'eux n'avait l'expérience dont ils auraient besoin. Il devrait rester ici. Ou...
J'ai décidé d'avoir confiance en elle, se rappela-t-il. Il est temps de prouver que j'y croyais.
"Chakotay au Lieutenant Young. Au rapport sur la passerelle immédiatement."
***
Barclay souriait. Cela rendait Rotor fou. "Qu'est-ce qu'il y a ? Vous allez mourir !"
"Vous aussi", dit l'ingénieur. "Et vous n'avez plus l'Esprit de Vaisseau Sernaix qui peut donner au Voyager votre emplacement exact."
En réalisant cela, Rotor tira sur Barclay une décharge d'énergie mortelle. Mais c'était trop tard, Barclay avait disparu de la cellule. Tout comme le Docteur, un instant plus tard, son programme ayant d'une façon ou d'une autre été transféré au Voyager. Rotor hurla en signe de frustration et envoya ses renforts, vingt-huit cubes prêts pour la bataille, dans une attaque furieuse contre la flotte de l'AQD. L'histoire de l'univers n'était pas finie, mais il serait damné si le Voyager continuait la bataille encore une heure.
***
"Nous l'avons", dit B'Elanna par le communicateur de Chakotay, "et Oz dit que le Docteur a été transféré. Avez-vous fini avec le téléporteur Alpba, ou vais-je être collé sur ce devoir toute la journée ?"
"Retournez à l'Ingénierie", répondit Chakotay. "Tuvok, quel est notre statut ?"
"Nos boucliers de gauche ont été rétablis", dit-il. "Les systèmes Sernaix ont fourni l'énergie complémentaire pour la défense. Cependant, la flotte n'a pas été préparée aux renforts du Constructif. Ils subissent de lourdes pertes."
"Nous devrons les aider. Préparez toutes les armes, y compris le canon Kep. Je nous place en position maintenant."
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent. "Non, erreur ! Laisse-moi faire ça!" Young tourna au coin et glissa dans le siège du pilote que Chakotay quitta juste à temps. "Dites-moi juste lequel on vise."
"Borg", dit Chakotay simplement.
Young inclina la tête. "Vous l'avez, gars. Que Thar se mette à souffler !"
Chakotay était loin de comprendre l'allusion quand le vaisseau se tordit dans une violente spirale.
***
"Dix minutes", dit Axum. "Il sera ici dans trois. Nous avons besoin de quelqu'un pour faire diversion. Capitaine..."
"J'ai compris", répondit Janeway. "Bonne chance, Axum. Restez en contact."
L'ex-drone sourit. "Vous aussi. Au revoir, Capitaine. Nous avons une dette que nous ne pourrons jamais rembourser."
"Vous et la moitié de ce quadrant."
Axum sourit. Même Seven trouva le sourire. "Au revoir", dit Seven. "Et bonne chance."
Axum inclina la tête solennellement et ferma le canal.
***
"La largeur est de un point cinq secondes-lumière !" cria Korok. "Ce jour vivra pour toujours dans les chansons !"
La machine qui occupait un quart du monde des Borgs avait deux fonctions. La première était d'ouvrir un portail et la deuxième de le sceller si solidement qu'il ne pourrait jamais être ouvert de nouveau.
Dans neuf minutes, la première fonction serait prête. Cinq minutes après cela, la deuxième serait en place.
Korok dirigea toute la puissance disponible vers la machine et signala aux vaisseaux du Complexe d'allumer leurs moteurs. Dans son esprit, il écrivait déjà les chansons.
***
"Pour l'amour de Dieu, faites-la cesser de chanter !" s'écria Lang dans la douleur.
Chakotay se tourna vers son nouveau pilote. "Je suis d'accord", dit-il. "Shari, retiens, s'il te plaît, ton enthousiasme."
"OK !"
Le Voyager tournait autour de la bataille. Avec tous les systèmes Sernaix à pleine puissance, il se frayait un chemin dans les forces ennemies. Déjà le Constructif commençait à tomber.
Chakotay décida qu'il pouvait maintenant épargner un vaisseau. "Voyager au Lieutenant Kim", dit-il. "Décrochez et mettez la barre vers la planète du secteur suivant."
"Celle où se trouvent tous les vaisseaux Borg ?"
"Celle-là. Tuvok dit qu'il détecte une signature d'énergie Starfleet faible parmi eux. Il ne peut pas dire à coup sûr de qui il s'agit, et nous avons besoin que quelqu'un aille regarder de plus près."
"Mais qu'en est-il des vaisseaux Borg ?"
"Je ne pense pas qu'ils seront une menace, Harry. J'ai le sentiment qu'ils sont avec notre ami Korok."
"Compris, Monsieur J'y vais."
Chakotay se tourna vers Tuvok. "Je veux un rapport sur le statut de tous les cubes ennemis. Dites..."
"Capitaine !" cria Lang. "Quelque chose vient juste de sortir directement du cube de Rotor ! Je ne sais pas comment il a..."
"C'est le Logan", dit Chakotay. "J'avais un pressentiment concernant son plan. Passez ce vaisseau sur écran."
Le Logan apparut sur l'écran, faisant des torsions acrobatiques pour éviter le feu ennemi. "Appelez-le", dit Chakotay. "Il y a cent drones sur ce vaisseau. Il va avoir besoin d'aide."
"Ce ne sera pas utile, Capitaine", dit Tuvok. "Il est passé en mode camouflage."
"Quoi ?" Le Logan est parti de l'écran. "Merde ! Grant !"
"Cela empire", dit Lang. "D'autres renforts de Rotor viennent juste d'arriver... Et deux d'entre eux sont en train de poursuivre la navette d'Harry."
"Rappelez-le ! Il n'a aucune chance contre eux."
"Le Mayweather ne répond pas", dit Tuvok. "Il se bat déjà contre l'un des cubes."
"Merde !" Chakotay se tourna vers Young. "Suivez-le. La flotte peut vivre sans nous pendant quelques minutes."
"Désolée, je ne peux pas le faire, Capt'aine", répondit-elle .
Chakotay était confus. "Quoi ?"
"Je dis que je ne peux pas le faire. Nous devons faire quelque chose d'autre."
La console de Tuvok émit des signaux sonores. Il leva les deux sourcils. "Capitaine, le Lieutenant Young a verrouillé toutes les commandes de la passerelle avec des codes de sécurité de niveau treize."
Chakotay comprit immédiatement Tuvok. Cela n'aurait pas dû être possible. Seuls les amiraux de rang le plus élevé avaient ces codes. "Shari, que diable fais-tu ?" cria-t-il.
"Je suis désolée, gars. Je le suis vraiment. Tu sais que je t'aime. Mais nous devons faire quelque chose de plus important maintenant."
Chakotay inclina la tête vers Tuvok qui pointa immédiatement son phaseur et tira. Le laser rebondit sur un champ de force au milieu du pont. "Je ne peux pas le pénétrer", comprit Tuvok. "Il est relié à l'intégrité structurelle du pont."
"Autrement dit", dit Chakotay d'un air piteux, "il ne s'effondrera pas à moins que nous ne soyons tous déjà morts."
Le Vulcain inclina la tête. Chakotay et lui ne pouvaient qu'observer le lieutenant Young emmener le Voyager directement sur le cube de Rotor.
***
Le Mayweather fut ébranlé par les impacts répétés. J'ai eu peur, pensa Harry. La nouvelle navette a un potentiel de défense impressionnant, mais contre deux cubes ? Cela n'allait pas suffire.
Une autre explosion balança la cabine. Kim courut à l'arrière pour passer une combinaison. Il venait d'attacher le casque quand sa navette explosa.
***
"Shari", dit Chakotay, se forçant à rester calme, "Parle-moi. Explique-moi ce que tu fais."
"Une approche mielleuse ne t'aidera pas beaucoup, glousseur", dit-elle . "Je sais que tu est furieux comme un porc-épic. Mais si tu veux que je t'explique, pourquoi pas ? Nous allons effectuer un abordage."
"Pourquoi ?"
"Tu vois ce cube ?", dit-elle, indiquant le vaisseau de Rotor. "On peut pas être le faire sauter. Regarde ce que toute ta bonne flotte a réussi à faire contre lui. Ils n'ont pas même entaillé le dronanium ou quelque soit son nom. Il faut quelque chose de spécial pour détruire le cube avec ce Rotor dedans."
"Et que faudrait-il ?"
Young désigna un endroit à côté de Chakotay. La réplique holographique d'Oz apparut. "Comment suis-je arr...? Euh, Capitaine", dit-il. "Je ne sais pas pourquoi, mais tous mes secteurs du vaisseau commencent à être en surchauffe. Dans quelques minutes, ils vont produire une explosion qui se répercutera dans une zone d'environ neuf secteurs."
"Merci, Zym", dit Young. "C'est le scoop, les gars. Accrochez-vous bien, nous allons mettre un terme à l'existence de Rotor."
Chakotay se serait presque jeté contre le champ de force, mais le sang-froid qu'il avait pratiqué toute sa vie l'en empêcha. "Laisse-moi lancer une évacuation", dit-il. "Il n'y a aucune raison pour que nous mourrions tous là-dedans."
Young haussa les épaules. "C'est vrai, je crois. Mais moi, je préfère cette fin-là."
Aucun raisonnement n'était possible avec elle. Chakotay fouillait désespérément dans son esprit à la recherche d'une solution, quelle qu'elle soit, pour dissuader Young d'accomplir son plan. Mais c'était trop tard. Le courant de glisse était chaud et le Voyager commença sa folle poursuite du cube de Ankin.
***
"Il est à bord", dit Seven. "La navette a été détruite."
"Lancez d'autres torpilles. Voyez si vous pouvez diriger ces cubes l'un contre l'autre. Ensuite, foncez à l'arrière pour l'accueillir." Janeway sourit à son ami.
Quelques commandes très, très rapides plus tard, Seven était dans la section arrière du Flyer. "Etes-vous endommagé ?" demanda-t-elle à Harry.
"Endommagé ?" dit-il. "Seven, as-tu de nouveau été en contact avec d'autres Borgs ?"
Elle l'attira dans ses bras. "Oui. Mais je te faisais juste marcher."
Harry sourit. "Ho là. Sers-moi un peu plus fort et j'en perdrais ma respiration."
"J'ai eu si peur de te perdre", dit-elle. "Nous avons détecté ta navette et le laps de temps entre l'impact et la téléportation fut si bref...."
"J'étais inquiet pour toi aussi", répondit Harry, en l'embrassant. "Je t'aime."
En réponse, Seven se pencha vers lui et embrassa... Son casque. Elle recula, se sentant un peu idiote. "Tu es enfermé", dit-elle.
"Je peux m'en charger", dit-il. "Le Capitaine n'a pas besoin de toi en haut ?"
Seven se détourna à contrecoeur de Kim et retourna dans la section avant.
***
Korok ouvrit avec force une bouteille de sanguine dont personne ne pouvait expliquer l'origine. Les célébrations étaient sur le point de commencer.
Le portail était ouvert.
Un à un, les vaisseaux du Complexe y disparaissaient. Korok et Axum les regardaient partir. Eux partiraient les derniers. Tout ce dont ils avaient besoin, c'était que le Constructif soit retenu pendant encore cinq minutes.
Et cela devrait être possible. Mais le Voyager pourchassait le cube de Rotor, le Delta Flyer était dépassé en nombre et le reste de la flotte essuyait un feu nourri. L'équilibre de la situation était sur le fil du rasoir. Un tant soit peu de poids d'un côté ou de l'autre et tout basculerait.
Même une simple navette.
***
"Hé, Capitaine", dit une voix par le communicateur de Chakotay. "Qu'est-ce que c'est que cette trajectoire de collision ?"
"Tom !" cria Chakotay. "Qu'est-ce qui vous a pris si longtemps ?"
"Une de vos balises de transdistorsion avait été désactivée par quelques débris. J'ai dû m'arrêter pour la refaire fonctionner."
"Tom, nous avons besoin d'aide. Je n'ai pas le temps de vous expliquer. Stoppez cette trajectoire de collision. Je me soucie guère du moyen que vous utiliserez."
Chakotay pouvait pratiquement entendre le sourire de Tom. "Carte blanche, hein ? Vous le regretterez. Paris, terminé."
Chakotay se tourna vers Oz. "Vous ne pouvez pas l'éjecter de vos systèmes ?"
"Honnêtement, Capitaine. Que croyez-vous que j'essaye de faire ?"
"Mais vous restez là debout à côt... Ne faites pas attention. Vous arrivez à quelque chose ?"
"Je suis toujours là, gamin", dit Young avec un rire.
"Je sais. Oz ?"
"Je fait des progrès", dit l'hologramme. "Mais il va me falloir un peu plus de temps pour la débusquer. Une telle tâche exige des trillions de calculs."
Chakotay fronça les sourcils. "Combien de temps vous faut-il ?"
"Une minute", dit Oz pince-sans-rire.
Sur l'écran, Chakotay observait le cube de Rotor grandir de plus en plus. Soudain, une navette apparut, arrivant à tout vitesse par tribord. "Paris à Chakotay. J'ai un plan. Vous allez le détester."
"Je n'en doute pas un instant", répondit Chakotay.
"Dites à un de vos petits génies de téléportation de Starfleet de verrouiller un rayon sur moi."
"Oh, au nom du ciel, Paris, nous venons juste d'avoir cette navette !"
"Regardez qui parle. Paris, terminé."
La navette commença à accélérer. "Chakotay à salle de téléportation numéro deux. Verrouillez sur M. Paris Et téléportez-le à mon signal."
"Compris."
Chakotay observa la navette maintenant tout près. "Pas encore...", murmura-t-il. Un hurlement se fit entendre à travers son communicateur. "Je ne sais pas ce que vous attendez mais MAINTENANT SERAIT UN BON MOMENT !"
Chakotay roula des yeux. "Salle de téléportation deux, énergie."
Moins de deux secondes plus tard, l'écran s'emplit d'une brillante lumière bleue. "La navette a explosé", dit Tuvok. "Vue la taille de l'explosion, il est clair que Monsieur Paris a armé chacune des torpilles de la navette avant l'impact."
"C'était une des nouvelles navettes", dit Lang. "Elle avait des torpilles à plasma. Beaucoup."
Chakotay se tourna vers Tuvok. "Faites le calcul. De combien cela a-t-il dévié la trajectoire du cube ?"
Le Vulcain ne toucha pas sa console. "Il atteindra maintenant le point de collision environ quatre point deux secondes plus tard."
Il y eut une acclamation de la part des membres d'équipage de passerelle. Chakotay regardait fixement la tête de Young . Pourquoi n'a-t-elle rien dit ? se demanda-t-il.
Le Voyager s'écarta de la trajectoire du cube. Au même moment, Oz se redressa. "Succès, Comm... Capitaine."
Chakotay lui lança un regard méchant. "Vous faites cette erreur exprès."
"Monsieur Paris m'a parlé avant de partir. De toute façon, la prise de contrôle du Lieutenant Young de mes systèmes est maintenant terminée. Je travaille actuellement à la sortir de vos systèmes Starfleet. Par exemple..."
Le champ de force vacilla. Chakotay se précipita immédiatement et fit tourner la chaise de Young. Elle regardait fixement en avant comme si elle était en transe. "Pas supposé arriver", dit-elle. "Nous allions... Nous étions..."
Chakotay fronça tristement les sourcils. "Elle est catatonique. Tuvok, baissez votre..."
Young lui donna une tape. "Je ne suis pas catatonique, idiot ! Vous avez tout foutu en l'air ! Avez-vous la moindre idée de ce que vous venez de faire ? Nous allions l'arrêter! Il n'y avait qu'une seule façon de le faire et nous allions le faire !"
"Nous trouverons un autre moyen", dit Chakotay, saisissant son poignet. "J'ai eu confiance en toi, Shari. Je t'ai donné une deuxième chance." Il détourna la tête. "Tu mentais depuis le début."
"Pas vrai", dit-elle. "Je mentais pas en disant vouloir aider. J'étais juste prête à aller plus loin que vous pour réussir. Les gens comme vous ont besoin de gens comme moi."
"Peut-être", dit Chakotay tranquillement. "Mais je n'ai pas besoin de toi." Il la libéra et fit signe aux officiers chargés de la sécurité qui se tenaient debout près des portes de l'ascenseur. "Conduisez-la au cachot", dit-il. "Oz, les contrôles de navigation sont-ils toujours en marche ?"
"Tout à fait. Je pourrais vous faire faire plusieurs grands huit tout de suite si vous..."
"Ne le faites pas. Chakotay à Paris, si vous n'êtes pas trop fatigué, venez ici. Nous avons besoin d'un pilote."
A ce moment même, Young s'éloigna des officiers chargés de la sécurité. En se rappelant soudainement la capture récente des agents secrets de la Section 31, Chakotay lui courut après et plaqua Young. Il s'enroula autour d'elle, lui ouvrit sa bouche et saisit sa langue.
Les expressions des officiers chargés de la sécurité étaient indescriptibles, mais Chakotay tint bon. Young tenta de se débattre, mais finit par céder. Elle leva les yeux vers Chakotay. "Ce n'est pas la bonne méthode", lui dit-il fermement. "Un jour, vous aurez peut-être une troisième chance. Peut-être, un jour lointain, serai-je même celui qui vous la donnera. Mais si vous vous tuez maintenant, cela n'arrivera jamais."
Elle inclina la tête et il la libéra. Elle retira sa langue. Alors, sans avertissement, elle eut un sursaut, saisit sa tête des deux côtés et l'embrassa.
Formés pour réagir aux mouvements soudains, les officiers chargés de la sécurité tirèrent immédiatement. Young se recula de Chakotay et chuchota avec un sourire lugubre, "Ca a été drôle". Elle s'effondra par terre.
***
Le dernier des vaisseaux du Complexe venait de passer le portail. Seuls restaient Korok et Axum, chacun sur son propre vaisseau. "Il est temps d'y aller, vieil ami", dit Axum. "On se voit de l'autre côté ?"
"J'y serai", sourit le Klingon. "Et de nouveau à Sto'vo'kor. Nous lutterons pour les ennemis de l'Empire côte à côte, toi et moi. Batailles dignes de boisson et chanson!"
"Passes le portail", dit Axum, gloussant. "Sto'vo'kor peut attendre."
Le vaisseau du capitaine Klingon passa. Axum jeta un dernier regard à travers les fenêtres de son octaèdre. Puis il activa les moteurs et disparut par le portail, en route vers quoi qu'il se trouvait au-delà. La dernière chose qu'il détecta dans l'univers du Voyager fut la signature de distorsion d'un vaisseau de Starfleet entrant très rapidement dans le secteur.
***
La flotte avait finalement regagné l'avantage sur l'ennemi. Il avait fallu longtemps pour surmonter l'avantage de la surprise du Constructif, mais l'avantage de l'Alliance en nombre s'avérait être le facteur décisif.
A bord de son cube, Rotor regarda autour de lui. Tous ses prisonniers étaient partis. Sa flotte perdait. Axum était parti, s'il avait jamais été là. Il avait été incapable d'arrêter le Complexe à temps. Ils étaient partis pour de bon, vers un endroit où il ne pouvait pas se rendre. Et son cube était pratiquement détruit par ces lunatiques du Voyager.
C'était un désastre complet, complet.
Cela ne le dérangeait pas.
Rotor emmena son cube dans le tunnel de transdistorsion. Il y aurait une autre fois. Le plan continuerait . L'histoire de l'univers se dirigeait toujours vers sa conclusion.
Et juste avant d'arriver à cette conclusion, décida Rotor, il appellerait Catherine Janeway depuis longtemps assimilée, son esprit écrasé et défait, et il la tuerait de ses propres mains.
***
"Les cubes reculent, Capitaine", dit Seven, clairement étonnée.
"Les deux ?" demanda Kim, sur son chemin de retour depuis le compartiment après être sorti de sa combinaison. "Les avons-nous endommagés à ce point ?"
"Je ne le crois pas. Ils étaient toujours les gagnants les plus probables de cette bataille."
Janeway sourit. "La flotte doit avoir fait son travail. Allons les rejoindre."
***
Chakotay se tourna vers Tuvok. Le Constructif reculait finalement, mais quelque chose lui disait que ce n'était pas fini. "Scannez le secteur", dit-il. " Rayons à tachyon, champs magnétiques, quoi que vous trouviez. Je veux trouver Grant."
Oz apparut de nouveau, faisant face à Chakotay. "En réalité, ce ne sera pas un problème. Les camouflages de phase sont très efficaces sur vos détecteurs, mais..."
Chakotay agita une main. "J'ai compris. Vous êtes les meilleurs. Alors contentez-vous de trouver ce vaisseau."
"C'est fait", dit l'hologramme, un peu fâché par l'interruption. Il inclina la tête vers l'écran et le Logan apparut, surligné d'un brun Sernaix.
"Ouvrez un canal, audio seulement", dit Chakotay, non intéressé par l'observation du visage de Grant. Tuvok inclina la tête. "Voyager à Carl Grant. Nous connaissons votre emplacement et votre destination. Que faites-vous ?"
"Si vous connaissez mon emplacement et ma destination", dit Grant, "Vous savez ce que je fais."
"J'ai peur que non. Vous vous dirigez vers le secteur dans lequel ces vaisseaux Borgs ont disparu, mais je ne sais pas pourquoi."
"J'ai suivi leurs communications entre vaisseaux", répondit-il. "Il semble que ces vaisseaux allaient vers un autre univers."
"Je vois", dit Chakotay, peu sûr de le croire. "Que cherhez-vous ?"
Grant rit. "J'ai une centaine de drones coincés sur le pont inférieur, Chakotay. Ils sont sous le contrôle de Rotor dans cet univers. Si je peux les mettre hors de portée, ils seront libres de nouveau."
"Vous ne devez pas faire ça. Nous avons libéré Seven. Il y a toutes les chances que nous puissions faire de même pour eux."
"Désolé, Capitaine. Je ne désire pas prendre ce risque. Ce portail ne sera plus ouvert bien longtemps. "Il fit une pause. "Tout cela n'a été que pour eux, vous savez. Depuis que le Logan a été capturé, je n'ai eu aucun autre but que de récupérer mon équipage."
"Comme c'est noble", dit Chakotay. "Je suis sûr que vous étiez complètement désintéressé par l'enlèvement d'un homme innocent et le laisser se faire assimiler. Barclay nous a mis dans la confidence."
Grant rit de nouveau. "Je sais que vous ne me croyez pas. J'ai juste voulu que vous sachiez que je suis désolé, vraiment désolé, pour les choses que j'ai faites. C'est ma chance de le compenser. Je peux sauver mon équipage. Je leur ai fait faux bond et maintenant, je peux me faire pardonner."
L'homme fit une pause. "Dites au revoir à Shari pour moi, d'accord ?"
Sur ce, la transmission fut coupée. Le Logan disparut rapidement dans le portail. L'écran du Voyager resta focalisé sur le secteur jusqu'à ce que le portail se réduise finalement à rien. La machine du monde des Borgs avait rempli ses deux fonctions et s'autodétruisit immédiatement. La planète ne fut plus qu'un nuage de débris volants, et puis plus rien.
***
Journal de bord du Capitaine, date stellaire 56707.4. Catherine Janeway, reprise du journal. C'est bon d'être de retour sur le Voyager, bien qu'il semble que tout se soit bien déroulé sans moi. Chakotay a été rétabli au rang de Commandeur, pour son soulagement infini, et Seven a quitté son uniforme de Starfleet à temps pour éviter les regards ennuyés et fixes de Tuvok. Neelix est reparti dans sa famille, Alixia est complètement rétablie et les autres victimes de l'attaque de Rotor se remettent. B'Elanna et Oz travaillent dur à la reconstitution de la personnalité du Docteur, mais ils m'ont avertie que cette expérience va probablement avoir un effet traumatisant sur lui. Le seul qui semble avoir traversé cet épreuve en restant indemne est Monsieur Paris, déjà reparti faire des paris sur le temps qui s'écoulera avant qu'une de nos nouvelles navettes ne soit détruite. Je pense que je vais le garder de corvée de nettoyage pour quelque temps encore, des fois qu'il lui vienne des idées de hâter le résultat.
Le Complexe Borg Libre a achevé son émigration de cet univers. Le portail a été si bien scellé qu'Axum est confiant sur le fait qu'Ankin Rotor ne trouvera jamais une autre voie. Malheureusement, cela signifie qu'il est très peu probable que nous recevions un jour des nouvelles de lui ou de n'importe lequel de ses citoyens. Mais il a cru que c'était pour le mieux et je suppose qu'il s'y connaît mieux que nous. J'ai déjà été Borg, mais pas de la même façon de ses gens. Cette expérience hantera chacun d'entre eux jusqu'à la fin de leurs jours. J'espère qu'ils pourront trouver un peu de paix là où ils sont partis.
Les réparations continuent, sur le Voyager et les autres vaisseaux de la flotte. L'Alliance du Quadrant Delta temporairement réassemblée a l'intention de se séparer de nouveau quand tout sera fini, mais je vais suggérer qu'ils reconsidèrent leur décision. Si mes missions m'ont appris quelque chose, c'est que l'union fait la force. Cette alliance pourrait être la première pierre à la construction d'un meilleur avenir pour le Quadrant Delta. Mais d'abord, nous devons nous assurer que nous avons vraiment un avenir. Si nous laissons Ankin Rotor avoir droit au chapitre, ce ne sera pas le cas. Mais j'ai l'intention de m'assurer qu'il n'aura rien à dire à ce propos... Ou toute autre chose... Pour le restant de son existence tordue.
***
"Ils ne pouvaient pas rester dans cette galaxie", expliqua Seven. "Il y avait trop de raisons pour que les races non assimilées les craignent ou doutent d'eux, particulièrement après que le Constructif se soit détaché. Ils n'avaient aucun espoir de vivre une vie paisible ici."
Autour de la table, les autres officiers supérieurs écoutaient l'histoire de Seven. Elle leur avait déjà parlé du message d'Axum qui les avaient menées, elle et Janeway, sur cette mission. "Alors où sont-ils allés ?" demanda Paris.
"La planète Sulor a été découverte par le Collectif dans une dimension parallèle, il y a environ vingt ans", répondit-elle. "Plus exactement, les Suloriens les ont contactés. Ils espéraient entrer en contact avec une race étrangère pacifique pour une entente mutuelle. Ils ont mal choisi. Leur race entière a été assimilée."
"Et c'est de là que vient Rotor ?" demanda Chakotay.
Seven inclina la tête. "Rotor, Pavriqur et des millions d'autres. Tous les drones Suloriens se sont avérés posséder une défaillance qui leur permettait de transmettre la conscience d'un drone dans l'Unimatrice Zéro pendant leurs cycles de régénération. Puis Rotor et Pavriqur ont été libérés quand la Reine et l'Unicomplexe furent détruits. Pavriqur fonda le Constructif. Rotor l'a piégé et l'a utilisé pour réaliser ses propres desseins."
"Et il ne peut pas les suivre dans la dimension de Sulor ?" demanda B'Elanna.
"Non. Axum n'a pas été généreux sur les détails, mais lui et Korok ont fait des recherches poussées sur la question et sont convaincus que la fermeture de leur portail envoie des échos à travers le chemin entre les dimensions, effaçant le lien entre la dimension de Sulor et la nôtre. Aucune connexion simple ne sera possible dans l'avenir."
"Cela doit agacer Rotor", dit Paris. "Tous ces drones qu'il aurait pu utiliser, partis pour toujours."
"Et Grant ?" demanda Janeway.
L'expression de Chakotay devint étrange, entre le sourire et le froncement de sourcils. "Grant a fait de lui-même un martyr", dit-il. "Il a sauvé son équipage uniquement pour les bloquer dans une dimension plus éloignée de la Terre que le Quadrant Delta ne l'était. Il pense qu'il vous ressemble, Catherine, en se sacrifiant pour le bonheur des autres. Ce qu'il veut vraiment, c'est être un héros. Et pour le peu de bien qu'il a fait à son équipage, il en est un maintenant."
Janeway sourit. "Peut-être ne devrions-nous pas le traiter si durement. Après tout, il ne pouvait avoir choisi une meilleure place pour emmener son équipage. Ils seront entourés par des gens qui savent exactement par quoi ils passent. C'est mieux que d'être sous le contrôle de Rotor, ans tous les cas."
"Je ne sais pas. Je ne pense pas que nous devrions lui offrir cette petite courtoisie. C'était un monstre, qu'il soit ou non un héros."
"Je n- ne l'appellerais certainement pas un héros", murmura Barclay. "Il m'a menti pendant des jours aussi facilement que vous ou moi bav-bavardons du dernier résultat des paris de Paris."
Chakotay fronça les sourcils, perdu dans de sombres pensées. Janeway posa une main sur son épaule. Elle savait que quelqu'un d'autre avait été capable de cela. "ça va", dit-elle, "La réunion est terminée. Que chacun retourne à son poste. Nous avons eu de jolies vacances, mais il est temps de retourner travailler."
Avec quelques gémissements, l'équipe, à part Chakotay, se leva et sortit de la salle de conférence. Quand ils furent partis, Janeway mit ses deux bras autour de son premier officier et le serra contre elle. "Tu n'as pas passé une bonne semaine, n'est-ce pas, Chakotay ?"
"Ca ira", dit-il en la serrant. "Rien d'autre que je n'ai déjà surmonté au fil des ans."
Janeway sourit. "Toi et la culpabilité êtes des amis plus vieux que toi et moi ne le seront jamais. Tu as compensé les choses que tu avais faites. Tu ne méritais pas d'être trahi."
"Peut-être que non. Mais j'aurais au moins dû sentir cela arriver plus tôt. Je l'ai vraiment fait, tu sais. J'ai fait le pas d'avoir confiance en Young. Elle était si enthousiaste, si... Sincère. J'ai tant voulu croire qu'elle avait vraiment changé."
"Je comprends", dit Janeway. "J'a eu de la chance, j'ai mis ma foi en quelqu'un qui le méritait. Tout le monde n'a pas cette chance."
Il y eut une pause. Janeway sortit une tablette de données de la pile devant elle et la lui remit. "Je ne sais pas si cela t'aidera, Chakotay. J'espère que oui. B'Elanna et Harry ont réussi à le récupérer du journal des communications de sa navette. Ca leur a pris jusqu'à maintenant pour décoder les informations."
Curieux, Chakotay prit la tablette de données et ouvrit le message. Le visage de l'Amiral Warhol apparut. "Lieutenant Young. J'étais heureux de recevoir votre message. Le destin du Logan m'a inquiété pendant quelque temps. Je suis désolé d'entendre dire que vous êtes la seule survivante, et je suis fier que vous vous en soyez sortie. Vous êtes un bon officier et c'est pourquoi je vous confie cette mission."
L'amiral pressa quelques boutons sur sa console. "Je vous ransmets l'emplacement de l'U.S.S. Voyager, avec quelques codes pour briser les sécurités dont vous aurez besoin pour accomplir la mission. Les détails de ce que j'ai besoin que vous fassiez sont inclus avec ce message. Nous n'avons qu'une seule chance de battre Rotor Ankin. Vous êtes la seule sur qui je peux compter.
"Vous trouverez l'équipage du Voyager têtu et suffisant. Gagnez leur confiance. Vous avez travaillé avec Chakotay auparavant, il devrait être votre cible principale. Concentrez-vous sur lui. C'est un homme bon, un peu circonvenu et s'il croit que vous voulez l'aider, il prendra votre défense face à Janeway. Quant à elle, essayez de limiter vos contacts. Il en va de même pour son chef de la sécurité. On ne peut pas faire confiance à ces deux-là. "Je vous recontacterai de nouveau dès que je le pourrai. J'ai échappé à la garde de la Fédération et trouvé refuge dans le système Torias. J'ai peur de ne pas pouvoir vous donner plus d'informations que cela. Ankin Rotor m'a laissé en vie jusqu'ici à cause d'une connexion mentale qu'il m'a imposée, mais je crois que mon utilité a pris fin. Il est donc impératif qu'il ne sache pas où je suis. J'ai réussi à briser la liaison grâce à la technologie laissée par la Section 31. Je ne sais pas quand je serai capable de quitter ce secteur, mais jusque-là, je devrais être en sécurité.
"Restez en contact. Bonne chance." La transmission se termina.
Tranquillement, Chakotay rendit la tablette de données à Janeway. Ils se regardèrent dans les yeux pendant quelques instants, puis il quitta la salle de réunion sans un mot.
"Il s'en remettra", dit une voix familière. "Ce sera plus facile pour lui une fois que toutes ces personnes auront quitté le vaisseau, le Lieutenant Young en particulier. Où va-t-elle, d'ailleurs ?"
Janeway se tourna vers Oz et le vit, à son grand plaisir, un café noir à la main. Elle le prit avec reconnaissance. "Young", dit-elle. "Elle sera traduite en justice pour ses crimes. J'imagine qu'elle finira en Nouvelle-Zélande, à casser des cailloux en attendant la venue d'un capitaine bien intentionné."
Oz sourit. "Et Monsieur Barclay retournera sur Terre, j'imagine."
"Oh, oui. C'est merveilleux de l'avoir ici en visite, mais il doit retourner à sa vie."
"Comme Neelix. Camarade intéressant, je dois dire, mais lui et Monsieur Chell ne peuvent absolument pas se trouver sur le même pont."
Janeway sourit. "Ils surmonteront ce problème. C'est juste un de ces conflits idiots qui arrivent quand deux personnes se battent pour une même position."
"Ils pourraient prendre exemple sur vous et Monsieur Chakotay. Je n'ai jamais vu un homme si désireux de se rétrograder."
Janeway rit à cela, mais son expression devint sérieuse. "Ce que vous m'avez dit sur la technologie Sernaix que possède Rotor... Pensez-vous que nous puissions nous en servir ?"
"Très certainement", répondit-il. "Comme Starfleet, il a décidé d'incorporer quelque chose dont il ne peut vraiment pas comprendre la conception. Il n'a pas été aussi chanceux que vous."
Chakotay et moi. Chakotay et Young. Notre technologie et celle des Sernaix. Les parallèles filaient dans la tête de Janeway. "Cette mission a été longue, très longue, mon ami", dit-elle . "Je serai heureuse lorsque ce sera fini."
"Et c'est peut-être pour bientôt. Mais ce ne sera pas facile."
Janeway fronça les sourcils. "Il faut que tout cela cesse, maintenant. Rotor a causé assez de douleur. J'ai juré que je l'arrêterais."
"S'il y a bien une chose que vous êtes, Capitaine", dit Oz avec un sourire, "c'est une femme de promesse."
L'hologramme disparut. Janeway regarda les étoiles au dehors pendant un long moment, tenant son café et ressassant les complexes questions de l'existence. Un jour... Un jour, elle aurait toutes les réponses.
Mais pas aujourd'hui.
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Ecrit par: Zeke
version française: Delphine
Producteurs: SaRa, MaquisKat et Coral
Remerciements aux différents correcteurs: Kira (version originale), Laurent (version française).