Star Trek Voyager
Saison Virtuelle 9
9.28 Deuxième étoile à droite II: Nouvelle vie
Dernière mise à jour :19 decembre 2003
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9.28 couverture 'Deuxième étoile à droite II: Nouvelle vie'
NOUVEAU: Couverture en français
Episode 9.28 - DEUXIÈME ÉTOILE À DROITE II: NOUVELLE VIE
Par: Tammy \"MaquisKat\" Morrison et Holly \"Thinkey\" Simon (maquiskat@maquisrebel.com)
Version française: Laurent (stvoyager@free.fr)

Note: Star Trek: Voyager, personnages et autres produits dérivés sont des marques déposées de Paramount Pictures. Aucune infraction aux droits d'auteurs de Paramount voulue. La Saison 8 virtuelle de Voyager (Voyager Virtual Season 8, VS8) est une entreprise à but non lucrative. L'histoire est propriété de son auteur. Pas de reproduction sans sa permission.

"Tout en vient finalement à cela..."
 
"C'est l'heure." Assise sur le sofa, Catherine se regardait dans le miroir. Chakotay et elle étaient en train de mettre leurs affaires en boîte.
Chakotay fronça les sourcils. "L'heure de quoi, Catherine ?"
"L'heure d'arrêter." Catherine se retourna et le regarda dans les yeux. "J'ai besoin de faire autre chose... N'importe quoi d'autre."
Chakotay soupira. "Tu es restée trop longtemps en contact avec Oz et les Ayreths, Catherine, tu te répètes." Voyant son expression sérieuse, son visage changea et il l'attira sur le lit. "Je t'écoute."
"J'ai suivi toute la carrière d'Harry, Chakotay, du début à la fin. Il a vécu sa vie entière d'adulte devant mes yeux, comme dans les vieux films de Tom." Elle fit une pause, essayant de trouver la bonne manière de lui expliquer, sachant que cela ressemblait à une réaction classique face à la mort d'un ami proche. "Ce n'est pas seulement la mort d'Harry, c'est plus que cela. Sa mort remet tout le reste en question." Elle s'adossa contre les coussins, le corps fatigué. "Je ne veux plus être Capitaine, Chakotay. Je suis restée dans l'Espace trop longtemps..." Devant son expression incrédule, elle sourit. "Cela ne signifie pas que je ne veuille plus y retourner occasionnellement, mais je ne veux simplement plus y vivre ma vie."
"Tu sais, tu ne devrais pas prendre ce genre de décision en ce moment, alors que tout est encore frais..." Chakotay prit sa main et la tint dans la sienne, la serrant doucement en réfléchissant à ses paroles et aux ramifications qui en découlaient.
Catherine secoua la tête. "Non, Chakotay, c'est précisément pour cela que je dois prendre cette décision maintenant. Tu me connais, donne-moi assez de temps et je finirai par me convaincre de retourner là-bas parce que c'est mon devoir." Elle se redressa et caressa doucement son visage. " J'ai besoin de prendre cette décision maintenant, pendant que je suis encore assez choquée pour penser à moi."
Cela coupa court à tous les arguments que Chakotay était sur le point de rassembler. Il laissa Catherine poursuivre dans un silence interrogatif. "Je veux pouvoir emmener Amélia en promenade dans un parc qui ne soit pas holographique. Je veux aller jouer au billard chez Sandrine pour de vrai, à Marseille. Je veux pouvoir t'emmener au Bloomington County Fair pour faire un tour à cheval. Je veux enseigner. Je veux faire de la recherche. Je veux aider à construire des vaisseaux." Elle s'arrêta et le regarda intensément dans les yeux. "Je veux avoir une famille, avant d'être trop vieille pour supporter tout le cycle des douleurs moi-même. Je veux avoir des souvenirs de quelque chose d'autre que les hurlements d'ordres et les victoires sur des ennemis lorsque viendront mes vieux jours."
Elle se leva et regarda à l'extérieur par la baie une dernière fois, croisant les bras sur sa poitrine. "Je veux me prouver à moi-même que Catherine Janeway est plus qu'un simple Capitaine de vaisseau."
Chakotay vint se placer derrière elle et entoura sa taille de ses bras. "Catherine Janeway n'a jamais été simple en quoi que ce soit de toute sa vie..." Il se pencha et l'embrassa doucement sur les cheveux. "... Et j'ai appris que lorsque Catherine Janeway veut quelque chose, que les Esprits Célestes viennent en aide à quiconque essaye de l'en arrêter. Alors toute la question revient à savoir comment tu vas l'annoncer au Commandement de Starfleet ?"
"Je n'ai pas dit que je démissionnais, Chakotay." Catherine se retourna dans ses bras et leva la tête, le sourire aux lèvres. "Je vais leur donner exactement ce qu'ils désirent."
 
***
 
L'Amiral Ross leva la tête de son bureau, puis se leva pour accueillir son visiteur. "Capitaine Janeway, je suis heureux de vous revoir."
"Moi aussi, Amiral." Elle prit sa main et la secoua chaleureusement. Il lui fit signe de prendre un siège et alla jusqu'au réplicateur. "Café ?"
Catherine sourit et secoua la tête. "Thé à la camomille, s'il vous plaît..." A l'expression surprise de Ross, elle ajouta. "J'ai promis à Chakotay de limiter la dose." Un petit sourire se dessina sur ses lèvres. "Au moins, je ne suis pas obligée d'arrêter complètement."
"J'ai quelque peu l'impression qu'il a eu du mal à vous imposer cette promesse", commenta Ross en lui tendant sa tasse.
Sirotant lentement son thé, elle arqua un sourcil à l'intention de son hôte. "Vous seriez surpris."
Ross soupira légèrement en se rasseyant dans son fauteuil. "Alors qu'est-ce qui vous amène aujourd'hui ?"
Janeway posa sa tasse sur le bureau et se pencha en avant. "J'ai vu les plans pour le mémorial du Voyager. Si c'est encore possible, j'aimerais prendre la charge de ce projet."
Leurs regards se croisèrent et Ross acquiesça doucement. "C'est un projet de longue haleine et vous le savez, Catherine." Il se retourna un moment, réfléchissant à sa requête. "Le niveau d'exposition aux médias de ce projet implique que tout soit pensé et repensé, vérifié et vérifié encore. De plus, votre célèbre équipage et vous méritez une nouvelle permission après ce que vous avez accompli."
Janeway se leva, sans quitter un instant Ross des yeux. "Je peux vous garantir qu'aucun des membres de mon équipage d'origine ne s'éloignera de San Fransisco avant le jour d'inauguration de ce mémorial, Amiral. Je prendrai ma permission une fois le projet terminé, que j'en sois à la tête ou non." Elle fit une pause, le laissant ruminer ces paroles avant de continuer. "De plus, je ne demanderai pas la charge d'un projet de longue haleine si je n'étais pas intéressée par l'endurance."
Ross fit pivoter son fauteuil et leva la tête vers Janeway, cherchant pendant un moment à déchiffrer son expression.
"J'espère qu'il n'est pas trop tard pour reconsidérer cette offre de promotion, Amiral."
 
***
Des mois passèrent.
Schmullus s'activait dans l'Infirmerie autour de Catherine couchée sur le lit médical. Il maugréait comme à son habitude dans sa barbe. Pour le moment, il se plaignait que personne ne laissait jamais les choses où elles étaient sensées se trouver. Après un moment, il finit par balader le scanner au dessus d'elle, consultant les résultats qui apparaissaient sur son tricordeur.
"Vous devez réduire votre dose quotidienne de caféine." Il la dévisagea tandis qu'elle se rasseyait sur le lit médical.
Catherine acquiesça doucement en rajustant son nouvel uniforme, lissant la ligne dorée qui courait le long de son torse. "Je l'ai promis à Chakotay."
"Plus de repos et moins de stress..." Le Docteur formula sa plainte suivante sans même reprendre son souffle.
Elle sauta du lit médical et se cala les mains sur les hanches. "Je sais, Docteur. Chakotay et moi partons en vacances dès la sortie du bureau ce soir."
"Pas seulement en ce moment, Amirale." Schmullus croisa son regard. "Vous et moi connaissons tous deux les rigueurs du Commandement, même ici à Starfleet. Vous servez sous leurs ordres depuis assez longtemps. Faites votre devoir, mais retournez à la maison le soir. En tant que votre Docteur, je m'inquiète pour votre santé... En tant qu'ami, je m'inquiète de vous."
Elle lui adressa un sourire en coin, puis attira le Docteur pour une étreinte serrée. "Je vous le promets, Schmullus."
"Alors d'accord." Le Docteur se retourna et commença à préparer une seringue hypodermique.
Les yeux de Janeway s'élargirent subrepticement. "Alors je peux..."
Le Docteur soupira. "Vous êtes en parfaite condition physique pour une femme de cinquante ans, Amirale, en dépit de ces inquiétudes. Aussi longtemps que vous suivrez mes recommandations, je ne vois aucune raison de vous en empêcher." Avec le geste précis d'une longue habitude, il fit l'injection à Janeway et secoua légèrement la tête en signe d'amusement.
Catherine prit une longue inspiration en sentant une partie de la tension qu'elle avait supportée disparaître. Le Docteur posa l'instrument sur le côté et regarda autour de lui dans l'infirmerie, sentimentalement. "C'était un bon vaisseau et il nous a ramené chez nous."
"Je préfère ce bureau-ci." Le Docteur regarda longuement son ancien fauteuil. "Il était plus confortable que celui du Voyager-A."
"Je sais..." répondit simplement Catherine. "Pourquoi croyez-vous que je voulais faire cet examen ici ? Ce Voyager était le vôtre d'une manière que le Voyager-A ne pourra jamais être. C'était votre maison... Une partie de votre famille. La cérémonie d'aujourd'hui m'a donné une bonne raison de fermer le musée pendant quelques heures. Ainsi, nous avons pu le récupérer pour nous pour un moment."
Les deux amis demeurèrent silencieux pendant un moment, puis Janeway alla jusqu'aux portes. "Nous avons un mémorial à inaugurer, Docteur, et des gens nous attendent."
Regardant autour de lui, le Docteur sortit lentement de la salle, laissant Janeway seule embrasser la pièce du regard une dernière fois.
"Ordinateur, lumières." Les lumières s'éteignirent, le son de sa voix et les bruits de ses pas résonnèrent dans l'obscurité.
 
***
 
Une brise chaude soufflait de la baie. Le soleil brillait, se réverbérant sur la coque de leur premier vaisseau. Les membres d'équipage du Voyager original et ceux de son successeur entraient dans l'enceinte du Presidio pour prendre place devant l'estrade des orateurs. Ils regardaient en silence et avec étonnement la foule, officiers de Starfleet et citoyens civils, marcher le long de la grande allée de Parkland. Leur nombre grandissait de manière exponentielle.
L'Amirauté prit place sur un côté de l'estrade, secouant la tête de fierté à la vue de tous ces gens qui remplissaient l'enceinte du Presidio, en uniforme ou non. Certains d'entre eux éprouvaient une certaine honte en regardant la foule. Ils savaient maintenant, et ils l'admettaient volontiers, que cette cérémonie aurait dû avoir lieu lors du retour du Voyager. Mais leur inaptitude à reconnaître ces héros avait toujours gâché ce genre de reconnaissance. Aujourd'hui, ils ne pouvaient pas faire moins que d'offrir cette restitution en capitulant devant les demandes de Janeway.
Un murmure enfla dans la foule quand l'équipe de commandement du Voyager, en uniforme de cérémonie, monta lentement sur l'estrade en direction des sièges qui leur avaient été réservés. Le murmure grandit encore de façon perceptible lorsque le Docteur monta les marches et prit place aux côtés de Seven, posant un bras sur son épaule et lui parlant doucement pour la réconforter.
Le silence s'instaura quand Janeway entama sa montée des marches, ne laissant que le son de ses propres pas contre le métal. Quand elle atteignit l'estrade, Tom Paris se leva de son siège, sa claire voix de baryton résonnant au-dessus de la foule. "Amirale sur le pont." Comme un seul homme, l'équipe de Commandement se mit au garde à vous pour elle. Puis, conduite par l'Amiral Paris, l'Amirauté se leva lentement, au garde à vous, un claquement sec résonnant en avançant d'un pas en marque de respect pour la femme qui avait récemment consenti à enrichir leur nombre de son courage et ses accomplissements.
Croisant le regard de chacun d'eux d'un sourire d'abord forcé, puis acquiesçant en reconnaissance à l'Amirauté avant de s'avancer vers le podium, Janeway resta silencieuse. Elle était impressionnée à la vue de cette marée humaine qui s'agitait devant elle puis porta petit à petit, officiers comme civils, toute son attention sur elle.
Janeway prit une grande inspiration pour calmer ses émotions, puis se dressa au garde à vous comme elle l'avait fait pour Harry. Ses yeux balayèrent la foule, croisant le regard d'autant de personnes qu'elle le pouvait avant de prendre une position de repos et commencer son discours.
"Vous voir tous ici, devant moi, me rappelle pourquoi Starfleet existe. Nous existons pour vous. Ce sont tous ceux qui sont dans leurs foyers, tous ceux que nous aimons, qui nous poussent à découvrir ce qui se trouve là-haut, à contacter de nouvelles races, forger de nouvelles alliances et faire de notre univers un meilleur monde." Elle fit une pause quelques secondes, tournant son attention vers ses amis assis derrière elle.
"Quand nous sommes rentrés chez nous la première fois, ce furent les gens de nos foyers qui m'ont poussée à continuer. Savoir que des vies avaient été affectées par la perte de membres de mon équipage a poussé chacun d'entre nous, même ceux qui n'avaient plus aucune famille ici, à revenir."
"C'est vous tous qui nous avez donné l'espoir et le courage de persévérer, de terminer ce que nous avions commencé durant notre voyage. C'est vous qui nous avez donné la détermination de vaincre les Sernaix. C'est vous qui avez poussé nos alliés à donner leurs vies afin que la vôtre puisse continuer."
Janeway regarda la mer de visages devant elle, un sourire se dessinant sur ses lèvres. "Si nous sommes des héros, alors c'est aussi le cas de chacun d'entre vous, car sans vous, nous n'aurions pas pu accomplir ce que nous avons fait."
"Puisque nous sommes tous des héros, le Mémorial du Voyager est pour nous tous. Mais nous honorerons tout spécialement les héros qui sont tombés, donnant tout pour que le reste d'entre nous puisse survivre." Au moment où ces derniers mots sortirent de sa bouche, la toile bleue fut tirée de l'obélisque de marbre doré qui se dressa majestueusement au-dessus de la foule, sa surface soigneusement gravée des noms de chacune des personnes qui avait donné sa vie le long de l'histoire du Voyager.
Cette liste se terminait par les mots : 'Lieutenant Harry Kim 2350-2379'.
 
***
 
"Et voilà."
"La guerre contre les Borgs fut la dernière des grandes guerres à laquelle la Fédération des Planètes Unies eut à faire face. Je n'en ai jamais connu d'autre comme celle-là de toute mon histoire. Bien sûr, il y eut quelques accrochages ici et là, mais rien qui ne posât une menace sérieuse. Pour leur plus grande part, les Quadrants Alpha, Beta, Gamma et Delta trouvèrent la paix pour la première fois de leur Histoire, chacun construisant un meilleur futur, conscient de ce qui pourrait arriver si une autre guerre survenait."
"Icheb a été diplômé avec les honneurs de l'Académie en moins de deux ans. Je suppose qu'avec toute l'expérience qu'il avait acquise à bord du Voyager, ils ne leur restaient guère autre chose à lui apprendre que la diplomatie. Je me souviens encore du jour où il a demandé aux Ayreths leur moyen pour atteindre l'utopie ultime. Pour ma part, il a fallu de longs efforts à Janeway pour parvenir à m'expliquer cela. Il ne s'est pas uni à T'Kara après leur sortie de l'Académie, mais leurs chemins se sont croisés à nouveau quelques années plus tard. Aux dernières nouvelles, ils servaient ensemble sur l'USS Tamaranth."
 
Date stellaire 87705.1
"Ce coup est illogique", déclara Icheb en examinant la table de jeu d'échecs 3D. Il ne l'admettrait jamais à son fils de dix ans, mais le petit futé était en train de gagner. Heureusement, T'Kara avait prévu plus tôt dans la journée de le rencontrer dans le mess. Ce n'était qu'une question de minutes avant qu'elle n'arrive et que le jeu cesse avant de pouvoir arriver à son terme.
Du moins l'espérait-il.
"Ce jeu est pure logique. Je suis certain de mon coup", répliqua Kais sur un ton des plus Vulcains. A chaque jour qui passait, Icheb voyait l'esprit merveilleux de T'Kara se manifester dans leur fils. A son amusement, Icheb retrouvait également une partie de lui-même dans son fils. "A moins que tu ne craignes la défaite, père."
"Je ne la crains pas", mentit Icheb. Il étudia soigneusement le plan de jeu avant d'effectuer son coup. Il observa les yeux de Kais étudier avec attention son coup avant d'effectuer promptement le sien.
Avec un glissement, la porte du mess s'ouvrit et T'Kara entra, avançant gracieusement vers leur table. Icheb soupira imperceptiblement en remerciement. "Kais, il est temps d'arrêter ce jeu. Ta mère est arrivée."
"Tu es injuste, père. Tu veux arrêter parce que tu as peur de perdre", dit Kais pendant que sa mère prenait un siège à côté de lui, face à Icheb.
"Ton père ne craint pas la défaite, ajouta T'Kara. "Ce que ton père craint, c'est l'humiliation." Icheb aurait pu juré qu'elle avait presque souri en le regardant, qu'il y avait de l'amusement dans ses yeux. Personne ne la connaissait aussi bien que lui et il savait quand elle était amusée.
"Humiliation ? Une émotion ? Je ne comprends pas", demanda Kais en regardant tour à tour ses parents en quête d'explication.
Icheb poussa le jeu d'échecs 3D de côté, heureux que T'Kara soit arrivée. "Ce que ta mère veut dire, c'est que tu ne devrais pas t'inquiéter de telles questions à ton âge."
"C'est aussi quelque chose que tu finiras par comprendre... au moment voulu."
 
***
 
"Neelix et sa famille prospèrent dans le Quadrant Delta. C'est lui qui a conduit les Talaxiens venus à la rescousse de tous les pauvres abandonnés que Rotor avait assimilés sur son passage. Peu de temps après, il est devenu le chef de leur colonie. Il est même venu faire un tour en temps qu'ambassadeur Talaxien de la Fédération. Nous autres Voyageurs, comme nous avons fini par nous appeler entre nous, avons participé à quelques fêtes splendides pendant cette époque, mais finalement, il a réalisé que son foyer se trouvait là-bas, sur La Nouvelle Talax."
 
Date stellaire 85816.1
 
"Neelix, c'est un événement prestigieux. Starfleet a choisi notre planète pour accueillir les Cyliens dans la Fédération. Tu devrais être dans la capitale à attendre les délégations, et non ici à cuisiner !" Dexa se tenait dans la cuisine de l'un des restaurants les plus renommés de Nouvelle Talax.
"Je m'assure que la nourriture est aussi bonne que ce qu'ils annoncent", répondit Neelix en continuant d'aller de plat en plat, goûtant les différentes préparations. "Humm, je crois que cela a besoin d'un petit peu de racine de Leola. Chef !" appela Neelix tandis qu'un homme plus jeune se précipitait devant le plat. Lui et Neelix commencèrent à discuter du problème ensemble. Le plus jeune des deux Talaxiens n'était pas convaincu, mais Neelix était absolument certain que cela nécessitait une pointe de ses racines préférées. Et bien Dexa se chargerait d'avertir les serveurs de retirer ce plat particulier plus tard dans la soirée.
"Est-ce que je dérange ?" demanda une voix familière depuis la porte de la cuisine. Dexa et Neelix se retournèrent tous les deux pour découvrir le visage bleu caractéristique de leur vieil ami.
"Chell !" s'exclama Neelix en se précipitant vers le Bolien, l'étreignant fortement. "Qu'est-ce qui t'amène ici ?"
"Je fais partie de la délégation que la Fédération a envoyée. Je suis ici pour représenter mon monde natal", répondit fièrement Chell en redressant le col de son uniforme d'ambassadeur.
"Bien, bien, une autre âme perdue devenue tour à tour cuisinier puis ambassadeur. Il faut que je t'avertisse que la prochaine fois, tu seras président de ton monde natal", plaisanta Neelix en passant son bras autour du cou de son vieil ami pour l'escorter hors de la cuisine. "Nous avons des tas d'histoires à nous raconter."
"Oh, que oui."
Dexa sourit en regardant les deux hommes, puis retourna son attention vers le chef cuisinier, qui restait silencieux en se demandant s'il devait ou non retirer ce plat du menu. "Débarrassez-vous de ce plat-là avant qu'il ne l'aperçoive de nouveau. Laissez-le seul dans une cuisine et il y aura des racines de Leola partout."
"Merci, Madame", répliqua le jeune chef en retirant rapidement le plat du reste des assortiments.
Dexa sourit intérieurement. Encore une crise d'évitée.
 
***
 
"Naomi est devenue aussi belle que sa mère et aussi une excellente diplomate. Elle est connue pour son habileté même avec les races les plus difficiles. Il ne faut pas se demander de qui elle avait acquis cette aptitude. Bien sûr, le fait qu'occasionnellement un certain être omnipotent filleul de notre Capitaine fasse son apparition et l'enlève pour le déjeuner ne nuit pas non plus à sa réputation."
 
Date stellaire 90816.1
 
Les Vidiiens regardèrent l'ambassadeur Krenim. Il était visible à tous dans la pièce que ce conflit n'allait pas être résolu de si tôt, et surtout pas aussi tard ce soir. Naomi soupira, tira sur sa veste et soupira encore. Que ne donnerait-elle pas pour être sur une plage de Risa, une ombrelle à la main...
Elle sentit instantanément le sable sous elle et la chaleur de l'été et quelque chose apparut dans sa main. Elle la regarda et y découvrit une boisson aux fruits. Levant la tête, elle vit l'ombrelle. Son humeur commença à s'échauffer. Puis après quelques secondes, elle se calma. Il y avait toutes les chances qu'elle n'ait absolument pas à s'inquiéter des discussions pour le moment.
"Tu as tout à fait raison", déclara une voix douce et masculine tandis qu'elle sentit deux bras lui enlacer la taille dévêtue. Ce n'est qu'à ce moment qu'elle s'aperçut qu'elle n'était vêtue que d'un maillot deux pièces. "Ne t'inquiète pas pour cela, la plage est complètement déserte. Je m'en suis assuré."
"Et la réunion avec les Krenims et les Vidiiens ?"
"Une simple boucle temporelle. Je pense que l'ambassadeur Krell sera très vite fatigué de proclamer 'Nous ne sommes pas des jeteurs d'ordures galactiques !'". Naomi rit à cette idée en se retournant pour regarder dans les yeux le véritable amour de sa vie.
"Tu m'as manqué", dit-elle doucement en se penchant pour l'embrasser sur la joue.
"Nous avons tous des devoirs." Il se pencha à son tour pour l'embrasser gentiment sur les lèvres. "Souviens-toi que tu me manques aussi. Et que je t'aime." Il l'embrassa à nouveau.
"Quentin, des fois, je me demande ce que je ferai sans toi", dit Naomi en pressant ses lèvres contre les siennes. Le baiser était langoureux et séducteur, rien à voir avec le premier baiser qu'ils avaient partagé. Après un moment, il se recula et se décala sur le côté pour la rejoindre sur la serviette de plage.
"Oh, je ne sais pas, je dirais que tu te débrouillerais plutôt bien par toi-même. Je peux t'emmener faire un tour dans une ligne temporelle alternative pour te montrer, si tu veux ?"
"Non, plus de lignes temporelles. Tout ce qui est temporel me donne la migraine", répondit-elle, lui valant un regard interloqué de Quentin. "Quoi ?"
Il secoua de son esprit la pensée de comparaison entre Naomi et sa maraine. "Non, rien. Une coïncidence."
 
***
 
"Miral est adulte, aujourd'hui. Elle vient juste de fêter son trente-cinquième anniversaire. J'aurais juré qu'elle serait pilote. B'Elanna jurait qu'elle serait ingénieur. Ambassadeur de la Fédération auprès de l'Empire Klingon, m'a un jour soutenu Janeway. Elle nous a tous pris de court... Un Docteur. Je n'aurais jamais dû laisser B'Elanna faire de cet hologramme son parrain."
"B'Elanna se porte bien. Je pense qu'elle a finalement trouvé sa place ici, sur Utopia Planitia. A soixante-dix ans, elle ne peut toujours pas sortir sa tête d'un coeur de distorsion, ou quel que soit le nom qu'on lui donne de nos jours."
 
Date stellaire 91625.1
 
"Maman, tu vas avoir soixante et onze ans, tu ne crois pas qu'il serait temps que tu commences à te préoccuper de ta santé un peu plus sérieusement ?" demanda Miral en poursuivant sa mère à travers l'ingénierie du vaisseau récemment armé USS Boothby, un tricordeur médical en main.
"Je suis en parfaite santé pour une femme Klingonne de presque soixante et onze ans. La plupart des femmes de mon âge seraient jalouses." B'Elanna ignora sa fille et continua son travail. Miral continua de la poursuivre. S'il y avait quelque chose de commun dans la famille, c'était l'obstination.
"Tu sais que papa veut passer plus de temps avec toi. Il voudrait que tu sois à la maison plus souvent", lâcha Miral.
"Il t'a dit cela ?" demanda B'Elanna.
"Ouais. Il dit qu'il y a encore certaines nuits où tu ne rentres pas à la maison. Il s'inquiète pour toi, quelques fois."
B'Elanna arrêta de travailler et se tourna vers sa fille aînée. "Miral, il est à portée de téléportation. Il peut venir me voir à n'importe quel moment. En fait, c'est lui qui a armé ce vaisseau. Tom peut venir quand il le souhaite." Elle resta silencieuse pendant quelques instants. "C'est toi qui a tout inventé, n'est-ce pas, Miral ?"
Elle prit l'air coupable. "Je voudrais juste te voir te relâcher un petit peu, maman. Des fois, je pense que tu te pousses trop. Cela m'inquiète", admit Miral, la voix un peu triste. B'Elanna soupira, un faible sourire sur son visage ridé.
"Je pourrais peut-être prendre un peu de repos... Mais pas avant que ce vaisseau soit lancé. Sommes-nous d'accord ?"
Miral sourit franchement. "D'accord."
"Maintenant", dit B'Elanna en se retournant pour faire face au coeur de courant de glisse, "laisse-moi finir ce travail, ou bien cela prendra plus de temps que tu ne le désires."
"D'accord, maman, j'ai saisi", dit Miral, riant en quittant l'ingénierie. A peine était-elle partie que la porte s'ouvrit à nouveau, révélant Tom Paris, habillé de son uniforme de parade d'Amiral.
B'Elanna se figea. Elle avait été piégée. "Tu l'as entraînée dans cette histoire, n'est-ce pas ? Tu n'aurais pas pu me le dire après m'avoir ordonné de finir ce travail, alors tu as utilisé notre fille pour le faire."
"Nous nous faisons trop vieux pour ça, B'E, je n'arrive plus à te duper." Il s'approcha et lui donna un baiser rapide sur la joue. "J'ai prévu un dîner pour nous deux, ce soir. A Paris."
"Cuisine française, hein ? Qu'est-ce que tu as encore fait, cette fois-ci, Paris ?" demanda B'Elanna, sentant qu'il y avait plus dans ses mots que ce qu'il disait.
"Tu te souviens le Bat'Leth que tu avait apporté pour Jordin ? Et bien, il a rencontré un ami et ils se sont un peu bagarrés avec", commença Tom à raconter l'histoire.
"Dis-moi juste qu'ils ne sont pas sérieusement blessés comme la dernière fois."
Tom prit une profonde inspiration. "Une cheville foulée, quelques petites coupures et une contusion."
B'Elanna secoua la tête, mais ne put contenir un sourire. "Je ne me demande plus pourquoi tu as envoyé Miral en premier. Pour ça, je pense que tu devrais plutôt envisager un Italien."
"Accordé."
 
***
 
Catherine Janeway a quitté Starfleet quelques années après être devenue Amirale et s'est installée avec Chakotay en Arizona. Chakotay disait toujours qu'il voulait enseigner l'anthropologie et c'est exactement ce qu'il a fait. Catherine est essentiellement devenue une oratrice, donnant des séminaires à l'Académie pour les nouveaux cadets. Je ne pense pas qu'aucun Capitaine égalera jamais le nombre d'heures qu'elle a passé en batailles. Elle pourrait écrire un livre sur la plupart des races ennemies du passé.
Catherine est à nouveau entrée dans l'Histoire en devenant la première Amirale à servir enceinte. Ils ont une fille, évidemment. Un parfait mélange de ses deux parents, tempérament et sagesse. Et si vous demandez à Chakotay, il vous dira qu'elle a la beauté et l'intelligence de sa mère. Bien sûr, si vous posez la même question à Catherine, elle vous dira exactement la même chose dans l'autre sens."
 
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"Alors arrête-moi si je me trompe, papa." Ses yeux flânaient dans son atelier et se posèrent finalement sur le squelette du cadre d'une structure devant elle. La simple raison pour laquelle il le construisait lui échappait. Alors à ce point, il valait mieux qu'elle se concentre sur des questions simples. "Tu construis un bateau."
Chakotay ne sembla pas troublé par sa question, continuant de travailler sur la poupe. "Oui."
"Pourquoi ?"
Chakotay leva la tête un moment. "Ta maman a toujours voulu avoir un bateau."
En digne fille de Catherine Janeway, elle ne laissait pas facilement duper. "Mais tu lui as déjà acheté un bateau, le voilier du Lac George", lui fit-elle remarquer. Pour elle, c'était vraiment une évidence.
"Je sais... J'ai pensé qu'elle voudrait en avoir un autre." Il continuait de travailler. Lentement, elle faufila sa petite stature à l'intérieur du châssis du bateau afin de se rapprocher de lui et de ce qu'il faisait. Chakotay sourit intérieurement. Elle avait la curiosité de sa mère.
"Mais elle aime celui qu'elle a maintenant, et de plus..." Sa petite voix se perdit progressivement tandis qu'un sourire s'épanouissait sur son visage. Chakotay arrêta de travailler et commença à rire avec elle en la regardant s'amuser de plus en plus par ce qui pouvait bien lui venir à l'esprit.
"Qu'est-ce qu'il y a ?" demanda-t-il.
"Papa, tu as le mal de mer !" gloussa-t-elle sans pouvoir contrôler son rire à cette pensée. "Et aussi le mal de lac, le mal de rivière, et de n'importe quelle sorte d'eau réelle !" Elle en était presque à tomber par terre de rire.
Chakotay sourit au sens de l'humour de sa fille. "Est-ce que tu es venue jusqu'ici pour te ficher de moi ?" demanda-t-il en s'approchant d'elle dans l'intention de la chatouiller.
Elle parvint à sortir un 'ouais' entre deux gloussements. Elle manoeuvra rapidement à travers le châssis du bateau et se sauva de l'atelier, laissant Chakotay seul, un sourire nigaud sur le visage.
Et bien, il devait l'admettre, pour une petite fille de douze ans, elle marquait un point.
 
***
 
"Seven of Nine ne s'est jamais totalement remis de la perte d'Harry Kim. Elle savait qu'il était là, quelque part, à l'attendre... Son fils a été la lumière de sa vie, le portrait craché de son père. Dans les dernières années, elle a été professeur à l'Académie. Elle enseignait l'astrométrie. Etrange, la manière dont on finit toujours là où on a commencé.
Harry me manque... Nous aurions pu aller là-bas. Le voir, lui parler, mais cela n'aurait pas été pareil. Je pense que c'est peut-être pour cela qu'aucun des Voyageurs, à l'exception de Schmullus, n'est allé dans le Quadrant Delta en trente-deux ans. Je pense qu'Harry devait savoir cela, bien que je me demande parfois s'il a l'impression qu'on l'a abandonné. Cependant, quand je vois le jeune James, je vois Harry dans ses yeux et j'y trouve une certaine paix."
"Le Docteur, Shmullus, a fait le plus grand sacrifice de nous tous. Je ne pense pas qu'il se soit jamais pardonné de ne pas avoir pu sauver Harry. Il est resté avec Seven. Mais seulement comme les meilleurs amis, même si les rumeurs ont fait d'eux plus que cela. Il aimait... aime Danara, et pourtant il ne quittera pas Seven."
 
Date stellaire 92312.3
 
Schmullus apparut sous le porche arrière tandis que Seven regardait depuis leur jardin le soleil couchant sur l'horizon. Il observa patiemment, sachant que son esprit était ailleurs.
"Docteur", l'accueillit-elle en se tournant légèrement pour le regarder un instant avant de reporter son attention sur l'horizon. Il sourit intérieurement. Elle était la seule à encore l'appeler occasionnellement de son nom 'originel'. Il en était content.
"Un penny pour vos pensées ?" demanda-t-il en s'asseyant à ses côtés.
"Je veux juste voir le coucher de soleil encore une fois", répondit-elle tranquillement pendant que Schmullus enroulait son bras autour de son épaule en un réconfort silencieux. "Je n'aurais jamais imaginé à quel point la valeur esthétique de quelque chose comme un coucher de soleil finirait par avoir de... signification dans ma vie."
"Cela ne me surprend pas", dit-il doucement.
"Non ?"
"Non." Sur ce, ils restèrent assis en silence, regardant la lente descente du soleil de ce début d'été. Ils avaient fait un long chemin ensemble tout au long de ces années, mais même le Docteur savait que le moment viendrait bientôt. Le moment viendrait pour elle de partir.
"Je veux partir... le rejoindre. Ce soir." Elle était calme, mais ferme. Sa décision était prise.
Schmullus secoua la tête. "Vous avez encore du temps devant vous, Seven, vous n'avez aucune raison de..."
"Je le veux." Elle se tourna pour lui faire face, une larme coulait sur sa joue. Alors Shmullus comprit tout. Elle devait y aller.
Il prit une profonde inspiration et la serra fortement contre lui. "D'accord." Quand ce mot passa ses lèvres, il eut l'impression qu'une ère finissait. "Il est un certain Capitaine de vaisseau qui me doit encore un petit service... Je vais voir ce que je peux faire."
 
***
 
"Elle est en train de mourir et aucun Docteur de la Fédération ne peut l'en empêcher." Schmullus fixa du regard la jeune femme aux cheveux noirs sur l'écran de son terminal. Quand elle fronça les sourcils, le Docteur put presque voir son esprit soupeser les différentes options. Elle ne voulait pas abandonner.
"Je ne doute pas de vous, Schmullus, c'est juste que..." Elle croisa les doigts et soupira. "Il n'est pas dans ma nature d'abandonner sans combattre."
Le Docteur sourit tristement. "Ce n'est pas non plus dans ma nature, mais quelques fois..." Il fit une pause, semblant se remémorer un vieux souvenir désagréable. "...Vous devez reconnaître vos limites. Ses implants se détériorent. Seven a vécu plus de trente-neuf ans hors du Collectif. Sans la maintenance constante fournie par un cube, ils se sont simplement... usés."
Elle refreina ses larmes, luttant pour maintenir en place son masque de Capitaine, puis hocha la tête, acceptant finalement que l'une de ses plus vieilles amis et mentor était en train de mourir. "De quoi avez-vous besoin, Docteur ?"
"J'ai besoin d'un navire et j'espérais..." Le Docteur sourit à la jeune femme.
Elle pinça les lèvres puis acquiesça légèrement, sachant exactement quel voyage devait être fait et sachant que son vaisseau était celui qui devait faire ce voyage. "Rassemblez tout le monde, Docteur. Je me charge d'obtenir les autorisations de Starfleet."
 
***
 
Le Lieutenant Valérie Roton regarda son Capitaine, en temps normal l'une des plus tranquilles et sereines Capitaine de vaisseau de toute la flotte, faire les cent pas sur le pont de la salle de téléportation numéro un. Elle supposait que le Capitaine avait toutes les raisons d'être anxieuse. C'était un événement historique, la première fois depuis plus de trente ans que l'équipe de commandement originelle du Voyager-A serait de retour à bord, sans mentionner que ce serait leur premier voyage dans le Quadrant Delta depuis aussi longtemps. Tous les membres de l'équipage actuel, depuis le plus bas niveau jusqu'au Capitaine, avaient été impliqués dans les opérations de nettoyage et de polissage destinées à rendre le vaisseau brillant comme au jour de sa sortie des spatiodocks.
"Nous avons reçu l'appel du Commandement de Starfleet. Ils viennent d'arriver à la station de téléportation." L'officier de téléportation sentit son estomac se nouer. Elle avait dû échanger et abandonner deux mois de rotations du soir juste pour être sûre d'être l'officier en poste aujourd'hui.
Le Lieutenant observa, quelque peu stupéfiée de voir que son officier de commandement était presque aussi nerveuse qu'elle. Son Capitaine s'arrêta à mi-marches et tourna les talons, tirant son uniforme de cérémonie avant de hocher la tête à l'intention de son officier. "Ne les faisons pas attendre, Lieutenant."
"Bien, Capitaine." Roton entra soigneusement la séquence puis posa doucement ses doigts sur le panneau. Le téléporteur répondit d'un doux miroitement bleu et le léger scintillement s'accrût jusqu'à former deux silhouettes. Des cheveux argentés entouraient les deux visages ridés et marqués par des années de service. Leurs doigts étaient joints quand ils apparurent mais la femme rompit le lien et fit un pas en avant, son regard bleu acier dirigé vers le Capitaine de son ancien vaisseau.
Les yeux de Valérie s'élargirent en prenant la mesure de la scène devant elle et elle se reprit. Cela valait toutes les rotations gamma possibles. On ne pouvait pas ne pas reconnaître les légendaires Amirale Catherine Janeway (à la retraite) et Commandeur Chakotay (à la retraite) et les premiers mots qui sortirent de la bouche de son Capitaine la gelèrent sur place.
"Vous êtes en retard." Le Capitaine répondit au regard de l'Amirale à la retraite par l'un des siens.
L'Amirale Janeway leva gracieusement un sourcil en considérant l'officier qui lui faisait face. "Quel est le seuil d'énergie de la molécule H-2 ?"
Roton dut lutter pour garder le silence en observant l'échange qui se déroulait devant elle. Chakotay saisit son expression désorientée et lui fit un clin d'oeil avant de reporter son attention sur sa conjointe et sur le Capitaine.
"Quatorze virgule sept électron-volts", cracha le Capitaine comme si elle s'était attendue à cet interrogatoire depuis longtemps.
"Troisième étoile la plus brillante d'Orion ?" Janeway semblait avoir du mal à empêcher sa bouche de former le sourire malgré elle.
Le Capitaine fronça le nez comme si elle était quelque peu ennuyée avec l'imprécision de la question de l'Amirale. "Vue de quel endroit ?"
"La Terre." L'Amirale se pinça les lèvres tout en attendant la réponse.
La Capitaine bâilla presque. "Gamma Orionis, ou Bellatrix, si vous préférez le nom originel arabe."
Le visage de l'Amirale Janeway s'illumina de délice et elle descendit les marches avant de prendre sa fille dans ses bras pour l'embrasser. "C'est bien ma fille."
"Comment vas-tu, Maggie ?" Chakotay descendit des plots du téléporteur et reprit l'étreinte de sa fille là où Catherine l'avait laissée.
"Pas mal, mieux maintenant que vous êtes là." Elle tira sur son uniforme et son sourire se ternit légèrement. "Seven veut procéder aussitôt que ce sera possible."
Le visage de Catherine s'obscurcit légèrement et elle acquiesça. "Elle attend ce jour depuis longtemps." Sa bouche se tordit un peu. "Bien que je ne pense pas que ce soit exactement ce que j'avais à l'esprit en pensant à mon prochain voyage dans le Quadrant Delta."
"Nous n'avons jamais fait ce voyage romantique, n'est-ce pas ?" Chakotay joignit de nouveau ses doigts à ceux de Catherine.
Le Lieutenant Roton était occupée à saisir les commandes de fin de séquences, essayant de rester aussi détachée que possible. Elle se sentait presque comme un intrus dans un moment privé en famille. C'est ainsi qu'elle sentit plus qu'elle ne vit le trio s'approcher d'elle.
"Amirale, Professeur. Voici mon officier en chef des Opérations, le Lieutenant Valérie Roton. Je ne sais pas exactement ce qu'elle a fait pour se faire affecter à la salle de téléportation numéro un alors que sa place se trouve sur la passerelle, mais je suis certaine qu'elle a payé cher pour cela..." Le Capitaine Margaret Janeway arqua un sourcil, adressant un regard moqueur au chef, puis sourit franchement, les fossettes qu'elle avait héritées de son père des plus visibles sur son visage.
Chakotay fut le premier à tendre la main. "Heureux de vous rencontrer, Lieutenant. Alors ma fille est-elle aussi dure que l'était sa mère ?"
Roton lutta pour ne pas laisser le rouge lui monter aux joues en serrant sa main dans la sienne. "Je ne saurais dire, Monsieur."
Catherine roula des yeux et grommela discrètement à l'attention de Chakotay. "Je n'ai jamais été dure, je t'ai laissé beaucoup trop de liberté."
Le père et la fille regardèrent tous les deux Janeway d'un air incrédule, mais elle les ignora et continua comme si de rien n'était. "Je suis vraiment enchanté de faire votre connaissance, Lieutenant."
Valérie luttait désormais pour ne pas sourire en serrant la main de l'aînée Janeway. "C'est un honneur..." Elle fit une courte pause en se rappelant les contes qu'on lui avait raconté sur la mère de son Capitaine. "...Amirale."
Un large sourire s'afficha sur le visage de Catherine. "Fille intelligente, mais je suis à la retraite, alors Catherine fera l'affaire."
Chakotay secoua légèrement la tête, puis remit sa main dans celle de Catherine une nouvelle fois. "Ne vous méprenez pas, Lieutenant. Elle économise simplement son temps jusqu'à ce qu'elle voie une opportunité de reprendre le siège central", la taquina-t-il implacablement.
"Même si elle doit pousser dehors sa fille unique pour le faire." Maggie fit un clin d'oeil à son père et se joignit à la bataille.
Catherine secoua la tête et les fixa du regard tous les deux, mais ils s'étaient tous deux forgés une immunité face à l'infâme 'regard de la mort' au cours des années. Ils continuèrent comme cela sans autre réaction qu'un clin d'oeil. "Et bien, tu connais ta mère... Elle n'est pas heureuse tant qu'elle n'est pas le chef."
Un scintillement inspiré de pitié brilla dans les yeux de Maggie. "Que ce soit dans Starfleet ou bien la maison de tante Phoebe dans l'Indiana."
Un soupir d'exaspération s'échappa des lèvres de Catherine. "Excusez ma famille et moi-même, Lieutenant." Catherine glissa son bras autour de celui de Maggie en se dirigeant vers la porte. Ils laissèrent ainsi le Lieutenant Roton désactiver les plots du téléporteur tout en gloussant pour elle-même.
Elle avait été curieuse de connaître les célèbres parents de son Capitaine depuis longtemps et elle était heureuse d'avoir satisfait cette curiosité. Il semblait qu'une famille restât une famille, que vos parents fussent des légendes vivantes ou non.
 
***
 
"Puis-je vous rappeler que ce fut l'idée de Chakotay d'apporter l'animal à cette occasion", déclara Tuvok. Sa femme T'Pel était assise à côté de lui, admirant son mari. Pour des gens deux fois plus âgés que Catherine, elle nota qu'ils semblaient moitié moins vieux que les autres personnes assises à la table. Il y avait presque quatre ans qu'elle n'avait pas parlé à ses vieux amis et c'était bon de les revoir.
"Amélia n'était pas si mauvaise que cela, Tuvok... Je veux dire qu'elle avait été bien éduquée à la maison avec Catherine et moi. Peut-être était-ce l'environnement étranger qui l'avait... décontenancée." Chakotay essayait de fournir une explication sans éclater de rire. Tom, de son côté, n'avait pas pu contrôler son rire plus longtemps et finit par renvoyer presque la moitié de sa boisson dans son verre.
"Admettez-le, Tuvok, vous étiez vraiment attractif à cette époque... Peut-être est-ce les oreilles", dit Tom pour exprimer sa pensée, un sourire sur le visage en regardant sur le côté vers sa femme, avant d'exploser de rire à nouveau.
Tuvok faillit lever un sourcil, ce qui donna à tous ceux autour de la table une chance de partager le rire. Catherine nota que même Seven affichait un léger sourire pendant quelques instants.
"Je ne m'inquiéterais pas de tout cela, Tuvok. Je pourrais vous raconter pendant des heures durant les choses comiques et bizarres qui sont arrivées à papa dans la maison. Il essaye juste de blaguer sur le sujet dès qu'il en a l'occasion", ajouta Maggie tout en jetant un regard à son père assis de l'autre côté de la table. Le sourire de Chakotay disparut quand un 'ohhh' collectif s'éleva de la table. La jeune femme avait le chic pour cela et son père le savait bien.
"Maggie, tu ne devrais pas embarrasser ton père comme ça, tu sais ?" déclara Tom d'un air joyeux, espérant extirper quelques informations supplémentaires de la jeune femme.
"Je ne sais pas. Miral, qu'en penses-tu ?" demanda Maggie à son officier médical en chef.
Le rire de Tom s'évanouit à son tour quand sa fille le regarda avec un air diabolique. "Personnellement, je pense que l'Amiral Paris cherche à extirper des informations sur les autres juste pour que ses propres folies personnelles ne semblent pas si démesurées."
"Ca, c'est l'euphémisme de l'année", piqua au vif B'Elanna calmement, lui valant un gentil coup de coude dans les côtes de la part de son mari.
"Il semble que j'ai peu à craindre en comparaison à mes camarades ici présents", déclara Tuvok, un soupçon de victoire dans la voix. La logique Vulcaine et la répression des émotions le sauvèrent de l'embarras de la part de sa propre progéniture.
"Rien qu'en présence de l'Amiral Paris, Monsieur Tuvok, je crois qu'il est sûr d'affirmer que vous serez éternellement gagnant," blagua Schmullus, tandis que Tom s'enfonçait encore plus dans son siège, abandonnant dans la défaite. Un nouveau rire fut échangé, cette fois-ci aux dépens de Tom, avant que la pièce ne retombe dans le silence.
Les blagues et les souvenirs leur avaient fait du bien et les rires avaient définitivement allégé leur humeur, mais tous connaissaient au plus profond d'eux-mêmes la raison de leur présence. Ils étaient sur le point de perdre un autre de leurs amis. Jusque là, c'était un sujet que chacun s'efforçait d'éviter. Au fur et à mesure que le temps avançait, cependant, Catherine observait que leurs visages se faisaient plus solennels. Tous, sauf le visage de Seven qui arborait un air doux-amer.
En silence, Catherine leva son verre pour un toast. "Aux amis absents."
L'ancien équipage reprit en choeur. "Aux amis absents."
 
***
 
Tous parlaient discrètement entre eux quand Tom approcha de Seven, debout face aux baies à regarder fixement dehors. "Comment vous sentez-vous ?"
"J'ai connu de meilleurs jours", répondit Seven en se tournant pour lui faire face. Son visage âgé montrait la progression des symptômes. Elle se retourna à nouveau vers la fenêtre tandis que Tom luttait pour trouver quelque chose d'autre à dire. Cela avait été dur pour eux tous de perdre Harry, il y avait longtemps. Pour Tom, c'était comme s'il revivait ces moments encore et encore.
"Je suis sûr qu'Harry sera heureux de te voir", dit Tom, essayant d'ajouter un peu de joie dans sa voix.
"Oui", répondit-elle.
"Alors, tout ira bien."
Le silence retomba entre eux deux pendant un moment avant qu'elle se retourne vers lui. "Je voudrais que vous me rendiez un service."
Tom sentait le sérieux de sa voix. Cela devait être important. "Ce que vous voudrez."
Elle lutta un moment, rassemblant ses pensées. "James est en poste depuis quatre mois. Il connaît mes plans... Cependant..." Sa voix se perdit tandis qu'elle se tournait à nouveau vers la fenêtre. Tom s'approcha, posant une main réconfortante sur son épaule. "Je veux que vous lui disiez."
Tom était choqué, mais aussi réellement honoré de cette demande. "considérez cela comme acquis."
"Non, c'est plus que cela", ajouta-t-elle, sa voix regagnant une force qu'il n'avait pas entendu chez elle depuis longtemps. "Vous étiez le meilleur ami d'Harry", essaya-t-elle d'expliquer. Elle n'avait cependant pas besoin d'en dire plus, Tom avait compris ce qu'elle voulait.
"Ne vous inquiétez pas de cela, je prendrai soin de lui, je vous le promets", dit-il doucement en l'attirant dans ses bras. Tom ne l'aurait jamais admis à personne, mais il avait un petit faible pour Seven depuis le jour où Janeway l'avait secourue des Borgs. Il y avait quelque chose dans sa personnalité et sa nature qui lui rappelait son propre caractère.
Définitivement, elle lui manquerait.
 
***
 
"Votre mère n'a pas changé", fit observer Oz en regardant Maggie les yeux perdus sur l'effet du courant de glisse à l'extérieur de la baie. "Vous savez, elle m'a demandé si vous aviez toujours 'Betsy' dans votre armurerie privée à bord."
"Non, elle est pire qu'avant. Une sorte de croisement entre le syndrome du nid vide et de la dépression de la retraite. Je sais que le harcèlement à me trouver un mari et avoir des petits-enfants ne va pas tarder à recommencer..." Maggie roula des yeux et saisit une tasse de thé sur la table basse. "...Et vous savez, je pense que j'ai gâché la journée où j'ai appelé cette arme comme cela."
"L'Amiral Paris et son obsession pour le vingtième siècle", commenta Oz sur un air désespéré.
Maggie fronça les sourcils en regardant le Sernaix, confuse. "Hein ?"
"Plaignez-vous à lui..." Oz sourit légèrement. "Tous les autres le font."
Maggie secoua la tête et reporta son regard sur la baie. "Vous a-t-elle parlé du Voyager ?"
"A propos de son désarmement ? Oui." Oz regarda Maggie passer le doigt le long de la ligne dorée de sa tasse.
Elle se retourna et alla brusquement jusqu'à son bureau, puis se percha sur le bord de ce dernier. "Elle ne comprend pas, Oz. Elle ne peut pas comprendre pourquoi je suis satisfaite de jouer les taxis pour des diplomates et rendre visite à des chefs d'états aux quatre coins de tous les quadrants."
"Avez-vous essayé de le lui expliquer ? Oz s'installa sur la couche et observa la jeune Janeway.
"Oui... Non... Honnêtement, je ne sais pas. J'ai essayé, mais je ne suis jamais certaine qu'elle m'écoute." Maggie soupira. "C'est peut-être parce que je ne sais pas pourquoi. Je sais juste que je ne suis pas pressée de me retrouver dans les escarmouches de la frontière Kwamish ou d'étudier les pulsars quantiques du Quadrant Gamma. Je ne suis pas pressée de mettre mon nez dans tous les phénomènes stellaires juste pour comprendre comment cela fonctionne. Ils fonctionnent et cela me suffit."
Oz sourit un peu plus. "Votre mère a toujours clamé être un scientifique à quatre épingles."
Un sourire triste passa les lèvres de Maggie. "Je suis peut-être le Capitaine Janeway, mais je ne suis pas ma mère."
"Vous ressemblez beaucoup à votre père par de nombreux aspects." Oz se leva lentement et s'avança devant Maggie, posant les deux mains sur ses épaules. " Mais ne faites pas l'erreur de sous-estimer aucun des aspects de votre mère que l'on retrouve en vous. Je le vois à chaque fois que votre curiosité vous pousse dans une nouvelle conférence diplomatique et que vous négociez pour en retirer un traité de paix. Le respect et la loyauté quand vous commandez votre équipage..." Il marqua une pause, lui soulevant le menton pour la regarder dans les yeux. "Vous n'êtes peut-être pas votre mère, mais vous êtes bien la fille de votre mère."
Maggie secoua doucement la tête, un sourire au coin des lèvres, et se réinstalla sur son bureau en regardant le Sernaix. son expression s'obscurcit à nouveau après un moment. "Vous pourriez vous en aller, vous savez. Le Royaume... Je suis sûre que vous y seriez le bienvenu. Cela ôterait à Starfleet une des raisons de persister à rafistoler le Voyager."
Pendant un moment, Oz fut tenté. Il vivait loin des soins depuis pas mal de temps déjà. Les Sernaix n'étaient certes pas les créatures les plus sociales dans l'univers, même s'ils étaient guidés par Kes, mais ils lui manquaient. Un seul regard vers son amie et il avait pris sa décision. "Je ne pense pas avoir fini d'apprendre au contact de votre espèce, Capitaine. Je pense que je vais rester encore un peu plus longtemps."
Maggie ne put s'empêcher de sourire en descendant de son bureau et entourant le Sernaix de ses bras. "Merci, Oz."
Son communicateur bipa et elle appuya dessus délicatement. "Vous avez demandé qu'on vous prévienne juste avant que l'on atteigne l'Espace Sernaix, Capitaine."
"Faites-le savoir aux autres." Maggie se tourna vers Oz, l'expression de nouveau assombrie. "J'arrive." Elle indiqua la porte. "C'est l'heure."
 
***
 
La passerelle était inhabituellement silencieuse quand Maggie sortit de son bureau. Au même moment, sa mère, vêtue une dernière fois de son uniforme, et Seven sortirent de l'ascenseur. Elles étaient les dernières de ses honorables invités à arriver. Maggie prit une profonde inspiration et sourit à sa mère avant de prendre la parole. "Ordinateur, transfert les commandes de l'USS Voyager-A et tous les codes de commandes à l'Amirale Catherine Janeway. Replace-la en service actif, à effet à la date stellaire 92383.9."
"Ordre accepté", répondit la voix de l'ordinateur.
Les yeux de Catherine s'élargirent de surprise. Elle regarda autour d'elle les sourires complices des visages de ses amis qui n'attendaient que cela, puis vers sa fille qui lui indiquait le siège central. "Je crois que votre équipage attend vos ordres, Amirale."
Janeway se redressa lentement, vieux souvenir de commandement qui ne l'avait jamais vraiment quitté, tournant autour d'elle comme un vieil ami. L'officier exécutif de Maggie se leva du fauteuil pour descendre sur le pont de commande, indiquant révérencieusement le siège de la main avant de s'installer à son poste habituel. "Lieutenant Roton, préparez-vous à nous sortir du courant de glisse."
"A vos ordres, Amirale", répondit Valérie avec un sourire, ses doigts dansant sur les panneaux avec soin.
Soudain, les étoiles à l'écran redevinrent normales et la sphère familière d'Ayreth se tint devant eux. Il y eut un scintillement de lumière entre les consoles de navigation et d'opérations et la forme radieuse de Kes se matérialisa. "C'est bon de tous vous revoir, même en de telles circonstances."
L'Amirale Janeway se leva et prit Kes dans ses bras. "Vous aimez apparaître comme cela au moment où je m'y attends le moins, n'est-ce pas ?"
Le rire musical de Kes emplit la passerelle. "Allons, Amirale." Elle se hissa sur la pointe des pieds et frotta la barre de rang de Janeway. "Vous n'avez pas tellement changé. Vous deviez savoir que je ne pourrais pas manquer une telle opportunité de revoir encore une fois mes amis."
"Savoir, non... Espéré, oui." Janeway rompit l'étreinte et regarda tristement la rampe pour la dernière fois.
Le regard de Kes fut attiré par l'hologramme Sernaix debout à côté de Maggie. "Harry aimerait bien vous emprunter votre matrice une fois de plus, Ozymandias. Cette fois, cela ne surchargera pas les circuits, je vous le promets."
L'hologramme eut un large sourire et descendit à son tour la rampe. "Bien sûr, tout ce que vous voudrez pour un vieil ami." Il s'arrêta près de Seven et, pendant un moment, sa forme sembla craqueler d'énergie. Puis il s'évanouit et Harry, comme ils s'en souvenaient tous, fut là devant eux.
"Tu es toujours si belle." Il s'avança vers Seven, levant le bras pour toucher ses cheveux, dans une pure expression d'adoration sans limite.
Les yeux de Seven étaient lumineux. Sa main ridée par l'âge se tendit pour lui caresser la joue, reprenant avec espièglerie son ancienne manière de parler. "Ta déclaration est appréciée mais incorrecte."
"Non, elle ne l'est pas." Harry la regarda dans les yeux et elle put voir la vérité se refléter en lui.
Tout le monde sur la passerelle était rempli d'une admiration révérencieuse quand Harry reporta son attention vers eux. "C'est bon de vous voir, Capitaine..." Ses yeux tombèrent sur la barre de rang de son col, et un large sourire apparut sur son visage. "Je voulais dire, Amirale."
Un léger gloussement attira son attention vers le visage inconnu et pourtant familier d'une jeune femme en uniforme de Capitaine. "Non, c'est merveilleux qu'ils vous aient promus. Je serai trop heureux de savoir qu'il y a deux Capitaine Janeway parcourant les Quadrants." Il inclina la tête à son intention. "Heureux de vous rencontrer..."
"Capitaine Margaret Kimberly Janeway, mais vous pouvez m'appeler Maggie, toute ma famille m'appelle ainsi." Maggie sourit franchement au vieil ami de ses parents qui lui répondit de la même façon avant de reporter son attention sur les autres.
Ses yeux se posèrent sur ses deux meilleurs amis et ses yeux s'élargirent. "Maquisarde, où donc Starfleet avait-il la tête en promettant ton mari Amiral ?"
B'Elanna rit tout haut, une larme roulant sur sa joue pendant qu'elle répondait. "Ne me le demande pas, Starfleet. Je me suis juste marié avec, je ne l'ai pas promu." Elle attira Tom contre elle et posa sa tête sur son épaule.
"Quelque chose me dit que t'avoir promu ne t'a pas éloigné des problèmes, Tom... Ils ont juste dû changer d'échelle." Harry sourit à son vieil ami.
Tom sourit malgré ses propres larmes. "Harry, Harry, Harry... Tu me connais mieux que ça."
Ses yeux s'élargirent encore quand ils tombèrent sur Miral dans son uniforme médical. "Un Docteur ?" Harry secoua légèrement la tête, se remémorant la vision qu'il avait eue d'elle dans l'infirmerie, puis rit tout haut. "Et bien, tu as toujours fait les choses à ta manière. Tu m'as manqué, Miral."
"Tu m'as manqué aussi, oncle Harry", dit doucement Miral, avant de se déplacer pour rejoindre ses parents.
Un sourire respectueux s'afficha sur les lèvres d'Harry quand il s'aperçut que Chakotay était descendu la rampe et se trouvait juste derrière l'Amirale Janeway, lui offrant le même soutien tranquille qu'il lui avait toujours offert. Aucun mot. A la place, il hocha la tête doucement, reconnaissant de la présence de l'ancien officier. Chakotay sourit gentiment et hocha la tête en retour.
Ses yeux se levèrent vers l'arrière de la passerelle et il inclina la tête vers Tuvok et sa femme, respectueusement. Il leva une main, écartant les doigts selon le salut Vulcain. "Longue vie et prospérité."
Tuvok répondit en levant amicalement la main. "Effectivement, Lieutenant. Paix et longue vie."
Le Docteur attendait calmement. Une paix relative en même temps qu'une certaine tristesse emplissait son coeur, observant cette réunion. Il inspira profondément et regarda autour de lui tous ses amis. Il ne les verrait plus non plus, pensait-il. Quand ils repartiraient pour leurs foyers dans le Quadrant Alpha, il rentrerait également chez lui. Le souvenir d'yeux vert émeraude et de sourires éclatants s'imposa à son esprit et emplit son coeur de chants d'allégresse. Bientôt, l'attente serait terminée et il pourrait dédier le reste de sa vie à son autre famille.
Seven sourit doucement en s'apercevant du regard perdu de Schmullus. Pour eux deux, l'attente était terminée.
"Schmullus, je ne pourrai jamais vous remercier de ce que vous avez fait." Harry avait suivi des yeux le regard de Seven et regardait le Docteur, le coeur empli de gratitude.
"Vous le pourrez, Harry", sourit le Docteur. "Il me suffit de savoir que vous la rendrez heureuse."
Harry observa à nouveau la foule et son expression s'assombrit quelque peu." Notre..."
"Fils", répondit Seven. "James... Il connaissait mes plans, mais je ne voulais pas qu'il s'inquiète. Il est affecté au loin et je n'ai pas voulu le faire revenir exprès."
Harry acquiesça, un peu déçu de ne pas finalement pouvoir rencontrer son fils. Mais il savait aussi que bientôt, Seven partagerait tous ses souvenirs avec lui là où ils pourraient les revivre éternellement comme s'ils se produisaient à nouveau.
L'Amirale Janeway fit un pas en avant. "Harry..." Sa voix faiblit légèrement.
Avançant, Harry prit ses mains et les serra dans les siennes. "J'étais un officier de Starfleet, Amirale. Je connaissais les risques et j'ai fait ce que j'avais à faire pour notre bien à tous. Pour nos enfants, mais aussi pour ceux qui n'étaient pas encore nés." Leurs yeux se rencontrèrent, il comprenait le sous-entendu. "Ce n'était pas votre faute." Janeway hocha la tête, ses yeux brillant de mille émotions à la fois, puis elle recula jusque dans les bras réconfortants de Chakotay.
Finalement, Harry se retourna vers Seven. "Es-tu prête ?"
"J'étais prête, il y a trente-cinq ans..." dit doucement Seven. "Mais j'avais une part de toi en James, alors je suis restée aussi longtemps que j'ai pu."
Harry lui sourit et lui prit les mains. Seven demeura silencieuse, gardant les yeux fixés sur ceux d'Harry. Elle avait fait ses adieux la veille au soir et maintenant, il était temps de franchir le pas. Une chaleur sembla l'envahir et elle s'y délaissa lentement. Les yeux d'Harry étaient aussi chaleureux que trente-cinq ans auparavant et en eux, elle découvrit que les années passées depuis lors disparaissaient, jusqu'à ce qu'elle se retrouve aussi jeune que lui. Puis le Voyager disparut et il n'y eut plus rien d'autre qu'elle et Harry.
Mais elle sentait toujours sa main serrer la sienne.
Pour ceux qui étaient restés en arrière, une lumière intense avait envahi lentement la passerelle, puis s'était contractée jusqu'à disparaître en une simple étincelle, ne laissant derrière elle qu'Oz et leur coeurs affligés.
 
***
 
Schmullus ressentit une excitation en traversant la foule du terminal de transport. Il était à la maison, enfin, à la maison pour toujours. Il éprouvait une certaine tension en lui. Danara et lui avaient tenu leur promesse l'un envers l'autre. Il lui avait rendu visite occasionnellement, mais le fait de savoir qu'il devait retourner à chaque fois sur Terre l'avait empêché d'approfondir leur relation plus loin qu'elle ne s'était déjà établie.
En certaines occasions, il avait même tenté de libérer Danara de sa promesse, l'encourageant à tourner la page. Mais elle avait sourit et secoué la tête, refusant fermement de l'oublier. Sa foi qu'il tiendrait sa promesse envers elle était inébranlable.
Maintenant, tandis qu'il suivait son chemin à travers la foule de Vidiiens, il ne pouvait s'empêcher de se demander si les années passées n'avaient pas sérieusement endommagé ce qu'il y avait entre eux. Perdu dans ses pensées, il manqua presque d'entendre le cri exalté de 'Schmullus' venu des profondeurs de la foule. Il leva la tête en reconnaissant sa voix et aperçut brièvement ses beaux yeux émeraude tandis qu'elle scrutait à travers la masse des personnes devant elle.
Il accéléra le pas, se frayant un chemin jusqu'à ce qu'ils puissent se voir clairement l'un l'autre. Les années, plus clémentes envers les Vidiiens, ne l'avaient que peu changée. Peut-être quelques pointes grises dans ses longs cheveux noirs, dans son dos, mais le doux visage aimable, son joli front, et ces yeux dont il avait rêvé si souvent par le passé étaient les mêmes. Ils se figèrent, se dévisageant l'un l'autre, incertains de savoir comment réagir maintenant que leur voeu le plus cher se réalisait enfin.
La détente fut provoquée par Vallia, son souple corps d'adolescente se précipitant à la vue du HMU. "Père", cria-t-elle d'une voix enjouée qui résonna dans le terminal et fit de nouveau bouger Schmullus, qui avança pour finalement étreindre et embrasser sa famille.
Il était enfin rentré chez lui.
 
***
 
"Et moi... Je pense que je suis le plus grand choc parmi tous. On s'est toujours attendu à ce que je suive les pas de mon pas. Cela n'a pas semblé le cas pendant longtemps, et pourtant me voici, Amiral Thomas Eugène Paris."
 
Année 2405.
Le sas s'ouvrit et révéla l'intérieur de la vieille station spatiale à Tom Paris. Il passa la tête du sas et avança le long du couloir gris jusqu'à l'ascenseur. "Promenade", demanda-t-il, provoquant le démarrage de l'ascenseur. Ses pensées revinrent en arrière de quarante-cinq ans, la première fois qu'il avait posé le pied sur Deep Space Neuf.
Cet endroit avait été le point de rendez-vous de tous les officiers rejoignant le vaisseau originel Voyager, avant qu'ils n'entament la chasse aux Maquisards dans les Badlands. C'était ici qu'il avait rencontré pour la première fois Harry Kim.
"La boucle est bouclée", murmura-t-il pour lui-même au moment où l'ascenseur s'arrêta et s'ouvrit sur la promenade. Le Lieu était presque désert. La station allait bientôt être désarmée. Il ne restait qu'une poignée de civils et le personnel de soutien responsable de la fermeture. C'était ici qu'il devait trouver ce qu'il recherchait.
En marchant le long de la promenade silencieuse, il entendit le faible son d'une voix étrangement familière. "Ce sont des pierres précieuses en provenance directe du Quadrant Gamma. Elles sont d'une très grande valeur, mais je suis disposé à m'en séparer pour un très bon prix."
"Toujours à donner de bons conseils, Quark ?" demanda Paris pour taquiner en s'appuyant contre le zinc du bar. Quelques instants passèrent avant que Quark ne réalise qu'il avait affaire à l'un des célèbres membres de l'équipage du Voyager.
"Amiral Tom Paris. L'une des légendes vivantes de la Fédération. Content de vous rencontrer." Le vieux Ferengi vint jusqu'à lui pour lui serrer la main. Tom sourit gracieusement et serra la main du vieil homme.
"Nous nous sommes déjà rencontré, mais je doute que vous vous en souveniez", expliqua Tom tandis que Quark hochait la tête, une expression vide sur le visage. Cela devait dater de très longtemps.
Tom jeta un oeil par dessus l'épaule du Ferengi en direction du jeune homme debout au bar. "Et bien que je sois damné", murmura-t-il.
Quark se retourna pour regarder son client. "Vous cherchez après lui ?"
"En fait, ouais", répliqua Tom en dépassant le petit Ferengi pour aller jusqu'au jeune humain. "James, ça fait un baille."
James Kim se retourna pour faire face au vieil Amiral. "Que nous vaut l'honneur de votre visite, Monsieur ?" Tom observa le jeune homme et l'innocence qui se trouvait dans ses yeux. Exactement comme Harry quand ils s'étaient rencontrés pour la première fois. Tom n'avait jamais été innocent comme ça.
"Je réalise, James, que je n'ai jamais eu la chance de te parler de ton père", déclara Tom, faisant briller les yeux de James de curiosité. Il était tellement comme son père, vêtu de l'uniforme classique jaune d'ingénierie et opérations.
L'expression de James changea alors pour montrer de la confusion, puis de la... peur. "Qu'est-il arrivé ?" Avant que le jeune homme n'ait eu le temps de réagir plus durement, Tom s'approcha et posa une main autour de ses épaules, sachant qu'il avait besoin d'un peu de réconfort en cet instant. Il était tout à fait au courant des plans de sa mère. La seule chose qu'il ignorait était le moment exact elle les mettrait en oeuvre.
"Pourquoi ne discuterions-nous pas de tout cela, James, autour d'un dîner."
"Dîner ?" James leva alors la tête, une étrange expression sur le visage. Comment quelqu'un pouvait-il parler de dîner en un moment comme celui-là ?
"Oui, James... un dîner. Vous avez quelque chose de spécifique en tête ?" demanda Tom.
"Et bien, non, mais je..."
"Et bien moi, si... Une soupe à la tomate, une simple soupe à la tomate. Allez, cela vous fera le plus grand bien", lui suggéra Tom.
Et il sortirent ensemble de chez Quark, de la même manière qu'Harry et lui étaient partis, tant d'années auparavant.
 
FIN.
 
***
 
Postface :
 
L'équipe de traduction des saisons virtuelles de Voyager tient à remercier chaleureusement tous les producteurs et auteurs des nouvelles écrites au cours de ces deux dernières années. En poursuivant l'aventure interrompue prématurément par Paramount, ils nous ont offert de grands moments d'émotions et ont apporté une pierre angulaire d'une complexité et d'une homogénéité impressionnante à l'édifice de Voyager. Bonheur, joie, tristesse, ou encore nostalgie comme dans ce dernier épisode ont souvent été au rendez-vous de nos vendredis. Avec sans l'ombre d'un doute le meilleur final d'une série de Star Trek jamais inventé, ils ont écrit la véritable dernière page d'un grand livre et on refermé de manière grandiose cet univers. Désormais, nous devrons nous contenter des souvenirs des célèbres aventures de l'USS Voyager, -A ou non, et de son équipage. Bien sûr, si ce projet fut le premier d'une telle envergure, d'autres ont suivi et suivront encore ses traces. Mais ce ne sera jamais pareil, les nouvelles bases diffèreront forcément de ce qui a été fait ici, et les destins de nos héros devront forcément être autres. Cette aventure-ci est donc bien finie, cette fois. La conclusion des saisons virtuelles est réellement complète. Tout trouve sa fin ici. Une époque de Star Trek est tournée, une génération entière a atteint sa destinée. Seul le futur lointain reste à écrire. Cette époque-ci est écrite, là, entièrement sous vos yeux, à lire et à relire encore.
 
Un dernier mot plus personnel. Que tous les auteurs soient remerciés pour cette grande oeuvre et puissent-ils poursuivre leur voie dans le monde fabuleux de l'écriture. Pour ma part, ces saisons m'ont suivi aux quatre coins d'Europe aux cours de mes pérégrinations, de Paris à Cambridge, à Liancourt et enfin à Lyon. Elles m'ont ouvert de nouvelles perspectives, de nouveaux rêves. C'est avec un peu de tristesse que j'ai écris aujourd'hui le mot 'fin' au bas de la page. Alors que vous souhaiter à toutes et à tous, si ce n'est longue vie et prospérité.
 
Laurent, coordinateur de la traduction des saisons virtuelles de Voyager, 31 octobre 2003.
 
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FIN DES SAISONS VIRTUELLES.
Ecrit par: Tammy \"MaquisKat\" Morrison et Holly \"Thinkey\" Simon
version française: Laurent
Producteurs: SaRa, MaquisKat et Coral
Remerciements aux différents correcteurs: Judy & Daniel (version originale), Laurent (version française) .

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